Les récentes crises ont fait naître une dynamique en faveur du tourisme durable et permis de renouveler les efforts en matière de lutte contre le développement d’un tourisme déséquilibré et pour une mesure différente du succès du tourisme. Le fort redémarrage de la demande a mis en évidence la nécessité de disposer de données plus nombreuses et de meilleure qualité, afin de mieux gérer l’incidence de ces flux touristiques sur les destinations, les populations locales et l’environnement. La mesure des dimensions économique, environnementale et sociale du tourisme constitue un axe de travail majeur aux niveaux international, national et infranational. Il reste toutefois difficile d’appréhender les différents cadres et les différentes approches, mais aussi de comprendre comment ceux-ci répondent aux besoins des pays en matière d’action publique. Le présent chapitre dresse un état de cet éventail d’approches et de cadres visant à pallier le manque de données et à soutenir le développement durable du secteur du tourisme. Il souligne ainsi la nécessité de poursuivre les travaux relatifs à l’élaboration et à la mise en œuvre de mesures détaillées, pratiques et rapides, capables de répondre aux besoins des destinations en matière d’action publique, et ce, pour planifier et gérer les activités touristiques de manière durable.
Tendances et politiques du tourisme de l'OCDE 2024 (version abrégée)
Chapitre 3. Réunir des données concrètes à l’appui des politiques en faveur du tourisme durable
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La prise en compte de la contribution du tourisme au progrès économique et social s’est considérablement accrue à la suite des crises provoquées par la pandémie de COVID19. L’appel du secteur du tourisme à « reconstruire en mieux » a permis d’intensifier la dynamique en faveur d’un tourisme durable et de mettre à nouveau l’accent sur la nécessité de remédier au développement d’un tourisme déséquilibré. Or, le fort rebond de la demande et la priorité donnée en matière économique à un retour aux niveaux observés avant la pandémie de COVID19 n’ont fait que renforcer la nécessité de mesurer différemment le succès du tourisme. Il convient ainsi de mettre en œuvre des mesures stratégiques fondées sur des éléments probants pour atteindre un meilleur équilibre entre les avantages et les coûts liés au développement du tourisme et donner corps à une vision pour l’avenir du tourisme plus conforme aux principes de durabilité et aux Objectifs de développement durable (ODD) (OCDE, 2021[1]).
Les administrations publiques, à tous les niveaux, doivent pouvoir s’appuyer sur des données fiables, pertinentes et à jour, d’une part, pour mieux appréhender les répercussions du tourisme sur les économies, les destinations et la vie locale, et, d’autre part, pour élaborer des mesures concrètes et ciblées, et gérer les arbitrages pour obtenir de meilleurs résultats. Les récentes crises ont toutefois mis en évidence les lacunes des données touristiques actuelles, en particulier des mesures permettant de suivre l’avancement du développement du tourisme durable et d’évaluer l’efficacité des stratégies, des politiques et des programmes.
L’amélioration du socle de connaissances à l’appui de politiques efficaces en faveur d’un tourisme durable n’est aucunement un nouvel axe de travail. Au cours des dernières années, le sujet a néanmoins pris une place importante parmi les objectifs d’action publique et les programmes de travail en matière de données dans le but de soutenir l’adoption de modèles touristiques plus durables. Ceci a entraîné d’importants travaux aux niveaux international, national et infranational afin de mieux mesurer les dimensions économique, environnementale et sociale du tourisme. Même si les efforts déployés contribuent collectivement à la réalisation de ces objectifs et programmes, il reste toutefois difficile d’appréhender les différents cadres et les différentes approches, mais aussi de comprendre comment ceux-ci répondent aux besoins des pays en matière d’action publique.
Le présent chapitre dresse un état de cet éventail d’approches et de cadres visant à pallier le manque de données et à soutenir le développement durable du secteur du tourisme. Il examine les initiatives mises en place pour mesurer la durabilité du tourisme, en s’appuyant sur les travaux réalisés à l’échelon des pays et sur les progrès récemment accomplis dans la formation d’un consensus international pour l’adoption d’instruments de mesure solides et comparables, dont le Cadre de mesure statistique de la durabilité du tourisme, approuvé au niveau international. Ce chapitre aborde également la nécessité de poursuivre les travaux relatifs à l’élaboration et à la mise en œuvre de mesures détaillées, pratiques et rapides, capables de répondre à des contextes et priorités spécifiques, et ce, pour planifier et gérer les activités touristiques de manière durable quel que soit le lieu. Il présente enfin les priorités d’action publique en matière de développement du tourisme durable, telles qu’identifiées dans le cadre d’une enquête réalisée auprès des membres de l’OCDE et des pays partenaires, tout en soulignant l’importance d’adapter les indicateurs et les outils fondés sur des données aux besoins stratégiques de chaque destination.
Équilibrer le développement du tourisme pour un avenir plus durable
Copier le lien de Équilibrer le développement du tourisme pour un avenir plus durableLe tourisme durable a été défini comme un tourisme qui « tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil » (OMT et PNUE, 2005[2]). Des avancées considérables ont été réalisées pour souligner l’importance du développement d’un tourisme durable à tous les échelons de l’administration et dans le secteur privé, y compris par l’intégration du tourisme dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Nations Unies, 2022[3]). Des efforts supplémentaires seront toutefois nécessaires pour traduire cette sensibilisation accrue en actions constructives et promouvoir le développement et la gestion d’un tourisme durable. Cela passe par l’élaboration de stratégies et de politiques en faveur de la durabilité du tourisme, ainsi que de nouveaux instruments de mesure, indicateurs et autres outils pour que ces actions s’appliquent concrètement sur le terrain (OMT et PNUE, 2005[2]).
Le développement du tourisme durable est aujourd’hui intégré dans de nombreuses politiques, stratégies et plans nationaux en matière de tourisme, ouvrant ainsi la voie à l’adoption de programmes d’avenir et d’actions coordonnées. De nombreux pays ont élaboré de nouveaux plans et stratégies, ou actualisé leurs plans et stratégies existants, de façon à refléter l’évolution du contexte politique et des priorités au lendemain de la pandémie de COVID19 (Encadré 3.1). Bien que ces stratégies restent principalement axées sur le rôle du tourisme en tant que moteur de développement économique, des objectifs de durabilité plus larges et des indicateurs permettant de suivre les progrès accomplis sont de plus en plus souvent intégrés à ces stratégies ou élaborés ultérieurement dans le cadre du suivi, et ce, aux niveaux national et infranational.
Encadré 3.1. Intégration de la durabilité dans les stratégies touristiques : exemples observés dans certains pays
Copier le lien de Encadré 3.1. Intégration de la durabilité dans les stratégies touristiques : exemples observés dans certains paysAustralie : la stratégie « THRIVE 2030 » pour une croissance durable réunit plus de 60 mesures visant à permettre au secteur du tourisme de revenir au niveau de dépenses des visiteurs d’avant la pandémie, soit 166 milliards AUD en 2024, puis 230 milliards AUD d’ici à 2030, environ 40 % desquels devraient être dévolus aux régions. L’une des mesures principales consiste en l’élaboration d’un cadre et d’une panoplie d’outils de durabilité à l’échelon sectoriel, afin de préciser ce que la durabilité implique pour le secteur du tourisme, de promouvoir une vision, des objectifs et des priorités d’action pour le secteur, mais aussi d’aider les entreprises à mettre en œuvre et à améliorer leurs pratiques en matière de durabilité.
Colombie : le plan sectoriel du tourisme pour 202226, « Turismo en armonía con la vida », propose une feuille de route détaillée pour répondre aux priorités fondamentales du secteur, en mettant particulièrement l’accent sur la durabilité et l’inclusion. Ce plan a pour principaux objectifs d’accueillir 7.5 millions de touristes entre 2022 et 2026, et d’employer 300 000 personnes supplémentaires par mois (en moyenne) dans les activités liées au tourisme à l’horizon 2026. Les initiatives mises en œuvre en faveur d’un tourisme durable visent ainsi à renforcer la coopération, à encourager l’innovation et le partage de connaissances, à donner la priorité au bien-être des communautés locales et aux patrimoines naturel et culturel, et à promouvoir un développement économique durable.
ÉtatsUnis : la stratégie nationale sur les voyages et le tourisme pour 2022 (National Travel and Tourism Strategy 2022) a pour objectif de bâtir un secteur non seulement résilient face aux catastrophes naturelles, aux menaces pour la santé publique et aux répercussions du changement climatique, mais aussi durable, qui protège les ressources naturelles, soutienne l’économie touristique et garantisse un développement équitable. Les ÉtatsUnis ont pour ambition d’atteindre 90 millions d’arrivées internationales et 279 milliards USD de dépenses touristiques en 2027. L’objectif principal repose sur quatre axes stratégiques : promouvoir le pays en tant que destination de voyage ; faciliter les voyages aux ÉtatsUnis et à l’intérieur du territoire ; garantir des expériences touristiques diversifiées, inclusives et accessibles ; et promouvoir des voyages et un tourisme durables et résilients.
France : le plan « Destination France » a pour objectif de relancer et transformer le secteur du tourisme en faisant de la France la première destination durable au monde d’ici à 2030. À travers ce plan, la France vise ainsi à mieux sensibiliser aux questions environnementales liées au tourisme, à diversifier l’offre touristique en quatre saisons, à promouvoir le tourisme local et à améliorer la répartition des touristes sur le territoire, à renforcer la durabilité des infrastructures d’hébergement et à décarboner les transports. Le plan français réunit 20 mesures, articulées autour de 5 axes stratégiques, parmi lesquelles un investissement de 44 millions EUR pour soutenir la durabilité des infrastructures touristiques.
Islande : la vision à long terme « Leading in Sustainable Development » a pour objectif d’élever l’Islande au rang de chef de file en matière de développement durable. Cette vision s’appuie sur quatre piliers interconnectés (à savoir l’économie, la communauté, l’environnement et les visiteurs) en soutien au développement d’un secteur touristique à la fois compétitif et rentable, en harmonie avec le pays et la nation.
Slovénie : la stratégie touristique slovène pour 2022-28 (Strategija slovenskega turizma) ambitionne une croissance équilibrée sur le principe « un petit peu plus pour de grands résultats ». Cette stratégie repose sur cinq objectifs : améliorer la qualité et la valeur du « tourisme des quatre saisons » ; augmenter le niveau de satisfaction des travailleurs et des visiteurs ; positionner le tourisme en tant que source de valeur et moteur du développement durable ; promouvoir la décarbonation ; et garantir l’efficacité et la compétence de la structure de gouvernance du tourisme. Pour permettre un suivi des progrès réalisés, la stratégie définit au total 14 indicateurs et 25 mesures, et ce, pour des objectifs fixés à l’horizon 2028.
Plus que de nombreux autres secteurs, le tourisme est fortement tributaire de la qualité de l’environnement alors même qu’il a une incidence sur ce dernier. Les modèles de tourisme axés sur la croissance qui privilégient l’impact économique s’accompagnent souvent non seulement d’effets préjudiciables involontaires pour l’environnement et les communautés, mais aussi d’externalités économiques négatives, y compris à long terme. L’adoption d’un modèle plus équilibré de développement et de gestion du tourisme, qui tient compte des trois dimensions (économique, environnementale et sociale) de la durabilité, est ainsi nécessaire pour garantir que les avantages économiques immédiats et souvent à court terme ne mettent pas en péril l’environnement ou le tissu social d’une destination, et, par là même, la croissance économique à long terme.
Il n’existe toutefois pas de solution universelle pour assurer l’équilibre en matière de développement et de gestion du tourisme. Dans ses précédents travaux, le Comité du tourisme de l’OCDE a mis en évidence la nécessité de disposer d’un système statistique produisant des données touristiques solides, actuelles et ventilées afin d’améliorer la gestion du tourisme et de déterminer le tourisme adapté, par son type et par son ampleur, à chaque destination (OCDE, 2021[1]). Les politiques doivent prendre en compte les caractéristiques particulières du développement du tourisme pour chaque destination. Des efforts supplémentaires devront également être déployés pour mieux comprendre les avantages et inconvénients des différents modèles de développement du tourisme.
Mesure et suivi de la durabilité du tourisme
Des travaux sont entrepris dans le domaine de la mesure et du suivi de la durabilité du tourisme depuis plus de 30 ans, que ce soit au niveau national ou international, sous la forme par exemple des indicateurs de l’OCDE pour l’intégration de questions d’environnement et de durabilité dans les politiques du tourisme (2003), de guide des indicateurs de développement durable pour les destinations touristiques de l’ONU Tourisme (UN Tourism Guidebook on Indicators of Sustainable Development for Tourism Destinations, 2004), du système européen d’indicateurs du tourisme de la Commission européenne (2016), du tableau de bord du tourisme de l’UE de la Commission européenne (European Commission’s EU Tourism Dashboard, 2023) ou du Cadre de mesure statistique de la durabilité du tourisme de l’ONU Tourisme (2024). La qualité et la disponibilité des données touristiques ont encore progressé durant cette période, même si ces données sont généralement axées sur la mesure des incidences économiques, conformément aux Recommandations internationales sur les statistiques du tourisme et au cadre conceptuel des comptes satellites du tourisme.
L’adoption récente du Cadre de mesure statistique de la durabilité du tourisme (Statistical Framework - Measuring the Sustainability of Tourism, SF-MST) par la Commission de statistique de l’Organisation des Nations Unies constitue une étape importante dans la recherche d’un consensus international sur la production de données fiables et comparables concernant les aspects économiques, environnementaux et sociaux du tourisme (OMT, 2023[4]). Ce cadre statistique, piloté par ONU Tourisme sous l’impulsion de la coprésidence de l’Autriche et de l’Espagne, propose des concepts fondamentaux, des définitions et des structures d’organisation des données pour les statistiques du tourisme sur l’ensemble de ses effets économiques, sociaux et environnementaux. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour fournir des orientations méthodologiques à l’appui d’une mise en œuvre concrète de ce cadre et obtenir un ensemble significatif d’indicateurs comparables à l’échelle internationale en matière de développement du tourisme durable.
