Ce chapitre examine tout d’abord différents indicateurs du volume de l’emploi des immigrés dans les dix pays partenaires du projet « L’évaluation de la contribution économique des migrations de travail dans les pays en développement comme pays de destination ». Il analyse ensuite une série d’indicateurs de la nature et de la qualité de l’emploi. L’accent est ici mis sur les évolutions sectorielles et professionnelles pour les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger. Ce chapitre examine en outre l’évolution professionnelle au moyen d’une méthode de décomposition démographique qui permet la réalisation de différentes comparaisons, notamment entre les travailleurs immigrés et les jeunes autochtones faisant leur entrée sur le marché du travail. Il compare enfin le niveau d’éducation de la population née dans le pays et de celle née à l’étranger, et analyse les inadéquations entre emplois et compétences.
Comment les immigrés contribuent à l'économie des pays en développement
Chapitre 3. Intégration des immigrés : Performances sur le marché du travail et capital humain
Abstract
D’après les conclusions du projet « L’évaluation de la contribution économique des migrations de travail dans les pays en développement comme pays de destination », le volume et la qualité de l’emploi de la population née à l’étranger déterminent en grande partie leur contribution économique. Par immigré, on entend tout individu né à l’étranger et résidant actuellement dans le pays de destination (voir le Chapitre 1).
Parmi les dix pays partenaires du projet, cinq sont classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Costa Rica, la République dominicaine et la Thaïlande), trois dans celle des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Kirghizistan), et les deux restants, dans celle des pays à faible revenu (le Népal et le Rwanda). Dans ces pays, le travail indépendant est plus répandu que dans ceux à revenu élevé, et le secteur agricole emploie souvent une grande part de la main-d’œuvre. La plupart des pays partenaires du projet ont connu d’importants changements structurels ces 10-15 dernières années, qui ont une incidence sur l’emploi de la population autochtone comme de celle née à l’étranger.
Afin d’évaluer l’intégration des immigrés sur le marché du travail dans le contexte dynamique de changements structurels, ce chapitre examine une série d’indicateurs clés du marché du travail (Organisation internationale du travail [OIT], 2016a)1 . Il compare les performances de la population née à l’étranger sur le marché du travail à celles de la population autochtone, adoptant ainsi implicitement les performances de cette dernière comme point de référence (OCDE/Union européenne, 2015). Ce faisant, il pose aussi les fondements des chapitres suivants de ce rapport sur l’impact de l’immigration sur le plan de l’emploi (Chapitre 4), et les interactions entre immigration et croissance économique (Chapitre 5) et finances publiques (Chapitre 6).
Les travailleurs nés à l’étranger, en particulier lorsqu’ils sont jeunes, sont souvent bien intégrés dans les pays partenaires du projet en termes de taux d’emploi. Dans la moitié des pays partenaires du projet, les travailleurs nés à l’étranger sont relativement jeunes et contribuent à pallier le vieillissement de la main-d’œuvre, dans la mesure où ils représentent une part considérable de cette dernière. Cependant, le nombre de travailleurs immigrés est suffisamment faible dans la plupart des pays partenaires du projet pour permettre aux jeunes autochtones faisant leur entrée dans la population active d’être moteurs de changements sur le marché du travail.
Parallèlement, les secteurs et professions employant les travailleurs nés à l’étranger sont habituellement associés à des emplois de piètre qualité. Les travailleurs immigrés sont ainsi largement représentés dans les professions peu qualifiées dans la plupart des pays partenaires du projet et sont en général surreprésentés dans le secteur de la construction et les services d’hébergement et de restauration. La faiblesse du niveau d’éducation des travailleurs immigrés se traduit souvent par l’occupation d’emplois peu qualifiés. En outre, l’inadéquation entre compétences et emplois représente un risque supplémentaire pour les travailleurs immigrés, en particulier dans les professions semi-qualifiées.
