Ce chapitre donne un aperçu et une description de la situation actuelle du marché pour les racines et tubercules (manioc, pomme de terre, igname, patate douce et taro), les légumineuses (petits pois, fèves, pois chiches et lentilles), ainsi que pour la banane et les principaux fruits tropicaux (mangue, mangoustan et goyave, ananas, avocat et papaye). Il présente également des projections à moyen terme (2024-33) de la production, de la consommation et des échanges de ces produits et décrit les principaux facteurs qui sous–tendent ces projections.
Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2024-2033
11. Autres produits
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11.1. Racines et tubercules
Copier le lien de 11.1. Racines et tubercules11.1.1. Vue d’ensemble du marché
Les racines et les tubercules sont des plantes qui produisent de l’amidon dérivé soit de leurs racines (comme pour le manioc, la patate douce et l’igname), soit de leurs tiges (comme pour la pomme de terre et le taro). Ces produits sont principalement destinés à l’alimentation humaine (en l’état ou après transformation) et, comme la plupart des autres cultures de base, ils peuvent également être utilisés pour nourrir les animaux ou pour produire notamment de la fécule, de l’éthanol ou des boissons fermentées. À moins d’être transformés, ils se gâtent très vite une fois récoltés du fait de leur faible teneur en matière sèche (de 20 % à 40 %). Cela limite leurs possibilités de commercialisation et de stockage, aussi les racines et les tubercules sont-ils des produits pour lesquels les pertes et le gaspillage alimentaires sont particulièrement importants.
Dans la famille des racines et des tubercules, la production mondiale est dominée par la pomme de terre, suivie de loin par le manioc. Dans le classement alimentaire mondial, la pomme de terre arrive quatrième après le maïs, le blé et le riz. Elle est plus riche en calories, pousse plus rapidement et plus densément, et peut être cultivée sous des climats variés. Cependant, la production de pommes de terre – qui constitue l’essentiel du secteur des racines et des tubercules dans les pays à revenu élevé – diminue depuis plusieurs décennies, son taux de croissance se situant nettement en deçà de celui de la population.
La production de manioc progresse de plus de 3 % par an, soit presque trois fois plus que la population. Implantée principalement sous les tropiques et dans certaines des régions les plus pauvres du globe, elle a doublé en vingt ans. Autrefois considéré comme une culture de subsistance, le manioc est aujourd’hui perçu comme un produit agricole essentiel pour la création de valeur, le développement rural et la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et énergétique, ainsi qu’en raison des importants avantages macroéconomiques qu’il procure. Ces considérations expliquent la rapide commercialisation de ce produit et les investissements considérables réalisés pour développer l’activité de transformation, avec pour résultat une expansion substantielle de la production mondiale.
11.1.2. Situation actuelle du marché
Les régions qui ont produit le plus de racines et de tubercules au cours de la période de référence sont l’Asie (112 Mt) et l’Afrique (90 Mt). Les racines constituent un aliment de base important en Afrique subsaharienne. À l’échelle mondiale, quelque 138 Mt sont utilisées pour l’alimentation humaine, 45 Mt pour l’alimentation animale et 32 Mt pour d’autres usages, dont principalement la fabrication de biocarburant et de fécule. Du fait de leur caractère périssable, qui empêche leur commercialisation internationale à grande échelle à l’état frais, ces produits sont généralement destinés à la consommation intérieure. Environ 19 Mt sont aujourd’hui commercialisées à l’étranger, principalement sous forme déshydratée ou de produit transformé. La Thaïlande et le Viet Nam en sont les principaux exportateurs, et la République populaire de Chine (ci-après « Chine ») le premier importateur.
La production mondiale de racines et tubercules a atteint 250 Mt (de matière sèche) durant la période de référence (2021-23) et augmente depuis quelques années au rythme d’environ 6 Mt par an, ce surplus de production étant principalement destiné à l’alimentation humaine. Les prix (dont la référence est le prix de gros de la farine de manioc à Bangkok, Thaïlande) ont de nouveau enregistré une hausse notable en 2023 sous l’effet d’une forte demande, en Chine notamment. Les quantités échangées à l’échelle mondiale ont progressé de 1.3 Mt.
11.1.3. Contexte des projections
La production de manioc nécessite peu d’intrants et permet de planifier la récolte avec souplesse, car le produit peut demeurer en terre un certain temps après être arrivé à maturité. Tolérante aux conditions météorologiques extrêmes (dont la sécheresse), le manioc est au cœur des stratégies d’adaptation au changement climatique. Par rapport à d’autres produits de base, il se distingue par son prix compétitif et par la diversité de ses usages. La farine de manioc de haute qualité (HQCF) est de plus en plus convoitée par les pays d’Afrique qui la considèrent comme une culture vivrière stratégique aux prix moins volatils que ceux d’autres céréales importées.
L’obligation de la mélanger avec de la farine de blé permet de réduire les volumes d’importation de blé et d’alléger ce faisant la facture liée aux importations de manière à conserver de précieuses devises. En Asie, la recherche de sécurité énergétique et l’exigence d’incorporation dans l’essence ont entraîné la création de distilleries d’éthanol à base de manioc. Sur le plan commercial, le manioc transformé tire son épingle du jeu sur le marché mondial, notamment face à la fécule de maïs et aux céréales utilisées pour l’alimentation animale.
La pomme de terre est généralement réservée à l’alimentation humaine, où elle occupe une place importante dans les régions à revenu élevé, en particulier en Europe et en Amérique du Nord. La consommation humaine de pommes de terre est très élevée dans ces régions et a peut-être atteint le seuil de saturation, ce qui limite la possibilité pour la consommation de croître plus vite que la population. Les régions à faible revenu impriment cependant un certain élan à la production de pommes de terre au niveau mondial.
