Ce chapitre porte sur la façon dont les politiques et priorités des membres du CAD en matière d’égalité des genres sont appliquées dans les programmes de développement, et pourraient l’être avec plus d’efficacité. Il traite de l’établissement de partenariats au service d’une mise en œuvre efficace et de la double approche consistant d’une part à intégrer le genre dans toutes les interventions, d’autre part à lui consacrer des programmes.
L'égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles
3. Mise en œuvre des programmes
Abstract
La mise en œuvre des programmes consiste à réaliser les interventions prévues lors de la phase de conception. Elle suppose d’assurer un suivi des projets durant leur exécution et de procéder à des ajustements lorsque ceux-ci s’écartent de la voie tracée ou lorsque la situation évolue de manière à garantir que les réalisations escomptées seront concrétisées, et de prévoir des effectifs suffisants pour les évaluer, les apprécier, et formuler des conseils.
Les quatre principes d’une coopération efficace au service du développement – appropriation par les pays, orientation sur les résultats, partenariats inclusifs, et transparence et redevabilité mutuelles – fournissent un cadre pour l’établissement de partenariats plus équitables et responsables et l’obtention de résultats plus durables dans ce domaine (Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement, 2021b[1]).
Les membres du CAD – ministères et organismes compris – travaillent en partenariat avec des acteurs divers pour mettre en œuvre leurs politiques et stratégies en matière d’égalité des genres1. Ils doivent examiner dans quelle mesure différents types de partenaires peuvent se conformer et s’adapter à leurs priorités et aux contextes dans lesquels ils souhaitent obtenir des résultats. La plupart des membres s’attachent à intégrer des éléments relatifs à l’égalité des genres dans tous leurs programmes ; nombre d’entre eux mènent par ailleurs des programmes consacrés à ce thème et à l’autonomisation des femmes et des filles.
3.1. Partenariats de mise en œuvre
Le partenariat est un instrument essentiel de mise en œuvre des programmes. Cela suppose de sélectionner et d’appuyer comme il convient le partenaire idoine. S’agissant du financement, la plupart des membres font transiter l’aide consacrée à l’égalité des genres par des organisations multilatérales et (ou) des organisations de la société civile (OSC) bien implantées dans des pays membres du CAD. L’appui aux OSC locales et aux organismes de défense des droits des femmes basés dans des pays partenaires est limité. L’aide axée sur l’égalité des genres distribuée par l’intermédiaire du secteur privé est également restreinte, mais en augmentation (OCDE, 2020a[2]). Certains membres accordent une aide importante aux programmes qui prennent en compte l’égalité des genres exécutés par des gouvernements partenaires, notamment dans le cadre du soutien budgétaire - mais l’aide financière à l’appui de cet objectif allouée directement aux gouvernements partenaires, y compris aux ministères de la femme, demeure globalement limitée.
Sélectionner et accompagner les partenaires pour accélérer l’instauration de l’égalité entre les genres
Lors de la sélection d’un partenaire d’exécution, il convient de soupeser les points forts et les points faibles de chaque intervenant dans le pays et le contexte concernés en fonction des objectifs globaux des politiques et programmes relatifs à l’égalité des genres. Il s’agit notamment, mais non exclusivement, de déterminer si :
le partenaire d’exécution s’est engagé à faire progresser l’égalité des genres et dispose d’équipes spécialisées dans ce domaine (au siège et dans les bureaux locaux, le cas échéant) ;
des objectifs en matière d’égalité des genres sont intégrés aux documents relatifs aux marchés publics, aux processus d’appel d’offres, à la notation et à l’évaluation des offres ;
le partenaire mène un dialogue sur les politiques à mener et des actions de sensibilisation à l’égalité des genres avec d’autres partenaires (les autorités et le secteur privé par exemple) ;
la question de l’égalité des genres est abordée dans le cadre des rapports d’avancement et de la revue annuelle2.
Par ailleurs, des mesures de protection doivent être appliquées à tous les programmes, dont des mesures de prévention de l’exploitation, des atteintes et du harcèlement sexuels (Chapitre 6).
Les membres du CAD peuvent aussi aider et inciter les partenaires à prêter une plus grande attention à l’égalité des genres, notamment en réservant une part du budget aux études spécialisées dans ce domaine, en exigeant que cette thématique soit mise en évidence dans les rapports réguliers sur les projets, ou en récompensant la diversité au sein de l’organisme sous contrat et de ses partenaires en aval. Ils peuvent encourager les fonds communs, fonds humanitaires compris, à collaborer avec les mouvements féminins locaux et à les soutenir. Cela supposera éventuellement de définir des critères pour faciliter l’accès des organismes et mouvements de défense des droits des femmes à ces fonds.
Il est recommandé aux membres du CAD d’examiner les points forts et les points faibles de chaque intervenant dans le pays et le contexte concernés et, selon les objectifs globaux des politiques et programmes en matière d’égalité des genres, de procéder au besoin à des ajustements.
Des partenariats avec les gouvernements des pays partenaires
L’appropriation par les pays du processus de développement est un principe fondamental d’une coopération efficace au service du développement. Si une appropriation à grande échelle par les pays suppose une participation inclusive et équitable de tous les secteurs de la société, c’est aux autorités qu’il appartient de guider les activités de développement (PMCED, 2019[3]).
La coopération pour le développement est politique par nature, et étroitement liée à la diplomatie. Les membres du CAD nouent un dialogue avec les gouvernements des pays partenaires, au niveau central, avec les ministères sectoriels et (ou) à l’échelon local3. Ces échanges offrent l’occasion de renforcer la collaboration avec les ministères de la planification et des finances dans le domaine de l’égalité des genres. Il importe par ailleurs de convier divers acteurs, comme les organismes de défense des droits des femmes, à participer aux discussions sectorielles avec d’autres ministères. De nombreux pays ont également mis sur pied des groupes de coordination des partenaires au développement sur le thème de l’égalité des genres, groupes dont font partie des représentants gouvernementaux et d’autres partenaires.
L’aide financière directement allouée aux gouvernements partenaires (soutien budgétaire) pour promouvoir l’égalité des genres est cependant rare. Seuls quelques membres, pour lesquels ce mécanisme est le modèle économique dominant, l’utilisent pour apporter aux programmes mis en œuvre par les pays partenaires des volumes relativement importants d’aide à l’appui de l’égalité des genres.
Il est recommandé aux membres du CAD d’examiner quand et comment renforcer leur engagement et leur soutien financier en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles par l’intermédiaire d’acteurs des gouvernements partenaires.
Il se peut que les activités consacrées à l’égalité des genres provoquent un rejet culturel, sociétal ou religieux. Il importe de garder à l’esprit que cette thématique fait partie intégrante du Programme 2030 et de ses objectifs, et que l’égalité des droits pour les femmes est consacrée par des conventions des Nations Unies et des conventions régionales. Néanmoins, il convient aussi de tenir compte du risque de rejet et de prévoir, par précaution, des stratégies visant à le modérer. Les membres peuvent consulter les organismes locaux de défense des droits des femmes, qui sont déjà souvent actifs sur ce terrain, pour définir en quoi un appui extérieur peut aider à atténuer ces risques, et (ou) s’il serait utile de collaborer avec des dirigeants très en vue et (ou) de sexe masculin (DfID et FCO, 2019[4]).
Encadré 3.1. Œuvrer à l’égalité entre les genres en coopération avec le gouvernement partenaire : l’UE au Maroc
L’engagement de l’UE à promouvoir l’égalité des genres au Maroc, conformément au Plan gouvernemental pour l’égalité (PGE) marocain, remonte à 2012, et se concrétise au travers de plusieurs mécanismes, notamment l’appui budgétaire et des mesures d’accompagnement, sous forme d’assistance technique et de dons aux acteurs non étatiques par exemple.
Le soutien budgétaire alloué à l’égalité des genres, qui comporte une forte dimension stratégique et politique, a fourni aux agents de l’UE de précieuses informations sur les possibilités d’intégrer la dimension de genre aux politiques et processus (établissement et exécution du budget par exemple) et sur les éléments qui s’y opposent. Cette démarche a permis de mieux cerner les possibilités de prendre cette question en considération dans tous les secteurs de la coopération de l’UE, et a sensiblement contribué à renforcer l’engagement global de l’UE en matière d’égalité des genres au Maroc.
Cette aide à la mise en œuvre des priorités gouvernementales a certes permis de réaliser des progrès, mais un engagement plus ferme au niveau politique et une volonté plus marquée de transformer les instruments et processus en résultats concrets seront essentiels pour assurer des retombées durables sur la vie des citoyens, et des femmes en particulier. La complémentarité entre l’appui budgétaire et d’autres mécanismes s’est révélée utile à la mise en place d’une approche ciblée et adaptée de l’aide qui est fonction des régions et (ou) des intervenants. Par ailleurs, une augmentation de l’aide directe à la société civile s’impose pour garantir sa participation au processus (Commission européenne, 2020[5]).
Collaboration avec les gouvernements dans des contextes fragiles
Dans les contextes fragiles, les rapports de force entre les membres du CAD et les gouvernements des pays partenaires sont rudes. S’attaquer aux causes profondes de cette fragilité, inégalités liées au genre comprises, est souvent un objectif particulièrement délicat sur le plan politique. Un moyen de contourner le problème consiste à intégrer les thèmes politiquement sensibles à l’ensemble des programmes, en veillant à ce qu’ils ne soient ni négligés, ni sous-estimés. Une autre méthode consiste à les rassembler en des domaines thématiques aux fins de concertation, ce qui permet aux partenaires au développement de traiter certains thèmes « controversés » en dehors de leurs programmes, sans lien avec ces derniers (Schreiber et Loudon, 2020[6]). Certains membres pratiquent aussi une coopération décentralisée pour traiter les questions sensibles à l’échelon local. Quelle que soit la méthode retenue, l’établissement de liens entre les acteurs du développement et de la diplomatie dans l’ensemble des activités relevant de l’articulation entre l’action humanitaire, le développement et la paix, en coopération avec les gouvernements partenaires, est indispensable.