D’après les résultats de ce chapitre, les décideurs politiques devraient se soucier de la qualité de l’emploi des immigrés et de leur accès à ce dernier. La diversification des secteurs d’emploi des immigrés et des professions qu’ils exercent pourrait améliorer cette qualité. D’autres solutions pourraient consister à former les travailleurs immigrés et à réduire les inadéquations entre compétences et emplois. Il importe tout autant de garantir la représentation adéquate des travailleurs migrants par les syndicats et autres organismes compétents. En outre, les travailleuses immigrées rencontrent souvent des difficultés liées non seulement à la qualité de l’emploi, mais aussi à l’accès à ce dernier.
Croissance globale de la population active
La croissance démographique joue un rôle déterminant dans la taille de la population active. Parmi les pays partenaires du projet, c’est dans deux pays d’Afrique subsaharienne – au Ghana et au Rwanda – que la croissance démographique a été la plus forte (avec un taux annuel de 2.7 %), et en Argentine et en Thaïlande qu’elle a été la plus faible (avec des taux de 1.0 % et 0.7 % respectivement). Ces taux concernent les périodes listées au Tableau 3.1, sur lesquelles se concentre en grande partie l’analyse de ce chapitre2 .
Tableau 3.1. La croissance de la population active est en général plus forte chez les immigrés que chez les autochtones
Taux de croissance annuel de la population et de la population active, selon le lieu de naissance
Période |
Population née à l’étranger (dernière année disponible, %) |
Taux de croissance annuel de la population (%) |
Taux de croissance annuel de la population active (%) |
|||
---|---|---|---|---|---|---|
Populations autochtone et née à l’étranger confondues |
Population autochtone |
Population née à l’étranger |
||||
Kirghizistan |
1999-2009 |
4.5 |
1.7 |
1.9 |
2.4 |
-5.2 |
Népal |
2001-11 |
1.9 |
1.5 |
0.9 |
0.9 |
-2.7 |
Côte d’Ivoire |
1995-2008 |
7.1 |
2.6 |
4.1 |
4.5 |
1.7 |
Costa Rica |
2000-11 |
9.1 |
1.1 |
2.3 |
2.1 |
3.4 |
Argentine |
2005-15 |
4.4 |
1.0 |
2.9 |
2.9 |
3.5 |
Rwanda |
2002-12 |
3.1 |
2.7 |
2.4 |
2.4 |
3.6 |
Ghana |
2000-10 |
1.3 |
2.7 |
2.7 |
2.6 |
8.5 |
Afrique du Sud |
2001-11 |
4.2 |
1.8 |
2.4 |
1.9 |
8.9 |
République dominicaine |
2002-10 |
4.2 |
2.1 |
0.2 |
-0.4 |
16.7 |
Thaïlande |
2000-10 |
3.8 |
0.7 |
1.5 |
1.0 |
29.1 |
Note : Les données de la Thaïlande sur la population active ne sont pas disponibles et se réfèrent donc uniquement à l’emploi.
Source : Calculs des auteurs basés sur les données des recensements de population du Minnesota Population Center (2017) ou des instituts nationaux de la statistique (voir OCDE/OIT, 2017a et b, et à paraître a-h).
Dans la plupart des pays partenaires du projet, le taux de croissance annuel moyen de la population active née à l’étranger est supérieur à celui de la population active autochtone. Échappent à ce constat la Côte d’Ivoire, le Kirghizistan et le Népal. C’est en Thaïlande que le taux de croissance a été le plus fort (29.1 %), la population active née à l’étranger passant de 144 000 individus en 2000 à 1.8 million en 2010. La population active née à l’étranger atteignait 1.6 million en Afrique du Sud en 2011, plus de 1 million en Côte d’Ivoire en 2008 et 0.9 million en Argentine en 2010. Dans chacun des pays partenaires restants, le nombre de travailleurs nés à l’étranger ne dépassait pas le quart de million vers 2010. La population née à l’étranger représentait moins de 5 % de la population totale dans tous les pays partenaires du projet, à l’exception du Costa Rica et de la Côte d’Ivoire. Le Kirghizistan et le Népal ont enregistré un recul annuel de leur population active née à l’étranger en raison de la diminution du taux de participation à la main-d’œuvre de la population née à l’étranger.
