Dans les 26 pays considérés dans la présente publication, les loyers et redevances correspondent principalement à des recettes minières et pétrolières. En 2017, plus de la moitié des loyers et redevances perçus par ces pays provenait de recettes pétrolières (redevances et recettes perçues au titre d’accords de partage des recettes conclus avec des compagnies pétrolières), celles-ci représentant la majeure partie des loyers et redevances engrangés par le Cameroun, l’Égypte, la Guinée équatoriale, le Nigéria, la République du Congo et la Tunisie. Parallèlement, les ressources minières constituaient la source de la majeure partie des loyers et redevances perçus par l’Afrique du Sud, le Botswana, le Burkina Faso, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, le Niger, et la République démocratique du Congo. La pêche représentait l’intégralité des recettes comptabilisées en loyers et redevances aux Seychelles et 80 % à Maurice. Environ 4 % du montant total des loyers et redevances perçus par les 26 pays considérés n’est pas lié aux ressources naturelles ; il s’agit notamment de recettes tirées de la construction et de l’exploitation d’aéroports, au Kenya et au Togo par exemple.
Les recettes issues de ressources naturelles constituent une source de financement qui se caractérise souvent par une forte volatilité. Ces dix dernières années, cinq des 26 pays considérés ont perçu des recettes au titre de loyers et redevances liés à des ressources naturelles équivalant à plus de 6 % du PIB. Dans tous ces pays, ces recettes ont subi des contractions sensibles, en glissement annuel, à un moment ou à un autre lors des dix dernières années (graphique 2.11). En République démocratique du Congo et en Côte d’Ivoire, ces recettes ont baissé pour se situer à moins d’un quart de leurs valeurs maximales. Les recettes du Cameroun provenant des loyers et redevances ont été ramenées à 32.8 % de leur valeur maximale, soit une baisse équivalant à plus de 4 % du PIB.
En République du Congo, les loyers et redevances se situent sur une échelle différente des autres pays africains, et les effets de la volatilité des loyers tirés des ressources du pays ont une ampleur bien supérieure. En raison du volume considérable de ces recettes, en pourcentage du PIB, les baisses des prix du pétrole enregistrées en 2008-09 et 2014-15 ont occasionné des baisses des recettes pétrolières et, de ce fait, des contractions du montant total des recettes non fiscales équivalant à plus de 20 % du PIB du pays.
Outre leur incidence sur la volatilité des prix, les variations de la production peuvent également avoir d’importantes retombées sur les recettes tirées des ressources avec, par exemple, le démarrage de nouvelles exploitations minières ou l’épuisement de gisements. On peut citer le cas du Botswana, où certaines ventes de diamant initialement prévues pour l’exercice 2015/16 ont dû être reportées d’un an, faute d’accord sur les prix entre acheteurs et vendeurs. Ce report des ventes s’est traduit par un écart de 41 % entre les redevances minières enregistrées au titre de l’exercice 2015/16 et au titre de l’exercice 2016/17.
L’impact sur les finances publiques des loyers tirés de leurs ressources par certains des pays ayant fourni des données est le signe d’une dépendance à l’égard des ressources naturelles qui a des conséquences tant pour les finances des pays concernés que pour leur développement économique. Dans un contexte où les ressources naturelles peuvent avoir des effets positifs comme négatifs sur l’économie d’un pays, les pouvoirs publics peuvent recourir à de multiples mécanismes pour consacrer une partie des richesses produites au financement d’investissements dans le cadre d’une stratégie de développement économique plus durable (voir encadré Encadré 2.3).