Après plusieurs années marquées par une succession de crises, le tourisme connaît un redémarrage spectaculaire qui a tiré la croissance économique et amélioré le bien-être. Cette reprise masque toutefois des disparités, et de nouveaux défis apparaissent sous l’effet conjugué de tensions géopolitiques croissantes, de la hausse du coût de la vie, et de la multiplication des phénomènes climatiques. Dans ce contexte, des politiques du tourisme actives et tournées vers l’avenir sont nécessaires pour intensifier les efforts visant à bâtir un avenir plus résilient, plus durable et plus inclusif pour le secteur.
Tendances et politiques du tourisme de l'OCDE 2024 (version abrégée)
Résumé
Copier le lien de RésuméTendances récentes et évolutions attendues dans le secteur du tourisme à l’heure des nouveaux défis
Copier le lien de Tendances récentes et évolutions attendues dans le secteur du tourisme à l’heure des nouveaux défisAlors qu’il s’était effondré en 2020-21 en raison de la pandémie de COVID-19 qui a mis un terme à six décennies de croissance continue, le tourisme a retrouvé un nouveau souffle. Dans les pays de l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, sa contribution directe au PIB est repassée à 3.9 % en 2022, soit un demi-point de pourcentage de moins qu’en 2019, et le rétablissement du secteur semble se poursuivre depuis lors. À la suite de la levée des restrictions aux déplacements, la demande touristique internationale est repartie à la hausse et a largement contribué à cette reprise ; la part du tourisme dans les exportations de services des pays de l’OCDE a été portée à 14.8 % en 2022. Même si ce chiffre reste inférieur de 5.6 points à celui observé avant la pandémie, les arrivées internationales ne cessent d’augmenter et ont dès 2023 dépassé les niveaux pré-pandémiques dans certains pays de l’OCDE.
À l’échelle mondiale, le véritable retour à la normale est attendu d’ici la fin de 2024, porté par la confiance des voyageurs et des entreprises, et par la reprise des voyages en Asie-Pacifique, y compris en provenance de Chine. La croissance devrait renouer avec ses tendances d’avant la pandémie à mesure que les déséquilibres entre l’offre et de la demande se résorberont. Force est de constater toutefois que cette reprise n’est pas homogène et qu’il reste des défis à relever. La demande touristique a fait preuve d’une résilience notable, mais les entreprises peinent à attirer et à fidéliser la main-d’œuvre et même si l’inflation ralentit, les tensions qui s’exercent sur les prix continuent de peser sur le coût des transports, de l’hébergement et de l’hôtellerie-restauration. Aux tensions géopolitiques exacerbées s’ajoute la multiplication des feux de forêt, inondations, vagues de chaleur et autres épisodes météorologiques extrêmes qui pénalisent le secteur. Si l’on se projette à plus long terme, la croissance du tourisme semble devoir se poursuivre. Or, cette croissance s’accompagne de réelles opportunités mais aussi de nouveaux défis qui confirment l’importance d’adopter des politiques permettant de bâtir un avenir résilient, durable et inclusif.
Les grandes priorités d’action pour mettre le tourisme au service du développement durable
Copier le lien de Les grandes priorités d’action pour mettre le tourisme au service du développement durableLes pouvoirs publics ont pris des mesures inédites pour soutenir le secteur du tourisme, dont les crises récentes ont mis au jour le poids économique et social. Le redressement vigoureux à l’œuvre provoque une prise de conscience chez les responsables publics et l’ensemble des acteurs de la filière qui constatent que les destinations peinent à gérer la demande et les effets du tourisme sur l’environnement et les populations locales. Cette situation remet en question l’acceptabilité sociale du tourisme et met en relief la nécessité d’en répartir différemment les effets, de comprendre les arbitrages à opérer et de gérer le tourisme de manière durable, de sorte que les retombées positives l’emportent sur les inconvénients. Le tourisme n’en demeure pas moins un secteur qui recèle un potentiel inexploité dont bon nombre d’individus, d’entreprises et de territoires pourraient tirer parti.
