L'édition 2024 des Perspectives des migrations internationales analyse les évolutions récentes des mouvements migratoires et de l'insertion des immigrés sur le marché du travail dans les pays de l'OCDE. Elle observe également les changements récents en matière de politiques migratoires et d'intégration dans les pays de l'OCDE. Cette 48e édition comprend un chapitre spécial sur l'entrepreneuriat des migrants. Les Perspectives comprennent également des notes par pays et une annexe statistique détaillée.
Perspectives des migrations internationales 2024
Résumé
Synthèse
Les flux migratoires atteignent un nouveau record en 2023
Copier le lien de Les flux migratoires atteignent un nouveau record en 2023En 2022 déjà, les flux migratoires ont atteint des niveaux sans précédent avec environ 6 millions de nouveaux immigrés permanents (sans compter les 4.7 millions de réfugiés ukrainiens). Cette évolution s’explique par une multitude de facteurs, notamment un effet de rattrapage après la pandémie de COVID‑19, des pénuries de main-d’œuvre croissantes résultant de la forte reprise économique et de l’amorce de changements démographiques dans les pays de l’OCDE, ainsi qu’un certain nombre de situations nationales spécifiques, comme par exemple au Royaume‑Uni et en Nouvelle‑Zélande.
Avec 6.5 millions de nouveaux immigrés permanents dans la zone OCDE, 2023 établit un nouveau record historique. La majeure partie de l’augmentation de 2023 est due à la migration familiale (+16 %), mais l’immigration humanitaire (+20 %) est également en hausse.
Après une augmentation sans précédent en 2022, la migration de travail temporaire vers les pays de l’OCDE a également continué de croître. Plus de 2.4 millions de permis et d’autorisations de travail ont été accordés dans les pays de l’OCDE (à l’exclusion de la Pologne), ce qui représente une augmentation de 16 % en glissement annuel (28 % au-dessus des niveaux antérieurs au COVID‑19). En Pologne, si l’on exclut les déclarations de « confier un travail » aux Ukrainiens, le nombre total de nouvelles autorisations de travail (y compris les renouvellements) a diminué de 39 % en 2023, pour s’établir à 835 000. Par ailleurs, les flux d’étudiants internationaux ont également continué à augmenter (+6.7 %) pour atteindre plus de 2.1 millions de nouveaux permis en 2023.
Le nombre de nouveaux demandeurs d’asile vers les pays de l’OCDE a également battu un nouveau record en 2023, avec 2.7 millions de nouvelles demandes enregistrées dans l’ensemble des pays de l’OCDE (+30 %). Cette hausse a été largement tirée par les États-Unis. Au total, les pays de l’OCDE ont accordé une protection internationale à 676 000 réfugiés en 2023 (+15 %), soit le niveau le plus élevé depuis 2017. Ce chiffre comprend 160 000 nouveaux réfugiés réinstallés (+23 %), soit le nombre le plus élevé depuis 2016.
Les résultats des immigrés sur le marché du travail continuent d’atteindre des niveaux record
Copier le lien de Les résultats des immigrés sur le marché du travail continuent d’atteindre des niveaux recordLa tendance à la hausse post-pandémique de l’emploi des immigrés s’est poursuivie en 2023, l’OCDE enregistrant globalement des niveaux d’emploi historiquement élevés et de faibles niveaux de chômage, à 71.8 % et 7.3 %, respectivement. Dix pays de l’OCDE, dont le Canada, le Royaume‑Uni et les États-Unis, ainsi que l’ensemble de l’UE27, ont enregistré les taux d’emploi des immigrés les plus élevés jamais enregistrés.
La mesure dans laquelle les réfugiés ukrainiens ont pu s’intégrer dans les marchés du travail locaux varie considérablement d’un pays à l’autre. Dans certains pays d’Europe centrale et orientale (Pologne, Lituanie et Estonie, par exemple), ils s’en sortent particulièrement bien, avec des taux d’emploi supérieurs à 50 % à la fin de l’année 2023. En revanche, dans des pays tels que l’Allemagne, l’Autriche et la Belgique, moins d’une personne sur quatre est employée.
La gestion des migrations exige de plus en plus un équilibre délicat
Copier le lien de La gestion des migrations exige de plus en plus un équilibre délicatLes niveaux d’immigration record enregistrés dans de nombreux pays de l’OCDE ont exercé une pression sur les systèmes migratoires. En réponse à la forte demande d’infrastructures d’accueil publiques, les pays continuent de durcir leur législation en matière d’asile. Certains des principaux pays de destination ont également commencé à imposer des restrictions sur d’autres voies d’immigration légale afin de freiner l’immigration et d’alléger la pression sur le marché du logement et sur les services publics. Dans le même temps, les pénuries de main-d’œuvre qualifiée et les défis démographiques continuent d’alimenter l’intérêt pour la migration de main-d’œuvre et obligent les pays à trouver un équilibre entre restriction et attraction, afin de rester des destinations compétitives pour les travailleurs étrangers et les étudiants internationaux.
