Le coin fiscal a fortement diminué pour toutes les catégories de foyer entre 2019 et 2020, comme on l’a vu dans le chapitre 1 et comme l’illustrera à nouveau le chapitre 3. Le présent chapitre se concentre sur l’évolution du coin fiscal pour trois catégories de foyer :
un travailleur célibataire : un célibataire sans enfant, rémunéré à 100 % du salaire moyen ;
un couple disposant d’un seul salaire : un couple marié, avec deux enfants, disposant d’un seul salaire égal à 100 % du salaire moyen ; et
un parent isolé : une personne seule avec deux enfants, rémunérée à 67 % du salaire moyen.
Les deux premières de ces trois catégories correspondent aux résultats présentés dans le chapitre 1. Elles permettent de comparer la situation de deux types de ménage qui perçoivent le même niveau de revenu mais diffèrent par les caractéristiques du foyer – notamment la présence de deux enfants. La présence d’enfants dans les deuxième et troisième catégories illustre l’impact des prestations en espèces et des avantages fiscaux que reçoivent les familles avec enfants dans un grand nombre de pays de l’OCDE. Inclure des indicateurs du parent isolé, à un niveau de revenu plus faible, met en lumière les effets du COVID-19 sur le coin fiscal qui s’applique à cette catégorie de foyer plus vulnérable.
Chacun de ces scénarios simplifiés utilisés dans les modèles des Impôts sur les salaires présuppose qu’il y a, au sein du foyer, au moins un adulte qui occupe un emploi à plein temps dans le secteur privé couvert par un contrat de travail standard, sans interruption pour cause de maladie ou de chômage. Pour les besoins de la modélisation, les seuls revenus des travailleurs sont ceux qu’ils tirent de leur emploi, mesurés en pourcentage du salaire moyen observé dans le secteur privé de chaque pays. Les travailleurs sont supposés être rémunérés soit au salaire moyen – calculé en divisant l’ensemble des paiements versés par les employeurs aux salariés à plein temps d’un pays donné par le nombre de salariés à plein temps – soit à un certain pourcentage du salaire moyen ; ils peuvent être mariés ou célibataires, et avoir ou non deux enfants âgés de six et onze ans.
Les impôts sur le travail auxquels sont assujettis les travailleurs dans ces modèles englobent les impôts sur le revenu des personnes physiques (IRPP), les cotisations de sécurité sociale (CSS) salariales et patronales et les prestations en espèces accordées à l’ensemble des travailleurs sur la base de leur situation financière et familiale (autrement dit, les dispositions fiscales et prestations ciblées sur des secteurs particuliers ou accordées en fonction d’autres caractéristiques personnelles ne sont pas prises en compte, de même que les allègements d’impôt non standard).
Le coin fiscal calculé dans Les impôts sur les salaires montre l’impact combiné de la somme des impôts et cotisations de sécurité sociale versés diminuée des prestations en espèces reçues, divisée par les coûts de main-d’œuvre (salaire brut majoré des cotisations de sécurité sociale patronales). Par conséquent, les variations du coin fiscal peuvent résulter d’une variation du dénominateur – notamment des salaires – ou de changements d’un ou plusieurs éléments du numérateur. En outre, le montant de l’IRPP et des CSS payés ou des prestations en espèces reçues peut varier sous l’effet soit de la modification des paramètres fiscaux, soit des interactions entre les différents niveaux de salaire et la progressivité du barème d’imposition du pays.
En comparaison de la situation observée ces dernières années, la crise provoquée par le COVID-19 a eu un impact particulièrement marqué sur le marché du travail, les salaires moyens et les paramètres fiscaux, qui influe sur la manière dont les résultats des Impôts sur les salaires doivent être interprétés. Plus particulièrement, les modèles standard utilisés dans la publication ne prennent en considération ni les travailleurs à temps partiel, ni les personnes au chômage depuis peu, ni encore celles en congé de maladie de longue durée. La crise liée au COVID-19 a entraîné une augmentation des prestations et dispositions fiscales ne s’appliquant qu’à certains secteurs de l’économie ou à des personnes exerçant une forme d’emploi atypique ; or, ces mesures ciblées ne sont pas prises en compte dans les modèles. Enfin, les personnes qui ont cessé de travailler ou qui sont passées à un emploi à temps partiel ont été beaucoup plus nombreuses en 2020 que les années précédentes.
Par rapport à une année normale, 2020 a vu une part plus élevée des travailleurs devenir chômeurs (Graphique 2.1), et le taux d’activité a diminué – dans des proportions plus importantes encore qu’au cours de la crise financière mondiale (OCDE, 2020[2]). Ces personnes sortent du champ d’application des mesures fiscales et dispositifs de prestations pris en considération dans les modèles des Impôts sur les salaires1. Or, dans la mesure où les pertes d’emplois ont été plus nombreuses au bas de l’échelle des salaires (OCDE, 2020[1]), un effet de composition ou de sélection peut orienter le salaire moyen à la hausse, même si les salaires des travailleurs pourraient avoir peu ou pas changé. Il a été prouvé que cette tendance a exercé un effet important dans de nombreuses économies avancées en 2020 (BIT, 2020[3]) (Cajner et al., 2020[4] ; Crust, Daly et Hobijn, 2020[5]). Des effets de sélection s’opéreront également si les travailleurs qui sont passés à un emploi à temps partiel ou un emploi atypique sont concentrés dans le bas de l’échelle des gains (Gardiner et Slaughter, 2020[6])2.