Ce chapitre présente les principales conclusions concernant la consommation, la production, les échanges et les prix des principaux produits agricoles et halieutiques couverts par les Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO pour la période 2024-2033. Il résume un scénario de base plausible pour les dix prochaines années, fondé sur des hypothèses concernant les conditions macroéconomiques, les tendances de la productivité, les conditions météorologiques, les préférences des consommateurs et les paramètres de la politique agricole et commerciale. La demande agricole mondiale devrait croître plus lentement au cours de la prochaine décennie en raison du ralentissement prévu de la croissance de la population et du revenu par habitant. Cette 20e édition conjointe passe en revue l'évolution des marchés agricoles au cours des vingt dernières années, en soulignant l'importance croissante des économies émergentes. Alors que l'influence de la République populaire de Chine sur la consommation alimentaire et agricole mondiale devrait diminuer au cours de la prochaine décennie, l'Inde et l'Asie du Sud-Est devraient gagner en importance. L'intensité des émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture devrait diminuer, car la croissance prévue de la production sera basée sur des améliorations de la productivité plutôt que sur l'expansion des terres cultivées et des troupeaux de bétail. Toutefois, les émissions directes devraient encore augmenter. Le chapitre présente également un scénario axé sur l'impact de la réduction des pertes alimentaires et des déchets sur les émissions de gaz à effet de serre, la sécurité alimentaire et la nutrition. Les Perspectives soulignent l'importance continue du bon fonctionnement des marchés internationaux de produits agricoles pour la sécurité alimentaire mondiale et les moyens de subsistance des populations rurales. L'évolution attendue de l'offre et de la demande mondiales devrait maintenir les prix de référence internationaux réels sur une tendance légèrement baissière au cours des dix prochaines années, mais des écarts potentiels par rapport aux hypothèses environnementales, sociales, géopolitiques et économiques sous-jacentes modifieraient les projections de base.
Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2024-2033
1. Marchés agricoles et alimentaires : tendances et perspectives
Copier le lien de 1. Marchés agricoles et alimentaires : tendances et perspectivesAbstract
Les Perspectives sont le fruit de la collaboration entre l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Elles présentent cette année un scénario de référence cohérent de l’évolution des marchés des produits agricoles et du poisson aux niveaux national, régional et mondial au cours de la période allant de 2024 à 2033.
Les projections de référence établies dans ces Perspectives reposent sur un ensemble d’éléments communiqués par des experts. Elles reflètent les conditions actuelles des marchés (section 1.2), ainsi que les hypothèses concernant l’évolution de la conjoncture macroéconomique, de la situation démographique et des politiques publiques (section 1.3). Le modèle Aglink-Cosimo de l’OCDE et de la FAO, qui met en relation les différents secteurs et pays étudiés, assure une cohérence d’ensemble et un équilibre global entre tous les marchés.
La section 1.6 des Perspectives permet d’apprécier tout l’enjeu que les pertes et le gaspillage représentent pour la sécurité alimentaire, l’utilisation des ressources et la durabilité des systèmes alimentaires. Elle comporte d’autre part une analyse de scénarios donnant à voir quelles pourraient être les conséquences, pour l’offre et pour la demande mondiales, d’une division par deux du gaspillage alimentaire lié à la distribution et à la consommation d’ici 2030, conformément à la cible 12.3 des ODD, et d’une diminution analogue et simultanée des pertes occasionnées au cours de la phase de production et le long des chaînes d’approvisionnement.
1.1. L’OCDE et la FAO : 20 années de collaboration, 20 années d’évolution des marchés agroalimentaires
Copier le lien de 1.1. L’OCDE et la FAO : 20 années de collaboration, 20 années d’évolution des marchés agroalimentairesLa parution de la vingtième édition des Perspectives est l’occasion de considérer l’évolution que les marchés agricoles ont suivie au cours des deux dernières décennies. Si la consommation et la production de produits agricoles ont progressé, en règle générale, à un rythme soutenu, il est néanmoins possible de percevoir des inflexions notables, d’ordre structurel, comportemental ou stratégique, dans la situation d’ensemble. Importations et exportations ont bondi de 105 %, à l’échelle mondiale, entre les périodes de référence 2001‑03 et 2021-23. Consommation et production, quant à elles, ont augmenté de 58 % dans le même intervalle. Cette dernière progression s’explique par le poids grandissant que les économies émergentes acquièrent dans ces deux domaines, à la faveur de leur dynamisme démographique, de la croissance du revenu disponible et des progrès technologiques, et qui marque l’instauration d’un ordre nouveau sur les marchés internationaux. Cet ordre nouveau, et la manière dont il se met en place, est la toile de fond des projections pour l’année 2033 présentées dans les Perspectives. Bon nombre de changements analogues vont continuer de redessiner les marchés agricoles à moyen terme.
1.1.1. Les tendances en matière de consommation donnent une stature nouvelle à la Chine et à l’Inde
Les pays de l’OCDE sont ceux qui ont vu leur part dans la consommation mondiale de produits laitiers, d’huile végétale et de viande diminuer le plus fortement, au profit essentiellement de la République populaire de Chine (ci‑après « la Chine »), de l’Inde et du reste de l’Asie (Graphique 1.1). S’agissant des produits laitiers, cette part est ainsi passée de 36 % à 26 %. L’Inde est pour beaucoup dans ce recul, sa propre part de marché ayant progressé de 11 points de pourcentage. En ce qui concerne l’huile végétale, le marché s’est largement déplacé vers la Chine, qui gagne 8 points. Quant à la viande, toutes les régions, hormis la zone OCDE, ont vu leur part de marché augmenter de manière modérée, à commencer par le reste de l’Asie (avec environ 3 points de pourcentage supplémentaires).
Du côté des emplois non alimentaires, la part des pays de l’OCDE dans l’utilisation des céréales et des tourteaux protéiques en alimentation animale a chuté au cours de ces vingt dernières années – de 17 et 20 points de pourcentage, respectivement. Dans l’un et l’autre cas, c’est principalement à la Chine que l’on doit ce changement, le pays ayant accru sa consommation de 9 points de pourcentage pour le premier de ces produits et de 11 points pour le second.
1.1.2. La part de l’OCDE dans la production mondiale diminue par rapport à d’autres régions, et à l’Inde en particulier
La part que les pays de l’OCDE prennent à la production mondiale de céréales, d’oléagineux, de lait, de viande et de sucre s’est réduite de quelque 7 points de pourcentage sur les vingt dernières années. La diminution la plus notable s’observe sur les marchés du lait, où cette part est passée de 51 % à 41 % (Graphique 1.2). L’Inde en est pratiquement seule responsable pour avoir porté sa propre contribution de 14 % à 23 %. Il est intéressant de noter que la Chine et les pays de l’OCDE ont connu, sur les marchés de production d’oléagineux, un déclin assez comparable, de 4 et 5 points de pourcentage, respectivement, au profit de l’Europe de l’Est et du reste des Amériques.
1.1.3. Le paysage commercial a bien changé
La part des pays de l’OCDE dans les importations des cinq produits faisant l’objet du Graphique 1.3 a diminué, dans l’ensemble et plus particulièrement en ce qui concerne les oléagineux et produits oléagineux (de 21 points de pourcentage), la viande (de 16 points de pourcentage) et les produits laitiers (de 13 points de pourcentage). La Chine a occupé le champ laissé libre, réalisant une progression très nette sur ces trois marchés. Pour chacun des produits visés au Graphique 1.3, sa part dans les importations mondiale a augmenté plus que celle des autres régions, le reste de l’Asie se plaçant en deuxième position.
Si l’OCDE n’a que légèrement réduit ses importations de sucre, en termes relatifs, l’Europe de l’Est accuse, elle, le recul le plus notable, sa part de marché s’étant effondrée, passant de 20 % à 5 % à peine. La Chine, le reste de l’Asie et l’Afrique se sont partagé l’espace resté vacant, ayant tous trois enregistré les plus fortes hausses, en proportion, de leurs importations de sucre. L’Europe de l’Est a aussi vu se contracter sensiblement sa part dans les importations de viande, avec un repli de 15 % à 6 %.
La part des pays de l’OCDE dans les exportations mondiales de chacun des cinq produits représentés dans le Graphique 1.4 a considérablement diminué, exception faite des oléagineux et produits oléagineux, où le recul a été plus modeste, de 30 % à 27 %. Celle des exportations chinoises a baissé ou est demeurée stable. S’agissant des céréales, l’Europe de l’Est et le reste des Amériques ont enregistré les plus fortes hausses, avec une progression de 13 et 12 points de pourcentage, respectivement. L’Inde – dont la part, sur les marchés d’importation comme sur les marchés d’exportation de tous les autres produits n’a varié que de façon marginale – et le reste des Amériques sont venus bousculer les importations de sucre, leur part de marché ayant gagné 9 points de pourcentage pour la première et 7 pour le second.
1.2. Évolution récente des marchés agricoles
Copier le lien de 1.2. Évolution récente des marchés agricolesLes approvisionnements internationaux en produits agricoles ont continué de croître en 2023 et ont été à la hauteur de la demande, ce qui a entraîné un repli des prix de référence, qui sont désormais revenus à leur moyenne des dix dernières années, sinon légèrement en deçà. Exception notable, les prix du sucre sont très au-dessus de cette moyenne en raison d’une demande mondiale en hausse qui n’a pas été suivie par la production, demeurée stable en 2023. Le Graphique 1.5 apporte de plus amples renseignements sur la situation actuelle des marchés de produits agricoles, qui sert de point de départ à nos projections.
1.3. Changements attendus, d’ordre macroéconomique ou politique, ayant une incidence sur les marchés agricoles
Copier le lien de 1.3. Changements attendus, d’ordre macroéconomique ou politique, ayant une incidence sur les marchés agricolesLe présent scénario de référence ayant servi à établir les projections pour la période 2024-33 s’appuie sur la connaissance approfondie des produits, des politiques publiques et des pays que possèdent l’OCDE et la FAO, ainsi que sur les contributions apportées par les pays membres et les organisations internationales spécialisées dans les produits. Il y a lieu de penser que les changements ci-après auront une incidence sur l’évolution des marchés agricoles au cours des dix années à venir.
1.3.1. Le ralentissement de la croissance démographique mondiale
La population mondiale1 devrait augmenter de plus de 700 millions d’individus et atteindre ainsi 8.7 milliards d’ici 2033, soit un taux d’accroissement moyen de 0.8 % par an témoignant d’un ralentissement par rapport à la décennie écoulée, où il était de 1 % (Graphique 1.6). C’est en Afrique subsaharienne que la croissance démographique devrait être la plus vigoureuse, avec 2.4 % par an, alors que la population chinoise accusera de son côté un déclin progressif. L’Inde devrait asseoir sa position de pays le plus peuplé du monde, qu’elle a ravie à la Chine en 2023, avec un gain moyen de 0.8 % par an durant les dix années à venir. Le ralentissement global de la croissance démographique semble devoir freiner la progression de la demande alimentaire mondiale par rapport à la dernière décennie.
