Ce chapitre présente les tendances récentes du tourisme et les évolutions correspondantes en matière de gouvernance et d’action publique dans ce secteur. À partir des réponses apportées par les pays membres et des pays partenaires de l’OCDE à une enquête portant sur les politiques publiques et les aspects statistiques du tourisme, il dresse le bilan de la reprise soutenue mais contrastée que l'on peut observer et fait le point sur les évolutions attendues à l’heure où de nouveaux défis apparaissent. Il décrit également les leviers dont disposent les pouvoirs publics dans ce contexte pour œuvrer en faveur d’un tourisme plus durable, plus résilient et plus inclusif. Les priorités de l’action publique, les réformes et les évolutions à l’œuvre dans le secteur du tourisme y sont analysées et illustrées par des exemples de pratiques nationales.
Tendances et politiques du tourisme de l'OCDE 2024 (version abrégée)
Chapitre 1. Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE
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Tendances récentes et évolutions attendues dans le secteur du tourisme à l’heure des nouveaux défis
Copier le lien de Tendances récentes et évolutions attendues dans le secteur du tourisme à l’heure des nouveaux défisAprès l’effondrement observé en 2020‑21 en raison de la pandémie de COVID‑19, le tourisme connaît un redémarrage spectaculaire. Il devrait renouer avec ses niveaux pré‑pandémiques d’ici la fin de 2024 et poursuivre sa croissance sur la durée. La reprise est en bonne voie dans bon nombre de pays, mais reste inégale, et de nouvelles difficultés sont apparues sous l’effet conjugué d’une croissance économique atone, de tensions géopolitiques croissantes, du poids du coût de la vie, des catastrophes naturelles et de phénomènes météorologiques extrêmes. Parallèlement, cette situation a mis au jour les faiblesses, récentes ou anciennes, des modèles de développement touristique et de l’économie du tourisme dans son ensemble.
Les mesures exceptionnelles prises par les pouvoirs publics pour aider le secteur à traverser ces crises ont porté leurs fruits. La demande touristique a fait preuve d’une résilience notable. Le redressement vigoureux à l’œuvre provoque une prise de conscience pour certaines destinations qui peinent à faire face à la demande et à gérer les effets du tourisme sur l’environnement et les populations locales. Le tourisme n’en demeure pas moins un secteur qui recèle un potentiel considérable mais encore inexploité et qui peut offrir de réelles perspectives à bon nombre d’individus, d’entreprises et de territoires. Le secteur du tourisme tente de relever ces défis tout en subissant l’impact d’évolutions sociales, économiques, politiques, environnementales et techniques de grande ampleur.
Des politiques du tourisme actives et tournées vers l’avenir sont nécessaires pour s’adapter à ces évolutions et bâtir une dynamique en faveur d’un avenir plus résilient, plus durable et plus inclusif pour le secteur. Alors que depuis quelques années, le secteur du tourisme suscitait de l’intérêt aux plus hauts niveaux de l’exécutif pour son rôle de vecteur de prospérité économique et de bien‑être, il risque fort de redescendre dans la liste des priorités nationales dès lors qu’il aura renoué avec les chiffres et les trajectoires de croissances antérieurs à la pandémie.
La reprise vigoureuse du tourisme stimule la croissance économique
Le tourisme demeure un moteur important de la croissance économique ; son rôle est déterminant en ce sens qu’il stimule l’activité économique, crée des emplois, apporte des recettes et des devises, favorise le développement régional et fait vivre les populations locales. Avant la pandémie, le secteur du tourisme contribuait directement en moyenne à hauteur de 4.4 % au PIB, de 6.9 % à l’emploi et de 20.4 % aux exportations de services dans les pays de l’OCDE. Sous l’effet du choc sans précédent qu’a représenté le COVID‑19, la contribution directe moyenne du tourisme au PIB a été ramenée à 2.5 % en 2020 dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, avec des retombées sur les autres secteurs économiques. Dès 2022, ce chiffre est remonté à 3.9 % en moyenne dans ce même groupe de pays, dont quatre avaient même intégralement rattrapé, voire dépassé, les niveaux pré‑pandémiques (Graphique 1.1). Selon ONU Tourisme, le PIB direct du tourisme à l’échelle mondiale a retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie en 2023 (UN Tourism, 2024[1]).
Le redémarrage énergique de l’économie touristique contribue à l’activité économique en général, notamment dans les pays où ce secteur est particulièrement dynamique comme la Grèce, le Portugal, la Suisse et la Türkiye (OCDE, 2024[2]). Dans quelques pays, la part relative de l’économie du tourisme s’est accrue, le secteur ayant enregistré une croissance plus soutenue que l’économie globale. Au Portugal par exemple, le tourisme représentait 8.9 % de la valeur ajoutée brute directe en 2022, contre 8.1 % en 2019. Ces chiffres s’entendent avant prise en compte des retombées indirectes du tourisme, qui reflètent l’ampleur et la profondeur des liens entre le tourisme et d’autres secteurs (comme la production alimentaire, l’agriculture, les transports). Ces retombées indirectes comptent pour plus d’un tiers de la valeur ajoutée dégagée par l’économie nationale par le biais du tourisme.
Dans ce secteur à forte intensité de main‑d’œuvre, les pénuries de personnel et les déficits de compétences sur un marché du travail en tension ont freiné la reprise. L’emploi dans le segment de l’hébergement et de la restauration a reculé de 5.3 % en 2022 dans l’ensemble de l’OCDE et, dans bon nombre de pays, le taux d’emplois non pourvus était plus élevé sur ce segment en moyenne que dans les autres pans de l’économie en 2023. Tous les métiers de l’hébergement et de la restauration ne relèvent pas du tourisme, mais ce sous‑secteur qui compte pour la moitié environ des emplois dans le tourisme offre une variable de substitution, certes incomplète, mais utile. Même si les tensions s’atténuent sur les marchés du travail, il reste difficile pour la filière du tourisme d’attirer du personnel, de le fidéliser et de le former. L’urgence de relever ce défi est examinée en détail dans le chapitre 2 – Renforcer la main‑d’œuvre du secteur du tourisme
La demande touristique a fait preuve de résilience mais la reprise n’est pas homogène et il reste des défis à relever
Les flux de touristes internationaux se sont nettement redressés et devraient regagner l’intégralité de terrain perdu d’ici la fin de 2024. Cela étant, la reprise observée n’est pas homogène, et il reste des défis à relever. Après avoir chuté de 68.3 % en 2020 – soit un peu moins que la baisse de 72.3 % enregistrée dans le monde – les arrivées internationales dans les pays de l’OCDE avaient, fin 2022, récupéré 77.3 % des niveaux de 2019 (contre 66.6 % à l’échelon mondial). Les pays de l’OCDE ont connu une croissance plus forte que les autres pays depuis la pandémie et ont accueilli 65 % des arrivées internationales en 2022 contre 56 % en 2019. Le Tableau 1.1 présente la répartition des arrivées internationales entre les pays membres de l’OCDE et un échantillon de pays partenaires.
Cette dynamique de reprise s’est maintenue, portée par une demande touristique soutenue, qui a fait preuve d’une résilience inattendue. On estime que 1.3 milliard de touristes ont voyagé à l’international en 2023, soit 89 % des niveaux d’avant la pandémie, et que ce chiffre pourrait atteindre 1.5 milliard d’ici la fin de 2024 (UN Tourism, 2024[3]).
En 2023, les arrivées internationales ont été plus nombreuses qu’avant la pandémie dans certains pays de l’OCDE, en particulier dans les pays européens. Ainsi, le Portugal a accueilli un nombre record de 19.4 millions de touristes internationaux, soit 12.1 % de plus qu’en 2019. D’autres pays ont vu le nombre d’arrivées retrouver, voire dépasser, les niveaux pré‑pandémiques. C’est le cas de la Colombie (+34 %), de l’Espagne (+2.0 %), du Luxembourg (+2.1 %), de la Norvège (+1.2 %) et des Pays‑Bas (+1.4 %). Le Graphique 1.2 présente les données disponibles relatives aux arrivées internationales dans certains pays membres et des pays partenaires de l’OCDE en 2023 par rapport à 2019. Les pays européens ont bénéficié à la fois de la dynamique des voyages intrarégionaux et d’un dollar fort qui a attiré les touristes américains en Europe.
Mais pour d’autres pays, le chemin vers la reprise est encore long. C’est le cas dans la région Asie‑Pacifique, qui pâtit de la réouverture tardive des frontières, du poids prépondérant, avant la pandémie, des visiteurs en provenance de marchés sources souvent éloignés, et du retour plus lent que prévu de l’important marché émetteur que représente la République populaire de Chine. En effet, les arrivées internationales étaient restées en 2023 inférieures aux niveaux d’avant la pandémie en Australie (‑24.1 %), au Japon (‑21.4 %) et en Nouvelle‑Zélande (‑24.0 %), par exemple. La reprise s’est accélérée depuis quelques mois dans la région, à la faveur de l’augmentation du nombre de voyages à l’étranger au départ de la Chine, et du renforcement des capacités et liaisons aériennes destiné à répondre à la demande. Par ailleurs, le niveau historiquement faible du yen a entraîné un afflux de touristes sur le sol japonais. Cette dynamique s’observe également dans d’autres pays de la région. La remontée du tourisme international en Thaïlande, par exemple, facilitée par la levée de l’obligation de visa pour les voyageurs chinois (OCDE, 2024[2]), aide l’économie du pays à se redresser progressivement.
Les conflits et tensions géopolitiques, notamment la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine et l’augmentation des conflits au Moyen‑Orient, pèsent sur les flux touristiques et sur l’économie du tourisme en général. Le tourisme international n’a toujours pas renoué avec les niveaux pré‑pandémiques en Finlande (‑22.3 % à fin 2023) ni dans les pays voisins de la Russie et de l’Ukraine. Les attaques terroristes et la guerre qui a suivi ont fortement pénalisé l’économie du tourisme israélienne et provoqué l’effondrement du tourisme récepteur (‑33.9 % en 2023). Les répercussions se font également sentir plus largement sur les exportations de services et la croissance économique du pays (OCDE, 2024[2]). L’incertitude quant à la tournure que vont prendre ces événements et les autres conflits et tensions géopolitiques risque de porter préjudice au tourisme dans les régions alentour et d’entamer la confiance des voyageurs de manière générale, la sûreté et la sécurité étant des conditions incontournables pour le tourisme.
Tableau 1.1. Arrivées internationales dans les pays de l’OCDE et des pays partenaires, 2019‑2022
Copier le lien de Tableau 1.1. Arrivées internationales dans les pays de l’OCDE et des pays partenaires, 2019‑2022
|
Type d’indicateur |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
Variation entre 2019 et 2020 |
Variation entre 2019 et 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Milliers |
% |
||||||
Allemagne1 |
Touristes |
39 563 |
12 449 |
11 688 |
28 463 |
-69% |
-28% |
Australie |
Visiteurs |
9 466 |
1 828 |
246 |
3 694 |
-81% |
-61% |
Autriche1 |
Touristes |
31 884 |
15 091 |
12 728 |
26 215 |
-53% |
-18% |
Belgique1 |
Touristes |
6 800 |
1 804 |
2 313 |
5 728 |
-73% |
-16% |
Canada |
Touristes |
22 145 |
2 960 |
3 062 |
12 824 |
-87% |
-42% |
Chili |
Touristes |
4 518 |
1 119 |
190 |
2 030 |
-75% |
-55% |
Colombie |
Visiteurs |
4 531 |
1 387 |
2 146 |
4 722 |
-69% |
4% |
Corée |
Visiteurs |
17 503 |
2 519 |
967 |
3 198 |
-86% |
-82% |
Costa Rica |
Touristes |
3 139 |
1 012 |
1 347 |
2 350 |
-68% |
-25% |
Danemark |
Touristes |
14 725 |
6 229 |
7 555 |
14 190 |
-58% |
-4% |
Espagne |
Touristes |
83 509 |
18 933 |
31 181 |
71 659 |
-77% |
-14% |
Estonie |
Touristes |
3 336 |
1 023 |
801 |
2 166 |
-69% |
-35% |
États‑Unis |
Touristes |
79 442 |
19 212 |
22 280 |
50 870 |
-76% |
-36% |
Finlande1 |
Touristes |
3 290 |
896 |
807 |
2 127 |
-73% |
-35% |
France |
Touristes |
90 914 |
41 684 |
48 395 |
93 196 |
-54% |
3% |
Grèce |
Visiteurs |
34 005 |
7 406 |
15 246 |
29 876 |
-78% |
-12% |
Hongrie |
Touristes |
15 949 |
6 624 |
6 973 |
11 731 |
-58% |
-26% |
Irlande2 |
Touristes |
9 353 |
.. |
.. |
.. |
.. |
.. |
Islande |
Touristes |
2 202 |
486 |
698 |
1 715 |
-78% |
-22% |
Israël |
Touristes |
4 552 |
832 |
397 |
2 675 |
-82% |
-41% |
Italie |
Touristes |
64 513 |
25 190 |
26 888 |
49 811 |
-61% |
-23% |
Japon |
Visiteurs |
31 882 |
4 116 |
246 |
3 832 |
-87% |
-88% |
Lettonie |
Touristes |
1 946 |
715 |
442 |
1 139 |
-63% |
-41% |
Lituanie |
Touristes |
2 875 |
937 |
948 |
2 169 |
-67% |
-25% |
Luxembourg1 |
Touristes |
1 041 |
525 |
615 |
1 013 |
-50% |
-3% |
Mexique |
Touristes |
45 024 |
24 284 |
31 860 |
38 326 |
-46% |
-15% |
Norvège1 |
Touristes |
5 879 |
1 387 |
1 435 |
4 979 |
-76% |
-15% |
Nouvelle-Zélande |
Visiteurs |
3 888 |
996 |
207 |
1 434 |
-74% |
-63% |
Pays-Bas1 |
Touristes |
20 129 |
7 265 |
6 248 |
16 582 |
-64% |
-18% |
Pologne |
Touristes |
21 158 |
8 418 |
9 722 |
15 948 |
-60% |
-25% |
Portugal1 |
Touristes |
17 283 |
4 208 |
6 345 |
16 308 |
-76% |
-6% |
République slovaque1 |
Touristes |
2 475 |
854 |
576 |
1 594 |
-65% |
-36% |
République tchèque |
Touristes |
14 651 |
3 919 |
3 768 |
10 219 |
-73% |
-30% |
Royaume-Uni |
Visiteurs |
40 857 |
11 101 |
6 384 |
31 244 |
-73% |
-24% |
Slovénie1 |
Touristes |
4 702 |
1 216 |
1 832 |
3 936 |
-74% |
-16% |
Suède |
Touristes |
7 616 |
1 957 |
2 990 |
6 629 |
-74% |
-13% |
Suisse1 |
Touristes |
11 818 |
3 690 |
4 390 |
9 160 |
-69% |
-22% |
Türkiye |
Touristes |
51 192 |
15 894 |
29 925 |
50 453 |
-69% |
-1% |
Afrique du Sud |
Touristes |
10 228 |
2 802 |
2 256 |
5 698 |
-73% |
-44% |
Arabie saoudite |
Touristes |
17 526 |
4 138 |
3 477 |
16 638 |
-76% |
-5% |
Brésil |
Touristes |
6 353 |
2 146 |
746 |
3 630 |
-66% |
-43% |
Bulgarie |
Visiteurs |
12 552 |
4 973 |
7 188 |
10 888 |
-60% |
-13% |
Croatie1 |
Touristes |
17 353 |
5 545 |
10 641 |
15 324 |
-68% |
-12% |
Indonésie |
Touristes |
15 455 |
3 981 |
1 546 |
5 761 |
-74% |
-63% |
Malte |
Touristes |
2 753 |
659 |
968 |
2 287 |
-76% |
-17% |
Maroc |
Touristes |
12 933 |
2 778 |
3 722 |
10 869 |
-79% |
-16% |
Monténégro1 |
Touristes |
2 510 |
351 |
1 554 |
2 036 |
-86% |
-19% |
Pérou |
Touristes |
4 372 |
897 |
444 |
2 009 |
-79% |
-54% |
Roumanie1 |
Touristes |
2 684 |
454 |
879 |
1 674 |
-83% |
-38% |
Serbie1 |
Touristes |
1 847 |
446 |
871 |
1 773 |
-76% |
-4% |
UE27 |
529 748 |
179 506 |
219 142 |
443 045 |
-66% |
-16% |
|
Membres de l’OCDE |
820 401 |
260 164 |
303 843 |
634 204 |
-68% |
-23% |
|
Monde2 |
1 465 000 |
406 000 |
459 000 |
975 000 |
-72% |
-33% |
Note : Pour en savoir plus, veuillez vous reporter aux notes par pays.
