Les collectivités territoriales jouent un rôle central dans la gestion de la transition écologique, qui implique des transformations systémiques et des défis d'une profondeur et d'une ampleur sans précédent. Les collectivités sont bien placées pour mener la réponse à ces défis. Elles financent, en moyenne, 63 % des dépenses publiques liées au climat et 69 % des investissements publics liés au climat. Elles détiennent également des compétences étendues en matière de formation, de logement, de transport, de déchets, d'eau, d'énergie et d'utilisation des sols. Les responsables politiques devraient intégrer une dimension territoriale aux politiques climatiques, y compris à celles menées au niveau national, par exemple en incluant des objectifs et des engagements infranationaux spécifiques dans les plans climatiques nationaux et en les soutenant par des incitations fortes. Les responsables politiques devraient également s’assurer d’intégrer des objectifs climatiques dans les politiques de développement régional, urbain et rural.
Transition environnementale dans les régions
Les régions, les villes et les zones rurales sont essentielles pour relever les défis environnementaux mondiaux, notamment le changement climatique. Des efforts concertés sont nécessaires dans des domaines tels que l'utilisation des sols, les infrastructures et les transformations de l'activité économique. Les collectivités territoriales sont stratégiquement positionnées pour mener des actions. Elles financent, en moyenne, 63 % des dépenses publiques liées au climat et 69 % des investissements publics liés au climat. Elles détiennent également des compétences étendues en matière de formation, de logement, de transports, de déchets, d'eau, d'énergie et d'utilisation des sols.
Messages clés
Les régions et les villes sont confrontées à des défis très différents lorsqu'il s'agit d'opérer la transition vers la neutralité carbone. Les villes produisent jusqu'à 50 % des déchets solides et 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Les zones rurales et isolées, en revanche, ont des niveaux d'émissions par habitant plus élevés, en raison de modes de transport plus polluants et d'une plus grande dépendance à l'égard des industries lourdes qui devront faire l'objet d'une restructuration radicale.
Certaines activités manufacturières, souvent concentrées dans certains territoires, présentent des défis particulièrement importants du point de vue la transition. Une meilleure compréhension de ces défis et de la manière dont ils diffèrent d'un territoire à l'autre permet de jeter les bases d'une transition équitable et juste. Les travaux de l'OCDE identifient les industries et les territoires les plus vulnérables et décrivent les transformations nécessaires pour atteindre la neutralité climatique. Ces travaux ont montré que les revenus et les salaires ont tendance à être plus faibles dans bon nombre de territoires vulnérables, puisque les travailleurs et les entreprises engagés dans des activités industrielles polluantes sont souvent confrontés à des emplois peu qualifiés et à une faible productivité.
Les villes n'abritent pas seulement la moitié de la population mondiale, elles sont également responsables de la majorité de ses émissions de gaz à effet de serre. Au niveau mondial, les villes représentent plus de 70 % des émissions de CO2 liées à l'énergie et deux tiers de la demande énergétique, et ces parts devraient augmenter de manière significative au cours des prochaines décennies en l'absence de mesures climatiques significatives, étant donné que les populations urbaines devraient passer de 3,5 à 5 milliards d'habitants entre 2015 et 2050. Il est important de noter que les villes sont également confrontées aux défis les plus aigus en termes d'exposition et de vulnérabilité aux impacts et aux chocs climatiques, notamment les vagues de chaleur, les sécheresses et les inondations.
Malgré ces défis, les villes sont à l'avant-garde de l'action climatique. Les collectivités locales sont chargées de compétences dans différents domaines tels que l'urbanisme, les transports, la gestion des déchets, la production et la distribution d'énergie, la gestion de l'eau et des eaux usées, et les espaces verts, permettant de mettre en œuvre des mesures visant à limiter les émissions de GES et à favoriser la transition écologique. Par conséquent, on estime que les collectivités ont le pouvoir direct de réduire jusqu'à un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans leurs villes. En outre, 90 % des émissions urbaines peuvent être réduites grâce aux technologies existantes, tout en créant 86 millions d'emplois d'ici à 2030 et 45 millions d'ici à 2050.
De nombreuses municipalités et régions ont fixé des objectifs d'adaptation et d'atténuation du changement climatique qui dépassent ceux de leurs gouvernements nationaux respectifs. Toutefois, si elles agissent seules, leur potentiel de réponse au changement climatique reste inexploité. La coordination entre les différents niveaux de gouvernement est donc essentielle.
Les territoires ruraux, qui couvrent 80 % du territoire total et abritent environ 30 % de la population des pays de l'OCDE, jouent un rôle central dans l'effort collectif de lutte contre le changement climatique. Malgré leur importance, ces territoires sont confrontés à des défis uniques : ils émettent des niveaux de CO2 par habitant nettement plus élevés que les zones urbaines, en grande partie en raison de leur dépendance à l'égard des industries lourdes et des modes de transport moins efficaces. Pourtant, leur potentiel de production d'énergie renouvelable est considérable, puisqu'ils contribuent à 43 % de la production d'électricité dans les pays de l'OCDE, dont 38 % proviennent de sources renouvelables.
