Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2023 Numéro 2

Norvège

La croissance économique a ralenti dans un contexte d’ inflation élevée et d’un resserrement de la politique monétaire. La croissance du PIB de la Norvège continentale devrait ralentir à 1.1 % en 2023 puis à 0.5 % en 2024, avant de remonter à 1.3 % en 2025 sur fond de raffermissement de la demande intérieure. L’inflation globale a diminué sous l’effet de la baisse des prix de l’électricité et devrait continuer à baisser. L’inflation sous-jacente diminuera plus lentement, sa baisse étant entravée par les tensions salariales et les effets décalés de l’affaiblissement de la monnaie norvégienne. Le taux de chômage devrait augmenter en raison du fléchissement de l’activité économique, mais se maintenir aux alentours de son niveau d’avant la pandémie.

La politique monétaire devra rester restrictive pendant un certain temps pour contenir l’inflation et garantir l’ancrage des anticipation inflationnistes. L’orientation de la politique budgétaire ne devrait pas accentuer les tensions inflationnistes, tout en assurant un soutien judicieusement ciblé aux groupes vulnérables. Il est essentiel de dégager les marges de manœuvre nécessaires pour financer de nouvelles dépenses, compte tenu des tensions exercées sur les finances publiques, notamment par le vieillissement de la population. Des réformes structurelles réduisant les incitations à prendre une retraite anticipée, renforçant la productivité et favorisant la transition écologique sont indispensables pour obtenir une croissance inclusive et durable.

Norvège : Indicateurs sur l’inflation et sur le marché du travail

1. L’inflation sous-jacente est mesurée à l’aide de l’indice des prix à la consommation corrigé des variations de la fiscalité hors produits énergétiques (IPC-CFE), élaboré par le Bureau central des statistiques (SBB, Statistisk sentralbyrå) norvégien.

2. Pourcentage d’entreprises appartenant au réseau régional de contacts de la Banque de Norvège ayant répondu que les pénuries de main-d’œuvre réduisaient leur production/chiffre d’affaires.

3. Niveau moyen des pénuries de main-d’œuvre signalées entre T1 2000 et T3 2023.

Source : Bureau central des statistiques (SSB, Statistisk sentralbyrå) norvégien ; et Banque de Norvège (Norges Bank).

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Norvège : Demande, production et prix

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L’activité économique a ralenti

La croissance du PIB de la Norvège continentale a ralenti en 2023, l’inflation élevée et les hausses de taux d’intérêt ayant continué à peser sur la demande intérieure. La consommation privée a fléchi en raison de l’augmentation du coût de la vie, même si les aides destinées à alléger les factures d’électricité des ménages et une diminution de l’épargne accumulée pendant la pandémie ont été des facteurs de soutien. La baisse des ventes de voitures, après l’envolée qui a précédé la réduction des incitations fiscales, a aussi tiré la consommation vers le bas. L’investissement en logements a reculé fortement du fait de coûts de construction élevés et d’une décélération de la hausse des prix de l’immobilier d’habitation. La croissance de l’investissement des entreprises a aussi ralenti. Après avoir diminué quatre mois d’affilée, l’inflation globale a atteint 4 % en octobre 2023, sur fond de légère augmentation des prix de l’électricité. L’inflation sous-jacente a également reflué mais demeure élevée. Les tensions observées sur le marché du travail alimentent la croissance des salaires, les négociations salariales en cours laissant entrevoir une progression des salaires de 5 ½ pour cent environ en 2023.

La baisse des prix mondiaux de l’énergie devrait provoquer une dégradation des termes de l’échange de la Norvège et des recettes qui en découlent. Toutefois, les exportations devraient néanmoins continuer à bénéficier de la forte demande énergétique des partenaires commerciaux de la Norvège, qui s’efforcent de remplacer l’approvisionnement en gaz principalement russe, ainsi que du dynamisme des exportations de services énergétiques, stimulées par la hausse des investissements dans la production d’énergie à l’échelle mondiale. Les investissements en pétrole et en gaz devraient s’accroître, compte tenu du nombre de projets présentés à la fin de 2022, mettant fin au recul observé au cours des dernières années. Jusqu’ici, la Norvège a accueilli 68 000 réfugiés ukrainiens et prévoit d’en accueillir 37 000 autres en 2024.

