Le Danemark a réduit ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 36 % entre 1990 et 2019, dans une large mesure grâce aux énergies renouvelables (notamment la biomasse), qui représentent maintenant plus de 80 % de la production d’électricité. Il figure aujourd’hui parmi les pays dont l’intensité de carbone est la plus faible.
Les émissions ont été réduites sans pertes globales d’emploi. Les travailleurs privés d’emploi en raison de la rigueur des politiques environnementales ont bénéficié des programmes de reconversion danois, dont la capacité d’amortir le choc constitué par des suppressions d’emplois nettement plus nombreuses dans le secteur manufacturier a été démontrée lors de la crise financière de 2008. Grâce à ces dispositifs, le Danemark a préservé son plein emploi, puisque 75 % des personnes d’âge actif ont du travail, ce qui constitue un des taux d’emploi les plus élevés de la zone OCDE.
Le Danemark prévoit de réduire de moitié ses émissions au cours des dix prochaines années. La loi sur le climat fixe un objectif juridiquement contraignant de réduction des émissions de 70 % d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. Il s’agit d’un des objectifs les plus ambitieux définis dans ce domaine par les pays de l’OCDE, et sa réalisation mettrait le Danemark sur une trajectoire conduisant à la neutralité carbone à l’horizon 2050 (Graphique 3). Néanmoins, cela exigera des changements technologiques radicaux et un vaste redéploiement de ressources. Il est important de réduire l’incertitude qui entoure les modalités de réalisation des objectifs visés pour envoyer des signaux forts aux investisseurs. Les investissements nécessaires, de l’ordre de 1 % à 2 % du PIB, devront être financés, mais ils pourraient aussi porter leurs fruits à long terme, si les projets sont bien sélectionnés et que le secteur privé est incité à y participer.
Le modèle danois de « flexisécurité » fonctionne bien et facilite le retour à l’emploi des travailleurs qui ont perdu le leur en raison de la transition énergétique. Le nombre de postes a déjà diminué dans le secteur de la production d’énergie à partir de combustibles fossiles, mais de nouveaux emplois ont été créés dans les énergies renouvelables. Au regard des prévisions relatives à la poursuite de la réduction des émissions de GES, les pertes d’emplois dans l’agriculture devraient être peu ou prou compensées par des créations de postes dans d’autres branches d’activité.
Une tarification uniforme du carbone permettrait de réduire efficacement les émissions de GES, mais elle doit aller de pair avec des mesures d’accompagnement garantissant la clarté et la prévisibilité de l’environnement réglementaire et promouvant l’innovation et les infrastructures vertes. Appliquer à l’ensemble des émissions de GES un prix minimum unique, rendant compte de l'évolution des prix dans le Système d'échange de quotas d'émission de l'UE, contribuerait à les réduire de manière économiquement efficiente, même si cela reste en soi insuffisant pour atteindre les objectifs. L’acceptabilité de cette hausse de prix pour la population est cruciale, et les autorités peuvent l’améliorer en utilisant de manière transparente les recettes publiques pour favoriser la transition écologique, la reconversion des travailleurs et la compensation des effets redistributifs induits par cette transition. S’il s’avère impossible de maintenir durablement les prix du carbone à un niveau élevé, le gouvernement devra recourir à d’autres mesures d’incitation pour attirer les investissements privés et promouvoir l’innovation dans le secteur des énergies propres, et des investissements publics seront nécessaires dans les infrastructures vertes.