Touristes : arrivées internationales (hors visiteurs de la journée).
Visiteurs : arrivées de visiteurs internationaux (visiteurs de la journée compris).
1. Données des enquêtes menées auprès des professionnels.
2. Données ONU Tourisme (Baromètre du tourisme mondial, mai 2024)
Source : Statistiques de l’OCDE sur le tourisme (base de données).
À mesure que l’activité touristique reprend des couleurs, le classement des destinations et des marchés évolue. La France et l’Espagne ont conservé en 2022 le statut de destinations les plus visitées au monde qui était le leur avant la pandémie et les États‑Unis ont repris la troisième place du classement à la faveur du relèvement du tourisme récepteur qui avait reculé en 2021. Soutenue par la très bonne performance du tourisme récepteur, la Türkiye s’est hissée à la quatrième place, devant l’Italie. Au total, ces cinq destinations ont accueilli près d’un tiers (32.0 %) des arrivées internationales dans le monde (UN Tourism, 2024[3]).
En Asie‑Pacifique, la reprise du secteur prend une autre tournure. Si les voyages à l’étranger à partir de la Chine et le tourisme interne sont en hausse, le tourisme récepteur reste loin de ses niveaux d’avant la pandémie, et freine la reprise du reste de l’économie chinoise (OECD, 2024[4]). La Chine a prolongé sa politique d’exemption de visa pour les citoyens de 11 pays de l’UE et d’Australie, de Nouvelle‑Zélande et de Malaisie jusqu’à fin 2025. Le succès et les résultats de cette initiative qui vise à relancer le tourisme et à resserrer les liens internationaux pourraient toutefois être limités par les capacités aériennes et les restrictions pesant sur certaines liaisons aériennes dans le sillage de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. En Inde, le tourisme émetteur est en passe de s’imposer comme le futur moteur de croissance du tourisme mondial, porté par l’expansion rapide des classes moyennes et le développement de la connectivité aérienne de l’ensemble du territoire.
Les recettes du tourisme (à prix courants) ont progressé plus vite que les flux de touristes internationaux, même s’il convient d’interpréter les chiffres avec prudence, compte tenu du fort contexte inflationniste sur la période. Ainsi, dans les pays de l’OCDE, les recettes du tourisme international avaient, fin 2022, récupéré 82.3 % des niveaux de 2019 et les arrivées 77.3 %. Les pays de l’OCDE représentaient 67.1 % des recettes du tourisme international en 2022, soit plus qu’en 2019 (61.4 %), et 65 % des arrivées internationales en 2022 contre 56 % en 2019.
Le Tableau 1.2 présente un récapitulatif des recettes (exportations) et des dépenses (importations) liées aux voyages internationaux et la balance des voyages internationaux pour les pays membres de l’OCDE et quelques pays partenaires. Les pays enregistrant les meilleurs résultats sont la Türkiye (+39.9 % par rapport à 2019 à prix courants), les Pays‑Bas (+21.9 %), le Mexique (+14.0 %), l’Irlande (8.7 %) et le Royaume‑Uni (+7.9 %). C’est au Japon (‑79.9 %) et en Nouvelle‑Zélande (‑95.3 %), où les frontières sont restées fermées plus longtemps aux flux touristiques internationaux, que la reprise a été la plus timide.
Tableau 1.2. Recettes et dépenses liées aux voyages internationaux dans les pays membres et des pays partenaires de l’OCDE, 2019 et 2022
Copier le lien de Tableau 1.2. Recettes et dépenses liées aux voyages internationaux dans les pays membres et des pays partenaires de l’OCDE, 2019 et 2022en millions USD
Recettes liées aux voyages internationaux |
Dépenses liées aux voyages internationaux |
Balance des voyages internationaux |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
2019 |
2022 |
2019 |
2022 |
2019 |
2022 |
|
Allemagne |
41 806 |
31 548 |
93 243 |
89 724 |
-51 438 |
-58 176 |
Australie |
45 522 |
24 108 |
35 299 |
16 279 |
10 223 |
7 829 |
Autriche |
22 941 |
19 915 |
11 602 |
11 153 |
11 339 |
8 763 |
Belgique |
8 837 |
6 934 |
18 686 |
16 298 |
-9 849 |
-9 364 |
Canada |
29 807 |
24 002 |
35 349 |
24 436 |
-5 543 |
-434 |
Chili |
2 303 |
1 024 |
2 459 |
1 718 |
-157 |
-695 |
Colombie |
5 682 |
5 919 |
4 935 |
4 304 |
747 |
1 615 |
Corée |
20 867 |
11 996 |
32 739 |
19 925 |
-11 872 |
-7 929 |
Costa Rica |
3 989 |
3 137 |
1 036 |
966 |
2 953 |
2 171 |
Danemark |
8 652 |
8 921 |
10 003 |
8 462 |
-1 352 |
459 |
Espagne |
79 670 |
72 891 |
27 778 |
21 920 |
51 892 |
50 971 |
Estonie |
1 738 |
1 279 |
1 546 |
1 174 |
192 |
105 |
États‑Unis |
198 982 |
136 869 |
131 990 |
115 312 |
66 992 |
21 557 |
Finlande |
3 726 |
2 249 |
5 680 |
4 379 |
-1 955 |
-2 129 |
France |
63 508 |
59 676 |
50 542 |
41 302 |
12 966 |
18 375 |
Grèce |
20 351 |
18 614 |
3 072 |
2 027 |
17 279 |
16 587 |
Hongrie |
7 305 |
5 663 |
2 749 |
2 412 |
4 556 |
3 251 |
Irlande |
6 478 |
7 041 |
8 256 |
8 480 |
-1 778 |
-1 440 |
Islande |
2 695 |
2 485 |
1 510 |
1 515 |
1 185 |
970 |
Israël |
7 620 |
5 681 |
8 154 |
7 821 |
-534 |
-2 140 |
Italie |
49 595 |
46 601 |
30 338 |
27 410 |
19 257 |
19 191 |
Japon |
46 054 |
9 238 |
21 265 |
4 491 |
24 790 |
4 747 |
Lettonie |
1 015 |
1 106 |
749 |
1 011 |
267 |
95 |
Lituanie |
1 493 |
1 187 |
1 389 |
1 240 |
104 |
-53 |
Luxembourg |
5 333 |
5 417 |
3 609 |
3 405 |
1 724 |
2 012 |
Mexique |
24 573 |
28 017 |
9 881 |
7 054 |
14 692 |
20 963 |
Norvège |
5 855 |
5 472 |
16 513 |
14 033 |
-10 658 |
-8 560 |
Nouvelle-Zélande |
10 533 |
498 |
4 300 |
284 |
6 233 |
215 |
Pays‑Bas |
19 729 |
24 056 |
23 124 |
18 822 |
-3 394 |
5 234 |
Pologne |
14 013 |
14 497 |
9 286 |
7 681 |
4 727 |
6 816 |
Portugal |
20 476 |
22 263 |
5 736 |
5 827 |
14 740 |
16 436 |
République slovaque |
3 203 |
1 360 |
2 589 |
2 249 |
614 |
-889 |
République tchèque |
7 303 |
5 054 |
5 889 |
4 968 |
1 414 |
86 |
Royaume-Uni |
60 637 |
65 406 |
86 605 |
90 939 |
-25 967 |
-25 533 |
Slovénie |
3 183 |
3 130 |
1 679 |
1 825 |
1 504 |
1 305 |
Suède |
9 193 |
9 038 |
14 366 |
12 365 |
-5 173 |
-3 328 |
Suisse |
17 950 |
17 348 |
18 753 |
17 564 |
-803 |
-217 |
Türkiye |
29 813 |
41 702 |
4 108 |
4 092 |
25 705 |
37 610 |
Afrique du Sud |
8 390 |
4 738 |
3 141 |
2 220 |
5 249 |
2 518 |
Arabie saoudite |
16 431 |
23 475 |
15 140 |
15 914 |
1 292 |
7 562 |
Brésil |
5 995 |
4 952 |
17 593 |
12 185 |
-11 599 |
-7 233 |
Bulgarie |
4 294 |
3 413 |
1 826 |
1 550 |
2 468 |
1 863 |
Croatie |
11 798 |
13 810 |
1 763 |
1 460 |
10 035 |
12 350 |
Indonésie |
16 911 |
6 719 |
11 308 |
6 288 |
5 603 |
431 |
Malte |
1 897 |
1 841 |
530 |
476 |
1 367 |
1 365 |
Maroc |
8 187 |
9 063 |
2 176 |
1 883 |
6 010 |
7 180 |
Monténégro |
1 225 |
1 080 |
58 |
59 |
1 167 |
1 021 |
Pérou |
3 738 |
2 137 |
2 775 |
2 345 |
963 |
-208 |
Roumanie |
3 578 |
4 704 |
6 001 |
7 762 |
-2 424 |
-3 058 |
Serbie |
1 604 |
2 592 |
1 806 |
2 459 |
-201 |
133 |
UE27 |
424 375 |
395 095 |
343 667 |
306 736 |
||
Membres de l’OCDE |
912 430 |
751 339 |
746 807 |
624 862 |
||
Monde1 |
1 487 000 |
1 120 000 |
1 487 000 |
1 120 000 |
Note : Pour en savoir plus, veuillez vous reporter aux profils-pays.
1. Données ONU Tourisme (Baromètre du tourisme mondial, mai 2024)
Source : Statistiques de l’OCDE sur le tourisme (base de données).
La part du tourisme dans les exportations de services des pays de l’OCDE est ressortie à 14.8 % en 2022 après être tombée à 10.0 % en 2020 et 9.7 % en 2021, alors qu’elle était de 20.4 % en 2019 (Graphique 1.3). Selon ONU Tourisme, les recettes d’exportation totales du tourisme international s’établissent à 96 % du niveau de 2019 en termes réels. La reprise soutenue des voyages internationaux a alimenté la performance globale des échanges de services (OECD, 2024[4]).
La demande interne a contribué à maintenir le secteur à flot pendant la pandémie et les voyages du tourisme interne avec nuitée ont retrouvé en 2022 90.5 % de leurs niveaux de 2019 dans les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données1. Cela étant, l’ampleur de la demande interne et la contribution du tourisme interne à la reprise varient considérablement selon les pays. En effet, certains pays ont vu les dépenses du tourisme interne globalement augmenter pendant la pandémie lorsque les voyages internationaux étaient limités. C’était notamment le cas en 2021 pour le Danemark (+12.0 % par rapport à 2019), la Nouvelle‑Zélande (+12.8 %), la Lituanie (+7.9 %), l’Australie (+6.2 %) et la Suède (+6.0 %). La consommation du tourisme interne a en revanche reculé en République slovaque (‑52.1 % par rapport à 2019), Colombie (‑44.4 %), Autriche (‑37.4 %), Hongrie (‑27.7 %), au Canada (‑25.9 %) et aux Pays‑Bas (‑24.6 %). On constate sur le Graphique 1.4 que la part du tourisme interne dans les dépenses du tourisme était plus élevée en 2022 qu’avant la pandémie dans plusieurs pays de l’OCDE.
De nouveaux défis se profilent pour adapter et gérer le tourisme dans une optique de durabilité
Pour ce qui est de l’avenir, la demande touristique devrait rester dynamique à mesure que les déséquilibres entre l’offre et la demande se résorberont. L’évolution du secteur à court terme reste toutefois empreinte d’incertitude sachant que, sur la durée, une croissance incontrôlée pourrait compromettre la durabilité et l’avenir de la filière touristique.
L’horizon de l’économie mondiale commence certes à s’éclaircir, mais la croissance reste modeste les perspectives diffèrent selon les pays. L’OCDE table sur une croissance stable du PIB mondial à 3.1 % en 2024, suivi d’une légère progression à 3.2 % en 2025. On attend toutefois des résultats moins bons que prévus dans un certain nombre d’économies avancées, notamment en Europe, ce qui pourrait avoir pour effet de réduire les flux touristiques en provenance de ces pays. Cette situation pourrait toutefois être contrebalancée par une forte croissance aux États‑Unis et dans plusieurs économies émergentes. Les tensions géopolitiques continuent certes de représenter un risque à moyen terme, mais la demande pourrait toutefois s’avérer plus soutenue que prévu si les ménages et les entreprises puisent davantage dans l’épargne accumulée pendant la pandémie (OECD, 2024[4]).
L’inflation reflue plus vite qu’initialement prévu, y compris s’agissant des prix de l’énergie et des produits alimentaires dont les effets sur le coût du transport, de l’hébergement et de la restauration sont très sensibles pour les touristes. Les revenus réels augmentent dans bon nombre de pays de l’OCDE à mesure que l’inflation ralentit et que la confiance du secteur privé s’améliore, autant d’éléments susceptibles de stimuler la demande touristique. Les déséquilibres entre l’offre et la demande sur les marchés du travail s’atténuent, et le chômage se maintient à son plus bas niveau historique ou s’en approche. Cette situation devrait alléger les problèmes de main d’œuvre que rencontrent les entreprises touristiques, mais la difficulté à attirer les talents et à bâtir une main d’œuvre solide et stable reste présente.
La confiance des voyageurs et des entreprises laisse présager un maintien de la forte dynamique de croissance du tourisme. Les prestataires de services d’hébergement en Europe affichent des niveaux de confiance élevés ; la demande devrait se stabiliser avec la disparition de la demande de rattrapage post‑pandémie (Booking.com and Statista.com, 2024[5]). Les pré‑réservations de billets d’avion vers l’Europe semblent indiquer un retour aux niveaux pré‑pandémiques, même si l’on observe une évolution notable des préférences des voyageurs en faveur des destinations nature et des villes. Les voyages intra‑européens devraient rester soutenus et les voyages à destination de l’Asie‑Pacifique sont en hausse, les touristes européens s’aventurant de plus en plus vers des destinations éloignées à la faveur, notamment, du développement des relations aériennes, de la suppression de l’obligation de visa pour les Européens se rendant en Chine, et d’un taux de change favorable de l’euro par rapport au yen (ForwardKeys, 2024[6]). Ce constat fait suite à une forte croissance du nombre de passagers voyageant par avion en Asie‑Pacifique et à un retour à la rentabilité du secteur aérien dans son ensemble dans toutes les régions du monde, en particulier en Amérique du Nord (IATA, 2024[7]).
Le redressement vigoureux à l’œuvre provoque une prise de conscience chez les responsables publics et l’ensemble des acteurs de la filière qui constatent que certaines destinations peinent à faire face à la demande et à gérer les effets du tourisme sur l’environnement et les populations locales. De fait, on observe que la demande progresse plus vite que l’offre, et que, dans certaines destinations, des contraintes de capacités pourraient freiner la croissance (OECD, 2024[4]). Dans d’autres, c’est l’acceptabilité sociale du tourisme qui est de plus en plus remise en question dès lors que le tourisme franchit des seuils critiques et exerce une pression sur les infrastructures, l’environnement, la vie locale et s’avère préjudiciable aux autres secteurs de l’économie et à l’expérience touristique.
En raison de sa dimension éminemment locale, le tourisme a un rôle essentiel à jouer pour favoriser un développement économique de nature à créer des emplois décents, renforcer la cohésion sociale et servir les intérêts communs des touristes, des résidents et des entreprises. Mais les répercussions du développement du tourisme ne sont pas équilibrées sur le plan économique, social et environnemental. Beaucoup reste à faire pour réussir à gérer les incidences sociales du tourisme, en particulier celles qui résultent d’une croissance non planifiée, et à tirer parti de tout le potentiel qu’offre ce secteur en termes d’amélioration du bien‑être, de promotion du progrès social et de l’inclusion dans les destinations établies ou nouvelles.
Alors que le tourisme renoue avec sa trajectoire de croissance, certaines destinations parmi les plus courues ressentent de nouveau la pression qu’exerce la hausse de la fréquentation sur les infrastructures locales, l’environnement immédiat et les résidents. En conséquence, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer des politiques et des actions publiques plus proactives en faveur d’un développement touristique plus maîtrisé, à tous les niveaux d’administration, et pour que les populations locales soient pleinement associées au développement du tourisme. Il faut pour cela des mesures visant à diversifier et à répartir, dans le temps et dans l’espace, les impacts du tourisme et compenser les inconvénients afin d’avancer sur la voie de la durabilité. Il faut aussi savoir anticiper le moment où l’affluence touristique d’une destination atteint ou dépasse le niveau optimal au risque de provoquer des dégâts.