La culture mondiale de patate douce a fléchi ces dernières années, du fait principalement d’une nette diminution des superficies cultivées (qui ne semble pas s’atténuer) en Chine, premier producteur mondial. Compte tenu de la viabilité commerciale limitée des autres usages, c’est sur la consommation humaine que repose l’essentiel du potentiel de croissance de la patate douce ainsi que d’autres racines et tubercules moins répandus. Les préférences des consommateurs et les prix jouent par conséquent un rôle déterminant.
11.1.4. Principaux éléments des projections
La production et la consommation mondiales de racines et de tubercules devraient s’accroître d’environ 22 % au cours de la prochaine décennie. Dans les régions à faible revenu, la production pourrait augmenter de 2.9 % par an, alors qu’une croissance annuelle ne dépassant pas 0.3 % est attendue dans les pays à revenu élevé. Au niveau mondial, la superficie des terres cultivées devrait s’accroître de 4 millions d’hectares pour s’établir à 65 millions d’hectares grâce à des augmentations dans les pays africains et malgré des réductions en Europe et en Amérique. En outre, de nombreux agriculteurs thaïlandais ont délaissé la production de manioc au profit de celle de riz, cette dernière bénéficiant de mesures d’incitation plus intéressantes. La hausse de la production découlera avant tout des investissements réalisés en Afrique et en Asie pour améliorer les rendements, mais aussi, quoiqu’à un moindre degré, d’une utilisation plus intensive des terres sur le continent africain.
D’ici 2033, la consommation de racines alimentaires par habitant augmentera de 1.9 kg par an à l’échelle mondiale, principalement sous l’influence de l’Afrique, où chaque individu pourrait consommer annuellement plus de 38 kg de racines et tubercules. Bien qu’elle ne représente actuellement que 4 % de la consommation, l’utilisation de ces produits pour la fabrication de biocarburants devrait progresser de 31 % sur les dix prochaines années, sous l’impulsion du secteur chinois des biocarburants. L’alimentation animale et les autres usages industriels se maintiendront à un niveau élevé, mais croîtront plus lentement, d’environ 19 % et 14 % respectivement, au cours de la période couverte par les Perspectives.
Les échanges internationaux de racines et tubercules représentent environ 7 % de la production mondiale de ces cultures. Ce pourcentage devrait rester stable à moyen terme. Les exportations de la Thaïlande et du Viet Nam sont en hausse et devraient se hisser à un total de 16 Mt, principalement pour approvisionner les secteurs chinois de la fécule et des biocarburants, qui sont en pleine expansion.
Après un fléchissement en 2024 en partie dû à un ralentissement de la demande en Chine, les prix des racines et tubercules devraient suivre une tendance similaire à celle des prix des céréales à moyen terme, compte tenu de la substituabilité de ces produits sur les marchés de l’alimentation humaine et animale, ce qui entraînera une hausse en valeur nominale, mais une baisse en valeur réelle.
11.2. Légumineuses
Copier le lien de 11.2. Légumineuses11.2.1. Vue d’ensemble du marché
Les légumineuses sont les graines comestibles de certaines plantes. On en compte généralement 11 types1. Elles sont riches en protéines, fibres alimentaires, vitamines, minéraux, substances phytochimiques et glucides complexes. Outre leur apport calorique, les légumineuses permettent aussi d’améliorer la digestion, de réduire la glycémie, d’atténuer les inflammations, d’abaisser le taux de cholestérol et de prévenir les maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiaques et l’obésité. Leur niveau de consommation diffère cependant d’une région à l’autre selon les habitudes alimentaires et leur disponibilité. Par rapport aux autres cultures, les légumineuses ne contribuent que pour une faible part au gaspillage alimentaire total. Les légumineuses peuvent se conserver sur une longue durée sans que leurs qualités nutritionnelles n’en soient gâtées ou réduites. Cette particularité contribue à réduire au minimum le risque que leur dégradation n’aboutisse à un gaspillage alimentaire, ce qui est un précieux atout pour les ménages confrontés à l’insécurité alimentaire.
La culture des légumineuses relève d’une longue tradition dans presque toutes les régions du monde. Depuis des siècles, les légumineuses jouent un rôle fondamental dans les systèmes agricoles traditionnels. Avant 2000, la production mondiale stagnait sous l’effet de la disparition généralisée des systèmes traditionnels de rotation des cultures dans les pays à faible revenu. D’autres facteurs étaient en cause, comme la faible résistance aux maladies due à la diversité génétique réduite des semences, l’accès limité à des variétés à haut rendement et le soutien restreint apporté par les pouvoirs publics aux producteurs. Le secteur a commencé à se redynamiser au début des années 2000 et connaît depuis une croissance annuelle moyenne d’environ 3 % à l’échelle mondiale, dominée par l’Asie et l’Afrique. Ensemble, ces deux régions ont totalisé plus de la moitié de la hausse de la production (+ 12 Mt) au cours de la précédente décennie.
La consommation mondiale de légumineuses par habitant a commencé à diminuer dans les années 60 (Graphique 11.2), sous l’effet d’une hausse des prix due à la faible progression des rendements. La croissance des revenus et l’urbanisation ont conduit à une modification des préférences, les consommateurs se tournant vers une alimentation plus riche en protéines animales, en sucre et en matières grasses. Malgré cela, les légumineuses demeurent une importante source de protéines dans les pays à faible revenu et la consommation mondiale par habitant s’est accrue pour atteindre quelque 7 kg/an à l’heure actuelle. Cette progression s’explique principalement par la hausse des revenus dans les pays où ces produits constituent une importante source de protéines, particulièrement en Inde, où environ 30 % de la population est végétarienne.
