Ce rapport propose des données inédites sur la mobilité sociale, alors que les inégalités de revenu et des chances se creusent dans les pays de l'OCDE et dans certaines économies émergentes. Il couvre les aspects ayant trait à la fois à la mobilité sociale entre les parents et leurs enfants et à la mobilité individuelle sur l’échelle des revenus tout au long de la vie, ainsi que leurs déterminants. Le rapport montre que la mobilité sociale d’une génération à l’autre est limitée au regard des différentes dimensions que sont les revenus, l’éducation, l’emploi et la santé, le constat étant identique s’agissant de la mobilité individuelle sur l’échelle des revenus au cours de l’existence. On observe notamment une absence de mobilité au bas et au sommet de l’échelle sociale – avec des phénomènes de « planchers adhérents » limitant les possibilités d’ascension sociale et de « plafonds adhérents » associés à une monopolisation des opportunités au sommet de l’échelle. L’absence de mobilité sociale a des répercussions aussi bien économiques que politiques, sans compter les effets qu’elle engendre à l’échelle de la société. Le rapport montre que les pouvoirs publics peuvent agir pour améliorer la mobilité dans nos sociétés et pour protéger les ménages des effets négatifs provoqués par les chocs enregistrés au niveau des revenus. Il examine les options et les mesures à la disposition des responsables de l’action publique afin d’améliorer la mobilité sociale entre les générations et au sein de ces dernières.
L’ascenseur social en panne ? Comment promouvoir la mobilité sociale
Résumé
Synthèse
Mobilité sociale : quelle importance pour l’action publique ?
Dans un certain nombre de pays, les citoyens ont le sentiment grandissant que la mobilité sociale intergénérationnelle s’amenuise et que la réussite des parents influe de plus en plus sur le devenir de leurs enfants. On observe en outre un pessimisme de plus en plus prononcé quant aux chances qu’ont les individus d’améliorer leur situation financière au cours de leur vie, une tendance qui s’est manifestée bien avant la crise financière mondiale. Ces impressions sont relativement concordantes avec les mesures réelles de la mobilité au regard de différentes dimensions, comme le revenu, l'emploi, la santé ou l'éducation. Par exemple, les pays où les citoyens sont plus pessimistes quant aux perspectives de promotion sociale sont aussi souvent ceux où l’on observe la corrélation la plus forte entre la situation des parents en termes de niveau d’études ou de revenu et celle de leurs enfants. Bien entendu, les sentiments et les attentes quant à la mobilité sont influencés par de multiples facteurs propres aux pays et aux individus, mais ils importent aussi en tant que tels compte tenu de leurs répercussions non seulement économiques et sociales mais aussi politiques.
Sur fond de creusement des inégalités de revenu et des chances, l’absence de mobilité ascendante au bas de l’échelle de distribution des revenus signifie que de nombreux talents potentiels sont laissés de côté ou insuffisamment développés, mais aussi que d’importantes possibilités d’investissement restent inexploitées et que des entreprises ne voient jamais le jour, autant de phénomènes qui ont des effets néfastes sur la productivité et la croissance économique, comme l’explique l'OCDE dans son rapport « L'articulation entre productivité et inclusivité ». À l’inverse, une absence de mobilité en haut de l’échelle de distribution des revenus peut se traduire par des rentes persistantes perçues par quelques privilégiés au détriment du plus grand nombre, en raison d’un accès inégal aux opportunités économiques et aux possibilités de formation. La réussite des personnes situées en haut de l’échelle et de leurs enfants ne doit pas se faire aux dépens des autres : la monopolisation des opportunités est néfaste pour la société et entraîne des coûts d’efficience élevés. D’une manière plus générale, certains éléments donnent à penser que les perspectives de promotion sociale influent aussi de manière positive sur la satisfaction à l’égard de la vie et sur le bien-être. À l’inverse, des risques élevés de déclassement et de perte du statut social réduisent souvent la satisfaction à l’égard de la vie, sapent l'estime de soi, compromettent la cohésion sociale et incitent les individus à penser que leur voix ne compte pas, surtout s’ils se situent au milieu ou au bas de l’échelle des revenus. Cela érode la confiance dans le système socio-politique, avec à la clé des retombées négatives potentielles sur la participation démocratique et un renforcement des extrémismes politiques ou du populisme.
Comment fonctionne la mobilité sociale ?
