La taxe carbone actuelle ne donne pas les incitations à long terme nécessaires pour la transition verte. Une taxe carbone revue à la hausse, selon une progression clairement définie sur longue période, inciterait à procéder aux investissements qui s’imposent dans l’efficacité énergétique. Il faudrait qu’elle soit accompagnée d’une politique expliquant clairement la manière dont les recettes supplémentaires issues de la fiscalité environnementale pourront être employées. Les politiques publiques qui intègrent explicitement la question des effets sur la distribution sont généralement mieux acceptées et améliorent la viabilité des mesures de transition.
Les objectifs ambitieux fixés par les pouvoirs publics doivent s’accompagner d’estimations des coûts de la transition verte. Ces coûts varieront au fil du temps et selon les catégories de ménages et d’entreprises. Leur évolution, et la manière dont ils seront affectés par les politiques publiques, doivent être suivies de près. Chiffrer le coût de la transition permettra de hiérarchiser les exigences budgétaires à long terme, notamment concernant les pensions.
Le prix élevé des logements, les incitations à l’utilisation de la voiture et les difficultés de coordination dans l’aménagement du territoire ont abouti à un processus d’étalement urbain et à une forte dépendance à l’automobile. Le Luxembourg est l’un des pays de l’OCDE où l’étalement urbain progresse le plus rapidement. Les abattements fiscaux applicables au kilométrage entre le domicile et le travail, ainsi qu’aux véhicules de société, devraient être supprimés et remplacés progressivement par des péages routiers et des restrictions de stationnement pour inciter davantage de personnes à utiliser les services de transports en commun gratuits et en expansion. Les incitations proposées aux communes et aux ménages pour développer l’offre de logements devraient être harmonisées de manière à encourager des constructions conformes au Programme directeur d’aménagement du territoire (PDAT). Revoir à la hausse les avantages en faveur des ménages qui entreprennent simultanément des projets de densification sur des espaces existants et de rénovation pour accroître l’efficacité énergétique pourrait inciter à des efforts de rénovation plus en profondeur et améliorer la convergence entre les objectifs du logement et ceux du climat.
La biodiversité et la qualité de l’eau et des sols sont fortement menacées. Le nombre d’espèces menacées au Luxembourg figure parmi les plus élevés de l’Union européenne. L’élevage intensif de bovins et l’utilisation massive d’engrais nuisent à la biodiversité, et leurs incidences sur l’environnement sont très peu prises en compte dans l’élaboration de la politique agricole. Il faut renforcer de toute urgence la réglementation sur l’utilisation des engrais et des pesticides dans l’agriculture. Les dispositifs d’aides au secteur doivent être repensés pour soutenir une agriculture écologique.