1.3.2. Une reprise économique mondiale atone
L’économie mondiale devrait se remettre lentement des perturbations que lui ont causées la pandémie de COVID-19 et la guerre engagée par la Fédération de Russie (ci-après « la Russie ») contre l’Ukraine, et ce dans les économies avancées plus encore que dans les économies émergentes. La croissance du PIB mondial devrait se stabiliser à 3 % par an, en moyenne, au cours des dix années qui viennent, taux qu’elle avait déjà atteint en 2023, après un recul par rapport à l’année précédente, où elle était estimée à 3.5 %. Il est attendu que les pays émergents et en développement d’Asie restent les économies les plus dynamiques, avec 4.5 % de croissance par an, suivis par l’Afrique subsaharienne, avec 4.3 %. Dans les économies avancées, au contraire, la croissance annuelle du PIB devrait rester inférieure à 2.0 %. Cette reprise à deux vitesses confortera le rôle des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire en tant que principaux soutiens de la demande agricole mondiale.
Exprimé en dollar des États-Unis (USD) constants de 2010, le revenu par habitant devrait enregistrer une progression de 1.4 % sur l’année 2024, qui marquera la poursuite du tassement observé entre 2022 et 2023, avec un taux de croissance passé de 2.2 % à 1.6 %. Cet indicateur est utilisé pour représenter le revenu disponible des ménages, l’un des principaux déterminants de la demande de produits agricoles. Sur les dix prochaines années, on estime qu’il progressera de 1.6 % par an au niveau mondial (Graphique 1.6). Une forte hausse est escomptée en Asie, et plus particulièrement en Inde (5.4 % par an), au Viet Nam (5.1 % par an), aux Philippines (4.2 % par an) et en Indonésie (4 % par an). La croissance du revenu par habitant est attendue en baisse en Chine, où elle doit s’établir à 3.7 % par an contre 5.4 % observés au cours des dix années écoulées. En Afrique subsaharienne ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, les projections annoncent une progression du revenu moyen par habitant de 0.9 % et 1.6 %, respectivement, ce qui demeure appréciable en comparaison des contractions relevées au cours de la dernière décennie. Dans la première de ces deux régions cependant, et nonobstant une croissance du PIB relativement soutenue dans l’ensemble, l’accroissement démographique va continuer de peser sur l’élévation du revenu réel par habitant.
1.3.3. Des intrants énergétiques et engrais devenus plus abordables avec le fléchissement de la demande de combustibles fossiles
Les Perspectives reposent sur un indice composite du coût de la production agricole basé sur le coût des semences et de l’énergie, ainsi que sur celui de divers autres intrants faisant ou non l’objet d’échanges internationaux. En outre, les coûts des engrais sont explicitement pris en compte dans les équations de rendement et d’affectation des terres du modèle Aglink-Cosimo. Les coûts de l’énergie sont représentés par le cours international du brut exprimé en monnaie nationale, eux sont également liés aux prix des cultures.
L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale de pétrole, de charbon et de gaz doit avoir atteint son point culminant en 2023, compte tenu de la montée en puissance des technologies énergétiques propres qui est susceptible de peser sur les prix mondiaux de l’énergie. Les prix des engrais sont eux aussi en repli depuis leurs plus hauts de 2022, grâce au tassement des prix de l’énergie et à un marché devenu plus accessible. Les projections présentées dans le rapport ont donc été établies en prenant pour hypothèse que les prix du pétrole se maintiendront à leur niveau en termes réels.
1.3.4. Les mesures en vigueur demeurent inchangées
L’action publique tenant un rôle important sur les marchés agricoles, ceux des biocarburants et ceux des produits halieutiques et aquacoles, les réformes dont elle fait l’objet y entraînent généralement des modifications d’ordre structurel. Les Perspectives reposent sur l’hypothèse que les dispositions en vigueur continueront de s’appliquer et qu’aucune nouvelle mesure ne sera promulguée. Seuls les accords de libre-échange ratifiés avant la fin du mois de décembre 2023 sont pris en compte dans la publication. On dispose ainsi d’une base de référence exploitable qui permet d’apprécier et d’analyser les changements à venir dans l’action des pouvoirs publics.
1.3.5. De nombreuses incertitudes entourent les projections établies
Les projections des marchés des produits agricoles établies dans le présent rapport s’accompagnent de diverses incertitudes, d’ordre environnemental, social, géopolitique et économique, susceptibles de faire diverger les variables économiques des hypothèses exposées plus haut. L’une des principales sources d’incertitude a trait à la survenance possible d’événements météorologiques anormaux au cours des dix prochaines années. En 2023, la Terre a enregistré des températures plus élevées que jamais à la surface du sol comme à celle de la mer. Le changement climatique continue de tirer vers le haut les températures mondiales, en même temps qu’il accroît le risque de voir se produire des phénomènes extrêmes (sécheresses, ouragans, typhons et inondations, par exemple), susceptibles d’avoir des répercussions d’envergure mondiale sur la production agricole et sur la structure des échanges. L’Encadré 1.3, à la section 1.7, offre la synthèse d’une analyse de scénarios publiée récemment au sujet du rôle de ces derniers dans l’atténuation des effets de ces phénomènes extrêmes. Le durcissement de la réglementation nationale, dans une logique de réduction de l’empreinte environnementale du secteur et de promotion de la durabilité, pourrait lui aussi peser sur les perspectives de production au cours de la prochaine décennie.
Du côté de la demande, des changements inopinés des préférences et du comportement des consommateurs pourraient modifier les projections, dans la mesure où les Perspectives sont établies selon l’idée que ces préférences continueront d’évoluer sur la même lancée qu’aujourd’hui au cours des dix années à venir. Le souci grandissant de l’environnement, de la santé humaine et du bien-être animal pourrait influencer ce comportement bien au-delà des tendances escomptées, suscitant un surcroît d’engouement pour les produits alimentaires jugés bons pour la santé ou pour l’environnement, comme la volaille, le poisson, les fruits et légumes, les fruits à coque et les graines, mais aussi les substituts de produits laitiers et de viande. À l’inverse, les consommateurs pourraient se détourner de plus en plus des produits à forte empreinte environnementale ou potentiellement nocifs pour la santé, ainsi le sucre, l’huile de palme et la viande bovine, en particulier dans les économies à revenu élevé et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.
Quant aux échanges, les difficultés rencontrées aujourd’hui dans le franchissement des principaux points de passage maritimes, en particulier le canal de Suez, le canal de Panama et la mer Noire, ou celles qui sont éventuellement à venir, peuvent constituer autant de problèmes complexes pour la libre circulation des produits agricoles. L’impossibilité d’emprunter ces points de passage critiques, qu’elle résulte de tensions géopolitiques, de l’évolution du climat, de phénomènes météorologiques ou d’obstacles logistiques, peut avoir de graves répercussions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, en raison des retards occasionnés et du renchérissement des coûts de transport, et partant sur le prix et la disponibilité des produits agricoles. À titre d’exemple, s’il est sans doute trop tôt encore pour apprécier toutes les conséquences que la crise qui secoue le Moyen-Orient entraîne sur les marchés agricoles, le déroutement des pétroliers de la zone du canal de Suez pourrait faire bondir les prix de l’énergie et du transport, et rappeler les difficultés éprouvées au sortir de la pandémie de COVID-19.
Enfin, les maladies végétales et animales sont une cause majeure d’incertitude pour l’avenir de l’agriculture mondiale. Leurs conséquences économiques et sociales, pour les producteurs et pour les consommateurs, sont loin d’être négligeables et mettent souvent des années à se résorber. D’où l’importance d’une collaboration dans le domaine de la biosécurité afin de mieux leur faire face, eu égard notamment aux risques qui pèsent sur les exportations et importations.
1.4. Consommation : projections d’évolution pour 2024-2033
Copier le lien de 1.4. Consommation : projections d’évolution pour 2024-20331.4.1. Les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire soutiennent la hausse de la consommation de produits agricoles
La demande de produits agricoles est influencée par une série de facteurs – comme le revenu réel disponible, la situation démographique, les prévisions de prix, les préférences des consommateurs et les politiques publiques – qui déterminent la quantité de produits agricoles utilisés pour l’alimentation humaine et animale, pour la production de carburants et en tant que matières premières pour d’autres usages industriels. Au cours de la prochaine décennie, la consommation totale devrait s’accroître de 1.1 % par an, pour s’élever à 20.6 millions de téracalories en 2033. On estime que près de 94 % de cet accroissement sera attribuable aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, du fait de leurs caractéristiques économiques et démographiques et des préférences de la population (Graphique 1.7). L’Asie du Sud et du Sud-Est devrait représenter quelque 40 % de l’augmentation de la consommation mondiale, dont la moitié en Inde. Dans ces régions, où les habitudes alimentaires évoluent, la croissance démographique et la hausse des revenus influent sur la demande de produits agricoles.
Un changement majeur dans les présentes Perspectives est l’affaiblissement du rôle joué par la Chine, mais le renforcement de celui de l’Inde et des pays d’Asie du Sud-Est. Alors que la Chine contribuait pour 28 % à la progression de la consommation mondiale lors de la précédente décennie, sa part devrait chuter à 12 % au cours des dix prochaines années, non seulement à cause du recul démographique et du ralentissement de la hausse des revenus, mais aussi en raison de la stabilisation des habitudes alimentaires. Cette situation contraste avec les changements rapides de ces habitudes au cours des dix années écoulées, lorsque le pays connaissait une importante croissance économique. L’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est devraient représenter 31 % de la hausse de la consommation mondiale d’ici 2033, du fait de l’augmentation de leur population urbaine et de leurs niveaux de vie. En comparaison d’autres régions à faible revenu, l’Afrique subsaharienne contribuera pour une part non négligeable (18 %) à l’augmentation de la consommation mondiale, principalement en raison de la demande d’alimentation humaine poussée par la croissance démographique. La région Amérique latine et Caraïbes, importante productrice de viande et de biocarburants, devrait également contribuer pour une part importante à l’accroissement de la demande, principalement de matières premières destinées à des usages non alimentaires.
De manière générale, l’alimentation humaine reste l’usage prédominant, avec 42 % de la consommation totale. L’alimentation animale, qui s’est considérablement développée au cours des précédentes décennies en raison de la diversification – sous l’impulsion des revenus – des régimes alimentaires des animaux, puis de l’expansion et de l’intensification de la production animale, représente un tiers de la consommation. La production de biocarburants, en grande partie stimulée par les politiques publiques, contribue quant à elle à 7 % de la consommation totale. Les 17 % restants sont soit perdus le long de la chaîne d’approvisionnement, soit utilisés comme matières premières dans d’autres secteurs industriels.
Pendant la période de projection, la consommation en alimentation humaine devrait représenter 46 % de la hausse de la demande mondiale de produits agricoles, en grande partie en raison de la croissance démographique en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud‑Est et en Inde, où l’urbanisation progresse rapidement elle aussi. L’alimentation animale comptera pour près d’un tiers de la consommation supplémentaire, sous l’effet du développement escompté du secteur de l’élevage. Si la consommation humaine devrait progresser plus rapidement que la consommation animale au niveau mondial, ce tableau d’ensemble masque néanmoins des différences importantes entre les pays. Dans les économies à revenu élevé et à revenu intermédiaire, en effet, la consommation animale de produits végétaux progressera sans doute davantage, car l’on s’attend à ce que la demande accrue de protéines animales entraîne avec elle la demande d’aliments pour animaux afin de soutenir la production. Cette tendance est particulièrement prononcée dans les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, d’où proviendra plus de la moitié de la demande supplémentaire d’aliments pour animaux. Du côté des pays à faible revenu, en revanche, la consommation en alimentation humaine devrait augmenter plus fortement que la consommation en alimentation animale, car la croissance démographique entraînera une demande accrue d’aliments de base. La consommation de biocarburants devrait, elle aussi, progresser à l’échelle mondiale, pour atteindre 0.5 % de la consommation totale de produits agricoles en 2033.