L’incidence de la croissance de la population active immigrée sur le taux de croissance de la population active née dans le pays et de la population active totale diffère entre les pays partenaires du projet. En Afrique du Sud, en République dominicaine et en Thaïlande, le taux de croissance de la population active née dans le pays a connu une forte hausse. En Argentine, au Népal et au Rwanda, le taux de la population active née dans le pays est similaire à celui de la population active totale, signe de l’incidence limitée des immigrés. Dans le reste des pays partenaires du projet, la différence de taux de croissance entre la population active née dans le pays et la population active totale est faible (inférieure ou égale à 0.2 point de pourcentage au Costa Rica et au Ghana) ou négative (en Côte d’Ivoire et au Kirghizistan).
Les travailleurs immigrés ont souvent accès à l’emploi
Les travailleurs immigrés sont souvent bien intégrés sur le marché du travail en termes de participation à la main-d’œuvre et de taux d’emploi et de chômage. Dans cinq des pays partenaires du projet (Afrique du Sud, Costa Rica, Côte d’Ivoire, République dominicaine et Thaïlande), le taux d’emploi de la population née à l’étranger est supérieur à celui de la population autochtone, tandis que la différence de taux est minime dans deux autres (Argentine et Ghana) (Graphique 3.1). En revanche, au Kirghizistan, au Népal et au Rwanda, le taux d’emploi est considérablement plus faible dans la population née à l’étranger, tendance qui s’observe également pour le taux de participation à la main-d’œuvre. Le taux d’emploi relativement élevé de la population née à l’étranger dans la plupart des pays partenaires du projet contraste avec la relative faiblesse de ce taux dans nombre de pays à revenu élevé3 . Dans certains pays, dont le Népal et le Rwanda, le taux d’emploi relativement élevé de la population née dans le pays peut s’expliquer par la faiblesse du revenu par habitant et le rôle dominant de l’emploi dans le secteur agricole.
Dans tous les pays partenaires du projet, le taux d’emploi des femmes est inférieur à celui des hommes, et diffère dans certains pays en fonction de leur lieu de naissance (nées dans le pays ou à l’étranger) (Graphique 3.2). Au Ghana et au Népal, le taux d’emploi des femmes nées à l’étranger est ainsi sensiblement inférieur à celui des femmes autochtones, alors que c’est la tendance inverse qui s’observe chez les hommes au Népal et, dans une certaine mesure, au Ghana. En Côte d’Ivoire et en République dominicaine, la différence de taux d’emploi selon le lieu de naissance (taux de la population autochtone moins taux de celle née à l’étranger) est minime chez les femmes, mais très marquée chez les hommes.
Le taux de chômage est souvent relativement favorable dans la population née à l’étranger. Dans quatre des pays partenaires du projet (Afrique du Sud, Argentine, Côte d’Ivoire et République dominicaine), le taux de chômage de la population autochtone est supérieur à celui de la population née à l’étranger, tandis que les différences entre ces deux groupes sont limitées au Ghana et au Népal (Graphique 3.3). Au Costa Rica, le taux de chômage est identique dans ces deux groupes (7.5 %). C’est en Afrique du Sud que le taux de chômage est le plus élevé dans la population autochtone (41.1 %) comme dans celle née à l’étranger (22.8 %), et que les différences sont les plus marquées entre ces deux groupes.