La mobilité sociale recouvre plusieurs dimensions. D’un côté, on peut l’interpréter comme la mobilité entre les parents et les enfants ou petits-enfants, ce que l’on désigne comme la mobilité intergénérationnelle. De l’autre, le concept de mobilité sociale peut se limiter à la trajectoire individuelle, c’est-à-dire à la mobilité intra-générationnelle. Le présent rapport traite de ces deux dimensions, même si la vue d’ensemble couvrant plusieurs générations compte peut-être davantage lorsque l’on analyse la mobilité que l’évolution constatée sur des périodes plus courtes : lorsqu’ils évaluent leurs chances de grimper dans l’échelle sociale, les individus comparent souvent leur vie actuelle à celle qui était la leur pendant leur enfance et à celle de leurs parents.
De surcroît, par « mobilité » on entend majoritairement la mobilité ascendante, bien plus que la mobilité descendante. Or dans la pratique, des taux de mobilité élevés peuvent refléter autant des possibilités de promotion sociale que des risques de déclassement. En fait, on observe une forte mobilité ascendante dans la plupart des pays de l'OCDE et des économies émergentes – en valeur absolue. Cela signifie que, dans de nombreux pays, nous vivons mieux que nos parents : nos revenus sont plus élevés, notre niveau d’études est souvent supérieur au leur, nous vivons souvent dans de meilleurs logements mieux équipés, nous bénéficions de services de meilleure qualité, etc. À mesure que les résultats économiques et sociaux progressent, l’amélioration des conditions de vie profite au plus grand nombre, quoiqu’à des degrés divers, et la mobilité augmente, en valeur absolue. Si l’on ne tient compte que du revenu, cette mobilité ascendante peut s’inscrire sur le long terme grâce à la croissance continue de la productivité, même si elle a nettement ralenti dans la zone OCDE depuis dix ans. Toutefois, si l’on tient compte d’autres dimensions importantes de la mobilité, les possibilités d’amélioration majeure sont moindres dans les pays avancés, même si la marge de progression des économies émergentes est plus importante. Plus les pays se développent, plus les progrès ralentissent au regard de certaines dimensions clés, comme l’éducation ou la santé : en effet, tout le monde ne peut pas ou ne veut pas décrocher un doctorat et il y a des limites à l’amélioration de l’état de santé.
C’est pourquoi la problématique de la mobilité relative gagne en importance dans le débat public, notamment dans les économies plus avancées : dans quelle mesure puis-je atteindre un échelon plus élevé – ou moins élevé – que mes pairs dans l’échelle de distribution des revenus, mais aussi dans les domaines de l’éducation, de l’emploi ou de la santé ? Le présent rapport examine donc la mobilité absolue et relative, en mettant plus particulièrement l’accent sur cette dernière. On peut avoir recours à l’image des escalators pour expliquer le fonctionnement de la mobilité : tout le monde monte, mais certains groupes montent plus vite que d’autres et, par conséquent, leur position relative augmente ou diminue au fil du temps. Qui plus est, la vitesse des escalators, et donc les probabilités de mobilité ascendante ou descendante, ne sont pas distribuées équitablement dans la population.
Principaux constats
Le « plancher adhérent » empêche l’ascension sociale
Les enfants issus de milieux défavorisés peinent à gravir les échelons, et ce dans de nombreux domaines clés.
Le fait de grandir dans une famille aux revenus modestes, voire pauvre, et d’avoir des parents en mauvaise santé sont les deux principaux facteurs prédictifs d’une mauvaise santé à l’âge adulte.
Quatre personnes sur dix dont les parents ont un faible niveau d’instruction ne poursuivent pas leurs études après le premier cycle du secondaire, et une sur dix seulement entreprend des études universitaires – contre deux tiers des enfants dont les parents ont un niveau de formation élevé.
Sur le plan professionnel, un tiers environ des enfants dont les parents sont ouvriers sont ouvriers eux-mêmes. Par ailleurs, la mobilité absolue a diminué dans la moitié des pays considérés et n’a pas évolué dans l’autre moitié, notamment parce que les jeunes générations ont aujourd’hui moins de chances que leurs parents d’accéder à des emplois plus qualifiés.
Si deux tiers des personnes dont les parents ont des revenus modestes parviennent à accéder à des revenus supérieurs, cette mobilité ascendante en termes de revenu se limite, pour près de la moitié d'entre eux, à la tranche immédiatement supérieure. Par conséquent, dans un « pays de l'OCDE moyen », il faudrait quatre à cinq générations pour que les enfants situés dans le décile inférieur des revenus se hissent au niveau du revenu moyen.