Les intervenants du domaine de la sécurité, forces de police comprises4, sont de possibles agents de changement et peuvent sensiblement contribuer à faire évoluer les normes discriminatoires et à éradiquer les comportements délétères (Equality & Justice Alliance, 2020[7]). Une collaboration de cette nature est nécessaire même quand certains acteurs sont source d’intimidation pour des communautés marginalisées ; elle peut consister à assurer des formations et le développement des capacités en matière d’égalité des genres (International Civil Society Action Network, 2017[8]).
Coopération avec les organisations multilatérales : influence et financement
De l’avis général, le système multilatéral de développement a un rôle capital à jouer et permet de réaliser des économies d’échelle dans la lutte contre les problèmes publics mondiaux. Les membres du CAD en demeurent les principaux actionnaires et bailleurs de fonds (OCDE, 2020k[9]). Ils sont en mesure d’absorber d’importants volumes de fonds, et c’est très souvent par leur intermédiaire que les financements destinés aux programmes en faveur de l’égalité des genres sont transférés.
Outre leur engagement financier auprès des organisations multilatérales, les membres du CAD privilégient les contacts avec certaines d’entre elles, comme la Commission de la condition de la femme (CSW) et l’Assemblée générale des Nations-Unies, qui assurent le respect des normes et principes mondiaux relatifs à l’égalité des genres et les droits des femmes et des filles.
Les organisations multilatérales disposent souvent d’une capacité crédible, assortie d’une légitimité et d’une neutralité politiques, dans les pays partenaires. Par ailleurs, elles entretiennent d’ordinaire de bonnes relations de travail avec le gouvernement, qui est leur interlocuteur direct, ce qui permet de porter les questions relatives à l’égalité des genres au niveau politique. En parallèle, elles interviennent sur le terrain dans le cadre de leurs partenariats avec des organismes locaux. Elles disposent aussi généralement des systèmes de notification et de redevabilité requis et agréés par les membres du CAD siégeant aux organes directeurs. De surcroît, les organisations multilatérales et les banques sont des partenaires de premier plan qui mobilisent des financements autres que l’aide pour le développement (chapitre 4). Le système multilatéral peut toutefois, dans certains cas, pâtir du manque de coordination entre les différents organismes, ce qui entraîne une redondance des efforts et une atomisation des ressources, et de l’insuffisance des capacités et des compétences spécialisées en matière d’égalité des genres au niveau des bureaux locaux.
Plusieurs fonds multidonneurs axés sur l’égalité des genres sont gérés ou accueillis par des organisations multilatérales ou des banques. Ils offrent d’importantes possibilités d’œuvrer à cet objectif, mais peuvent aussi comporter des risques et avoir des conséquences imprévues. Selon certaines études, ils peuvent limiter les autres sources de financement et restreindre les opportunités pour la société civile d’entretenir des contacts avec les membres du CAD. Ils risquent de susciter une concurrence plutôt qu’une collaboration entre les OSC (OCDE, 2020[10]).
Contributions aux budgets centraux et financements préaffectés pour les organisations multilatérales
Parmi les organisations multilatérales, les organismes des Nations Unies sont le canal le plus couramment utilisé pour acheminer l’aide en faveur de l’égalité des genres. Les financements préaffectés à des projets ont globalement tendance à augmenter, alors que le pourcentage des contributions aux budgets centraux du système multilatéral de développement diminue (OCDE, 2020k[9]). Cette évolution tient peut-être en partie à ce que les rapports plus détaillés souhaités par certains membres du CAD sont souvent plus faciles à obtenir pour les financements de projets. Les contributions aux budgets centraux sont cependant indispensables aux organisations qui ont pour mission de faire respecter les normes.
Il convient d’examiner si les contributions aux budgets centraux ou les financements préaffectés, ou encore des projets conjoints (avec fonds multidonneurs ou collaboration interinstitutionnelle), sont la meilleure solution dans une situation donnée, et de veiller à ce que les apports financiers des membres du CAD procurent aux organisations multilatérales l’indépendance et la souplesse dont elles ont besoin pour mener leurs activités, tout en poursuivant des objectifs à plus long terme en matière d’égalité des genres (OCDE, 2020k[9]).
Encadré 3.2. La méthode de partenariat adoptée par la Nouvelle-Zélande pour favoriser l’égalité des genres dans les contextes humanitaires
Nā tō rourou, nā taku rourou ka ora ai te iwi.
Si tu viens avec ton panier et moi avec le mien, chacun pourra s’épanouir.
Whakatauki (proverbe māori)
Reconnaissant que les femmes et les filles sont plus durement touchées par les conflits et les catastrophes, la Nouvelle-Zélande a fait de l’égalité des genres une valeur fondamentale de sa Politique d’action humanitaire. Celle-ci applique une approche globale, intégrée, qui prend en considération les liens cruciaux entre action humanitaire, développement inclusif, paix et stabilité.
La Nouvelle-Zélande défend l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles au sein de différentes enceintes internationales de l’action humanitaire, notamment le Grand Bargain, le débat consacré aux questions humanitaires du Conseil économique et social (ECOSOC) et le groupe d’appui aux partenaires au développement du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies. Par ses contributions régulières au Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) des Nations Unies, elle soutient l’allocation prioritaire des ressources aux programmes axés sur l’égalité des genres dans le cadre des interventions humanitaires.
La Nouvelle-Zélande s’efforce d’être un partenaire de confiance qui travaille dans le cadre de stratégies inclusives et pilotées à l’échelon local. Elle intègre le principe de l’égalité des genres dans les interventions et la planification de crise en favorisant la mise en place préalable d’approvisionnements d’urgence, les activités de suivi et d’évaluation rapides, et une coopération et une coordination étroites avec les partenaires. Un partenaire stratégique pour renforcer la coordination dans le Pacifique est l’Alliance océanienne pour la gestion des situations d’urgence (PIEMA). L’appui de la Nouvelle-Zélande à la PIEMA met notamment l’accent sur le rôle des femmes en tant que primo-intervenantes pendant et après les catastrophes, et sur leur recrutement à des postes de responsabilité en matière de gestion des catastrophes, un objectif prioritaire de la région.
Le New Zealand Disaster Response Partnership (NZDRP) s’adresse aux partenaires de la société civile spécialisés dans les stratégies destinées à lever les obstacles à l’inclusion et à l’ancrage local afin d’assurer des interventions intégrées axées sur l’égalité des genres. En prévision d’une éventuelle flambée de COVID-19 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande a formé un partenariat avec Oxfam Aotearoa et Oxfam PNG pour prévenir et ralentir la propagation du virus chez les femmes et les filles, les groupes vulnérables et les communautés rurales de la province de Simbu, dans la région des Hautes-Terres. Compte tenu du problème systémique des violences sexuelles et fondées sur le genre, l’intervention a été structurée de manière à enrichir les connaissances relatives aux effets spécifiques du COVID-19 sur les femmes et les filles et à orienter l’aide sur des refuges réservés aux femmes reconnues victimes de ces formes de violences.
Dans le Pacifique, les interventions d’urgence faisant suite à des catastrophes naturelles et à des situations de conflits et de fragilité, ainsi que les questions relatives à la santé et aux droits sexuels et reproductifs occupent souvent une place de second rang, et des ressources insuffisantes leur sont affectées. La Nouvelle-Zélande a contribué à l’intégration de la « santé sexuelle et reproductive dans les situations d’urgence » dans les mesures de gestion des risques de catastrophe, de préparation et de riposte au changement climatique des autorités nationales et locales, dans le cadre d’une collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et d’autres partenaires au développement. Elle collabore également avec la Fédération internationale pour la planification familiale (FIPF) en vue de réduire la mortalité et la morbidité liée à la santé sexuelle et reproductive, les violences sexuelles et fondées sur le genre, le VIH et les infections sexuellement transmissibles, et les grossesses non désirées. Ces services sont assurés en partenariat avec les associations membres de la FIPF, locales et autonomes, de Kiribati, des les Cook et de Tuvalu. Par ailleurs, la Nouvelle-Zélande a aidé la FIPF à mettre en œuvre la Stratégie Niu Vaka pour le Pacifique dans neuf pays de la région. En 2020, les associations membres de Vanuatu, Fidji et Tonga ont été en mesure de fournir des services de santé sexuelle et reproductive à 51 572 personnes à la suite du cyclone Harold.
En dehors de la région Pacifique, la Nouvelle-Zélande intervient dans les situations humanitaires complexes qui continuent de frapper de manière disproportionnée les femmes et les enfants. On citera parmi ses activités récentes des contributions au FNUAP pour assurer des services de santé maternelle et de prévention des VFG au travers de centres de protection familiale, la mise en place de dispositifs d’accueil sanitaire destinés aux femmes et une aide psychosociale dans le cadre de la crise afghane. Face aux besoins critiques des réfugiés rohingyas et des populations d’accueil au Bangladesh, la Nouvelle-Zélande a également travaillé en partenariat avec le FNUAP pour assurer des services vitaux de santé sexuelle et reproductive et de prévention des VFG à Cox’s Bazar.
Partenariats avec la société civile
Les organisations de la société civile, notamment celles qui défendent les droits des femmes, sont des partenaires de premier plan qui œuvrent à la promotion de l’égalité des genres et rendent compte des progrès accomplis5. Les OSC basées dans les pays membres du CAD ont souvent un rôle de levier à jouer à l’appui de la diplomatie des membres, et peuvent mobiliser des pressions politiques au niveau national (OCDE, 2020[10]).