1.4.2. L’apport calorique est en hausse, mais la diversification alimentaire reste faible
L’apport calorique par jour et par habitant (consommation nette hors gaspillages des ménages) devrait s’accroître dans les économies émergentes et en développement, avec à leur tête les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, suivis par ceux de la tranche supérieure (Graphique 1.8). En particulier, la hausse du revenu par habitant en Inde et dans d’autres pays émergents d’Asie contribuera à l’augmentation de la consommation de toutes les catégories de produits alimentaires. Dans les pays à faible revenu, qui connaîtront pourtant une croissance relativement forte du PIB, les gains par habitant seront minimes du fait de la croissance démographique, et la progression de l’apport alimentaire y sera donc faible par rapport aux pays à revenu intermédiaire. Dans les économies à revenu élevé, l’apport en calories n’augmentera que très peu, car les habitudes alimentaires se sont stabilisées.
La consommation par habitant d’aliments de base, qui sont les principales sources de calories, devrait augmenter de 5.3 % à l’échelle mondiale, l’essentiel de cette hausse ayant lieu dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, car la consommation dans les pays à revenu élevé s’est stabilisée. Malgré un changement dans la composition de la ration alimentaire – les aliments de base étant remplacés par d’autres de plus grande valeur –, la transition reste lente, car les paniers de produits n’évoluent que progressivement à l’échelle mondiale en raison des contraintes de revenu et des préférences culturelles. D’ici 2033, l’apport calorique provenant des produits animaux très nutritifs, des fruits et des légumes ne devrait progresser que d’un peu plus de 1 % dans les pays à revenu intermédiaire. Les habitudes alimentaires sont encore plus rigides dans les pays à faible revenu, où la proportion de calories fournies par des aliments d’origine animale demeure inchangée et où la majorité de l’apport calorique (71 %) continue de provenir des aliments de base. Cette lente transition vers des aliments plus nutritifs (notamment d’origine animale) dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire illustre la difficulté à atteindre l’objectif de développement durable (ODD) qu’est l’amélioration de la nutrition pour les populations du monde entier d’ici 2030. Toutefois, malgré l’évolution limitée des habitudes alimentaires, les Perspectives prévoient un accroissement de la consommation de produits alimentaires de grande valeur à la fois dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu intermédiaire, en adéquation avec la croissance économique.
Au niveau mondial, la consommation d’édulcorants et de matières grasses par habitant devrait augmenter de 18.1 kcal/jour et 7.2 kcal/jour, respectivement. Une forte hausse est attendue en Inde, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine pour ce qui est des matières grasses, ainsi qu’en Asie du Sud-Est s’agissant du sucre, sous l’influence de l’augmentation du revenu par habitant. Dans les économies à revenu élevé, la consommation d’édulcorants et de matières grasses par habitant devrait encore diminuer au cours de la prochaine décennie en raison des préoccupations croissantes en matière de santé et des mesures gouvernementales visant à décourager les excès. La baisse de la consommation des aliments précités est contrebalancée par l’augmentation de celle de viande de volaille, de poisson, de fruits et de légumes, qui sont considérés comme préférables du point de vue sanitaire.
Le rapport État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde de la FAO compile des statistiques sur la prévalence de la sous-alimentation dans le monde. Celle-ci y est définie comme le pourcentage de personnes dont la consommation alimentaire quotidienne est inférieure aux besoins énergétiques alimentaires minimaux (MDER). Selon la FAO (2023), quelque 735 millions de personnes – soit 9.2 % de la population mondiale – ont connu la faim en 2022. Toutefois, comme le montre le Graphique 1.8, la moyenne de l’apport calorique par jour et par habitant pendant la période de référence (2021-23) dépasse les MDER de 2022 dans tous les groupes de pays. Cela signifie que, même s’il y a assez de nourriture pour satisfaire les besoins énergétiques, c’est la répartition inégale des calories au sein des pays et entre eux qui est la principale raison de la prévalence de la sous-alimentation. On voit donc l’importance, pour lutter contre ce phénomène, des politiques socioéconomiques comme les filets de sécurité sociale et les programmes de distribution alimentaire.
1.4.3. La consommation de protéines provenant de diverses sources est attendue à la hausse
Compte tenu de la hausse du revenu des consommateurs dans les économies émergentes, la consommation globale de protéines est attendue à la hausse, de 76.6 g par jour et par habitant pendant la période de référence à 79.8 g en 2033. Alors que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure devraient combler leur décalage par rapport aux pays à revenu élevé avant la fin de la décennie, l’écart entre les pays pauvres et ceux à revenu élevé se maintiendra entre 50 % et 70 %, soit une légère amélioration par rapport à la période de référence.
Les différences dans la composition des sources de protéines persisteront également, les pays d’Afrique subsaharienne et de la région Proche-Orient et Afrique du Nord consommant majoritairement des protéines d’origine végétale en raison du niveau sensiblement inférieur du revenu moyen des ménages (Graphique 1.9). En Asie du Sud, les produits laitiers frais demeurent une source majeure de protéines. En Inde et au Pakistan, la consommation moyenne de protéines issues des produits laitiers devrait s’accroître de plus de 2 g par jour et par habitant, ce qui portera la part de ces produits dans l’apport protéique total à 17.6 % et 28.3 %, respectivement.
Dans les pays à revenu élevé d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie centrale, les habitudes alimentaires se sont stabilisées, et les aliments d’origine animale représentent l’essentiel des apports protéiques. Toutefois, malgré la stabilité générale des habitudes de consommation dans ces régions, les préoccupations environnementales et sanitaires croissantes devraient éloigner les consommateurs de la viande rouge et transformée, notamment la viande bovine, et favoriser des produits plus maigres et présentés comme plus respectueux de l’environnement, ainsi la volaille, le poisson et les protéines d’origine végétale. La tendance à la substitution de ces types de viande est déjà visible dans un grand nombre de pays industrialisés où la consommation de volaille par habitant a sensiblement augmenté au détriment de celle de viande bovine. La sensibilisation accrue aux questions de santé dans les économies industrialisées devrait en outre conduire à une plus forte demande d’autres produits de grande valeur, comme les fruits, les légumes, les noix et les graines.
1.4.4. La part de l’alimentation dans les dépenses totales des ménages continue de diminuer, mais reste élevée dans les pays les plus pauvres
La part du revenu disponible des ménages consacrée à l’alimentation devrait continuer à diminuer dans toutes les régions (Graphique 1.10). Bien que la baisse la plus forte soit attendue dans les pays à faible revenu, la part des dépenses d’alimentation y restera élevée, signe d’une plus grande vulnérabilité à l’égard des chocs sur les prix des produits agricoles dans les pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire. Le fait que l’alimentation occupe une place importante dans les dépenses totales a également des effets négatifs sur les performances macroéconomiques des pays à faible revenu. Pour les pays qui sont importateurs nets de produits agricoles, comme ceux d’Afrique subsaharienne, le niveau élevé et les fluctuations des prix mondiaux ont un impact sur les dépenses d’importation, ce qui exacerbe les déséquilibres de la balance des paiements et ajoute aux pressions inflationnistes.
1.4.5. L’augmentation de la consommation d’aliments pour animaux est due à l’expansion des cheptels et à l’intensification croissante des systèmes de production dans les domaines de l’élevage et de l’aquaculture
Au cours de la période de projection, les effectifs de bétail devraient s’accroître de 10 % au niveau mondial tandis que la production exprimée en valeur protéique progressera de 14 %, preuve d’une nouvelle intensification des systèmes de production animale et aquacole. L’expansion des cheptels et l’intensification continue des systèmes de production en réponse à la demande – tirée par les revenus – de protéines animales et à la croissance démographique devraient entraîner une hausse de 13 % de la demande mondiale d’aliments pour animaux en équivalent protéines, ce qui témoigne de l’amélioration générale de la génétique animale, de la technologie de l’alimentation animale et de la gestion des cheptels. L’augmentation attendue de la consommation d’aliments pour animaux proviendra en majorité des pays à revenu intermédiaire, où la part de la production assurée par des exploitations commerciales et reposant sur une alimentation intensive des animaux augmente, de même que les cheptels (Graphique 1.11). Dans ces pays, la hausse de la consommation en alimentation animale est égale ou supérieure à celle de la production animale, même si l’on ne tient pas compte de la part de la production assurée en utilisant des aliments non concentrés, comme les pâturages, le foin, la paille et les déchets, qui ne sont pas inclus dans les projections de la demande d’aliments pour animaux. L’intensification de l’alimentation animale devrait avoir lieu plus particulièrement en Asie du Sud-Est, où la hausse de la production de viande porcine et de volaille entraînera une demande accrue de tourteaux protéiques et de céréales, pour la plupart importés.
Cela dit, malgré les projections d’augmentation de la consommation animale à l’horizon 2033, le rythme devrait sensiblement ralentir par rapport à la précédente décennie. S’agissant des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, la hausse de la demande d’aliments pour animaux, en Chine en particulier, devrait considérablement s’atténuer sous l’effet de l’amélioration de l’efficacité alimentaire et des actions engagées pour abaisser la part des tourteaux protéiques dans les rations alimentaires animales, d’une lente reprise économique, du recul démographique et des habitudes alimentaires relativement stables. Dans les économies à revenu élevé, l’efficacité accrue de la production va se traduire par une réduction des cheptels, et donc par une faible augmentation de la consommation animale de tourteaux protéiques et de céréales.
1.4.6. Les économies émergentes sont les principaux responsables de la hausse de l’utilisation des produits agricoles de base comme matières premières dans la production de biocarburants
Les biocarburants sont des carburants liquides produits à partir de la biomasse et généralement mélangés à des carburants fossiles pour réduire les émissions de GES et accroître la sécurité énergétique. Leur production crée une demande supplémentaire de produits agricoles. Le maïs et le sucre représentent les matières premières majoritaires de l’éthanol, tandis que la production de biodiesel repose surtout sur les huiles végétales et les huiles de cuisson usagées. La part des biocarburants dans la consommation annuelle d’énergie au niveau mondial est de 6.9 % et pourrait atteindre 7.3 % d’ici la fin de la décennie.
La consommation mondiale de biocarburants devrait s’accroître sous l’effet de la demande de carburants et des mesures de politique publique. Au cours des dix ans à venir, une part importante de la hausse de la production de biocarburants sera assurée par les économies émergentes – en particulier le Brésil, l’Indonésie et l’Inde –, où la demande de carburants augmente et où des mesures sont prises par les pouvoirs publics pour encourager la production et la consommation de biocarburants. La canne à sucre servant à produire l’éthanol devrait représenter une grande part de la hausse de la production dans ces pays (Graphique 1.12).