La mobilité ascendante des enfants de parents peu instruits s’est améliorée pour les enfants nés entre 1955 et 1975, pour stagner ensuite pour les enfants nés après 1975, signe de la persistance du plancher adhérent.
La monopolisation des opportunités crée un « plafond adhérent »
Ceux qui se situent au sommet de l’échelle de distribution parviennent à transmettre les avantages dont ils bénéficient à leurs enfants.
Les personnes dont les parents ont un niveau d’instruction élevé ont généralement de meilleurs résultats scolaires en termes de compétences à l’écrit et en calcul que ceux dont les parents ont un faible niveau de formation. Par exemple, les scores en calcul de ceux qui sont issus de milieux socioéconomiques plus favorisés sont supérieurs de près de 20 %, ce qui équivaut à plus de trois années de scolarité supplémentaires.
À l’âge adulte, les enfants de familles aisées occupent des emplois comparables à ceux de leurs parents. La moitié des enfants dont les parents occupent des postes de direction deviennent eux-mêmes dirigeants, alors que moins d’un quart des enfants d’ouvriers ont une chance de devenir cadres.
On constate aussi une fixité au sommet de la distribution des revenus, puisque quatre fils sur dix nés d’un père aux revenus élevés se maintiennent dans le quartile supérieur des revenus dans les pays de l'OCDE. La mobilité descendante dans le quartile supérieur des revenus est particulièrement faible dans certains pays, comme les États-Unis et l’Allemagne.
Ces phénomènes sont aussi valables pour la mobilité des individus sur l’échelle des revenus tout au long de la vie
Il ressort également du présent rapport qu’il existe d’importantes inégalités entre différentes populations dans les chances qu’elles ont de s’élever dans l’échelle des revenus sur de plus courtes périodes : les phénomènes de planchers et de plafonds « adhérents » concernent aussi les perspectives de revenu des individus au cours de leur existence.
Sur une période de quatre ans, 60 % environ des personnes restent bloquées dans les 20 % les plus bas de l’échelle de distribution des revenus. Lorsque l’on observe une mobilité ascendante au bas de l’échelle, cela tient essentiellement à des changements imprévus sur le plan des revenus et non à l’évolution naturelle de la carrière professionnelle.
Au sommet de l’échelle, l’immuabilité des avantages est encore plus marquée : ainsi, sur une période de quatre ans, 70 % des personnes se maintiennent dans le haut de la distribution des revenus. Et ceux dont les parents se situent au sommet de l’échelle ont bien plus de chances d’y rester toute leur vie : aux États-Unis et en Allemagne, près de la moitié des fils ayant un père riche se classent eux-aussi dans le quartile supérieur des revenus.
Depuis les années 90, on observe une tendance générale vers une plus grande immuabilité au sommet et au bas de l’échelle de distribution des revenus. Cela se traduit à la fois par un amoindrissement des chances d’ascension pour ceux qui se trouvent en bas, et par une diminution des risques de déclassement pour ceux qui se trouvent en haut. Les inégalités de revenu se sont creusées depuis, mais cela n’a pas été compensé par un accroissement de la mobilité sur l’échelle des revenus.
Au milieu de l’échelle se côtoient risques et opportunités
La mobilité sur l’échelle des revenus est plus élevée pour les personnes appartenant à la classe moyenne. Cela se traduit non seulement par de plus nombreuses opportunités pour elles par rapport à d’autres catégories de population, mais aussi par des risques plus importants de déclassement après des évènements de vie imprévus, comme le chômage ou le divorce.
Les ménages aux revenus moyens sont donc exposés à un risque considérable de tomber au bas de l’échelle des revenus, et dans la pauvreté, au cours de leur vie : sur quatre ans, un ménage de classe moyenne sur sept, et un ménage sur cinq dans les catégories plus proches des bas revenus, glissent vers la tranche des 20 % de revenus les plus modestes.
Certains éléments donnent en outre à penser que ces risques se sont accrus ces vingt dernières années. Ainsi, un fossé s’est creusé entre les classes moyennes dans certains pays : pour les ménages plus proches des bas revenus et ceux qui entrent dans les « 40 % les plus pauvres », le risque de tomber encore plus bas dans l’échelle des revenus au cours de leur vie s’est accru.
