Des pays représentant plus de 80 % de l’économie mondiale ont annoncé leur engagement à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Atteindre ces objectifs implique de transformer l’économie vers l’utilisation de sources d’énergie sans carbone, ce qui ne peut être réalisé qu’avec un ensemble complet d’instruments politiques qui déclenchent les investissements nécessaires dans les technologies et pratiques vertes.

Les politiques industrielles vertes peuvent aider à surmonter les obstacles qui entravent la décarbonation : contraintes d’accès au financement, en particulier pour financer les activités de recherche et développement, accès aux compétences et aux infrastructures, obstacles réglementaires pour les nouveaux entrants, manque de demande de produits verts ou désavantage pour les premiers arrivés.

Selon les données collectées dans le cadre du projet Quantifier les stratégies industrielles, les dépenses de politique industrielle verte sont passées de 0,22 % à 0,24 % entre 2019 et 2021 en moyenne dans les 9 pays couverts, et représentent environ 15 % des dépenses totales de politique industrielle. En réponse au COVID-19, les pays du monde entier – membres de l’OCDE, de l’Union européenne et du G20 – ont annoncé 1 290 milliards de dollars de dépenses publiques pour le développement et le déploiement de technologies à faibles émissions de carbone. En moyenne, les pays de l’OCDE se sont engagés à consacrer l’équivalent de 2 % d’un an de leur PIB aux technologies à faibles émissions de carbone.

Dans les plans de relance verts Covid-19, les secteurs de l’énergie et des transports ont reçu la plus grande part du financement, 39 % et 35 % respectivement. En revanche, seulement 4 % du financement total a été alloué au secteur industriel, ce qui semble faible par rapport à la contribution du secteur industriel aux émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre (23 %).

La plupart des dépenses soutiennent le déploiement et l'adoption de technologies matures, tandis que le développement de technologies à un stade précoce reçoit une part beaucoup plus faible, avec seulement 6,6 % des dépenses allant à la recherche, au développement et à la démonstration (RD&D) et 7,8 % supplémentaires étant consacrés au utilisation des technologies émergentes (hydrogène, réseaux intelligents et captage, utilisation et stockage du carbone). Les cycles ultérieurs de dépenses budgétaires pourraient nécessiter d’orienter une plus grande part des investissements à faible émission de carbone vers la RD&D, ce qui est crucial pour la décarbonation à long terme.

Les stratégies industrielles vertes ne devraient pas se limiter à accroître le soutien gouvernemental à la R&D, à l’innovation et au déploiement technologique. Elles devraient également inclure des marchés publics écologiques et des politiques de reconversion et de perfectionnement pour réduire les pénuries de compétences dans les futures industries à faibles émissions de carbone, des normes (par exemple sur ce qui constitue l'hydrogène vert), des réglementations (par exemple sur l'efficacité énergétique dans les bâtiments) et une tarification du carbone qui offre une incitation technologiquement neutre en faveur d’investissements et de choix de consommation à faible émission de carbone.

Les politiques industrielles et de concurrence ont souvent été considérées comme antagonistes, mais il existe entre elles d’importantes complémentarités. Les politiques industrielles et de concurrence doivent aller de pair pour continuer à favoriser le dynamisme des entreprises, l’entrée d’entreprises et l’allocation efficace des ressources. Ainsi, les politiques industrielles ciblées doivent être compétitives et, dans la mesure du possible, neutres sur le plan technologique, ce qui signifie qu’elles ne doivent pas faire de discrimination entre les entreprises et les technologies. Cela est compliqué dans la mesure où certains outils politiques sont par essence discriminatoires (subventions ou prêts accordés sur une base concurrentielle).

Les jeunes entreprises, y compris les start-ups innovantes, contribuent largement au développement de technologies radicalement nouvelles et sont susceptibles de jouer un rôle important en permettant la transition vers une économie neutre en carbone. Pourtant, la contribution des jeunes entreprises à l’innovation a diminué ces dernières années, en général ainsi que dans l’innovation verte. Les instruments financiers publics peuvent soutenir les entreprises jeunes et à croissance rapide, en particulier en période de ralentissement économique lorsque les marchés des capitaux sont plus réticents à prendre des risques.