Cette note pays donne un aperçu de la situation du marché du travail au Canada en s’appuyant sur les données des Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2024. Elle examine également comment la transition vers zéro émission nette d’ici 2050 va affecter le marché du travail et les emplois des salariés.
Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2024 - Notes pays : Canada
Les marchés du travail ont bien résisté et restent tendus
Les marchés du travail ont continué à afficher de bonnes performances, de nombreux pays enregistrant des taux d’emploi historiquement élevés et de faibles taux de chômage (Graphique 1). En mai 2024, le taux de chômage de l’OCDE était de 4.9 %. Dans la plupart des pays, les taux d’emploi ont progressé davantage pour les femmes que pour les hommes par rapport au niveau d’avant la pandémie. Les tensions sur le marché du travail continuent de s’atténuer mais restent généralement élevées.
Au Canada, le taux de chômage était de 6.4 % en juin 2024, soit un peu plus que le taux d’avant la pandémie (5.6 %) et plus que la moyenne actuelle de l’OCDE de 4.9 %. En juin 2024, le taux de chômage des jeunes était à 13.5 %, légèrement au dessus de ses niveaux d’avant-crise (10.8 %) et de juin 2023 (11.4 %). À 74.8 % au 2er trimestre 2024, le taux d’emploi de la population en âge de travailler n’était que légèrement inférieur à celui de l’année précédente (76 %) et presque à son niveau d’avant-crise au T4 2019 (74.6 %). Le taux d’emploi des femmes âgées de 25 à 54 ans était de 80.9 % au T2 2024, en dessous du taux de 87 % pour les hommes de cette tranche d’âge.
Selon les projections de l’OCDE, la croissance du PIB réel pour le Canada devrait passer de 1 % en 2024 à 1.8 % en 2025, sous l’effet de l’amélioration de la conjoncture mondiale, de l’envolée des dépenses privées et de l’augmentation de l’offre de main-d’œuvre due à l’immigration, ainsi que de l’assouplissement de la politique monétaire. Le marché du travail devrait continuer à croître au cours des deux prochaines années, l’emploi total devant augmenter de 1.3 % en 2024 et de 1.6 % en 2025.
L’insuffisance de services de garde d’enfants de qualité à un prix raisonnable est depuis longtemps un problème dans la majeure partie du Canada. Bien que les taux d’emploi des femmes ayant de jeunes enfants aient augmenté au cours des dernières décennies, il existe de grandes différences entre les provinces et les territoires en ce qui concerne l’accès à des services de garde d’enfants abordables. Une initiative fédérale‑provinciale majeure a été lancée en 2021 dans le but d’améliorer considérablement l’accès à des services de garde d’enfants de qualité. Cette initiative a permis d’augmenter le nombre de places de garde d’enfants agréées dans la plupart des provinces et territoires et de réduire le coût moyen d’une place à temps plein. Malgré ces progrès, des difficultés persistent, telles que des pénuries de personnel et des questions de viabilité budgétaire de l’objectif de 10 CAD par jour pour le coût de la garde d’enfants sans indexation.
Les salaires réels sont en hausse, mais doivent encore rattraper leur retard accumulé
La croissance annuelle des salaires réels est désormais positive dans la plupart des pays de l’OCDE, dans un contexte de baisse de l’inflation. Les salaires réels restent toutefois inférieurs à leur niveau de 2019 dans de nombreux pays. Alors que les salaires rattrapent une partie du retard accumulé, les profits commencent à absorber partiellement l’augmentation du coût du travail. Dans de nombreux pays, les profits sont en capacité d’absorber de nouvelles hausses de salaires, d’autant plus qu’il n’y a pas de signes d’une spirale prix-salaires.
Au Canada, les salaires réels sont encore inférieurs de 2.49 % à ce qu’ils étaient juste avant la pandémie au quatrième trimestre 2019 (Graphique 2).
Les salaires nominaux (rémunération par employé) au Canada devraient augmenter de 2.3 % en 2024 et de 2.3 % en 2025. Bien que ces augmentations soient nettement plus faibles que dans la plupart des autres pays de l’OCDE, elles permettront aux travailleurs canadiens de commencer à regagner une partie du pouvoir d’achat qu’ils ont perdu d’ici 2025, car l’inflation devrait être de 2.4 % en 2024 et de 2.1 % en 2025.