Parallèlement, ceux qui sont proches du milieu de l’échelle des revenus et les populations les plus aisées de la classe moyenne ont aujourd’hui moins de risques de tomber dans la catégorie des bas revenus et dans la pauvreté. On observe donc des signes de fracture au sein de la classe moyenne.
Les inégalités de revenu ne favorisent pas la mobilité
Aucun élément probant ne tend à démontrer que le creusement des inégalités s’accompagne d’une plus grande mobilité sur l’échelle des revenus. En fait, lorsqu’on la mesure sur plusieurs années, une plus grande mobilité sur l’échelle des revenus au cours de la vie est associée à un moindre niveau d’inégalités dans les pays – ce que l’on qualifie d’inégalités « permanentes ».
D’une génération à l’autre, les perspectives de mobilité sur l’échelle des revenus sont généralement moins favorables dans les pays caractérisés par de fortes inégalités de revenus, et plus favorables dans les pays où les inégalités sont peu marquées. Seuls quelques pays européens échappent à cette règle, puisqu’ils conjuguent faible niveau d’inégalités et faible mobilité sur l’échelle des revenus (Hongrie, France, Allemagne et Autriche par exemple).
Les caractéristiques de la mobilité varient fortement d’un pays à l’autre et d’un groupe de pays à l’autre
On observe d’importantes variations entre les pays en matière de mobilité selon la dimension de la mobilité considérée, mais aussi selon que l’on met l’accent sur la mobilité au sommet de l’échelle ou au bas de l’échelle. Lorsque l’on examine la mobilité intergénérationnelle, certaines caractéristiques générales émergent si l’on considère des groupes de pays.
La mobilité sociale, surtout en termes de revenu, d’emploi et d’éducation, est très élevée dans la plupart des pays nordiques, et relativement faible dans de nombreux pays d’Europe continentale, surtout en termes de revenu, ainsi que dans les économies émergentes. Par exemple, il faudrait deux générations seulement pour que les enfants du décile inférieur de revenus se hissent au niveau du revenu moyen dans les pays nordiques, contre quatre à six générations dans les pays d’Europe continentale, et bien plus encore dans les économies émergentes.
La plupart des pays d’Europe du Sud affichent aussi une mobilité limitée en termes d’éducation ou d’emploi, tandis que leurs résultats sont meilleurs au regard de la mobilité en termes de revenu.
Certains pays anglophones parviennent à tirer leur épingle du jeu au regard de la mobilité sur l’échelle des revenus (Canada, Nouvelle-Zélande) ou sur le plan professionnel (États-Unis, Royaume-Uni), tandis que leurs performances varient sensiblement au regard des autres dimensions.
Au Japon et en Corée, la mobilité en termes de niveau d’études est élevée alors qu’elle est relativement moyenne sur l’échelle des revenus. C’est en Allemagne et aux États-Unis que les phénomènes de planchers et de plafonds « adhérents » sont les plus prononcés au regard de la mobilité intergénérationnelle sur l’échelle des revenus.
Principales recommandations
Il n’y a rien d’inéluctable dans la transmission des avantages ou des handicaps socioéconomiques d’une génération à l’autre, ni dans l’impossibilité de s’élever dans l’échelle sociale ou au contraire d’y régresser. Les écarts importants observés entre les pays dans les résultats en matière de mobilité donnent à penser que les pouvoirs publics peuvent agir pour améliorer la mobilité dans nos sociétés et pour protéger les ménages des effets négatifs provoqués par les chocs enregistrés au niveau des revenus. Ainsi, les pays qui ont déjà beaucoup investi dans l’éducation affichent généralement une plus grande mobilité dans ce domaine. De la même manière, les pays qui ont consacré plus de ressources à la santé tendent à bénéficier d’une mobilité plus élevée au regard de cette dimension. Ce qui compte ce n’est pas seulement le montant des ressources publiques allouées à l’éducation et à la santé mais aussi leur qualité, l’utilisation qui en est faite et la manière dont sont ciblées les catégories de population défavorisées. Dans ces conditions, l’action des pouvoirs publics ne doit pas se limiter à augmenter les dépenses mais plutôt à mieux cibler les dépenses sur les programmes qui fonctionnent, et à assurer leur qualité et l'égalité d'accès.