Les membres du CAD soutiennent généralement les OSC qu’ils connaissent le mieux – autrement dit, les organisations internationales bien établies. Deux tiers de l’aide en faveur de l’égalité des genres sont acheminés au travers d’OSC basées dans des pays membres du CAD plutôt que locales (OCDE, 2020[10]), ce qui tient à plusieurs raisons. L’une a trait aux obligations légales, réglementaires et administratives des membres et à leur capacité à gérer leur soutien aux OSC et à en assurer le suivi. Pour les membres du CAD, prêter appui à un nombre plus restreint d’OSC de pays membres ou internationales, souvent plus expérimentées, est un moyen d’éviter la charge administrative et le risque financier potentiel qui accompagnent l’aide directe à un plus grand nombre de petites OSC dans les pays partenaires. Une autre raison est l’expérience et l’expertise acquises par ces OSC en des décennies de coopération pour le développement, avec le concours financier des membres. Une troisième raison expliquant la préférence des membres pour une collaboration avec les OSC de leurs pays tient à l’importance qu’ils accordent à la sensibilisation du public et à la mobilisation des citoyens, et au rôle essentiel qu’ils prêtent aux OSC à cet égard. Pour de nombreux membres, le soutien aux OSC est le moyen privilégié d’accroître la sensibilisation des populations à la coopération pour le développement et aux problèmes mondiaux, ainsi que leur appui et leur participation (OCDE, 2020[10]). C’est pourquoi les membres doivent également s’employer à soutenir les OSC locales basées dans les pays partenaires. Pour ce faire, ils pourraient par exemple exiger l’établissement de partenariats avec elles (OCDE, 2020[10]).
Soutien aux organisations et mouvements féministes locaux
Les organisations et mouvements locaux de défense des droits des femmes sont des acteurs essentiels de la lutte contre les facteurs structurels des inégalités entre les genres. Les groupes et mouvements bien implantés dans leurs communautés connaissent le contexte et maîtrisent les langues locales, interviennent sur la base d’expériences vécues, et sont les mieux placés pour susciter des changements porteurs de transformations et durables (AWID et MamaCash, 2020[11]). Il est avéré que l’investissement dans des intermédiaires à l’échelon local influe positivement sur les résultats des projets de prévention des violences (ONU-Femmes, 2020b[12]). Les organisations et mouvements de défense des droits des femmes ont pour aspiration et pour vocation d’apporter des changements porteurs de transformations à l’appui de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles (Rao et Sandler, 2021[13]). Ils sont sans doute aussi en mesure d’en apporter dans d’autres domaines du développement durable. Il importe de reconnaître que le développement organisationnel est un moyen concret de favoriser la mise en place d’organisations féministes solides et durables (The Kvinna till Kvinna Foundation, 2021[14]). Celles-ci jouent un rôle déterminant dans la promotion et la protection des droits humains et de l’égalité des genres ; or, la tendance actuelle est à l’adoption et à l’application de lois visant à entraver la liberté d’association et à brider leur action, qui imposent parfois des obligations d’enregistrement strictes, en parallèle à d’autres exigences complexes et contraignantes à tous les stades de la vie d’une association (Amnesty International, 2019[15]).
Les membres du CAD doivent définir des modalités d’appui aux organisations locales de défense des droits des femmes, notamment au travers de fonds destinés aux femmes. Ils doivent s’attacher à réorganiser leur collaboration avec ces organisations et mouvements, et les consulter et tenir compte de leurs besoins lorsqu’ils établissent le programme d’action.
Outre les problèmes liés au manque d’intérêt et à l’absence de priorité politique accordés aux organisations de défense des droits des femmes, la gestion de dons de faible montant à plusieurs organisations dotées d’une capacité limitée peut mobiliser des effectifs importants (AWID et MamaCash, 2020[11]). Les membres du CAD pourraient mieux articuler leurs exigences en matière de rapports et de redevabilité de manière à satisfaire aux besoins des organisations et mouvements locaux et à limiter la charge administrative. Certaines organisations, notamment les petites organisations locales, éprouvent des difficultés à se conformer à l’obligation de démontrer leur efficacité, mais aussi de rendre compte de leurs résultats à l’aune des critères établis par le partenaire au développement.
Le recours à des fonds communs pour servir les organisations locales
Les fonds de soutien aux femmes qui ont pour finalité essentielle de mobiliser des ressources destinées aux organisations et mouvements de défense des droits des femmes sont des acteurs de première importance dans ce contexte. Ces fonds se sont multipliés ces dernières années, et sont présents au niveau international, régional et national6.Ils sont en mesure de servir les organisations et mouvements locaux de femmes et de leur apporter un appui structurel moyennant des dons de faible montant, et ont souvent une bonne connaissance du contexte local (OCDE, 2020[16]). D’autres types de fonds communs multidonneurs peuvent aider les membres à augmenter leur soutien direct aux organisations des pays partenaires et, éventuellement, à élargir leur champ d’action à un éventail plus divers d’acteurs de la société civile7 (OCDE, 2020[16]).
L’Alliance mondiale multipartite pour des mouvements féministes durables est un nouveau mécanisme qui s’emploie à accroître, à pérenniser et à améliorer le soutien financier et politique aux organisations et mouvements féministes et de défense des droits des femmes8.
Gérer les risques pour les mouvements féminins et de défense des droits humains
En raison de leur activité, les femmes défenseures des droits humains sont régulièrement exposées à des menaces et à des atteintes à leur bien-être et à leur sécurité. Ces actes de répression visent souvent les femmes et revêtent la forme de violences verbales, de harcèlement et de violences sexuels, de discrimination, de criminalisation, d’intimidation et d’assassinats, et peuvent tous s’étendre aux familles et aux réseaux des personnes persécutées (HCDH, 2020[17]). De surcroît, les femmes défenseures des droits humains qui travaillent dans certains domaines, comme la santé et les droits sexuels et reproductifs, sont souvent la cible d’autres menaces plus graves (HCDH, 2020[17]).
Des mesures spéciales s’imposent pour soupeser les risques et assurer la sécurité et la dignité des défenseurs des droits des femmes. Les membres du CAD doivent éviter de transférer à ces organisations les risques éventuellement liés aux interventions en faveur de ces droits.
Le militantisme en faveur des femmes et de la justice sociale ne peut se développer sans un Internet libre. La technologie permet aux organisateurs locaux de bâtir des communautés, de mieux faire entendre leur voix et d’atteindre leurs publics. Or, les méthodes et les outils qui ouvrent de nouvelles perspectives de changement social sont ceux-là mêmes qui reproduisent les inégalités d’accès, accentuent le fossé numérique entre les genres, et exposent les militants à la surveillance, à de mauvais traitements et à des préjudices (Astraea Lesbian Foundation for Justice, 2019[18]). Les membres du CAD doivent être bien conscients de ce risque, et coopérer avec des entreprises technologiques féministes et des organisations locales de défense des droits des femmes pour définir des mesures assises sur des données factuelles et trouver des solutions à court et long termes aux violences en ligne (ONU-Femmes, 2020[19]).
Collaboration avec la société civile dans des contextes fragiles
Les contextes fragiles présentent des obstacles particuliers à l’engagement de la société civile, puisque près des deux tiers étaient aussi considérés comme autoritaires en 2020 (Economist Intelligence Unit, 2020[20]). Dans ces contextes, l’engagement des membres auprès des acteurs de la société civile – en particulier les organisations de défense des droits des femmes – est un acte politique en soi, ou sans doute vu comme tel. Les fonds multidonateurs peuvent faire montre d’une plus grande solidarité envers ces groupes que des programmes financés par une seule entité. S’ils adoptent une identité distincte des sources de financement, cette image d’indépendance peut aussi renforcer leur légitimité.
Encadré 3.3. Pratiques des membres du CAD en matière de partenariat avec les organisations de défense des droits des femmes et des mouvements féministes locaux
Le fonds ODD 5 des Pays-Bas comporte plusieurs mécanismes de financement à l’appui de l’égalité des genres, dotés d’un budget de 510 millions EUR sur cinq ans (2021-25) :
Le programme Leading from the South est piloté par quatre fonds consacrés aux femmes. Il finance directement les organisations de défense des droits des femmes dans l’hémisphère Sud, y compris les petites organisations locales. Ces organisations reposent sur des mouvements locaux de défense des droits des femmes, et sont les mieux placées pour exercer une influence sur les autorités locales, régionales et nationales et les communautés, les entreprises et les dirigeants locaux, et pour leur demander des comptes. Ce programme, mis sur pied en 2016, a récemment été prorogé de cinq ans (2021-25) et doté d’un budget de 80 millions EUR.
Power of Women est un mécanisme de dons qui vise à renforcer la capacité des organisations de défense des droits des femmes qui se consacrent à la sensibilisation et au lobbying en faveur de transformations économiques et politiques favorisant l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. Son budget, d’un montant de 75 millions pour cinq ans, est administré en interne par le gouvernement néerlandais ; cette modalité de financement permet de gérer directement les fonds transférés aux mouvements féministes dans l’hémisphère Sud (AWID et MamaCash, 2020[11]). Les trois principaux objectifs du programme sont de prévenir et d’éliminer les violences sexuelles et fondées sur le genre, de promouvoir la participation des femmes aux processus de décision en leur permettant d’accéder à des postes de responsabilité politique et économique, et de renforcer leur autonomisation économique. Les financements sont ainsi affectés à des organisations dirigées par des groupes d’intérêt qui s’emploient à atteindre au minimum deux de ces objectifs (Gouvernement des Pays-Bas, 2019[21]).
Le Canada a, dans le cadre de sa Politique d’aide internationale féministe, donné priorité à l’établissement de partenariats avec des organisations de défense des droits des femmes :
Le Programme voix et leadership des femmes a été créé en vue d’améliorer la gestion et la viabilité des organisations locales et régionales de défense des droits des femmes, de renforcer leur capacité, et d’accroître leur efficacité pour influer sur les changements politiques, juridiques et sociaux. Le Canada accorde des dons aux intervenants locaux par l’intermédiaire de partenaires tels que les OSC internationales. Le programme couvre une période de cinq ans (2018-23) et appuie des organisations de 31 pays et régions.
