Hon. Sheikh Hasina
Première ministre du Bangladesh
Hon. Sheikh Hasina
Première ministre du Bangladesh
La croissance économique soutenue du Bangladesh, associée à une nette réduction de la pauvreté, a retenu l’attention des discours sur le développement mondial. Cela fait maintenant 14 ans que nous parvenons à nous maintenir sur une trajectoire de croissance positive, qui s’accompagne d’un taux d’inflation tolérable, d’une dette publique soutenable et d’une résilience aux chocs extérieurs. Le Bangladesh a accompli d’importants progrès dans le secteur social, caractérisés par la vaccination universelle des enfants, la réduction de la mortalité maternelle, l’augmentation de l’espérance de vie, la parité des genres dans l’éducation, la gratuité du logement pour les sans-terre et les sans-abri et l’autonomisation des femmes. Le pays est en bonne voie d’être retiré en 2026 de la liste des pays les moins avancés établie par les Nations Unies et aspire à entrer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici à 2031.
Ces progrès sont le fruit d’âpres efforts. Ils témoignent de la résilience intrinsèque et des aspirations de notre peuple, ainsi que de la vision à long terme de nos dirigeants, assortie de politiques publiques prudentes. Ils attestent aussi d’une coopération constructive avec la communauté internationale, notamment dans le cadre de l’aide au développement. L’aide extérieure a permis de réaliser des investissements essentiels dans nos secteurs porteurs comme l’infrastructure matérielle, l’éducation, la santé publique et le système de protection sociale. Au cours des 10 dernières années, le soutien apporté par nos partenaires étrangers à l’appui du développement a représenté en moyenne 32.5 % de notre programme annuel de développement.
Au cours des 10 dernières années, le soutien apporté par nos partenaires étrangers à l’appui du développement a représenté en moyenne 32.5 % de notre programme annuel de développement.
L’évolution récente du financement extérieur au Bangladesh est marquée par une diminution des apports sous forme de dons et de prêts concessionnels provenant de sources bilatérales et multilatérales. Si, au milieu des années 2000, la part des dons octroyés au titre de l’aide publique au développement (APD) se situait entre 20 % et 25 %, elle a chuté à 5 % au cours de l’exercice 2020-21. Au titre de mesures d’urgence face à la pandémie de COVID-19, le Bangladesh a bénéficié d’un soutien budgétaire de la part d’institutions financières internationales et de banques multilatérales de développement, à des taux variables basés sur le LIBOR, pour l’achat de vaccins, la distribution de fournitures médicales et la conduite de programmes sociaux. Dorénavant, nous avons de plus en plus recours à des financements mixtes et à des mécanismes de financement complémentaire à des taux d’intérêt variables, conformément à notre statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, reconnu par la Banque mondiale depuis 2015.
Alors que le poids de la dette de 31 économies émergentes représente au total au moins 2.5 fois leur produit intérieur brut (PIB) combiné, le ratio dette/PIB du Bangladesh s’élevait à seulement 32.4 % du PIB à la fin de l’exercice 2021. Ce chiffre est bien en deçà du seuil d’endettement soutenable reconnu sur le plan international, et seulement 11.9 % des dépenses consenties sont financées à partir de sources extérieures. Les analyses de viabilité de la dette effectuées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international donnent à penser que la discipline budgétaire du Bangladesh lui a permis de maintenir un faible risque de surendettement (FMI, 2022[1]). Il n’en reste pas moins que la hausse des coûts d’emprunt est préoccupante pour les perspectives de développement du pays. Nous devons impérativement continuer à mobiliser des ressources au titre de l’APD, en particulier pour nos programmes sociaux de très grande envergure.
Le changement climatique constitue désormais l’une des plus grandes menaces pour le développement durable du Bangladesh. Les extrêmes de températures, le caractère imprévisible des précipitations, des inondations et des sécheresses, l’intensité accrue des cyclones tropicaux, l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation de la salinité, l’érosion des berges, etc., sont autant de phénomènes qui nuisent gravement à la vie et aux moyens de subsistance de millions de nos concitoyens. Le Bangladesh s’efforce de réduire sa vulnérabilité climatique au profit d’une durabilité et d’une résilience à long terme. Des financements publics substantiels seront nécessaires pour réduire le déficit d’investissement dans le secteur climatique, en particulier en faveur de l’adaptation. Il sera essentiel d’obtenir dans les jours à venir le soutien de pays développés pour assurer une transition juste. À cet égard, nous nous félicitons de la décision historique prise lors de la COP27 de créer un fonds consacré aux « pertes et préjudices ». Le succès de ce fonds dépendra néanmoins de la rapidité de son déploiement. Il conviendra également de simplifier l’accès aux fonds climatiques internationaux existants.
La coopération internationale pour le développement s’est profondément transformée au cours des 10 dernières années, compliquant la gestion de l’aide extérieure. Le manque de synergies et de complémentarités entre les différents mécanismes de financement crée des chevauchements et/ou des lacunes dans des domaines d’investissement indispensables. Face à l’évolution rapide et à la diversité des modèles de financement, il est de plus en plus nécessaire d’apporter un soutien au titre de la coopération pour le développement afin de renforcer les capacités des entités concernées du secteur public.
Face à l’évolution rapide et à la diversité des modèles de financement, il est de plus en plus nécessaire d’apporter un soutien au titre de la coopération pour le développement afin de renforcer les capacités des entités concernées du secteur public.
La provision de fonds pour assurer les activités préparatoires des projets et l’ajout a posteriori de ces fonds aux coûts des projets sont essentiels pour réduire au minimum les retards de démarrage. Il est également capital d’adopter une ligne de conduite standardisée en matière de financement des investissements, ainsi qu’une approche souple qui permette la nécessaire adaptation au contexte local.
Deux ans et demi de pandémie de COVID-19 et un an de guerre de la Russie contre l’Ukraine ont révélé la vulnérabilité de la chaîne d’approvisionnement mondiale existante et perturbé les marchés alimentaires et énergétiques mondiaux. Selon les Nations Unies, la pandémie a réduit à néant au moins quatre années de progrès dans la lutte contre la pauvreté. On s’attend à ce que jusqu’à 95 millions de personnes retombent dans l’extrême pauvreté rien qu’en 2022. Près de 90 millions d’habitants des pays de l’hémisphère sud n’ont plus les moyens de payer leurs factures d’énergie.
Dans un contexte aussi difficile, la réalisation des Objectifs de développement durable d’ici à 2030 ne pourra se faire qu’en accordant des financements à un coût abordable aux pays en développement. Des modèles de financement et des panoplies d’outils innovants devraient être mis au point pour acheminer une aide extérieure harmonisée, en adéquation avec les objectifs et priorités des pays. En tant que porte-parole traditionnel des segments de population les plus vulnérables du monde, le Bangladesh continuera de promouvoir des partenariats internationaux efficaces en faveur d’un développement inclusif et durable.
[1] FMI (2022), Bangladesh: 2021 Article IV Consultation-Press Release; Staff Report; and Statement by the Executive Director for Bangladesh, https://www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2022/03/07/Bangladesh-2021-Article-IV-Consultation-Press-Release-Staff-Report-and-Statement-by-the-513942 (consulté le 19 décembre 2022).