Élaborer des politiques publiques propres à assurer l’égalité des chances pour tous les enfants
Les politiques publiques doivent viser à offrir à tous les mêmes possibilités de promotion sociale, y compris et surtout pour ceux qui se situent au bas de l’échelle, tout en empêchant ceux qui se trouvent au sommet d’accaparer toutes les possibilités d’ascension. Pour y parvenir, des actions doivent être menées dans plusieurs domaines clés, et il faut accorder la priorité aux ménages à bas revenus.
Tout d’abord, il faut prendre des mesures dans le domaine de l’éducation afin de favoriser la mobilité sociale et de lutter contre l’inégalité des chances à long terme. Il s’agit notamment d’assurer l’accès à des services d’éducation et d’accueil des jeunes enfants de qualité, de veiller à ce que tous les enfants puissent être scolarisés et de lutter contre l’abandon scolaire.
Ensuite, il faut investir dans la santé afin de favoriser la mobilité sociale tout au long de la vie et entre les générations, par exemple en compensant, dans une certaine mesure, les pertes de revenus ou les changements nécessaires sur le marché du travail en cas de problèmes de santé. Une stratégie fondée sur des investissements plus importants ciblés sur les enfants de milieux socioéconomiques défavorisés pourrait contribuer à rompre le cercle vicieux de la transmission intergénérationnelle des handicaps. À cet égard, l’accès de tous les ménages à l’assurance maladie est indispensable.
Par ailleurs, les politiques familiales, et plus particulièrement celles qui favorisent l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ainsi que les services d’éducation et d’accueil des jeunes enfants, peuvent contribuer à offrir des chances égales à tous les enfants en compensant les handicaps dont ils souffrent à la maison et en évitant la transmission des handicaps socioéconomiques aux enfants. Elles peuvent aussi aider les parents à poursuivre leur activité professionnelle et atténuer les effets néfastes des difficultés financières rencontrées par les parents sur les résultats futurs des enfants.
Qui plus est, les politiques relatives à l’accumulation de richesse et à l’épargne constituent un outil essentiel pour renforcer la mobilité sociale. Pour rééquilibrer les chances, on pourrait envisager de limiter l’évasion fiscale concernant l’impôt sur le patrimoine, les successions et les donations, de concevoir des régimes fiscaux progressifs et adaptés, et de réduire les exonérations fiscales.
Enfin, pour favoriser la mobilité sociale, il faut aussi agir pour réduire les fractures entre les régions et la ségrégation géographique dans les villes. Cela suppose une panoplie complète de politiques coordonnées en matière de développement local et d’urbanisme, avec des mesures dans les domaines des transports et du logement, comme le zonage social.
Atténuer les conséquences des chocs défavorables et les effets non désirés de la volatilité des revenus
Il importe également de protéger les individus des effets d’évènements personnels imprévus ou de chocs temporaires, comme la perte d’un emploi, un divorce ou la naissance d’un enfant, et de favoriser la résilience, notamment pour les familles de la classe moyenne qui sont exposées à des risques accrus de déclassement. Le Cadre d'action de l'OCDE pour les politiques de croissance inclusive et la nouvelle Stratégie de l'OCDE pour l’emploi présente un éventail de mesures pour y parvenir tout en favorisant de meilleurs résultats sur le marché du travail :
Premièrement, des dispositifs d’aide au revenu pour les chômeurs, s’ils sont fixés à un niveau adapté et couplés à des politiques actives du marché du travail et à des programmes de reconversion, peuvent contribuer à amortir l’effet négatif des évènements de vie pour les personnes issues de milieux défavorisés mais aussi pour leurs enfants, tout en ayant des retombées positives sur des dimensions autres que celle du revenu.
Deuxièmement, des politiques du marché du travail qui facilitent la transition de l’école à la vie active, éliminent les obstacles qui empêchent les catégories de population défavorisées d’accéder à certains emplois ou qui assurent l’équité des processus de recrutement, peuvent avoir un impact considérable sur les revenus et la mobilité professionnelle des travailleurs défavorisés, tout au long de leur carrière.
Troisièmement, au vu des difficultés associées à la volatilité des revenus provoquée par les nouvelles formes d’emploi, le fait de rattacher les droits à la protection sociale à l’individu plutôt qu’à l’emploi qu’il occupe pourrait contribuer à favoriser la mobilité entre les emplois et les secteurs d’activité.
L’initiative de l'OCDE sur la croissance inclusive a pour objectif de développer et de promouvoir de telles mesures, en vue de favoriser la mobilité sociale et de créer des opportunités pour tous.
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