Aux États-Unis et dans l’Union européenne, où la consommation de biocarburants est élevée, l’utilisation accrue de ces carburants pour les transports terrestres sera freinée par des facteurs comme l’adoption croissante des véhicules électriques, l’optimisation de la consommation des véhicules, ainsi que les mesures de politique publique en faveur de matières premières durables qui ne concurrencent pas directement les cultures vivrières et fourragères.
1.5. Production : projections d’évolution pour 2024-2033
Copier le lien de 1.5. Production : projections d’évolution pour 2024-20331.5.1. La croissance de la production s’explique toujours principalement par la hausse des rendements dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire
Au cours des dix prochaines années, la valeur de la production agricole mondiale devrait s’accroître de 1.1 % par an (en prix constants). Cette progression devrait être due à la hausse de la production animale, estimée à 1.3 % par an sous l’effet de l’augmentation attendue du produit des ventes de la production. La production halieutique et aquacole augmentera de 1.1 % par an, et la production végétale de 1.0 %.
Les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire devraient rester les principaux moteurs du développement de l’agriculture au niveau mondial (Graphique 1.13), leur contribution à la production s’élevant à presque 80 % d’ici la fin de la période de projection. La Chine devrait enregistrer une baisse de sa contribution à la production végétale et animale, mais une augmentation de sa part de la production halieutique et aquacole. L’Inde, en revanche, contribuera davantage à la production animale et végétale.
L’Afrique subsaharienne et la région Proche-Orient et Afrique du Nord devraient enregistrer une forte hausse de la production, quoique celle-ci parte d’un niveau peu élevé. Bien que la production végétale soit aujourd’hui dominante dans ces régions, c’est dans les secteurs de la production animale de grande valeur que la croissance sera la plus importante. À titre d’exemple, la production laitière représentera une grande partie de l’accroissement de la production animale en Afrique subsaharienne, tandis que le secteur de la viande de volaille devrait être le principal moteur de la croissance au Proche-Orient et en Afrique du Nord.
Dans les autres régions, la hausse de la production sera plus modérée. C’est en Europe et en Asie centrale qu’elle sera la plus faible. Une croissance limitée est également attendue en Amérique du Nord ainsi que dans la région Amérique latine et Caraïbes, où l’augmentation de la production végétale dépassera celle de la production animale. La croissance proviendra essentiellement des gains de productivité, car la baisse de l’utilisation des terres agricoles engagée de longue date devrait se poursuivre, mais des réglementations plus strictes en faveur de la durabilité environnementale et du bien-être animal exerceront une pression contraire sur l’amélioration des rendements.
En supposant une poursuite de la transition vers des systèmes de production plus intensifs, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, la hausse de la production végétale mondiale devrait provenir à 80 % de l’amélioration des rendements. Ce facteur expliquera également une bonne partie de l’augmentation de la production animale et halieutique/aquacole, même si l’expansion des cheptels sera un autre facteur de croissance de la production dans le secteur de l’élevage. Selon les prévisions, la production n’augmentera cependant pas au même rythme que pendant la précédente décennie. Ce tassement peut s’expliquer par des incitations plus restreintes, avec une hausse plus faible de la demande et des progrès plus limités du côté de l’efficacité de la production.
Dans la région Asie et Pacifique, aux ressources supplémentaires limitées, la hausse de la production devrait provenir majoritairement de l’amélioration des rendements des cultures. En Afrique subsaharienne, l’accroissement de la production végétale sera favorisé à la fois par l’extension des surfaces et par l’augmentation des rendements, cette dernière provenant majoritairement de la disponibilité de variétés végétales améliorées ainsi que d’une meilleure gestion des exploitations. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, la croissance robuste de la production végétale, due à la fois à son expansion et à son intensification, sera favorisée par l’augmentation des rendements à la faveur de la progression, sans doute rapide, de l’utilisation d’engrais. Dans les économies développées, la hausse de la production devrait s’expliquer principalement par les gains de productivité, étant donné la baisse continue de l’utilisation des terres agricoles. Cependant, les réglementations – déjà strictes – relatives à la durabilité environnementale et au bien-être animal pourraient atténuer l’amélioration des rendements si elles venaient à être encore renforcées.
1.5.2. L’amélioration des rendements soutient la croissance de la production, mais une intensification durable est possible
Malgré la hausse des rendements moyens à l’échelle mondiale – et leur forte progression dans les régions à faible revenu et à revenu intermédiaire –, les grandes disparités entre les régions à haut et à faible rendement devraient persister pour différents produits. Le Graphique 1.14 représente les importantes variations de rendements qui existent entre les régions pour une sélection de produits végétaux. Le maïs, les racines et les tubercules sont les produits qui affichent les plus grands écarts du fait du potentiel de rendement très large qu’ils présentent. Comme le montre le graphique, les différences ne devraient pas beaucoup varier au cours de la prochaine décennie.
À moins que l’évolution de la composition des produits n’influe sur la progression des rendements, les plus fortes hausses – en valeur absolue et relative – des rendements moyens à l’échelle mondiale devraient concerner les racines et les tubercules, principalement dans la région Asie du Sud et du Sud-Est. L’écart des rendements du soja est déjà relativement large entre les différentes régions, ce qui laisse à penser que l’essentiel de la production est assuré par des producteurs utilisant des techniques avancées. S’agissant en revanche des autres oléagineux, l’écart et l’augmentation des rendements moyens sont faibles, en grande partie à cause du problème du vieillissement des plantations de palmiers à huile en Indonésie. En Afrique subsaharienne, des pourcentages de progression importants sont attendus pour ce qui concerne les céréales, les racines et les tubercules, bien que partant d’un niveau très bas. Si les écarts des rendements mondiaux devraient se réduire pour certaines céréales comme le blé (-7 %), le maïs (-1 %) et le riz (-2 %), ils vont en revanche s’accroître pour les autres céréales secondaires (7 %), le soja (2 %), les autres oléagineux (7 %), les légumineuses (6 %), ainsi que les racines et les tubercules (7 %).
L’analyse de l’application d’engrais par hectare de culture par rapport à la production à l’hectare peut permettre d’expliquer les variations observées des rendements d’une région à l’autre. Cela dit, il est important de noter que d’autres facteurs que les engrais – notamment les méthodes de gestion des exploitations, les conditions climatiques et les ressources naturelles – influent également sur les rendements. Dans l’Union européenne et aux États-Unis, où les rendements agricoles sont déjà élevés, l’évolution future des pratiques de production sera peut-être limitée par rapport à d’autres pays, mais l’évolution des rendements devrait quand même être plus rapide que celle de l’épandage d’engrais. En Afrique subsaharienne, on estime que l’application d’engrais azotés et les rendements vont fortement augmenter, bien que partant d’un niveau peu élevé.
Pour satisfaire la demande future de produits destinés à l’alimentation humaine sans étendre la superficie des terres agricoles, donc en évitant les émissions de GES liées au défrichage, il conviendra d’accroître les rendements sur les terres agricoles actuellement cultivées en intensifiant de façon durable les systèmes de production. L’Encadré 1.1 décrit les facteurs limitant à ce jour les rendements agricoles, ainsi que les actions requises pour parvenir à des améliorations en Afrique subsaharienne.
Encadré 1.1. L’intensification durable de l’agriculture en Afrique subsaharienne
Copier le lien de Encadré 1.1. L’intensification durable de l’agriculture en Afrique subsaharienneL’Afrique subsaharienne est devenue la région du monde où l’insécurité alimentaire est la plus importante, et qui dépend de plus en plus des importations pour nourrir une population croissante. Les risques inhérents à cette situation sont devenus manifestes depuis le début de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, les prix des engrais et des produits alimentaires ayant augmenté de façon spectaculaire. Les participants à l’édition 2023 du Sommet africain sur l’alimentation qui a eu lieu au Sénégal se sont accordés à reconnaître que le continent pouvait et devait se nourrir lui-même. L’Afrique subsaharienne est touchée par l’insécurité alimentaire en raison du développement limité de son agriculture ainsi que d’un potentiel de production naturelle de végétaux généralement faible, qui est de plus en plus aggravé par le changement climatique. Le rendement moyen des cultures n’y dépasse pas 1 250 kg/ha d’équivalents céréales, contre une moyenne mondiale de 4 100 kg/ha. Or, les rendements potentiels dans la région sont deux à six fois supérieurs, selon la zone et les cultures concernées.
L’intensification durable : la voie à suivre pour l’avenir ?
Des mesures de politique agricole doivent être prises afin d’encourager les producteurs à investir dans leurs terres existantes plutôt que de défricher des forêts et de nettoyer des terrains de parcours. L’augmentation des rendements pouvant provenir de l’intensification durable peut générer de nombreux bienfaits tels que l’amélioration de la sécurité et la souveraineté alimentaires, le développement économique, l’inversion de la tendance à l’épuisement des sols, ainsi que la réduction des pressions exercées sur les terres, la nature et le climat. Le fait d’accompagner les pays africains dans un processus d’intensification agricole entraînant un développement socioéconomique peut aussi être une manière rentable de réduire l’émigration illégale à destination de l’Europe en s’attaquant à deux de ses principales causes : la pauvreté et les conflits. Pour assurer l’intensification durable de l’agriculture, plusieurs critères essentiels doivent être satisfaits.
Accroître le volume et la qualité de la production alimentaire, à la fois pour la consommation humaine et pour la consommation animale
En Afrique, la production végétale pâtit beaucoup plus de la pauvreté des sols que du manque de précipitations, raison pour laquelle l’utilisation accrue d’engrais est nettement plus efficace et économique que l’irrigation en tant que première étape de l’intensification agricole (Plant Production Systems, 2019[1]). Les engrais doivent faire partie d’une gestion intégrée de la fertilité des sols et être associés à des opérations d’amendement (par exemple avec des matières organiques ou de la chaux) afin d’améliorer et de préserver la bonne santé des terres, à des semences améliorées et à des produits phytosanitaires. Bien que le taux d'application du fumier soit plus élevé dans la région que celui des engrais synthétiques, la qualité du fumier est généralement médiocre en raison de la mauvaise alimentation des animaux et de l'inefficacité de la collecte, de la manipulation et du stockage. Concernant les engrais synthétiques, 20 kg/ha d’engrais en moyenne sont actuellement utilisés, soit nettement moins que la moyenne mondiale de 140 kg/ha. Dans les pays utilisant moins de 20 kg/ha, la production annuelle par habitant est de 250 kg d’équivalents céréales, soit juste assez pour couvrir les besoins énergétiques ; dans les pays dépassant les 20 kg/ha, la production est de 400 kg/habitant. Les raisons pour lesquelles les engrais sont insuffisamment utilisés ne sont pas simplement les prix élevés et l’expérience limitée des producteurs, mais aussi le manque de semences améliorées et de produits phytosanitaires, ainsi que le faible niveau des prix des produits végétaux à la sortie de l’exploitation. Outre des services de vulgarisation de qualité, il faut aussi des marchés efficaces et transparents pour les intrants et la production, pour accroître la disponibilité, l'accessibilité financière et l'application des engrais. Un cinquième des pays ont bien progressé dans ce sens et peuvent servir d’exemples.
