Pendant la crise du COVID-19, de nombreuses administrations fiscales ont dû fermer leurs bureaux et passer au télétravail total ou partiel. Très souvent, elles ont dû opérer cette mutation en pleine période de dépôt des déclarations, en supportant une augmentation de la charge de travail pour celles chargées de traiter les demandes de prestations sociales émanant d’entreprises et de particuliers touchés par le COVID-19. Ces bouleversements se sont répercutés sur les activités habituelles, et certaines administrations n’ont pas pu assurer un fonctionnement normal dans tous les domaines, et ont rencontré des difficultés pour traiter les courriers et les formulaires imprimés, mener des vérifications sur place, gérer les relations avec les contribuables et certains aspects de la maintenance des systèmes. En outre, de nombreuses administrations ont dû assumer de nouveaux rôles et fournir une assistance, y compris financière, aux contribuables pour le compte d'autres administrations.
Dès le départ, il est apparu clairement que la dématérialisation des procédures des administrations fiscales pouvait être très utile pour surmonter la crise. Ces dernières années, les administrations fiscales ont dématérialisé une grande partie de leurs processus. Comme le montrent les résultats d’une enquête sur la résilience numérique à laquelle 32 administrations membres1 du Forum de l’OCDE sur sur l’administration fiscale (FTA) ont répondu, elles sont ainsi parvenues à remplacer les contacts physiques par des solutions virtuelles ou numériques pendant la crise et à basculer un pourcentage élevé de leurs communications sur papier vers le numérique (75 % ou plus dans la plupart des cas).
Cette évolution s’est accentuée pendant la crise. Environ la moitié des administrations ont jugé que leurs canaux numériques étaient suffisamment développés pour absorber la hausse de la demande, mais les autres ont remédié aux insuffisances en améliorant les services existants ou en créant de nouveaux services, comme des applications et des assistants virtuels.
Dans le même temps, le passage au télétravail et le développement de nouveaux services numériques ne vont pas de soi et ne sont pas exempts de risques. Au plus fort de la crise, un peu plus d’un tiers des administrations sont restées entièrement opérationnelles, et les deux tiers ne l’étaient que partiellement. En outre, plus d’un tiers des administrations ont connu des périodes d’indisponibilité de leurs systèmes informatiques (situations dans lesquelles le système était hors service pendant une heure ou plus) avec pour la moitié d’entre elles des conséquences sur l’accomplissement des fonctions essentielles. Enfin, les trois quarts des administrations ont suspendu ou fortement réduit leurs activités de vérification sur place.
Les administrations fiscales ont réussi à surmonter ces défis en se montrant souvent très réactives. La part des agents qui sont passés au travail à distance a considérablement augmenté pendant le pic de la crise, comparé à la situation d’avant la crise. En moyenne, le pourcentage effectif d'agents en télétravail s’est accru de 60 points de pourcentage. Pour faciliter cette transition, les deux tiers des administrations ont acheté ou loué des équipements informatiques supplémentaires pour leurs agents. Avec la plupart de leurs agents travaillant à distance, les administrations fiscales ont également adapté leurs méthodes de travail, par exemple en basculant une partie de leurs activités de vérification sur place vers un environnement virtuel/numérique.
En outre, l’urgence d’aider les citoyens et les entreprises pendant la crise a conduit les administrations à revoir leurs pratiques existantes de développement de projets informatiques, et la plupart ont indiqué qu’elles se tournaient vers des méthodes de développement agiles.
Les administrations fiscales ont infléchi leurs stratégies futures et leurs méthodes de communication avec les contribuables à la lumière de l’expérience acquise pendant la crise. L’expérience tirée de la crise du COVID-19 a conduit environ 60 % des administrations interrogées à revoir leur stratégie antérieure de dématérialisation de leurs processus. Quelque 75 % des administrations envisagent de continuer de mener leurs vérifications sur un mode virtuel/numérique à l’avenir. En outre, la majorité des administrations ont indiqué qu’elles réfléchissaient à des changements supplémentaires visant à renforcer la résilience de leurs systèmes informatiques face aux crises futures.