Différents facteurs peuvent contribuer à expliquer l’intégration des travailleurs immigrés en matière de taux d’emploi et de chômage. Ainsi, une partie de l’emploi de la population née à l’étranger est préalablement négocié, temporaire ou saisonnier, et les travailleurs ne restent pas dans leur pays de destination au-delà de la date prévue de fin de leur mission. En outre, la plus grande limitation de l’accès ou de l’éligibilité de la population née à l’étranger à la couverture sociale, notamment aux allocations chômage, peut aussi jouer un rôle (voir le Chapitre 2). Une autre explication tient au fait que les groupes de travailleurs immigrés ont la possibilité de s’appuyer sur des réseaux de personnes du même pays d’origine, augmentant ainsi leurs chances de trouver un emploi (voir par exemple OCDE/OIT, à paraître a).
Dans certains pays, les immigrés pourraient contribuer à pallier le vieillissement de la main-d’œuvre
Dans l’ensemble des pays partenaires du projet, le ratio total inactifs/actifs a reculé de 5 à 18 points de pourcentage au cours des périodes listées au Tableau 3.1. Il s’agit du ratio entre les individus âgés de moins de 15 ans ou de plus de 64 ans et ceux âgés de 15 à 64 ans. Ce recul résulte en grande partie de la diminution du pourcentage d’individus âgés de moins de 15 ans dans la population : le ratio de dépendance des enfants a en effet diminué de 6 à 15 points de pourcentage selon les pays. Le ratio de dépendance des personnes âgées est quant à lui resté identique ou a enregistré une hausse allant jusqu’à 4 points de pourcentage dans l’ensemble des pays partenaires du projet, à l’exception du Ghana et du Kirghizistan où il a reculé. Toutefois, l’augmentation du ratio de dépendance des personnes âgées n’a pas compensé le recul du ratio de dépendance des enfants.
L’immigration pourrait contribuer à pallier le vieillissement de la population et garantir une offre régulière de main-d’œuvre plus jeune. D’après la Division de la statistique des Nations Unies, le ratio total inactifs/actifs devrait reculer dans 5 des 10 pays partenaires du projet au cours des 50 prochaines années. Une hausse est toutefois attendue en Argentine, au Costa Rica, en République dominicaine et en Thaïlande4 . Dans ces deux derniers pays, le pourcentage de la population née à l’étranger âgée de 15 à 34 ans est déjà relativement important. Ce constat vaut également dans trois autres pays partenaires du projet qui prévoient une diminution de leur ratio inactifs/actifs (Afrique du Sud, Ghana et Rwanda, voir le Graphique 3.4).
Le chômage touche moins les jeunes travailleurs immigrés
Le chômage des jeunes est un grand sujet de préoccupation dans la plupart des pays du monde. Toutefois, dans les pays partenaires du projet, il semble moins toucher les travailleurs immigrés que ceux nés dans le pays. Une fois encore, ce constat nous ramène à la question de l’intégration sur le marché du travail en termes d’accès à l’emploi dans les pays partenaires du projet. Les jeunes nés à l’étranger n’ont un taux de chômage plus élevé que leurs pairs autochtones qu’au Kirghizistan et au Rwanda (Graphique 3.5). En Afrique du Sud, malgré le niveau extrêmement élevé du chômage des jeunes dans tous les groupes de travailleurs, la différence de taux de chômage entre les jeunes autochtones (66 %) et leurs pairs nés à l’étranger (36 %) est également marquée. Les écarts entre ces deux groupes diffèrent selon le sexe. Bien que dans la plupart des pays partenaires du projet, le taux de chômage soit plus élevé chez les jeunes hommes autochtones que chez leurs pairs nés à l’étranger, c’est l’inverse qui s’observe chez les jeunes femmes (Graphique 3.5). Le taux de chômage des jeunes femmes autochtones n’est supérieur à celui des jeunes femmes nées à l’étranger qu’en Argentine et au Costa Rica.
En outre, l’infériorité du ratio taux de chômage des jeunes/taux de chômage des adultes dans la population née à l’étranger semble indiquer que, dans la plupart des pays partenaires du projet, les jeunes nés à l’étranger jouissent d’une position relativement favorable sur le marché du travail par rapport à leurs pairs nés dans le pays (Graphique 3.5). Ce ratio ne tient toutefois pas compte de la qualité de l’emploi, aspect pour lequel les jeunes – autochtones comme nés à l’étranger – sont défavorisés par rapport aux adultes.
