L’approche danoise visant à pratiquer le développement autrement (Doing Development Differently) a conduit à un nouveau processus de planification stratégique dans les pays partenaires. Les ambassades s’appuient désormais sur des équipes de projet nationales – y compris d’autres unités opérationnelles et des ministères – pour préparer et réviser de nouveaux cadres stratégiques nationaux complets. Une flexibilité accrue permet au Danemark d’adapter son portefeuille à l’évolution des contextes. Cependant, les documents publics contiennent aujourd’hui moins d’informations sur les programmes que le Danemark soutient.
Stratégies nationales holistiques et adaptatives
Abstract
Défi
L’examen par les pairs du Danemark réalisé en 2016 par le Comité d'aide au développement (CAD) et plusieurs évaluations ultérieures ont montré que le Danemark apportait un soutien à ses pays prioritaires par divers canaux et instruments sans parvenir à créer des synergies et à assurer la cohérence entre toutes les parties.
En particulier, les politiques nationales et les descriptifs de programme publiés par le Danemark ne donnent pas une image complète de l’engagement danois dans chaque pays et n’ont pas été en mesure de s’adapter à l’évolution rapide des contextes. Les hauts responsables estiment qu’il est important de remédier à ces lacunes tout en protégeant leurs atouts. Parmi ces derniers, on peut citer le fait de se baser sur des consultations et des analyses et de fournir des informations concrètes sur les objectifs stratégiques, les ressources et les engagements bilatéraux du Danemark sur une période de cinq ans.
Approche
En 2019, le Danemark a lancé l’approche « Doing Development Differently » (DDD) et a choisi deux de ses pays prioritaires – le Kenya et le Burkina Faso – pour tester un nouveau processus de planification plus holistique et adaptatif. Les principales caractéristiques de l’approche danoise sont les suivantes :
Une cartographie : le ministère des Affaires étrangères du Danemark a commencé par cartographier tous ses partenariats de coopération pour le développement pour chaque pays à l’aide d’un graphique simple, quel que soit le ministère, l'unité ou le bureau chargé de gérer la relation (voir le graphique 1 pour le Burkina Faso).
Des équipes nationales intégrées : des équipes nationales de projet ont été constituées, comprenant toutes les unités opérationnelles, tous les ministères et toutes les missions intervenant dans le pays concerné, pour aider l’ambassade à planifier sa stratégie. Les équipes se réunissent tout au long de la période de mise en œuvre pour veiller à ce que toute décision ultérieure reflète l’engagement total du Danemark.
Une planification stratégique conjointe : les ambassades, en collaboration avec les équipes nationales de projet, définissent conjointement des objectifs stratégiques communs, en s’appuyant sur un processus de consultation interne et externe avec des organisations au Danemark et les parties prenantes des pays partenaires concernés. Des budgets indicatifs pour chaque objectif sont engagés par le Parlement danois pour une période de cinq ans. Les nouveaux cadres stratégiques nationaux ainsi que les lignes directrices du ministère des Affaires étrangères danois pour la gestion adaptative sont rendus publics.
Une grande flexibilité : pour permettre au portefeuille de s’adapter à mesure que les circonstances évoluent, des programmes ou partenariats spécifiques ne sont plus définis dans le cadre stratégique national. Une double flexibilité s’applique à chaque budget de programme ou de partenariat. Les programmes d’un montant supérieur à 39 millions DKK (5.86 millions USD) sont encouragés à disposer d’une réserve de capacité d’adaptation, qui peut atteindre 25 % du budget total, tandis que 15 % peuvent être réaffectés entre différents projets par le chef d’unité. La révision récente des Lignes directrices sur la gestion de l’aide a également rendu moins difficile la révision des résultats attendus d’un projet si les objectifs stratégiques restent inchangés. Les cadres de résultats peuvent désormais être révisés par le chef d’unité après consultation des partenaires.
Résultats
Le nouveau processus de planification n’en est qu’à ses débuts, des projets pilotes étant désormais menés à bien dans quatre pays. Un cadre de suivi a été mis en place pour aider le Danemark à suivre et à communiquer les résultats obtenus à la fois par le biais de l’approche DDD et par le biais de programmes et d’engagements individuels. Toutefois, deux résultats sont déjà visibles :
Pour la première fois, les stratégies du Danemark au Kenya et au Burkina Faso reflètent désormais l’ampleur de l’engagement danois, en mobilisant des financements et des engagements par tous les canaux, y compris militaires, diplomatiques, politiques, commerciaux, de développement et humanitaires.
Un rapport interne d’évaluation préalable pour le Kenya indique que l’approche DDD a abouti à un programme d’interventions plus ciblé et plus allégé.
Enseignement dégagé
Les cadres stratégiques ont été approuvés en 2020 et 2021 et en sont donc encore à leurs premiers stades de mise en œuvre. Les réflexions menées au Kenya ont mis en évidence plusieurs moyens de rationaliser le processus et de clarifier davantage les processus permettant de s’entendre sur l’orientation stratégique et de prendre des décisions à haut niveau.
Les rapports des équipes d’évaluation préalable du Kenya et du Burkina Faso soulignent tous deux la nécessité d’investir dans le suivi, l’évaluation et l’apprentissage, afin de tirer le meilleur parti des budgets d’urgence et de l’apprentissage mutuel.
Certains des partenaires du Danemark n’ayant pas actuellement les incitations, les compétences ou les outils nécessaires pour s’adapter, il faudra peut-être un certain temps avant de pouvoir tirer pleinement parti des nouvelles orientations. Le Danemark soutient de nombreux programmes conjoints et, dans certains cas, les autres contributeurs appliquent des procédures plus strictes.
La souplesse qui caractérise la définition des objectifs stratégiques du Danemark, mais pas ses engagements spécifiques, a entraîné une moindre transparence pour les gouvernements partenaires et le public. Cet inconvénient est en partie compensé par une consultation active et des possibilités de participation du public au stade de la planification, et peut être encore atténué par des informations publiques de qualité et un dialogue permanent avec les autorités compétentes pendant la phase de mise en œuvre.
Informations supplémentaires
Danemark, Burkina Faso, Partnership policy 2021-2025, (à paraître en ligne)
Danemark, Kenya: Partnership policy 2021-2025, https://um.dk/en/danida-en/strategies%20and%20priorities/country-policies/kenya.
Ministère des Affaires Étrangères, Danemark, Guidance Note for Adaptive Management, https://amg.um.dk/en/tools/guidance-note-for-adaptive-management.
Ressources de l’OCDE
OCDE (2021), Development Co-operation Peer Reviews: Denmark 2021, Examens de l’OCDE sur la coopération pour le développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/0e216d3a-en.
Pour en savoir plus sur la coopération danoise pour le développement, voir :
OCDE (2021), « Danemark », dans Les profils de coopération au développement, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9b82a2f6-fr.
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