Il vise également à mettre en œuvre une approche féministe aux activités de suivi, d’évaluation et d’apprentissage, ce qui a contraint le Canada à réfléchir à d’autres méthodes que le suivi et le compte rendu fondés sur des indicateurs quantitatifs pour que les rapports annuels sur les résultats du programme prennent effectivement en compte les points de vue et le vécu des femmes. Pour ce faire, il a par exemple fallu encourager les partenaires d’exécution et les administrateurs de programmes du Canada à relever et consigner les résultats indésirables signalés dans les rapports, ainsi que les renversements de tendance par rapport à des périodes antérieures. Les partenaires d’exécution sont également invités à faire preuve de créativité dans leurs rapports annuels – avec des résultats persuasifs : incorporation de vidéos illustrant des changements autodocumentés de participants au projet ; études de cas produites au moyen d’arts créatifs et de musique ; et graphisme coloré illustrant les classements (de référence) des exercices d’évaluation participative conduits avec les organisations de défense des droits des femmes. Se fondant sur des principes féministes, le mécanisme de suivi, d’évaluation et d’apprentissage s’attache à concilier l’utilisation d’informations quantitatives et qualitatives pour que les points de vue et les avis des femmes soient considérés comme des sources de données essentielles, aux côtés des données quantitatives, dans la présentation de résultats riches et nuancés sur l’égalité des genres. L’établissement de tels rapports est un exercice de plus longue haleine ; il importe donc de ne pas en faire une obligation supplémentaire pour les partenaires d’exécution. Cela dit, de nombreuses organisations de défense des droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ recueillent et diffusent déjà, par des moyens innovants, des informations qualitatives dans le cadre de leurs dispositifs de suivi, d’évaluation et d’apprentissage et de leurs actions de sensibilisation. Les rencontres virtuelles et réelles ont aussi été un instrument essentiel de collaboration ; elles ont notamment permis aux organisations de défense des droits des femmes, aux groupes LGBTQIA+ et au personnel national responsable de l’exécution du programme d’échanger des informations sur les moyens d’y intégrer pleinement une approche féministe et d’aborder des thèmes délicats dans des cultures très conservatrices et dans un contexte de verrouillage de l’espace civique.
Le Fonds Égalité est un nouveau partenariat innovant qui réunit des investisseurs, la communauté philanthropique, les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile afin de mobiliser des ressources à un niveau sans précédent pour faire progresser l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles dans les pays en développement. Doté d’une contribution de 300 millions CAD du gouvernement canadien, le Fonds Égalité a pour ambition de créer une source de financement durable et autonome pour les organisations et les mouvements de femmes dans les pays en développement, de mobiliser le soutien des fondations philanthropiques, d’intégrer l’égalité des genres de manière à modifier la façon dont sont prises les décisions d’investissement, et d’obtenir des résultats dans ce domaine moyennant des investissements à incidence sociale axés sur le genre et en réinvestissant leurs revenus sous forme de dons à l’appui des organisations de femmes. Le Fonds Égalité a commencé à fournir des financements pluriannuels et souples aux organisations féminines de pays en développement, notamment pour faire face aux retombées de la pandémie de COVID-19 ; il prêtera appui aux mouvements, fonds, consortiums et réseaux féministes, et apportera une aide d’urgence dans les situations de catastrophe et de conflit.
En Espagne, le processus « Diálogos Consonantes » a été mis en place pour offrir un espace de dialogue entre la coopération espagnole pour le développement et les organisations et réseaux féministes de différentes régions d’Amérique latine. Ces dialogues, établis de longue date, visent à définir un programme féministe commun afin d’obtenir de meilleurs résultats en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles, et à mettre en pratique les principes d’efficacité du développement, notamment la redevabilité, la transparence et l’appropriation. Ils offrent aussi un espace d’échange sur la pandémie du COVID-19 et la complexité de la crise des réfugiés et des crises économique et climatique.
Autres acteurs
Instituts de recherche, université et groupes de réflexion
Les établissements universitaires et de recherche tout comme les cabinets de conseil sont des pépinières d’idées et de connaissances nouvelles9. Ils jouent aussi un rôle important en fournissant des statistiques et des analyses prenant en compte la problématique du genre dans différents domaines de l’action publique, qui peuvent servir de base à l’élaboration des politiques. Dans certains pays, ils sont des alliés stratégiques du mouvement en faveur des droits des femmes. La structure de ces institutions leur permet d’exploiter leur connaissance des cadres contextuels pour déterminer quelles recherches et analyses ils mèneront en priorité sur les questions de genre, pour renforcer les capacités et élargir les approches et modes de réflexion actuels (CRDI, 2019[22]). La mobilisation d’institutions impartiales, objectives, se fondant sur des données factuelles, et le recours à des analyses et études dirigées par des spécialistes peuvent favoriser un dialogue efficace sur l’action publique, aider à créer des réseaux productifs et produire des idées nouvelles.
Les membres du CAD doivent envisager de collaborer avec des instituts de recherche, l’université et des groupes de réflexion pour promouvoir et financer des études pertinentes fondées sur des données factuelles, et mobiliser la contribution de spécialistes de l’égalité des genres dans le cadre de l’élaboration des politiques et durant la phase initiale de conception d’un programme.
L’aide apportée sous forme de contributions aux budgets centraux permet à ces établissements de définir des priorités indépendantes du climat politique. Les membres peuvent aussi encourager et favoriser l’apprentissage entre pairs et la collaboration entre universitaires et chercheurs de sensibilité analogue et les organisations de femmes, ceci afin de fédérer les informations existantes et nouvelles et de créer conjointement des mécanismes permettant de parvenir à l’égalité des genres (CRDI, 2019[22]).
Dirigeants religieux/milieux confessionnels
De nombreuses structures familiales et des communautés entières sont influencées par les enseignements religieux. Les institutions religieuses défendent des préceptes bien ancrés qui renforcent les inégalités de genre. Dans certains pays, la place centrale de la religion influe profondément sur la perpétuation des normes de genre et des systèmes de croyances. Les organismes confessionnels et les chefs traditionnels et religieux sont souvent bien implantés dans les communautés et jouissent de leur confiance ; ils disposent de ce fait de vastes audiences et de nombreux vecteurs de mobilisation et d’influence (CARE Norway, 2017[23]). La coopération avec ces organismes offre aux membres du CAD un moyen d’instaurer un climat susceptible de favoriser des changements durables et porteurs de transformations en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles ; un petit nombre de membres de GENDERNET collaborent déjà avec des dirigeants et organismes de cette nature dans l’objectif de susciter le changement et de promouvoir l’égalité des genres (OCDE, à paraître[24]).
Les membres du CAD peuvent s’attacher à établir des partenariats avec des responsables religieux et des groupes confessionnels. Ils peuvent faire appel à des méthodes mobilisant leur participation au niveau local pour favoriser le dialogue, les campagnes de sensibilisation et les interventions axées sur le changement qui visent à supprimer les normes et comportements discriminatoires et nocifs en matière de genre.
Ces initiatives doivent toutefois faire appel à des méthodes adaptées à chaque contexte (Finlande, 2018[25]). Dans certains cas, les membres des groupes religieux et confessionnels et leurs systèmes de croyances sont responsables des préjudices subis par les femmes et les filles. Dans d’autres, ces groupes et leurs membres assurent une protection contre ces atteintes, mais ne savent pas toujours comment prendre correctement en charge les femmes et les filles victimes de violence (Initiative Spotlight, s.d.[26]). La finalité et la méthode d’intervention différeront donc selon la situation. Pour limiter les risques de rejet, les membres du CAD pourraient mobiliser à dessein les responsables et les organisations ayant déjà milité en faveur d’une évolution sociale (indépendamment de leur opinion sur la question de genre). Souvent, ces acteurs ne se situent pas au sommet des hiérarchies religieuses et confessionnelles, mais offrent un point d’ancrage solide à des interventions visant à instaurer l’égalité des genres et l’émancipation des femmes et des filles (Voices 4 Change, 2017[27]). Bien que la plupart des chefs religieux soient des hommes, les membres peuvent réfléchir à des approches spécifiques en vue de mobiliser des responsables féminines de premier plan.
Acteurs du secteur privé
De nombreux membres forgent des partenariats avec des acteurs du secteur privé pour tirer parti à la fois de leur influence et de capitaux privés, accélérer les financements et mobiliser des ressources à l’appui de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles (OCDE, 2020[16]). Les avantages de ces partenariats vont au-delà de leurs éventuels apports financiers, car leur capacité à mettre en place des interventions qui soutiennent les entreprises appartenant à des femmes et l’émancipation féminine est considérable (OCDE, 2020[16]). Le secteur privé peut aussi apporter une contribution utile en formalisant de bonnes pratiques en matière d’égalité des genres sur le lieu de travail.
La philanthropie privée est une source importante et croissante de financement pour de nombreuses actions visant à lutter contre des problèmes mondiaux. Quoique libre des contraintes liées aux cycles politiques, elle est souvent déterminée par les desseins et les objectifs d’un groupe relativement restreint de personnes (Chiu, 2020[28]). Cette flexibilité la met dans une position privilégiée pour combler des déficits de financement en exploitant des créneaux innovants et en orientant les fonds vers les secteurs qui en ont le plus besoin. La philanthropie privée peut aussi démontrer son efficacité et recueillir des informations tout en assortissant les financements de conditions moins rigoureuses. Globalement, son appui financier à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes et des filles est toutefois relativement limité (OCDE, 2021h[29]) (Chapitre 4).
Les membres du CAD peuvent encourager la participation de différentes catégories d’acteurs du secteur privé dès les premières phases de la conception et de la mise en œuvre des programmes, pour qu’ils contribuent à la définition d’approches innovantes et d’aides complémentaires, tout au long des phases de financement et d’exécution, ainsi que pendant le contrôle et le suivi des résultats.
Coopération Sud-Sud et coopération triangulaire
La coopération Sud-Sud (CSS) et la coopération triangulaire (CT) ont permis aux pays partenaires d’échanger des connaissances et du savoir-faire et de mettre au point des solutions adaptées au contexte local. Elles peuvent apporter une contribution majeure à la promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles (Wang, 2021[61]). Ce point a été mis en exergue dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, et repris dans le document final de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud (BAPA+40) (Assemblée générale des Nations Unies, 2019[61]).
Les membres du CAD soutiennent la CSS et la CT par le biais d’une assistance directe aux projets et aux pays partenaires, de financements destinés à la coopération triangulaire, ou de l’apport de fonds aux organismes multilatéraux qui administrent ces formes de coopération. Celles-ci vont gagner en importance compte tenu des appels à inscrire l’aide dans un contexte local et de la montée en puissance de divers partenaires au développement. La pandémie du COVID-19 a également incité les pays partenaires à échanger des solutions novatrices à l’appui du développement, y compris pour remédier aux inégalités de genre.