Les salaires minimums légaux en termes réels sont supérieurs à leur niveau de 2019 dans pratiquement tous les pays
En mai 2024, le salaire minimum réel était en moyenne 12.8 % plus élevé qu’en mai 2019 dans les 30 pays de l’OCDE qui disposent d’un salaire minimum légal national. Ce chiffre moyen s’explique en partie par des augmentations particulièrement importantes dans certains pays, mais l’augmentation médiane était également assez significative, à 8.3 %.
Au Canada, le salaire minimum nominal (pondéré) a augmenté de 20.8 % entre mai 2019 et mai 2024, tandis que le salaire minimum réel n’a augmenté que de 2.1 %, ce qui est bien inférieur à l’augmentation réelle moyenne dans les pays de l’OCDE.
Parmi les cinq pays ayant des données disponibles, le Canada est le seul où les salaires réels dans les secteurs à bas salaires ont baissé par rapport aux salaires dans les secteurs à salaires moyens et élevés. Cela suggère que les récentes augmentations des salaires minimums par rapport aux salaires moyens n’ont pas été aussi efficaces que dans d’autres pays pour protéger les travailleurs les plus vulnérables et répartir le coût de l’inflation entre les travailleurs de différents niveaux de rémunération.
L’atténuation du changement climatique entraînera une redistribution substantielle des emplois
Les ambitieuses transitions vers zéro émission nette actuellement en cours dans les pays de l’OCDE ne devraient avoir qu’un effet modeste sur l’emploi global. Toutefois, certains emplois disparaîtront, de nouvelles opportunités apparaîtront et de nombreux emplois existants seront transformés. Dans l’ensemble de l’OCDE, 20 % de la main-d’œuvre est employée dans des professions portées par la transition verte, y compris des emplois qui ne contribuent pas directement à la réduction des émissions mais peuvent être recherchés parce qu’ils soutiennent des activités écologiques. À l’inverse, environ 7 % de la main-d’œuvre se trouve dans des professions intensives en gaz à effet de serre (GES).
Au Canada, 20.6 % de la main-d’œuvre est employée dans des professions portées par la transition verte, contre 20 % en moyenne dans les pays de l’OCDE (Graphique 3). Parmi ces emplois, seuls 16.8 % sont à proprement parler dans des « professions vertes nouvelles ou émergentes ». C’est en Alberta que la part de ces professions est la plus élevée, et en Nouvelle‑Écosse qu’elle est la plus faible. En revanche, environ 5.9 % des emplois canadiens sont des professions à forte intensité d’émissions, alors que la moyenne de l’OCDE est de 7 %.
Au Canada, les hommes sont plus susceptibles d’être employés dans des professions portées par la transition verte ou intensives en GES, tandis que les salariés plus âgés sont plus susceptibles d’occuper des emplois à forte intensité d’émissions.
Les professions portées par la transition verte ont tendance à offrir des salaires horaires plus élevés que la moyenne. Au Canada, environ 24 % des salariés à haut revenus travaillent dans des professions vertes (au-dessus de la moyenne de l’OCDE), et seulement 11 % des salariés à bas revenus travaillent dans des professions vertes (en dessous de la moyenne de l’OCDE).
Les différences de pertes de revenus à la suite d’un licenciement entre les salariés des industries à fortes émissions et ceux des industries à faibles émissions sont parmi les plus faibles des pays étudiés, avec une moyenne de 29 % et 25 % sur cinq ans, respectivement. En comparaison, les pertes sont de 36 % pour les travailleurs des industries à fortes émissions et de 30 % pour les travailleurs des industries à faibles émissions en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Cela s’explique en partie par la capacité du marché du travail à réaffecter en douceur les emplois entre les entreprises et les secteurs.
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Glenda QUINTINI (✉ glenda.quintini@oecd.org)
Andrew AITKEN (✉ andrew.aitken@oecd.org)
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