Sur la base de ces avancées, des travaux supplémentaires seront également nécessaires pour mesurer et assurer le suivi d’un ensemble plus large de résultats, dont les répercussions sociales et environnementales, ainsi que les externalités économiques négatives qui ne sont généralement pas prises en compte dans l’examen des incidences économiques, lesquelles externalités peuvent en outre s’avérer plus difficiles à quantifier de manière uniforme et pertinente. La dimension environnementale et les externalités économiques négatives y afférentes, comme l’appauvrissement des actifs naturels, ont récemment fait l’objet d’une attention accrue, bénéficiant de cadres de mesures environnementales plus larges, comme le système de comptabilité économique environnementale des Nations Unies (SCEE). Par comparaison, la mesure des répercussions sociales accuse un certain retard, dû en partie au fait que la dimension sociale est souvent associée à la perception subjective des populations, laquelle peut être difficile à mesurer selon des critères comparables (OCDE, 2023[5]).
Des progrès sensibles ont néanmoins été réalisés au cours des dernières décennies pour mettre au point des mesures solides et comparables eu égard aux répercussions sociales, dont le Cadre de mesure du bien-être de l’OCDE. À titre d’exemple, les indicateurs de mesure du bien-être et du progrès des sociétés de l’OCDE, et l’Indicateur du vivre mieux de l’OCDE offrent un cadre de mesure et de comparaison des conditions et de la qualité de vie entre les pays (dont les dépenses consacrées au logement, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ou le sentiment de sécurité lorsque l’on se promène seul la nuit) (OCDE, 2023[6]).
Il est possible de s’appuyer sur ces cadres et de les adapter au contexte particulier du tourisme. Associés à des mesures propres au tourisme, comme la fréquentation touristique et la saisonnalité, les indicateurs de bien-être pourraient permettre de mieux comprendre et appréhender certains des principaux défis environnementaux et sociaux auxquels le secteur est confronté. Le développement de ces indicateurs au niveau infranational pourrait permettre de suivre le développement du tourisme durable dans les destinations touristiques les plus plébiscitées. L’expérience de la Suède dans l’adaptation de l’indicateur du vivre mieux de l’OCDE pour mesurer la qualité de vie à l’échelon des municipalités peut fournir un éclairage intéressant sur la manière dont cet indicateur peut être adapté pour mieux comprendre l’impact social du tourisme au niveau des destinations.
La forte dynamique en faveur de la mesure et du suivi de la durabilité du tourisme a donné lieu à de nombreuses initiatives simultanées, lesquelles contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable. Les responsables de l’action publique et les spécialistes des données peuvent toutefois éprouver des difficultés à appréhender ce corpus de travaux à la fois dynamique et diversifié, et par là même à comprendre l’intérêt et la valeur des différentes initiatives, et à déterminer où concentrer au mieux les ressources limitées dont ils disposent pour obtenir les meilleurs résultats. Le Tableau 3.1 répertorie les différents cadres actuellement mis en œuvre pour mesurer et assurer le suivi du développement du tourisme durable, et met en regard leurs utilisations, lacunes et avantages respectifs.
Tableau 3.1. Comparaison des cadres de mesure du tourisme durable
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Type de cadre |
Avantages |
Lacunes |
Exemples |
---|---|---|---|
Cadre statistique |
Reconnu au niveau international et basé sur des concepts statistiques établis ; souvent pertinent sur le plan politique ou stratégique |
Décalage temporel des données, manque de données détaillées, ressources nécessaires aux calculs et pertinence limitée pour certaines applications spécifiques |
Cadre de mesure statistique de la durabilité du tourisme (Statistical Framework – Measuring Sustainable Tourism, SF-MST) et Compte satellite du tourisme : recommandations concernant le cadre conceptuel (Recommended Methodological Framework – Tourism Satellite Account, RMF:TSA) |
Cadre méthodologique |
Comparable à l’échelle internationale et basé sur des méthodes établies liées aux concepts statistiques |
Pertinence limitée pour certaines applications spécifiques |
Recommandations internationales sur les statistiques du tourisme (RIST) |
Série d’indicateurs comparables |
Comparables à l’échelle internationale (lorsque les indicateurs sont calculés pour plusieurs pays) et basés sur des données existantes et établies |
Manque de données détaillées et pertinence limitée pour certaines applications spécifiques |
Indice de développement du secteur des voyages et du tourisme du Forum économique mondial, système européen d’indicateurs du tourisme (European Tourism Indicator System, ETIS) et tableau de bord du tourisme de l’UE |
Série d’indicateurs ciblés |
Propres à chaque pays ou axés sur une question, une politique ou une stratégie particulière |
Comparabilité limitée entre pays, voire nulle entre régions |
Sustainable Travel Finland et Toolkit of Indicators for Projects (TIPs) de l’OMT-JICA |
Initiatives internationales visant à suivre et comparer la durabilité du tourisme
L’identification et la mise en œuvre d’indicateurs capables de permettre une mesure et un suivi des progrès accomplis se sont avérées particulièrement difficiles. Il n’existe à l’heure actuelle aucune série d’indicateurs acceptés au niveau international pour favoriser un développement durable et équilibré du tourisme. Il est possible, en s’appuyant sur les expériences et enseignements tirés des initiatives passées et présentes récentes aux niveaux national et international, de faire progresser les travaux de définition et de mise en œuvre d’indicateurs pour l’élaboration des politiques publiques, et de permettre des comparaisons utiles entre pays (OMT, 2023[4] ; Commission européenne, 2022[7] ; Commission européenne, 2016[8] ; ETC/ULS, 2018[9]) (annexe 3.A : Tableau A.1).
À l’échelon mondial, le SF-MST offre un cadre à partir duquel peut être constituée une série d’indicateurs internationaux de base, mais des travaux et orientations complémentaires sont aujourd’hui nécessaires pour identifier ces indicateurs spécifiques et la manière de les mesurer. Dans le cadre de l’initiative SF-MST, l’ONU Tourisme a proposé un premier ensemble d’indicateurs et il est prévu que des orientations sur l’établissement des statistiques soient développés pour accompagner la production de données et d’indicateurs comparables.
Au niveau européen, l’amélioration des statistiques et des indicateurs sur le tourisme est un axe fondamental du Programme européen pour le tourisme 2030 et du Parcours de transition pour le tourisme de l’UE, et l’objet le plus fréquent des promesses et engagements des parties prenantes des secteurs public et privé (Conseil de l'Union européenne, 2022[10] ; Commission européenne, 2022[11] ; Commission européenne, 2023[12]). Tout un ensemble d’initiatives sont en cours d’élaboration pour atteindre ces objectifs, dont les travaux d’Eurostat en matière de développement et de mise en œuvre d’une série d’indicateurs pour mesurer la durabilité du tourisme à partir des données disponibles, le tableau de bord du tourisme de l’UE ou encore les travaux du groupe d’experts de l’initiative Together for EU Tourism (T4T), dont l’un des axes de travail consiste en la mesure de la durabilité et dont les résultats seront partagés avec l’ensemble des parties prenantes sur la plateforme de soutien aux parties prenantes à venir (Stakeholder Support Platform).
Le secteur privé a également entrepris des travaux visant à élaborer et déployer des initiatives pour aider les entreprises du tourisme et les destinations à contrôler leur niveau de performance en matière de durabilité, en leur fournissant des indicateurs dédiés qui permettent d’évaluer efficacement la conformité à ces critères. Le tableau de bord Travel & Tourism’s Global Footprint du Conseil mondial du tourisme et des voyages (World Travel and Tourism Council, WTTC) propose des indicateurs pour tous les piliers des objectifs environnementaux, sociaux, économiques et de développement durable. On peut également citer l’Indice de développement du secteur des voyages et du tourisme du Forum économique mondial ou les normes de durabilité du tourisme et des voyages du Conseil mondial du tourisme durable (Encadré 3.2).
Encadré 3.2. Exemples choisis récents de cadres internationaux d’indicateurs en matière de tourisme durable
Copier le lien de Encadré 3.2. Exemples choisis récents de cadres internationaux d’indicateurs en matière de tourisme durableEn s’appuyant sur les travaux menés pour développer et mettre en œuvre ces cadres existants, il est possible d’accélérer le processus de définition d’indicateurs pertinents. Quelques exemples choisis de travaux internationaux sur les cadres d’indicateurs sont présentés ci-dessous :
Système européen d’indicateurs du tourisme – Ce cadre rassemble 43 indicateurs de base, complétés par différents indicateurs supplémentaires. Il s’agit d’un outil à usage volontaire, conçu pour mesurer la durabilité des destinations touristiques européennes (Commission européenne, 2016[13]).
Tableau de bord du tourisme de l’UE – Développé en réponse à la pandémie de COVID19, le tableau de bord inclut 19 indicateurs et 13 descripteurs conçus pour promouvoir et assurer le suivi à la fois des transitions verte et numérique, et de la résilience socioéconomique du secteur du tourisme. Le point de départ à la préparation de ces indicateurs a été l’identification des données disponibles dans l’ensemble des États membres de l’UE (Commission européenne, 2023[14]).
Proposition de l’ONU Tourisme d’une série d’indicateurs pour mesurer et suivre la durabilité du tourisme – Liée aux travaux de préparation du SF-MST, une première série de 30 indicateurs a été proposée par l’ONU Tourisme lors de la 4e réunion du groupe d’experts sur la Mesure de la durabilité du tourisme en septembre 2023 (OMT, 2023[15]).
Indice de développement du secteur des voyages et du tourisme du Forum économique mondial – Auparavant axé sur la compétitivité, cet indice a été révisé pour mettre l’accent sur le suivi de la résilience et de la durabilité du développement du tourisme. Un pilier consacré à la durabilité des voyages et du tourisme permet d’assurer le suivi de 24 indicateurs répartis sur trois thèmes (durabilité environnementale, conséquences socioéconomiques et durabilité de la demande touristique et de voyages) (FEM, 2022[16]).
Tableau de bord « Travel and Tourism’s Global Footprint » du Conseil mondial du tourisme et des voyages (World Travel and Tourism Council, WTTC) – Ce tableau de bord permet d’estimer l’empreinte économique, sociale et environnementale du secteur du tourisme à l’échelle mondiale à partir de 11 mesures clés et 7 des ODD liés au tourisme. Cet outil permet une comparaison entre pays et entre différentes régions du monde, tout en proposant des données historiques (le cas échéant), afin de permettre aux pays de suivre leurs propres avancées (WTTC, 2024[17]).
Les travaux existants en matière d’élaboration et de mise en œuvre d’indicateurs constituent un socle de base pour le développement de données et d’indicateurs, et pour une accélération des efforts en ce sens. Une analyse des cadres internationaux existants (annexe A) montre que les débats sur la question du tourisme durable ont évolué au fil du temps, tout comme les cadres de mesure. Bien que la plupart des cadres et indicateurs aient été établis sur la base des piliers de la durabilité économique, environnementale et sociale, le champ d’application et la diversité des indicateurs couverts varie considérablement selon les pays, ce qui complique toute tentative de comparaison au niveau international et fait qu’il est difficile pour les décideurs des destinations (dont les capacités et ressources sont souvent limitées) de déterminer sur quelles questions prioritaires et indicateurs il convient de concentrer les efforts et recueillir des données.
La plupart des cadres incluent généralement les types de mesures et indicateurs associés suivants :
des mesures économiques, par exemple : la saisonnalité, la part de marché de visiteurs, la part de PIB, la part d’emploi, les dépenses moyennes et la durée moyenne de séjour ;
des mesures environnementales, par exemple : la consommation d’eau et d’énergie, les émissions atmosphériques et de gaz à effet de serre, les déchets (déchets solides et eaux usées), la certification environnementale et le mode de transport ;
des mesures sociales, par exemple : l’égalité entre les genres, l’accessibilité des sites touristiques, la satisfaction de la communauté locale, la satisfaction des touristes et la valorisation de la culture et du patrimoine.
Le caractère interdépendant de ces séries d’indicateurs est un élément important à prendre en considération. À titre d’exemple, un fort taux d’émissions de gaz à effet de serre contribue non seulement à l’accélération du changement climatique, il a également une incidence sur la santé des populations, et par voie de conséquence des répercussions économiques sur tout un ensemble de domaines.
Initiatives nationales de développement d’indicateurs pour une planification et une gestion durables
Des travaux sont actuellement en cours dans de nombreux pays pour élaborer et mettre en œuvre des ensembles d’indicateurs et des outils fondés sur des données spécifiques, de manière à mieux répondre aux besoins en matière de politique touristique et aux priorités stratégiques au niveau national. Dans certains pays, ces cadres d’indicateurs sont des outils autonomes. D’autres pays ont quant à eux établi des cadres de suivi du tourisme durable directement liés à leurs stratégies touristiques. Si les cadres d’indicateurs internationaux fournissent un ensemble solide d’indicateurs pour mesurer le développement du tourisme durable, ils peuvent ne pas être suffisamment détaillés pour prendre en compte les priorités d’action publique nationales et en suivre l’avancement. Il convient que les indicateurs soient mesurés et suivis à l’échelle géographique et temporelle appropriée. Afin d’avoir une réelle efficacité pour les décideurs, les indicateurs doivent en effet être liés aux enjeux fondamentaux de l’action publique, sachant qu’ils ne présentent un intérêt que lorsque des données existent pour les mesurer.
De nombreuses initiatives nationales s’appuient sur les travaux déjà réalisés grâce aux différents cadres internationaux. Au Portugal par exemple, le système d’indicateurs du tourisme durable (Sistema de Indicadores de Turismo Sustentável) repose en grande partie sur le système européen d’indicateurs du tourisme (European Tourism Indicator System, ETIS). Ses 43 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux sont ainsi directement liés aux objectifs concrets de la stratégie touristique nationale pour 2027 (Estratégia Turismo 2027) et couvrent 11 domaines thématiques, à savoir la saisonnalité, les avantages économiques, l’emploi, l’accessibilité, les tensions exercées, la satisfaction des touristes, la satisfaction des communautés locales, la gestion de l’environnement, la gestion de l’énergie, la gestion de l’eau et la gestion des déchets solides (Encadré 3.6).