La démarche consistant à diversifier l’offre touristique et attirer de nouveaux marchés vers des destinations nouvelles et à différentes périodes de l’année est au cœur des stratégies globales visant à bâtir une économie du tourisme forte et durable. Ainsi, des ressources considérables sont affectées au développement et à la promotion du tourisme d’affaires et événementiel (MICE), notamment dans l’objectif de contrer la saisonnalité de l’activité touristique et de diffuser les retombées positives du tourisme au‑delà des centres touristiques habituels. L’accueil d’événements de grande ampleur peut aussi représenter une occasion unique de repenser ou de repositionner une destination dans un contexte où la dynamique du tourisme mondial évolue, mais aussi de favoriser la modernisation des infrastructures (équipements sportifs et autres, transport, hébergement), sachant que ce sont les méga‑événements tels que les Jeux olympiques et les Coupes du monde de football, qui laissent généralement derrière eux l’héritage le plus pérenne. Les Jeux olympiques de Paris 2024 se sont résolument engagés dans cette voie avec l'organisation de l’Olympiade culturelle en marge des J.O.
Le tourisme pâtit de l’accélération du changement climatique, qui entraîne des changements structurels dans le choix des destinations et dans les habitudes de voyages. Ainsi, des hivers plus doux raccourcissent la période d’ouverture des stations de ski dans les destinations de montagne et les vagues de chaleur peuvent rendre certaines destinations moins attractives pendant ce qui a longtemps été considéré comme la « haute saison », mais aussi augmenter l’affluence touristique à d’autres périodes de l’année. Les entreprises du tourisme et les destinations adaptent leur activité, par exemple en évitant d’organiser des randonnées pendant les périodes de fortes chaleurs mais en élargissant leur offre pendant les saisons intermédiaires.
Le secteur doit jouer un rôle actif dans la concrétisation des objectifs climatiques. Les feux de forêt et de végétation, les inondations et les vagues de chaleur peuvent également avoir des répercussions directes sur les visiteurs, les entreprises et les populations locales, non seulement du fait du choc initial mais aussi en raison de la destruction d’infrastructures et du temps nécessaire pour que l’activité touristique reprenne après ce type d’événements. Le changement climatique a eu des effets sans précédent dans le monde en 2023, et on observe que les pertes augmentent à mesure que les phénomènes météorologiques liés au changement climatique s’intensifient (OCDE, 2023[8]). Le changement climatique pourrait également augmenter la fréquence des turbulences sévères en avion.
Les technologies numériques, y compris l’IA générative, la réalité augmentée et les chaînes de blocs (blockchain) redéfinissent les fondements mêmes du tourisme et représentent un puissant catalyseur d’innovation pour le secteur. Les technologies transforment la nature du travail, de l’activité des entreprises et de la prestation de services, et facilitent l’adoption de nouveaux modèles économiques et la transition vers des pratiques touristiques plus durables. Elles modifient également la façon dont les touristes organisent et vivent leurs voyages. Les technologies numériques permettent non seulement de répondre à l’évolution des besoins et des attentes des voyageurs, mais aussi d’atteindre de nouveaux consommateurs grâce à de nouveaux produits et services (McKinsey & Company, 2024[9]). Le niveau actuel d’adoption et d’utilisation des nouvelles technologies varie selon les pays, les secteurs d’activité et les entreprises. On observe que les petites entreprises ayant peu intégré les technologies dans leurs pratiques commerciales sont confrontées à des défis particuliers pour tirer parti des opportunités qu’offre le numérique et éviter de se laisser distancer par les entreprises touristiques axées sur la technologie et connectées à l’échelle mondiale.
Ces enjeux, qui figurent parmi les priorités des pouvoirs publics et du secteur privé, appellent des réponses cohérentes et fondées sur des données factuelles. Or, les administrations et les destinations ont toutes les peines du monde à accéder aux données et informations nécessaires pour prendre la mesure des impacts du tourisme. Ce sont pourtant ces données qui permettent aux responsables politiques de prendre des décisions éclairées afin de répartir différemment les effets du tourisme, de comprendre les arbitrages à opérer et de gérer le tourisme de manière durable, de sorte que les retombées positives l’emportent sur les inconvénients pour les populations locales, les entreprises, l’environnement et les touristes. Ces questions sont examinées en détail dans le chapitre 3 – Réunir des données concrètes à l’appui des politiques en faveur du tourisme durable.
Gouvernance du tourisme dans un environnement complexe
Copier le lien de Gouvernance du tourisme dans un environnement complexeLes pouvoirs publics, à tous les niveaux, peuvent contribuer à façonner le développement du tourisme afin de délivrer de meilleurs résultats et basculer vers un schéma de croissance plus soutenable et inclusif. À cette fin, des structures institutionnelles solides, des pratiques de gouvernance efficaces et une action coordonnée des pouvoirs publics sont nécessaires. Alors que le monde fait face à des chocs successifs et s’adapte au ralentissement de la croissance économique et aux incertitudes géopolitiques, le tourisme a besoin d’une gouvernance intégrée, adaptative et efficace à tous les niveaux de l’administration, et ce avec une participation étroite du secteur privé et autres acteurs du secteur, afin de surmonter les difficultés et tirer parti des opportunités.
L’élaboration des politiques du tourisme dépend fortement du contexte et est de plus en plus complexe. Les cadres institutionnels nationaux du tourisme varient d’un pays à l’autre, ce qui s’explique en partie par les différents systèmes de gouvernement, par l’importance accordée au tourisme, et par la nature transversale de la politique du tourisme. Ce sont les ministères chargés du Développement économique, du Commerce ou de l’Industrie, ou le ministère du Tourisme, qui sont en grande partie compétents en matière de tourisme. Dans certains pays, le tourisme est placé sous la responsabilité des ministères de l’Emploi ou du Développement régional, ou est regroupé avec d’autres secteurs de l’action publique comme la culture, le sport et les transports.
L’élaboration des politiques du tourisme dépend fortement du contexte. Les cadres institutionnels nationaux du tourisme varient d’un pays à l’autre, ce qui s’explique en partie par la diversité des systèmes de gouvernement, par l’importance accordée au tourisme par les pouvoirs publics, et par la nature transversale de la politique du tourisme. Ce sont les ministères chargés du Développement économique, du Commerce ou de l’Industrie, ou le ministère du Tourisme, qui sont en grande partie compétents en matière de tourisme. Dans certains pays, le tourisme est placé sous la responsabilité des ministères de l’Emploi ou du Développement régional, ou est regroupé avec d’autres secteurs de l’action publique comme la culture, le sport et les transports. Ces dispositions sont restées globalement stables au cours des dernières années.
Bien que les dispositions institutionnelles exactes puissent varier, des pratiques de gouvernance efficaces sont nécessaires pour permettre aux acteurs clés de planifier et de coordonner les actions et garantir la disponibilité de financements suffisants à la mise en œuvre de ces dernières. Compte tenu de la nature transversale du secteur et de la diversité des contextes nationaux, il n’existe pas de place optimale universelle pour le tourisme au sein des structures publiques nationales.
Définir un programme d’action stratégique et tourné vers l’avenir pour transformer le tourisme après la pandémie
L’OCDE insiste depuis longtemps sur l’importance pour les pays et les destinations d’élaborer une vision à long terme et durable du tourisme, qui soit étayée par des stratégies et des plans d’action tournés vers l’avenir. De nombreux pays ont élaboré des stratégies sur le tourisme ou mis à jour leurs stratégies existantes en la matière pour qu’elles tiennent compte du contexte et des priorités de l’après-pandémie, de nouvelles approches stratégiques devant être adoptées pour s’adapter à un environnement de plus en plus dynamique et mobiliser un grand nombre d’acteurs autour d’une vision commune de l’avenir du secteur. Dans la plupart des cas, ces stratégies sont destinées à concilier la nécessité de consolider la reprise du secteur et la réalisation de progrès en rapport avec les priorités à long terme du secteur, en tenant compte des difficultés à surmonter tout en tirant parti des opportunités.
La durabilité continue d’être un axe central et un pilier stratégique de l’élaboration des politiques du tourisme, à l’heure où les pays cherchent à tirer parti de la dynamique récente pour s’orienter vers des modèles touristiques plus durables. On constate que la durabilité est intégrée dans les orientations stratégiques en rapport avec le tourisme et que l’accent est mis sur le développement et la gestion durables du tourisme. Cela transparaît dans l’élargissement des objectifs et des cibles définis dans les stratégies et les plans pour le tourisme, lesquels vont au-delà des indicateurs bien établis que sont le nombre de visiteurs et les dépenses, et incluent un ensemble plus large d’indicateurs permettant de suivre les progrès et de mesurer la réussite d’une manière différente. La plupart des stratégies prévoient toujours des objectifs visant l’augmentation du nombre de visiteurs, l’année 2019 étant considérée comme un point de référence pour mesurer la reprise après les chocs récents. Toutefois, l’accent est de plus en plus mis sur la croissance et les résultats du tourisme durable, caractérisés par une réduction des externalités négatives et de plus grandes retombées positives pour les destinations et les communautés locales (Encadré 1.1)
De nombreux pays ont élaboré des stratégies prévoyant des actions concrètes visant à définir les étapes à venir pour atteindre les objectifs et cibles stratégiques. En Norvège, par exemple, la nouvelle feuille de route pour le secteur du tourisme a pour objet la création d’un secteur du tourisme plus rentable, plus écologique et plus durable au niveau local. Lancée en 2024, cette feuille de route comprend 43 mesures qui visent à accroître la création de valeur grâce au tourisme, à réduire les empreintes climatique et environnementale, à créer des emplois qui durent toute l’année et à faire de la Norvège une destination compétitive et durable. Les initiatives vont de la mise en œuvre de projets pilotes visant à bénéficier de la contribution et du soutien des visiteurs dans la gestion durable des attractions naturelles telles que les sentiers de randonnée, à la promotion du tourisme autochtone durable et de la culture samie.
Compte tenu de l’importance croissante accordée aux retombées sociales du tourisme, les stratégies commencent à mettre l’accent sur l’inclusion, la participation des communautés et le développement régional, et prévoient notamment de donner la priorité à la diffusion des retombées du tourisme sur l’ensemble du territoire. Le plan sectoriel pour le tourisme pour 2022-26 de la Colombie vise à favoriser le développement économique, l’inclusion sociale, la protection de l’environnement et la consolidation de la paix grâce au tourisme. Pour ce faire, la Colombie développe le tourisme communautaire et ethnique et accroît la protection des communautés et la préservation du patrimoine et des valeurs culturels.
La main-d’œuvre est depuis longtemps un domaine prioritaire pour le secteur du tourisme, mais les crises récentes ont aggravé les pénuries en la matière et renforcé la nécessité d’une action coordonnée visant à remédier aux faiblesses à court et à long terme. La feuille de route pour le tourisme pour 2023-26 du Maroc vise à renforcer la main-d’œuvre touristique par le biais d’un programme de formation et de gestion afin d’offrir de meilleures perspectives de carrière aux jeunes dans le secteur du tourisme. Le recrutement et la fidélisation des travailleurs qualifiés fait partie des quatre piliers devant figurer dans la stratégie nationale pour le tourisme de l’Allemagne, dont l’élaboration est actuellement en cours d’approfondissement.
Encadré 1.1. Approches stratégiques de développement du tourisme durable – exemples d’initiatives menées par les pays
Copier le lien de Encadré 1.1. Approches stratégiques de développement du tourisme durable – exemples d’initiatives menées par les paysCanada : La stratégie nationale pour le tourisme, intitulée « Canada 365 : Accueillir le monde tous les jours » (lancée en 2023) définit des objectifs et des mesures visant à réduire les impacts environnementaux du tourisme, appuyer la réalisation des objectifs de développement durable, accroître la diversité du secteur en soutenant le tourisme autochtone et faire progresser l’analyse comparative entre les genres du Canada. Par ailleurs, au moyen de cette stratégie, le Canada entend porter le PIB du tourisme à 61 milliards CAD et le nombre d’emplois liés au tourisme à 790 000 d’ici à 2030.
Costa Rica : Le plan national de développement du tourisme pour 2022-27 repose sur trois piliers : durabilité, innovation et inclusivité. Il a pour objectif de parvenir à un meilleur équilibre entre développement du tourisme, protection des ressources naturelles et répartition des bénéfices dans tout le pays, afin d’améliorer la qualité de vie des communautés locales.
Islande : Le cadre d’action Leading in Sustainable Development, Icelandic Tourism 2030 (« À la pointe du développement durable, Tourisme en Islande 2030 ») a été mis à jour en 2023 de manière à être plus en phase avec les priorités du secteur du tourisme suite à la pandémie. L’objectif général du cadre actualisé est de faire en sorte que le tourisme améliore la qualité de vie et accroisse la prospérité en Islande et que le pays devienne une destination réputée pour le développement durable, la qualité et l’expérience unique qu’il offre à ses visiteurs. L’attention accrue accordée aux objectifs relatifs à l’environnement et aux communautés locales est étroitement liée aux ambitions économiques visant à accroître la productivité, la création de valeur et la compétitivité, ainsi qu’à renforcer l’innovation, le développement de produits et l’utilisation des technologies.
Italie : Le plan stratégique pour le tourisme pour 2023-27 vise à encourager les comportements responsables en matière de voyages, à préserver le patrimoine culturel et à favoriser la participation des communautés et la diversification de l’offre touristique, afin de répartir les retombées du tourisme sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’année. Il a pour objet de promouvoir le tourisme en tant que moteur durable du développement économique, tout en améliorant les résultats générés au profit des destinations, des communautés locales et de l’environnement.
Union européenne : Le programme européen pour le tourisme 2030 établit un cadre stratégique pour le développement d’un secteur du tourisme durable, résilient et compétitif en Europe, en mettant l’accent sur les transitions écologique et numérique, en renforçant la résilience du secteur face aux crises et en favorisant l’innovation et le développement des compétences. Il appelle à des efforts coordonnés entre les États membres de l’UE, les parties prenantes et les partenaires internationaux pour réaliser ces objectifs et assurer la durabilité et la croissance à long terme du tourisme en Europe. Faisant suite aux Conclusions adoptées par le Conseil de l’UE appelant à l’élaboration d’un programme européen pour le tourisme pour 2030-50, ce document expose les politiques et mesures qui pourraient être mises en œuvre pour répondre aux objectifs fixés dans le Parcours de transition pour le tourisme de l’UE. Le document contient un plan d’action pluriannuel conçu à cet effet.
Tchéquie : La stratégie de développement du tourisme pour 2021-30 présente un programme de réformes structurelles axé sur le tourisme durable et une meilleure gestion des flux touristiques. Les progrès réalisés sont mesurés au moyen de la position que la Tchéquie occupe dans l’Indice de compétitivité du secteur des voyages et du tourisme du Forum économique mondial.
La transformation numérique devient une priorité essentielle des stratégies nationales pour le tourisme. Cette orientation stratégique est motivée par la nécessité d’accroître l’efficacité, de rationaliser les opérations et de stimuler la productivité dans l’ensemble du secteur, et de s’adapter aux besoins des touristes et d’améliorer la prise de décision fondée sur des données. En intégrant la transformation numérique dans leurs stratégies, des pays comme l’Allemagne, la Corée, le Costa Rica, l’Italie, la Pologne et la Türkiye entendent moderniser le secteur du tourisme, stimuler l’innovation et améliorer l’expérience générale des visiteurs, en intégrant la transformation digitale dans leurs stratégies.
Soucieux de surmonter les crises récentes et de préparer des stratégies touristiques à long terme, les pays adoptent de plus en plus des approches tournées vers l’avenir, incluant une prospective stratégique et une planification de scénarios. Ces approches tiennent compte du dynamisme et de l’incertitude qui caractérisent le contexte, ainsi que des différents avenirs possibles dont les décideurs politiques doivent tenir compte, et peuvent favoriser la mise en place de réponses plus agiles et plus souples aux chocs et aux défis futurs. L’Estonie a recours à des approches de prospective stratégique pour élaborer une nouvelle vision à long terme du tourisme à l’horizon 2035, qui réunissent les principales parties prenantes du secteur en vue de recenser et d’analyser différents scénarios potentiels de développement du tourisme au cours de la prochaine décennie (Encadré 1.2).
Encadré 1.2. Utilisation de la prospective stratégique pour élaborer une vision à long terme du tourisme en Estonie
Copier le lien de Encadré 1.2. Utilisation de la prospective stratégique pour élaborer une vision à long terme du tourisme en EstonieL’Estonie prépare une vision à long terme du tourisme à l’horizon 2035, dans l’optique de soutenir la transformation numérique et le développement durable du secteur. Compte tenu de la nature transversale du tourisme et de ses liens d’interdépendance avec d’autres secteurs, l’Estonie a recours à une approche pluriniveaux pour renforcer la participation des parties prenantes au processus, notamment par le biais d’ateliers, de sondages, d’entretiens et de séminaires de validation. Des approches de prospective stratégique ont été adoptées pour mieux anticiper les futurs possibles et s’y préparer et comprendre les opportunités et les défis qui vont de pair avec ceux-ci. Parmi les outils employés figure le cadre d’analyse STEEPLE (portant sur les facteurs sociaux, technologiques, économiques, environnementaux, politiques, juridiques, et éthiques), utilisé pour aider les parties prenantes des secteurs public et privé à évaluer l’impact potentiel de facteurs externes sur le tourisme et la manière dont les produits et services touristiques devraient y répondre. La vision à long terme de l’Estonie pour le tourisme à l’horizon 2035 devrait être présentée au premier trimestre de 2025.
