Les graphiques présentés dans cette section indiquent la pression fiscale sur les revenus d’activité en 2019 pour des salaires bruts compris entre 50 % et 250 % du salaire moyen (SM). Pour chaque pays membre de l’OCDE, des graphiques séparés portent sur quatre catégories de foyers : célibataires sans enfant, parents isolés avec deux enfants, couples mariés sans enfant disposant d’un seul salaire et couples mariés avec deux enfants disposant d’un seul salaire. En outre, le taux moyen et le taux marginal net d’imposition des personnes physiques [(la variation de) l’impôt sur le revenu des personnes physiques et des cotisations salariales de sécurité sociale nets des prestations en espèces en pourcentage des (de la variation des) salaires bruts] figurent dans les graphiques montrant respectivement le coin fiscal moyen et marginal.1
Les graphiques illustrent l’importance relative des divers éléments constitutifs des coins fiscaux : impôts nationaux sur le revenu, impôts locaux sur le revenu, cotisations salariales de sécurité sociale, cotisations patronales de sécurité sociale (y compris les taxes sur les salaires éventuellement applicables) et prestations en espèces en pourcentage des coûts totaux de main-d’œuvre. Il y a lieu de noter que si leur part des coûts totaux de main-d’œuvre diminue, cela signifie que la valeur des prélèvements diminués des prestations n’augmente pas aussi vite que le total des coûts de main-d’œuvre correspondants. Cela n’implique pas nécessairement que la valeur des prélèvements diminués des prestations baisse en valeur nominale.
Le système de prélèvements et de prestations est favorable aux ménages à faibles revenus dans de nombreux pays de l’OCDE. Les impôts sur le revenu prélevés par les administrations centrales sont négatifs en Belgique, en raison des crédits d’impôt récupérables pour les travailleurs à faibles revenus et les enfants à charge ; au Canada2, en raison de la prestation fiscale récupérable pour le revenu du travail ; en Allemagne, en Autriche, en République slovaque, en République tchèque et au Royaume-Uni, en raison des crédits d’impôt récupérables pour enfant à charge ; en Israël, du fait du crédit d’impôt récupérable au titre des revenus du travail pour les familles avec enfants (depuis 2016, la fourchette des revenus ouvrant droit au bénéfice de ce crédit d'impôt pour les parents isolés a été étendue) ; en Italie, sous l’effet de la prime fiscale en faveur des travailleurs à bas salaire ; au Luxembourg, en raison d’un crédit d’impôt mis en place en 2019 pour les salariés qui perçoivent le salaire minimum social; en Pologne, du fait du crédit d’impôt pour enfants à charge remboursable sous conditions appliqué depuis 2015 ; en Espagne du fait de crédits d’impôts récupérables pour les parents isolés ; et aux États-Unis du fait du crédit d’impôt récupérable au titre des revenus du travail et du crédit d’impôt pour enfant à charge. S'agissant de la Suède, les graphiques montrent que les impôts sur le revenu prélevés par les administrations centrales sont négatifs pour les quatre types de foyers, du fait du crédit d’impôt au titre des revenus du travail. Le crédit d'impôt n'est toutefois pas récupérable en Suède dans la mesure où il ne permet pas de ramener le total des impôts sur le revenu du contribuable à moins de zéro. En fait, ce crédit d'impôt est également déduit des impôts locaux sur le revenu.
Lorsque les prestations versées en espèces sont prises en compte, les parents isolés et/ou les couples mariés ayant deux enfants qui disposent d’un seul salaire ne paient pas d’impôt sur le revenu et de cotisations salariales de sécurité sociale lorsque leur niveau de rémunération se situe entre 50 % et 100 % du SM dans 21 pays de l’OCDE. À titre d'exemple, le taux moyen net d'imposition des personnes physique devient positif à partir d'un revenu équivalent ou supérieur à 90 % du SM au Canada (à 97 % du SM pour les parents isolés et pour les couples disposant d’un seul salaire avec enfants) ; en Estonie (à 92 % du SM pour les parents isolés et à les couples disposant d’un seul salaire avec enfants) ; en Nouvelle-Zélande (à 94 % du SM pour les parents isolés et les couples disposant d’un seul salaire avec deux enfants) ; et en Pologne (à 90 % du SM pour les couples avec enfants disposant d’un seul salaire). En Israël, en République slovaque, en République tchèque et au Royaume-Uni, les taux négatifs nets moyens d’imposition des personnes physiques sont le résultat conjugué des crédits d’impôts récupérables et des prestations en espèces ; Ils sont en revanche essentiellement imputables aux crédits d’impôts récupérables pour les parents isolés ou les couples avec enfants disposant d’un seul salaire en Espagne (jusqu’à 62 % du SM pour les parents isolés), ainsi qu’aux États-Unis (jusqu’à 62 % du SM pour les parents isolés et 70 % du SM pour les couples avec enfants et un seul salaire).
On observe des écarts marqués entre les pays de l’OCDE en ce qui concerne le niveau des prestations en espèces. Elles représentent environ un quart ou plus des coûts totaux de main-d’œuvre pour les parents isolés à faibles revenus et/ou les couples mariés avec deux enfants et un seul salaire en Australie, au Canada, au Danemark, en France, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en Pologne et en Slovénie.