Promouvoir la production animale
De vastes zones d’Afrique subsaharienne – principalement celles situées à la lisière des déserts et les zones montagneuses où les précipitations et les températures limitent les rendements des cultures – sont idéales pour l’élevage de ruminants. Au Sahel, le système nomade traditionnel a même permis de produire jusqu’à huit fois plus de protéines au kilomètre carré que l’élevage extensif pratiqué dans des conditions similaires aux États-Unis et en Australie (Breman and de Wit, 1983[2]). Le problème est que l’élevage nomade de ruminants perd aujourd’hui de plus en plus de surfaces de pâturage au profit des cultures, rendues nécessaires par la croissance démographique. De plus, ceux qui exploitent des terres cultivables conservent de plus en plus du bétail pour se constituer un capital ainsi que pour disposer d’effluents d’élevage et d’une traction animale, plutôt que pour produire le plus possible de protéines animales. Comme indiqué plus haut, l’amélioration de la production alimentaire destinée à la consommation humaine va de pair avec l’augmentation de la disponibilité et de la qualité des aliments pour animaux. Dans la mesure où les intrants extérieurs qui sont requis présentent généralement un meilleur ratio coûts-avantages dans le secteur de la culture que dans celui de l’élevage, l’une des pistes pour améliorer la productivité de l’élevage est d’utiliser des systèmes de production mixtes, où l'utilisation d'engrais augmente la qualité des aliments pour animaux produits dans l'exploitation. En outre l'élevage en ranch est possible dans les régions d'élevage typiques telles que le Sahel, où la détérioration des régimes alimentaires des animaux due à la perte de mobilité pastorale peut être améliorée par l'utilisation de concentrés alimentaires produits dans les régions arables avoisinantes. De cette manière, la concurrence actuelle pour les terres – qui est la principale cause des différends entre ceux qui pratiquent l’élevage et ceux qui produisent des végétaux – peut se transformer en collaboration.
Investir dans l’infrastructure pour favoriser la croissance
En Afrique subsaharienne, les réseaux ferroviaire et routier ainsi que l’infrastructure de stockage ont longtemps été insuffisamment développés en raison de la faible densité de population et de l’absence d’investissement de la part des secteurs public et privé. Cela a freiné le développement de la région, non seulement dans le domaine agricole, mais aussi, plus généralement, sur le plan socioéconomique. Une mesure clé pouvant être prise par les pouvoirs publics est donc d’améliorer les transports et l’infrastructure, d’investir dans des installations de stockage, comme des réfrigérateurs, pour réduire les pertes alimentaires souvent importantes, ainsi que de développer les marchés des intrants et des produits agricoles, dont les chaînes de valeur. Pour les producteurs, cela représente une incitation majeure à accroître leur production. Après tout, la meilleure incitation à l’augmentation de la productivité est le marché.
Harmoniser les règles du jeu
La compétitivité de l’agriculture en Afrique subsaharienne étant faible, les pays devraient être autorisés à imposer, à titre temporaire, des mesures aux frontières (droits de douane ou quotas) sur les aliments de base, tout en bénéficiant d’un soutien dans leur processus d’intensification. Des mesures de ce type sont nécessaires jusqu’à ce que l’industrie agroalimentaire de la région, qui est encore largement balbutiante, ait atteint un niveau de maturité et puisse affronter la concurrence sur le marché mondial. Cela permet en outre d’harmoniser les règles du jeu de l’agriculture mondiale, étant donné les subventions que continuent de recevoir les producteurs en Amérique du Nord, en Europe et dans de nombreux pays d’Asie.
Note: Cet encadré est un résumé d'une série d'articles publiés par Wouter Van der Weijden et Henk Breman sur https://agrifoodnetworks.org/.
1.5.3. Seuls des changements mineurs sont attendus en ce qui concerne les terres utilisées pour l’agriculture
L’agriculture utilise 38 % de la superficie terrestre mondiale, un tiers étant consacré aux cultures et le reste aux pâturages. La transformation des écosystèmes naturels en terres agricoles a de tout temps constitué la principale source d’émissions indirectes de GES de l’agriculture. Bien que la mesure des effets de la réaffectation des terres en termes d’émissions indirectes de GES ne soit pas incluse dans les Perspectives, la projection des changements qui s’en suivront sur les rendements et les ressources est importante pour comprendre les évolutions futures sur les marchés agricoles. Au cours de la prochaine décennie, la superficie globale des terres agricoles ne devrait pas augmenter, car l’extension éventuelle des surfaces cultivées sera contrebalancée par la diminution des surfaces de pâturages (Graphique 1.15). L’extension des terres cultivées devrait représenter 15 % de la croissance escomptée de la production végétale.
Cette expansion aura lieu principalement dans les régions d’Asie et Pacifique (+15 Mha), d’Amérique latine (+7 Mha) et d’Afrique subsaharienne (+18 Mha). Dans la région Asie et Pacifique, les pâturages seront vraisemblablement convertis en surfaces cultivées, alors qu’en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, ce sont principalement des terres non agricoles qui seront mises en exploitation. Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, en revanche, l’expansion des terres cultivées sera limitée par les conditions naturelles, les faibles précipitations faisant obstacle à l’agriculture pluviale et les coûts de l’irrigation s’avérant prohibitifs dans une majeure partie de la région. À l’inverse, en Amérique du Nord et en Europe occidentale, les terres cultivées devraient diminuer, car les réglementations relatives à la durabilité environnementale limitent de façon stricte toute augmentation de la production végétale ou destruction d’habitats naturels.
D’après les projections, les pâturages perdront globalement 8 Mha dans la région Asie et Pacifique, hors Chine et Inde, du fait de la transition attendue d’une production animale reposant sur le pâturage à des systèmes d’élevage plus intensif de volailles et de porcs. L’élevage de ruminants devrait également évoluer vers des systèmes de production reposant sur une alimentation plus intensive, qui nécessitent moins de pâturages. En revanche, la superficie des pâturages devrait légèrement augmenter en Amérique du Nord, compte tenu de l’expansion attendue du cheptel bovin.
1.5.4. La production animale, en particulier de produits laitiers, connaîtra une forte hausse, tandis que la production halieutique et aquacole progressera plus lentement
La part de la production animale dans la production agricole totale devrait diminuer dans les pays à revenu élevé, mais augmenter dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (Graphique 1.16). La hausse attendue de la production mondiale de viande aura lieu principalement dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire dans tous les secteurs de l’élevage. La production de viande de volaille devrait représenter plus de la moitié de l’augmentation totale des protéines animales produites. Le raccourcissement des cycles de production et l’efficacité accrue de la conversion alimentaire contribueront à une baisse des prix de la volaille par rapport à la viande bovine. La plus forte hausse de la production surviendra dans la région Asie et Pacifique, principalement sous l’effet d’une alimentation animale plus intensive et de progrès des techniques d’élevage.
Dans le secteur de l’élevage, la production laitière devrait rester la filière la plus dynamique, l’Inde et le Pakistan enregistrant la plus forte hausse de la production de lait en valeur absolue. Les causes de cette progression seront variables selon les régions : les pays à revenu élevé vont mettre l’accent sur l’intensification de la production grâce à l’amélioration des rendements, alors que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire – en particulier l’Inde et le Pakistan – vont augmenter le nombre d’animaux de traite.
Ces dernières années, la production halieutique et aquacole mondiale s’est répartie de façon égale entre la pêche de capture et l’aquaculture. Dans les années à venir, la croissance devrait reposer sur une expansion continue, mais plus lente, de la production aquacole tandis que celle de la pêche de capture restera plus ou moins stable. Le ralentissement de l’augmentation de la production aquacole s’explique par le durcissement des réglementations environnementales en Chine. Bien que les effets négatifs de El Niño sur la pêche de capture devraient être temporaires, l’augmentation des coûts de l’énergie continuera de freiner la croissance du secteur. Parallèlement, les politiques publiques encourageant la pêche durable sont en train d’entraîner une transformation du secteur qui risque de ralentir sa croissance actuelle.
1.5.5. Les émissions mondiales de GES liées à l’agriculture vont perdre en intensité malgré leur hausse dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure
Globalement, l'agriculture, la sylviculture et les autres utilisations des terres (AFOLU en anglais) représentent environ un cinquième (22 %) des émissions anthropiques mondiales de GES. La moitié de ces émissions provient des émissions directes de méthane et d'oxyde nitreux des exploitations agricoles, et l'autre moitié des émissions indirectes de CO2 résultant de l'utilisation des terres, du changement d'affectation des terres et de la foresterie (UTCATF) en raison de l'expansion de l'agriculture. Les Perspectives ne rendent compte que de la composante directe liée à la production agricole.
Les Perspectives estiment les émissions directes de GES de l’agriculture mondiale à l’aide de la base de données de FAOSTAT sur les émissions d’origine agricole et suivent l’approche de niveau 1 proposée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), c’est-à-dire une méthode de base fondée sur les facteurs directs d’émission tels que la taille des cheptels, l’application d’engrais synthétiques par hectare ou les émissions par hectare liées à la culture du riz). Les projections reposent sur l’hypothèse que les mesures de politique publique en vigueur ne subiront aucun changement et que les tendances actuelles en matière de progrès technologiques se poursuivront. Des méthodes plus poussées (tenant compte des pratiques de gestion ou des changements dans l’utilisation des terres, par exemple) fourniraient des estimations plus précises, mais elles ne rentrent pas dans le cadre des Perspectives.
Cette réserve mise à part, la croissance de la production agricole devrait entraîner une hausse de 5 % des émissions directes de GES au cours de la prochaine décennie. La production animale, dont l’élevage de ruminants, sera à l’origine de 62 % de cette augmentation (Graphique 1.17). L’utilisation d’engrais de synthèse est une autre source d’émissions directes de GES, principalement du fait de la diffusion d’oxyde d’azote lors du processus de fertilisation. Ces engrais devraient représenter 34 % de la hausse des émissions directes de GES lors des dix ans à venir. Les Perspectives ne tiennent pas compte des émissions provenant de la fabrication des engrais. Si c’était le cas, l’empreinte environnementale serait multipliée par deux par rapport à la période de référence.
La riziculture est une autre source d’émissions directes de GES liées à l’agriculture, les rizières irriguées émettant de grandes quantités de méthane. Cependant, la hausse anticipée de la production de riz s’expliquera principalement par une amélioration des rendements sans évolution des surfaces cultivées, ce qui freinera l’augmentation des émissions de GES.
La majeure partie de la hausse des émissions de GES devrait être imputable aux régions à faible revenu et à revenu intermédiaire, principalement en raison d’une plus forte croissance de l’élevage de ruminants. En dépit des efforts importants déployés dans ces régions pour améliorer la durabilité des systèmes de production, l’intensité des émissions y est en moyenne plus élevée que dans les pays à revenu élevé. D’ici 2033, l’Afrique subsaharienne enregistrera la plus forte progression annuelle des émissions directes de GES (0.9 %), quoique partant d’un niveau peu élevé dans la mesure où la région ne contribue qu’à hauteur de 16 % aux émissions mondiales issues de l’agriculture. Inversement, l’Europe et l’Asie centrale sont les seules régions où les émissions de GES devraient diminuer, en raison de la baisse de la part de l’élevage de ruminants. Cela étant dit, ramenées au nombre d’habitants, les émissions de GES resteront moins importantes dans les pays à faible revenu que dans ceux à revenu élevé.