La France a utilisé des techniques de prospective dans le cadre de l’étude « Horizons 2040 » pour établir quatre scénarios à venir possibles pour le secteur. Ces scénarios sont conçus pour guider l’élaboration des politiques du tourisme et apporter des éclairages utiles aux parties prenantes du tourisme. L’initiative vise à développer des approches prospectives et une réflexion stratégique afin de mieux anticiper les facteurs de transformation du tourisme et de contribuer à la réalisation des objectifs de tourisme durable définis dans le plan Destination France 2030.
Étant donné la nature transversale du tourisme et la nécessité d’assurer une coordination entre les différents domaines d’action, inclure le tourisme parmi les piliers des stratégies et plans nationaux de développement économique plus larges peut soutenir une approche du tourisme à l’échelle de l’administration. En Lituanie, le tourisme fait désormais partie d’un programme plus vaste, à l’échelle de l’ensemble de l’économie, pour la transformation économique et le développement de la compétitivité, qui remplace les stratégies sectorielles individuelles. En outre, le secteur du tourisme est soutenu par le parcours national du tourisme pour 2023, qui renforce le soutien à la coordination entre les secteurs public et privé en faveur de la réalisation des objectifs de la politique du tourisme.
Au niveau européen, le Conseil de l’Union européenne a adopté le nouveau programme européen pour le tourisme 2030, fondé sur le Parcours de transition pour le tourisme élaboré par la Commission européenne. Au moyen de cette initiative, la Commission aide le secteur du tourisme à assurer ses transitions écologique et numérique et sa résilience à long terme dans l’ensemble des pays de l’UE.
Au niveau international, le programme d’action mondial pour le tourisme continue d’être façonné par les travaux d’un nombre croissant d’institutions internationales et de forums multilatéraux. Le programme d’action pour le tourisme de la Présidence brésilienne du G20 en 2024 est axé sur l’exploitation du potentiel du tourisme pour bâtir une planète juste et durable et le tourisme est pour la première fois un axe de travail sous la Présidence italienne du G7 en 2024, l’accent étant mis sur l’optimisation des retombées socioéconomiques du tourisme, du capital humain, de l’emploi et des compétences, ainsi que sur les conséquences de l’intelligence artificielle sur le tourisme.
Toujours en 2024, les ministres du Tourisme de l’Association de coopération économique Asie-Pacifique ont publié une déclaration commune sur les trajectoires innovantes pour une croissance durable du tourisme, tandis que les ministres du Tourisme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont approuvé la Feuille de route pour le développement d’un tourisme durable. Les organisations internationales et les institutions de financement ont également élargi leurs activités dans le domaine du tourisme. Par exemple, la Corporation andine de développement a élaboré une stratégie en matière de tourisme visant à promouvoir un développement touristique durable et régénérateur et à renforcer l’intégration et la coopération régionales grâce au tourisme.
Ces démarches font suite à l’accroissement de l’attention accordée au tourisme dans d’autres instances internationales, comme l’OCDE, l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Banque mondiale, et du développement de leurs activités en la matière. Le maintien de la dynamique des axes de travail sur le tourisme pourrait favoriser une action coordonnée et contribuer ainsi à faire en sorte que le tourisme reste une priorité des programmes d’action nationaux. Toutefois, il est nécessaire d’assurer une collaboration étroite entre ces instances pour utiliser au mieux les ressources et faire progresser collectivement les travaux visant à bâtir un écosystème du tourisme mondial plus résilient et plus durable.
Coordonner l’action pour une mise en œuvre efficace des plans et des politiques du tourisme
Les stratégies touristiques peuvent aider à mobiliser les parties prenantes publiques et privées autour d’une vision commune et d’objectifs convenus, mais doivent être étayées par des ressources et des plans d’action concrets, ainsi que par une coordination et une mobilisation robuste des principales parties prenantes, pour être efficaces. Il est également nécessaire de créer des cadres juridiques et réglementaires favorables, d’assurer un suivi des progrès accomplis et d’ajuster les mesures prises par les pouvoirs publics si nécessaire, tout en conservant l’agilité et la flexibilité requises pour s’adapter aux évolutions du contexte au sens plus large.
Les pays ont fait état d’une forte mobilisation dans tous les domaines de l’action publique et à tous les niveaux d’administration, incluant le secteur privé, pour soutenir la mise à jour des stratégies et des plans existants et l’élaboration de nouvelles stratégies et de nouveaux plans pendant la pandémie, lorsque le tourisme était une priorité de l’action publique. Le maintien de cette mobilisation élevée est essentiel pour mener à bien les actions et les aspirations convenues afin de parvenir à une croissance durable et inclusive du tourisme. Toutefois, à mesure que le secteur se redresse, le risque existe de voir la mobilisation baisser et que le tourisme perde de son importance dans les programmes d’action nationaux, alors même que son fort redressement entraîne de nouveaux défis.
Les plans d’action en plusieurs phases comptent parmi les mécanismes qui permettent de préserver la pérennité de la mobilisation autour des stratégies nationales pour le tourisme. La stratégie nationale sur dix ans de l’Australie en faveur de la croissance durable à long terme de l’économie touristique, intitulée THRIVE 2030, est divisée en trois phases : reprise, consolidation et accélération. Chaque phase est étayée par un plan d’action à court terme assorti d’objectifs clairs, dont les progrès sont examinés lorsque la phase est arrivée à son terme. La stratégie se trouve actuellement dans la phase de consolidation et l’accent n’est plus mis sur l’augmentation du nombre de visiteurs et la résolution des problèmes liés à l’offre, mais sur la diversification des marchés, l’investissement dans de nouveaux produits et l’amélioration des pratiques commerciales et le renforcement des capacités de la main-d’œuvre ; en outre, elle est accompagnée d’un cycle de consultation du secteur. Par ailleurs, la mise en œuvre est soutenue par les instances institutionnelles qui rassemblent à intervalles réguliers les ministres du Tourisme du gouvernement fédéral et des gouvernements des États et des territoires, ainsi que les autres ministères fédéraux et des États et des territoires concernés, pour discuter des politiques qui peuvent avoir un impact sur différents secteurs.
La stratégie touristique de la Confédération suisse présente la vision à long terme pour le tourisme en Suisse. Ses principaux objectifs sont d’améliorer les conditions-cadres, de promouvoir l’esprit d’entreprise, de tirer parti des possibilités offertes par la transformation numérique et de renforcer l’attractivité des produits touristiques et la présence de la Suisse sur le marché. La stratégie a été publiée en 2021 et chacun de ses objectifs est complété par trois mesures qui, à la différence des objectifs, ne sont pas figées et peuvent être modifiées et prolongées si nécessaire en vue d’atteindre les objectifs fixés. Cette approche vise à garantir l’agilité de la stratégie ainsi que sa capacité d’action et de réaction.
Les mécanismes de collaboration permettent de soutenir une approche de l’action publique à l’échelle de l’ensemble de l’administration, de la phase d’élaboration de la stratégie à celle de sa mise en œuvre. Par exemple, le Canada a mis en place un conseil ministériel sur le tourisme afin de renforcer la coordination de l’action du gouvernement fédéral en la matière. Ce conseil réunit des ministres du gouvernement fédéral dont le domaine de compétence a une incidence directe sur le tourisme (par exemple, emploi et compétences, développement économique régional et national, parcs, transports, immigrations, services frontaliers et logement). Une collaboration interministérielle peut également être mise en place pour résoudre des problèmes spécifiques. En Finlande, un groupe de travail composé de représentants des ministères des Affaires économiques et de l’Emploi, de la Justice, de l’Environnement et des Finances collabore pour mettre à jour et améliorer la législation sur les locations de courte durée.
Pour être efficace, la mise en œuvre de la politique du tourisme requiert la participation du secteur privé et d’autres parties prenantes. Cela implique de permettre au secteur privé de continuer d’être représenté de manière active et systématique dans les instances gouvernementales et de veiller à ce qu’il joue son rôle dans la mise en œuvre des mesures et des plans visant à réaliser une vision commune du tourisme. Néanmoins, compte tenu de la nature fragmentée du secteur, cela peut s’avérer difficile. Certains pays ont mis en place de nouveaux mécanismes pour encourager la participation du secteur privé, en s’appuyant également sur les enseignements tirés de la réponse à la pandémie.
Le Mexique a lancé un système de planification du tourisme, un outil permettant de renforcer la collaboration entre acteurs publics et privés et qui aide le ministère du Tourisme à analyser les programmes d’action en cours, à identifier les mesures qui doivent être prises immédiatement et à proposer des recommandations fondées sur des données. L’Allemagne a mis en place une Plateforme nationale sur l’avenir du tourisme qui rassemble les parties prenantes du tourisme, y compris des représentants d’associations professionnelles du secteur, et constitue une enceinte unique de dialogue stratégique axé sur les quatre domaines prioritaires que sont la neutralité climatique et la protection de la nature, le recrutement et la fidélisation du personnel qualifié, la transformation numérique et la compétitivité.
Plusieurs pays ont également pris des mesures pour moderniser les cadres réglementaires et législatifs du tourisme, afin de renforcer l’alignement avec les nouveaux plans et les nouvelles stratégies et favoriser un changement d’orientation visant à promouvoir des modèles durables de développement du tourisme. En Grèce, une nouvelle loi sur la gestion intégrée des organismes de gestion et de promotion des destinations et des destinations modèles a été adoptée en 2021. Elle vise à favoriser une gestion optimale des destinations par la création d’un cadre de coopération stable entre les secteurs public et privé. Elle tient également compte des caractéristiques uniques des destinations qui sont susceptibles de nécessiter un soutien adapté en matière de planification et de suivi.
La Croatie a modernisé son cadre juridique, en adoptant en 2024 une nouvelle loi sur le tourisme, dans le cadre d’un programme de réforme plus large visant la transition vers une économie du tourisme plus durable et inclusive. Élaborée conformément à la stratégie nationale pour un tourisme durable, lancée en 2023, cette loi établit un cadre structuré pour le développement du tourisme (Encadré 1.3).
Encadré 1.3. Modernisation du cadre juridique à l’appui du programme de réforme du tourisme en Croatie
Copier le lien de Encadré 1.3. Modernisation du cadre juridique à l’appui du programme de réforme du tourisme en CroatieEn 2024, la Croatie a adopté une nouvelle loi générale sur le tourisme. Celle-ci a pour objet de favoriser les réformes du tourisme et de fournir un cadre propice au développement du tourisme et au renforcement de la gestion de celui-ci. La loi définit le cadre institutionnel, les modalités de suivi des données, le système d’analyse et les outils permettant de préserver les ressources et l’environnement et garantir la satisfaction des touristes et la qualité de vie des communautés locales dans les destinations touristiques, tout en veillant à la compétitivité du tourisme croate sur le marché international. La loi sur le tourisme, combinée à la stratégie de développement du tourisme durable pour 2030, au plan pour le développement du tourisme durable à l’horizon 2027 et au plan d’action pour la mise en œuvre du plan national à l’horizon 2025, prévoit des initiatives et des approches visant à favoriser un développement plus durable du tourisme et à lutter contre la surfréquentation des destinations. Elles visent à promouvoir un tourisme équilibré à l’échelle régionale tout au long de l’année et à renforcer la résilience du tourisme face aux influences extérieures. En outre, elles ont pour objet de répondre au défi posé par les locations de courte durée, de protéger le milieu marin et de préserver les sites du patrimoine culturel. Par ailleurs, la Croatie s’emploie à améliorer le cadre institutionnel et opérationnel des organismes de gestion des destinations afin d’améliorer encore le paysage de la gouvernance du tourisme.
Améliorer la gouvernance et la gestion du tourisme aux niveaux régional et local
Les administrations locales et régionales jouent un rôle de plus en plus important dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies et des plans pour le tourisme. L’action locale, guidée par une vision nationale globale de l’avenir du tourisme, peut contribuer à donner une impulsion au changement. Il est également important de prendre en compte les dimensions régionale et locale pour tirer parti du potentiel du tourisme comme moteur de développement économique et social et assurer une gestion efficace du tourisme sur le terrain. Une coordination efficace entre les différents niveaux d’administration renforce l’impact global des politiques du tourisme, en contribuant à l’harmonisation des objectifs, à l’utilisation efficace des ressources et à la favorisation d’une approche unifiée du développement du tourisme. En outre, elle donne aux organismes touristiques régionaux et locaux les moyens de créer et de promouvoir des produits et des services adaptés à leurs contextes et qui répondent aux besoins économiques, sociaux et environnementaux de chaque territoire, tout en assurant une meilleure gestion des intérêts des parties prenantes en vue de dégager des résultats plus durables et inclusifs.
Associer activement les organismes locaux et régionaux à l’élaboration des stratégies nationales pour le tourisme permet d’y inclure des considérations propres aux différents territoires et de favoriser l’adaptation des mesures aux besoins locaux. Au Chili, par exemple, des organismes régionaux et locaux ont été associés à l’élaboration de la stratégie nationale pour le tourisme à l’horizon 2035 par le biais d’une série d’ateliers régionaux. Cette approche ascendante et participative aide les gouvernements régionaux et locaux à fixer des objectifs pertinents et cohérents, tout en garantissant que les besoins locaux et les conditions reflétées dans les stratégies nationales puissent à leur tour soutenir la mise en œuvre effective des plans nationaux au niveau des destinations.
De nombreux pays s’attachent à promouvoir des réformes qui visent à renforcer la coordination entre les administrations nationales, régionales et locales et à renforcer les structures de gestion des destinations. Les approches diffèrent selon le système de gouvernement et les compétences et l’activité des autorités régionales et locales en matière de développement du tourisme. Toutefois, il est communément admis qu’il est important d’associer les acteurs infranationaux, qui jouent un rôle dans la réalisation des objectifs plus généraux en matière de tourisme.
La rationalisation et la réforme des structures de gouvernance des destinations peuvent contribuer à donner aux destinations les moyens d’intervenir dans le processus stratégique de développement du tourisme, y compris pour soutenir la transition en cours de la promotion commerciale vers la gestion afin de mieux répondre aux problèmes auxquels les destinations sont confrontées. Par exemple, la Croatie, l’Estonie, la Grèce, la Roumanie et le Royaume-Uni ont récemment procédé à des examens approfondis des structures de gouvernance et du cadre de fonctionnement des organismes de gestion des destinations, dans le cadre de programmes de réforme plus larges (Encadré 1.4).
Le développement de destinations porteuses de changement suppose que les destinations relèvent le défi de devenir des actrices du changement. Comme le rôle des organismes de gestion des destinations continue d’évoluer et de s’élargir, en venant souvent compléter les attributions existantes de ces organisations, de nouvelles compétences, capacités et ressources sont requises. Le fonctionnement de ces organisations est de plus en plus similaire à celui des organismes nationaux, notamment pour ce qui est de traiter les problèmes de longue date liés à la saisonnalité en favorisant la répartition géographique et saisonnière des touristes, mais leurs capacités et leurs ressources humaines et financières sont souvent limitées.
En Norvège, dans le cadre de la stratégie nationale pour le tourisme à l’horizon 2030, un rapport officiel sur le développement des destinations et la gestion des visiteurs a recommandé que des équipes de gestion des destinations soient constituées dans chaque région dans l’optique de fournir des conseils stratégiques et d’assurer une gestion durable des visiteurs. L’objectif est d’aider le tourisme à se développer de manière plus attrayante pour les communautés locales, les résidents et les visiteurs. La Nouvelle-Zélande a aidé les 29 destinations touristiques à élaborer des plans de gestion personnalisés permettant aux acteurs du tourisme de déterminer la portée et l’approche qui répondent le mieux aux intérêts et aux aspirations de la destination.
Les organismes de gestion des destinations sont souvent mieux placés pour nouer des partenariats et mobiliser les entreprises touristiques de manière plus efficace et toucher un plus grand nombre de PME du secteur du tourisme dans une zone géographique plus restreinte. Parmi les autres avantages de la planification régionale et locale figurent la création d’un cadre de coopération stable et accessible pour les pouvoirs publics et les PME, la coordination des activités et des investissements visant à promouvoir le développement du tourisme et l’intégration plus étroite avec les politiques plus générales de développement économique régional et local. En outre, la planification régionale et locale peut appuyer les initiatives intersectorielles qui ont un impact croissant sur le tourisme au niveau national.