Les légumineuses peuvent être transformées et utilisées sous différentes formes : entières, décortiquées, en farine et en isolats en fonction de leurs composants (protéines, amidon et fibres). La farine et les isolats sont employés dans des secteurs comme les préparations à base de viande et les en-cas, la boulangerie et les boissons, et la pâte et la chapelure.
11.2.2. Situation actuelle du marché
De loin le plus gros producteur de légumineuses, l’Inde a compté pour environ 28 % de la production mondiale au cours de la période de référence. Viennent ensuite le Canada, la Chine et l’Union européenne, avec près de 5 % de la production mondiale. Le marché asiatique représente 52 % de la consommation totale, mais seulement quelque 43 % de la production, ce qui en fait la principale destination des importations. Environ 20 % de la production mondiale est exportée ; le Canada arrive nettement en tête dans le classement des exportateurs (23 % des échanges internationaux) tandis que la Chine est le plus gros importateur (14 % du commerce mondial). L’Afrique a encore augmenté sa production et sa consommation au cours des dix dernières années et demeure largement autosuffisante.
En 2023, le marché mondial des légumineuses a atteint un volume de 95 Mt après une croissance moyenne de 1.9 % par an au cours de la précédente décennie, sous l’impulsion de l’Asie et de l’Afrique. Le commerce international s’est monté à 18.8 Mt, soit 1 Mt de moins qu’en 2022. Les prix mondiaux des légumineuses (dont la référence est le pois sec canadien) ont continué à baisser par rapport à leur niveau record de 2021, pour tomber à 310 USD/t en 2023.
11.2.3. Contexte des projections
Les légumineuses présentent divers bienfaits et se substituent avantageusement à la viande du fait de leur teneur élevée en protéines. Aussi les consommateurs soucieux de leur santé et de l’environnement les intègrent-ils de plus en plus dans leur alimentation quotidienne, ce qui se traduit par la croissance du marché de ces produits à l’échelle mondiale. L’urbanisation rapide, l’évolution des modes de vie et les rythmes de travail frénétiques conduisent la population active à rechercher des en-cas bons pour la santé, et les légumineuses sont des ingrédients de plus en plus couramment utilisés dans les aliments prêts à consommer.
Les bienfaits pour la santé et pour l’environnement attribués aux légumineuses poussent les gouvernements des pays producteurs à venir en aide aux agriculteurs, contribuant ainsi au développement de ce marché. Le soutien à la production de légumineuses constitue un volet important de la stratégie de l’Union européenne en faveur des protéagineux, dans le cadre de laquelle ces produits comptent parmi les principaux ingrédients de préparations telles que les substituts de viande. Selon l’évolution future de la demande de ce type de produits, les légumineuses pourraient voir leur part gagner sensiblement en importance dans la production agricole.
11.2.4. Principaux éléments des projections
Les légumineuses devraient regagner en importance dans les régimes alimentaires de nombreuses régions du monde. La présente édition des Perspectives prévoit une poursuite de cette croissance mondiale et une hausse de la consommation humaine de légumineuses, qui devrait s’établir à 8.6 kg par an et par habitant à l’horizon 2033. La consommation par habitant devrait augmenter dans presque toutes les régions au cours de la prochaine décennie, tout particulièrement en Europe (+3 % par an) (Graphique 11.2).
L’offre mondiale devrait s’accroître de 25 Mt. Près de 40 % de cette hausse sera enregistrée en Asie, et particulièrement en Inde, plus gros producteur mondial. D’après les projections, l’amélioration soutenue des rendements permettra au pays de produire 8 Mt supplémentaires d’ici 2033. L’Inde a introduit des semences hybrides à haut rendement, encouragé la mécanisation et instauré un prix minimum de soutien pour stabiliser les revenus des agriculteurs. De plus, le gouvernement central et certains États fédérés ont inclus les légumineuses dans leurs programmes d’achat, même si leur couverture géographique n’est pas la même que pour le blé et le riz.
Cette augmentation escomptée de l’offre repose sur l’hypothèse que la production de légumineuses va poursuivre son intensification grâce à la hausse des rendements et à une utilisation plus intensive des terres. Environ 60 % de la croissance de la production peuvent être attribués à l’intensification de l’utilisation des terres au cours de la période de projection, et les 40 % restants à l’amélioration des rendements. Sur le continent africain en particulier, la combinaison de ces deux facteurs pourrait faire progresser la production de quelque 0.8 Mt par an.
Ces Perspectives partent du principe que la hausse de l’offre sera favorisée par l’association de la culture des légumineuses avec celle des céréales, en particulier en Asie et en Afrique, où les petits producteurs occupent une place importante. L’amélioration prévue des rendements restera inférieure à celle des céréales et des oléagineux, car, dans la plupart des pays, les légumineuses ne sont pas concernées par les initiatives de développement de variétés à haut rendement ou d’amélioration des systèmes d’irrigation, ni par les mesures de soutien à l’agriculture.
Les échanges internationaux de légumineuses sont passés de 15 Mt à 19 Mt au cours des dix dernières années et devraient atteindre 22 Mt à l’horizon 2033. Le Canada restera le principal exportateur de légumineuses, avec des volumes qui devraient passer de 4.4 Mt aujourd’hui à 5.7 Mt en 2033 ; il sera suivi par l’Australie et la Russie, avec 2.8 Mt et 2.1 Mt d’exportations respectivement en fin de période.
