Les politiques d’innovation axées sur des missions (MOIP) deviennent de plus en plus sophistiquées, s’éloignant des méthodes plus anciennes, moins ciblées et fragmentaires pour s’attaquer à des problèmes systémiques comme le changement climatique. Même si des progrès significatifs ont été réalisés au cours des cinq dernières années, ces politiques s’appuient souvent trop sur des solutions technologiques. Elles utilisent les outils et les budgets des politiques de recherche et d’innovation, mais elles peinent à impliquer les organismes sectoriels et réglementaires. En outre, on constate une absence notable de participation massive du secteur privé, pourtant cruciale pour la mise en œuvre généralisée des innovations.

À ce stade précoce, il est vital que les MOIP évoluent et améliorent leur efficacité. Cela implique de s’appuyer sur les plans stratégiques créés par les premiers utilisateurs, des groupes de pionniers engagés. Ces groupes ont mis en place des structures de coordination et conçu un ensemble d'actions personnalisées. Les prochaines étapes consistent à attirer de nouveaux participants ainsi que leurs budgets, leurs outils et leur expertise.

Même si la plupart des initiatives axées sur une mission en sont encore à leurs balbutiements, avec seulement quelques années de mise en œuvre effective et beaucoup à apprendre, elles sont déjà sous pression pour montrer des résultats tangibles. Jusqu'à présent, le suivi et l'évaluation de ces missions reposaient sur des méthodes conventionnelles. Cependant, ces méthodes sont inadéquates pour apprécier pleinement les nombreux avantages des missions, qui découlent de la fusion de diverses connaissances, capacités, actions et financements dans différents secteurs. Pour véritablement saisir ces « effets systémiques », de nouveaux processus, méthodologies et instruments sont nécessaires.

Par conséquent, de nombreux décideurs politiques travaillant sur ces missions sont activement impliqués dans la création et l'essai de ces outils essentiels de suivi et d’évaluation. Cette démarche est essentielle pour favoriser l’apprentissage et l’amélioration fondés sur des données probantes, ainsi que pour permettre des comparaisons et des échanges entre les initiatives internationales dans divers contextes institutionnels et sectoriels.

L’introduction d’initiatives axées sur une mission au sein des ministères et des agences implique des changements importants par rapport aux pratiques actuelles, nécessitant un investissement dédié dans le développement des compétences et les réformes organisationnelles. Pour faciliter cette transition, il est crucial de disposer d'« équipes de mission ». Ces équipes sont chargées de superviser et de contrôler les activités, de fournir les outils nécessaires et d'encourager l'échange et l'apprentissage entre un large éventail de partenaires.

Ces équipes de mission jouent un rôle déterminant dans la création et la diffusion de nouvelles pratiques et processus au sein et entre les organisations. Ceci est particulièrement important dans les phases initiales des MOIP, où elles garantissent que l'approche « apprentissage par la pratique » des missions atteint un large public. Cela implique une réflexion critique et une évaluation des projets pilotes afin de maximiser les résultats d’apprentissage.

De plus, il est essentiel d’allouer des budgets spécifiques à ces équipes pour favoriser leur fonctionnement et motiver un large éventail de partenaires à participer dans différentes juridictions.