Encadré 1.4. Renforcer les organismes de gestion des destinations – exemples d’initiatives menées par les pays
Copier le lien de Encadré 1.4. Renforcer les organismes de gestion des destinations – exemples d’initiatives menées par les paysEstonie : Un programme a été lancé pour réformer et rationaliser les organismes de gestion des destinations (OGD), afin de les rendre plus compétitifs, de faciliter le partage des connaissances et des pratiques optimales, de réduire les chevauchements et les doublons, de réaliser les priorités nationales en matière de développement de produits et de combler l’écart de performance croissant entre la capitale (Tallinn) et le reste du pays. En 2019, l’Estonie comptait environ 40 organismes de gestion des destinations, chacun employant 1.5 personne en moyenne. En 2024, ils avaient été regroupés en sept OGD à même de piloter stratégiquement l’économie du tourisme dans leur région respective. Le soutien financier à long terme du gouvernement garantit la sécurité d’emploi du personnel des OGD, même si les régions doivent contribuer à parts égales à ce soutien financier.
Grèce : Un nouveau cadre opérationnel a été présenté en 2023, suite à l’adoption d’une loi sur le tourisme portant création d’organismes de gestion et de promotion des destinations. Ce cadre vise à aider les autorités locales et régionales à promouvoir et à gérer le développement d’un tourisme durable, notamment en créant des observatoires pour renforcer les politiques fondées sur des données probantes. Parmi les principales considérations prises en compte figure la nécessité de renforcer la collaboration, de veiller à la mise en place de normes de qualité et de promouvoir le développement d’un tourisme durable.
Nouvelle‑Zélande : Des plans collaboratifs de gestion des destinations ont été créés pour donner les moyens aux parties prenantes du tourisme de déterminer la portée et l’approche du tourisme qui servent au mieux les intérêts et les aspirations de la destination. Ces 29 plans collaboratifs visent à préserver l’approbation sociale et à établir des programmes locaux robustes pour la gestion des destinations. Chaque plan est élaboré en établissant un consensus entre les entreprises du tourisme, les communautés locales (y compris les communautés maories), les autorités locales et d’autres parties prenantes. La préparation de ces plans a été financée par l’administration centrale et leur mise en œuvre se fera au niveau local (y compris l’allocation des ressources). Des lignes directrices sur la gestion des destinations ont été préparées pour aider les parties prenantes lors de l’élaboration des plans, dans lesquelles sont présentés des éléments susceptibles d’être inclus dans un plan ainsi que des questions visant à alimenter la discussion et à recenser les lacunes, les opportunités et les domaines devant faire l’objet d’un examen plus approfondi.
Ressources à l’appui du développement d’un tourisme durable
Le secteur du tourisme a bénéficié d’un soutien important de la part des pouvoirs publics pendant et après la pandémie. Ce soutien a été essentiel pour aider le secteur à surmonter la crise et à se redresser. Ainsi, de nombreux pays ont fait état d’une augmentation du budget de fonctionnement du tourisme pendant la pandémie, le secteur ayant également bénéficié de mesures de soutien économique plus générales qui ne sont pas prises en compte dans les budgets du tourisme. Bon nombre de ces aides ont été supprimées à mesure que la reprise progressait, les pays rapportant que les budgets du tourisme retrouvaient en 2023 et 2024 un niveau similaire ou inférieur à celui d’avant la pandémie.
Si la suppression des mesures exceptionnelles de soutien financier mises en place pendant la pandémie était attendue, elle intervient alors que les pays élaborent et mettent en œuvre des stratégies et des plans ambitieux pour développer et assurer la gestion d’un tourisme plus durable. Pour mettre en œuvre efficacement ces stratégies et obtenir les résultats escomptés en matière d’action publique, il faut disposer de ressources suffisantes, tant financières qu’humaines. Or, peu de stratégies et de plans d’action indiquent en détail les besoins en ressources ou les engagements à prendre pour réaliser les ambitions fixées et répondre avec succès à l’évolution des exigences du secteur.
Conscient de l’enjeu mentionné ci-dessus, le gouvernement danois a alloué 100 millions DKK supplémentaires au secteur pour la période 2024-27, ou 25 millions DKK par an, au service de la réalisation des objectifs liés au tourisme durable dans le pays. En Pologne, on a affecté 110.3 millions PLN au secteur du tourisme, dont 84.5 millions PLN à l’Organisation polonaise de tourisme, ce qui représente une augmentation totale de 53.4 % par rapport à 2022, pour soutenir l’élaboration d’une nouvelle stratégie à long terme pour le tourisme. Au Japon, le budget pour l’exercice 2023 s’élevait à 68.9 milliards JPY et prévoyait une enveloppe de 18.4 milliards JPY consacrée aux mesures visant à attirer des visiteurs internationaux dans les régions locales, une enveloppe de 20 milliards JPY affectée à la création de valeur ajoutée pour les destinations touristiques et le secteur du tourisme et une enveloppe de 30.5 milliards JPY dédiée à l’amélioration de la gestion des flux touristiques et à la promotion d’une croissance durable du tourisme.
Par ailleurs, des investissements importants doivent être réalisés pour réduire les incidences sur l’environnement des activités touristiques et s’adapter aux effets du changement climatique. Les destinations touristiques et les entreprises ont également besoin d’un soutien pour suivre le rythme soutenu des évolutions technologiques et des ressources sont indispensables pour mettre en place les infrastructures et les mécanismes nécessaires à une meilleure gestion du développement du tourisme. Il convient d’appréhender cet enjeu dans le contexte budgétaire plus large et en fonction des priorités des pays. Pour s’assurer le soutien nécessaire, il faudra démontrer sans équivoque les effets et l’efficacité des mesures prises en rapport avec le tourisme qui visent à stimuler la croissance économique tout en réalisant des objectifs et des ambitions stratégiques plus généraux.
Si les budgets nationaux du tourisme peuvent être un indicateur pratique du niveau de soutien des pouvoirs publics au tourisme, le secteur bénéficie aussi considérablement des financements d’autres organes gouvernementaux, notamment en faveur des infrastructures, des transports et d’autres projets liés au tourisme. Par ailleurs, des contributions peuvent être apportées aux autorités touristiques régionales et locales. Enfin, le tourisme est aussi soutenu par des financements émanant d’institutions internationales ou supranationales. Dans l’Union européenne, des fonds issus de différentes sources de financement soutiennent le développement du tourisme dans les pays membres, notamment au moyen de l’Instrument d’appui technique et du Fonds européen de développement régional (FEDER).
Bâtir un avenir mieux équilibré pour le tourisme à l’appui de résultats plus durables
Copier le lien de Bâtir un avenir mieux équilibré pour le tourisme à l’appui de résultats plus durablesDepuis quelques années, on reconnaît de plus en plus l’importance d’adopter des modèles de développement plus durables et plus résilients dans le secteur du tourisme. Une action concertée des pouvoirs publics s’impose à tous les niveaux d’administration pour remédier aux faiblesses structurelles qui ont entravé le secteur par le passé, notamment pour chercher des solutions aux difficultés liées au développement touristique déséquilibré et pour garantir les emplois, le bien-être des résidents et les autres avantages qu’apportent les flux touristiques aux collectivités locales. Il faudra toutefois, pour préparer l’avenir, accélérer les mesures d’atténuation et d’adaptation afin que le tourisme puisse contribuer à la transition bas carbone, et poursuivre aussi les progrès à l’appui de la transformation numérique des entreprises, et des PME en particulier.
Si l’on veut repenser le système du tourisme et se préparer aux chocs futurs tout en répondant aux priorités à long terme et en adoptant des modèles de développement touristique plus équilibrés et plus durables, il faut que les responsables de l’action publique saisissent les nouvelles possibilités qui s’offrent à eux de mettre en œuvre des approches transversales pour atteindre des objectifs multiples. Il faut par ailleurs disposer de données plus fines, plus actuelles et plus robustes pour éclairer les décisions des pouvoirs publics et des entreprises et pour opérer les arbitrages éventuels et en suivre l’avancée, repérer les mesures efficaces, observer les effets de l’action publique et les risques qui apparaissent, mais aussi évaluer le coût de l’inaction.
Renforcer le rôle du tourisme dans l’action climatique pour atteindre les objectifs de neutralité carbone
Des mesures porteuses de transformation doivent être prises d’urgence dans l’ensemble des secteurs, notamment le tourisme, pour que les pays puissent atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050, ou plus tôt pour les pays ayant fixé des objectifs plus ambitieux. Le tourisme a un rôle important à jouer pour que ces ambitions puissent se concrétiser. Il est difficile d’estimer avec exactitude l’empreinte carbone du tourisme. En 2023, une évaluation des progrès et des lacunes eu égard à des dimensions essentielles de l’action climatique dans le tourisme a imputé 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre à ce secteur (Tourism Panel on Climate Change, 2023[10]). Ces conclusions coïncident avec des estimations antérieures, les pays à revenu élevé étant responsables de la plupart de ces émissions liées au tourisme.
Le tourisme est aussi très vulnérable aux multiples effets du climat, qui souvent s’accumulent, comme en témoignent ces dernières années les feux de forêt, les vagues de chaleur, les inondations et d’autres événements météorologiques qui ont touché les visiteurs, les entreprises et les collectivités locales des pays du monde entier, du fait non seulement de leurs incidences immédiates mais aussi de la perte des infrastructures et du temps nécessaire à la reprise du tourisme.
De précédents travaux du Comité du tourisme de l’OCDE ont souligné la nécessité d’accélérer le verdissement de l’économie du tourisme, de traduire les engagements pris en actions concrètes et en résultats tangibles, et d'intégrer les objectifs environnementaux dans les politiques et les programmes du tourisme. Cela implique de promouvoir des destinations et des modèles économiques plus verts, d’encourager les consommateurs à faire des choix de voyage plus durables, et d’adopter des mesures d’atténuation et d’adaptation tout au long de la chaîne de valeur touristique. Il est également nécessaire de coordonner l’action avec d’autres domaines d’intervention (par exemple les transports, l’investissement, les infrastructures, les compétences) et entre les différents niveaux de l’administration afin de maximiser les retombées positives pour le tourisme, tout en réduisant au minimum les conséquences non prévues.
Si l’urgence d’agir est largement reconnue, on compte encore peu de politiques du tourisme qui prennent en considération l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets ; il faut donc faire plus pour traduire en action les ambitions de la neutralité carbone et les stratégies connexes. Fixer des objectifs précis pour le tourisme, ou pour certains pans de l’économie du tourisme, évaluer les mesures prises au regard de ces objectifs, et suivre ensuite les progrès accomplis vers leur réalisation, permettraient de mobiliser et d’orienter l’action en vue de gérer et de réduire l'empreinte carbone du secteur. La nature complexe du tourisme, qui se compose d’un grand nombre de sous-secteurs et de chaînes de valeur mondiales, fait que ce processus est ambitieux. Allouer des quotas d’émission pour le tourisme international, et plus particulièrement les transports, est une tâche difficile. Les indicateurs ou estimations des émissions, comme ceux qui figurent dans l’inventaire national des gaz à effet de serre que réalise régulièrement la Nouvelle‑Zélande, ou les émissions du transport aérien qui sont indiquées dans le tableau de bord du tourisme de l’UE, donnent des orientations à l’échelle nationale.
De nombreux pays n’ont pas encore fixé d’objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre émanant du tourisme ni établi de budgets carbone connexes, alors même que le tourisme doit respecter les réglementations nationales et participer aux Contributions déterminées au niveau national en vue d’atteindre les objectifs internationaux énoncés dans l’Accord de Paris sur le climat. Souvent, le tourisme est plutôt rattaché au secteur des transports ou des services. Les signataires de la Déclaration de Glasgow sur l’action climatique dans le tourisme se sont toutefois engagés à agir pour réduire leurs émissions de 50 % d’ici 2030 et parvenir à la neutralité carbone dès que possible avant 2050. Cette démarche repose sur des recommandations pratiques pour commencer à agir pour le climat (UN Tourism, 2024[11])
Compte tenu de la contribution du tourisme à la crise climatique et de la nécessité de concrétiser ces engagements et ces ambitions, l’action climatique est de plus en plus intégrée aux stratégies et plans nationaux en matière de tourisme, comme c’est le cas par exemple en Grèce, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Slovénie. Dans quelques cas, ces stratégies et ces plans fixent des objectifs précis pour orienter les travaux et suivre les progrès accomplis. Par exemple, en Belgique, l’agence Visit Flanders a lancé en 2022 un plan pour le tourisme durable qui vise à réduire d’ici 2030 les émissions émanant de l’hébergement touristique de 50 % et la consommation d’énergie primaire par les prestataires du tourisme de 35 %. La Slovénie entend réduire l’empreinte carbone du tourisme slovène de 39.9 à 30.3 kg CO2-eq par nuitée d’ici 2028, soit une réduction de 33 %.
Outre les plans macroéconomiques d’action climatique, plusieurs pays ont élaboré des feuilles de route et des plans d’action propres au tourisme qui définissent comment le secteur peut intensifier ses efforts pour atteindre les objectifs de neutralité carbone et encourager les parties prenantes à agir, notamment le Chili, l’Irlande et les Pays-Bas (Encadré 1.5). Ces feuilles de route et ces plans d’action contiennent un large éventail de mesures, notamment l’organisation d’ateliers interministériels et intersectoriels pour renforcer la culture climatique, le déploiement de calculatrices de l’empreinte carbone pour les touristes et les entreprises du tourisme, la réduction de la dépendance à l’égard du transport aérien grâce à la modernisation des infrastructures ferroviaires, la mise en place de programmes d’énergies renouvelables, des analyses des risques climatiques ou l’élaboration de directives techniques en matière d’atténuation.
Les feuilles de route et plans d’action climatique reconnaissent le rôle que jouent les entreprises et proposent des mesures concrètes à l’intention des différentes parties prenantes et au niveau de leurs interfaces. Il s’agit notamment de faire évoluer le comportement des consommateurs pour les détourner des activités touristiques à fortes émissions, tout en soulignant l’importance de l’éducation et du renforcement des capacités de la main-d’œuvre touristique en matière d’action climatique pour générer des changements dans le secteur.
Les pays ont aussi pris des initiatives pour aider les entreprises du tourisme, et les PME en particulier, à s’adapter au changement climatique et à tenir leurs engagements pour le climat, notamment par le partage de connaissances, la communication, la constitution de réseaux et la représentation de certains intérêts dans le cadre du verdissement du secteur du tourisme. Les PME jouent un rôle prépondérant dans ce processus en tant que fers de lance du progrès technologique, mais aussi parce qu’elles adoptent des pratiques et des modèles économiques verts afin de réduire leur empreinte écologique (OCDE, 2024[12]).
En Irlande, un programme d’action climatique vient compléter la feuille de route pour l’action climatique de l’Agence Fáilte Ireland et propose des services dédiés de mentorat et de conseil en investissement pour aider les entreprises du tourisme à réduire les émissions de carbone et à élaborer des plans d’action sur mesure pour devenir plus durables. Le programme a reçu depuis son lancement un nombre de demandes plus élevé que les possibilités offertes, ce qui dénote des besoins importants des entreprises du tourisme.
En Suisse, le Centre de compétences pour la durabilité dans le tourisme suisse vise à faire de ce secteur un leader du développement durable, en lançant et en mettant en œuvre des projets et en proposant un interlocuteur central pour les questions de durabilité. Il a été mis sur pied en 2022 par la Fédération suisse du tourisme, dans le cadre de la stratégie touristique de la Suisse. Le parlement suisse se prononcera bientôt sur une nouvelle loi relative à l’hébergement touristique qui sera appliquée par la Société suisse de crédit hôtelier, afin de soutenir la rénovation des installations d’hébergement dans la région alpine et les zones touristiques saisonnières, l’accent étant mis sur l’efficacité énergétique.
Encadré 1.5. Feuilles de route et plans d’action à l’échelle nationale pour une contribution du tourisme à la réalisation des objectifs de neutralité carbone
Copier le lien de Encadré 1.5. Feuilles de route et plans d’action à l’échelle nationale pour une contribution du tourisme à la réalisation des objectifs de neutralité carboneChili : Le Plan d’adaptation au changement climatique dans le secteur du tourisme a été élaboré conjointement par le biais d’une vaste concertation interministérielle et adopté en 2020 pour faire du tourisme un secteur plus résilient et plus durable. Il recense les zones touristiques les plus vulnérables au changement climatique en analysant des indicateurs du climat et en déterminant des effets potentiels sur le secteur du tourisme, comme l’évolution de la biodiversité et les événements météorologiques extrêmes. Sur la base de cette évaluation, le Plan définit des objectifs concrets pour développer les capacités et réunir les conditions nécessaires pour que le tourisme puisse s’adapter et résister aux effets déjà présents du changement climatique et à ceux à venir. La stratégie envisagée consiste notamment à renforcer les capacités du Service national du tourisme, le SERNATUR, en vue d’intégrer le changement climatique à la planification touristique, à la coordination public-privé, et à la gestion et à la communication des informations. Le Plan est en cours de mise à jour en 2024 pour tenir compte de la loi-cadre sur le changement climatique.