Compte tenu des activités les plus répandues parmi les jeunes – l’emploi ou les études –, il est intéressant d’examiner le pourcentage de jeunes sans emploi ne suivant ni études ni formation (aussi appelés les « NEET », de l’anglais not in education, employment or training). Dans la plupart des pays partenaires du projet, le pourcentage de NEET est plus élevé parmi les jeunes hommes autochtones que parmi leurs pairs nés à l’étranger, tandis que la tendance inverse s’observe chez les jeunes femmes (Graphique 3.6). Il n’est pas étonnant d’observer un taux de chômage inférieur parmi les immigrés, dans la mesure où nombre d’entre eux émigrent vers les pays partenaires du projet à la recherche d’un emploi ou après négociation préalable d’un contrat. Le niveau inférieur des revenus familiaux ou les obstacles à la scolarisation, par exemple en termes de compétences linguistiques, peuvent aussi pousser les jeunes immigrés à travailler. Il conviendrait d’accorder davantage d’importance à l’intégration des femmes, qui sont en général plus défavorisées au regard d’un certain nombre d’indicateurs clés du marché du travail dans la plupart des pays partenaires du projet.
Manque d’emplois décents
Si l’intégration des travailleurs immigrés semble bonne en termes d’accès au marché du travail, elle est néanmoins en général plus difficile sur le plan de la qualité de l’emploi. Les immigrés sont en effet souvent confrontés à un manque d’emplois décents. Cette section examine une série d’indicateurs jouant un rôle important dans l’identification de ce type de déficits.
L’une des méthodes couramment utilisées pour l’évaluation de la qualité de l’emploi consiste à analyser l’évolution de l’emploi vulnérable et de l’emploi non vulnérable, que l’on distingue sur la base d’une classification en fonction de la situation dans la profession. L’emploi vulnérable correspond à la somme des personnes travaillant pour leur propre compte et des travailleurs familiaux collaborant à l’entreprise familiale. Ces travailleurs sont moins susceptibles de bénéficier de modalités formelles d’emploi. Dans les pays à faible revenu, notamment, et en l’absence de protection sociale, le travail indépendant sert souvent de solution de dernier recours (OIT, 2016b ; Sparreboom et Albee, 2011). Cependant, emploi non vulnérable n’est pas nécessairement synonyme d’emploi décent, par exemple lorsqu’une part importante de l’emploi salarié est occasionnel, informel ou limité dans le temps. Le manque d’emplois décents peut aussi résulter de la mauvaise application des normes du travail ou de l’insécurité de l’emploi, comme c’est souvent le cas dans les formes atypiques d’emploi (Encadré 3.1).
Encadré 3.1. Emploi atypique et informel parmi les travailleurs immigrés dans les pays partenaires du projet
Par formes atypiques d’emploi (FAE), on entend toute forme d’emploi dont les caractéristiques diffèrent à un ou plusieurs égards d’un emploi « à plein temps et de durée indéterminée dans le cadre d’une relation de subordination entre un employé et son employeur » (OIT, 2016c, p. xxi). Les FAE incluent par exemple le travail saisonnier, temporaire ou occasionnel, ainsi que le travail à temps partiel. Elles sont de plus en plus répandues tant dans les économies à revenu élevé que dans celles en développement, sous l’effet de facteurs liés à la mondialisation et aux progrès technologiques, ainsi que des évolutions sociales (par exemple, l’augmentation du taux de participation des femmes à la main-d’œuvre). Or les FAE comportent des risques pour les travailleurs et les entreprises, en particulier lorsqu’elles ne sont pas exercées de façon volontaire. Les travailleurs s’exposent notamment au risque de voir restreints leur sécurité de l’emploi et du revenu, ainsi que leur accès à la représentation et à la sécurité sociale.