En valeur nominale, les prix mondiaux des légumineuses devraient continuer à décroître jusqu’en 2025 avant de connaître une légère hausse sur le reste de la décennie à venir, tandis qu’un fléchissement est attendu en valeur réelle
11.3. Bananes et principaux fruits tropicaux
Copier le lien de 11.3. Bananes et principaux fruits tropicaux11.3.1. Principaux éléments des projections
La banane et les quatre principaux fruits tropicaux – mangue, ananas, avocat et papaye – jouent un rôle essentiel au sein des marchés agricoles, notamment en garantissant l’alimentation et la subsistance des petits exploitants des pays tropicaux. Ces dernières décennies, la hausse des revenus et l’évolution des préférences des consommateurs sur les marchés tant émergents qu’à revenu élevé, mais aussi l’amélioration des transports et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, ont favorisé la croissance rapide des échanges internationaux de ces produits.
La production mondiale de bananes et des principaux fruits tropicaux rapporte environ 100 milliards USD aux producteurs. Bien que seulement 14 % de la production mondiale de bananes et 8 % de celle des principaux fruits tropicaux, environ, soient exportés, ces deux groupes de produits génèrent respectivement des recettes d’exportation situées aux alentours de 11 milliards USD et 12 milliards USD par an (chiffres provisoires pour 2023). Dans les pays exportateurs, qui sont majoritairement des pays à revenu faible à moyen, les recettes provenant de la production et du commerce de ces produits peuvent représenter une part importante du PIB de l’agriculture, en particulier pour les pays tropicaux d’Amérique latine. En 2022, par exemple, les bananes ont pesé pour environ 50 % dans les recettes des exportations agricoles de l’Équateur, tandis que, prises dans leur ensemble, les exportations d’ananas et de bananes ont représenté quelque 40 % des recettes des exportations agricoles au Costa Rica. Le commerce de bananes et des principaux fruits tropicaux peut donc générer d’importantes recettes d’exportation pour les pays producteurs.
Comme les autres produits agricoles, les bananes et les fruits tropicaux ont connu d’importantes hausses de prix après la pandémie de COVID-19 et les chocs qui ont touché le secteur énergétique et celui des engrais dans le contexte de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. Le secteur s’est montré relativement résilient à moyen terme, mais il devra s’adapter à ces chocs avant que le comportement et les préférences des consommateurs ne retrouvent leur tendance à long terme. Il devrait s’ensuivre une augmentation de la consommation par habitant et une nouvelle expansion des exportations des régions tropicales vers les économies développées ou émergentes.
11.3.2. Bananes
Situation du marché
Les données et informations préliminaires montrent que les échanges mondiaux de bananes ont paru en 2023 commencer à se remettre des plus graves pénuries d’approvisionnement éprouvées au cours des deux années précédentes. Les exportations se sont au total élevées à environ 19.2 Mt en 2023. Les principaux partenaires commerciaux mondiaux ont toutefois connu des évolutions divergentes, car les conditions météorologiques et la conjoncture économique se sont avérées propices pour certains, mais défavorables pour d’autres. L’Équateur et le Guatemala ont fait état d’une hausse des approvisionnements dans les huit premiers mois de l’année, au cours desquels des conditions climatiques favorables liées au phénomène El Niño ont stimulé la croissance de la production. À l’inverse, une pluviosité excessive, les inondations et les tempêtes tropicales ont réduit le volume des exportations de la Colombie, du Mexique, du Costa Rica et de la République dominicaine. Des sources du secteur ont indiqué que la diminution des applications d’engrais en 2022 a continué à compromettre les rendements et la qualité de la production de bananes au premier semestre de 2023. La propagation des maladies végétales, et notamment de la fusariose du bananier race tropicale 4 (RT4) aux Philippines, au Pérou et dans la République bolivarienne du Venezuela, est demeurée à l’origine de pertes de production et d’importants coûts financiers liés aux mesures de prévention de la maladie. Les exportateurs de certains pays d’Amérique latine ont par ailleurs supporté des pertes et des coûts additionnels liés à l’introduction de substances illicites dans les conteneurs de bananes et à la nécessité de prendre des mesures pour y parer.
La demande d’importations de bananes est dans le même temps restée soutenue dans la plupart des grands marchés, et le volume des importations mondiales a atteint 18.7 Mt. Dans un contexte de tensions inflationnistes, les bananes ont bénéficié de leur prix relativement abordable, notamment au sein de l’Union européenne et aux États‑Unis. Sur la plupart des grands marchés, les valeurs unitaires moyennes des importations ont connu des hausses allant de 8 % à 15 % dans les neuf premiers mois de 2023. Au sein de l’Union européenne, les importateurs ont attribué l’amélioration de la rentabilité à l’appréciation de l’euro par rapport au dollar des États-Unis et à une baisse des coûts de transport, qui sont revenus dès septembre 2023 à leur niveau d’avant la pandémie. Les perspectives pour 2024 et au-delà paraissent par conséquent plus positives que lors des deux années précédentes, sous réserve que les variations des prix réels demeurent favorables et que les producteurs et les exportateurs puissent également tirer bénéfice des hausses des prix.
Principaux éléments des projections
Si tant est que les conditions météorologiques demeurent normales et que les maladies du bananier ne se propagent pas davantage, la production mondiale de bananes devrait atteindre 160 Mt à l’horizon 2033, contre 135 Mt au cours de la période de référence. Vu la saturation croissante de la demande par habitant dans la plupart des régions, l’augmentation de la production et de la consommation mondiales devrait essentiellement reposer sur leur dynamisme démographique. Compte tenu du ralentissement de la croissance démographique mondiale, les projections de référence actuelles indiquent que la production et la consommation mondiales de bananes vont connaître une progression modérée de 1.5 % par an au cours de la période couverte par les Perspectives. Parallèlement, dans certaines économies émergentes – en Inde et en Chine, surtout – la hausse des revenus devrait favoriser une évolution du rapport à la santé et à l’alimentation et maintenir une progression de la demande supérieure à la croissance démographique. L’Asie devrait donc demeurer la principale région productrice avec plus de 50 % des quantités totales, l’Inde atteignant d’après les projections un volume de production de 43 Mt et une consommation par habitant de 28 kg à l’horizon 2033.