Pays-Bas : Lancée en 2022, la Feuille de route pour un tourisme neutre sur le plan du climat contribue à la réalisation de l’objectif plus vaste du gouvernement de faire des Pays-Bas une nation climatiquement neutre d’ici 2030. Grâce à l’expertise de la communauté scientifique et des professionnels du tourisme, la Feuille de route présente des stratégies pour agir conformément aux piliers de la Déclaration de Glasgow : mesure et recherche ; réduction des émissions ; renforcement des écosystèmes ; financement et soutien ; et coopération et leadership. Pour chaque mesure, la Feuille de route dresse une liste des mesures à prendre par les pouvoirs publics, les entreprises, les organismes du secteur, les instituts de connaissance et les organisations de gestion des destinations (OGD). Parmi les axes d’action figurent notamment : réduire la dépendance à l’égard du transport aérien, accélérer le déploiement des infrastructures de recharge pour les vélos et les voitures, réduire la dépendance à l’égard du secteur des croisières, mais aussi réfléchir à l’utilisation des labels et certifications et faire en sorte que les entreprises neutres sur le plan du climat deviennent la norme.
Irlande : L’Agence nationale de développement du tourisme, Fáilte Ireland, a élaboré en 2022 une feuille de route pour l’action climatique afin d’aider les entreprises du tourisme et de l’hôtellerie à réduire leurs émissions de carbone et à contribuer à la réalisation des objectifs nationaux de neutralité carbone. La feuille de route définit un parcours d’action climatique en huit étapes pour les entreprises, met à disposition des guides d’action climatique sur la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie, ainsi que sur la compensation carbone et sur la biodiversité, et prévoit la tenue de réunions, de manifestations et de festivals.
En Allemagne, dans le cadre de l’Initiative nationale pour le climat, le Fonds climat pour le tourisme poursuit trois objectifs : établir un inventaire des gaz à effet de serre à l’échelle du secteur, élaborer des mesures de protection climatique et développer un modèle de financement pour les activités liées à la protection du climat. En outre, l’association allemande Klimalink, qui œuvre à une communication transparente sur l’empreinte carbone des déplacements, a été récemment rejointe par l'association des voyagistes ainsi que par des entreprises autrichiennes et suisses. L’Allemagne encourage aussi de plus en plus un tourisme respectueux de l’environnement, notamment en mettant en œuvre une campagne pour inciter les voyageurs à prolonger leur séjour, dans le cadre de la stratégie de développement durable de l’Office national allemand du tourisme.
Les mesures de décarbonation étant souvent liées à des améliorations coûteuses des infrastructures, divers programmes nationaux prévoient des mesures incitatives ou des financements. Outre les programmes susmentionnés, l’Autriche et l’Allemagne comptent parmi les pays qui ont mis en place des aides et des programmes ciblés sur les PME du tourisme, y compris des financements, afin qu’elles mènent des initiatives de transition écologique et se conforment aux objectifs de neutralité climatique (Encadré 1.6).
Encadré 1.6. Accompagner les PME du tourisme dans la transition verte : exemples nationaux
Copier le lien de Encadré 1.6. Accompagner les PME du tourisme dans la transition verte : exemples nationauxAllemagne : Le financement LIFT Transformation vise à inciter les PME du tourisme et les destinations touristiques à examiner les questions qui présentent un intérêt pour l’avenir du tourisme, conformément aux objectifs de développement durable des Nations Unies. Le but est de définir des solutions applicables et pérennes pour développer un tourisme durable qui contribue au développement durable. En outre, le Centre d’excellence pour la transition verte du tourisme, qui a été récemment mis sur pied, vise à accompagner le secteur du tourisme sur la voie de la neutralité climatique et de la transformation durable en diffusant des connaissances sur les innovations respectueuses du climat et économes en ressources.
Autriche : De nouvelles lignes directrices en matière de financement ont été mises en œuvre pour encourager les PME familiales et celles gérées par leur propriétaire dans le secteur du tourisme à investir en vue de renforcer leur durabilité et leur résilience financière. Le dispositif prévoit des garanties et des prêts subventionnés, ainsi qu’une prime à la durabilité de 7 % pour les coûts d’investissement jusqu’à un plafond de 350 000 EUR. Les coûts qui y donnent droit peuvent être liés à des dépenses pour l’écologie, le personnel, la région et la transformation numérique.
Équilibrer les flux touristiques grâce à des transports et des infrastructures durables
La réorientation vers un développement touristique plus durable a permis de mieux comprendre le rôle des flux touristiques dans les destinations. Diversifier le tourisme pour mieux gérer les déplacements des visiteurs, à la fois dans l’espace et dans le temps, offre la possibilité de développer certaines destinations et de renforcer la résilience face aux chocs futurs tout en optimisant les avantages économiques du tourisme et en trouvant un équilibre entre ses effets environnementaux et sociaux.
Les efforts déployés pour répartir les visiteurs dans une logique de durabilité et pour mieux distribuer les bénéfices du tourisme à la fois au sein des destinations et entre elles se multiplient et font de plus en plus partie des priorités stratégiques du secteur du tourisme, de même que l’intégration du tourisme dans des programmes plus vastes de développement national et régional.
Au Portugal, le programme touristique pour l'intérieur des terres, par exemple, vise à stimuler le secteur du tourisme dans les territoires à faible densité pour améliorer leur cohésion et leur développement économique. Lancé en 2023, ce programme consiste en des initiatives et des mesures pour créer des liens entre les territoires, accroître les ressources et investir dans les entreprises et dans l’offre touristique, avec un budget d’environ 200 millions EUR.
Aux États-Unis, le programme pour l’économie des loisirs en zone rurale (Recreation Economy for Rural Communities) a permis à 25 collectivités rurales de petite taille dans 17 États d’élaborer des stratégies pour développer l’économie des loisirs de plein air, dynamiser les centres-villes, préserver les ressources naturelles et attirer plus de visiteurs dans les zones rurales, un objectif clé de la Stratégie nationale pour les voyages et le tourisme.
De nombreuses initiatives s’attachent à orienter les touristes loin des destinations bien connues vers des zones moins fréquentées ou moins peuplées. En Corée, par exemple, l’initiative de la carte touristique numérique vise à attirer les résidents coréens dans les régions en déclin démographique, à encourager les séjours plus longs dans les régions et à stimuler la croissance économique en offrant des réductions sur l’hébergement, les repas, les expériences et d’autres services touristiques.
Le projet initial de promotion du « Japon, nation touristique » pour 2023-25 cherche à attirer plus longtemps des visiteurs qui dépensent plus et à insuffler un nouvel élan aux régions en étoffant l’offre pour les voyageurs haut de gamme et en finançant l’organisation de manifestations ainsi que des hébergements et des installations touristiques en dehors des principales destinations. En 2023, 11 destinations touristiques types ont été choisies dans les régions pour y créer des destinations de luxe pour le tourisme récepteur, dans le but d’encourager les touristes internationaux à découvrir le Japon loin des grandes villes et de les attirer dans des zones rurales où ils seront au contact de la nature, de l’histoire et d'une culture unique.
La diversification de l’offre touristique nécessite d’investir dans les infrastructures touristiques et locales pour accompagner l’augmentation du nombre de visiteurs. Encourager efficacement les touristes à se rendre dans de nouvelles destinations peut avoir des retombées économiques et sociales importantes pour les collectivités locales, à condition que cette démarche repose sur une bonne planification et des ressources suffisantes. La Hongrie a rétabli la contribution au développement du tourisme en 2023 pour récolter des recettes provenant de la restauration et de l’hébergement commercial dans le but de financer de nouveaux projets d’infrastructures à l’appui du tourisme. En Islande, le Fonds de protection des sites touristiques et le Fonds de développement des liaisons aériennes islandaises sont tous deux essentiels pour favoriser le développement de certaines destinations et répartir plus équitablement les touristes sur l’ensemble du territoire. Cette approche vise à atténuer la pression qui s’exerce sur les destinations touristiques populaires, tout en bénéficiant au secteur et aux collectivités locales.
La volonté d’équilibrer les flux touristiques a suscité un regain d'intérêt pour la notion de capacité d’accueil des destinations. S’il n’existe pas d’approche ou de méthodologie claire pour déterminer la capacité d’accueil des destinations touristiques, le secteur peut tirer des enseignements des nombreux travaux et expériences en matière de gestion des flux de visiteurs dans les zones protégées. Un accès facilité aux données et une meilleure communication avec les collectivités locales peuvent aussi permettre de mieux cerner les capacités des destinations, de mettre en balance les différents arbitrages à opérer et de fixer des seuils critiques, lesquels peuvent être différents pour les visiteurs et les résidents. Les pays coopèrent désormais avec les installations de loisirs, les destinations et les autorités locales à l’amélioration de la définition des seuils critiques pour le tourisme.
La France a lancé en 2023 une Stratégie nationale pour gérer les flux touristiques, qui prévoit la création d’un Observatoire national des sites touristiques majeurs. L’Observatoire mesurera la façon dont les flux touristiques sont perçus par la population locale et sensibilisera aux effets positifs et négatifs du tourisme, en s’adressant tout particulièrement aux touristes, aux locaux et aux acteurs influents dans le domaine des voyages. En Autriche, le guide Trouver le juste équilibre (Find the Right Balance), qui aide les décideurs régionaux à remédier aux déséquilibres dans le tourisme, repose sur un appel à financements pour élaborer des solutions sur mesure aux difficultés rencontrées par les régions touchées.
Il est essentiel de relier les destinations, de manière durable et accessible, pour répartir les retombées du tourisme. La nature du tourisme fait que les transports font partie intégrante du secteur, et la création de solutions faciles d’accès et respectueuses de l’environnement pour se déplacer figure généralement en bonne place parmi les priorités des pouvoirs publics dans le domaine du tourisme. Dans le tourisme, transport est souvent synonyme d’aviation, un secteur qui contribue beaucoup et de plus en plus aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. La décarbonation du transport aérien est donc une priorité si l’on veut bâtir un avenir viable et durable pour le tourisme.
Au niveau national, les pays s’efforcent de promouvoir des objectifs de durabilité dans l’aviation. L’Australie et le Royaume-Uni ont chacun mis sur pied des conseils Jet-zero pour examiner les questions relatives à l’aviation durable, en particulier aux CAD. La compagnie Air New Zealand, qui est détenue à 51 % par l’État, est en train d’adopter une approche pluridimensionnelle en vue de tenir ses engagements en matière de neutralité carbone d’ici à 2050, notamment en investissant dans les CAD, les nouvelles technologies aéronautiques et le renouvellement de la flotte existante, et en réduisant les émissions liées aux activités au sol.
Sur le plan international, le Groupe d’action du transport aérien de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) s’est fixé l’objectif ambitieux de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, mais des progrès majeurs doivent être accomplis pour y parvenir. Le Forum international des transports (FIT) de l’OCDE soutient activement ces travaux, notamment en réunissant un groupe d’intérêt commun composé de représentants des pouvoirs publics, du secteur privé et d’autres parties prenantes qui étudient les possibilités de faire progresser l’action publique pour décarboner l’aviation. Les possibilités qu’offre le recours accru aux carburants d’aviation durables (CAD) suscitent un intérêt particulier. Dans le cadre de ces travaux, le FIT étudie les conséquences de la décarbonation du transport aérien sur les structures de déplacements et le tourisme.
Si le secteur de l’aviation joue un rôle important dans le secteur du tourisme, en particulier pour les destinations éloignées et insulaires, le transport terrestre en direction et à proximité des destinations demeure essentiel pour la plupart des touristes. Dans cette optique, le fonds italien pour le tourisme durable repère les itinéraires intermodaux qui reposent sur l’utilisation de modes de transport électriques en vue de désengorger et de désaisonnaliser les destinations mais aussi de créer de nouveaux itinéraires. Le fonds aide en outre les installations d’hébergement et les entreprises du tourisme à obtenir des certifications de durabilité grâce à un financement de 10 millions EUR disponible en 2024 et en 2025. Dans le même temps, l’Australie met à profit la stratégie nationale en faveur des véhicules électriques pour offrir aux touristes des solutions de transport plus durables, reconnaissant l’absence d’un réseau ferroviaire étendu en dehors des villes principales.
Au Maroc, la mise en service d’une ligne de train à grande vitesse a eu des retombées importantes pour le secteur du tourisme en réduisant le temps de trajet entre Tanger et Casablanca, ce qui a facilité les déplacements des touristes nationaux et internationaux dans le pays. Cette amélioration des infrastructures, qui ont transporté plus de 5 millions de passagers en 2023, a aussi amélioré l’accès à des villes moins connues, contribuant ainsi à répartir plus largement les bénéfices du tourisme dans la région. En 2023, les autorités nationales se sont engagées à étendre la ligne ferroviaire à grande vitesse à d’autres destinations touristiques, comme Marrakech et Agadir.
La mobilité durable est un concept qui suscite de plus en plus d’intérêt à l’heure où les pays cherchent le juste équilibre entre la nécessité de proposer des solutions de transport adaptées et diversifiées pour se rendre sur les lieux touristiques et à proximité, et l’importance de décarboner les activités touristiques elles-mêmes. Pour améliorer l’expérience des visiteurs et apporter des bénéfices directs aux collectivités locales, des mesures importantes s’imposent : construire les infrastructures nécessaires, réduire les embouteillages grâce aux transports publics, optimiser les itinéraires et développer des solutions de transports verts, comme les bus et les véhicules électriques, mais aussi les modes de mobilité autonome ou douce, comme les programmes de vélopartage et les voies piétonnes. Dans ce contexte, les ministères responsables du climat, des transports et du tourisme en Autriche ont mis sur pied en 2021 un partenariat paneuropéen pour la mobilité touristique durable dans le cadre du Programme paneuropéen sur les transports, la santé et l’environnement (PPE-TSE), qui encourage le déploiement de solutions durables et multimodales de mobilité touristique, notamment les transports publics, la mobilité active (vélo, marche) et des systèmes de transport flexibles (Encadré 1.7).
Encadré 1.7. Promouvoir un tourisme et une mobilité durables dans toute l’Europe
Copier le lien de Encadré 1.7. Promouvoir un tourisme et une mobilité durables dans toute l’EuropeLe programme paneuropéen sur les transports, la santé et l’environnement (PPE-TSE) est une initiative lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU). Il vise à ce que l’environnement et la santé soient pris en considération dans la planification des transports et de la mobilité ainsi que dans l’aménagement urbain, en vue d’améliorer la qualité de vie des citoyens partout en Europe. À la 5e réunion à haut niveau du PPE-TSE à Vienne en 2021, les ministres ont décidé de lancer, dans le cadre du programme paneuropéen, un nouveau partenariat sur la mobilité touristique durable, avec l’appui des Secrétariats de la CEE-ONU et de l’OMS. Ce partenariat, qui est piloté par l’Autriche, vise à réunir sur une plateforme européenne les acteurs nationaux responsables de la mobilité, de l’action climatique et du tourisme afin de promouvoir plus avant le développement d’un tourisme durable dans la région paneuropéenne. Le but du partenariat est de sensibiliser à la mobilité multimodale durable dans le tourisme, de favoriser la coopération entre les diverses parties prenantes et de renforcer les capacités institutionnelles des organisations concernées. Les membres de ce partenariat européen collaborent à l’élaboration d'un document à visée nationale qui comporte des recommandations pour l’action et des exemples de meilleures pratiques dans les domaines suivants : renforcement des capacités institutionnelles, intégration de la mobilité touristique durable dans les stratégies nationales, prise en compte des besoins de mobilité de différents groupes d’usagers, gestion de la mobilité dans les destinations, solutions pour les déplacements longue distance, systèmes de transport flexibles, offre de circuits pédestres et à vélo dans l’expérience touristique, information sur les déplacements multimodaux et intégration de services de mobilité durable dans les offres combinées, le marketing et la communication touristiques.
