Dans un certain nombre de pays de l’OCDE, de plus en plus de travailleurs perçoivent un revenu sans nouer de relation classique de type salarié-employeur. De nombreux facteurs expliquent ce phénomène, mais d’aucuns s’inquiètent que le développement de formes atypiques d’emploi dans certains pays puisse être indûment favorisé par des incitations liées aux systèmes fiscaux. Les différences de traitement fiscal des travailleurs atypiques (tels que les entrepreneurs indépendants) par rapport aux salariés traditionnels peuvent créer des opportunités d’arbitrage, à la fois pour les entreprises dans leur sélection des contrats de travail proposés aux travailleurs (ex. contrat de travail à temps complet ou contrat de prestation de services) et pour les individus dans leur choix d’une forme d’organisation (ex. salariat ou activité indépendante).
Lorsqu’elles existent, les opportunités d’arbitrage fiscal entre formes d’emploi réduisent l’efficacité des systèmes fiscaux. Dès lors, des entreprises et des individus qui exercent des activités similaires peuvent être soumis à des niveaux d’imposition différents, ce qui a d’importantes répercussions sur l’équité des systèmes fiscaux et sur la génération des recettes fiscales. Un récent document de travail de l’OCDE sur la politique fiscale (Milanez et Bratta, 2019) examinait l’ampleur de ces opportunités d’arbitrage fiscal en évaluant dans quelle mesure l’imposition du travail indépendant diffère de celle des formes d’emploi standard. Cette étude spéciale décrit et résume la méthodologie utilisée par ce document de travail et les résultats obtenus, qui revêtent un intérêt particulier du fait qu’il prenait comme point de départ le cadre d’analyse établi par les Impôts sur les salaires, en l’étendant aux travailleurs atypiques.
Ainsi, pour un ensemble de sept pays – Australie, États-Unis, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède – cette étude spéciale examine la modélisation de l’imposition des revenus du travail, y compris des cotisations sociales1, des salariés standard, en se fondant sur les règles fiscales en vigueur en 2017, ainsi que celle de l’imposition des revenus du travail issus de formes atypiques d’emploi et, en particulier, des travailleurs indépendants. L’objectif est de modéliser la charge fiscale qui grève le travail des salariés standard et des travailleurs indépendants, afin de déterminer si les systèmes fiscaux des pays concernés traitent différemment ces formes d’emploi.