Dans la principale région d’exportation, l’Amérique latine et les Caraïbes, la production devrait atteindre 37 Mt en 2033, grâce à la demande croissante des principaux marchés d’importation, dont au premier chef l’Union européenne et les États-Unis. Les pressions inflationnistes étant probablement amenées à perdurer en 2024, voire au-delà, la demande de bananes sera vraisemblablement favorisée par leur coût relativement abordable. La hausse de la demande d’importation en Chine, où la croissance de la production intérieure restera sans doute assez modeste, devrait également contribuer à un essor de la production en Amérique latine et dans les Caraïbes. Les principaux pays exportateurs de cette région – Équateur, Guatemala, Colombie et Costa Rica – bénéficieront vraisemblablement de cet essor, sous réserve qu’ils puissent protéger leur production des effets néfastes des maladies et des phénomènes météorologiques imprévisibles. L’augmentation de la demande d’importation dans l’Union européenne et au Royaume-Uni devrait profiter à quelques pays exportateurs des Caraïbes, principalement la République dominicaine et le Belize, mais aussi à ceux d’Afrique, dont les ventes devraient croître de 0.3 % par an au cours de la période couverte par les Perspectives, tirées par la Côte d’Ivoire, pour s’établir aux alentours de 0.7 Mt en 2033. Dans ce contexte, les exportations mondiales de bananes devraient atteindre quelque 22.6 Mt à l’horizon 2033.
11.3.3. Mangue, mangoustan et goyave
Situation du marché
Les exportations mondiales de mangues, mangoustans et goyaves ont atteint 2.3 Mt en 2023, soit une hausse de 1 % par rapport à l’année précédente. Cette évolution s’explique principalement par l’augmentation des exportations thaïlandaises de mangoustans au premier semestre, ainsi que par celle des exportations brésiliennes, péruviennes et mexicaines de mangues. Pour ce qui est des exportations mondiales par produit, les mangues ont représenté environ 85 % des expéditions, contre quelque 15 % pour les mangoustans. La goyave a continué d’afficher une faible disponibilité sur les marchés d’importation, notamment parce que ce produit supporte assez mal le transport.
Les importations mondiales de mangues, mangoustans et goyaves frais se sont au total élevées à 2.3 Mt en 2023. Les États-Unis et l’Union européenne demeurent les deux premiers importateurs à l’échelle mondiale, avec des parts estimées à environ 27 % et 17 %, respectivement. Sur ces deux marchés, la demande de mangues a légèrement progressé à la faveur d’une plus grande prise de conscience des bienfaits présumés de ces fruits pour la santé. La croissance des importations sur ces marchés a en outre été favorisée par une offre soutenue en provenance du Mexique, du Pérou et du Brésil, les trois principaux exportateurs de mangues à destination des États-Unis et de l’Union européenne. Globalement, les importations sur le marché des États-Unis étaient supposées enregistrer une croissance d’environ 4 % en 2023 pour atteindre approximativement 0.61 Mt, alors que dans l’Union européenne elles devaient connaître une progression estimée à 2 %, pour s’établir aux alentours de 0.39 Mt.
Principaux éléments des projections
La production mondiale de mangues, mangoustans et goyaves devrait connaître une augmentation annuelle de 3.6 % au cours de la décennie à venir, pour atteindre 86 Mt d’ici 2033, contre 60 Mt au cours de la période de référence. La croissance de la production de mangues sera essentiellement dictée par une hausse de la demande liée à la progression des revenus dans les pays producteurs, ainsi que par la croissance démographique. L’Asie, d’où sont originaires la mangue et le mangoustan, continuera de représenter quelque 70 % de la production mondiale en 2033. Cela s’expliquera principalement par une forte augmentation de la demande intérieure en Inde, le premier producteur et consommateur mondial de mangues, sous l’effet de la hausse des revenus et des modifications des préférences alimentaires qui s’ensuivront. En Inde, la production de mangues, pour une large part destinée aux marchés informels locaux, devrait représenter plus de 38 Mt en 2033, soit 45 % de la production mondiale. Ce pays devrait enregistrer une hausse de la consommation par habitant de 2.6 % par an au cours de la période couverte par les Perspectives, pour s’établir à 24.7 kg en 2033, au lieu de 18.6 kg au cours de la période de référence, tandis que la consommation moyenne par habitant sur le continent asiatique devrait atteindre 14.1 kg en 2033, contre 10.4 kg pendant la période de référence. Au Mexique et en Thaïlande, premiers pays exportateurs, la hausse de la production répondra au contraire à l’augmentation de la demande d’importations à l’échelle mondiale. À l’horizon 2033, la part de la production destinée à être exportée devrait atteindre 22 % au Mexique et 34 % en Thaïlande. Cependant, avec des volumes de production prévus de 3.1 Mt et 1.7 Mt, respectivement, ces deux pays ne représenteront qu’une part relativement faible de la production mondiale en 2033.