Reconnaissant à la fois les défis et les opportunités dans les zones rurales, l'Agenda rural de l'OCDE pour l'action climatique vise à favoriser un dialogue inclusif avec les acteurs infranationaux, les parties prenantes privées et la société civile. L'objectif est d'intégrer la dimension rurale dans des politiques climatiques plus larges, en tirant parti de l'étendue du territoire et de la population des zones rurales pour en faire des acteurs clés de la durabilité environnementale et respecter les engagements nationaux et mondiaux en matière d'environnement.
Contexte
Les territoires de l'OCDE sont encore loin d'atteindre leurs objectifs de neutralité climatique d'ici 2030
Pour respecter les engagements en matière de neutralité carbone, la plupart des territoires doivent entreprendre d'importantes transformations. En 2022, seules 110 des 433 régions de l'OCDE et 137 des 360 zones métropolitaines de l'OCDE comptant plus de 500 000 habitants ont enregistré des émissions par habitant basées sur la production inférieures au seuil correspondant au scénario de l'AIE "émissions nettes zéro" (4.7 tonnes de CO2 -eq par habitant). En moyenne, les régions de l'OCDE devront réduire leurs émissions par habitant d'un facteur de 2,3 d'ici 2030 pour atteindre cet objectif.
Le défi climatique nécessite une action territorialisée, inclusive et rapide
Une approche territorialisée est essentielle pour entreprendre les transformations économiques d'une ampleur et d'une rapidité sans précédent qui sont nécessaires pour parvenir à la neutralité carbone. Des efforts importants sont également nécessaires pour s'adapter au changement climatique. L'action climatique, les impacts climatiques et les vulnérabilités varient d'un territoire à l'autre. Les différences d'émissions de gaz à effet de serre par habitant sont beaucoup plus importantes à l'intérieur des pays qu'entre les pays. Elles varient également en termes de composition sectorielle. Les actions territoriales en faveur du climat doivent être alignées sur les objectifs nationaux et mondiaux. Les actions locales en faveur du climat peuvent apporter des avantages immédiats en termes de bien-être, tels que la réduction de la pollution et de la congestion du trafic. Ces avantages font souvent plus que compenser le coût de l'action. Pour garantir l'inclusivité, la réponse doit s'appuyer sur les acteurs territoriaux, les environnements naturels, les géographies et les infrastructures.
Il existe des disparités entre les villes en ce qui concerne le potentiel et les conditions permettant d’atteindre la neutralité climatique
Dans le monde entier, les villes diffèrent grandement en termes de potentiel et de conditions favorables à l'atteinte de l'objectif zéro. Comme l'illustre le graphique, le volume et la source des émissions de GES varient considérablement d'une ville à l'autre. Par exemple, les émissions par habitant dans la région métropolitaine de la Ruhr (Allemagne) sont plus de 7 fois supérieures à celles de la région métropolitaine de Bogota (Colombie). Dans des villes comme Boston (États-Unis) et Madrid (Espagne), la plus grande part des émissions provient des transports, représentant respectivement 29 % et 31 % des émissions totales. En revanche, les émissions du secteur du bâtiment sont les plus importantes dans des villes comme Istanbul (Turquie) et Rome (Italie), où elles représentent respectivement 38 % et 58 % des émissions totales. Ces différences illustrent le fait que les voies à suivre pour parvenir à une transition nette zéro seront également différentes d'un endroit à l'autre.
Les collectivités territoriales sont à l'origine de la majorité des investissements publics ayant une incidence sur le climat
Le financement de la transition vers la neutralité carbone nécessite des investissements plus importants, y compris de la part des gouvernements infranationaux. En particulier, des investissements à grande échelle dans les infrastructures sont nécessaires, dont une grande partie est effectuée par les gouvernements infranationaux, qui représentent 69 % des investissements importants pour le climat dans l'OCDE et l'UE.
Cependant, la capacité des gouvernements infranationaux à investir est limitée dans un environnement fiscal contraint, ce qui crée des déficits de financement importants pour répondre aux besoins actuels et futurs en matière d'infrastructures résilientes. En se fondant sur des méthodologies pionnières, la Plateforme de l’OCDE sur le Financement de l’Action Climatique des Collectivités Territoriales fournit des données sur les dépenses et les recettes liées au climat dans l'ensemble de l'OCDE et de l'UE. La Plateforme propose également des outils au niveau micro pour soutenir les pratiques de budgétisation verte menées par les gouvernements régionaux et locaux, y compris des lignes directrices clés et un outil d'auto-évaluation.
L'action collective des entreprises dans les territoires permet d'atteindre la neutralité climatique dans la prospérité
Pour atteindre l'objectif de neutralité climatique que s'est fixé la Chambre de commerce de Hambourg d'ici à 2040, ses entreprises doivent réduire les émissions de CO2 provenant de leur consommation d'énergie à zéro net d'ici à 2040. Elles doivent également s'efforcer de mettre en place des chaînes de valeur sans émissions vers le milieu du siècle. Elles peuvent collaborer avec les autorités locales pour développer le potentiel de la région en tant que plaque tournante de l'hydrogène et fournir des services de transport abordables et sans émissions aux entreprises européennes. La mise en place de réseaux reliant les entreprises et les chercheurs facilite le partage des ressources entre les PME. Les entreprises peuvent coopérer pour préparer les transformations vers une économie circulaire grâce à des modèles d'entreprise innovants.
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