Quelle est l’une des priorités majeures de l’Afrique ? L’industrialisation et la transformation de la production, qui permettront également la création d’emplois sur le continent.
Comment faire pour induire cette transformation ? D’un côté, il s’agit d’orienter davantage l’aide publique au développement vers le financement du développement d’infrastructures de qualité et l’appui aux fonds régionaux africains existants. De l’autre, il faut consolider les leviers internationaux qui permettront à l’Afrique de se doter de ses propres capacités de développement. Qu’entendons-nous par là ?
Le développement en Afrique peut être repensé autour de cinq grandes thématiques : les leçons de l’histoire ; l’Afrique aux prises avec des crises mondiales multiples ; le renforcement de la résilience ; les partenariats ; et un changement de paradigme en matière de développement. Les leçons de l’histoire nous obligent à réfléchir à la persistance de défis complexes et aux moyens de redresser et de reconstruire nos économies après les ravages provoqués par des crises mondiales. Même si l’histoire ne se répète pas, elle fournit de précieux enseignements qui peuvent nous être utiles pour repenser et relever des défis contemporains, émergents et lointains.
Le développement en Afrique peut être repensé autour de cinq grandes thématiques : les leçons de l’histoire ; l’Afrique aux prises avec des crises mondiales multiples ; le renforcement de la résilience ; les partenariats ; et un changement de paradigme en matière de développement.
Dans le sillage des appels lancés par Macky Sall, en sa qualité de président de l’Union africaine, devant de nombreuses tribunes internationales afin de financer le développement de l’Afrique, les recommandations formulées ci-après concordent avec les priorités régionales et portent sur des problématiques aussi variées que la dette et la fiscalité ou encore la reprise post-pandémie, le changement climatique, la gouvernance, les barrières commerciales et les migrations. L’accent est mis sur l’extrême urgence que doit constituer, pour la communauté internationale, la mobilisation d’un financement plus important pour renforcer les capacités de l’Afrique en matière de développement durable.
1. Évaluation de la dette et des risques. Soutenir le continent dans sa demande en faveur d’un allégement de la dette et promouvoir le dialogue entre les agences de notation et le secteur public africain pour revoir de manière rationnelle les notations de crédit de l’Afrique. Les pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) pourraient jouer un rôle plus actif à cet égard et améliorer la coordination interne quant aux règles à respecter. Les programmes de coopération internationale et d’allégement de la dette, tels que l’Initiative de suspension du service de la dette, peuvent contribuer à renforcer les bilans des pays africains et leur capacité de remboursement de la dette à moyen terme. Or, plusieurs pays en développement ont été dissuadés de participer à ces programmes, malgré les risques élevés de surendettement, de crainte que leur participation ne déclenche la baisse de leur notation.
2. Droits de tirage spéciaux. Les pays de l’OCDE devraient soutenir l'appel lancé par l'Afrique en vue de réaffecter 100 milliards USD de droits de tirage spéciaux. Ces réserves supplémentaires contribueront à une reprise économique plus que nécessaire face aux retombées de la pandémie de COVID-19, des nombreux conflits et du changement climatique.
3. Des initiatives industrielles régionales. Les négociations entre l’Afrique et ses partenaires devraient se concentrer sur des initiatives d’industrialisation. L’accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un moyen de renforcer la résilience afin de permettre une coopération économique et politique de qualité. Cet accord ouvre des perspectives très prometteuses, en particulier compte tenu de l’impasse persistante dans laquelle se trouve le système commercial multilatéral au sein de l’Organisation mondiale du commerce et de l’hostilité politique suscitée par la mondialisation dans certaines parties du monde. La ZLECAf peut être un moteur important de l’intégration continentale et sa mise en œuvre nécessitera de renforcer la résilience face aux chocs nationaux, régionaux et mondiaux.
4. De nouveaux modèles de partenariat. Il est nécessaire de mettre en place des types de partenariat et de collaboration qui favorisent l’obtention d’avantages mutuels et l’inclusivité parmi les différentes parties prenantes aux niveaux local, national et international. Pour cela, il est indispensable de créer de nouveaux modèles de partenariat qui reflètent les aspirations croissantes de l’Afrique et les défis uniques auxquels elle est confrontée. Dans un premier temps, l’OCDE et le CAD peuvent veiller à ce que les partenariats internationaux reconnaissent et soutiennent la quête de développement durable de l’Afrique. Il faudrait également, et c’est fondamental, que ceux-ci apprécient les efforts déployés par le continent pour décider de son destin. Mais soyons clairs : ces efforts n’excluent en rien la nécessité de partenariats. Il s’agit plutôt de concevoir ceux-ci de manière à ce qu’ils apportent des bénéfices mutuels.
5. Un changement de paradigme en faveur du développement de l’Afrique. Il importe de nous concentrer sur les moyens de redéfinir les objectifs de nos stratégies de développement actuelles et de créer des mécanismes adaptés pour renforcer la résilience de l’Afrique face aux chocs aussi bien régionaux qu’externes. Ces mécanismes devront guider le continent vers une ère de développement post-COVID. Par exemple, les autorités doivent accroître leur redevabilité envers les citoyens par un recouvrement et une utilisation plus efficaces des recettes fiscales auprès des entreprises multinationales. Ce type d’action peut en effet remporter la sympathie du public. Une coopération internationale qui s’appuie sur des valeurs communes et des objectifs éthiques peut réduire au minimum les retombées négatives des chocs, et en maximiser les effets positifs.
6. Concrétiser le rôle de l’Agence de développement de l’Union africaine et promouvoir une position africaine commune sur la scène mondiale. Repenser la coopération pour le développement et les partenariats internationaux de l’Afrique exige d’adopter une approche multidimensionnelle qui aille au-delà du seul objectif de l’éradication de la pauvreté monétaire. L’accent devrait être mis sur le renforcement des capacités de l’Afrique, notamment par la participation structurelle et constructive des jeunes et leur intégration socio-économique, en leur offrant davantage de possibilités de parvenir à la sécurité sociale, économique et politique et de contribuer au développement à long terme du continent.