Les exportations mondiales de mangues, mangoustans et goyaves devraient se monter à 3.2 Mt en 2033, contre 2.3 Mt au cours de la période de référence, grâce à une augmentation des achats aux États-Unis, en Chine et dans l’Union européenne. Le Mexique, qui est le principal fournisseur de mangues, devrait bénéficier de l’essor de la demande d’importation sur son marché le plus important – les États-Unis – et porter à 24 % leur part dans les exportations mondiales en 2033. Les expéditions thaïlandaises, presque exclusivement composées de mangoustans, répondront principalement à une hausse de la demande d’importation en Chine, tandis que celles du Pérou et du Brésil, deux pays exportateurs en devenir, seront essentiellement constituées de mangues à destination de l’Union européenne. La Thaïlande devrait s’arroger une part de 20 % dans les exportations mondiales en 2033, alors que le Brésil et le Pérou devraient en représenter environ 14 % et 8 %, respectivement. La Chine, où la consommation de mangues, mangoustans et goyaves s’est établie à 2.7 kg par habitant au cours de la période de référence, ce qui est relativement faible par rapport aux autres pays asiatiques, devrait voir ses importations croître de 2.4 % par an pour atteindre 0.8 Mt en 2033. Cette progression sera surtout due à la forte hausse de la demande de mangoustans induite par l’augmentation des revenus, qui ne pourra être satisfaite par la production intérieure encore restreinte de la Chine.
11.3.4. Ananas
Situation du marché
Les données préliminaires indiquent que les exportations mondiales d’ananas ont augmenté d’environ 4 % en 2023, pour atteindre 3.2 Mt, sous l’impulsion principalement d’une hausse des volumes en provenance du Costa Rica, premier pays exportateur avec une part d’environ 65 %. Les représentants du secteur indiquent que les conditions météorologiques dans les principales zones de production au Costa Rica ont été favorables à la culture de l’ananas au cours du premier semestre, ce qui a permis une augmentation des exportations. La baisse des coûts de transport, en particulier à destination des États‑Unis, a également favorisé la croissance des exportations du Costa Rica, qui devraient enregistrer une progression d’environ 3 % en 2023, pour se situer aux alentours de 2 Mt, en net contraste avec le recul de près de 5 % de 2022. Pour ce qui est des principaux pays de destination, les expéditions d’ananas du Costa Rica sont restées presque exclusivement destinées aux marchés des États-Unis et de l’Union européenne, où la demande demeure soutenue.
Les données préliminaires indiquent que les importations mondiales d’ananas ont progressé d’environ 1 % en 2023 pour s’élever à 3 Mt, la demande restant forte aux États‑Unis comme au sein de l’Union européenne. Une grande partie de la consommation d’ananas a lieu à l’extérieur du domicile et la relative stabilité des ventes au secteur de l’hôtellerie et de la restauration devrait permettre aux importations des États-Unis d’enregistrer une progression de 1 % en 2023 pour atteindre 1.1 Mt. À l’inverse, les importations de l’Union européenne, le second marché d’importation, devraient connaître une légère contraction en raison de problèmes d’approvisionnement au Costa Rica. Sur l’ensemble de l’année, les importations de l’Union européenne devraient s’établir à 0.76 Mt, un volume de 17 % inférieur à la moyenne précédemment relevée sur cinq ans. Les estimations portent à croire que sur l’ensemble de l’année 2023 les États-Unis ont absorbé environ 39 % des exportations, contre 26 % pour l’Union européenne.
Principaux éléments des projections
Compte tenu d’une extension de 1.1 % de la superficie récoltée, la production mondiale d’ananas devrait s’accroître de 1.5 % par an au cours de la décennie à venir, pour s’établir à 35 Mt en 2033, contre 30 Mt au cours de la période de référence. L’Asie devrait conserver la première place par le volume de production, concentrant environ 44 % du total mondial, avec une offre importante aux Philippines, en Indonésie, en Chine, en Inde et en Thaïlande. En Asie, la production d’ananas continuera à satisfaire principalement la demande intérieure et devrait augmenter fortement sous l’effet de l’évolution démographique et de la croissance des revenus, en particulier en Inde, en Indonésie et en Chine. De même, en Amérique latine et dans les Caraïbes, la production d’ananas – qui devrait se classer au deuxième rang mondial avec 33 % du volume total en 2033 – sera principalement déterminée par l’évolution des besoins d’une population croissante et de plus en plus aisée. Seuls le Costa Rica et les Philippines, deux grands producteurs et exportateurs mondiaux d’ananas, devraient accroître les quantités produites pour répondre à la hausse de la demande d’importations : à l’horizon 2033, les exportations devraient représenter environ 68 % de la production d’ananas frais dans le cas du Costa Rica et 24 % dans celui des Philippines.
Les exportations mondiales d’ananas devraient croître de 1 % par an pour atteindre 3.6 Mt en 2033, principalement sous l’effet de la demande d’importations des États-Unis et de l’Union européenne. Avec des quantités importées estimées à 1.3 Mt en 2033 – soit 37 % du total mondial – les États-Unis resteront le plus gros importateur. L’Union européenne détiendra quant à elle une part d’environ 24 % dans les importations mondiales. Sur ces deux marchés clés, la demande d’ananas frais devrait bénéficier de prix unitaires toujours peu élevés et, dans une certaine mesure, de l’introduction de nouvelles variétés de plus grande qualité. La hausse de la demande d’importations de la Chine, où la consommation a progressé plus rapidement que la production ces dernières années, devrait également favoriser l’essor des exportations mondiales. À l’horizon 2033, les importations chinoises d’ananas devraient avoisiner 0.34 Mt par an, et provenir en majeure partie des Philippines.
11.3.5. Avocat
Situation du marché
Les exportations mondiales d’avocat auront vraisemblablement progressé d’environ 20 % en 2023, pour atteindre aux alentours de 3 Mt, grâce à des conditions favorables à la production au Mexique, premier exportateur mondial. Les données préliminaires indiquent que les exportations de plusieurs autres pays producteurs, dont le Pérou et le Kenya ont également connu une expansion rapide. Ces évolutions ont marqué un solide redressement par rapport aux pertes de production et aux ruptures d’approvisionnement provoquées par les conditions météorologiques en 2022.