De manière générale, l’intensité carbone de la production agricole devrait reculer au cours des dix prochaines années, car les émissions directes de GES progresseront plus lentement que la production agricole (Graphique 1.18). Il existe cependant d’importantes différences entre les régions. C’est en Afrique subsaharienne que l’intensité des émissions de GES devrait le plus baisser. La raison à cela est qu’il est généralement plus facile de réduire les émissions dans les systèmes de production qui en génèrent initialement beaucoup que dans les régions où des efforts importants ont déjà été réalisés pour les limiter.
1.5.6. Les effets du changement climatique seront synonymes de nouveaux défis et de nouvelles opportunités pour la production agricole
La production agricole est influencée à la fois par les effets du changement climatique et par les mesures prises pour s’y adapter. Bien que les deux aspects soient pris en compte dans les projections de la production, les liens étroits qui existent entre eux ne permettent pas d’isoler les incidences de l’un et de l’autre à moyen terme. L’Encadré 1.2 décrit dans quelle mesure le modèle Aglink-Cosimo intègre ces effets.
Encadré 1.2. La production agricole est influencée à la fois par les effets du changement climatique et par les mesures prises pour s’y adapter
Copier le lien de Encadré 1.2. La production agricole est influencée à la fois par les effets du changement climatique et par les mesures prises pour s’y adapterDans les Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO, les effets du changement climatique sont implicitement pris en compte dans les projections de la production. Les rendements sont conditionnés par un grand nombre de facteurs interconnectés et interdépendants – comme la météo, les variétés végétales, les techniques de production, les ravageurs et les maladies – qui entraînent de grandes variations dans les rendements observés. Au fil du temps, les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir sur les rendements du fait de la variabilité accrue des températures et des précipitations, des perturbations des services écosystémiques ainsi que de la fréquence et de la gravité croissantes des événements météorologiques extrêmes (sécheresses, inondations, vagues de chaleur et tempêtes). Bien que certaines régions agricoles jouissent de périodes végétatives plus longues, le changement climatique peut rendre un grand nombre d’entre elles impropres à la production.
Les acteurs privés prennent des mesures pour se préparer, faire face et s’adapter aux effets du changement climatique – on appelle cela « l’adaptation autonome ». Les producteurs réagissent généralement par des innovations dans la gestion des opérations au niveau de l’exploitation, par exemple en modifiant les dates de plantation ou le panachage des cultures, en diversifiant les activités agricoles, en mettant en place une action phytosanitaire intégrée ainsi qu’en adoptant des pratiques et des technologies relevant de l’agriculture climato-intelligente. Dans la pratique, de nombreux obstacles limitent la capacité des producteurs à adopter ces types de pratiques, notamment le manque de ressources et d’incitations, et ces obstacles sont particulièrement difficiles à surmonter lorsque les producteurs sont pauvres et vulnérables. Les pouvoirs publics peuvent encourager l’adaptation autonome et l’agriculture climato-intelligente en utilisant les dispositifs de protection sociale tels que les transferts et les programmes de travaux publics1. Les transferts sociaux peuvent atténuer les difficultés financières et amener les bénéficiaires à changer leurs préférences de risques, de façon à augmenter la probabilité qu’ils adoptent des pratiques climato-intelligentes. Les programmes de travaux publics peuvent quant à eux améliorer les capacités d’adaptation, à la fois des bénéficiaires directs et de leurs communautés.
Le modèle Aglink-Cosimo prend pour base la chronologie des faits, raison pour laquelle son point de départ est le monde tel qu’il est aujourd’hui, dans lequel les effets du changement climatique sur les rendements sont déjà apparents. L’adaptation autonome a cependant réduit une part importante de ces effets négatifs. Tous ces facteurs influent sur la production, en particulier sur les projections de rendements, et sont donc pris en compte dans les projections des Perspectives pour les dix prochaines années, en s’appuyant sur la modélisation et les avis d’experts.
Parce que les phénomènes d’apparition lente2 sont atténués par l’adaptation autonome et que les phénomènes extrêmes auront sans doute des effets plus importants sur le long terme, l’horizon de projection sur dix ans des Perspectives ne laisse percevoir que de faibles variations des rendements dues au changement climatique. Par ailleurs, compte tenu des liens étroits entre les effets du changement climatique et l’adaptation autonome, il n’est pas possible, dans les présentes Perspectives, d’isoler leurs influences respectives.
1. Cette situation dépend cependant de facteurs multiples qui sont très spécifiques au contexte.
2. Les phénomènes d’apparition lente évoluent progressivement, que ce soit par des changements graduels survenant sur une longue période ou par l’augmentation de la fréquence ou de l’intensité d’un événement récurrent (UNFCCC, 2011[1]). Les exemples classiques sont la désertification, la montée des eaux et les épidémies.
1.6. Pertes et gaspillages alimentaires : l’impact d’une réduction de 50 %
Copier le lien de 1.6. Pertes et gaspillages alimentaires : l’impact d’une réduction de 50 %1.6.1. La réduction des pertes et gaspillages alimentaires aiderait à mettre en place des systèmes alimentaires durables
Les pertes et gaspillages alimentaires importants qui ont lieu le long des chaînes de valeur mondiales sont largement reconnus. Comme l’indique le rapport phare de la FAO traitant de cette question et utilisant des données de 2007 (FAO, 2011[8]), « près d’un tiers de la partie comestible des aliments destinés à la consommation humaine est soit perdu, soit gaspillé à l’échelle mondiale ». En plus de peser sur l’environnement naturel, cela réduit la disponibilité alimentaire. Il est donc crucial de s’attaquer à ce problème si l’on veut accroître la durabilité environnementale des systèmes d’alimentation mondiaux et améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. Malgré l’absence de cadre harmonisé, les pertes alimentaires sont généralement définies comme l’ensemble des pertes survenant le long de la chaîne de valeur, depuis les étapes suivant la récolte, l’abattage ou la capture, jusqu’à la commercialisation. Les gaspillages alimentaires surviennent au moment de la vente au détail et de la consommation finale.
Dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies, les pays prennent l’engagement, via l’ODD 12, d’établir des modes de consommation et de production durables. La cible 12.3 préconise, d’ici à 2030, de réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant, au niveau de la distribution comme de la consommation, et de diminuer les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte. Or, les efforts déployés par les pouvoirs publics pour relever ce défi sont entravés par l’absence de données fiables sur l’ampleur et la répartition des pertes et gaspillages alimentaires au sein des chaînes de valeur, les différences entre les pays et les produits les plus touchés.
Pour assurer le suivi de la cible 12.3, des estimations des pertes et gaspillages alimentaires ont été réalisées. Selon les estimations effectuées par la FAO à l’échelle mondiale, quelque 13 % des aliments sont perdus après la récolte et avant d’atteindre les marchés de détail (FAO, 2019[9]) ; selon le PNUE, 19 % de la production alimentaire mondiale sont gaspillés par les ménages, dans le secteur de la restauration et dans celui de la vente au détail (PNUE, 2024[10]). Dans le cadre des efforts continus qui sont engagés pour mieux identifier les impacts autres que la situation des marchés et évaluer les effets des évolutions des marchés sur les systèmes alimentaires, des estimations améliorées de la consommation alimentaire ont été mises au point pour les besoins des Perspectives. Ces estimations consistent à utiliser des méthodes d’analyse qui, partant des aliments disponibles après la récolte, en retirent d’abord les pertes, puis les gaspillages liés à la consommation.
D’après les projections des Perspectives, si les systèmes agroalimentaires mondiaux ne subissent pas de transformation, la cible 12.3 ne sera pas atteinte. En supposant des pourcentages de pertes et de gaspillages alimentaires constants, d’ici 2033, près de 700 Mt d’aliments seront perdues entre les étapes de récolte/d’abattage/de capture et de commercialisation, et 1 140 Mt supplémentaires seront gaspillées par les ménages et lors de la vente au détail. Cela représente une hausse des pertes et gaspillages alimentaires de quelque 230 Mt par rapport à la période de référence (2021-2023).
Au cours de la période précitée, les pertes et gaspillages étaient constitués pour plus de la moitié par des fruits et légumes, en raison de leur nature extrêmement périssable et de leur durée de conservation relativement courte (Graphique 1.19, partie a). Occupant la première place du classement pour ce qui est de la production et la consommation de produits agricoles, les céréales ne représentent pas moins de 23 % du total des pertes et gaspillages. La part – en poids – de la viande et des produits laitiers est faible, ce qui peut s’expliquer par le fait que les ménages ont tendance à moins gaspiller les produits de grande valeur. En revanche, lorsque la part est exprimée en valeur monétaire, ces produits occupent la première place et représentent un tiers des pertes et gaspillages alimentaires.
Sur le plan de la sécurité alimentaire et de la nutrition, la répartition des pertes et des gaspillages alimentaires peut être convertie en calories ou en protéines afin de montrer la quantité d’énergie ou de nutriments des différents produits. Certains produits alimentaires ont une teneur élevée en protéines (les produits d’origine animale), d’autres sont riches en calories (aliments de base, matières grasses et sucre), tandis que d’autres fournissent les vitamines et les minéraux essentiels (fruits et légumes). La partie b du Graphique 1.19 représente la part en calories des principaux produits alimentaires dans le total des pertes et des gaspillages alimentaires au cours de la période de référence. On y voit que, d’ici 2033, quelque 2.8 millions de téracalories seront perdues et gaspillées entre le départ de l’exploitation et l’arrivée dans les commerces de détail et les ménages. Placé en perspective, cela représente plus du double du nombre total de calories actuellement consommées dans les pays à faible revenu en une année. Les céréales, les légumineuses, les racines et les tubercules, qui sont les principales sources de calories pour la plupart des populations les plus pauvres du monde, équivalent à près des deux tiers des pertes et des gaspillages de calories, les céréales en représentant à elles seules 53 %.
Réduire les pertes et les gaspillages alimentaires peut donc être une opportunité pour mettre fin à la distribution inégale des calories au sein des pays et entre eux. En limitant le plus possible les pertes tout le long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, une plus grande quantité d’aliments peut être préservée et distribuée équitablement, en s’assurant qu’une part plus importante des calories disponibles bénéficie à ceux qui en ont besoin. Cela coïncide avec l’ODD préconisant l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition pour la population mondiale à l’horizon 2030.
Plusieurs facteurs sont à l’origine des pertes et des gaspillages alimentaires selon les groupes de revenu. À l’échelon de revenu le plus bas, l’accès limité à la technologie et à l’infrastructure (comme le stockage réfrigéré et des transports efficients) entraîne des défaillances sur la chaîne d’approvisionnement et des gaspillages au sein des ménages. À mesure que le revenu des consommateurs augmente, l’obstacle de la technologie n’en est progressivement plus un et les principales causes des pertes et des gaspillages alimentaires sont des facteurs liés à l’environnement naturel, des normes de commercialisation, des mesures prises sur la sécurité des aliments (par exemple, la gestion des dates de péremption) et les comportements des consommateurs ; dans les économies à revenu élevé, ce dernier aspect reflète le lien entre la surconsommation et les pertes alimentaires.