Les travailleurs migrants sont plus susceptibles que les autres d’occuper un emploi atypique. Parmi les raisons possibles, l’une tient au fait qu’une certaine proportion de travailleurs immigrés se trouve en situation irrégulière dans leur pays d’accueil, statut qui les empêche d’accéder aux emplois traditionnels sur un pied d’égalité avec les travailleurs nés dans le pays. Bien qu’il soit difficile d’avoir accès à des chiffres fiables, le nombre d’individus cherchant depuis 2000 à régulariser leur situation juridique en Afrique du Sud et en Thaïlande atteste de l’importance de ces obstacles (voir le Chapitre 2 et OCDE/OIT, 2017b et à paraître e).
En Afrique du Sud, au Ghana et en Thaïlande, l’emploi transfrontalier, souvent saisonnier, offre un autre exemple d’emploi atypique. Compte tenu du caractère saisonnier des migrations en Thaïlande, il est fréquent que les travailleurs nés à l’étranger n’aient pas les moyens de faire les démarches officielles d’enregistrement quand elles ont un coût (Rukumnuaykit, 2009). En outre, l’organisation de l’emploi atypique des immigrés par des intermédiaires, sans relation directe entre travailleurs et employeurs, serait liée à des formes d’exploitation des travailleurs en Thaïlande (Vasuprasat, 2016).
D’après les données d’une enquête de 2012 sur la population active en Afrique du Sud, dans les principaux secteurs d’emploi des immigrés, tels que la construction et le commerce (voir le Tableau 3.2), le pourcentage de travailleurs ne disposant que d’un contrat oral est bien plus élevé parmi ceux nés à l’étranger que parmi les autochtones. Dans ces deux secteurs, la moitié environ des travailleurs immigrés ne disposent que d’un contrat oral (52 % dans la construction et 49 % dans le commerce), contre respectivement 31 % et 15 % parmi les travailleurs nés dans le pays (Statistics South Africa, 2012). En outre, dans ces deux secteurs, la participation syndicale est bien plus faible parmi les travailleurs nés à l’étranger que parmi ceux nés dans le pays.
Au Ghana, à l’échelle nationale, près de 7 % des travailleurs autochtones ne disposaient en 2012 d’aucun contrat ou que d’un contrat oral, contre près de 9 % des travailleurs nés à l’étranger (GSS, 2013). Dans le secteur de la construction, qui emploie aussi nombre de travailleurs immigrés au Ghana, ces pourcentages sont encore plus élevés, tant parmi les travailleurs autochtones que parmi ceux nés à l’étranger. Les travailleurs nés à l’étranger exerçant des professions peu ou très qualifiées sont particulièrement désavantagés. Toutefois, la tendance inverse s’observe dans les professions semi-qualifiées, où le pourcentage de travailleurs nés dans le pays ne disposant que d’un contrat oral est relativement élevé. De même, d’après les données d’une enquête de 2008 sur la population active au Népal, plus d’un travailleur autochtone sur cinq bénéficiait d’un contrat à durée indéterminée, contre moins d’un travailleur né à l’étranger sur dix.
L’emploi atypique et l’emploi informel présentent des caractéristiques communes (voir OIT, 2016c). Conformément aux directives sur la mesure de l’emploi informel, adoptées par la 17e Conférence internationale des statisticiens du travail en 2003, l’emploi informel inclut : (1) les travailleurs à leur propre compte et employeurs occupés dans leur propre entreprise du secteur informel ; (2) les travailleurs familiaux collaborant à l’entreprise familiale ; (3) les membres de coopératives informelles de producteurs ; et (4) les salariés exerçant un emploi informel (OIT, 2003). D’après ces directives, « les salariés sont considérés comme ayant un emploi informel lorsque leur relation d’emploi n’est pas soumise, de par la loi ou dans la pratique, à la législation nationale du travail, à l’impôt sur le revenu, à la protection sociale ou au droit à certains avantages liés à l’emploi (par exemple, préavis en cas de licenciement, indemnité´ de départ, congés annuels ou de maladie rémunérés, etc.) ».
