Une gestion budgétaire prudente et une politique monétaire réactive seront primordiales pour préserver la reprise. Il faudra accroître les recettes publiques tout en dépensant mieux et en luttant contre la corruption dans le secteur public.
Le durcissement de la politique monétaire devrait se poursuivre, si nécessaire, pour faire converger l’inflation vers le centre de la fourchette cible. L’inflation globale a atteint 7.4 % en juin, soit un niveau bien supérieur au centre de cette fourchette, situé à 4.5 %, et proche de la limite supérieure de 6 %. L'inflation devrait rester au-delà de l’objectif en 2022 et amorcer seulement sa convergence vers la cible fin 2023.
Les tensions sur les dépenses publiques restent fortes, mais le gouvernement devrait conserver une stratégie d’assainissement progressif des finances publiques pour replacer la dette sur une trajectoire durable, notamment en réintroduisant et en renforçant la règle de dépenses. La réduction de la masse salariale des administrations publiques demeure une priorité. Il convient de saluer à cet égard l’accord sur le gel des salaires intervenu entre les syndicats de fonctionnaires et l’État sud-africain.
Le taux normal de TVA est relativement bas et des recettes supplémentaires de cet impôt pourraient permettre de financer les besoins de dépenses, notamment les aides sociales, l’éducation ou les infrastructures. Le relèvement de la TVA devra être accompagné de dispositifs pour en compenser les incidences négatives sur les populations pauvres, à l’instar de ce qui s’est fait en 2018 dans les mêmes circonstances.
Il serait possible de rendre le régime fiscal plus favorable à la croissance. À 28 %, le taux d’imposition du revenu des sociétés est relativement élevé. La dette fiscale est réduite par la passation en compte de pertes fiscales assez généreuses. La conception des déductions de charges d’intérêts et des règles d’amortissement du capital peut être améliorée.
L’exposition de l’État aux entreprises publiques constitue un risque non négligeable pour la viabilité de la dette. C’est le fournisseur d’électricité Eskom qui représente le risque de passif le plus élevé pour les finances publiques. Les transferts publics aux entreprises publiques en défaut demeurent importants. Des erreurs de gestion, la corruption, des effectifs pléthoriques et le dérapage de la masse salariale expliquent la sous-performance généralisée des entreprises publiques. Celles-ci ne rencontrent qu’une faible discipline de marché.
Les initiatives de lutte contre la corruption dans le secteur public sont trop lentes. Les réactions aux affaires de corruption mises au grand jour sont plutôt molles. Nombre de procédures d’enquête ne sont pas encore parvenues au stade des poursuites et des condamnations. Les procédures de marchés publics restent sensibles aux risques de corruption et de mauvaise gestion.