L'édition 2018 des Perspectives des migrations internationales analyse les évolutions récentes des mouvements et des politiques migratoires dans les pays de l'OCDE et dans quelques pays non-OCDE et observe l'évolution de la situation des immigrés sur le marché du travail dans les pays de l'OCDE, avec une attention particulière cette année sur la qualité de l’emploi des immigrés ainsi que sur leur concentration dans certains secteurs et professions. Le rapport comprend également deux chapitres spéciaux, l'un sur la contribution des flux récents de réfugiés à la main-d’œuvre et le second sur le travail illégal des étrangers. Le rapport comprend comme chaque année des notes par pays et une annexe statistique.
Perspectives des migrations internationales 2018
Résumé
Synthèse
Grandes tendances
Un peu plus de 5 millions d’entrées à caractère permanent ont été enregistrées dans les pays de l'OCDE en 2017, selon les dernières estimations. Pour la première fois depuis 2011, ces entrées sont en baisse (environ -5% par rapport à 2016). Cela est dû à la réduction significative du nombre de réfugiés reconnus en 2017 alors que les autres catégories de migration sont restées stables ou ont augmenté.
Après deux années de niveaux records, une baisse significative des nouvelles demandes d'asile a été enregistrée dans les pays de l'OCDE en 2017, avec 1.23 million de demandes. Ce chiffre est toutefois encore largement supérieur à ceux enregistrés avant 2015. Les trois premiers pays d'origine étaient l'Afghanistan, la Syrie et l'Irak. En 2017, les États‑Unis ont reçu le plus grand nombre de demandes d'asile dans l'OCDE (330 000 demandes), suivis de l'Allemagne (198 000).
Représentant presque 40% des entrées à caractère permanent, la migration familiale (regroupement familial, formation de famille ainsi que membres de famille accompagnante) reste le principal canal de migration vers l'OCDE. La forte augmentation de cette catégorie sur la période 2015-2016 a inversé une baisse amorcée en 2010.
Pour la première fois, les Perspectives comprennent cette année un nombre consolidé de l’ensemble des catégories de migration de travail temporaire vers les pays de l'OCDE. Ces catégories incluent les recrutements internationaux de travailleurs saisonniers et d'autres travailleurs étrangers temporaires; les travailleurs de l'UE envoyés par leur employeur dans d'autres pays de l'UE en vertu de contrats locaux (travailleurs détachés); et les personnes transférées au sein de leur entreprise. Au total, plus de 4.2 millions de travailleurs étrangers temporaires ont été recensés dans les pays de l'OCDE en 2016, ce qui correspond à une augmentation de 11% par rapport à l'année précédente. Les principaux pays d'accueil de travailleurs étrangers temporaires étaient la Pologne (672 000, la plupart originaires d'Ukraine) et les États-Unis (660 000, l'Inde étant le premier pays d’origine).
Environ 3.3 millions d'étudiants en mobilité internationale étaient inscrits dans l'enseignement supérieur dans un pays de l'OCDE, soit 8% de plus que l'année précédente. Les tendances récentes aux États-Unis indiquent toutefois une forte baisse du nombre de permis d'étudiant en 2016 (-27%). En moyenne, les étudiants en mobilité internationale représentent 9% du nombre total d'étudiants inscrits dans les établissements d'enseignement supérieur des pays de l'OCDE en 2015. Ils représentent 14% de tous les étudiants inscrits à des masters et 24% de ceux inscrits à des programmes de doctorat.
En moyenne dans les pays de l’OCDE, le taux d’emploi des immigrés a augmenté d’un point de pourcentage en 2017, pour s’établir à 67.1%. Leur taux de chômage moyen a lui diminué d’un point de pourcentage, à 9.5%, et l’écart moyen de taux de chômage entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans la zone OCDE s’est resserré, et n’est plus que de 3 points de pourcentage en 2017. Ces évolutions s’expliquent en partie par des améliorations significatives dans certains pays de l’UE.
Concernant les politiques, les canaux de migration pour les étrangers hautement qualifiés continuent d'être affinés dans de nombreux pays, ce qui implique l'ajustement des critères de sélection des programmes permanents et l'examen des conditions des programmes temporaires. Le nombre de visas pour les créateurs de Start-up continuent d'augmenter tandis que les programmes des investisseurs sont en cours de révision, avec un durcissement des conditions. L'admissibilité au regroupement familial est également un domaine d'ajustement des politiques migratoires.