En Colombie, le système national d’informations touristiques (Sistema Nacional de Información Turística) s’appuie sur un ensemble complet d’indicateurs axés sur des domaines comme la saisonnalité, l’emploi, les avantages économiques et les effets sur l’environnement. Les mesures produites concordent pour l’essentiel avec les normes et lignes directrices internationales prévues dans le cadre du Réseau international d’observatoires du tourisme durable de l’ONU Tourisme, lequel compte aujourd’hui plus de 40 observatoires actifs dans le monde. La Colombie envisage par ailleurs la possibilité de développer des données, outils et indicateurs supplémentaires.
Dans le cadre de l’initiative « Sustainable Travel Finland » de Visit Finland, les indicateurs fournissant des données aux niveaux national, régional et des entreprises sont élaborés à partir du dispositif de certification et du programme national sur le tourisme durable, et ce, afin d’accroître la visibilité sur la durabilité du tourisme. Ces indicateurs devraient permettre d’évaluer et d’éclairer l’élaboration et la mise en œuvre de la prochaine stratégie en matière de tourisme (Encadré 3.3). Le Costa Rica a établi sept indices de durabilité du tourisme (couvrant 30 indicateurs) afin d’évaluer les performances des régions à forte activité touristique selon l’indice national de progrès social. Le Portugal tire quant à lui parti des micro-données de l’initiative « Empresas Turismo 360º », dans le cadre de laquelle les entreprises du tourisme communiquent des données sur leurs performances sociales, environnementales et de gouvernance, afin de tirer des enseignements et élaborer des politiques publiques mieux adaptées aux différents segments de l’activité touristique.
Il convient, afin d’éclairer la prise de décision, de déceler et de corriger les manques de données à partir d’indicateurs pertinents. En Suisse, un cadre pilote d’indicateurs de durabilité a été développé avec pour ambition d’associer les indicateurs sociaux et environnementaux aux indicateurs économiques du Compte satellite du tourisme (CST), conformément au SF-MST. Les dimensions économiques incluent la valeur ajoutée brute (VAB) et l’emploi, alors que les facteurs environnementaux prennent en compte la consommation d’énergie et les émissions atmosphériques sur l’ensemble des secteurs liés au tourisme. La dimension sociale sera quant à elle intégrée dans le prochain cycle, une fois les données correspondantes disponibles. En NouvelleZélande, la plateforme Sustainable Tourism Explorer réunit 109 mesures réparties sur cinq piliers du tourisme durable. Des données ne sont toutefois actuellement disponibles que pour 54 de ces mesures et des travaux sont en cours pour compiler de nouvelles données (Encadré 3.4).
Afin de renforcer le socle de connaissances en matière de développement du tourisme durable, le Brésil a mis au point une série de 32 indicateurs associés au tourisme communautaire et qui contribuent à la réalisation des ODD. Cet ensemble d’indicateur met en évidence les initiatives, les mesures et les investissements conçus dans l’optique de contribuer aux progrès en cours, y compris en assurant le suivi du nombre de formations gratuites proposées aux communautés en vue d’une qualification dans le domaine des produits et services touristiques, du nombre du programmes d’incitation au développement d’une économie créative ou encore du nombre de lits proposés dans les établissements d’hébergement pour les membres de la communauté. Dans la mesure où il existe une interaction étroite entre les aspects socioéconomiques et les facteurs culturels et environnementaux, le Brésil a l’intention de mesurer l’éducation environnementale des communautés et l’intégration des attributs naturels ou culturels dans les produits et services touristiques.
Les groupes de travail d’experts offrent la possibilité de corriger les manques de données et de créer des indicateurs de façon collaborative. Aux PaysBas, une alliance nationale pour les données (Landelijke Data Alliantie) a ainsi été créée pour soutenir la prise de décision fondée sur les faits. Cette alliance suit les évolutions internationales pour mesurer les indicateurs du tourisme durable et des ODD, et développe également de nouveaux indicateurs pour évaluer les incidences sociales et environnementales du tourisme, dont l’empreinte carbone liée aux voyages aux PaysBas et à l’intérieur du pays.
En Australie, le groupe de travail pour l’analyse spécialisée et les données sectorielles (Industry Data and Expert Analysis, IDEA) a lancé quatre projets statistiques et de recherche, dont le cadre d’indicateurs longitudinaux pour le secteur du tourisme (Longitudinal Indicators for the Visitor Economy, LIVE). Le cadre LIVE rassemblera une série d’indicateurs (d’avancées et de retards) pour le secteur du tourisme, couvrant aussi bien des mesures sociales et environnementales qu’économiques.
Encadré 3.3. Programme de tourisme durable pour la production de données probantes en Finlande
Copier le lien de Encadré 3.3. Programme de tourisme durable pour la production de données probantes en FinlandeVisit Finland a mis au point le programme Sustainable Travel Finland (STF) à destination des agences de voyage et des régions finlandaises. Des indicateurs nationaux de tourisme durable ont été développés dans le cadre de ce programme afin de proposer des données touristiques aux niveaux national, régional et des entreprises. Ces indicateurs permettront à l’avenir de définir et d’évaluer les objectifs de la stratégie nationale en matière de tourisme et les actions mises en œuvre. Ces indicateurs sont issus des données recueillies auprès des entreprises à travers le dispositif de certification du tourisme durable. De nouveaux outils d’information ont également été publiés pour permettre le partage de ces données et les valoriser auprès du secteur du tourisme notamment. Cela permet aussi d’encourager le secteur à faire des choix plus durables en faveur de la réalisation d’objectifs communs. Le calcul de ces indicateurs repose sur des données collectées dans le cadre d’enquêtes réalisées auprès des entreprises, des régions, des résidents et des visiteurs, et sur des données du centre national des statistiques (Tilastokeskus). Les indicateurs s’articulent autour de quatre dimensions principales :
la gestion des destinations (p. ex. : nombre d’entreprises de tourisme participant au programme STF ou part des résidents des destinations satisfaits des effets du tourisme sur leur communauté) ;
la valeur économique (p. ex. : nombre de formations et d’enseignements consacrés au tourisme durable ou part de travailleurs saisonniers) ;
l’impact social et culturel (p. ex. : nombre d’entreprises proposant des communications multilingues, part des entreprises assurant des services de mobilité réduite ou part des entreprises offrant des services pour la communauté LGBTQ+) ;
l’impact environnemental (p. ex. : part des entreprises mesurant leur empreinte carbone ou part des entreprises participant activement aux mesures d’atténuation du changement climatique).
Pour suivre les progrès réalisés par rapport aux actions et indicateurs de ce programme et en garantir une communication transparente, Visit Finland a publié son premier rapport annuel, intitulé « State of Sustainable Tourism » en mai 2023, suivi d’une seconde édition en juin 2024. Sur la base des conclusions de ce rapport, Visit Finland vise à déterminer pour quels indicateurs des seuils plus ambitieux pourraient être définis, comme la part des entreprises participant activement à la protection, à la conservation et à la préservation de la biodiversité locale, laquelle part est passée de 67 % en 2022 à 41 % en 2023 suite à l’adoption d’objectifs plus ambitieux. Le rapport met par ailleurs en évidence les pans du secteur où davantage de soutien peut être nécessaire. Les données pour 2022 ont également montré que seules 27 % des entreprises du tourisme mesuraient leur empreinte carbone. Un renforcement de la sensibilisation, du développement des compétences et des contenus a ainsi été mis en œuvre, ce qui a permis une augmentation de 49 % du nombre d’entreprises mesurant leur empreinte carbone en 2023.
Encadré 3.4. Développement de la plateforme Sustainable Tourism Explorer en NouvelleZélande
Copier le lien de Encadré 3.4. Développement de la plateforme <em>Sustainable Tourism Explorer</em> en NouvelleZélandeLa plateforme Sustainable Tourism Explorer (STE) de la NouvelleZélande a été développée conjointement par les pouvoirs publics, le secteur privé et le secteur de l’éducation. Ce processus a été entamé en 2018, à partir d’une comparaison des mesures existantes dans la stratégie du tourisme de NouvelleZélande (New Zealand Tourism Strategy), le cadre relatif aux niveaux de vie (Living Standards Framework) et les ODD des Nations Unies. Cette comparaison avait pour objectif d’établir un équilibre entre la fiabilité scientifique, l’exhaustivité et la viabilité économique continue de l’outil de suivi, tout en veillant à ce que le STE fonctionne efficacement pour le public cible.
Pas moins de 109 mesures ont ainsi été identifiées, couvrant 5 piliers du tourisme durable, à savoir l’environnement, les touristes nationaux et internationaux, l’économie, les Néo-zélandais et les communautés et régions. Des données sont actuellement uniquement disponibles pour 54 de ces mesures et des travaux sont en cours pour compiler de nouvelles données, notamment sur la gestion des déchets, la protection du patrimoine culturel, l’attitude des communautés à l’égard du tourisme, ainsi que sur les investissements d’infrastructure pour la gestion des ressources et des transports (durables) au niveau régional.
Les pouvoirs publics néo-zélandais se sont associés au secteur privé afin de renforcer le partage de données dans l’ensemble du secteur, mais aussi de créer et d’améliorer les principales séries de données pour permettre une mesure plus fine des incidences du tourisme durable. Des accords formels de partage de données, de nouveaux systèmes de gestion des données et une nouvelle infrastructure numérique ont également été mis en place, accompagnés d’un renforcement des capacités de manière à disposer des compétences nécessaires pour développer ces systèmes. Le STE doit encore faire l’objet d’améliorations complémentaires, notamment pour en faciliter l’utilisation et pallier les manques de données.
Éclairer et évaluer les politiques et les avancées en faveur d’un tourisme durable
Des efforts supplémentaires seront nécessaires non seulement pour améliorer l’adéquation des indicateurs avec les enjeux de politique publique, mais aussi pour renforcer les capacités des décideurs et des responsables de l’action publique à accéder aux informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées et fondées sur des éléments probants, et à exploiter efficacement ces données. Un examen récent de l’incidence des cadres d’indicateurs de la durabilité du tourisme a montré que les cadres existants sont davantage axés sur les indicateurs en soi et sur la sensibilisation au tourisme durable, et qu’ils ne sont pas suffisamment représentatifs des résultats des politiques en place (Miller et Torres-Delgado, 2023[18]). Cela peut être dû au fait que les indicateurs ont tendance à être définis sur la base des données disponibles plutôt qu’à partir de l’objectif stratégique recherché. Il conviendrait donc d’abandonner les mesures et indicateurs individuels et d’adopter une approche axée sur les résultats pour les utilisateurs.
Une perspective stratégique forte, qui met l’accent sur les utilisateurs finals, pourrait contribuer à une meilleure adéquation des données disponibles avec les enjeux de politique publique, et à l’identification des manques de données à combler en priorité. Ceci permettra de garantir que les mesures établies seront adaptées et pertinentes pour les destinations. Privilégier les actions prioritaires nécessaires au changement pourrait contribuer à accélérer la transition en faveur de modèles touristiques plus durables.
Les mesures ou séries de mesures universelles visant à contrôler l’ensemble des aspects de la durabilité du tourisme de manière significative et pour toutes les destinations incluraient vraisemblablement un nombre important d’indicateurs, dont une grande partie ne seraient pas pertinents pour tous les pays dans la mesure où les problèmes rencontrés sont différents en fonction des destinations. Ceci est confirmé par les enseignements et éléments probants issus des travaux d’élaboration d’un ensemble commun d’indicateurs approuvés, et ce, en raison de la nature complexe du tourisme et de la grande variété de ses répercussions. Appuyée par un ensemble choisi d’indicateurs adaptés aux ressources spécifiques et aux objectifs et besoins stratégiques d’une destination ou d’un pays donné, une approche axée sur une série limitée d’indicateurs de base, ciblant un jeu de données solide et permettant une comparaison internationale sur la base des défis fondamentaux auxquels les pays sont confrontés en matière de durabilité, pourrait s’avérer plus fructueuse.
Une bonne compréhension du processus, du contexte et des objectifs de l’action publique peut permettre de s’assurer que les données probantes disponibles sont réellement adaptées aux besoins des décideurs. Il convient que les responsables de l’action publique et autres utilisateurs soient impliqués dès le départ et consultés régulièrement tout au long du processus. Il s’agit là de l’une des principales conclusions de l’atelier sur le partage, l’intégration et la gouvernance des données relatives au tourisme organisé récemment par l’OCDE et la Commission européenne. Il est également ressorti de cet atelier qu’il est préférable de mesurer correctement les aspects pertinents que de chercher à tout mesurer.
Les contraintes liées au manque de ressources et de capacités continuent de limiter la faculté des destinations à développer des données et en assurer le suivi de façon permanente, voire à étudier les possibilités offertes par des sources de données nouvelles et existantes, et ce, dès le départ. Comprendre les objectifs d’action publique et les mesures nécessaires à une prise de décision éclairée (y compris en termes de niveau de détail et d’actualité des données requises) permet de hiérarchiser les données qu’il convient de développer ou non en fonction des ressources disponibles. La maîtrise et l’utilisation de cadres de mesure adaptés peuvent également rendre possible cette hiérarchisation des données.
Définir des priorités stratégiques pour promouvoir le tourisme durable
Copier le lien de Définir des priorités stratégiques pour promouvoir le tourisme durableLes stratégies touristiques définissent des perspectives à long terme pour guider les efforts en matière de développement durable et fournir une base solide pour déterminer le meilleur modèle de fonctionnement pour le secteur du tourisme. Des travaux supplémentaires seront toutefois nécessaires non seulement pour comprendre en quoi consiste la durabilité pour un pays ou une destination spécifique, mais aussi pour définir précisément les priorités essentielles en matière de durabilité et les actions concrètes à mettre en œuvre pour y répondre.
Parallèlement à ces stratégies nationales, les pays mettent aussi en avant des initiatives portant sur différentes questions fondamentales liées à la durabilité. La prise en compte de ces priorités ou questions pourrait permettre de comprendre de manière plus concrète les éléments nécessaires à la création d’un modèle de tourisme plus durable. Une analyse des questions prioritaires en matière de durabilité du tourisme établies en réponse à une enquête réalisée auprès des membres de l’OCDE et des pays partenaires a mis en évidence les dix problématiques communes suivantes :
Tolérance et inclusion : le tourisme permet de découvrir de nouvelles cultures et de nouveaux modes de vie. Veiller à ce que les destinations et les entreprises soient enclines et aptes à créer un environnement inclusif aussi bien pour les travailleurs que pour les visiteurs (sur les aspects de genre, d’ethnie, d’accessibilité, etc.) peut contribuer à la production d’avantages économiques et sociaux.