Outre une augmentation notable des approvisionnements mondiaux, la persistance d’une demande soutenue aux États-Unis et dans l’Union européenne, qui ont respectivement compté pour environ 44 % (soit 1.2 Mt) et 27 % (soit 0.8 Mt) des importations mondiales en 2023, a également favorisé cette rapide expansion du volume des échanges. Sur ces deux marchés, la consommation a continué de gagner en popularité, l’avocat étant largement considéré comme un fruit offrant de grandes qualités nutritives. Les importations d’avocats des États-Unis proviennent à 90 % du Mexique, alors que l’Union européenne s’approvisionne principalement auprès du Pérou, du Kenya, d’Israël et du Maroc.
Principaux éléments des projections
Parmi les principaux fruits tropicaux, l’avocat présente le niveau de production le plus faible, mais connaît également l’expansion la plus rapide ces dernières décennies, et cette tendance devrait se maintenir tout au long de la période couverte par les Perspectives. La forte demande mondiale, des rendements importants par hectare et le niveau élevé des prix unitaires à l’exportation restent les principaux moteurs de cette hausse, qui favorise des investissements dans l’extension des surfaces cultivées dans de nouvelles zones de production comme dans celles déjà solidement établies. D’ici 2033, la production devrait par conséquent croître au rythme de 3.5 % par an, soit un volume annuel de 14 Mt, plus de trois fois plus élevé qu’en 2013. Bien que de nouvelles zones de culture aient rapidement émergé ces dernières années, la production d’avocats continuera vraisemblablement de se concentrer dans un petit nombre de régions et de pays. Les quatre premiers pays producteurs – Mexique, Colombie, Pérou et République dominicaine – devraient sensiblement développer leur production au cours de la décennie à venir pour atteindre conjointement une part d’environ 60 % de la production mondiale à l’horizon 2033. Les volumes produits au Mexique, en Colombie et au Pérou devraient s’accroître de 60 à 80 % par rapport à la période de référence, de sorte qu’environ 70 % de la production mondiale devraient demeurer concentrés dans la région Amérique latine et Caraïbes.
L’avocat est en voie de devenir le principal fruit tropical échangé et dépasser ainsi l’ananas et la mangue dès 2025 pour atteindre un volume d’exportations de 4.3 Mt à l’horizon 2033. La valeur totale des exportations mondiales d’avocats devrait par conséquent s’élever à 10.4 milliards USD aux prix constants 2021-23, faisant de l’avocat l’un des fruits les plus lucratifs. Malgré une concurrence de plus en plus forte de la part de nouveaux exportateurs, le Mexique devrait demeurer le premier exportateur mondial, avec une part de 53 % en 2033. Le pays tirera en effet parti d’une croissance de la production de 3.6 % par an au cours de la décennie à venir, ainsi que de la hausse ininterrompue de la demande aux États-Unis. Le Pérou, deuxième pays exportateur d’avocats, devrait quant à lui être à l’origine de 25 % des expéditions mondiales, ces dernières étant principalement destinées à répondre à la croissance de la demande observée dans l’Union européenne.
Les États-Unis et l’Union européenne, où l’intérêt des consommateurs pour l’avocat tient à ses bienfaits allégués pour la santé, devraient rester en 2033 les principaux importateurs à l’échelle mondiale, à hauteur de 46 % et 25 % respectivement. Cependant, les importations devraient également progresser rapidement au Royaume-Uni, au Canada, en Chine et dans certains pays du Moyen-Orient en raison de l’augmentation des revenus et de l’évolution des préférences des consommateurs sur ces marchés. La consommation d’avocats par habitant devrait de même augmenter dans de nombreux pays producteurs sous l’effet de la croissance des revenus, notamment en Colombie, en République dominicaine et en Indonésie.
11.3.6. Papaye
Situation du marché
Les données préliminaires indiquent que les exportations mondiales de papayes ont subi une contraction estimée à 3 % en 2023 pour s’établir à environ 0.365 Mt. Les exportations du Mexique, premier exportateur mondial, ont diminué d’environ 4 % sur l’ensemble de l’année, pour tomber aux alentours de 0.19 Mt, en raison de conditions météorologiques défavorables. La quasi-totalité des exportations mexicaines de papayes est destinée aux États-Unis. L’essentiel de la production mexicaine de papayes est cependant destiné à la consommation intérieure.
Les importations mondiales sont restées globalement stables aux alentours de 0.35 Mt en 2023, les États-Unis conservant leur statut de principal importateur avec environ 62 % des importations mondiales. Les représentants du secteur ont indiqué que la demande de papayes est demeurée soutenue aux États-Unis au cours des sept premiers mois de 2023, ce fruit ayant la réputation d’être riche en vitamine C. L’Union européenne compte pour 9 % des importations mondiales, soit 0.03 Mt en 2023.
Principaux éléments des projections
La production mondiale de papayes devrait progresser de 1.5 % par an pour atteindre 17 Mt en 2033, contre 14 Mt au cours de la période de référence. Au cours de la période de référence, la production de papayes n’est exportée qu’à hauteur d’environ 2 % et est essentiellement dictée par la demande intérieure, elle-même fonction de la croissance démographique et de l’évolution des revenus. L’Asie, première région productrice au monde, devrait bénéficier de la plus forte croissance, sa part dans la production mondiale atteignant d’après les projections 60 % en 2033, contre 58 % au cours de la période de référence. L’Inde, premier pays producteur au monde, verra sa production augmenter de 1 % par an jusqu’à représenter 35 % de l’offre mondiale d’ici 2033. La croissance de la population et l’augmentation des revenus seront les principaux facteurs de cette hausse, avec une consommation intérieure de papayes estimée à 4.1 kg par habitant en 2033, en légère progression par rapport aux 3.9 kg atteints au cours de la période de référence. En Indonésie, la production devrait croître de 2.3 % par an au cours de la période couverte par les Perspectives, dans le sillage de l’accroissement de la demande intérieure, conséquence de la hausse attendue des revenus par habitant à un rythme de 4 % par an.