Il demeure essentiel de maîtriser l’inflation

Le projet de loi de finances de 2024 prévoit une augmentation des dépenses financées à partir des recettes pétrolières (par des transferts du fonds pétrolier au budget) de 0.4 point de PIB tendanciel continental, mais son impact sur l’activité économique est globalement neutre d’après le gouvernement. À titre d’exemple, le soutien apporté à l’Ukraine via le programme Nansen, qui représente 0.4 % du PIB continental, n’a qu’un effet limité sur la demande intérieure. La loi de finances proroge le dispositif de subvention à l’électricité jusqu’à la fin de 2024, pour un coût prévu d’environ 0.2 % du PIB continental. Le resserrement de la politique monétaire s’est poursuivi, le taux directeur ayant été porté à 4.25 % en septembre 2023. Il faudra que la politique monétaire reste restrictive pendant un certain temps. Bien qu’elle s’atténue, l’inflation demeure nettement supérieure à l’objectif visé, et la monnaie norvégienne s’est nettement affaiblie, ce qui laisse augurer la persistance de tensions inflationnistes. Les projections de l’OCDE reposent sur l’hypothèse que le taux directeur culminera à 4.5 % au quatrième trimestre de 2023 et sera maintenu à ce niveau jusqu’au début de 2025, avant d’être ramené progressivement à 4 % d’ici à la fin de cette année.

L'activité économique se redressera lentement

La croissance du PIB de la Norvège continentale devrait refluer à 1.1 % en 2023 puis à 0.5 % en 2024, avant de remonter légèrement à 1.3 % en 2025, grâce au raffermissement progressif de l’activité intérieure du fait du recul de l’inflation et de l’assouplissement de la politique monétaire. L’inflation globale devrait diminuer pour s’établir aux alentours de 3 % à la fin de 2025, sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et du ralentissement de la demande. L’investissement bénéficiera d’une amélioration de l’environnement extérieur et de l’exécution de projets liés au climat. La diminution des coûts de financement et des pénuries de logements potentielles pourraient stimuler progressivement l’investissement résidentiel, après son net recul en 2023. Bien que le chômage ait augmenté dans une certaine mesure, la persistance de tensions sur le marché du travail se traduira par la poursuite d’une forte croissance des salaires. L’amélioration de la rentabilité du secteur manufacturier, qui joue un rôle de fer de lance en matière d’accords salariaux, laisse également entrevoir une progression rapide des salaires. Les perspectives sont incertaines. La croissance des salaires pourrait être plus soutenue que prévu, ce qui alimenterait l’inflation. La faiblesse du marché du logement pourrait devenir plus prononcée qu’on ne s’y attend, ce qui pourrait se traduire par un recul plus marqué de l’investissement en logements. Un alourdissement des coûts d’emprunt pourrait accentuer les risques liés à l’endettement élevé des ménages, compte tenu de la proportion importante de prêts à taux variable. À l’inverse, les ménages pourraient dépenser une part plus importante de l’excès d’épargne qu’ils ont accumulé pendant la pandémie, ce qui stimulerait la consommation, tandis qu’une intégration plus rapide que prévu des réfugiés ukrainiens sur le marché du travail pourrait contribuer à atténuer les tensions qui y sont observées.

Garantir une croissance forte et inclusive

Il est essentiel de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour faire face aux pressions sur les dépenses, dues en particulier au vieillissement de la population, et pour garantir une croissance durable et inclusive. Selon les estimations de l’OCDE, les dépenses de santé et de soins de longue durée progresseront de 1.2 point de PIB entre 2024 et 2040, les dépenses de retraite augmentant dans des proportions similaires au cours de la même période. Une mise en œuvre plus efficiente des grands projets d’infrastructure de transport, qui représentent une part significative des investissements publics, ainsi qu’un élargissement du champ de l’évaluation ex post de ces projets permettraient d’envisager de nouvelles initiatives en matière de dépenses. Il est également important d’engager des réformes destinées à rehausser le taux d’activité en réduisant les incitations à entrer dans les régimes d’invalidité et d’assurance maladie, et de déployer des efforts en vue de renforcer l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies, notamment en augmentant le nombre d’étudiants dotés de compétences en technologies de l’information et de la communication (TIC). Il est crucial de faire avancer la transition écologique pour obtenir une croissance durable. Il faut continuer de soutenir les initiatives en matière de technologies vertes, notamment les projets de captage et de stockage du carbone.