L’évolution rapide de la demande de compétences, le faible nombre d’heures travaillées et la segmentation du marché du travail sont autant de facteurs qui accentuent les tensions. Quelque 28 000 emplois techniques doivent être créés et pourvus pour qu’il soit possible d’atteindre les objectifs climatiques du pays à l’horizon 2030, soit plus que le nombre total actuel d’emplois recensés dans le secteur de l’énergie. L’incidence du travail à temps partiel est la plus élevée de l’OCDE, sachant que trois femmes sur quatre et un homme sur quatre travaillent moins de 35 heures par semaine. Les 1.7 million de travailleurs sous contrat flexible ayant des perspectives de carrière limitées ne sont guère incités à travailler davantage.
Les besoins de formation étant considérables, il convient d’instaurer une culture favorisant davantage l’apprentissage tout au long de la vie. Les dépenses publiques annuelles totales consacrées à la formation sont inférieures de 1.5 à 1.75 milliard EUR aux besoins estimés. Les dépenses d’activation sont élevées, mais la part consacrée à la formation est faible (Graphique ). Le budget alloué au programme de comptes de formation individuels mis en place en 2021 (STAP, Stimulans ArbeidsmarktPositie) est trop modeste, ne donne pas la priorité aux domaines dans lesquels il existe des pénuries de compétences et n’incite pas les employeurs à co‑financer les formations.
L’accès aux services de garde d’enfants est insuffisant, alors que s’occuper d’un enfant est la principale raison du recours au temps partiel. L’insuffisance de l’offre et la faible accessibilité financière de ces services expliquent pour beaucoup la répartition inégale du travail à temps partiel et les inégalités de genre qui en découlent. Bien qu’urgente, la mise en œuvre de la réforme visant à rendre les services de garde d’enfants gratuits pour tous les parents qui travaillent est délicate, dans la mesure elle entraînera probablement une forte augmentation de la demande et une aggravation des pénuries de personnel à court terme. La suppression du lien entre le montant de l’allocation de garde d’enfants et le nombre d’heures travaillées affaiblit les incitations au travail.
L’intégration et le système d’immigration n’ont que peu permis de répondre aux besoins nouveaux du marché du travail. Sur le marché du travail, la situation des personnes nées à l’étranger est moins bonne que celle des personnes nées aux Pays‑Bas. Aucun dispositif migratoire ne cible spécifiquement les travailleurs moyennement qualifiés, malgré l’importance de leur rôle dans la transition écologique. L’embauche d’immigrés originaires de pays non membres de l’UE est soumise au principe d’opposabilité de la situation de l’emploi, même pour les métiers dits « en tension ».
L’enseignement professionnel n’attire pas les étudiants, alors même qu’il est susceptible de les doter de compétences très demandées. Les filières préprofessionnelles font face à une baisse des inscriptions et à un problème d’image. Aucune mesure financière n’incite les établissements scolaires à proposer des programmes transfilières ou à promouvoir la mobilité entre les filières. L’existence d’un trop grand nombre de filières préprofessionnelles complique les choix des élèves et de leurs parents.
Les villes et les établissements scolaires défavorisés sont en proie à de graves pénuries d’enseignants, et les inégalités en matière d’éducation sont marquées. La proportion d’élèves obtenant des résultats médiocres est passée de 14 % à 24 % en dix ans. Alors qu’un tiers des élèves néerlandais fréquentent des établissements en manque d’enseignants, l’enseignement dans les écoles où les pénuries sont importantes n’est pas récompensé par des incitations supplémentaires.