Biodiversité : l’environnement naturel reste un attrait majeur pour les touristes, mais il subit aussi en retour les répercussions du tourisme. En limitant les effets négatifs du tourisme sur la biodiversité, il est possible d’améliorer la stabilité des écosystèmes, de renforcer la résilience face au changement climatique, de protéger la santé des populations et de prolonger la longévité des sites naturels.
Économie circulaire : les activités touristiques génèrent des volumes importants de pollution et de déchets. L’adoption accrue des principes de l’économie circulaire dans le secteur du tourisme peut contribuer à limiter les déchets et la pollution, tout en ayant des répercussions positives sur l’environnement et sur l’économie.
Ressenti de la communauté et des touristes : les communautés locales profitent souvent des avantages du tourisme, mais doivent tout aussi souvent en gérer les inconvénients. En veillant à ce que les communautés locales participent au processus de planification du tourisme, il est possible de renforcer l’adhésion des acteurs locaux et d’améliorer l’expérience des touristes, et par là même d’avoir une incidence positive sur les facteurs sociaux et économiques.
Décarbonation des transports : le tourisme repose sur la circulation des personnes. Réduire l’impact environnemental des transports par le développement de carburants d’aviation durables et par un recours accru aux transports publics et aux solutions de mobilité douce peut contribuer à la réduction des émissions.
Transformation numérique : tous les écosystèmes de l’économie et de la société se trouvent impactés et bouleversés par la transformation numérique, et le secteur du tourisme n’échappe pas à la règle (Commission européenne, 2021[19]). Les outils numériques à disposition des entreprises et des touristes peuvent contribuer à renforcer la productivité et améliorer le niveau de satisfaction, tout en permettant la production de nouveaux types de données et d’éléments probants à l’appui des processus décisionnels.
Résilience face aux chocs : les chocs, dont les catastrophes physiques et naturelles, devraient continuer de gagner en fréquence. Pour préserver une croissance durable, le secteur du tourisme doit minimiser les répercussions de ces chocs et être en mesure de reconstruire sur de meilleures bases. Une résilience accrue peut garantir davantage de stabilité et améliorer les avantages économiques et sociaux du tourisme.
Concentration touristique : les destinations sont souvent tributaires de pics de fréquentation touristique, aussi bien en termes géographiques que dans le temps. Une meilleure répartition des touristes entre différents sites et un allongement de la saison touristique de manière à inclure les périodes d’intersaison peuvent générer des avantages économiques, tout en réduisant l’incidence des basses saisons sur les communautés et l’environnement. D’autres types d’interventions, comme une amélioration des infrastructures disponibles dans une destination, jouent également un rôle sur la capacité des destinations à gérer les flux de visiteurs.
Main-d’œuvre du tourisme : en tant que secteur de services, le tourisme repose largement sur sa main-d’œuvre. Garantir que le secteur du tourisme propose du travail décent dans des conditions équitables, tout en contribuant à renforcer les compétences sociales, vertes et numériques des travailleurs, peut permettre d’améliorer la vie des populations locales et les avantages économiques.
Comportement des touristes : l’incidence du tourisme n’est pas uniquement quantitative, elle concerne également le contexte géographique où se produit l’activité touristique et la manière dont les touristes se comportent. Comprendre le comportement des touristes et leur faciliter l’accès à des choix plus durables peut permettre de générer des avantages sociaux, environnementaux et économiques.
Ces problématiques diffèrent d’une destination à l’autre et devraient continuer de faire l’objet d’une évaluation, dans la mesure où elles ne doivent pas toutes être traitées de manière simultanée ou avec la même intensité. Les destinations qui dépendent du tourisme littoral, par exemple, sont davantage susceptibles de s’intéresser aux questions de qualité de l’eau ou de biodiversité, alors que les destinations insulaires et lointaines sont davantage concernées par la décarbonation des transports. Plusieurs problématiques restent néanmoins communes à l’ensemble des destinations, comme la saisonnalité, la répartition géographique des touristes vers des zones moins visitées ou encore l’incidence de la fréquentation touristique sur les communautés et l’environnement naturel. Le Tableau 3.2 offre une répartition des priorités ci-dessus par pays participant. Des travaux ont déjà été engagés pour traiter un grand nombre de ces problématiques par la mise en œuvre de nouvelles politiques et de nouveaux programmes, et peuvent ainsi apporter des éclairages intéressants.
Tableau 3.2. Questions prioritaires en matière de durabilité du tourisme identifiées par les membres de l’OCDE et les pays partenaires
Copier le lien de Tableau 3.2. Questions prioritaires en matière de durabilité du tourisme identifiées par les membres de l’OCDE et les pays partenaires
Questions essentielles de durabilité identifiées |
Pays concernés |
---|---|
Tolérance et inclusion |
Australie, Brésil, Canada, Finlande, Japon, Luxembourg et Roumanie |
Biodiversité |
Allemagne, Australie, Autriche, Lituanie, Pérou, Pologne et Slovénie |
Économie circulaire |
Allemagne, Autriche, Brésil, ÉtatsUnis, Grèce, Italie, Japon, Malte, Pérou, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovénie, Suède, Suisse et Türkiye |
Ressenti des populations locales et des touristes |
Australie, Autriche, France, Islande, Italie, Japon, Luxembourg, Malte, République tchèque, Roumanie et Suède |
Décarbonation des transports |
Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Finlande, France, Islande, Italie, Lituanie, NouvelleZélande, Pérou, Slovénie, Suède, Suisse et Türkiye |
Transformation numérique |
Allemagne, Costa Rica, Estonie, Grèce, Lettonie, Luxembourg et Türkiye |
Résilience face aux chocs |
Australie, Brésil, Canada, Costa Rica, ÉtatsUnis, France et Grèce |
Concentration touristique |
Autriche, Brésil, Grèce, Islande, Italie, Japon, Lituanie, Luxembourg, Malte, NouvelleZélande, Pologne, République tchèque, Roumanie, RoyaumeUni, Slovénie, Suisse et Türkiye |
Main-d’œuvre du tourisme |
Allemagne, Australie, Autriche, Canada, Costa Rica, Estonie, Finlande, Grèce, Islande, NouvelleZélande, Suède et Suisse |
Comportement des touristes |
Australie, Japon, Lituanie, Pologne et Suisse |
Source : études par pays de l’OCDE.
Enrichir le socle de données factuelles pour la prise de décision dans le domaine du tourisme
Copier le lien de Enrichir le socle de données factuelles pour la prise de décision dans le domaine du tourismeLes mesures d’action publique ciblées et significatives doivent s’appuyer sur une approche stratégique de l’élaboration des indicateurs, outils et mesures permettant de fournir l’assise factuelle nécessaire au développement et à la gestion du tourisme durable. En associant une analyse ascendante détaillée des données disponibles à une approche descendante qui tient compte des priorités et objectifs de l’action publique, il est possible de garantir que les mesures mises en place seront à la fois accessibles et pertinentes pour les destinations. Cette approche intégrée, axée sur l’action publique, peut garantir que les indicateurs utilisés sont adaptés à une prise de décision éclairée. Parallèlement à cela, l’établissement de cibles, de seuils et d’indicateurs clés de performance peut permettre d’évaluer l’efficacité des efforts d’action publique et de définir des objectifs tangibles pour le secteur.
D’importants travaux sont actuellement mis en œuvre pour déterminer dans quelle mesure les données existantes peuvent contribuer à mesurer et assurer le suivi de la durabilité du tourisme, même si des manques de données subsistent. Il est possible, en s’appuyant sur les travaux existants, d’identifier de nouveaux produits et de nouvelles sources de données susceptibles de combler ces lacunes et permettre l’élaboration de politiques publiques fondées sur les faits, notamment en tirant parti des données créées dans le cadre de la transition numérique.
Les approches collaboratives de l’élaboration des politiques du tourisme peuvent également créer de nouvelles possibilités en matière de partage de données entre le secteur public et le secteur privé, et ce, tout en renforçant les capacités des décideurs à mieux comprendre les données touristiques, y compris leurs limites.
Évaluer, sélectionner et mettre en œuvre des indicateurs pour l’élaboration de politiques en faveur du tourisme durable
Lorsqu’ils sont bien conçus, les indicateurs peuvent soutenir l’élaboration de politiques efficaces et ciblées encourageant le développement d’un tourisme durable. Ces indicateurs doivent être fiables, cohérents et à jour, de manière à éclairer efficacement les décisions en matière de développement et de gestion du tourisme, et à permettre un suivi des progrès vers la réalisation de résultats durables. Il peut être intéressant de se concentrer, au moins dans un premier temps, sur un ensemble restreint d’indicateurs pratiques et accessibles qui répondent à des priorités stratégiques spécifiques, en mettant l’accent sur les exigences politiques à satisfaire dans les limites imposées par des ressources souvent limitées.
Les pays les plus en pointe dans l’élaboration et la mise en œuvre d’indicateurs de suivi de la durabilité du tourisme ont tous travaillé étroitement avec les responsables de l’action publique et les spécialistes des données à tous les échelons de l’administration, ainsi qu’avec les acteurs concernés du secteur privé, de la recherche universitaire et des communautés locales. Cette approche participative met en évidence que le processus de sélection et de validation des indicateurs peut jouer un rôle essentiel pour réunir les différentes parties prenantes autour d’un objectif commun, tout en renforçant les capacités nécessaires à une application et à une exploitation réussies de ces indicateurs. Elle peut également contribuer à l’intégration de ces indicateurs dans le cycle de l’action publique, à la création d’une vision partagée et au renforcement de la cohérence des politiques publiques.
Dans le cadre de son Plan T - Plan directeur pour le tourisme (Plan T - Masterplan für Tourismus), l’Autriche a mis au point une série d’indicateurs basés sur des critères de disponibilité, d’actualité, d’applicabilité et de cohérence des données. Une première liste d’indicateurs a été réduite à 26 indicateurs par un groupe de travail composé d’experts des domaines du tourisme, des données et des sciences. Après un dernier cycle de consultations et d’analyses, une liste finale de 12 indicateurs, révisés régulièrement, a été établie. Une série de 14 indicateurs est aujourd’hui utilisée (Encadré 3.5). De même, en NouvelleZélande, la plateforme Sustainable Tourism Explorer est le résultat d’une démarche collaborative, pilotée par le gouvernement néo-zélandais (Encadré 3.4).
Ces approches participatives donnent aux acteurs du tourisme la possibilité de travailler conjointement pour définir les enjeux de politique publique, évaluer les sources de données possibles et disponibles, et élaborer les mesures appropriées. L’intérêt de ce processus ne se limite pas au seul établissement d’une série d’indicateurs, puisqu’il permet d’approfondir les connaissances sur les problématiques visées, et ce, en s’enrichissant de perspectives et de raisonnements différents. Il peut également servir d’exercice de renforcement des capacités pour les compilateurs d’indicateurs et les responsables de l’action publique en tant qu’utilisateurs finals, en leur permettant d’en apprendre davantage sur les données, sur les défis qu’elles posent et sur leurs limites. Il peut par ailleurs jeter les bases d’actions collaboratives futures de meilleure qualité (PNUE, 2015[20]).
Les processus collaboratifs contribuent à garantir la pertinence des indicateurs face aux besoins des responsables de l’action publique et permettent de susciter l’adhésion et l’appropriation nécessaires à l’application et à l’utilisation de ces indicateurs. Ces processus permettent en outre d’augmenter la longévité des indicateurs, tout en fournissant aux utilisateurs davantage de contexte sur les données, mais aussi d’améliorer la qualité des données disponibles. En Australie par exemple, en plus de déterminer les indicateurs fondamentaux du tourisme, le groupe de travail pour l’analyse spécialisée et les données sectorielles (Industry Data and Expert Analysis Working Group) a été chargé de recenser les méthodes de recueil des données pour les mesures identifiées et de formuler des propositions d’amélioration.
Encadré 3.5. Suivi et promotion du développement du tourisme durable en Autriche
Copier le lien de Encadré 3.5. Suivi et promotion du développement du tourisme durable en AutricheDans le cadre de son plan directeur pour le tourisme (Plan T - Masterplan für Tourismus), l’Autriche a mis au point un ensemble d’indicateurs prenant en compte les dimensions sociale, économique et environnementale de la durabilité. Ces indicateurs ont été sélectionnés au terme d’un processus de consultation multipartite et sont adaptés de manière continue afin de refléter l’évolution de la situation. Ils couvrent ainsi notamment :
les arrivées de touristes et les séjours avec nuitée, les dépenses, la valeur ajoutée brute (VAB) et les données sur l’emploi disponibles à partir du Compte satellite du tourisme (CST) ;
la compétitivité des prix ;
les revenus par chambre disponible et la période de remboursement de la dette fictive auprès de la Banque autrichienne de développement du tourisme (Österreichische Hotel- und Tourismusbank) ;
la part des sources d’énergie renouvelables dans les secteurs de la gastronomie et de l’hébergement selon l’office fédéral de la statistique (Statistik Austria) ; la consommation d’énergie dans les principaux secteurs du tourisme ;
le niveau de satisfaction des vacanciers selon l’enquête T-MONA ;
l’attitude des résidents à l’égard du tourisme / l’acceptation du tourisme ;
le nombre d’entreprises et de destinations affichant l’écolabel autrichien.