Contribution des flux récents de réfugiés à la population active
Pour l'ensemble des pays européens, l'impact relatif estimé des entrées récentes de réfugiés sur la population en âge de travailler ne devrait pas dépasser 0.4% d’ici décembre 2020. Les taux de participation des réfugiés étant généralement très faibles au cours des premières années passées dans le pays d’accueil, l’estimation de l'ampleur de l'impact net global sur le marché du travail est encore plus faible, à moins de 0.25% d’ici décembre 2020.
Dans les pays où les effets globaux sont les plus significatifs, l'impact sera probablement beaucoup plus important sur des groupes spécifiques, notamment les jeunes hommes ayant un faible niveau d’étude. Comme ce groupe de population est déjà vulnérable dans la plupart des pays hôtes, des mesures ciblées sont nécessaires pour leur apporter un soutien adapté.
L’emploi illégal de travailleurs étrangers
L'emploi illégal de travailleurs étrangers peut résulter du non-respect des règles de migration ou de travail. Aborder cette question est donc à la fois un objectif de politique économique et de migration.
Par conséquent, les pays de l'OCDE devraient chercher à améliorer la coordination et la cohérence entre les autorités de contrôle. Ils devraient également sensibiliser les employeurs et les travailleurs et utiliser de meilleurs systèmes de vérification de la situation des migrants dans le cadre des mesures visant à prévenir l'emploi illégal de main-d'œuvre migrante. Cependant, lorsque l'emploi illégal de travailleurs étrangers devient une question prépondérante ou est considéré comme structurel, les programmes de régularisation peuvent être envisagés. Ils doivent être bien pensés et s'accompagner d’ajustements des programmes légaux de migration de la main-d'œuvre et de renforcement des mesures de contrôle. Enfin, les politiques de lutte contre l'emploi illégal de travailleurs étrangers devraient être menées non seulement au niveau national et sectoriel, mais aussi au niveau international.
Principales conclusions
L’intégration des immigrés sur le marché du travail
Entre 2016 et 2017, le taux de chômage des migrants dans la zone OCDE a baissé de plus d'un point de pourcentage pour atteindre 9.5% et le taux d'emploi est passé de 65.7% à 67.1%. L'amélioration a été plus marquée pour les femmes nées à l'étranger.
Des groupes de migrants spécifiques affichent des taux d'emploi particulièrement élevés. Par exemple, dans l'Union européenne, le taux d'emploi des migrants originaires d’un autre pays de l'UE est plus élevé de 5 points de pourcentage que celui des personnes nées dans le pays d’accueil. Aux États-Unis, pour la première fois ces dernières années, les taux d’emploi des migrants mexicains et africains ont surpassé ceux des migrants asiatiques respectivement de 1 et 3 points de pourcentage.
Dans les pays de l'OCDE, la création de programmes d'intégration pour les migrants et les réfugiés nouvellement arrivés se poursuit, en mettant l'accent sur l'acquisition de la langue et des compétences. De nombreux pays ont également développé des mesures destinées aux plus vulnérables, notamment les mineurs non accompagnés et les enfants qui intègrent tardivement le système éducatif du pays hôte.
La contribution des réfugiés à la population active
Les pays européens ont reçu 4 millions de nouvelles demandes d'asile entre janvier 2014 et décembre 2017, soit trois fois plus qu'au cours des quatre années précédentes. Au cours de la même période (2014-17), environ 1.6 million de personnes ont bénéficié d'une forme de protection.
Pour l'ensemble des pays européens, l'impact relatif de l'afflux récent de réfugiés sur la population active est estimé à moins de 0.25% d'ici décembre 2020. Cet impact est toutefois plus important pour des groupes spécifiques (hommes jeunes et peu instruits) dans des pays ayant accueilli beaucoup de réfugiés (Autriche, Allemagne, Suède).
Si aucun migrant ne devait rentrer dans son pays d'origine, le nombre total de demandeurs d'asile déboutés pourrait atteindre 1.2 million d'ici fin 2020. L'effet sur le marché du travail informel dépendra du nombre de retours volontaires et de l'efficacité des mesures coercitives.
L’emploi illégal de travailleurs étrangers
Parmi les travailleurs étrangers, ce sont les hommes relativement jeunes qui sont les plus susceptibles d’être employés illégalement. Ce type d’emploi est plus fréquent dans l'agriculture, la construction, les industries manufacturières et les services domestiques.
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