D’après les données disponibles sur les travailleurs immigrés dans les pays partenaires du projet, principalement basées sur des recensements de population, les catégories (1), (2) et (3) ne sont pas nécessairement plus prévalentes chez les travailleurs immigrés que chez ceux nés dans le pays (Graphique 3.7). Toutefois, les données ne permettent en général pas de comparer les travailleurs autochtones à ceux nés à l’étranger concernant l’emploi informel dans la catégorie (4). D’après les estimations sur l’emploi informel en Argentine et en Côte d’Ivoire, il est plus prévalent parmi les travailleurs immigrés que parmi ceux nés dans le pays (OCDE/OIT, à paraître a et f).
L’emploi salarié est répandu parmi les travailleurs immigrés, mais sa qualité varie
Fait surprenant peut-être, dans la plupart des pays partenaires du projet, le taux d’emploi vulnérable est plus élevé chez les travailleurs autochtones que chez ceux nés à l’étranger au cours de la période la plus récente à l’étude. Ce constat s’explique par le niveau relativement élevé d’emploi salarié parmi les travailleurs nés à l’étranger (Graphique 3.7). Au Rwanda et en Thaïlande, la différence de pourcentage de travailleurs salariés entre ces deux groupes s’établit respectivement à 26 et 44 points de pourcentage. Échappent à ce constat l’Argentine et la République dominicaine, où le travail indépendant est relativement répandu parmi les travailleurs nés à l’étranger. C’est en Afrique du Sud que le taux d’emploi salarié est le plus élevé, tant dans la population autochtone que dans celle née à l’étranger (89.1 % et 86.9 %, respectivement). Les taux d’emploi salarié les plus faibles dans la population née dans le pays s’observent au Ghana (23.1 %) et au Rwanda (17.3 %), tandis que les taux correspondants dans la population née à l’étranger s’établissent respectivement à 28.2 % et 43.6%. Dans la plupart des pays partenaires du projet, l’emploi vulnérable a reculé au cours de la période à l’étude, tendance dont les travailleurs nés à l’étranger ont en général davantage bénéficié que ceux nés dans le pays (Graphique 3.8). Ce constat s’explique en partie par la moindre dépendance des travailleurs nés à l’étranger vis-à-vis du secteur agricole, comme expliqué dans la sous-section ci-après.
La prévalence de l’emploi salarié dans la population née à l’étranger reflète différents facteurs, dont : les dispositions concernant les travailleurs migrants, telles que les accords bilatéraux (par exemple en Thaïlande) ; l’emploi salarié saisonnier de travailleurs migrants dans les zones frontalières (par exemple en Afrique du Sud, au Ghana et en Thaïlande) ; et les restrictions à la création d’entreprises par les immigrés (par exemple au Ghana). Le pourcentage d’employeurs est toutefois relativement élevé dans la population née à l’étranger dans la moitié environ des pays partenaires du projet, témoignant de la contribution significative des immigrés à l’entrepreneuriat, en particulier en Argentine, au Népal et au Rwanda. Il semble donc que le travail indépendant et le travail dans l’entreprise familiale servent moins de solutions de dernier recours aux travailleurs nés à l’étranger qu’on ne l’observe souvent, en particulier dans les économies à faible revenu (Sparreboom et Albee, 2011). Seul le Népal présente un pourcentage de travailleurs familiaux (marginalement) plus élevé dans la population née à l’étranger que dans l’autochtone.
Cependant, les travailleurs nés à l’étranger ont souvent une rémunération plus faible et de moins bonnes conditions de travail. Ils subissent par exemple des désavantages salariaux dans des pays tels que l’Afrique du Sud et l’Argentine (voir le Chapitre 4). Les immigrés peuvent en outre pâtir de leur concentration dans certains secteurs et professions, comme expliqué ci-après.