Cet ensemble d’indicateurs est l’une des composantes de l’approche globale adoptée par l’Autriche pour contrôler et faire avancer le développement du tourisme durable aux niveaux national, régional, des destinations et des entreprises. Cette approche globale repose également sur les éléments suivants :
le lancement d’un nouveau tableau de bord publiquement accessible au premier semestre 2024, suite à un projet pilote sur les systèmes régionaux d’information et de suivi dans deux régions touristiques. Cet outil d’observation et de gestion continues, également à destination des acteurs du tourisme, rassemble des données régionales (30 indicateurs de base) sur le nombre de visiteurs et d’entreprises, le marché du travail, la mobilité ou encore l’environnement ;
l’écolabel autrichien pour les destinations, basé sur des critères d’évaluation liés à la gestion, aux effets socioéconomiques, à la protection de l’environnemental, à la mobilité et à la culture ;
neuf indicateurs spécifiques au tourisme fournis par ESG Data Hub, permettant aux entreprises de partager et consulter des données en matière de performance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG), et ce, afin de faciliter l’accès au financement et promouvoir le rôle fondamental du secteur privé pour faire avancer les objectifs de durabilité ;
des enquêtes trimestrielles consacrées à l’acceptation du tourisme par la population autrichienne, mises en œuvre à l’échelon national, et légalement basées sur la réglementation applicable aux statistiques relatives à l’acceptation du tourisme et à la demande touristique. Dans la mesure où l’enquête sur l’acceptation du tourisme est mise en œuvre dans le cadre de l’enquête existante sur les comportements touristiques, des effets de synergie sont possibles aussi bien en termes de contenu qu’en termes de ressources. La première édition de cette enquête concernait le premier trimestre 2024. La compilation continue de statistiques d’acceptation a pour objectif d’enregistrer les effets perçus du tourisme de manière à brosser un tableau général de l’attitude de la population à l’égard du tourisme et à permettre un suivi de son développement à long terme.
Les indicateurs et éléments probants utilisés pour élaborer les politiques en matière de tourisme durable et en assurer le suivi doivent continuer de faire l’objet de révisions et de mises à jour afin que les questions prioritaires puissent être prises en charge sur la durée. Face à l’évolution des pratiques en matière de durabilité et de la disponibilité des données, les indicateurs doivent eux aussi évoluer. Cela n’implique pas seulement qu’il est nécessaire d’ajouter de nouveaux indicateurs, mais qu’il convient aussi de déterminer si les indicateurs existants restent pertinents et s’ils doivent être conservés.
Une bonne compréhension du contexte d’action des pouvoirs publics et du niveau adéquat de mesure nécessaire joue un rôle déterminant pour identifier et développer les indicateurs adaptés à une prise de décision éclairée. Se concentrer uniquement sur les initiatives aux niveaux national et régional pourrait conduire à l’omission de certaines questions plus vastes de durabilité qui nécessitent d’être traitées au niveau international (par exemple, les enjeux liés à l’aviation internationale). Les initiatives comme la base de données de l’OCDE sur les Émissions de CO2 du transport aérien, qui réunit des données sur les vols intérieurs et internationaux pour 186 pays (transport de passagers et de marchandises) et qui peut être utilisée aussi bien pour l’approche territoriale que pour l’approche fondée sur la résidence dans le cadre comptable du SCEE, pourraient contribuer à améliorer le suivi des émissions dues au transport aérien d’une manière complémentaire et qui permette la comparaison (OCDE, 2023[21]).
Développer des outils et des critères de mesure pour suivre les progrès accomplis
Pour être significatifs et réellement utiles, les indicateurs et les points de données doivent être analysés en contexte. Il est donc indispensable de définir des objectifs pour ces indicateurs, de sorte à permettre aux responsables de l’action publique de déterminer si les destinations touristiques se rapprochent ou s’éloignent des résultats souhaités en matière de développement durable (Miller et Torres-Delgado, 2023[18]). En partageant aux niveaux national et infranational des éléments probants comme des objectifs, des seuils et les progrès accomplis (par exemple, par le biais de tableaux de bord ou de plateformes en ligne), il est possible d’étayer l’élaboration des politiques de tourisme et d’éclairer les processus décisionnels, tout en donnant un caractère plus tangible au développement durable et à ses avantages.
Les objectifs des mesures relatives au tourisme durable varieront en fonction du contexte spécifique des destinations touristiques (échelon national, infranational ou local) et tiendront compte des besoins particuliers ou des seuils pertinents pour chaque mesure. La définition des seuils appropriés est une tâche complexe et non statique. Comprendre la direction souhaitée dans laquelle une mesure devrait s’orienter constitue toutefois un bon point de départ. Ces informations de contexte peuvent aider les décideurs à suivre les progrès accomplis vers les résultats escomptés et à évaluer l’efficacité des politiques et programmes mis en œuvre.
Bien que la durabilité soit de plus en plus répandue dans les plans et stratégies touristiques nationaux et infranationaux, et ce, dans de nombreux pays, les objectifs et indicateurs clés de performance définis dans ces plans et stratégies restent généralement axés sur des mesures économiques (Encadré 3.1). Pour intégrer les principes de durabilité dans le développement du tourisme, il convient de doter ces stratégies de cibles et d’objectifs qui couvrent toutes les dimensions de la durabilité, de ne pas se limiter aux objectifs historiques en termes de dépenses et d’arrivées de touristes, et de se concentrer sur les besoins spécifiques de la destination ou du pays concerné.
Il s’agit de l’approche adoptée par le Portugal dans le cadre de sa stratégie touristique pour 2027, laquelle vise à faire du tourisme un vecteur de développement économique, social et environnemental sur l’ensemble du territoire, et à positionner le Portugal comme l’une des destinations les plus compétitives et les plus durables au monde. Cette stratégie prévoit des objectifs couvrant l’ensemble des aspects sociaux, environnementaux et économiques, et place les entreprises au cœur des efforts de développement durable (Encadré 3.6).
Encadré 3.6. Définition d’objectifs stratégiques pour le développement du tourisme durable au Portugal
Copier le lien de Encadré 3.6. Définition d’objectifs stratégiques pour le développement du tourisme durable au PortugalLa stratégie touristique du Portugal pour 2027 (Estratégia Turismo 2027) a inscrit la durabilité au cœur des politiques touristiques du pays, selon une vision visant à envisager le tourisme comme un vecteur de développement économique, social et environnemental sur l’ensemble du territoire (« o turismo como hub para o desenvolvimento económico, social e ambiental em todo o território »). Cette stratégie définit huit objectifs ou cibles stratégiques couvrant les trois piliers de la durabilité. Ils consistent notamment à :
réduire l’indice de saisonnalité de 36.3 % à 33.5 % d’ici à 2027 (pilier social) ;
doubler le nombre de diplômés dans le tourisme pour passer de 30 % à 60 % (pilier social) ;
faire en sorte qu’au moins 90 % des résidents aient une opinion positive de l’incidence du tourisme sur leur territoire (pilier social) ;
faire en sorte qu’au moins 90 % des entreprises adoptent des mesures d’efficacité énergétique (pilier environnemental) ;
faire en sorte qu’au moins 90 % des entreprises promeuvent une utilisation efficiente de l’eau dans leurs activités (pilier environnemental) ;
faire en sorte qu’au moins 90 % des entreprises élaborent des mesures de gestion efficace des déchets (pilier environnemental) ;
augmenter le nombre de séjours avec nuitée au Portugal à 80 millions en 2027 (pilier économique) ;
augmenter les revenus du secteur du tourisme à 27 milliards EUR à l’horizon 2027 (pilier économique).
Ceux-ci viennent s’ajouter aux objectifs pour 2023 inclus dans le plan de mise en place d’un observatoire régional du tourisme au sein de chacun des 7 organismes régionaux de gestion des destinations (OGD), en partenariat avec l’ONU Tourisme et son réseau international d’observatoires du tourisme durable, rapprochant par là même les universités et les centres de connaissances des organismes de gestion des destinations.
En Norvège, l’objectif général de la stratégie nationale du tourisme à l’horizon 2030 (Nasjonal reiselivsstrategi 2030) est résumé par la formule « un fort impact, une empreinte limitée ». Les principaux objectifs de cette stratégie consistent à améliorer l’emploi et la création de valeur, à aider le pays à opérer sa transition vers une société faiblement carbonée, à rendre les communautés attrayantes et les résidents heureux, et à proposer aux clients des services d’une qualité exceptionnelle afin de les encourager à renouveler leurs visites et à dépenser davantage. Pour soutenir la réalisation de ces objectifs, la stratégie norvégienne s’appuie sur un engagement de réduction de 50 % des émissions de carbone d’ici à 2030 et de diminution annuelle de 10 % des émissions du secteur des transports, et ce, en complément des objectifs définis en termes de revenu et d’emploi. Parmi les initiatives et mesures mises en œuvre pour atteindre ces objectifs stratégiques, la Norvège vise à développer un calculateur de développement du marché (appelé « Klimasmart ») qui met en corrélation les dépenses touristiques et les émissions de carbone de manière à prioriser les marchés à faible émission de carbone enregistrant un fort niveau de dépenses.
En Slovénie, la stratégie touristique pour la période 202228 (Strategija slovenskega turizma 2022–2028) vise à faire du pays un modèle pour les destinations intelligentes qui renforcent et encouragent le développement d’expériences durables, personnalisées, innovantes et de proximité. Pour parvenir à un modèle de croissance équilibrée du tourisme qui met l’accent sur un renforcement accéléré de la qualité et de la valeur ajoutée, la Slovénie a défini 25 mesures d’impact, chacune accompagnée d’objectifs quantitatifs par rapport à la référence de 2019 (Encadré 3.7).
Encadré 3.7. Définition des objectifs de la stratégie touristique de Slovénie pour 202228
Copier le lien de Encadré 3.7. Définition des objectifs de la stratégie touristique de Slovénie pour 202228La stratégie touristique slovène pour la période 202228 (Strategija slovenskega turizma 2022–2028) définit 14 indicateurs clés d’impact (25 mesures au total). Sur la base des données de référence de 2019, la Slovénie a établi des objectifs quantitatifs à l’horizon 2028 pour chacune de ces 25 mesures. Les valeurs cibles ont été déterminées en fonction des prévisions du développement du tourisme en Slovénie selon le principe « un petit peu plus pour de grands résultats », lequel promeut une croissance quantitative modérée tout en donnant la priorité à une amélioration de la qualité et de la valeur ajoutée. À travers cinq stratégies, la Slovénie vise par exemple à :
augmenter la valeur ajoutée totale du secteur du tourisme de base, de 0.9 milliard EUR en 2019 à 1.3 milliard EUR en 2028 (dimension financière et relative aux entreprises) ;
accroître de 20 % la durée des séjours (dimension financière et relative aux entreprises) ;
améliorer le niveau de satisfaction moyen de la population à l’égard du développement du tourisme dans les destinations incluses dans le programme vert pour le tourisme, de 3.6 à 4.3 sur une échelle de 1 à 5 (dimension sociétale) ;
augmenter le nombre d’emplois créés par la demande de tourisme (dimension économique) ;
réduire d’au moins 1 % l’empreinte carbone annuelle totale du secteur slovène du tourisme (dimension environnementale et liée au climat) ;
relever de 50 % les budgets de l’ensemble des organismes de gestion des destinations (dimension liée à la gestion).
Les indicateurs de performance sont contrôlés chaque année de manière à suivre les progrès accomplis par rapport aux cinq principaux objectifs de cette stratégie. La compilation des indicateurs est réalisée à partir de différentes sources de données, dont le Programme vert (Zelena shema) géré par l’Office du tourisme de Slovénie, l’Office statistique de la République de Slovénie, la Banque de Slovénie et le registre slovène des entreprises.
Les seuils constituent un autre outil utile pour assurer le suivi des performances. Certains d’entre eux peuvent toutefois être difficilement quantifiables et ainsi nécessiter une approche plus qualitative. La surfréquentation des destinations a suscité un intérêt accru pour une meilleure prise en compte de la capacité de charge des destinations. Des données plus solides sont nécessaires pour anticiper le moment où le tourisme atteint son point de saturation dans une destination et identifier les contre-mesures efficaces pour compenser les effets et inconvénients du tourisme, de manière à ce que les avantages produits soient supérieurs au coût pour les communautés d’accueil, les entreprises, l’environnement et les touristes.
Pour gérer les tensions et contraintes que suscite le tourisme pour les infrastructures, l’environnement et les communautés d’accueil, il devient de plus en plus important de déterminer les seuils critiques et les capacités des destinations. La capacité de charge des destinations n’est pas une notion nouvelle, mais elle fait l’objet d’un regain d’attention dans un contexte où les destinations sont confrontées aux répercussions du fort redémarrage des flux touristiques. Une étude récente révèle que la capacité de charge est une notion changeante qui ne peut être représentée par une valeur chiffrée et que des indicateurs à eux seuls ne peuvent rendre fidèlement compte de cette capacité de charge (ESPON, 2020[22]). Cette étude souligne également qu’il n’existe pas qu’une seule manière de prendre en compte les caractéristiques territoriales spécifiques des destinations touristiques dans l’évaluation de leur capacité de charge. Les lignes directrices en la matière doivent par conséquent être adaptables, tandis que la production de données innovantes et la visualisation des flux touristiques peuvent permettre d’obtenir une image d’ensemble de la dynamique du tourisme local.
Une comparaison des progrès au sein des pays et entre les pays est souvent considérée comme un moyen efficace de suivre l’avancée des objectifs, à condition qu’il existe un point de référence commun. Au niveau européen, le tableau de bord du tourisme de l’UE (EU Tourism Dashboard) donne aux pays et régions la possibilité d’évaluer leurs progrès en fonction de 19 mesures communes et d’une série de 13 descripteurs de base. Lorsqu’il y a lieu, des cibles sont affichées pour les mesures ainsi que les changements de direction positifs pour les points de données. Ces mesures sont proposées via un outil open source en ligne permettant une visualisation des données avec un niveau de détail le plus fin possible, aussi bien à l’échelle nationale que régionale.