À tous les niveaux, les responsables publics ont un rôle à jouer pour tracer les contours d’un développement touristique permettant de relever ces défis, de saisir ces opportunités et de générer des retombées plus positives. Dans de nombreux pays, des stratégies touristiques ont été élaborées ou adaptées en fonction du contexte et des priorités de l’après-pandémie. Ces stratégies s’attachent à tirer parti de la dynamique qui s’est enclenchée pour basculer vers des modèles touristiques plus durables, s’adapter à un environnement en pleine évolution et mobiliser les parties prenantes autour d’une vision commune de l’avenir du secteur. Elles ont essentiellement pour objectif de diversifier l’offre touristique et d’orienter de nouveaux marchés et segments de marchés émetteurs vers de nouvelles destinations et des périodes moins fréquentées, l’idée étant de mieux répartir les bienfaits et les flux touristiques. Des investissements massifs sont nécessaires pour réduire l’empreinte environnementale des activités touristiques tout en les adaptant aux effets du changement climatique. En effet, il faut aider les destinations touristiques et les entreprises du secteur à soutenir le rythme de l’évolution technologique, mais aussi consacrer des ressources à l’aménagement des infrastructures, notamment de transport, qui permettront de mieux gérer le développement du tourisme. Améliorer la capacité du secteur à attirer, fidéliser et former une main-d’œuvre de qualité et stable est une autre priorité constante pour le tourisme.
Force est de constater toutefois que les actions ne suivent pas toujours et que le risque est réel de voir le tourisme redescendre dans la liste des priorités nationales dès lors qu’il aura retrouvé les niveaux et la trajectoire de croissance antérieurs à la pandémie. Pour concrétiser ces ambitions, il faut des pratiques de gouvernance efficaces et une action publique coordonnée, soutenue par des ressources suffisantes au niveau national, régional et local. Il importe également d’agir au niveau des destinations afin d’enclencher une dynamique de changement qui soit guidée par une vision globale de l’avenir du tourisme ; cette vision définie au niveau national doit prendre en compte les priorités et les besoins locaux, et être étayée par des mécanismes efficaces de coordination entre les différents niveaux d’administration. Il faut par ailleurs disposer de données plus fines, plus actuelles et plus robustes pour pouvoir opérer les arbitrages éventuels et en suivre l’avancée, repérer les mesures efficaces, observer les effets de l’action publique et les risques qui apparaissent, mais aussi évaluer le coût de l’inaction.
Les axes d’action prioritaires
Copier le lien de Les axes d’action prioritairesPromouvoir une action coordonnée au service d’un programme d’action tourné vers l’avenir et axé sur un tourisme durable
Encourager l’élaboration et la mise en œuvre de politiques du tourisme tournées vers l’avenir, de nature à donner au tourisme toute sa place dans l’action climatique et lui permettre de s’adapter à l’évolution rapide des technologies.
Favoriser une large participation des parties prenantes au processus d’action publique en matière de tourisme afin de produire des résultats plus équitables et inclusifs pour l’ensemble des acteurs de la filière et des personnes concernées.
Renforcer les structures de coordination et de mise en œuvre, y compris au niveau des destinations, afin de favoriser une gestion plus efficace des flux de visiteurs, de diversifier l’offre touristique et de développer les infrastructures essentielles.
Renforcer la main-d’œuvre du secteur du tourisme
Mieux intégrer le tourisme dans les stratégies générales de développement économique et local afin de répondre aux besoins spécifiques des travailleurs du tourisme et rendre les emplois dans ce secteur plus attrayants et plus viables.
Tirer parti des initiatives du secteur privé pour lever les obstacles au recrutement et à la fidélisation des travailleurs et mettre en place de nouvelles formations et de nouvelles modalités de travail afin d’améliorer les conditions de travail dans ce secteur.
Faciliter les interactions avec le secteur privé et le système éducatif, et entre eux, pour répondre à l’évolution des besoins du secteur du tourisme et le préparer aux transitions écologique et numérique.
Réunir des données concrètes à l’appui des politiques en faveur d’un tourisme durable
Mieux cerner les enjeux stratégiques prioritaires afin de définir des indicateurs clés et offrir aux décideurs un accès rapide aux données dont ils ont besoin pour suivre de près ces enjeux et opérer les bons arbitrages au sein du processus d’action publique.
Étudier de nouvelles possibilités de combler les manques de données sur le tourisme, de suivre et d’évaluer les actions ciblant les priorités environnementales et sociales, et d’accélérer la transition vers des modèles touristiques plus durables.
Concevoir des boîtes à outils sur mesure assorties d’indicateurs, d’instruments, et de critères de mesure permettant de suivre de près les priorités à court et long termes, d’étudier de nouvelles méthodes, et renforcer les moyens mis à la disposition des décideurs de tous niveaux pour exploiter ces données.