1.6.2. L’analyse des scénarios montre les conséquences sur les systèmes alimentaires de la division par deux des pertes et des gaspillages alimentaires
Conformément aux engagements pris en 2015 concernant le développement durable, plusieurs initiatives intergouvernementales appellent à l’élaboration et à la mise en œuvre de stratégies nationales pour atteindre la cible n° 3 de l’ODD 12 (12.3). De plus en plus de pays définissent des objectifs nationaux pour réduire les pertes et les gaspillages alimentaires, et mettent en place des politiques publiques pour les atteindre. Un rapport de l’OCDE publié prochainement dresse l’inventaire de ces mesures (OCDE, À paraître[11]). Il indique que presque tous les membres de l’Organisation ont élaboré des stratégies internes, et que tous ont pris des mesures concrètes pour les mettre en œuvre.
S’appuyant sur l’analyse de scénarios, les Perspectives examinent les répercussions que peuvent avoir ces stratégies sur l’offre et la demande mondiales si elles parviennent à diviser par deux les pertes et les gaspillages alimentaires d’ici 2030. Si la cible n° 3 de l’ODD 12 énonce clairement la finalité – réduire de moitié les gaspillages alimentaires à l’horizon 2030 –, elle fournit uniquement des recommandations et ne donne aucun objectif quantitatif. Dans ce scénario stylisé, la réduction de 50 % s’applique uniformément aux pertes et aux gaspillages alimentaires entre la période de référence et 2030. Cet objectif est une limite supérieure extrêmement ambitieuse qui nécessiterait de procéder à des changements profonds, à la fois de la part des consommateurs et des producteurs. Deux hypothèses sont formulées :
Hypothèse n° 1 : la réduction des gaspillages alimentaires se répercute sur la demande d’aliments
Lorsque l’on examine comment les consommateurs pourraient réagir à la réduction des gaspillages alimentaires, il est important de reconnaître que certains ménages pourraient décider d’accroître leur apport en calories plutôt que de diminuer leur demande alimentaire globale. La répartition des préférences des consommateurs joue donc un rôle important. Dans ce scénario, le modèle part de l’hypothèse d’un pourcentage de réduction de la demande plus faible dans les pays pauvres, en se basant sur la prévalence de la sous-alimentation. Cet indicateur correspond à la part de la population dont l’apport alimentaire régulier ne permet pas de répondre aux besoins en énergie pour mener une vie active et en bonne santé. Dans les pays où la prévalence de la sous-alimentation est inférieure au seuil critique de 2.5 % – qui correspond au niveau de la « faim zéro » –, l’hypothèse est que la majorité de la réduction des gaspillages alimentaires se traduira directement par une diminution de la demande d’aliments. En revanche, dans les pays où cette prévalence est supérieure, ce transfert ne sera que partiel.
Hypothèse n° 2 : les coûts sont répercutés sur les prix à la production et à la consommation
Lorsque l’on examine les coûts économiques de la réduction des pertes et des gaspillages alimentaires, il est très important d’avoir conscience que malgré leurs effets néfastes sur les systèmes alimentaires dans leur ensemble, les pertes et les gaspillages sont dus à des décisions individuelles d’optimisation qui ne tiennent pas compte de leurs externalités négatives. Dans le cadre actuel de la production et de la consommation alimentaires, la perception des coûts associés à la perte ou au gaspillage des aliments est faible, voire inexistante. Rares sont les mesures qui permettraient de réduire les pertes et les gaspillages sans générer de coûts le long de la chaîne de valeur et, parmi ces mesures, quasiment aucune ne pourrait aboutir à une baisse de 50 %. Par conséquent, une deuxième hypothèse doit être formulée pour tenir compte du coût de la mise en œuvre des mesures visant à réduire de moitié les pertes et gaspillages alimentaires par rapport aux modes de production et de consommation observés. Les coûts d’une réduction frappent inévitablement à la fois les consommateurs et les producteurs. En l'absence d'informations complètes sur la structure des coûts, il est nécessaire d'adopter des simplifications et de formuler des hypothèses réalisables pour faciliter l'analyse. Dans ce scénario stylisé, les prix à la consommation devraient augmenter dans les mêmes proportions que la réduction de la demande d’aliments prévue dans l’hypothèse n° 1, alors que les prix à la production seront ajustés de la moitié de la réduction des pertes.
Sur la base de ces deux hypothèses, les émissions directes de GES liées à l’agriculture devraient diminuer de 4 % à l’échelle mondiale, en se répartissant de façon relativement homogène entre les pays, quels que soient les niveaux de revenus. Une autre conséquence serait l’augmentation de l’apport calorique moyen par habitant dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (Graphique 1.20).
La réduction des pertes et des gaspillages alimentaires est également un levier important pour faire reculer la sous-alimentation au niveau mondial. Selon FAO (2023[12]), quelque 600 millions de personnes connaîtront la faim en 2030. Les mesures visant à réduire les pertes et gaspillages alimentaires pourraient augmenter de manière significative l'apport alimentaire dans le monde entier, étant donné que davantage de nourriture devient disponible et que les prix baissent, garantissant ainsi un meilleur accès à la nourriture pour les populations à faible revenu. L'analyse du scénario montre que la réduction de moitié des pertes et gaspillages alimentaires pourrait entraîner une augmentation de la consommation alimentaire dans les pays à faible revenu (+10 %), à revenu intermédiaire inférieur (+6 %) et à revenu intermédiaire supérieur (+4 %), ce qui pourrait réduire de 153 millions (-26 %) le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2030. Cette baisse potentielle de la sous-alimentation dans le monde s'inscrit dans le prolongement des améliorations notables observées au cours de la décennie 2004-2014, lorsque la croissance économique, la stabilité politique et les politiques de protection sociale ciblées en Asie et en Amérique latine ont permis de réduire de 30 % le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde.
Si ce scénario montre les bienfaits potentiels à l’égard des consommateurs et de l’environnement, il laisse aussi entrevoir des difficultés pour les producteurs, car la baisse de la production et des prix y afférents aurait un impact important sur leurs moyens de subsistance. Il est également important de noter que l'impact sur les consommateurs et les producteurs est sensible aux hypothèses sous-jacentes.
La mise en œuvre de mesures pour réduire les pertes et les gaspillages alimentaires entraînerait des coûts élevés et exigerait de surmonter un certain nombre d’obstacles. Le comportement des consommateurs joue un rôle important et des facteurs comme le manque d’information sur les impacts du gaspillage alimentaire, les achats excessifs ou le fait de jeter des aliments qui sont encore propres à la consommation à cause des dates limites inscrites sur l’emballage contribuent aux gaspillages. Les défaillances de la chaîne d’approvisionnement (par exemple à cause de sa fragmentation, de l’insuffisance de l’infrastructure, des difficultés logistiques ou du manque de circularité dans les pratiques des entreprises) compliquent également les efforts de réduction des pertes et des gaspillages. Les contraintes réglementaires et politiques telles que les obstacles dus aux réglementations, le manque d’homogénéité ou la fragmentation des mesures de politique publique, ainsi que l’absence de système de mesure et d’information standardisé sont des freins supplémentaires à la mise en œuvre d’initiatives efficaces. Les écarts en matière de technologie et d’innovation, l’adoption limitée de solutions, en particulier par les producteurs et les entreprises de petite taille, mais aussi l’éducation et la collaboration insuffisantes des parties prenantes empêcheront également tout progrès dans la lutte contre les pertes et les gaspillages alimentaires. Il faut, pour surmonter ces obstacles et réduire de façon significative les pertes et les gaspillages alimentaires, élaborer des stratégies globales incluant la réforme réglementaire, le développement de l’infrastructure, l’adoption de technologies, l’éducation et la collaboration.
1.7. Échanges : projections d’évolution pour 2024-2033
Copier le lien de 1.7. Échanges : projections d’évolution pour 2024-20331.7.1. La croissance des échanges agricoles va ralentir tandis que celle des exportations se stabilisera
Les échanges des produits agricoles étudiés dans les Perspectives devraient augmenter de 1 % par an au cours de la prochaine décennie. Malgré les perturbations du commerce mondial causées par la pandémie de Covid-19, les échanges de produits agricoles ont affiché une plus grande résilience que d’autres secteurs de l’économie. Cette résilience devrait se maintenir, la plupart des produits étudiés dans le présent rapport poursuivant leur trajectoire à la hausse. À l’inverse, la part des exportations de produits agricoles s’est stabilisée ces dernières années, après avoir fortement augmenté dans les années 2000 du fait de la mise en œuvre de l’Accord sur l’agriculture de l’OMC et de l’adhésion de la Chine au système de régulation du commerce en décembre 2001. D’après les projections, cette stabilisation des exportations agricoles va se poursuivre.
Les Perspectives laissent également augurer une diminution des effets des initiatives passées de libéralisation des échanges, étant donné que les progrès en matière de réduction tarifaire multilatérale et de lutte contre les distorsions des échanges causées par les mesures de soutien aux producteurs se sont ralentis au cours des dernières années. Le marché mondial des produits agricoles et alimentaires a gagné en résilience, mais de nombreux pays restent vulnérables aux effets des chocs commerciaux comme les goulets d’étranglement sur les chaînes d’approvisionnement.
Malgré cette stabilisation, les échanges restent primordiaux pour fournir aux consommateurs du monde entier des aliments sûrs, nutritifs et suffisants, ainsi que pour assurer un revenu aux parties prenantes des secteurs agricoles et alimentaires en distribuant les produits de façon efficiente des régions du globe excédentaires vers les régions déficitaires. La part des produits étudiés dans les Perspectives qui font l’objet d’échanges a régulièrement augmenté au fil du temps, passant de 15 %, en moyenne, en 2000 à 23 % au cours de la période de référence 2021-23, ce qui montre que les échanges progressent plus vite que la production agricole.
On observe cependant des différences notables dans la place qu’occupent les échanges selon les produits. Pour un grand nombre de produits agricoles, la majorité de la production est destinée au marché intérieur. Pour quelques produits, les échanges peuvent représenter entre un tiers et plus de la moitié de la production mondiale. C’est le cas du sucre, du coton, des huiles végétales, du soja et des poudres de lait, qui sont soit destinés à la transformation, soit produits sur des marchés extrêmement concentrés.
Au cours de la décennie à venir, la part de la production exportée variera peu pour la plupart des produits examinés dans les Perspectives, mais pour quelques-uns, la structure des échanges subira quelques changements. La part de la production qui est exportée devrait diminuer pour les huiles végétales, le poisson et le biodiesel, en raison d’une hausse de leur consommation intérieure.
1.7.2. Les échanges entre les régions exportatrices et importatrices vont augmenter
La différenciation croissante entre les régions exportatrices ou importatrices nettes de produits agricoles devrait se poursuivre dans les dix prochaines années (Graphique 1.22). Les régions exportatrices nettes comme l’Amérique latine et l’Amérique du Nord devraient voir leurs volumes excédentaires et leur production augmenter, alors que les régions enregistrant une forte croissance démographique – comme le Proche-Orient et l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne – devraient assister à une hausse de leurs importations nettes proportionnelle à celle de leur consommation.
La région Amérique latine et Caraïbes, en particulier le Brésil, a enregistré une forte progression de ses exportations et va, selon les projections, consolider sa position de première région exportatrice au monde. L’Amérique du Nord devrait conserver sa deuxième position en matière d’exportations, même si la croissance de la consommation intérieure risque de nuire légèrement à la progression de sa position d’exportatrice nette. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale sont devenues des exportatrices nettes en 2014, sous l’effet des gains de productivité rendus possibles par les investissements intérieurs et étrangers, ainsi que de la restructuration de leur secteur agricole. La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine devrait cependant entraîner une baisse temporaire de leurs excédents commerciaux en raison des perturbations qu’elle cause sur la production et les exportations agricoles, en particulier en Ukraine. Malgré cela, les Perspectives tablent, à moyen terme, sur un retour aux tendances antérieures au conflit.