Conformément aux Lignes directrices volontaires publiées par l’Initiative du Partenariat mondial pour une coopération triangulaire efficace (OCDE, 2021[30]), les membres du CAD peuvent veiller à ce que les projets de CSS et de CT qu’ils financent prennent en compte l’égalité des genres et (ou) visent un objectif spécifique en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles. Ils pourraient aussi envisager d’accroître leur soutien aux projets de CSS et de CT soucieux de la question de genre, et de consolider leurs relations avec les institutions qui administrent et exécutent ces projets dans les pays partenaires.
Encadré 3.4. La coopération triangulaire au service de l’égalité des genres
EUROsociAL+ est un programme phare de l’UE qui vise à améliorer la cohésion sociale en Amérique latine en soutenant les politiques publiques destinées à remédier aux inégalités. La réduction des disparités liées au genre est l’un des domaines d’action privilégiés des interventions du programme sur l’ensemble du continent. EUROsociAL+ a défini une méthode d’intégration de la dimension de l’égalité des genres à la conception et à l’analyse de ses interventions qui est fondée sur le marqueur égalité des genres établi par le CAD de l’OCDE.
Le programme fournit une assistance technique au Panama pour appuyer l’élaboration et l’application de son cadre juridique concernant les grossesses adolescentes, qui y affichent un taux élevé et sont à la fois une cause et une conséquence des inégalités et de la pauvreté (EUROsociAL, 2018[31]). En 2017, le Panama a reformulé sa législation à ce sujet et mis en place la loi 60 relative aux mineures enceintes. Il a également créé le Conseil national pour les mineures enceintes (CONAMA) qui réunit différents acteurs gouvernementaux pour superviser la mise en œuvre de cette loi.
L’échange de bonnes pratiques et l’apprentissage par les pairs dans le cadre de voyages d’étude constituent un volet important du programme EUROsociAL+ au Panama. Des voyages en Uruguay et au Royaume-Uni ont permis à des intervenants panaméens d’en apprendre davantage sur les stratégies de prévention des grossesses adolescentes des deux pays. Ces échanges ont mis en évidence la nécessité de faire participer le monde universitaire et la société civile aux débats entourant la mise en application de la loi 60 et d’engager une réflexion sur la mobilisation des autorités locales. Dans la foulée, le Panama a élaboré des règlements et une stratégie plus précise concernant la mise en œuvre de la loi 60. Le processus d’apprentissage par les pairs a exercé une influence déterminante sur les règlements comme sur la stratégie.
3.2. Mise en application : une approche à deux volets et au-delà
La plupart des membres du CAD ont adopté une stratégie double consistant à intégrer l’égalité des genres à l’ensemble de leurs politiques, stratégies et programmes (mainstreaming) et à exécuter dans le même temps des projets ou programmes visant spécifiquement à atteindre les objectifs d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles. Ces deux approches sont nécessaires et complémentaires - ce dont témoignent le Programme 2030 et ses Objectifs puisque l’Objectif 5 est consacré à l’égalité des genres et cette problématique est également intégrée à tous les autres.
Le dialogue politique et (ou) sur les mesures à mettre en œuvre sur l'égalité des genres est identifié comme une troisième voie par certains membres du CAD. D’autres – comme ces Orientations – considèrent que ce dialogue fait partie intégrante de l’incorporation systématique de la dimension de genre aux programmes et politiques. Dans tous les cas, l’élaboration des programmes renforce le dialogue sur l’action publique et la sensibilisation à la question du genre, et réciproquement.
Il importe de ne pas partir du principe selon lequel les activités qui ne prennent pas la problématique de genre en compte aboutiront à des résultats neutres sur ce plan. La non-prise en compte de l’égalité des genres peut accentuer les inégalités existantes en la matière et limiter la réussite du programme ou du projet.
Une approche globale à l’intégration de l’égalité des genres
L’intégration de la dimension de genre est la démarche qui a été retenue d’un commun accord à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing, en 1995 ; il s’agit de modifier les processus en profondeur et d’y « intégrer systématiquement » l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles10. À l’époque, cette démarche a été qualifiée de « véritable révolution » (McDougall, 2020[32]).
Ce principe a permis d’institutionnaliser l’égalité des genres dans la politique et les programmes de développement et a accru l’intérêt porté à cette question dans divers domaines du développement11. Il permet de faire de l’égalité des genres l’un des objectifs de tout un ensemble de programmes (San Miguel Abad, 2018b[33]). Il est avéré que les programmes bien conçus qui tiennent compte de cette dimension produisent des évolutions structurelles favorables à l’égalité des genres. Des résultats de cette nature, porteurs de transformations, sont réalisables lorsque les programmes prennent en considération et intègrent les aspects liés au genre tout au long du cycle programmatique, à commencer par la phase de conception (Agence suisse pour le développement et la coopération (DDC), 2017[34])12. Cela consiste parfois à consolider les cadres politiques et juridiques, ou à former les personnes qui occupent des postes de responsabilité et de décision (BMZ, s.d.[35]) (Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de l’ Espagne, (sans date)[36]).
Pour autant, cette approche a aussi fait l’objet de critiques. Certains ont fait valoir un manque de clarté ou d’orientation quant à l’application pratique de la notion d’intégration du genre (Moser, 2005[37]). D’autres font remarquer que cette notion a rompu avec ses racines, à savoir l’analyse féministe et une orientation délibérée sur la répartition inéquitable du pouvoir. D’autres encore soulignent la faible importance et l’insuffisance des financements et de l’autorité que les organismes de développement accordent aux projets portant sur l’égalité des genres et au personnel intervenant dans ce domaine. Il en est enfin qui soutiennent que le processus d’intégration de la problématique de genre a amené les organismes à perdre de vue les résultats et les changements obtenus sur le terrain (Milward, 2015[38]).
De nombreux membres du CAD reconnaissent que l’intégration de cette dimension pourrait être renforcée au sein de leur organisme. Certains font état de difficultés dans des secteurs précis – infrastructure, production, environnement, changement climatique – et dans certaines régions et (ou) contextes délicats, souvent dues à un manque de capacité et (ou) de compréhension de la notion d’égalité des genres. Dans certains organismes, plus petits, le fait que la même personne ou la même équipe sont responsables de cette thématique et, par exemple, du changement climatique, facilite l’intégration de la problématique de genre et les liens entre les différents domaines d’intervention.
Quelques membres appliquent une approche commune et fournissent des directives internes sur différentes questions intersectorielles comme l’égalité des genres, le climat, les droits, la pauvreté et la gouvernance, ce qui évite de donner l’impression que l’égalité des genres est en concurrence avec les autres domaines d’intervention.
Intégration de la dimension de genre au sein de l’organisme du partenaire au développement
On s’accorde de plus en plus à reconnaître qu’une approche globale de l’intégration de la dimension de genre s’impose ; autrement dit, ce processus doit prendre en compte le système du partenaire au développement dans son intégralité (Finlande, 2018[25] ; Rao et Sandler, 2021[13]) (Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), 2017[39]). On peut voir dans cet exercice un processus de changement organisationnel qui contribue à créer une bureaucratie fonctionnelle. Il doit être piloté par la direction, avec l’assistance de conseillers pour les questions de genre, et mis en application par l’ensemble du personnel. Il est possible d’établir des relations entre secteurs et niveaux d’exécution, ou de les améliorer, depuis les programmes aux structures internes en passant par les actions stratégiques (Belgique, 2018[40]). Cette question est examinée en détail au Chapitre 6.
Les membres du CAD doivent adopter une approche globale de l’intégration de la dimension de genre, et l’appliquer dans le cadre du dialogue politique et stratégique, dans celui des politiques et programmes de coopération pour le développement, ainsi qu’au sein de leurs organismes et de leurs ressources humaines.
Encadré 3.5. Adopter une approche globale de l’intégration du genre : la note relative à la stratégie genre 2019-2023 de la Belgique
La note relative à la stratégie genre publiée par l’organisme belge de développement, Enabel, présente une analyse de la Stratégie genre 2010-2014 de ce membre du CAD ainsi que des orientations pour améliorer l’intégration de la dimension de genre. Bien que l’examen ait constaté que cette approche a entraîné une dilution des efforts de la Belgique en faveur de l’égalité des genres, la Stratégie genre 2019-2023 conseille de ne pas y renoncer.
La Stratégie maintient que dans la poursuite des objectifs d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles, une approche globale, multiniveau et plurisectorielle de l’intégration de la dimension de genre met la représentation, l’expérience et l’égalité des genres au cœur de tous les processus et structures institutionnels, du cycle d’élaboration des politiques et des programmes, et de la planification budgétaire. Cette démarche favorise la réalisation de ces objectifs. L’intégration de cette dimension de genre doit intervenir à deux niveaux : l’un qui facilite cet exercice tout au long des opérations institutionnelles concernées et du cycle d’élaboration des politiques et des programmes ; l’autre qui assure cette intégration à tous les travaux liés à la coopération pour le développement menés avec les pays partenaires. Cette « approche à deux volets » vise à favoriser les synergies et le renforcement mutuel de ces efforts.
Les objectifs établis et les mesures définies pour exécuter la Stratégie 2019-2023 appellent un transfert de responsabilité d’un spécialiste unique de la question vers l’ensemble du personnel. Avec l’appui de la direction et du département des ressources humaines, ce transfert interviendra dans le cadre de différentes opérations conçues pour renforcer les compétences en matière de genre au sein de l’organisme, de campagnes de sensibilisation et d’une intensification des efforts pour recruter et promouvoir des femmes dans tous les domaines d’activité d’Enabel (Enabel, 2018[41]).
Dialogue politique et stratégique
Les partenaires au développement effectuent un choix politique lorsqu’ils décident d’aborder, ou pas, l’égalité des genres dans le cadre de leur dialogue politique et stratégique avec les pays partenaires et d’autres acteurs du développement. Une approche globale de l’intégration de la problématique de genre suppose un dialogue sur ce thème avec tous les partenaires (Chapitre 3.1) au niveau des programmes et au niveau stratégique, ainsi que dans le cadre de partenariats internationaux ou de négociations sur les engagements mondiaux ou régionaux.
