Les outils de dépenses pour la science et l'innovation permettent aux gouvernements :

• d'investir directement dans la création de nouvelles connaissances pour le bien public, par exemple à travers les universités et les laboratoires gouvernementaux.
• d'acquérir ou de s'engager à fournir des biens et des services pour répondre aux besoins de la société, notamment lorsque ceux-ci n'existent pas encore ou sont actuellement insuffisants, encourageant ainsi d'autres acteurs à développer de nouvelles solutions.
• d'inciter les acteurs à s'engager dans la recherche et l'innovation, en particulier quand les projets sont jugés bénéfiques pour le reste de la société.
• de redistribuer les ressources pour favoriser l'accès à la recherche et à l'innovation, aidant la société à atteindre des résultats plus équitables et plus justes.

L'utilisation de ces outils doit respecter les normes communes de dépenses publiques et s'efforcer de garantir des conditions de concurrence équitables entre les pays.

L'investissement public dans la recherche scientifique est essentiel pour comprendre les défis sociétaux et planétaires et est largement reconnu comme un élément essentiel des systèmes nationaux d'innovation efficaces.

Les gouvernements investissent des sommes importantes dans les universités et dans diverses institutions et infrastructures de recherche publique. Alors que certains de ces investissements sont orientés vers des priorités spécifiques, par exemple la recherche axée sur la mission, une grande partie est destinée à soutenir la recherche fondamentale motivée par la curiosité dans un large éventail de disciplines. La liberté académique et l'autonomie sont critiques à cet égard et dans la plupart des pays de l'OCDE, des agences de financement de la recherche ont été crées pour administrer des programmes compétitifs de financement de la recherche. Ce financement compétitif, alloué sur la base d'un examen par les pairs, est complété par un financement direct aux prestataires de recherche. Le ratio entre ces deux types de financement varie d'un pays à l'autre et fait l'objet de débats politiques importants.

La manière de diriger efficacement la recherche publique, par exemple pour apporter des solutions aux défis sociétaux urgents tout en préservant la nécessaire liberté d'enquête, est un défi politique majeur. La concurrence et l'excellence sont considérées comme des caractéristiques déterminantes des systèmes de recherche efficaces et productifs, mais une hyper-concurrence et des interprétations excessivement étroites de l'excellence peuvent avoir des effets pervers. Il existe une préoccupation politique considérable concernant la précarité et le manque de prise de risque ou de recherche novatrice, et on porte de plus en plus d'attention à la manière de soutenir efficacement la recherche interdisciplinaire et en équipe.

Les entreprises sont des acteurs clés des systèmes de recherche et d’innovation, sélectionnant, développant et mettant en œuvre de nouvelles idées à la recherche d’opportunités économiques. Cependant, comme on l’a vu lors de la crise du COVID-19, le soutien du gouvernement peut être nécessaire pour assurer la résilience et la mobilisation afin de relever les défis économiques et sociétaux. Étant donné que près de 70 % de la R&D dans la zone OCDE est réalisée par des entreprises, les politiques publiques de soutien à l’innovation doivent être en mesure d'orienter les efforts d'innovation privés là où ils sont le plus nécessaires, surtout lorsque les signaux du marché s'avèrent insuffisants et la coordination est la plus difficile.

Les données et analyses récentes de l'OCDE montrent que le mélange de politiques n'est pas entièrement cohérent avec cette ambition. Les incitations fiscales à la R&D, qui ont gagné en popularité au cours des dernières décennies en tant qu'instruments de choix, sont efficaces pour atteindre leurs objectifs généraux d'augmentation de la R&D tant qu'elles sont conçues et mises en œuvre de manière cohérente. Cependant, elles sont insuffisantes pour orienter l'innovation vers des besoins sociétaux spécifiques et représentent des instruments sous-optimaux pour encourager l'investissement dans la connaissance à l'interface entre la recherche fondamentale et le développement réel de produits ou de processus.

Soutenir la démonstration et le déploiement à grande échelle de nouvelles solutions durables nécessite des niveaux de financement dépassant la capacité des gouvernements, surtout si différents ministères et agences opèrent de manière isolée dans leur secteur respectif. De nouvelles façons de coordonner les flux de financement sont explorées dans différents pays, telles que les politiques d'innovation orientées vers les missions et les fonds de transition centrale STI. Ces efforts sont essentiels non seulement pour atteindre une masse critique, mais aussi pour créer des synergies tout au long de la chaîne d'innovation.

L'intervention publique est également cruciale pour inciter et orienter l'investissement nécessaire au déploiement de nouvelles solutions. Celles-ci ne seront pas prises en charge par le secteur privé seul en raison de plusieurs externalités qui entravent l'action collective. Les externalités de réseau associées aux infrastructures de production, de stockage et de distribution d’hydrogène en sont un exemple.

Un suivi et une évaluation efficaces tout au long du cycle de soutien à l’innovation sont essentiels pour démontrer la responsabilité et l’optimisation des ressources dans les dépenses publiques, établissant ainsi la légitimité et la crédibilité des politiques gouvernementales de soutien à l’innovation. Ces éléments sont nécessaires à l’apprentissage, à la priorisation et à l’amélioration des politiques au fil du temps.

L'OCDE contribue au suivi et à l'évaluation des politiques de soutien à la recherche et à l'innovation par le biais de ses travaux sur l'élaboration et la mise en œuvre de méthodes de comparaison et d'analyse internationales. Elle contribue à des rapports statistiques internationaux et transparents selon des lignes directrices communes et s’efforce de combler d’importantes lacunes en matière de mesure, par exemple en termes de quantification des formes de soutien financier indirectes ou complexes.

Parallèlement à son travail de fourniture d’informations sur la conception des politiques de soutien à la recherche et à l’innovation, l’OCDE mène une analyse coordonnée au niveau international sur les impacts du soutien à l’innovation.