Les tendances en matière d’importations mondiales ont été profondément modifiées par l’essor de la demande de produits agricoles, en particulier dans les régions connaissant une forte croissance démographique. En Asie, où vit environ 60 % de la population mondiale, la demande d’importations a plus que quadruplé lors des trente dernières années, en grande partie sous l’influence du développement rapide de la Chine. Cela dit, compte tenu du ralentissement prévu de la croissance démographique chinoise, la position d’importateur net de ce pays devrait se stabiliser au cours des dix ans à venir.
Dans la région Proche-Orient et Afrique du Nord, les importations devraient s’accroître tandis que les exportations stagneront, les raisons de cette situation étant la croissance démographique et la faible hausse de la production intérieure due à l’insuffisance des ressources ; le résultat sera une augmentation de 32 % des importations nettes à l’horizon 2033. En Afrique subsaharienne, les importations nettes d’aliments de base (surtout les céréales) grimperont de 77 % d’ici 2033. Les marchés mondiaux des produits agricoles et alimentaires sont devenus plus résilients afin de répondre aux besoins de sécurité alimentaire d’une population qui s’accroît rapidement.
1.7.3. Les échanges jouent un rôle crucial au regard de la résilience
Les échanges agricoles internationaux sont très importants pour améliorer la résilience des systèmes alimentaires mondiaux, régionaux et nationaux. En permettant un échange efficient de produits depuis les régions possédant des capacités de production optimales vers celles qui ont des besoins en matière de transformation ou de consommation, le commerce est un mécanisme essentiel pour diversifier les sources d’approvisionnement alimentaire et atténuer l’impact des chocs localisés tels que les mauvaises récoltes ou les événements météorologiques extrêmes (Encadré 1.3).
Les événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et les tempêtes ont des effets dévastateurs sur l’agriculture. Avec le changement climatique, ces phénomènes deviennent plus fréquents et plus intenses. L’agriculture est très tributaire des conditions météorologiques, et le changement climatique a déjà des impacts négatifs, tels que des températures plus élevées, des précipitations aléatoires et une multiplication des infestations de ravageurs. Outre le fait qu’ils endommagent directement les récoltes, les événements extrêmes précités bouleversent les pratiques agricoles, en créant une pression accrue à l’amélioration de la productivité. Les échanges jouent un rôle crucial dans l’atténuation de ces risques en permettant aux producteurs d’accéder aux ressources de régions qui ne sont pas touchées par les phénomènes extrêmes, ce qui garantit un approvisionnement alimentaire plus stable malgré les défis que pose le changement climatique. Quant aux consommateurs, ils peuvent jouir d’une stabilité de l’offre ainsi que des prix des produits lorsque les échanges permettent de combler les insuffisances de l’approvisionnement alimentaire local.
Encadré 1.3. Le rôle des échanges dans l’atténuation de l’impact des événements météorologiques extrêmes
Copier le lien de Encadré 1.3. Le rôle des échanges dans l’atténuation de l’impact des événements météorologiques extrêmesLes événements météorologiques extrêmes peuvent bouleverser les marchés agricoles en réduisant l’offre, en perturbant les chaînes d’approvisionnement, en augmentant les coûts des intrants et en provoquant une baisse de la qualité des produits. Les échanges agricoles peuvent cependant aider à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire qui en découlent. L’utilisation du modèle d’équilibre partiel Aglink-Cosimo dans un récent rapport de l’OCDE permet de mieux comprendre les relations complexes entre les échanges et la sécurité alimentaire dans un contexte où les événements météorologiques extrêmes génèrent de l’incertitude (Adenäuer, Frezal and Chatzopoulos, 2023[13]).
Afin d’évaluer la capacité des échanges à atténuer l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes sur l’agriculture, les auteurs appliquent le cadre stochastique du modèle Aglink-Cosimo à deux scénarios commerciaux :
le scénario de « restriction des échanges », dans lequel la protection aux frontières est renforcée : les droits de douane sont multipliés par deux, tandis que les contingents tarifaires et les quantités importées sont réduits de moitié ;
le scénario d’« intégration des échanges », dans lequel la protection aux frontières est réduite : les droits de douane sont réduits de moitié, tandis que les contingents tarifaires et les quantités importées sont multipliés par deux.
Les deux scénarios sont comparés au scénario de référence des Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2022-2031, dans lequel les politiques publiques sont généralement les mêmes qu’actuellement sauf si la législation prévoit des changements au cours de la prochaine décennie.
Les résultats de l’analyse indiquent que la coordination des échanges rend les pays moins vulnérables aux chocs produisant des effets négatifs sur les rendements, car elle stabilise la disponibilité alimentaire et atténue les risques de hausse extrême des prix des aliments. Le Graphique 1.23 montre que, dans la plupart des pays, la baisse de la disponibilité alimentaire est moins importante dans le scénario d’intégration des échanges que dans celui de restriction des échanges. Même si cette baisse de la disponibilité risque d’augmenter pour certains produits dans certains pays dans le scénario d’intégration des échanges, l’effet général de cette politique sur la disponibilité alimentaire est jugé positif.
Un autre constat issu de l’analyse est que le risque de hausse des prix intérieurs des aliments décroît à mesure que l’intégration des échanges s’accroît, ce qui laisse entendre que le libre-échange peut aider à stabiliser les dépenses alimentaires. L’ouverture commerciale pourrait permettre d’atténuer les effets des variations des rendements sur les consommateurs en améliorant la flexibilité avec laquelle les achats peuvent être effectués sur les marchés mondiaux pour compenser les insuffisances de l’approvisionnement intérieur. Dans la plupart des cas, la vulnérabilité des prix face aux variations extrêmes des rendements intérieurs diminue à mesure que l’intégration des échanges augmente. Il arrive cependant, en particulier lorsque la production intérieure représente une faible part de la consommation totale, que la libéralisation des échanges favorise une transmission accrue des prix en vigueur sur les marchés internationaux, ce qui peut se traduire par une plus grande variabilité des prix sur le plan intérieur.
Malgré le rôle crucial du commerce dans l'amélioration de la résilience des systèmes alimentaires, les marchés agricoles mondiaux restent faussés par les réglementations commerciales. Les résultats du Graphique 1.23 indiquent que la sécurité alimentaire serait renforcée par des réductions de ces protections aux frontières.
1.8. Prix : projections d’évolution pour 2024-2033
Copier le lien de 1.8. Prix : projections d’évolution pour 2024-20331.8.1. Après la flambée de 2022, les prix vont renouer avec leur tendance à long terme
Les Perspectives utilisent les prix en vigueur dans les grands ports internationaux comme références pour faire la lumière sur les marchés mondiaux des produits agricoles. Pendant les premières années de la prochaine décennie, les prix attendus reflètent la prolongation des effets des événements survenus pendant la période de référence, à savoir la pandémie de Covid-19, la guerre de la Russie contre l’Ukraine et les conditions météorologiques dans les principales régions productrices. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement liées à ces événements ont provoqué des hausses brutales des coûts de l’énergie et des engrais, qui ont entraîné une augmentation substantielle – et le maintien à un niveau élevé – des prix réels d’un grand nombre de produits agricoles sur la période 2020-22. Après avoir atteint un pic, les prix ont baissé et devraient reculer plus rapidement sur le court terme à mesure que les événements à l’origine de leur hausse perdront de leur intensité (Graphique 1.24Graphique 1.24). À moyen terme, les prix réels devraient poursuivre leur tendance à la baisse, conformément aux hypothèses d’amélioration de la productivité et des conditions météorologiques, qui entraînera une diminution du coût marginal de production pour la plupart des produits agricoles.
Si la baisse des prix réels internationaux devrait peser sur les revenus des producteurs, elle va en revanche être bénéfique aux consommateurs. Toutefois, bien que les prix de référence utilisés dans les Perspectives soient le reflet des marchés mondiaux, leur impact véritable sur les décisions des producteurs et des consommateurs varie en fonction des coûts de transport, des fluctuations de la monnaie locale et des politiques commerciales, et le degré d’intégration au système commercial international peut déterminer en partie si, et dans quelle mesure, les signaux de prix internationaux se répercutent sur les marchés intérieurs.
1.8.2. Les simulations stochastiques font apparaître une possible variation des projections des prix
Les projections des prix présentées dans ces Perspectives sont le fruit de l’interaction entre les facteurs fondamentaux de l’offre et de la demande dans le contexte des tendances attendues en matière de météorologie et de rendements, ainsi que des hypothèses formulées en ce qui concerne la situation macroéconomique et les politiques publiques. Bien que ces Perspectives s’appuient sur les meilleures informations disponibles, ces projections et les hypothèses qui les sous-tendent présentent inévitablement un degré d’incertitude. Parmi ces incertitudes figurent le changement climatique, les politiques environnementales et les tensions géopolitiques, qui peuvent affecter les perspectives de production et de commerce et provoquer la volatilité du marché.
L’hypothèse de tendances stables utilisée dans les présentes Perspectives met en évidence une trajectoire régulière pour la plupart des variables. En revanche, les écarts par rapport aux tendances supposées provoqueront une volatilité des prix. Pour évaluer les répercussions de ces écarts, une analyse stochastique partielle des projections de référence a été réalisée. Cette analyse simule la variabilité potentielle future des principaux déterminants des prix en s’appuyant sur leur variabilité observée par le passé. Elle tient aussi bien compte des facteurs macroéconomiques mondiaux que des rendements de certaines cultures. La variabilité liée aux maladies des animaux ou aux modifications des politiques publiques n’est pas prise en considération. Les résultats agrégés des simulations multiples réalisées dans le cadre de l’analyse stochastique partielle indiquent la sensibilité des trajectoires des prix de référence (Graphique 1.25). Les prix ont une probabilité de 75 % de rester à l’intérieur de l’intervalle bleu, quelle que soit l’année considérée, et une probabilité de 90 % de rester à l’intérieur de l’intervalle vert. La probabilité qu’un événement extrême faisant passer un prix à l’extérieur de ces intervalles se produise au moins une fois au cours de la période de projection est de 40 %. Un événement de ce type est par exemple survenu pendant les années civiles 2021 et 2022, et a entraîné une hausse du prix de l’huile végétale. Cette augmentation était due à une baisse de la production de 5 % en Malaisie par rapport aux années précédentes, provoquée par les mauvaises conditions météorologiques et le manque de main-d’œuvre. L’analyse stochastique partielle fournit aux responsables de l’action publique et autres parties prenantes une compréhension des risques budgétaires potentiels en cas de coûts élevés des importations, ou de hausse des subventions aux producteurs en cas de prix faibles.
Références
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← 1. Pour les projections démographiques, les Perspectives utilisent les estimations de la variante moyenne tirées de la révision de 2022 de la base de données du rapport de l’ONU sur les Perspectives de la population dans le monde. Les hypothèses relatives au PIB et au revenu par habitant au niveau national au cours de la prochaine décennie reposent sur les Perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international (FMI) (octobre 2023).