Dans les pays partenaires, ce dialogue favorise une perception commune des possibilités et des moyens de promouvoir efficacement l’égalité des genres. L’importance de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles peut être plus aisément établie si le lien avec les politiques et les engagements que le pays partenaire a déjà pris dans ce domaine sont clairs. La majorité des pays ont souscrit aux engagements mondiaux et régionaux à cet égard, notamment les Objectifs de développement durable. D’autres méthodes consistent à invoquer l’expérience de pays de la même sous-région, à se référer aux données statistiques, à employer une terminologie claire et à présenter le problème de manière concrète.
Le dialogue politique et stratégique en matière d’égalité des genres peut se dérouler dans des cadres officiels et informels. Pour veiller à ce que les politiques et programmes abordent ce thème, il conviendra de repérer les occasions d’en discuter ou en créer. Les moments les plus opportuns pour entamer ce dialogue sont les suivants :
La préparation de la stratégie nationale ou de la stratégie d’aide conjointe
De nouvelles opportunités de financement
Les examens sectoriels et les examens à mi-parcours
Avant et après des élections
La rédaction ou la révision de textes législatifs
La publication de statistiques et de rapports importants (soit consacrés à l’égalité des genres, soit comportant des données à ce propos)
Des occasions informelles (dîners, réceptions, réunions, etc.)
Des visites de haut niveau
Des discussions avant et pendant des forums internationaux et régionaux de premier plan, comme la Commission de la condition de la femme des Nations Unies
Le cycle de notification des pays et le suivi de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes des Nations Unies. (OCDE CAD GENDERNET, 2013[42])
Encadré 3.6. Dialogue sur l’action à mener en matière d’égalité des genres : l’Italie et l’Autorité palestinienne
Les droits humains et l’égalité des genres constituent un secteur stratégique de la coopération italienne avec l’Autorité palestinienne. L’agence italienne de coopération pour le développement (AICS) fait progresser les questions liées à l’égalité des genres en prêtant appui à l’Autorité palestinienne et à la société civile.
La démarche de l’Italie, fondée sur un engagement ancien, consiste à mener des consultations et un dialogue ouvert constants avec les ministères et leurs services responsables de la question de genre et à formuler des critiques constructives. Elle a pour finalité globale d’aider l’Autorité palestinienne à renforcer l’égalité des genres conformément aux accords internationaux et aux ODD, et s’appuie également sur la CEDAW, qui a été ratifiée sans réserve. L’AICS est coprésidente du « Groupe de travail sur les questions de genre », dirigé par le ministère de la Condition féminine, dans l’objectif d’aider les autorités locales à traduire les politiques en actions, d’examiner les questions qui sont dans une impasse, d’identifier les obstacles aux progrès et de définir des solutions. L’Italie s’est notamment employée à inciter les autorités locales à approuver la loi sur la protection de la famille, parant pour cela aux tentatives persistantes des conservateurs religieux pour empêcher son adoption.
Par ailleurs, l’Italie travaille en étroite collaboration avec la société civile, les organismes des Nations Unies et les États membres de l’UE, favorisant le travail d’équipe avec l’ensemble des partenaires et assurant la diffusion d’informations et de propositions dans un souci de communication et de transparence.
Opportunités de renforcer l’appui à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes et des filles
Les programmes des membres du CAD consacrés à l’égalité des genres portent essentiellement sur la gouvernance et la société civile, notamment l’élimination des violences fondées sur le genre, et sur la santé maternelle et reproductive (OCDE, 2020a[2]). Dans l’ensemble, les membres auraient la possibilité d’augmenter les financements alloués à ce thème (Chapitre 4)13.
Les programmes consacrés à l’égalité des genres sont bien adaptés aux interventions qui produisent des changements porteurs de transformations à long terme et à celles qui se fondent sur les expériences vécues pour remettre en cause les structures qui ont créé les inégalités en la matière (Rao et Sandler, 2021[13]). Il apparaît que les changements structurels dans ce domaine sont plus efficaces lorsqu’ils sont pilotés par des programmes consacrés à l’égalité des genres que par des programmes où cette thématique est intégrée (Agence suisse pour le développement et la coopération (DDC), 2017[34]).
Encadré 3.7. L’aide consacrée à l’égalité des genres de l’Australie : le Fonds indopacifique pour l’égalité des genres
Le Fonds indopacifique pour l’égalité des genres (Indo-Pacific Gender Equality Fund) du ministère australien des Affaires étrangères (Department of Foreign Affairs and Trade – DFAT) finance plusieurs investissements effectués en collaboration avec des partenaires mondiaux et régionaux, dont des organismes des Nations Unies, la société civile, des entreprises du secteur privé et des banques multilatérales de développement. Ces investissements contribuent à la réalisation des trois axes d’intervention prioritaires du DFAT en matière d’égalité des genres et à la base de données mondiales mise en place pour améliorer les programmes dans ce secteur. Le Fonds apporte également des contributions aux budgets centraux des partenaires multilatéraux, et des financements visant à démultiplier les résultats des programmes bilatéraux en faveur de l’égalité des genres (comme les programmes d’aide de l’Australie à l’Indonésie ou à la Papouasie-Nouvelle-Guinée). Il incite par ailleurs les partenariats mondiaux à s’intéresser à la région indopacifique et encourage l’investissement dans l’assistance technique pour définir et mettre en œuvre les stratégies les plus efficaces face aux problèmes d’inégalités des genres les plus urgents. Il s’agit d’un fonds annuel dont le montant s’est élevé à 65 millions USD en 2020-21.
Les programmes spécifiques peuvent apporter de précieux éclairages sur les possibilités d’intégration du genre et les obstacles qui s’y opposent, et exercer une influence favorable à cet égard, notamment en facilitant la prise en compte de l’égalité des genres dans le dialogue sur l’action à mener dans d’autres secteurs ou domaines thématiques (Commission européenne, 2020[5]).
Les membres du CAD doivent s’attacher à augmenter le nombre de programmes consacrés à l’égalité des genres et, dans le cadre de l’élaboration de ces programmes, analyser leur avantage comparatif dans ce domaine dans le pays et le contexte concernés.
La priorité thématique de l’aide consacrée à l’égalité des genres variera forcément selon le contexte local (nouvelles opportunités ou augmentation des risques ou des disparités par exemple) et les interventions en cours d’autres acteurs du développement. En général, pour optimiser leur utilité et exercer une influence à l’appui de transformations en faveur de l’égalité des genres, les programmes consacrés à cette question auront intérêt à privilégier les approches et les domaines suivants :
L’instauration d’un environnement porteur, dans lequel tous les intervenants unissent leurs efforts, est un élément essentiel à la réalisation de l’objectif d’égalité des genres. Les changements doivent être apportés au niveau individuel (croyances et comportements) et au niveau structurel (lois et politiques, et leur application), car il est impossible de créer un environnement propice à des transformations sans intervenir aux deux niveaux (Kagesten et Chandra-Mouli, 2019[43]). La réussite des interventions requiert la participation des autorités et des intervenants locaux (Chapitre 2).
Appui aux organisations et mouvements de défense des droits des femmes. Les organisations locales et de proximité de défense des droits des femmes jouent un rôle essentiel de sensibilisation et de conscientisation sociale, outre le travail de terrain qu’elles effectuent pour modifier les lois, les normes et pratiques et combattre l’ostracisme (Htun et Weldon, 2012[44]). Le militantisme féministe offre aux femmes et aux filles un moyen d’exiger des changements politiques et sociétaux qui tiennent compte de leurs besoins et de leurs réalités (Weldon et al., 2020[45]).
La réorientation et la redistribution des rapports de force sont la clé de l’égalité entre les genres ; c’est pourquoi la mobilisation des hommes et des garçons est indispensable à la réalisation de cet objectif (Munive, 2019[46]). Les relations directes des hommes entre eux, et avec les femmes, peuvent sensiblement favoriser, ou brider, toute évolution en faveur de la sécurité des femmes et de l’égalité des genres. Des études indiquent que la participation des garçons et des hommes au débat et à la promotion de l’égalité des genres aboutit à des résultats considérablement supérieurs (FNUAP, 2013[47]). Les politiques actuelles des membres montrent que cette approche gagne du terrain14.
La mobilisation des jeunes – adolescentes et autres – en tant que moteurs du changement est elle aussi indispensable à l’instauration de l’égalité des genres. Bien que les jeunes prennent moins part à des modes de participation institutionnalisés, comme les élections et l’adhésion à un parti, ils utilisent les technologies numériques pour débattre des questions sociales et politiques et pour mobiliser les autres. Les questions d’équité intergénérationnelle, par exemple, rallient des milliers de jeunes dans le monde pour appeler les gouvernements à prendre des mesures fortes face au changement climatique (OCDE, 2021i[48]). Pour mobiliser et aider les jeunes, les membres du CAD peuvent faire appel à des méthodes qui tiennent compte des réalités qui leur sont propres. Ils peuvent aussi s’attaquer aux comportements traditionnels et préjudiciables, les remplacer par d’autres qui renforcent l’égalité des genres, et donner aux jeunes les moyens de favoriser le changement.
Liste de questions à examiner concernant la mise en œuvre
Les membres du CAD auront intérêt à examiner les questions suivantes :
S’agissant des partenariats :
L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles font-elles systématiquement partie des priorités du dialogue politique et stratégique :
Avec les gouvernements partenaires, notamment les organisations et les acteurs sans responsabilité directe ou particulière dans ce domaine (les ministères de la planification ou des finances par exemple) ?
Avec les partenaires d’exécution, y compris à l’occasion des réunions du conseil d’administration des organisations multilatérales ?
Dans les forums multilatéraux et mondiaux ?
Les avantages comparatifs et l’expertise en matière d’égalité des genres des institutions, organisations ou fonds partenaires retenus ont-ils été examinés attentivement et, le cas échéant, le partenaire a-t-il bénéficié d’encouragements, d’incitations et d’un accompagnement (moyennant un développement des capacités par exemple) en vue de consolider son expertise et son mandat ?