Pour assurer la pertinence des comparaisons et des objectifs définis, il convient toutefois de prendre en compte les éléments de contexte. Une comparaison des émissions totales dues aux transports ne saurait en effet être significative entre une destination centrale et enclavée comme la Suisse et une destination insulaire éloignée comme la NouvelleZélande ou même Malte. En Espagne, les quatre régions d’Andalousie, de Catalogne, de Navarre et de Valence ont mis au point et testé un projet d’indicateurs de durabilité, soutenu par l’OCDE dans le cadre de l’Instrument d’appui technique financé par l’Union européenne. L’objectif de ces indicateurs est de permettre une comparaison des performances en matière de durabilité de toutes les régions d’Espagne à partir de sources de données communes. Ce projet a toutefois mis en évidence que les informations issues de comparaisons directes peuvent n’avoir qu’une valeur limitée lorsque les régions comparées présentent des différences claires en termes de volumes de visiteurs, de types d’activités touristiques, de caractéristiques géographiques ou encore d’infrastructures. Bien que les comparaisons entre des pays ou régions présentant un profil similaire permettent de dégager des objectifs et des exemples de bonnes pratiques, assurer un suivi de l’évolution d’un pays ou d’une région sur la durée peut également constituer une approche intéressante de l’évaluation des avancées en faveur du développement d’un tourisme durable.
Pour réaliser des progrès et susciter une mobilisation continue, il est important de faire en sorte que les données requises pour éclairer l’élaboration des politiques publiques, la gestion des destinations et les décisions commerciales soient mises à la disposition des parties concernées. Les répercussions de la pandémie de COVID19 ont mis en évidence l’importance de disposer d’informations aisément accessibles pour la prise de décision. Parallèlement à cela, les outils et tableaux de bord en ligne de gestion des statistiques et des données touristiques sont devenus de plus en plus facilement disponibles aux niveaux international, national et infranational. De son côté, la Slovénie a mis au point un tableau de bord consacré aux flux touristiques, où sont publiées chaque jour des données sur les arrivées de touristes et les séjours avec nuitée pour l’année en cours avec un décalage de trois jours. Ces données sont publiées à titre indicatif, dans la mesure où elles sont susceptibles d’être modifiées et ne correspondent pas aux données mensuelles officielles ; elles fournissent toutefois une première indication de l’évolution des performances du tourisme.
Combler les manques de données en matière de durabilité grâce aux méthodes traditionnelles
Les décideurs et les responsables de l’action publique fondent leurs décisions sur les données disponibles, lesquelles peuvent ne pas être suffisamment fiables, à jour ou pertinentes pour permettre de comprendre et corriger les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ceci peut donner lieu à des décisions inadaptées et à des programmes ou mesures mal ciblés. Les indicateurs n’ont par ailleurs de valeur que lorsque des données existent pour les mesurer. Combler les manques de données en mettant l’accent sur les priorités d’action publique et en garantissant la disponibilité des éléments probants peut permettre de soutenir les efforts de transition vers une approche plus équilibrée du développement du tourisme, mais aussi d’éclairer la prise de décision en tenant compte des arbitrages, des externalités économiques et de l’interconnexion des enjeux stratégiques.
Les mesures économiques applicables au secteur du tourisme sont aujourd’hui bien établies, mais il existe encore certains manques de données à l’appui des priorités stratégiques fondamentales en faveur du tourisme durable, ce qui limite la prise de décision fondée sur des données probantes (p. ex. : tolérance et inclusion, biodiversité, économie circulaire, ressenti de la communauté et des touristes, décarbonation des transports et transformation numérique). Les données officielles existantes suffisent à la création de plans stratégiques nationaux à long terme, mais des travaux supplémentaires restent nécessaires.
L’association de différentes sources de données peut contribuer à l’élaboration de politiques du tourisme fondées sur des éléments probants. Le secteur du tourisme a la particularité d’être un secteur relativement fragmenté, dans lequel de nombreux acteurs ont accès à un ensemble limité de données liées à leurs activités spécifiques. En Autriche, dans le cadre du projet Tourism Data Space, plusieurs solutions ont été développées pour remédier à ce problème (p. ex., en matière de mobilité et de consommation d’énergie). Ce projet a pour ambition, d’une part, de repenser l’expérience pour les touristes et de créer de nouveaux modèles économiques, de meilleurs services et des expériences fluides, et, d’autre part, d’exploiter des données pour la planification de scénarios (gestion des visiteurs ou disparités saisonnières et ponctuelles). Grâce à cette plateforme, les acteurs du tourisme peuvent tirer parti de données provenant de sources différentes, notamment dans les domaines de la gastronomie, de l’hébergement, de la mobilité, de la météorologie et des entreprises de téléphonie mobile. La plateforme a été développée dans l’idée de centraliser toutes les données, applications et visualisations pertinentes.
La Commission européenne œuvre actuellement au développement d’un espace européen commun des données sur le tourisme (European Tourism Data Space) qui permettra aux entreprises du secteur et aux pouvoirs publics de partager des données et par là même de combler les lacunes existantes et d’encourager l’innovation dans l’ensemble du secteur du tourisme.
Les pays étudient également différentes manières de combler les manques de données environnementales en harmonisant le Compte satellite du tourisme (CST) et le système de comptabilité économique environnementale (SCEE). L’Allemagne a développé et mis en œuvre dès 2017 une méthodologie complète permettant de lier le CST et le SCEE. Cette méthodologie a depuis été intégrée dans un compte satellite du tourisme « Économie et environnement » (CST-EE). Ceci permet de fournir des données sur l’incidence économique du secteur du tourisme, mais aussi sur la consommation d’énergie, les émissions atmosphériques et les intrants de matières premières liés aux activités touristiques, ainsi que sur les dépenses consacrées à la protection de l’environnement en Allemagne. Ces travaux sont devenus un domaine d’expérimentation pour des pays disposant d’ensembles de données solides issus du CST et du SCEE, comme l’Arabie saoudite, le Canada, les ÉtatsUnis et la Suisse. L’ONU Tourisme a élaboré en 2018 une note technique pour harmoniser les données du CST et du SCEE (ONU Tourisme, 2018[23]).
En 2023, la Croatie a développé une méthodologie permettant de rapprocher le CST et le SCEE dans le cadre d’un programme de réforme globale du secteur du tourisme. Il est toutefois apparu que d’importantes difficultés subsistaient dans l’évaluation des mesures environnementales à partir des données existantes, en particulier concernant l’écoulement des eaux et les déchets solides. Pour remédier à ces difficultés dans la mise en œuvre de son compte satellite du tourisme durable, la Croatie a procédé à une série de dix enquêtes sur mesure visant à renforcer la disponibilité des données aux niveaux national et régional (Encadré 3.8). L’Italie a adopté une approche similaire afin d’établir des estimations des niveaux de consommation d’énergie et d’émissions atmosphériques liées au tourisme. Cela n’est toutefois possible que du point de vue de la production, ce qui veut dire sont complètement ignorées des données essentielles en matière de consommation, comme la quantité de carburant utilisée par les touristes se déplaçant en voiture (personnelle ou de location).
Le rapprochement du CST et du SCEE doit s’appuyer sur une méthodologie statistique complexe et nécessite des données suffisamment détaillées qui ne sont pas disponibles pour l’ensemble des pays ou destinations. Bien qu’ils ne permettent pas de brosser un tableau complet de la situation, les indicateurs supplétifs peuvent contribuer à fournir des indications sur le progrès environnemental du secteur. Par exemple, dans le cadre de son programme national en faveur du tourisme durable (Sürdürülebilir Turizm Programı), la Türkiye a mis au point un système de notification en ligne permettant le suivi et la gestion des données relatives à la consommation d’eau et d’énergie, au volume de déchets, à l’empreinte carbone et aux émissions de gaz à effet de serre des établissements d’hébergement. En Norvège, l’initiative « CO2rism » propose un outil de calcul des émissions de CO2 générées par le transport de touristes à destination de la Norvège et à l’intérieur du pays.
Différents pays ont pris des mesures pour mieux comprendre l’incidence du tourisme sur les populations locales et leur environnement. Les enquêtes portant sur le ressenti et le niveau de satisfaction des résidents sont un moyen efficace d’évaluer les effets du tourisme sur les populations locales. L’Islande recueille ainsi des statistiques issues d’enquêtes de satisfaction réalisées auprès des résidents locaux et l’Autriche a récemment lancé une nouvelle enquête annuelle pour mieux comprendre l’incidence du tourisme sur les populations locales.
De son côté, l’Espagne a mis en place une enquête par panel en ligne avec pour objectif principal de développer un indicateur d’acceptation / de rejet du tourisme facile à comprendre et à appliquer à l’intention des destinations. Il inclut notamment les questions suivantes : « Sur une échelle de 1 à 5, comment estimez-vous le niveau d’incidence du tourisme sur votre quartier ? » et « Sur une échelle de 1 à 5, à quel point le tourisme dans votre ville vous affecte-t-il personnellement ? ». Ceci permet à l’Espagne de recueillir des données à la fois sur les effets du tourisme au niveau personnel et collectif.
La Slovénie a quant à elle lancé une étude pour mesurer le niveau de satisfaction de la population locale à l’égard du tourisme dans le cadre de son programme pour un tourisme vert (Zelena shema slovenskega turizma). Parmi les conditions nécessaires à l’obtention de l’écolabel Slovenia Green, une enquête doit être mise en œuvre par les destinations candidates, reflétant la nécessité de mesures détaillées au niveau infranational de sorte à répondre aux besoins des populations locales. Dans le cadre de son programme pour un tourisme vert, la Slovénie s’appuie sur des indicateurs essentiellement qualitatifs concernant la gestion des destinations, la nature et les paysages, l’environnement et le climat, la culture et les traditions, le climat social, et les activités commerciales liées au tourisme et la communication.
Encadré 3.8. Estimation de l’impact environnemental du tourisme à partir des données sur les comptes nationaux en Croatie
Copier le lien de Encadré 3.8. Estimation de l’impact environnemental du tourisme à partir des données sur les comptes nationaux en CroatieEn Croatie, le plan national pour la reprise et la résilience (Nacionalni plan oporavka i otpornosti) définit un programme de réforme globale visant à promouvoir la planification et le développement du tourisme durable. Dans le cadre de cet ambitieux projet, la Croatie a lancé des travaux afin d’évaluer la faisabilité de la création d’un compte satellite du tourisme durable par l’harmonisation du compte satellite du tourisme (CST) et des cadres des comptes nationaux du système de comptabilité économique environnementale (SCEE). L’objectif est d’améliorer la mesure des répercussions économiques et environnementales du tourisme en fournissant des données sur la consommation d’énergie, les émissions de carbone, l’utilisation de l’eau et la production de déchets dans ce secteur.
En vertu de l’un de ses principes fondamentaux, cette méthodologie s’appuie sur la part économique du secteur du tourisme telle que calculée dans le CST et applique ces taux aux mesures d’impact environnemental disponibles dans le SCEE au niveau sous-sectoriel afin d’estimer l’impact environnemental des activités touristiques. L’étude de faisabilité a révélé que cette approche pouvait être mise en œuvre pour les émissions atmosphériques et la consommation d’énergie au niveau national, dans la mesure où des données suffisamment détaillées étaient disponibles dans le SCEE croate (niveau à deux chiffres dans la nomenclature statistique des activités économiques dans la Communauté européenne (NACE)). De la même manière, le calcul des émissions de gaz à effet de serre, des émissions polluantes et de la consommation d’énergie liées aux activités touristiques devenait possible, aussi bien termes absolus qu’en termes d’intensité. Les indicateurs liés aux dépenses consacrées à la protection de l’environnement, à la consommation d’eau et à la production de déchets nécessitent toutefois des sources de données complémentaires.
La Croatie va œuvrer à étendre au niveau régional la méthologie du compte satellite du tourisme durable, en mettant l’accent sur les régions de niveau NUTS3 de la côte adriatique. Cette méthodologie sera renforcée afin d’inclure les données sociétales des 10 destinations sélectionnées.
Exploiter le potentiel des sources de données nouvelles et non traditionnelles
Les mesures officielles basées sur des approches éprouvées permettent de bénéficier d’un ensemble solide de données comparables, mais elles manquent souvent du niveau de détail requis et d’une actualisation suffisante. Les possibilités offertes par les nouvelles sources de données sont actuellement étudiées aussi bien par les pays que par le secteur privé. Les données issues de sources privées, comme les banques, les sociétés de cartes bancaires ou les opérateurs de téléphonie mobile, offrent de nouveaux moyens de suivre les performances et les effets du tourisme, tandis que les sources de données administratives offrent de nouvelles perspectives.
Les nouvelles sources de données peuvent contribuer à assurer le suivi d’aspects du tourisme dont il était auparavant difficile de rendre compte (comme les événements particuliers) sans recourir à des enquêtes dont le rapport coût/efficacité se fait de plus en plus défavorable. Les données de téléphonie mobile peuvent par exemple aider à comprendre les modèles de déplacement des visiteurs entre les sites touristiques et leurs lieux d’hébergement, et permettre ainsi aux responsables de l’action publique de prendre les mesures nécessaires, telles que l’ajout d’une offre de transport public ou de mobilité douce. Le recours à des compteurs intelligents dans les hébergements touristiques permet quant à lui d’obtenir un éclairage actualisé sur la consommation d’énergie des touristes.
L’association de plusieurs de ces nouvelles sources de données peut mieux armer les décideurs pour comprendre non seulement les incidences économiques du tourisme, mais aussi ses incidences sociales et environnementales. L’association de nouvelles sources de données peut également aider à déterminer comment trouver les meilleurs arbitrages possibles nécessaires au renforcement de la durabilité du tourisme. Les pays s’orientent de plus en plus vers l’intégration de nouvelles sources de données dans leurs systèmes d’informations touristiques, y compris de manière à renforcer les statistiques officielles dans ce domaine.
En NouvelleZélande par exemple, un projet pilote est en cours de développement pour évaluer la manière dont peut être contrôlée la qualité des paysages sonores en associant, d’une part, les données sur la circulation des navires et des aéronefs provenant des modules de suivi du système mondial de navigation par satellite, et, d’autre part, un logiciel de modélisation des sons prenant en compte les spécificités de la propagation du son dans l’eau et dans l’air. De son côté, Malte utilise une combinaison de technologies d’imagerie satellitaire et d’intelligence artificielle pour planifier le développement du tourisme et contrôler son impact environnemental. Ces travaux contribuent non seulement à concrétiser la vision définie dans la stratégie de Malte en faveur du tourisme pour 202130, intitulée « Recover, Rethink, Revitalise » (Se redresser, se repenser, se revitaliser), mais participent aussi au développement d’un ensemble adapté d’indicateurs pour la mesure et le suivi de la durabilité du tourisme dans le pays (Encadré 3.9).
