Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2023 Numéro 2

Lituanie

L’économie devrait se contracter de 0.4 % en 2023, avant d’enregistrer une croissance de 1.7 % en 2024 et de 3.1 % en 2025. Malgré l'atténuation des tensions inflationnistes et des perturbations affectant les chaînes d'approvisionnement, la hausse des prix du pétrole, supérieure aux prévisions, a ralenti la baisse de l’inflation et entraînera une contraction de la consommation privée en 2023. L’incertitude et les tensions géopolitiques affaibliront la demande des principaux partenaires commerciaux du pays et contribueront au ralentissement des exportations. L’investissement public, renforcé par les fonds de l’UE, soutiendra la croissance. Le marché du travail reste tendu, sous l’effet de la forte hausse des salaires et des pénuries de travailleurs hautement qualifiés.

Les aides budgétaires permettent aux ménages et aux entreprises de faire face à la flambée des prix de l’énergie. Un meilleur ciblage des groupes vulnérables pourrait rendre ce soutien plus efficace. La suppression du soutien public à l’industrie permettrait d’alléger un peu la pression budgétaire. De plus, une augmentation de la participation à la formation tout au long de la vie contribuerait au développement des compétences numériques et aiderait les travailleurs âgés à intégrer des secteurs en forte croissance. Enfin, un soutien plus ciblé à l’innovation, notamment pour favoriser l'adoption de technologies bas carbone, contribuerait à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre les plus difficiles à réduire dans les secteurs du transport et de l’industrie.

Lituanie : Indicateurs sur l’activité économique et de confiance

Source : Base de données des Principaux indicateurs économiques de l’OCDE ; et enquêtes de la Commission européenne auprès des entreprises et des consommateurs.

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Lituanie : Demande, production et prix

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L’activité dans le secteur manufacturier ralentit, mais la confiance des consommateurs se rétablit

L’économie a ralenti au premier semestre de 2023, lorsque les effets de l’incertitude liée aux tensions géopolitiques, du relèvement des taux d’intérêt et de la dégradation de la confiance des entreprises ont commencé à peser sur l’activité. Le PIB a également reculé marginalement au troisième trimestre de 2023. Dans l’industrie, la confiance est négative depuis 17 mois consécutifs, atteignant son plus bas niveau depuis la pandémie. Ces derniers mois, la production manufacturière, les ventes de détail et les exportations se sont contractées. Cependant, la confiance des consommateurs se redresse, le niveau du chômage reste faible, la hausse des salaires est vigoureuse et l’inflation a diminué, s'établissant à 3.1% en octobre. Ces facteurs préparent le terrain pour un rebond de la consommation privée.

La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine continue d'avoir un impact considérable sur l’économie. Les mesures temporaires d’aide aux personnes déplacées venant d’Ukraine et les mesures de soutien aux ménages et aux entreprises pour leur permettre de faire face à la hausse des prix de l’énergie ont alourdi les dépenses publiques. En septembre 2023, plus de 72 000 réfugiés ukrainiens s’étaient inscrits en vue de bénéficier d’une protection temporaire. La persistance de l’inflation à un niveau élevé et le ralentissement de la croissance dans la zone euro ont freiné la demande extérieure et entraîné une contraction des exportations et de la production manufacturière.

La politique budgétaire est expansionniste en 2023, mais elle va se durcir en 2024-25

Le durcissement des conditions monétaires entraîne une modération du marché du logement, et le nombre de permis de construire a chuté brutalement au premier semestre de 2023. La mise en place d’une politique budgétaire contracyclique en 2023 implique une aggravation du déficit structurel, en partie imputable à des postes de dépenses temporaires liés à la guerre en Ukraine, qui représentent 1.9 % du PIB. L’indemnisation des ménages destinées à compenser la hausse des prix du gaz naturel a été prolongée jusqu’à la fin de 2023, mais les subventions à l’électricité ont été supprimées. Le soutien dont bénéficie la société publique des chemins de fer, qui subit des pertes en raison des sanctions imposées à la Russie et au Bélarus, va être maintenu. Le fait que les réfugiés arrivent en moins grand nombre que prévu et la baisse des coûts liés à l'acquisition de matériel militaire ont permis de réaliser quelques économies budgétaires. Par ailleurs, les mesures de grande ampleur en faveur des ménages et des entreprises n’auront plus lieu d’être en 2024-25. Le déficit budgétaire des administrations publiques, en hausse en 2023 et en 2024, devrait diminuer en 2025. La dette publique augmentera entre 2023 et 2025. La pression démographique devrait engendrer une hausse du coût des pensions et des dépenses de santé, de 0.8 % et 0.4 % du PIB d’ici à 2030. L'investissement sera dynamisé par la mise en œuvre du plan de l’UE pour la reprise et la résilience.

La croissance se redressera progressivement, mais sera bridée par la faiblesse des exportations

Après un repli attendu du PIB en 2023, lié à une demande obstinément faible sur les principaux marchés d’exportation et à la baisse des dépenses de consommation, on s'attend à un redémarrage de la croissance du PIB en 2024 et 2025. Une forte hausse des salaires réels alimentera un rebond de la consommation privée. L'investissement public augmentera grâce au déploiement progressif de la facilité de l’UE pour la reprise et la résilience, mais l’atonie du marché du logement continuera de peser sur l’investissement privé. La croissance des exportations devrait s’affermir en 2025, à mesure que s’amorcera la reprise sur les marchés d’exportation. Cependant, la Lituanie risque de perdre une partie des financements de l’UE pour la reprise et la résilience si elle n’adopte pas un projet de loi sur l’immobilier ou ne le met pas en application de manière adéquate. Par ailleurs, une hausse des salaires plus soutenue que prévu pourrait saper la compétitivité des exportations et entraîner une poussée de l’inflation. À l’inverse, elle pourrait favoriser un rebond plus net de la consommation privée si elle s'accompagnait d’une baisse rapide de l’inflation.

Assurer une croissance économique plus forte et plus durable

Une réduction globale et un ciblage plus fin des aides mises en place pour faire face à la hausse des prix de l’énergie permettraient de réduire l’exposition aux fluctuations des prix de l'énergie et favoriseraient une reconstitution des marges de manœuvre budgétaires. L'écart de productivité entre les petites et les grandes entreprises, qui est considérable, pourrait être comblé grâce à un recours accru aux technologies numériques. Encourager une plus grande participation à la formation tout au long de la vie pourrait être un moyen d’y parvenir, et aussi de rendre la croissance plus inclusive. Atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, surtout dans les secteurs où il est difficile de les faire baisser, comme le transport et l’industrie, nécessitera d’accorder un rôle plus important à la diffusion des technologies, moyennant un soutien plus ciblé à l’innovation et à l'adoption des technologies.