Le coin fiscal marginal est relativement uniforme sur toute l’échelle des revenus dans certains pays en raison de l’uniformité des taux des cotisations de sécurité sociale et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Les célibataires sans enfant sont soumis à un coin fiscal marginal uniforme dans tout l’intervalle de revenu compris entre 50 % et 250 % du SM en République tchèque (48.5 %), et en Hongrie (44.6 %). Le coin fiscal marginal est aussi relativement constant en Islande et en Lituanie. En Islande, le coin fiscal marginal est de 39.5 % sur les gains inférieurs à 120 % du SM, puis de 47.8 % sur les gains compris entre 121 % et 250 % du SM. En Lituanie, il est de 43.5 % sur les gains inférieurs à 213 % du SM et de 40.6 % pour les gains compris entre 214 % et 250 % du SM.
Les cotisations de sécurité sociale sont prélevées à des taux forfaitaires dans de nombreux pays de l’OCDE. Certains d’entre eux appliquent un plafond de rémunération au-dessus duquel les cotisations de sécurité sociale n’augmentent pas. Les écarts de cotisations marginales de sécurité sociale sont généralement identiques pour les quatre catégories de ménages, puisque les taux de cotisation ou les plafonds de revenu ne varient pas selon la situation maritale ou le nombre d'enfants à charge. Néanmoins, en Hongrie, les cotisations marginales de sécurité sociale sont plus élevées pour les ménages avec enfant à bas revenus, en raison de l'impact de la suppression des déductions fiscales pour enfant à charge lorsque les revenus augmentent. Les familles dont l'assiette globale de l'impôt sur le revenu des personnes physiques est insuffisante pour leur permettre de prétendre au montant maximal des déductions fiscales accordées pour enfant à charge peuvent déduire la somme non imputée de leurs cotisations de retraite et d'assurance maladie.
Dans l’intervalle de revenu de 50 % à 250 % du SM, les taux marginaux des cotisations patronales de sécurité sociale deviennent nuls en raison du plafond de rémunération en Allemagne (à 155% du SM), en Espagne (à 178 % du SM), au Luxembourg (à 205 % du SM) et aux Pays-Bas (à 111 % du SM). Les taux marginaux des cotisations salariales de sécurité sociale deviennent nuls en Allemagne à 155 % du SM, en Autriche à 151 % du SM, en Espagne à 178 % du SM, aux Pays-Bas à 180 % du SM, et en Suède à 113 % du SM. Au Canada, le taux marginal des cotisations patronales de sécurité sociale devient nul à 105 % du salaire moyen. On observe néanmoins des variations brutales à 130 % et 131 % du SM. De fait, la contribution-santé de l’Ontario, dont le calcul se fonde sur un barème de revenu, est un montant fixe qui varie lorsque le contribuable change de tranche de revenu.
En outre, les taux marginaux des cotisations patronales et/ou salariales de sécurité sociale diminuent en pourcentage des coûts totaux de main-d’œuvre à certains niveaux de l’échelle des salaires à mesure que le revenu augmente. C'est le cas en Allemagne, en Autriche, en Belgique, au Canada, en Corée, aux États-Unis, en France, au Japon, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Pologne, au Royaume-Uni et en Suisse. Cette diminution est marquée au Luxembourg, où les taux marginaux des cotisations salariales de sécurité sociale passent de 10.94 % à 1.40 % pour les gains supérieurs à 204 % du SM ; au Royaume-Uni où les taux marginaux des cotisations salariales de sécurité sociale passent de 10.54 % à 1.76 % pour les gains supérieurs à 122 % du SM ; et aux États-Unis, où les taux marginaux des cotisations patronales et salariales de sécurité sociale passent de 7.11 % à 1.43 % pour les gains supérieurs à 232 % du SM.
Les contribuables supportent des taux d’imposition et des coins fiscaux marginaux d’environ 70 % ou plus dans plusieurs pays de l’OCDE à certains niveaux de revenu. Tel est le cas des contribuables sans enfant en Australie, en Autriche, en Belgique, en France, en Italie, au Japon, au Mexique, au Portugal, au Royaume-Uni et en Turquie. Ces taux s’appliquent aussi aux familles avec enfants en Australie, en Autriche, en Belgique, au Canada, au Chili, en Espagne, en France, en Grèce, en Irlande, en Italie, au Japon, en Lituanie, au Luxembourg, au Mexique, en Pologne, au Portugal, en République tchèque, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Turquie. Dans de nombreux pays, ces taux d’imposition marginaux élevés résultent en partie d’une réduction, à mesure que le revenu augmente, des prestations, abattements ou crédits d’impôt ciblant les contribuables à bas revenu.
Le mouvement de zigzag des pressions fiscales marginales qui transparaît de certains graphiques se produit lorsque les modifications des impôts, des cotisations de sécurité sociale et/ou des prestations consécutives à de faibles augmentations du revenu varient de manière discontinue sur l’échelle des revenus. Tel est le cas en Allemagne, au Luxembourg, en Suède et en Suisse à cause des règles d’arrondi ; et en raison des caractéristiques discrètes du crédit d’impôt dans le cadre du système PAYE (prélèvement à la source), du crédit d’impôt pour conjoint à charge et des allocations familiales en Italie.