Le recours à de nouvelles sources de données comme les données géospatiales (géolocalisation des téléphones portables ou imagerie satellitaire) offrent la possibilité de cartographier efficacement les flux de visiteurs. La Lituanie, par exemple, a mis au point une carte thermique à partir des données de géolocalisation par téléphone pour visualiser le nombre de visiteurs dans ses différents sites touristiques. Cette carte thermique est accessible au public afin de permettre aux acteurs concernés de prendre des décisions en fonction de l’activité touristique dans leur région (p. ex. : les prestataires de services touristiques) ou de planifier efficacement le développement d’installations touristiques ou le renouvellement des infrastructures (p. ex. : collectivités locales). Certains pays, dont l’Arabie saoudite, l’Australie, le Canada, le Chili, la Corée, le Costa Rica, l’Espagne, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, les PaysBas, la Pologne, le Portugal, le RoyaumeUni, la Slovénie, la Suède et la Tchéquie, s’intéressent aux données de géolocalisation par téléphone dans le cadre de la mesure du tourisme.
La Suisse exploite les données relatives aux billets de train pour estimer les flux touristiques entre les cantons suisses, permettant par là même une mesure plus précise des variations régionales et une meilleure information des acteurs locaux. Le recours à ce type de données pour l’estimation des flux touristiques nécessite qu’une grande part des touristes utilisent les transports publics plutôt que tout autre moyen de transport (automobiles, par exemple). L’Italie analyse quant à elle les données issues des médias sociaux pour fournir un éclairage sur le ressenti, les préférences et les expériences des touristes, tout en permettant de mieux comprendre les implications socio-culturelles et d’identifier plus efficacement les aspects à améliorer.
Il existe également une demande en matière de données prédictives concernant les voyages futurs. Ces données pourraient permettre aux pays et aux destinations de planifier leurs ressources, comme les transports publics, en fonction de la demande à venir. Certains pays comme la Hongrie, l’Italie et le Portugal s’appuient sur l’analyse des recherches sur internet dans leur pays ou région pour estimer la demande future de voyages.
Encadré 3.9. Utilisation de données satellitaires avancées pour le suivi des tendances du tourisme et de ses effets à Malte
Copier le lien de Encadré 3.9. Utilisation de données satellitaires avancées pour le suivi des tendances du tourisme et de ses effets à MalteFace au fort redémarrage du tourisme à Malte au lendemain de la pandémie de COVID19, le pays a souhaité assurer un suivi de l’incidence du tourisme dans l’ensemble du pays, et ce, conformément aux objectifs de développement durable. Afin de concrétiser la vision définie dans sa stratégie touristique pour 202130 « Recover, Rethink, Revitalise » (Se redresser, se repenser, se revitaliser), Malte développe une série d’indicateurs de durabilité qui seront contrôlés par l’autorité du tourisme maltaise (Malta Tourism Authority) et son observatoire (Malta Tourism Observatory). Cette initiative permet au ministère du Tourisme de Malte de comprendre et de suivre la dynamique et les tendances du tourisme, mais aussi de soutenir le suivi et la mise en œuvre de la stratégie touristique maltaise à moyen et à long terme.
Malte intègre également les données satellitaires recueillies dans un tableau de bord interactif afin de contrôler l’impact environnemental du tourisme dans le pays. Les douze indicateurs utilisés couvrent la santé de la végétation, l’étendue des espaces verts naturels et urbains, le potentiel agricole, la santé des forêts, la qualité de l’eau (chlorophylle, turbidité, salinité et température), l’évolution de l’urbanisation et sa proximité avec le patrimoine culturel et naturel, ainsi que la qualité de l’air en ville. Cette initiative est issue de la collaboration entre l’autorité du tourisme maltaise et l’entreprise de technologie Murmuration.
Pour Malte, le recours à des données satellitaires technologiquement avancées constitue un apport novateur à un ensemble d’indicateurs plus traditionnels. Le pays reconnaît également les avantages que représente l’association de différents outils et sources de données pour éclairer la prise de décision. Cette technologie offre un niveau de résolution suffisant pour percevoir les différences locales sur un territoire restreint comme les îles maltaises et permet une évaluation de l’impact environnemental des développements du tourisme dans les zones aussi bien résidentielles que naturelles.
Les nouvelles sources de données permettent un large éventail de possibilités novatrices pour mieux comprendre et assurer le suivi des incidences du tourisme, et évaluer l’efficacité des politiques et des programmes touristiques. Il convient toutefois de faire preuve de prudence dans l’utilisation de ces nouvelles sources de données et d’avoir conscience de leurs limites actuelles, dont certains problèmes de qualité des données, de couverture, de comparabilité et de représentativité, ainsi que de coût et de respect des législations relatives à la confidentialité des données. À titre d’exemple, les utilisateurs de médias sociaux peuvent ne pas être représentatifs de l’ensemble de la population des touristes, ce qui veut dire que la veille des médias sociaux peut ne pas permettre de dégager le sentiment réel des touristes ou de tenir compte des utilisateurs qui effectuent des recherches sans nécessairement voyager. Certains problèmes persistent toutefois concernant la définition des touristes dans les nouveaux ensembles de données, notamment pour ce qui est des données de géolocalisation par téléphone et des transactions. Ces sources de données doivent ainsi être utilisées conjointement avec des statistiques officielles et devraient continuer d’être analysées à mesure que de nouvelles données sont disponibles.
Renforcer les connaissances et les capacités en matière de données pour une prise de décision fondée sur des éléments probants dans le domaine du tourisme
Les responsables de l’action publique du secteur du tourisme reconnaissent de plus en plus le rôle important que jouent les approches fondées sur les données dans les processus décisionnels pour élaborer des politiques touristiques à la fois robustes et durables. Une bonne compréhension des données disponibles s’avère ainsi essentielle pour les responsables de l’action publique, tandis que la culture des données leur permet d’évaluer avec un regard critique la fiabilité, la pertinence et les limites des informations à leur disposition. Ils peuvent ainsi prendre des décisions éclairées et anticiper les conséquences potentielles de leurs interventions, tout en communiquant sur les raisons de ces décisions, en présentant les avantages des interventions proposées et en renforçant l’adhésion des parties prenantes.
Il est indispensable que les décideurs comprennent à la fois les possibilités offertes par les données disponibles et les limites de ces données. Avoir conscience du potentiel des données, en termes de couverture, d’actualité et de pertinence pour les objectifs recherchés, peut contribuer à garantir une prise de décision fondée sur des éléments probants. De même, avoir conscience des limites de ces données, y compris en termes de biais ou de couverture insuffisante, peut aider à assurer une prise en compte de ces problèmes de base lors du processus décisionnel. Si l’importance des capacités d’analyse et des données pour la prise de décision est de plus en plus reconnue, l’application de cette approche au contexte spécifique du tourisme présente des difficultés supplémentaires. En Corée, la demande de formation à la culture des données a augmenté à mesure que s’est développé l’accès à des services d’analyse et de données, notamment suite à la création de la plateforme Korea Tourism Data Lab (Encadré 3.10). Dans le cadre de ce laboratoire de données touristiques, pas moins de 220 utilisateurs débutants ont bénéficié d’un total de 13 programmes de formation en 2023.
Encadré 3.10. Renforcement des capacités en matière de données touristiques en Corée
Copier le lien de Encadré 3.10. Renforcement des capacités en matière de données touristiques en CoréeLa plateforme Korea Tourism Data Lab publie des statistiques officielles, dont les statistiques du tourisme coréen (Korea Tourism Statistics) et les statistiques du tourisme étranger (Foreign Tourist Survey), ainsi que des mégadonnées sur le tourisme. La Corée considère les mégadonnées comme un outil complémentaire aux statistiques officielles et encourage les utilisateurs à observer les tendances touristiques à travers les mégadonnées plutôt qu’à partir des chiffres officiels en raison de leur niveau supérieur d’actualité. Différentes initiatives ont été mises en œuvre pour améliorer l’utilisation de ce laboratoire de données et mettre en avant les possibilités offertes par les données touristiques disponibles.
Un concours des meilleurs cas d’utilisation du Korea Tourism Data Lab est organisé chaque année afin de découvrir comment la plateforme peut être utilisée pour résoudre des problèmes réels auxquels sont confrontées les entreprises. En 2023, le concours a réuni 53 équipes, parmi lesquelles une jeune entreprise du tourisme (Nolowa Gurye) qui s’est appuyée sur le laboratoire de données pour développer des programmes touristiques dans sept régions en analysant les destinations particulièrement prisées et les principaux facteurs d’attraction.
En complément du Korea Tourism Data Lab, la Corée propose un soutien personnalisé aux entreprises de tourisme à fort potentiel de croissance dans l’élaboration de stratégies de commercialisation, et ce, en permettant une intégration des données du laboratoire avec les données des entreprises concernées. En 2023, 15 entreprises ont bénéficié de ce soutien personnalisé.
Des enquêtes sont régulièrement réalisées auprès des utilisateurs afin de cerner leurs besoins en matière de nouvelles données et de services d’analyse. Des services personnalisés de formation à l’analyse des données sont également proposés à destination des utilisateurs débutants à avancés.
Le développement de l’aptitude à comprendre et à partager efficacement des données probantes nécessite des ressources dédiées, une formation spécifique et un renforcement des capacités. L’accès à des données, à des outils d’analyse et à une expertise pertinente est une condition essentielle pour permettre aux responsables de l’action publique d’appréhender efficacement les complexités d’un processus décisionnel fondé sur des éléments probants. Les programmes de formation continue et les initiatives de renforcement des capacités jouent un rôle essentiel pour développer la culture des données des responsables de l’action publique. Dans le cadre de la promotion de ses données de mobilité et de ses tableaux de bord du tourisme, la Lituanie a proposé des sessions de formation d’une durée pouvant aller jusqu’à deux heures afin de présenter les tableaux de bord aux participants. Durant ces sessions, les participants étaient invités à tenter de trouver eux-mêmes les données pertinentes. En Autriche, le manque de compétences en matière de données a été identifié comme l’une des principales difficultés sous-jacentes au lancement du Tourism Data Space, ce qui a par la suite donné lieu à la création du réseau des responsables des données (Data Stewards Network). Face à ce problème, plusieurs sessions de formation ont été organisées et une approche d’« apprentissage par la pratique » a été préconisée, complétée par des discussions sur les problèmes communs.
La collaboration et la communication entre les responsables de l’action publique et les statisticiens (ou autres acteurs à forte utilisation de données) est particulièrement importante pour une prise de décision fondée sur les faits. Les responsables de l’action publique comptent sur les statisticiens et les experts des données pour leur fournir des informations précises, fiables et à jour de manière à éclairer leurs processus décisionnels. De leur côté, les statisticiens ont besoin de comprendre les objectifs et les priorités de l’action publique afin de mieux adapter le recueil de données, leurs analyses et leurs conclusions, et ainsi répondre efficacement aux besoins des responsables de l’action publique. En encourageant la collaboration et la communication entre ces deux parties, il est possible de faire en sorte que les décisions stratégiques s’appuient sur des éléments probants solides et que les analyses fondées sur des données se traduisent en mesures d’action publique concrètes.
Considérations stratégiques pour l’amélioration du socle de connaissances à l’appui du tourisme durable
Copier le lien de Considérations stratégiques pour l’amélioration du socle de connaissances à l’appui du tourisme durablePour renforcer la robustesse et la qualité du secteur du tourisme, il convient d’adopter des pratiques plus durables, tout en corrigeant les faiblesses structurelles qui ont pu nuire au secteur par le passé. C’est-à-dire s’attaquer aux problèmes liés au caractère saisonnier des activités, aux pertes économiques, à la surdépendance et à la surfréquentation, à la qualité des emplois et aux perspectives de carrière. Parallèlement, des actions sont nécessaires pour accélérer la transition vers le tourisme vert et veiller à ce que le secteur soit pleinement capable de tirer parti des possibilités offertes par la transition numérique.
La durabilité est aujourd’hui de plus en plus intégrée dans les stratégies touristiques, lesquelles doivent être accompagnées de politiques et de structures de mise en œuvre efficaces permettant de développer et de gérer le tourisme durablement, à tous les niveaux d’administration. Pour parvenir à un tourisme durable, l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes fondés sur les faits et éclairés par des données pertinentes sont indispensables. Les pays ont besoin de données solides et actuelles qui soient suffisamment ventilées et comparables pour contribuer à la planification, à l’élaboration des politiques et à la prise de décision dans le domaine touristique. Des données sont également nécessaires pour déterminer le type de tourisme approprié pour telle ou telle destination et à quelle échelle.
Les considérations stratégiques visant à améliorer le socle de connaissances à l’appui du développement du tourisme durable consistent notamment à :
Envisager l’adoption d’une approche axée sur l’action publique pour identifier les indicateurs optimaux pour l’élaboration de politiques fondées sur les faits. En commençant par identifier les principaux enjeux d’action publique, puis en analysant la disponibilité des données et les manques qui doivent être comblés pour répondre à ces enjeux stratégiques, les destinations et les décideurs sont en mesure d’orienter les ressources vers les problèmes prioritaires. Cette approche intégrée peut contribuer à limiter le nombre d’indicateurs pour atteindre une série d’indicateurs de base qui auront l’impact le plus fort et produiront les résultats escomptés. Une bonne compréhension des objectifs en matière d’action publique peut également permettre de garantir que les données sélectionnées mesurent les problèmes identifiés et en assurent le suivi, de comprendre la nature complexe et interconnectée du secteur du tourisme, et d’aider à opérer les arbitrages nécessaires au processus d’élaboration des politiques publiques.
Combler les manques de données nécessaires à la mesure des enjeux prioritaires pour le développement du tourisme durable. Les données relatives au tourisme se concentrent traditionnellement sur les incidences économiques du secteur. Ceci a eu pour conséquence de mettre l’accent sur le développement économique, parfois au détriment de l’environnement et des communautés locales. Étudier de nouvelles possibilités pour la mesure et le suivi des actions liées aux questions sociales et environnementales du secteur pourrait contribuer à accélérer la transition vers des modèles touristiques plus durables. Cela implique également d’envisager le rôle des nouvelles données au-delà des mesures d’enquêtes statistiques conventionnelles, tout en tenant compte des limites potentielles de ces sources de données.
