La loi américaine sur l'enregistrement des agents étrangers (22 U.S.C. §§611-621 ; « Foreign Agents Registration Act » - FARA) a été promulguée en 1938 dans un contexte d’influence grandissante de la propagande nazie aux États-Unis. Dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, le Congrès américain avait en effet identifié plusieurs personnes et organisations opérant aux États-Unis et propageant de de la propagande ayant pour but de façonner l'opinion publique américaine en donnant une image positive du nouvel État allemand et en contrant certains rapports faisant état de la brutalité du régime nazi à l'égard des opposants politiques et des Juifs.
Sur recommandation de la commission spéciale sur les activités anti-américaines du 73e Congrès (1934-1935), l’adoption du FARA avait donc pour objectif de faire la lumière sur l’utilisation de « proxies » en exigeant plutôt que les personnes engagées dans des activités de propagande pour le compte de gouvernements étrangers s'enregistrent auprès du gouvernement et rendent transparentes des informations sur leurs clients, leurs activités et les termes de leurs contrats, sans toutefois interdire ces activités. À cet égard, le FARA est souvent considéré comme la loi sur le lobbying la plus ancienne du monde.
Amendé au fil des ans, le FARA s'applique aujourd’hui largement à toute personne qui agit au nom d'un mandant étranger (« foreign principal ») pour, entre autres, influencer la politique ou l'opinion publique des États-Unis.
Reconnaissant que les efforts déployés par les gouvernements étrangers pour influencer la politique intérieure et extérieure, la législation, les processus démocratiques et l'opinion publique des États-Unis, en employant en leur nom des lobbyistes, des professionnels des relations publiques, des hommes–d'affaires éminents ou d'anciens fonctionnaires du gouvernement américain, sont « légaux - s'ils sont transparents », l'objectif du FARA est de permettre au peuple américain et à ses représentants élus de comprendre qui est à l'origine de cette influence étrangère et de comprendre les activités qu’ils conduisent à la lumière du lien établi avec l’entité étrangère, et, ce faisant, de mieux répondre aux menaces pour la sécurité nationale.
Concrètement, le FARA exige de certains agents qui mènent certaines activités d’influence pour le compte d’entités étrangères (foreign principals) d’enregistrer périodiquement auprès du département de la Justice (Department of Justice) leurs relations avec le mandant étranger, ainsi que les activités et dépenses à l’appui de cette influence. Le département de la Justice est tenu de rendre ces informations accessibles au public.