Les moyens accordés à la mise en œuvre du programme permettent-ils d’assurer un dialogue avec la population ciblée, et la redevabilité à l’égard des populations concernées ?
Les organisations implantées localement, notamment les organisations et mouvements de défense des droits des femmes, sont-elles considérées comme des partenaires potentiels, y compris sous la forme de contributions aux fonds féminins ou aux fonds multilatéraux communs consacrés à cet objectif ?
Les possibilités de collaboration sur ce thème avec d’autres organismes du même pays membre, et avec d’autres membres, ont-elles été recensées ?
S’agissant de l’approche à deux volets et autres méthodes :
Les engagements et orientations stratégiques de l’organisme soutiennent-ils à la fois des programmes intégrant la dimension de genre et des programmes consacrés à l’égalité des genres ? Des efforts sont-ils déployés pour accroître l’intérêt pour ces deux types de programmes et les financements qui leur sont destinés ? Les deux approches présentent-elles suffisamment de synergies et de possibilités d’apprentissage ?
La dimension de genre est-elle systématiquement intégrée dans l’ensemble des programmes, politiques et dialogues, et au sein de l’organisme, au moyen de mécanismes internes sensibles au genre ?
L’égalité entre les genres est-elle abordée dans le cadre des échanges stratégiques avec les partenariats, les réseaux, les négociations, dialogues et autres processus internationaux ?
Les programmes disposent-ils d’un budget consacré à l’égalité des genres ? A-t-on cherché à définir l’utilisation la plus efficace des ressources consacrées à ce thème, en tenant compte du contexte local et national concerné et des atouts et avantages par rapport à d’autres partenaires au développement ?
Références
[34] Agence suisse pour le développement et la coopération (DDC) (2017), Rapport sur l’efficacité : Coopération internationale de la Suisse dans le domaine de l’égalité des genres 2007-2016.
[15] Amnesty International (2019), Des lois conçues pour museler : La répression mondiale des organisations de la société civile, Amnesty International, https://www.amnesty.org/fr/wp-content/uploads/sites/8/2021/05/ACT3096472019FRENCH.pdf.
[18] Astraea Lesbian Foundation for Justice (2019), Feminist Funding Principles, http://astraeafoundation.org/microsites/feminist-funding-principles/#one.
[11] AWID et MamaCash (2020), Moving More Money to the Drivers of Change: How Bilateral and Multilateral Funders can Resource Feminist Movements, https://www.awid.org/sites/default/files/atoms/files/movingmoremoney_finalfinalfinal.pdf.
[40] Belgique (2018), Note relative à la stratégie genre 2019-2023, https://www.enabel.be/sites/default/files/gender_strategy_2019_2023_enabel_en.pdf (consulté le July 2021).
[35] BMZ (s.d.), Integration of gender equality in programs marked with gender equality policy marker G1 (document interne), BMZ.
[23] CARE Norway (2017), Engaging Religious Leaders in Gender Transformative Work: Faith & Masculinities, https://insights.careinternational.org.uk/images/in-practice/EMB/EMB_learning_document_faith_masculinities_2017.pdf-1.pdf (consulté le June 2021).
[28] Chiu, B. (2020), Philanthropy Needs To Address The Funding And Equity Gaps for Women and Girls, https://www.forbes.com/sites/bonniechiu/2020/12/21/philanthropy-needs-to-address-the-funding-and-equity-gaps-for-women-and-girls/?sh=65cf52702e2f (consulté le July 2021).
[5] Commission européenne (2020), Evaluation of the EU’s external action support to gender equality and women’s and girls’ empowerment (2010-2018) Final Report, https://ec.europa.eu/international-partnerships/system/files/gender-evaluation-2020-final-report-volume-1_en.pdf.
[22] CRDI (2019), Les think tanks et l’égalité des sexes, https://www.idrc.ca/fr/recherche-en-action/les-think-tanks-et-legalite-des-sexes (consulté le July 2021).
[39] Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) (2017), Stratégie Égalité des genres et Droits des femmes du DFAE, Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), https://www.eda.admin.ch/dam/eda/fr/documents/publications/Chancengleichheit/EDA-Strategie-Geschlechtergleichstellung-Frauenrechte_FR.pdf.
[4] DfID et FCO (2019), ‘How To’ Guidance Note on Gender Equality: A Practical Guide to Integrating Gender Equality into DFID and HMG Policy and Programming.
[20] Economist Intelligence Unit (2020), Democracy Index, The Economist.
[41] Enabel (2018), Note relative à la stratégie genre 2019-2023, https://www.enabel.be/sites/default/files/strategie_genre_2019-2023_enabel_fr.pdf.
[7] Equality & Justice Alliance (2020), Building Stronger Equality Movements: Managing backlash against women’s and LGBT+ rights movements in the Commonwealth, https://www.edgeeffect.org/wp-content/uploads/2020/04/EdgeEffect_Backlash_Full-Report.pdf (consulté le July 2021).
[31] EUROsociAL (2018), Uruguay and United Kingdom transfer their experiences of the prevention and fight against teenage pregnancy to the Panamanian institutions, https://eurosocial.eu/en/actualidad/uruguay-and-united-kingdom-transfer-their-experiences-of-the-prevention-and-fight-against-teenage-pregnancy-to-the-panamanian-institutions/.
[25] Finlande (2018), Evaluation on Improvement of Women’s and Girls’ rights in Finland’s Development Policy and Cooperation, https://finlandabroad.fi/web/som/current-affairs/-/asset_publisher/h5w4iTUJhNne/content/evaluation-improvement-of-women-s-and-girls-rights-in-finland-s-development-policy-and-cooperation/384998 (consulté le June 2021).
[47] FNUAP (2013), Engaging Men and Boys: A Brief Summary of UNFPA Experience and Lessons Learned, https://www.unfpa.org/sites/default/files/resource-pdf/UNFPA%20Engaging%20men%20and%20boys_web-2.pdf. (consulté le May 2021).
[49] Forsberg, E. (2020), Security actors in fragile contexts, Editions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/00ca1ad0-en.
[21] Gouvernement des Pays-Bas (2019), Policy Framework for Strengthening Civil Society Grant Instrument: Power of Women, https://www.government.nl/binaries/government/documents/policy-notes/2019/11/28/policy-framework-strengthening-civil-society/Grant+Instrument+Power+of+Women+FINAL+(update).pdf (consulté le July 2021).
[17] HCDH (2020), Information Series on Sexual and Reproductive Health and Rights Women Human Rights Defenders, Nations Unies, https://www.ohchr.org/Documents/Issues/Women/WRGS/SexualHealth/INFO_WHRD_WEB.pdf (consulté le 4 October 2021).
[44] Htun, M. et S. Weldon (2012), « The Civic Origins of Progressive Policy Change: Combating Violence against Women in Global Perspective, 1975–2005 », American Political Science Review, vol. 106/3, pp. 548-569, https://doi.org/10.1017/S0003055412000226 (consulté le May 2021).
[26] Initiative Spotlight (s.d.), Engaging Religious Leaders in the Spotlight Initiative, Union européenne et Nations Unies.
[8] International Civil Society Action Network (2017), Preventing Violent Extremism, Protecting Rights and Community Policing: Why Civil Sciety and Security Sector Parter, https://www.icanpeacework.org/wp-content/uploads/2018/02/PVE-and-Policing-Brief-2017.pdf (consulté le July 2021).
[43] Kagesten, A. et V. Chandra-Mouli (2019), « Gender-transformative programmes: implications for research and action », The Lancet, vol. 8/2, https://doi.org/10.1016/S2214-109X(19)30528-5 (consulté le May 2021).
[32] McDougall, C. (2020), Toward structural change: Gender transformative approaches, Collaborative Platform for Gender Research du GCRAI, https://hdl.handle.net/20.500.12348/4363.
[38] Milward, M. (2015), « Gender Mainstreaming Critiques: Signposts or Dead Ends? », IDS Bulletin, vol. 46/4, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/1759-5436.12160.
[36] Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération de l’ Espagne ((sans date)), Gender Equality Strategy Paper Spanish Development Cooperation - Executive summary, https://www.aecid.es/Centro-Documentacion/Documentos/Planificación%20estratégica%20por%20sectores/estrategia_resumen_generodes_Ing.pdf.
[37] Moser, C. (2005), « Has gender mainstreaming failed? », International Feminist Journal of Politics, vol. 7, n° 4, pp. 576-590, https://doi.org/10.1080/14616740500284573.
[46] Munive, A. (2019), Our Gender Transformative Approach: Tackling the Root Causes of Gender Inequality, Plan International, https://plan-international.org/eu/blog-alex-munive-gender-transformative-approach (consulté le 2021 May).
[30] OCDE (2021), Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement : Danemark 2021, Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/45373b35-fr.
[10] OCDE (2020), Les membres du Comité d’aide au développement et la société civile, Objectif développement, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/d20b5deb-fr.
[16] OCDE (2020), « Putting finance to work for gender equality and women’s empowerment : The way forward », Documents d’orientation de l’OCDE sur le développement, n° 25, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/f0fa4d91-en.
[2] OCDE (2020a), Aid Focussed on Gender Equality and Women’s Empowerment: A Snapshot of Current Funding and Trends Over Time in Support of the Implementation of the Beijing Declaration and Platform for Action, https://www.oecd.org/development/gender-development/Aid-Focussed-on-Gender-Equality-and-Women-s-Empowerment-2020.pdf (consulté le May 2021).
[24] OCDE (à paraître), Analysis of GenderNet members’ policies in support of women’s economic empowerment, OCDE, http://à paraître.
[48] OCDE (2021i), Égalité femmes-hommes et environnement : Accumuler des connaissances et des politiques pour atteindre les ODD, https://www.oecd.org/fr/environnement/egalite-femmes-hommes-et-environnement-009350ea-fr.htm.
[9] OCDE (2020k), Multilateral Development Finance 2020, https://www.oecd-ilibrary.org/development/multilateral-development-finance-2020_e61fdf00-en;jsessionid=KZ04tAv1CEoKj3xpwDSofSvU.ip-10-240-5-28.