Les exportations mondiales seront principalement déterminées par l’augmentation de la production au Mexique et par celle de la demande des principaux importateurs. Moyennant un taux de croissance annuel de 1.2 %, les exportations mondiales de papayes devraient atteindre près de 0.4 Mt à l’horizon 2033. Le développement du commerce international de la papaye se heurte toutefois à un obstacle majeur : sa grande périssabilité et sa fragilité dans les transports, qui rendent difficile son expédition vers des destinations lointaines. Les innovations dans la chaîne du froid, l’emballage et le transport pourraient toutefois faciliter sa distribution à plus grande échelle, d’autant que la demande de fruits tropicaux est en hausse sur les marchés d’importation.
11.3.7. Incertitudes
Les perspectives de la production, des échanges et de la consommation de bananes et des principaux fruits tropicaux pourraient être compromises par plusieurs obstacles et incertitudes de taille. Les taux d’inflation élevés, la hausse des charges d’intérêt et les fluctuations des taux de change risquent de freiner la demande sur les marchés intérieurs comme sur ceux d’importation, surtout pour les consommateurs les moins favorisés. Compte tenu de la valeur unitaire généralement élevée des fruits tropicaux et des fortes élasticités prix et revenu de la demande dont ils font l’objet, les fluctuations des revenus des consommateurs ou des prix à la consommation peuvent rapidement avoir une incidence sur la demande. Les incertitudes géopolitiques susceptibles de bouleverser les relations commerciales existantes et d’avoir des effets de grande ampleur sur les marchés intérieurs et mondiaux constituent en outre une source de préoccupation. La suspension temporaire par la Fédération de Russie des importations de bananes en provenance de l’Équateur en est un récent exemple.
D’autre part, le réchauffement climatique accroît la fréquence des sécheresses, des inondations, des ouragans et d’autres catastrophes naturelles, qui rendent la production de plus en plus difficile et coûteuse. Compte tenu de la périssabilité des fruits tropicaux aux stades de la production, de la commercialisation et de la distribution, les défis environnementaux et le manque d’infrastructures continuent de menacer la production et les approvisionnements internationaux. Le problème est d’autant plus aigu que la plupart des fruits tropicaux sont produits dans un cadre informel et dans des zones reculées et éloignées des grands axes de transport, où leur culture est extrêmement dépendante des précipitations et exposée aux effets néfastes de phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles. Alors que plusieurs guerres sont en cours et affectent l’économie mondiale, les risques de perturbations futures des chaînes d’approvisionnement locales et mondiales, des marchés des engrais, des routes de transport et de l’accès aux marchés d’exportation font peser un surcroît d’incertitudes sur les Perspectives.
En outre, dans un contexte de hausse des températures, on observe une propagation plus rapide et plus intense des ravageurs et des maladies, de la fusariose par exemple. La souche de la maladie qui se propage actuellement, dénommée « race tropicale 4 » (RT4), présente des risques particulièrement élevés pour l’approvisionnement mondial de bananes, car elle peut toucher une variété beaucoup plus grande de cultivars de bananes et de bananes plantains que les autres souches. Malgré de récentes avancées dans la création de variétés résistantes, aucun fongicide ni aucune méthode d’éradication n’est actuellement efficace contre la maladie. Selon les informations officielles, la RT4 est actuellement confirmée dans 22 pays, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est, mais aussi au Moyen-Orient, en Afrique, en Océanie et en Amérique latine. Une propagation accrue de la maladie entraînerait notamment une perte considérable d’emplois et de revenus dans le secteur bananier des pays concernés, ainsi qu’une hausse importante des prix à la consommation dans les pays importateurs
Les bananes, ananas et avocats étant des produits populaires sur les marchés d’importation, les acteurs du secteur se livrent une concurrence féroce tout du long des chaînes de valeur mondiales, jusqu’au commerce de détail. Dans le cas des bananes et des ananas, cette rivalité a tiré les prix vers le bas à chaque étape de la chaîne de valeur, maintenant les prix à la production à un faible niveau et sans grande fluctuation. La hausse des coûts de production, les prix peu élevés et les faibles marges bénéficiaires empêchent de rémunérer convenablement les travailleurs et les petits exploitants dans ces secteurs et ne permettent absolument pas aux producteurs de faire face aux nouveaux défis et aux perturbations de la chaîne logistique qui s’imposent à eux. Les perspectives en matière de production sont donc également remises en cause par les fortes pressions concurrentielles, la faiblesse des marges bénéficiaires, quand elles ne sont pas négatives, dissuadant les petits producteurs de poursuivre leur activité, ce qui risque d’entraîner une baisse de l’offre sur les marchés mondiaux et, partant, une hausse des prix. Les données et informations relatives aux évolutions des marchés mondiaux d’exportation et d’importation au cours des dernières années vont d’ores et déjà dans ce sens et font apparaître que les fruits les plus abordables, tels que la banane ou l’ananas, sont plus particulièrement touchés.
← 1. Les différents types de légumineuses sont les suivants : haricots secs, fèves sèches, pois secs, pois chiches, niébés, pois d’Angole, lentilles, pois bambara, vesces, lupins et légumineuses secondaires (non comprises ailleurs).