La pandémie de COVID-19 a eu pour effet d'annuler le recul de la pauvreté et des inégalités obtenu antérieurement. Environ un tiers de la population est économiquement vulnérable, autrement dit risque toujours de se retrouver en situation de pauvreté et ne dispose que de peu d’amortisseurs financiers pour se protéger d’éventuels aléas. Les inégalités de revenu demeurent élevées par rapport aux normes de l’OCDE, tandis que l’emploi informel concerne plus d'un quart des Chiliens.
La pandémie a mis en évidence des lacunes notables en matière de protection sociale. Il est nécessaire d’élaborer un système de protection sociale de meilleure qualité ne faisant pas de différence entre les travailleurs du secteur formel et ceux du secteur informel. Garantir à tous une forme ou une autre de couverture sociale, notamment en matière de retraite, d’assurance maladie et d’assurance chômage, tout en réduisant le coût de l’emploi formel, sont autant de mesures qui permettraient de réduire l’emploi informel.
Peu de personnes bénéficient d’une pension de retraite adéquate, du fait d'un faible niveau de cotisations et des écarts contributifs dus à l’emploi informel. Le régime de retraite universelle de base récemment mis en place permettra d'améliorer sensiblement le niveau des prestations de retraite de nombreuses personnes à faible revenu. Les mécanismes d'aide au revenu sont très fragmentés, et fusionner les différents programmes d'aide sociale en un système unique de prestations monétaires permettra d'accroître les taux de couverture et les prestations.
Les cotisations sociales peuvent avoir un impact sur la création d’emplois dans le secteur formel, surtout pour les bas salaires. Lors de la définition des futures réformes des retraites, il faudra veiller particulièrement aux incitations à la régularisation, et relever parallèlement les taux de remplacement des pensions.
L'éducation est indispensable aussi bien à la réduction des inégalités qu’à la progression de la productivité. Les résultats de l’enseignement restent bien en deçà de la moyenne OCDE, et les fermetures d’établissements scolaires pendant la pandémie n’ont fait qu’aggraver ces difficultés de longue date, car les étudiants issus de milieux vulnérables sont moins nombreux à utiliser des outils numériques pour rester connectés. Élargir l’accès à des services d’éducation des jeunes enfants de qualité permettrait de réduire les écarts observés très tôt, et souvent décisifs, entre les progrès cognitifs et sociaux, et permettrait à un plus grand nombre de femmes de travailler. Les conditions de travail des enseignants sont inférieures aux normes moyennes de l’OCDE, avec des salaires moins élevés et des horaires de travail plus longs.
Ne représentant que 21 % du PIB, les recettes fiscales sont insuffisantes pour satisfaire des revendications sociales grandissantes tout en préservant les investissements publics nécessaires dans les infrastructures, l’enseignement et la santé (graphique 4). Le fait que l’impôt sur le revenu des personnes physiques ne soit acquitté que par 20 % des Chiliens seulement est l’une des raisons de cette faiblesse des rentrées fiscales. Augmenter les recettes publiques de 4 points de pourcentage du PIB, comme le prévoient actuellement les autorités, est un objectif ambitieux, mais atteignable moyennant une réforme fiscale d’envergure.