La loi australienne « Foreign Influence Transparency Scheme Act » a été promulguée en 2018 « afin de faire connaître au public la nature, le niveau et l’étendue de l’influence étrangère exercée sur le gouvernement australien et la vie politique en Australie. » Elle crée un registre public des activités enregistrables entreprises au nom d’un mandant étranger, et qui ont pour objectif d’influencer toute personne, entité, structure ou processus faisant partie de l'architecture politique et gouvernementale fédérale de l'Australie. Le dispositif n'est ainsi pas destiné à restreindre, dissuader, criminaliser ou punir ces activités, mais de mettre en évidence des activités licites menées au profit d'intérêts étrangers.
Le dispositif utilise le terme « d’influence », qui désigne le fait d'essayer d'affecter ou d'avoir un impact sur un processus, une décision ou un résultat, de manière directe et indirecte et sans être limitée par le degré d'effet des activités (par ex. influencer pour créer un changement ou pour maintenir le statu quo). À ce titre, le dispositif différencie clairement « l’influence étrangère » de « l’ingérence étrangère » :
L’influence étrangère est considérée comme légitime dans la mesure où les « gouvernements et autres acteurs du monde entier s’efforcent généralement d’influencer les questions et politiques importantes en Australie dans un sens favorable à leurs intérêts ». Lorsque cette influence est menée de manière ouverte, légale et transparente, le gouvernement australien considère qu’elle « contribue à la vitalité et à la solidité de [la] démocratie [australienne] en garantissant que les décideurs et le public sont exposés à des opinions et à des voix diverses provenant de tous les secteurs de la société. Les opinions diverses des membres de la communauté, des universitaires, des médias, du secteur des affaires, des organisations non gouvernementales et d'autres acteurs contribuent de manière positive à un débat public sain et solide ».
L'ingérence étrangère va au-delà de l'influence diplomatique de routine couramment pratiquée par les gouvernements pour opérer en dehors de ces canaux officiels et en utilisant un représentant tiers. Elle comprend les activités secrètes, trompeuses et coercitives destinées à affecter un processus politique ou gouvernemental australien et qui sont dirigées, subventionnées ou entreprises par (ou au nom de) des acteurs étrangers afin de promouvoir leurs intérêts ou leurs objectifs (Ministère du procureur général australien, 2019[1]).
Le FITS souligne en particulier les risques importants que représentent les activités d’ingérences étrangères pour le système ouvert de gouvernement et la souveraineté nationale de l’Australie, car celles-ci pourraient « limiter ou façonner les jugements indépendants du gouvernement et corrompre l’intégrité des systèmes établis ». En outre, l'ingérence étrangère dans le système politique australien pourrait « éroder la confiance du public dans ses institutions politiques et gouvernementales et pourrait également interférer avec le processus décisionnel du secteur privé ». En définitive, ces activités « nuisent à la sécurité nationale et à la prospérité économique », car elles permettent de promouvoir les intérêts d'un mandant étranger en Australie de manière dissimulée, au détriment des intérêts nationaux s'il n'est pas clair que l'acte est entrepris pour le compte d'un donneur d'ordre étranger.
Pour ces raisons, l'ingérence étrangère constitue un délit grave en vertu du code pénal du Commonwealth, passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 20 ans (Ministère du procureur général australien, 2019[1]).