La Croatie a mené un grand nombre de réformes et d’investissements au cours des dernières décennies en vue d’accroître les revenus et le bien-être. Après une longue récession au début des années 2010, la croissance s’est redressée et, malgré les perturbations provoquées par la pandémie de COVID-19 et la crise liée au prix de l’énergie, on observe une convergence du PIB par habitant (Graphique 1.1). En outre, au cours de la dernière décennie, le taux d’emploi a augmenté, ce qui a contribué à une baisse des taux de pauvreté. La qualité environnementale s’est accrue, de nombreux services publics ont été améliorés, et les lois et règlements ont été modernisés. Grâce à ces progrès, la Croatie soutient la comparaison avec les pays de l’OCDE dans de nombreux domaines, tels que la création d’entreprises, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique, l’égalité des genres au sein de la population active et la satisfaction des jeunes à l’égard de l’existence (Graphique 1.1, partie E).
L’économie s’est montrée résiliente. Le dynamisme du tourisme et des exportations de biens, ainsi que l’ampleur des aides publiques, ont permis de faire face aux vents contraires résultant de la flambée des prix de l’énergie et de l’incertitude accrue depuis le début de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. La charge de la dette publique diminue et les notations de la dette souveraine ont été révisées à la hausse. Au début de 2023, la Croatie a intégré la zone euro et l’espace Schengen, élargissant ainsi l’accès des investisseurs aux financements et aux marchés. À l’avenir, la poursuite de la convergence économique de la Croatie imposera des taux de croissance solides : pour que la production par habitant atteigne le niveau moyen enregistré dans les pays de l’OCDE en l’espace de trois décennies, la croissance du PIB par habitant doit s’établir en moyenne à 3 % par an.
La Croatie doit résoudre des problèmes de taille pour assurer une convergence durable des revenus. À court terme, pour préserver la compétitivité et les revenus réels, elle devra ramener l’inflation au niveau de l’objectif fixé pour la zone euro. Des enjeux à plus long terme se profilent également. Avant la pandémie de COVID-19, la convergence de la productivité ralentissait (graphique 1.1, partie B), et on ignore si les gains de productivité récents témoignent d’une amélioration durable. En outre, le nombre d’adultes d’âge actif diminue, compte tenu de la faiblesse de la fécondité et de l’émigration qui caractérisent de longue date le pays. De nombreux jeunes très qualifiés ont notamment émigré, en particulier après la récession du début des années 2010. Les progrès accomplis en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été limités jusqu’à présent. Pour parvenir à la neutralité en gaz à effet de serre d’ici au milieu du siècle et s’adapter à un climat qui se caractérise déjà de plus en plus par des sécheresses estivales et des inondations hivernales, la Croatie devra réaliser des investissements importants.
Si des projets complets visant à surmonter bon nombre de ces difficultés sont en cours de mise en œuvre, tous les problèmes ne sont pas traités de manière suffisamment énergique. Le Plan pour la reprise et la résilience de la Croatie, ainsi que la Stratégie de développement national et le programme national de réforme 2023, fournissent des feuilles de route pour améliorer de manière considérable le climat de l’investissement, le marché du travail et les services publics (encadré 1.1). La pleine mise en œuvre de ces feuilles de route, l’obtention de meilleurs résultats sur le terrain et l’utilisation optimale du soutien financier important des institutions européennes renforceront le potentiel de croissance de l’économie (encadré 1.2). La Croatie compte parmi les pays de l’UE les plus avancés dans l’atteinte des valeurs cibles fixées au titre du Plan national pour la reprise et la résilience. Les difficultés de mise en œuvre risquent toutefois de s’accentuer lorsque les réformes concerneront des questions plus délicates (chapitre 2). Il est en outre probable que des lacunes et des insuffisances apparaissent au fil du temps dans les trains de mesures prévus, auxquelles il conviendra de remédier pour assurer la pleine efficacité du programme de réformes structurelles.