[29] OCDE (2021h), Philanthropy and Gender Equality - Domestic Philanthropy for Development and Gender, https://www.oecd.org/development/philanthropy-centre/researchprojects/countrystudies/OECD_CoP_DomesticPhilanthropySouthAfrica.pdf (consulté le July 2021).
[42] OCDE CAD GENDERNET (2013), Policy and political dialogue on gender equality and women’s empowerment at the country level. Issues Brief 7, https://www.oecd.org/dac/gender-development/_%20Issues%20Brief%207.pdf.
[19] ONU-Femmes (2020), Online and ICT facilitated violence against women and girls during COVID-19, https://www.unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/sections/library/publications/2020/brief-online-and-ict-facilitated-violence-against-women-and-girls-during-covid-19-en.pdf?la=en&vs=2519 (consulté le 28 July 2021).
[12] ONU-Femmes (2020b), UN Trust Fund To End Violence Against Women Annual Report 2020, https://www2.unwomen.org/-/media/field%20office%20untf/images/2021/annual%20report%202020/un%20trust%20fund%20to%20evaw_annual%20report%202020.pdf?la=en&vs=4731.
[1] Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement (2021b), Les principes d’efficacité, https://www.effectivecooperation.org/landing-page/effectiveness-principles#.
[3] PMCED (2019), Vers une coopération pour le développement plus efficace : Rapport d’étape 2019, https://www.oecd-ilibrary.org/development/vers-une-cooperation-pour-le-developpement-plus-efficace_6acb4dc0-fr.
[13] Rao, A. et J. Sandler (2021), Charting a Transformative Path to Gender Equality, OCDE.
[33] San Miguel Abad, N. (2018b), From Beijing to 2030 Agenda: Lesson Learned and proposal to mainstream GID or “Gender in Development” Approach in public policies, Universitat Politècnica de València, https://doi.org/10.4995/citecma.2018.9850.
[6] Schreiber, D. et S. Loudon (2020), Fit for Fragility: Practice to Policy, Éditions OCDE.
[14] The Kvinna till Kvinna Foundation (2021), Supporting feminist organising: Experiences and learnings from Middle East and North Africa, https://kvinnatillkvinna.org/wp-content/uploads/2021/06/KvinnatillKvinna-Foundation-Supporting-feminist-organising-experiences-and-learnings-from-the-middle-east-and-north-africa.pdf.
[27] Voices 4 Change (2017), Engaging Religious and Traditional Leaders for Gender Equality, https://jliflc.com/wp-content/uploads/2018/05/SOL_EngagingLeaders_v4c-2017.pdf (consulté le 2021 July).
[45] Weldon, L. et al. (2020), Handmaidens or Heroes? Feminist Mobilization as a Force for Economic Justice, http://www.sfu.ca/content/dam/sfu/politics/FeministMovement/Working%20Paper%202.pdf (consulté le May 2021).
Annexe 3.A. Autres ressources relatives à la mise en œuvre
Partenariats
Pour en savoir plus sur l’efficacité de la coopération pour le développement et la mise en œuvre des principes : https://www.oecd.org/development/effectiveness/
Voir l’analyse de l’OCDE sur le financement multilatéral du développement : https://www.oecd.org/dac/multilateral-development-finance-2020-e61fdf00-en.htm
Pour des conseils sur les bonnes pratiques de partenariat qui favorisent des relations solides entre les organisations de la société civile et les représentants gouvernementaux en ce qui concerne la participation des hommes et des garçons aux actions en faveur de l’égalité des genres, voir « Strengthening Civil Society Organizations and Government Partnerships to Scale Up Approaches: Engaging Men and Boys for Gender Equality and Sexual and Reproductive Health and Rights », un guide élaboré par le FNUAP, MenEngage Alliance et Promundo : https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/50694_-_Scaling_up_Men_and_Boys_-_revised.pdf
Pour d’autres renseignements sur les aides innovantes aux organisations féminines de la société civile, voir le rapport du Fonds pour l’égalité des sexes d’ONU-Femmes, « Women’s Civil Society Organizations of the Future: A Design-Led Exploration With Women’s CSOs of Possible Responses to Current and Future Challenges » : https://www.unwomen.org/fr/trust-funds/fund-for-gender-equality/https://www.unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/sections/trust%20funds/fundgenderequality/fge%20brochure%20womens%20csos%20of%20the%20future_2020_web.pdf
Voir « Toolkit for Strengthening Partnerships » du PNUD et des organisations de la société civile, un document qui a pour objectif de fournir aux intervenants et aux partenaires des conseils et des informations pratiques pour établir des partenariats avec les OSC : https://sustainabledevelopment.un.org/index.php?page=view&type=400&nr=2141&menu=1515
Une approche à deux volets
Pour en savoir plus sur les théories concernant l’intégration de la dimension de genre, voir « Gender and Development », volume 20, numéro 3, novembre 2012 : https://www.genderanddevelopment.org/issues/20-3-beyond-gender-mainstreaming
Pour des exemples d’outils pratiques, voir :
Le manuel de formation du PNUD pour l’intégration de la dimension de genre dans les secteurs de l’environnement et l’énergie : https://www.undp.org/publications/gender-mainstreaming-key-driver-development-environment-energy
Le guide de la FAO à l’intégration du genre dans le cycle des projets https://www.fao.org/publications/card/fr/c/3ff71f41-8828-483a-b9fd-b9cec12a82b4
Le guide de la BAD pour intégrer le genre à l’action climatique : https://www.afdb.org/fr/documents/placer-le-genre-au-coeur-de-notre-action-climatique-pour-un-impact-durable.
Notes
← 1. Vingt-deux membres ont signalé avoir adopté une approche formelle pour les travaux sur l’égalité des genres menés en coopération avec les organisations multilatérales, depuis les financements réservés à des projets, les contributions aux fonds fiduciaires multilatéraux existants et le financement de postes spécialisés dans ce domaine jusqu’aux actions de sensibilisation et d’orientation stratégique, notamment dans le cadre des débats sur les politiques et des réunions du conseil.
← 2. Liste adaptée de (DfID et FCO, 2019[4]).
← 3. Dix membres ont indiqué qu’ils entretenaient un dialogue sur le thème de l’égalité des genres avec les gouvernements des pays partenaires. Au niveau sectoriel, les membres déclarent être essentiellement en contact avec les ministères de la santé, de l’éducation et de l’égalité des genres.
← 4. Pour un panorama des intervenants du domaine de la sécurité dans le contexte des activités relevant de l’articulation entre action humanitaire, développement et paix, voir (Forsberg, 2020[49]), « Security actors in fragile contexts », OECD Development Co-operation Working Papers, n° 75, Éditions OCDE Paris. p. 13.
← 5. Douze membres ont cité les OSC comme étant le principal (ou l’un des principaux) mécanisme(s) de financement des programmes en faveur de l’égalité des genres. Deux seulement ont mentionné à ce titre les organisations de défense des droits des femmes. Quelques-uns ont signalé avoir travaillé à la promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes et des filles avec des OSC, dans le cadre de programmes-cadres et de programmes phares, de partenariats stratégiques, de dialogues et consultations, ainsi que de mécanismes de financement spécialisés.
← 6. Par exemple, le Fonds mondial pour les femmes, AmplifyChange, FRIDA, The Young Feminist Fund, Mama Cash, le Fonds Égalité, Urgent Action Fund for Women’s Human Rights, Fondo Semillas, le Fonds de développement des femmes africaines et le Fiji Women’s Fund.
← 7. Comme le Fonds pour l’égalité des sexes des Nations Unies (FGE), le Women’s Peace and Humanitarian Fund (WPHF) et le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
← 8. Cette initiative est mise en œuvre par le Canada, les Pays-Bas, la Fondation Ford, l’organisme Open Society Foundations, le réseau Philanthropy Advancing Women’s Human Rights, l’Association pour les droits de la femme et le développement, le consortium Count Me In!, le Fonds mondial pour les femmes, le Fonds Égalité et Prospera.
← 9. Treize membres ont signalé coopérer avec l’université et d’autres experts techniques extérieurs.
← 10. Les Conclusions concertées de 1997 de l’ECOSOC ont défini l’intégration de la notion de genre comme suit : « Intégrer une démarche d’équité entre les sexes, c’est évaluer les incidences pour les femmes et pour les hommes de toute action envisagée, notamment dans la législation, les politiques ou les programmes, dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Il s’agit d’une stratégie visant à incorporer les préoccupations et les expériences des femmes aussi bien que celles des hommes dans l’élaboration, la mise en œuvre, la surveillance et l’évaluation des politiques et des programmes dans tous les domaines – politique, économique et social – de manière que les femmes et les hommes bénéficient d’avantages égaux et que l’inégalité ne puisse se perpétuer. Le but ultime est d’atteindre l’égalité entre les sexes. »
← 11. Sur 24 membres, 21 indiquent dans l’enquête avoir l’intention explicite et déclarée « d’intégrer » l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles dans leurs activités de coopération pour le développement.
← 12. Un projet destiné à promouvoir la participation aux coopératives économiques moyennant la formation et la sensibilisation d’hommes et de femmes s’est ainsi traduit par l’arrivée de femmes à des postes de responsabilité au sein des coopératives et par une augmentation de la production globale.
← 13. Dans l’enquête, 22 membres sur 24 indiquent mener des programmes spécifiquement consacrés à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes et des filles. Néanmoins, sept seulement signalent que l’équipe responsable dispose d’un budget discrétionnaire à cet effet au niveau du siège. Quelques membres ont créé des fonds spécialisés ; d’autres prévoient des lignes budgétaires consacrées à l’égalité des genres dans le cadre des partenariats, ou réservent des budgets à des thèmes spécifiques dans ce domaine. Deux membres seulement font état de budgets programmatiques discrétionnaires pour l’égalité des genres au niveau des pays.
← 14. Quatorze membres ont indiqué dans l’enquête « travailler avec les hommes et les garçons » pour réaliser les objectifs d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes et des filles.