Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2023 Numéro 2

Grèce

La croissance du PIB devrait ralentir et passer de 2.4 % en 2023 à 2.0 % en 2024, avant de remonter à 2.4 % en 2025. La consommation réelle a perdu en dynamisme en raison du coût élevé de la vie et des dégâts causés par les phénomènes météorologiques qui ont récemment frappé le pays, mais elle devrait se redresser à mesure que le reflux progressif de l’inflation et la croissance continue de l’emploi renforcent le pouvoir d’achat des ménages. L’amélioration de l’environnement des entreprises, l’augmentation des décaissements de fonds de l’UE et l’évolution favorable des conditions économiques mondiales soutiendront l’investissement et les exportations. Le recul de l’inflation globale sera freiné par les tensions salariales dues aux pénuries de main-d’œuvre.

Les progrès réalisés grâce aux réformes structurelles et à la réduction de la dette transparaissent dans la note souveraine de la Grèce, qui est revenue dans la catégorie investissement en septembre 2023. Sachant que la productivité du travail reste faible, il conviendrait en priorité de poursuivre les réformes visant à lever les obstacles à l’investissement (en particulier dans le système judiciaire) et à étoffer les compétences en vue d’accroître le niveau de vie et de garantir la viabilité budgétaire à long terme. Les feux de forêt et les inondations qui ont récemment touché le pays soulignent la nécessité de s’adapter à un climat plus chaud, notamment en élargissant la couverture de l’assurance habitation.

Grèce : Indicateurs sur l’inflation et sur le marché du travail

1. Le taux d’activité est mesuré en pourcentage de la population âgée de 15 à 74 ans.

Source : Eurostat ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114.

Statlink

Grèce : Demande, production et prix

Statlink

L’économie grecque reste solide

Le PIB a progressé de 1.3 % durant les deux premiers trimestres de 2023. L’essor de l’emploi, qui est à son plus haut niveau depuis 2010, et le ralentissement de l’inflation ont soutenu la consommation privée. La chute rapide du taux de chômage contribue à la hausse des salaires ; les indices des coûts de main-d’œuvre ont grimpé de 4.3 % en glissement annuel au second trimestre de 2023. En octobre 2023, l’inflation globale est tombée à 3.8 % en glissement annuel sous l’effet du recul des prix de l’énergie. L’investissement réel a augmenté de 7.9 % en glissement annuel au deuxième trimestre de 2023, malgré la montée des coûts d’emprunt. Les anticipations des entreprises demeuraient positives en octobre 2023 et les attentes des directeurs d’achat laissent toujours entrevoir une hausse de la demande. Les feux de forêt et les inondations ont provoqué des dommages économiques importants à la mi-2023, en particulier dans les secteurs manufacturier et agricole.

Le resserrement de la politique monétaire dans la zone euro a freiné la croissance des nouveaux prêts aux ménages et aux entreprises, bien que celle-ci reste vigoureuse. L’amélioration de la note souveraine de la Grèce a en partie compensé le durcissement des conditions financières à l’échelle internationale : l’écart de rendement par rapport aux obligations d’État allemandes à 10 ans a pratiquement diminué de moitié depuis octobre 2022. Les risques relatifs aux perturbations des approvisionnements énergétiques se sont atténués. En octobre 2023, les prix de l’énergie étaient inférieurs de 22 % au sommet atteint en septembre 2022, tandis que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 10.3 % en glissement annuel. Les exportations touristiques ont bien résisté, mais celles de biens se sont contractées de 15 % en glissement annuel au deuxième trimestre de 2023.

L’excédent primaire continuera d’augmenter

L’excédent primaire devrait se hisser de 1.1 % en 2023 à 2.1 % en 2025. Cette situation contribuera au recul rapide du ratio dette/PIB, lequel devrait passer de 163 % du PIB en 2023 à 152 % du PIB en 2025. L’orientation de la politique budgétaire devrait néanmoins rester globalement neutre et se resserrer légèrement, d’environ 0.2 % du PIB, entre 2023 et 2025. L’augmentation des recettes fiscales et le retrait progressif des aides liées aux prix des produits alimentaires et de l’énergie, qui s’élèvent à 1 % du PIB en 2023, créent une certaine marge de manœuvre budgétaire pour réaliser de nouvelles interventions prévues dans la loi de finances. Des mesures représentant 0.7 % du PIB en 2023 et 1.1 % du PIB en 2024 visent à relever les revenus des retraités, des fonctionnaires et des groupes de population à bas revenu, même si les précédentes réformes des retraites devraient limiter les dépenses publiques. Le montant de l’indemnisation publique des dommages causés par les feux de forêt et les inondations est estimé à 0.3 % du PIB en 2023. Remédier aux retards actuels dans la mise en œuvre des investissements au titre de la Facilité pour la reprise et la résilience stimulera l’investissement ; les dépenses devraient ainsi se hisser de 1 % du PIB en 2023 à 2 % du PIB en 2025.

La croissance devrait se redresser lentement

La croissance de la production devrait se modérer, passant de 2.4 % en 2023 à 2.0 % en 2024, avant de remonter à 2.4 % en 2025. La contraction antérieure du pouvoir d’achat et les dégâts provoqués par les feux de forêt et les inondations devraient freiner l’essor de la consommation dans un premier temps. L’augmentation des coûts d’emprunt pèsera temporairement sur l’investissement. La croissance de la consommation et de l’investissement réels devrait se redresser à mesure que l’inflation reflue et que l’environnement extérieur s’améliore. La hausse continue de l’emploi et des salaires aidera à renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Un environnement des entreprises plus favorable et le soutien durable apporté par le Plan pour la reprise et la résilience « Grèce 2.0 » devraient dynamiser l’investissement. Le recul de l’inflation devrait ralentir dans la mesure où les contraintes de capacité croissantes alimentent les tensions salariales. Une inflation plus persistante et de nouvelles perturbations dans le domaine de l’énergie ou des approvisionnements constituent des risques importants et brideraient la progression de la consommation et de l’investissement s’ils devaient se concrétiser.

Accroître la productivité et lutter contre le changement climatique sont des enjeux essentiels

Malgré la réduction bienvenue de la charge de la dette publique, le niveau de la dette demeure élevé. Il est important, pour la viabilité des finances publiques, de dégager un excédent budgétaire d’au moins 1.5 % du PIB à long terme et de favoriser une croissance vigoureuse. Une meilleure efficacité du système juridique, grâce par exemple à la promotion de mécanismes alternatifs de résolution des litiges, rehausserait les perspectives de croissance. Augmenter le taux d’activité des femmes et des jeunes, notamment en favorisant des modes d’organisation du travail plus souples et en renforçant les incitations en faveur de l’emploi des salariés disposant d’une faible expérience, demeure également un enjeu essentiel pour accroître encore la production potentielle. L’élargissement de la couverture de l’assurance habitation pour l’ensemble des bâtiments pourrait limiter l’ampleur des passifs éventuels résultant des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes e permettre d’accélérer les réparations en cas de dégâts.