Mettre au point une panoplie adaptée d’indicateurs, d’outils et de mesures pour faciliter la prise de décision fondée sur les faits. En s’appuyant à la fois sur l’important corpus de travaux existants sur les indicateurs du tourisme durable et sur les nouvelles méthodes permises par la transition numérique, il est possible de conjuguer des actions à court terme avec des objectifs stratégiques à long terme. Les différents types de données et d’outils ont tous des fonctions différentes, lesquelles doivent être exploitées dans l’intérêt des décideurs. L’association de données solides et comparables au niveau international et de mesures ciblées, détaillées et à jour permet de créer des plans sur mesure pour les destinations locales et régionales qui respectent les objectifs définis à l’échelon national et international. Les mesures incluses dans cette panoplie doivent être examinées et évaluées régulièrement, de manière à garantir qu’elles répondent aux besoins de l’action publique.
Encourager les approches collaboratives dans l’élaboration des outils et indicateurs de suivi du tourisme. La collaboration entre les décideurs et des experts des données dans le but d’améliorer le socle de connaissances à l’appui du développement du tourisme durable peut présenter des avantages pérennes. Le fait d’inclure les décideurs dès le début du processus peut permettre la création d’outils plus ciblés et répondant mieux à leurs besoins, susciter l’adhésion pour ces outils et ainsi encourager la mobilisation de ressources, et enfin renforcer les capacités aussi bien des décideurs que des professionnels des données concernés. La mise en place de diverses structures de collaboration tout au long de la phase de développement, avec la contribution de décideurs à tous les niveaux, y compris provenant du secteur privé, peut permettre de découvrir de nouvelles sources d’information et de garantir la création d’outils adaptés pour prendre en charge les besoins évolutifs des différentes destinations.
Développer la culture des données des décideurs. Même le plus performant des outils de mesure et de suivi du développement du tourisme durable s’avérera parfaitement inefficace si les décideurs ne sont pas en mesure de l’utiliser. Bien que la collaboration entre les experts des données et des politiques publiques soit nécessaire pour concevoir et mettre en œuvre de nouveaux outils et mesures fondés sur des données, il est indispensable que les décideurs (y compris du secteur privé) soient à même de comprendre et d’utiliser ces outils pour prendre les bonnes décisions. Améliorer la culture des données des décideurs et veiller à ce qu’ils disposent d’un niveau approprié de formation aux nouveaux outils et initiatives en matière de données pour en comprendre à la fois le potentiel et les limites peut contribuer à éclairer efficacement l’action publique et les décisions des entreprises.
Références
[14] Commission européenne (2023), EU Tourism Dashboard, https://tourism-dashboard.ec.europa.eu/?lng=en.
[12] Commission européenne (2023), Transition pathway for tourism: Summary of stakeholder pledges and commitments published on 31 March 2023, https://ec.europa.eu/docsroom/documents/54074.
[7] Commission européenne (2022), EU Tourism Dashboard, https://single-market-economy.ec.europa.eu/sectors/tourism/eu-funding-and-businesses/funded-projects/sustainable/indicators_en.
[11] Commission européenne (2022), Transition Pathway for Tourism, Office des publications de l’Union européenne, https://doi.org/10.2873/344425.
[19] Commission européenne (2021), The digital Transition of tourism, https://single-market-economy.ec.europa.eu/sectors/tourism/eu-tourism-transition/digital-transition-tourism_en.
[8] Commission européenne (2016), Boîte à outils du système européen d’indicateurs du tourisme pour la gestion durable des destinations, Office des publications de l’Union européenne, https://op.europa.eu/fr/publication-detail/-/publication/4b90d965-eff8-11e5-8529-01aa75ed71a1.
[13] Commission européenne (2016), European Tourism Indicators System for sustainable destination management, https://single-market-economy.ec.europa.eu/sectors/tourism/eu-funding-and-businesses/funded-projects/sustainable/indicators_en.
[10] Conseil de l’Union européenne (2022), Conclusions du Conseil sur un programme européen pour le tourisme 2030, https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-15441-2022-INIT/fr/pdf.
[22] ESPON (2020), Carrying capacity methodology for tourism, https://www.espon.eu/sites/default/files/attachments/Tourism_final-report.pdf.
[9] ETC/ULS (2018), Tourism and the Environment - towards a reporting mechanism in Europe, https://www.eionet.europa.eu/etcs/etc-uls/products/etc-uls-reports/etc-uls-report-01-2018-tourism-and-the-environment-towards-a-reporting-mechanism-in-europe.
[16] FEM (2022), Travel and Tourism Development Index, https://www3.weforum.org/docs/WEF_Travel_Tourism_Development_2021.pdf.
[18] Miller, G. et Torres-Delgado (2023), « Measuring sustainable tourism: a state of the art review of sustainable tourism indicators », Journal of Sustainable Tourism, pp. 1-13, https://doi.org/10.1080/09669582.2023.2213859.
[3] Nations Unies (2022), Tourisme durable, https://sdgs.un.org/fr/topics/sustainable-tourism.
[21] OCDE (2023), Émissions de CO2 du transport aérien, https://stats.oecd.org/Index.aspx?lang=fr&SubSessionId=c955c633-ab9c-47db-a726-3a7d3b2e7439&themetreeid=7.
[6] OCDE (2023), Indicateur du vivre mieux, https://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/#/11111111111.
[5] OCDE (2023), Indicateur du vivre mieux : Satisfaction, https://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/topics/satisfaction/.
[1] OCDE (2021), Gérer le développement du tourisme dans l’optique d’une reprise durable et inclusive, https://www.oecd-ilibrary.org/industry-and-services/gerer-le-developpement-du-tourisme-dans-l-optique-d-une-reprise-durable-et-inclusive_081257cf-fr.
[15] OMT (2023), Measuring the Sustainability of Tourism (MSY): Proposals for a set of indicators, https://webunwto.s3.eu-west-1.amazonaws.com/s3fs-public/2023-09/MST_Indicators_EG_version_13092023.pdf.
[4] OMT (2023), Mesurer la durabilité du tourisme, https://www.unwto.org/fr/statistiques-du-tourisme/mesurer-la-durabilite-du-tourisme.
[2] OMT et PNUE (2005), Vers un tourisme durable - Guide à l’usage des décideurs, https://www.e-unwto.org/doi/book/10.18111/9789284408214.
[23] ONU Tourisme (2018), Linking the TSA and SEEA: A technical note, https://seea.un.org/content/linking-tsa-and-seea-technical-note.
[20] PNUE (2015), Sustainable Consumption and Production: a Handbook for Policymakers.
[17] WTTC (2024), Travel & Tourism’s Global Footprint, https://globaltravelfootprint.wttc.org/.
Annexe 3.A. Synthèse des cadres internationaux du tourisme durable
Copier le lien de Annexe 3.A. Synthèse des cadres internationaux du tourisme durableTableau A.1. Synthèse des cadres internationaux du tourisme durable
Copier le lien de Tableau A.1. Synthèse des cadres internationaux du tourisme durable
Cadre d’indicateurs |
Année |
Type |
Piliers/Dimensions |
Nombre d’indicateurs |
---|---|---|---|---|
Cadres spécifiques au tourisme |
||||
Agence européenne pour l’environnement - Tourism and Environment Reporting Mechanism (Mécanisme d’information sur l’articulation entre le tourisme et l’environnement) [Lien] |
2013 |
Mécanisme d’information |
Axés sur le tourisme et l’environnement |
19 indicateurs (répartis sur 10 thèmes) |
Commission européenne : European Tourism Indicator System (Système européen d’indicateurs du tourisme) [Lien] |
2016 |
Boîte à outils pour la gestion des destinations durables |
1. Gestion des destinations 2. Impact social et culturel 3. Valeur économique 4. Impact environnemental |
43 indicateurs principaux et 13 indicateurs complémentaires |
Commission européenne : EU Tourism Dashboard (Tableau de bord du tourisme de l’UE [Lien] |
2023 |
Tableau de bord d’indicateurs |
1. Impact environnemental 2. Transformation numérique 3. Vulnérabilité socioéconomique |
19 indicateurs et 13 descripteurs de base |
Eurostat - Methodological work on measuring the sustainable development of tourism (Étude méthodologique sur la mesure du développement durable du tourisme) [Lien] |
2006 |
Rapport technique |
1. Dimension environnementale (axe principal) 2. Dimension économique 3. Dimension sociale |
20 indicateurs |
Eurostat - Indicators on sustainability of tourism (Indicateurs de la durabilité du tourisme) - Groupe de travail Statistiques du tourisme [Lien] |
2006 |
Projets d’indicateurs pour examen |
1. Dimension économique (volet monétaire, volumes/flux) 2. Marché du travail 3. Dimension sociale et culturelle 4. Dimension environnementale 5. Transformation numérique |
29 indicateurs et 11 indicateurs à approfondir |
OECD Indicators for the Integration of Environmental and Sustainability Concerns into Tourism Policies (Indicateurs de l’OCDE pour l’intégration de questions d’environnement et de durabilité dans les politiques du tourisme) [Lien] |
2003 |
Document de travail / d’orientation |
1. Tendances et modèles touristiques ayant une importance pour l’environnement et la société 2. Interactions entre les activités touristiques, l’environnement et les conditions sociales 3. Liens économiques et aspects stratégiques |
80 indicateurs |
Indicateurs de l’OCDE de la compétitivité du tourisme [Lien] |
2013 |
Document d’orientation |
1. Performances et impacts du tourisme 2. Offre de services touristiques compétitifs et de qualité 3. Attractivité des destinations 4. Mesures prises par les pouvoirs publics et débouchés économiques |
11 indicateurs de base, 5 indicateurs supplémentaires et 4 indicateurs à approfondir |
Études de l’OCDE sur le tourisme - Pour des emplois de qualité dans le secteur du tourisme [Lien] |
2015 |
Document de travail |
Indicateurs économiques ou socioéconomiques |
11 indicateurs |
Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE 2022 : Premières idées d’indicateurs de résilience du tourisme [Lien] |
2022 |
Idées/Projets d’indicateurs |
1. Dimension sociale 2. Dimension économique 3. Dimension environnementale 4. Dimension institutionnelle |
29 indicateurs |
ONU Tourisme (2004) - Indicators of Sustainable Development for Tourism Destinations A Guidebook (Guide des indicateurs de développement durable pour les destinations touristiques) [Lien] |
2004 |
Document d’orientation |
Répartis par thème (traitement des eaux usées, emploi, etc.), lesquels peuvent être classés selon les dimensions économique, sociale et environnementale |
Plus de 700 indicateurs |
ONU Tourisme et JICA - Achieving the Sustainable Development Goals through Tourism – Toolkit of Indicators for Projects (Atteindre les objectifs de développement durable grâce au tourisme – Boîte à outils d’indicateurs pour les projets) [Lien] |
2023 |
Ensemble d’outils permettant de mesurer l’incidence des projets touristiques |
1. Dimension économique 2. Dimension sociale 3. Dimension environnementale Tous les indicateurs sont liés au cadre des ODD (17 objectifs et 169 cibles) sur la base d’un tableau de correspondance entre les différents thèmes/dimensions et les ODD. |
Environ 500 indicateurs (3 à 20 indicateurs pour chacune des 104 cibles couvertes) |
ONU Tourisme - Statistical Framework for Measuring Sustainable Tourism (SF-MST) (Cadre de mesure statistique de la durabilité du tourisme) [Lien] |
2024 |
Cadre statistique |
1. Dimension économique 2. Dimension environnementale 3. Dimension sociale |
|
Forum économique mondial - Travel and Tourism Development Index (Indice de développement du secteur des voyages et du tourisme) [Lien] |
2022 |
Outil de comparaison stratégique (indice) |
1. Durabilité environnementale 2. Conditions et résilience socioéconomiques 3. Pression de la demande touristique et de voyages et incidence |
29 indicateurs |
Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC) - Environmental and Social Reporting (Rapport social et environnemental) [Lien] |
2023 |
Mécanisme d’information |
Rapport social et environnemental |
13 indicateurs liés aux ODD |
Cadres non spécifiques au tourisme |
||||
Measuring and Assessing Job Quality - The OECD Job Quality Framework, 2015 (Mesurer et évaluer la qualité des emplois - Cadre de l’OCDE pour la qualité de l’emploi) [Lien] |
2015 |
Cadre |
1. Revenus 2. Sécurité sur le marché du travail 3. Qualité de l’environnement de travail |
10 indicateurs (4 indicateurs de référence) et 1 indicateur complémentaire |
OCDE - Comment va la vie ? 2020 : Mesurer le bien-être [Lien] |
2020 |
Tableau de bord d’indicateurs |
11 dimensions du bien-être (revenu et patrimoine, logement, travail et qualité de l’emploi, santé, connaissances et compétences, qualité de l’environnement, bien-être subjectif, sécurité, équilibre vie professionnelle-vie privée, liens sociaux et engagement civique) |
36 indicateurs de référence et 44 indicateurs complémentaires |
OCDE - Regional social and environmental indicators (Edition 2021) (Indicateurs régionaux sociaux et environnementaux, édition 2021) [Lien] |
2021 |
Base de données statistiques |
1. Environnement 2. Santé 3. Sécurité 4. Inclusion sociale 5. Logement |
42 indicateurs |
OCDE - Rethinking Regional Attractiveness in the New Global Environment: Attractiveness indicators (Repenser l’attractivité régionale à la lumière du nouvel environnement mondial : indicateurs d’attractivité) [Lien] |
2023 |
Cadre quantitatif |
14 dimensions, réparties sur 6 domaines d’attractivité (attrait économique, connectivité, attrait pour les touristes, environnement naturel, bien-être des résidents, et utilisation des terres et logement) |
54 indicateurs |
Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU [Lien] |
2016 |
Cadre |
17 ODD (divisés en 169 cibles) pouvant être classés selon les piliers économique, social et environnemental |
169 cibles |