De nouvelles étapes ont été franchies dans la coopération régionale en matière de gestion des migrations. Au niveau de l’UE, le Pacte sur les migrations et l’asile a été adopté après des années de négociations. Dans les Amériques, les pays ont pris des engagements supplémentaires pour approfondir leur collaboration dans le cadre de la Déclaration de Los Angeles sur la migration et la protection.
En ce qui concerne les politiques d’intégration, plusieurs pays de l’OCDE, dont l’Islande, la Lituanie, la Pologne et la Slovénie, ont révisé leurs stratégies d’intégration ou sont en train d’en élaborer de nouvelles, plus larges. Dans de nombreux pays, cependant, l’accent a été mis sur l’amélioration de la capacité à fournir des services d’intégration, en mettant l’accent sur la promotion de la participation active et l’amélioration de l’accès. Des activités d’intégration civique renforcées sont encouragées, axées sur l’identité, le sentiment d’appartenance, la lutte contre la discrimination, les attitudes et les valeurs. La question du logement est également de plus en plus au centre des préoccupations de la politique d’accueil et d’intégration.
Entrepreneurs immigrés
Copier le lien de Entrepreneurs immigrésLe poids des immigrés parmi les entrepreneurs a considérablement augmenté dans les pays de l’OCDE au cours des 15 dernières années. En 2022, 17 % des travailleurs indépendants dans les pays de l’OCDE étaient en moyenne des migrants, contre 11 % en 2006.
Cette augmentation s’est traduite par une importante création d’emplois. On estime à 0.2 le nombre d’emplois supplémentaires dans l’économie par migrant supplémentaire dans la population en âge de travailler grâce à l’entrepreneuriat, en moyenne dans les 25 pays de l’OCDE. L’entrepreneuriat des migrants a créé près de 4 millions d’emplois entre 2011 et 2021.Si les immigrés sont surreprésentés parmi les fondateurs de certaines des entreprises les plus prospères de l’OCDE, dans pratiquement tous les pays, les entreprises immigrées sont plus petites que celles des personnes nées dans le pays, avec des caractéristiques démographiques similaires et opérant dans les mêmes secteurs. Néanmoins, les immigrés sont plus susceptibles que les personnes nées dans le pays de travailler pour leur propre compte, d’avoir un faux statut d’indépendant et de participer à l’économie parallèle.
Peu de pays de l’OCDE disposent de services destinés aux immigrés dans le cadre de leurs services généraux de soutien à l’entrepreneuriat, mais les immigrés tendent à avoir accès aux programmes et initiatives nationaux pratiquement partout.
Principales conclusions
Copier le lien de Principales conclusionsEn 2023, plus de 150 millions de personnes vivant dans les pays de l’OCDE étaient nées à l’étranger. À eux seuls, les États-Unis accueillaient près d’un tiers d’entre elles. Au cours des dix années précédant 2023, la part des personnes nées à l’étranger dans les pays de l’OCDE est passée de 9 % à 11 %.
Les migrations de type permanent vers les pays de l’OCDE ont établi un nouveau record en 2023 avec 6.5 millions de nouveaux immigrés permanents, soit une augmentation de 10 % en glissement annuel et de 28 % par rapport aux niveaux de 2019. Si la plupart des catégories de migration ont enregistré des augmentations, la mobilité libre constitue une exception notable.
Environ un tiers des pays de l’OCDE ont connu des niveaux d’immigration record en 2023, en particulier le Royaume‑Uni, mais aussi le Canada, la France, le Japon et la Suisse.
Un autre tiers a enregistré une baisse des entrées, notamment la Nouvelle‑Zélande, Israël, l’Italie, le Danemark, l’Estonie et la Lituanie.
La plupart des catégories de migration temporaire de main-d’œuvre ont augmenté en 2023, notamment la migration saisonnière (+5 %) et les travailleurs vacanciers (+23 %). En revanche, les flux de personnes transférées au sein d’une même entreprise ont diminué de 11 % en 2023.
Pour la première fois, le nombre de demandes d’asile aux États-Unis (plus d’1 million) a dépassé celui des pays européens de l’OCDE pris ensemble. Les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile au sein de l’OCDE en 2023 sont le Venezuela (270 000), la Colombie (203 000), la Syrie (171 000) et l’Afghanistan (150 000). Ils sont suivis par Haïti, Cuba, la Türkiye et le Nicaragua.
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