Au niveau des destinations, les pays cherchent à promouvoir des transports décarbonés ou sobres en carbone. Le Luxembourg a, par exemple, mis en place le programme Velosummer qui valorise un tourisme actif et limite les transports motorisés sur certains itinéraires pendant le mois d’août. En 2023, cette initiative, qui a attiré près de 25 000 cyclistes sur 12 itinéraires totalisant plus de 500 km, a non seulement permis de réduire les émissions des véhicules motorisés, mais a aussi favorisé une plus grande dispersion des touristes au Luxembourg. En Italie, le projet de randonnée urbaine à Grosseto est une initiative régionale de promotion du tourisme lent, de l’art local et de l’histoire du territoire qui vise à tisser un réseau de sentiers pédestres et de pistes cyclables parcourant la province entière, sur la voie de la mobilité verte et de la découverte responsable. La ville de Grosseto a été distinguée en 2024 en tant que pionnière européenne verte du tourisme intelligent.
Optimiser la valeur socioéconomique du tourisme pour les collectivités locales
Le tourisme a un rôle essentiel à jouer pour favoriser un développement économique qui crée des emplois décents, améliore le bien-être et la cohésion sociale et contribue aux intérêts communs des touristes, des résidents et des entreprises. Il offre aussi la possibilité aux PME d’intégrer des chaînes de valeur mondiales du secteur. Le tourisme, lorsqu’il est bien géré, peut être un moteur puissant de développement local inclusif et contribuer à la résilience, à l’inclusivité et à l’autonomisation tout en préservant les ressources naturelles et culturelles (OECD, 2021[13]). Toutefois, les modèles existants de développement du tourisme sont souvent synonymes de retombées déséquilibrées ; certaines destinations accueillent en effet des volumes de visiteurs qui peuvent exercer une pression considérable sur les collectivités locales tandis que d’autres souhaiteraient voir augmenter les dépenses des visiteurs pour soutenir leur économie locale.
L’optimisation de la valeur socioéconomique du tourisme passe par une meilleure planification, une compréhension et une gestion plus fines des arbitrages à opérer, et un dialogue avec la population locale afin de bâtir un secteur plus inclusif dans lequel les avantages (et les coûts) sont plus largement partagés. Mesurer l’acceptation du tourisme, le sentiment local et la dimension sociale du tourisme est un domaine d’action qui fait l’objet d’une attention accrue. Des pays comme l’Autriche, le Costa Rica, la France et la Nouvelle-Zélande ont mis en œuvre de nouvelles méthodes d’enquête pour mesurer l’acceptation sociale du tourisme et le bien-être des résidents. Ces travaux sont examinés plus en détail au chapitre 3.
L’accessibilité et l’inclusion sont devenues deux domaines d’action privilégiés, les pays cherchant à développer les perspectives qu’ouvre le tourisme en termes de croissance inclusive, pour les touristes, la main-d’œuvre et les collectivités (Encadré 1.8). Pour ce faire, il convient d’améliorer l’accessibilité pour les personnes handicapées, de faciliter l’accès des catégories de revenu modeste, d’assurer une représentation juste et des opportunités équitables aux groupes minoritaires et de faire progresser l’égalité des genres dans les emplois et aux postes à responsabilité du secteur du tourisme.
Encadré 1.8. Initiatives en faveur d’une croissance plus inclusive : sélection de pays
Copier le lien de Encadré 1.8. Initiatives en faveur d’une croissance plus inclusive : sélection de paysÉtats‑Unis : L’accessibilité, la diversité et l’inclusion sont les piliers de la Stratégie nationale en matière de voyages et de tourisme. Pour la mettre en œuvre, le gouvernement fédéral a collaboré avec le Conseil consultatif sur les voyages et le tourisme, en créant un organe consultatif du secteur privé auprès de la secrétaire au Commerce, qui formule des recommandations sur l’accessibilité, la durabilité et les infrastructures, et en mettant en avant une offre diversifiée de produits touristiques.
Grèce : Le tourisme accessible est un élément clé de la Stratégie nationale pour 2024-30. Dans ce cadre, la Grèce a mis en place des labels de qualité pour les destinations et les entreprises touristiques accessibles afin de promouvoir le tourisme accessible sur son territoire grâce à l’adoption de normes d’accessibilité dans les installations et les destinations touristiques.
Italie : Le fonds pour l’accessibilité touristique a été créé pour promouvoir l’inclusion sociale ainsi que la diversification de l’offre touristique. Des fonds supplémentaires sont disponibles et ciblent tout particulièrement les petites communes à vocation touristique pour encourager les innovations dans le domaine de l’accessibilité. Ces fonds contribuent à asseoir la réputation internationale de l’Italie en tant que destination sûre et inclusive, grâce à une offre diversifiée, inclusive, résiliente et sûre.
Japon : Une enquête a été menée pour évaluer l’offre de tourisme accessible, en repérer les écueils et évaluer la taille du marché, dans le but de promouvoir des voyages inclusifs accessibles à tous, notamment aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Il est essentiel de répondre aux besoins touristiques de ces groupes, dont la demande potentielle est importante, pour stimuler les déplacements et revitaliser l’économie dans une démarche prospective.
Royaume-Uni : Les initiatives visent à tirer parti des meilleures pratiques et des boîtes à outils qui existent déjà en matière d’accessibilité et d’inclusion, comme le Programme national pour l’accessibilité, et à examiner les limites d’accès aux services touristiques, en fonction des différents besoins. Elles ont été menées en concertation avec le Groupe de travail sur l’inclusivité et l’accessibilité du Tourism Industry Council, les Ambassadeurs du handicap et de l’accessibilité, le Groupe d’action pour un tourisme inclusif en Angleterre, ainsi que d’autres parties prenantes.
En Australie, le cadre WELCOME encourage les entreprises du tourisme à envisager l’accessibilité et l’inclusivité comme une approche universelle de l’activité commerciale. Élaboré en 2024, le cadre regroupe des dimensions importantes que les prestataires de services touristiques doivent prendre en compte pour rendre leurs produits et services plus accessibles. Il leur permet de comprendre les besoins des personnes handicapées et de développer leur activité dans le domaine du tourisme accessible.
Créer des destinations agréables à vivre et s’assurer que la population locale tire profit du tourisme sont devenues des priorités pour de nombreuses destinations. Les retombées du tourisme pour les collectivités locales sont de plus en plus prises en compte dans les stratégies touristiques nationales. En 2023, le Pérou a mis en œuvre la Stratégie pour le tourisme local, qui s’accompagne de la Loi pour la promotion et le développement du tourisme local. Dans le cadre de cette stratégie et de cette loi, le Pérou entend insuffler un dynamisme socioéconomique et améliorer la qualité de vie des populations locales grâce au tourisme.
La République slovaque est en train de parachever sa stratégie nationale pour un tourisme durable à l’horizon 2035, qui vise à renforcer la compétitivité du secteur, à mieux en exploiter le potentiel, à rééquilibrer les disparités régionales et à créer de nouveaux emplois. L’un des piliers de cette stratégie consiste à créer des destinations durables pouvant offrir des séjours de qualité aux visiteurs et une qualité de vie aux résidents.
Les approches participatives qui associent les collectivités locales aux décisions en matière de planification et de développement du tourisme contribuent à l’obtention de résultats plus équilibrés pour les résidents, et peuvent conduire par la suite à une meilleure acceptation du tourisme. Au Mexique, le programme Kuxatur vise à créer des zones de développement touristique durable et à associer les collectivités locales à l’élaboration des politiques du tourisme, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités, afin que les résidents soient en mesure d’agir pour atteindre les objectifs de tourisme durable.
Encadré 1.9. Règlement visant à améliorer la transparence et à recueillir davantage de données factuelles sur les locations de courte durée dans l’UE
Copier le lien de Encadré 1.9. Règlement visant à améliorer la transparence et à recueillir davantage de données factuelles sur les locations de courte durée dans l’UEEn mars 2024, le Conseil de l’UE a adopté un règlement concernant la collecte et le partage des données relatives aux services de location de logements de courte durée. Il a pour but d’aider les autorités à produire des statistiques fiables et à prendre des mesures réglementaires éclairées pour faire face à des enjeux majeurs comme l’accessibilité financière du logement. Les nouvelles règles instaurent des exigences harmonisées pour l'enregistrement des hôtes et des logements en location de courte durée et prévoient l'octroi d'un numéro d'enregistrement unique qui doit être affiché sur les sites et les plateformes en ligne d’immobilier. Les autorités locales et les plateformes de locations de courte durée disposent de 24 mois pour se conformer au règlement.
Les hôtes doivent transmettre des renseignements simples pour obtenir un numéro d'enregistrement, lequel sera nécessaire pour proposer des services de location de logements de courte durée. Les plateformes en ligne devront communiquer régulièrement à un point d'entrée numérique unique dans les États membres concernés des informations sur les activités locatives de leurs hôtes (par exemple, nombre de nuitées vendues, nombre de clients, adresse, numéro d’enregistrement).
Le règlement n’a pas pour objet de réglementer l’accès au marché concernant ces activités, mais plutôt d’en renforcer la transparence. Les plateformes en ligne devront s’assurer que les informations des hôtes sont fiables et exhaustives et que le numéro d’enregistrement est clairement visible sur chaque annonce. Elles devront aussi procéder à des vérifications aléatoires des informations sur les hôtes. Les autorités locales pourront suspendre la validité des numéros d’enregistrement, demander aux plateformes de retirer les référencements illicites, et fixer des sanctions pour les plateformes et les hôtes qui ne respectent pas le règlement.
Le tourisme peut aussi être un catalyseur du développement régional, en particulier dans les zones rurales et reculées, et ainsi améliorer le bien-être des habitants et rendre ces lieux agréables à vivre. En Corée, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a pris des mesures pour lutter contre le déclin rural et démographique dans certaines régions du pays. Le tourisme est essentiel pour aider les régions à réaliser leur potentiel et, dans le cadre de cette initiative, des projets sont mis en œuvre pour encourager le nomadisme numérique et les vacances-travail dans ces régions.
L’accessibilité financière des logements est une problématique bien connue dans les destinations touristiques ; les prix réels d’acquisition et de location des logements ont en effet augmenté plus vite que l’inflation et les revenus au cours des dernières décennies, ce qui a pesé de façon disproportionnée sur les ménages les plus modestes et les plus jeunes (OCDE, 2022[14]). L’essor des plateformes de réservation d’hébergement en ligne et des locations de courte durée ainsi que le développement du tourisme de résidence secondaire et du tourisme non planifié dans certaines destinations ont aussi contribué à faire augmenter la demande de logements, ce qui aboutit parfois à des situations dans lesquelles les résidents et les travailleurs saisonniers ne sont pas en mesure de se loger pour un coût abordable. En 2024, le Conseil de l’Union européenne a adopté un nouveau règlement concernant la collecte et le partage des données relatives aux services de location de logements de courte durée. Ces nouvelles obligations ne visent pas à réglementer l’accès au marché concernant ces activités, mais à renforcer la transparence et à aider les autorités locales en Europe à élaborer et à appliquer des mesures relatives aux locations de vacances, tout en préservant l’accès au logement pour les résidents (Encadré 1.9).
Aider les PME du tourisme à innover grâce aux progrès technologiques rapides
Les technologies numériques sont en train de remodeler les processus dans le secteur du tourisme et sont un puissant moteur d’innovation dans le secteur. Les nouvelles technologies, parmi lesquelles l’intelligence artificielle (IA) générative, la réalité étendue (XR, eXtended Reality) et la technologie des chaînes de blocs (blockchain), modifient la façon dont les individus planifient et vivent leurs voyages et offrent la possibilité non seulement d’atteindre de nouveaux consommateurs grâce à des produits et des services touristiques novateurs, mais aussi d’améliorer les activités et les performances des entreprises et d’accélérer la transition vers des modèles économiques plus verts et plus durables.
Malgré les avantages potentiels des nouvelles technologies, les PME sont à la traîne par rapport aux entreprises de plus grande taille pour ce qui est de leur adoption, et le passage au numérique se limite pour le moment en grande partie aux services de base, notamment dans le secteur du tourisme (OECD, 2021[15]). Il importe de combler les écarts en termes d’adoption des nouvelles technologies à mesure que celles-ci se perfectionnent pour éviter un creusement de la fracture numérique entre les PME et les grandes entreprises poussées par la technologie. Les petites entreprises du secteur du tourisme ont besoin d’être accompagnées pour surmonter les principaux obstacles à leur transformation numérique, notamment le manque de compétences numériques, le coût du matériel, le déficit d’infrastructures ou un niveau suffisant de protection de la vie privée (OECD, 2024[16]).
Les politiques nationales peuvent jouer un rôle central en façonnant le paysage numérique du tourisme et en veillant à ce que les entreprises du secteur puissent déployer de nouvelles solutions technologiques pour améliorer leur fonctionnement interne et proposer des services touristiques innovants. Les pays élaborent actuellement des stratégies et des plans pour le tourisme numérique, lesquels peuvent être dédiés au secteur ou s’inscrire dans le cadre de stratégies et de plans nationaux plus vastes de transformation numérique. Ces initiatives comportent souvent un volet sur les données du tourisme et des stratégies pour améliorer l’expérience des touristes et intégrer le numérique dans les modèles économiques.
En Slovénie, le plan 2022‑26 de transformation numérique du tourisme slovène vise à renforcer la compétitivité, la durabilité et les compétences de la main-d’œuvre du secteur, grâce à la création d’une plateforme nationale d’information sur le marché et au déploiement de solutions d’intelligence commerciale ou de chèques-compétences. La stratégie numérique de l’Espagne pour 2026 prévoit une initiative qui s’appuie sur une plateforme modulaire pour mettre en œuvre le plan de transformation numérique des destinations touristiques. Elle s’accompagne de la mise au point de nouveaux outils pour le Réseau des destinations touristiques intelligentes ainsi que d’un système d’information sur le tourisme qui permet d’intégrer diverses sources d’information sur ce secteur et de fournir des services d’analyse.
Des stratégies propres au tourisme et des plans macroéconomiques peuvent déterminer l’orientation stratégique du secteur, mais il faut que des programmes et des initiatives ciblés viennent les compléter pour accompagner les PME sur la voie de la transformation numérique. Il s’agit notamment de les aider à accéder à des financements et à renforcer leurs capacités, et de mieux les informer sur les outils disponibles ainsi que sur les possibilités d’utilisation des données générées par les outils afin de mieux adapter leurs stratégies de produits et de marketing aux touristes.
On prend peu à peu la mesure des changements que l’IA et d’autres technologies peuvent apporter au secteur du tourisme. Les implications de l’IA pour le tourisme et l’élaboration des politiques du tourisme sont un domaine d’intérêt majeur pour le Groupe de travail du G7 sur le tourisme, sous la présidence italienne du G7 en 2024. L’enjeu pour les responsables de l’action publique est de suivre le rythme rapide des progrès technologiques et d’aider les entreprises du tourisme à surmonter les obstacles à l’utilisation et à l’adoption de l’IA, tout en faisant face aux nouveaux risques et aux nouveaux défis que présente cette technologie pour l’ensemble des entreprises.
Les pays commencent à financer des travaux de recherche-développement sur l’IA dans le tourisme. En 2022, l’Espagne a pris des mesures pour promouvoir l’IA dans les entreprises du tourisme (45 millions EUR) et favoriser la transformation numérique des destinations touristiques (115 millions EUR), sur une période de trois ans. Avec une partie de ce financement, l’Espagne a mis au point un programme de transformation numérique et d’information à l’intention des destinations touristiques et des entreprises du tourisme, afin de créer des plateformes de destinations intelligentes. L’objectif est de mettre à la disposition des touristes des services publics et privés interopérables.
La France a encouragé les entreprises du tourisme à intégrer les technologies numériques dans la chaîne de valeur du secteur en soutenant les start-ups de la « tourisme tech » (TravelTech) qui utilisent des technologies de base, comme l’IA, la blockchain, l’internet des objets et la 5G. Le programme vise à accompagner les start-ups innovantes et à promouvoir l’innovation dans le secteur du tourisme. La France a également commandé une étude sur l’impact et les implications de l’IA pour le tourisme. La Corée propose aussi des programmes de transformation numérique aux entreprises du tourisme, notamment avec la mise en place de chèques-innovation pour les PME du secteur (Encadré 1.10).
Encadré 1.10. Accélérer la transformation numérique des PME du tourisme en Corée
Copier le lien de Encadré 1.10. Accélérer la transformation numérique des PME du tourisme en CoréePour améliorer la compétitivité du tourisme coréen dans un monde numérique en mutation rapide, le gouvernement coréen aide les entreprises du tourisme à se lancer dans l’innovation numérique. Le programme complet de transformation numérique accompagne les entreprises du tourisme à différentes étapes de leur cycle de vie, notamment la mise en place de l’infrastructure numérique, l’amélioration des compétences des entreprises et des travailleurs et l’accès à une aide financière pour les PME et les start-ups du secteur du tourisme.
Les chèques-innovation jouent un rôle essentiel en accélérant la transformation numérique du secteur du tourisme. En 2024, plus de 150 PME ont reçu un tel chèque pour les aider à déployer des services numériques. Les bénéficiaires du programme ont accès à une plateforme en ligne de 242 prestataires qui proposent des solutions concrètes pour passer au numérique, comme la création d’un site web, l’amélioration de l’expérience utilisateur, la mise au point de robots conversationnels basés sur l’IA, la promotion en ligne au moyen de publicités, etc.
À l’appui du programme, le site web du Korea Tourism Data Lab donne accès aux statistiques du tourisme et à des données privées, ce qui permet d’analyser en détail certains produits touristiques personnalisés et d’examiner des problématiques comme le surtourisme.
À mesure que la transformation numérique progresse, il est utile de renforcer les compétences et les capacités nécessaires à l’adoption et à l’utilisation de ces technologies. De nombreux pays ont défini des programmes qui encouragent la culture numérique, notamment par le biais d’ateliers, de services de mentorat, de l’évaluation de la maturité numérique des entreprises ou d’un appui technique concret. En Estonie, la Feuille de route pour le mentorat numérique dans le secteur du tourisme dans le contexte de son passage au numérique vise à renforcer la culture et la transformation numériques des entreprises du tourisme grâce au mentorat : les entreprises sont tenues de contribuer à hauteur de 10 % au coût du mentorat sur une période de cinq mois. En contrepartie, les entreprises bénéficient d’une formation à la gestion des ressources numériques et d’une feuille de route sur trois ans qui est adaptée à leurs besoins afin de les aider à gagner en rentabilité et en efficience. L’Estonie applique aussi une mesure de soutien aux prestataires de services touristiques qui encourage le recours à des solutions numériques centralisées pour la gestion des ressources et crée des interfaces entre les solutions numériques déjà utilisées.
En Irlande, le programme Digital that Delivers est conçu pour accompagner pendant deux ans le passage au numérique des attractions touristiques, des prestataires d’activités et des visites à la journée. Le programme prévoit des services de formation et de mentorat proposés par des spécialistes du numérique, ainsi qu’un soutien financier ; les entreprises peuvent ainsi améliorer leur publicité et leur visibilité et offrir la possibilité de réserver en ligne. En Allemagne, le Centre numérique pour le tourisme - Mittelstand, dote les PME de connaissances pratiques sur les technologies numériques, les systèmes de données et d’autres solutions numériques tout au long de la chaîne de valeur du tourisme. Le Centre, qui met en relation les entreprises et les fournisseurs de solutions numériques, se concentre sur la technologie et les domaines prospectifs qui présentent un intérêt particulier pour le secteur.
Les plateformes centralisées peuvent servir de point d’entrée aux entreprises du tourisme en leur offrant une plus grande visibilité, mais en leur donnant aussi accès à des outils en ligne pour améliorer la gestion des connaissances, la formation et la visualisation des données. Ces initiatives sont souvent assorties de mesures incitatives pour encourager la participation des PME du tourisme et leur utilisation active des services en ligne, mais elles permettent aussi de recueillir des données à des fins d’analyse et d’élaboration de mesures adaptées. L’Italie a mis en place une plateforme du tourisme numérique pour encourager l’adoption des technologies numériques. Il s’agit d’une plateforme ouverte et flexible qui facilite la publication de contenus, la promotion de destinations et l’intégration d’offres touristiques publiques et privées. Elle aide les touristes à entrer plus facilement en contact avec l’écosystème du tourisme italien, ce qui favorise des expériences plus personnalisées. Elle est susceptible, à l’avenir, de servir de base à la prise de décisions stratégiques, un processus qui sera alimenté par le traitement des données et l’intégration de l’IA et de l’apprentissage automatique.
La Grèce est en train de développer la plateforme en ligne My Digital Tourism, qui vise à aider les entreprises à créer de nouveaux produits, à simplifier les processus et à stimuler l’investissement dans le secteur dans le cadre du Plan d’action 2024. La plateforme permettra de faciliter la soumission de documents pour l’octroi de licences, de gérer les réclamations des touristes, d’inspecter les entreprises et de recueillir des statistiques sur les hébergements touristiques, au moyen d’un sous-système enregistrant les arrivées et les départs. Avec un lancement prévu début 2025, elle devrait bénéficier à plus de 100 000 entreprises du tourisme.
L’accès à internet à haut débit est essentiel pour tirer parti des possibilités sociales et économiques offertes par la transformation numérique, comme le télétravail et les nouveaux processus et modèles économiques. En 2022, en moyenne dans les pays de l’OCDE, les habitants des régions métropolitaines disposent d’un accès à internet qui est 40 % plus rapide que ceux des régions éloignées des métropoles (OECD, 2022[17]). Le déploiement de technologies de pointe exige d’investir dans les infrastructures numériques nécessaires, en particulier concernant les destinations touristiques, qui se trouvent souvent en dehors des capitales. Au Royaume-Uni, les investissements dans la connectivité numérique à l’échelle du pays, comme la fibre optique et la 5G, ont permis de stimuler l’innovation dans l’économie du tourisme. En effet, pour rester compétitif à l’échelle mondiale, le secteur du tourisme doit innover et exploiter pleinement les technologies et les données numériques afin d’améliorer l’expérience des visiteurs.
Consolider les données pour orienter et évaluer l’action publique dans le secteur du tourisme
Compte tenu des mutations rapides que connaît le secteur du tourisme, les pouvoirs publics s’intéressent de plus en plus au rôle des données dans le processus d’élaboration des politiques et aux catégories de données qui sont nécessaires pour éclairer la prise de décisions dans le secteur. Alors que partout dans le monde ils redéfinissent leurs stratégies en matière de tourisme et déterminent des objectifs et des indicateurs à plus court terme, ils soulignent l’importance grandissante de recueillir et de diffuser en temps voulu des données détaillées et comparables pour éclairer et évaluer les politiques du tourisme. Cette démarche est particulièrement importante pour s’adapter efficacement à un paysage dynamique en mutation, avec des ressources souvent limitées.
La prise en compte du développement durable dans les stratégies et les plans touristiques à plus long terme a mis en évidence le manque de données autres que les indicateurs économiques et financiers. De nouvelles mesures s’imposent pour engager des actions et en évaluer l’efficacité en vue d’adopter des modèles de tourisme plus résilients, plus durables et plus inclusifs. À l’échelle internationale, les actions menées ont principalement visé à recenser les mesures envisageables, notamment via le cadre statistique récemment approuvé de mesure de la durabilité du tourisme (SF-MST), sous l’égide de l’ONU Tourisme. Les initiatives nationales et internationales visant à améliorer les bases de données sur le tourisme à l’appui de politiques du tourisme durable sont examinées en détail au chapitre 3.
Une attention accrue a été accordée au suivi et à l’évaluation de l’efficacité des politiques du tourisme, avec l’intégration de cibles, d’indicateurs et d’objectifs plus concrets dans les nouvelles stratégies et les nouveaux plans. Toutefois, la nature fragmentée du secteur, le nombre élevé de PME et le retard des entreprises du tourisme en termes de capacités techniques font que la collecte de données sur le tourisme est plus complexe. La reprise du tourisme a aussi fait prendre davantage conscience du rôle que jouent les prévisions, qu’elles soient ou non immédiates, pour définir des politiques plus stratégiques. Le Portugal a récemment mené une étude de faisabilité pour mettre au point un nouveau modèle de prévision de la demande touristique internationale qui permettra de prendre des décisions plus éclairées en matière d’allocation des ressources, de marketing et de développement du tourisme, grâce à des prévisions plus précises de la demande.
Alors que la prise de décision se déplace de plus en plus vers les niveaux infranational et local, grâce à des pratiques de gouvernance plus collaboratives, à plusieurs niveaux, et à l’évolution du rôle des organisations de gestion des destinations (OGD), il est nécessaire d’affiner le niveau de mise à disposition des données utiles. Dans ce contexte, l’Office slovène du tourisme a mis sur pied le Centre national d’information sur le tourisme, une plateforme de collecte et de traitement des données locales, nationales et internationales relatives au tourisme. Quant au Danemark, il a adopté une approche collaborative qui intègre de multiples sources de données au sein d’un portail national de données afin de faciliter une prise de décisions plus rapide pour les OGD et les entreprises (Encadré 1.11).
Le Tableau de bord de données sur les tendances en matière de tourisme durable de l’Office national allemand du tourisme contient des informations détaillées sur l’attitude des consommateurs non résidents à l’égard de la durabilité, de la protection du climat et du voyage durable. Il fournit aussi des données sur la perception de l’Allemagne en tant que destination et sur le comportement actuel des voyageurs du point de vue de la durabilité, notamment l’intérêt pour les voyages multidestinations, la durée du séjour, la densité touristique et les émissions d’équivalent CO2 liées aux transports.
Encadré 1.11. Créer des plateformes nationales de données pour améliorer l’accès aux données au niveau infranational
Copier le lien de Encadré 1.11. Créer des plateformes nationales de données pour améliorer l’accès aux données au niveau infranationalSlovénie : Le Centre national d’information sur le tourisme vise à créer un portail centralisé unique dans lequel les données locales, nationales et internationales relatives au tourisme seront recueillies et traitées, à l’appui d’un processus décisionnel fondé sur les données. Le Centre d’information vise à accélérer la transition verte et numérique et à améliorer le Plan vert du tourisme slovène. Le projet comporte deux phases parallèles :
Déployer un outil moderne d’analyse numérique pour mesurer l’impact du tourisme dans toutes les grandes destinations touristiques du pays, en vue de favoriser la transition durable du secteur.
Mesurer les flux touristiques et déterminer la capacité d’accueil des principales destinations et la répartition géographique du développement touristique dans une optique de durabilité.
La phase de mise au point du prototype, qui s’est achevée en 2023, a consisté à analyser les sources de données, à préparer les spécifications fonctionnelles ainsi qu’à organiser le déploiement et à définir l’architecture du Centre d’information. La phase de mise en œuvre a débuté en 2024. Compte tenu de la complexité du projet, des spécialistes des technologies de l’information, de l’analytique des données, de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique participeront à la phase de mise en œuvre, qui devrait s’achever d’ici fin 2025.
Danemark : une plateforme nationale de données sur le tourisme, lancée en 2023, vise à mettre à la disposition des OGD et des partenaires des données et des outils pour étayer la prise de décisions. En recoupant diverses sources de données et en combinant les données, les acteurs danois du tourisme peuvent mieux comprendre le comportement des touristes et prendre de meilleures décisions commerciales. La plateforme recoupe des données provenant de sources publiques et commerciales (par exemple, Visa, entreprises télécoms), offrant ainsi aux OGD de nouvelles possibilités en matière de données qui n’étaient pas disponibles auparavant à ce niveau, ainsi que des données sur le nombre de nuitées et de visiteurs et sur les attractions. Sur le long terme, cette plateforme permettra aux OGD de s’inspirer de l’expérience d’autres destinations et de comparer les résultats locaux avec de nouvelles données de référence adaptées. La plateforme permet également aux OGD de stocker leurs données en toute sécurité. Fin 2023, toutes les OGD danoises étaient rattachées à la plateforme, et ce devrait être le cas des entreprises en 2024.
Vu l’importance de mieux suivre l’évolution des politiques du tourisme et de mieux quantifier les résultats, la demande de sources de données différentes ne cesse de croître. Les statistiques classiques sont établies selon des méthodologies et des procédures convenues à l’échelle internationale, ce qui garantit leur comparabilité entre les pays. Ces statistiques sont toutefois souvent publiées avec un décalage important et peuvent ne pas être assez détaillées. À l’inverse, si d’autres sources de données, comme les données de transaction et de géolocalisation par téléphone, ne respectent pas les mêmes normes statistiques strictes, elles fournissent des informations plus actuelles et plus détaillées sur les flux touristiques et les dépenses connexes. Elles permettent aux responsables de l’action publique de réagir plus rapidement face aux nouvelles tendances et situations, en particulier lorsqu’elles sont utilisées en complément de statistiques officielles.
La transformation numérique a ouvert de nouvelles possibilités s’agissant d’obtenir des données d’actualité plus détaillées. Il faut toutefois que les décideurs fassent bien connaître leurs besoins en matière de données, et qu’en retour les utilisateurs de données et les responsables de l’élaboration des données les communiquent clairement aux décideurs, de même que les enseignements qu’ils en tirent. Cette démarche implique de promouvoir l’automatisation pour améliorer l’efficience et réduire les coûts, ce qui nécessitera l’adhésion des responsables politiques grâce à l’allocation de ressources pour construire et exploiter les systèmes nécessaires. La Suède pilote actuellement un projet de collaboration avec les pays nordiques en vue d’intégrer les données de transaction dans la compilation des comptes satellites nationaux du tourisme (CST). Cette méthode devrait permettre d’obtenir des estimations plus précises et des données plus fines sur le tourisme et de raccourcir les délais de mise à disposition, à moindre coût. Le projet, lancé en 2022, est financé jusqu’à fin 2024, avec l’espoir d’obtenir de nouveaux fonds nordiques jusqu’en 2025 afin que le nouveau modèle de CST puisse être pleinement opérationnel dans les pays nordiques d’ici 2026.
Si les nouvelles sources de données ouvrent de nouvelles perspectives, il ne faut pas, pour répondre à la demande, chercher à accroître le volume global des données recueillies, mais viser plutôt à recueillir les données appropriées, au bon moment, et à les transmettre en temps voulu aux décideurs, dans un format lisible.
Références
[5] Booking.com and Statista.com (2024), European Accommodation Barometer 2024, https://www.statista.com/study/168004/2024-european-accommodation-barometer/.
[6] ForwardKeys (2024), Demand for summer travel in Europe fully recovers to pre-pandemic levels, https://forwardkeys.com/european-summer-travel-outlook-2024/.
[7] IATA (2024), Air Passenger Market Analysis: April 2024, https://www.iata.org/en/iata-repository/publications/economic-reports/air-passenger-market-analysis-april-2024/.
[9] McKinsey & Company (2024), What is the future of travel?, https://www.mckinsey.com/featured-insights/mckinsey-explainers/what-is-the-future-of-travel.
[12] OCDE (2024), Le financement des PME et des entrepreneurs 2024 (version abrégée) : Tableau de bord, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/4e1ae8fa-fr.
[2] OCDE (2024), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2024 Numéro 1 : L’amorce d’une reprise, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/bd18c5ae-fr.
[8] OCDE (2023), L’Observateur de l’action climatique 2023 : Information sur le chemin parcouru vers la neutralité carbone, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/c9afa06c-fr.
[14] OCDE (2022), La fiscalité immobilière dans les pays de l’OCDE, Études de politique fiscale de l’OCDE, n° 29, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/242b9308-fr.
[4] OECD (2024), OECD Economic Outlook, May 2024, OECD Publishing, Paris, https://www.oecd.org/economic-outlook/may-2024/.
[16] OECD (2024), SME digitalisation in 2024 Managing shocks and transitions. An OECD D4SME Survey, https://www.oecd.org/content/dam/oecd/en/networks/oecd-digital-for-smes-global-initiative/FINAL-D4SME-2024-Survey-Policy-Highlights.pdf/_jcr_content/renditions/original./FINAL-D4SME-2024-Survey-Policy-Highlights.pdf.
[17] OECD (2022), OECD Regions and Cities at a Glance 2022, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/14108660-en.
[13] OECD (2021), G20 Rome guidelines for the future of tourism, OECD Publishing, Paris, https://www.oecd.org/cfe/g20-rome-guidelines-for-the-future-of-tourism-d11080db-en.htm.
[15] OECD (2021), « SMEs Going Digital : Policy challenges and recommendations », OECD Going Digital Toolkit Notes, n° 15, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/c91088a4-en.
[10] Tourism Panel on Climate Change (2023), Tourism and Climate Change Stocktake, https://tpcc.info/stocktake-report/.
[11] UN Tourism (2024), Policy Guidance to Support Climate Action by National Tourism Administrations, UN Tourism, https://doi.org/10.18111/9789284425365.
[3] UN Tourism (2024), UNWTO World Tourism Barometer and Statistical Annex, January 2024, https://doi.org/10.18111/wtobarometereng.
[1] UN Tourism (2024), UNWTO World Tourism Barometer and Statistical Annex, May 2024, https://doi.org/10.18111/wtobarometereng.
[19] WEF (2024), Travel & Tourism Development Index 2024.
[18] World Travel & Tourism Council (2021), A Net Zero Roadmap for Travel & Tourism. Proposing a new target Framework for the Travel & Tourism Sector, https://wttc.org/Portals/0/Documents/Reports/2021/WTTC_Net_Zero_Roadmap.pdf.
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