Les immigrés occupent une place croissante dans le secteur des services
Selon le discours traditionnel sur le développement, en période de croissance économique, le taux d’emploi vulnérable recule et le travail indépendant dans l’agriculture vivrière traditionnelle cède la place à l’emploi salarié dans l’industrie et les services (OIT, 2016a). Le secteur agricole a de fait vu sa part diminuer dans l’emploi de la population autochtone comme de celle née à l’étranger, dans tous les pays partenaires du projet à l’exception de la Côte d’Ivoire et du Népal (Graphique 3.9). Dans ce deux pays, l’emploi dans le secteur agricole a augmenté parmi les travailleurs nés à l’étranger, mais diminué parmi leurs homologues nés dans le pays, et ce dans une large mesure en Côte d’Ivoire. L’emploi dans le secteur industriel est en hausse dans plusieurs des pays partenaires du projet (Graphique 3.9).
L’emploi dans le secteur des services a augmenté parmi les travailleurs autochtones dans tous les pays partenaires du projet, et parmi les travailleurs nés à l’étranger dans tous les pays à l’exception de l’Argentine et de la Côte d’Ivoire (Graphique 3.9). Dans quatre pays partenaires du projet – l’Afrique du Sud, le Ghana, la République dominicaine et le Rwanda –, la hausse de l’emploi dans les services est sensiblement plus forte parmi les travailleurs nés à l’étranger que parmi ceux nés dans le pays. Dans deux autres – l’Argentine et le Kirghizistan –, la différence est faible entre ces deux groupes, signe du rôle croissant de l’emploi dans les services parmi les travailleurs nés à l’étranger.
L’ampleur relative de l’emploi des travailleurs nés à l’étranger dans le secteur des services s’explique vraisemblablement par des facteurs spécifiques à chaque pays. Au Rwanda, par exemple, les travailleurs nés à l’étranger sont très qualifiés et demandés dans un secteur des services en pleine expansion (OCDE/OIT, à paraître d). Au Ghana, le secteur des services affiche une forte croissance et attire par conséquent les travailleurs immigrés. Par contraste, en Argentine, l’économie a connu une transformation structurelle moins marquée et l’immigration est probablement moins liée à la croissance de secteurs spécifiques (OCDE/OIT, à paraître a et b).
Malgré le recul du secteur agricole, il emploie toujours le plus grand nombre de travailleurs dans la plupart des pays partenaires du projet (Graphique 3.10 et ANNEXE 3.A3). En Côte d’Ivoire, au Ghana, au Kirghizistan, au Népal et au Rwanda, les travailleurs – tant nés à l’étranger que dans le pays – sont principalement employés dans ce secteur. Dans ces pays, l’agriculture emploie de 42 % à 61 % des travailleurs autochtones, et de 31 % à 48 % des travailleurs nés à l’étranger.
Dans les autres pays partenaires du projet, l’agriculture occupe une place moins prépondérante dans l’emploi. En Argentine, c’est le commerce de gros et de détail qui emploie les pourcentages les plus importants de travailleurs, tant nés dans le pays qu’à l’étranger. En Afrique du Sud, au Costa Rica, en République dominicaine et en Thaïlande, le secteur principal d’emploi diffère entre les travailleurs autochtones (commerce, services domestiques privés et agriculture, respectivement) et ceux nés à l’étranger (services domestiques privés, agriculture, commerce et industries manufacturières, respectivement).
Les travailleurs nés à l’étranger sont souvent employés dans des secteurs exposés aux formes atypiques d’emploi
Dans l’ensemble, les travailleurs immigrés sont plus susceptibles d’être employés dans certains secteurs, tels que la construction, le travail agricole saisonnier, les services domestiques privés, les services d’hébergement et de restauration, et les entreprises de nettoyage (OIT, 2016c). Dans six des dix pays partenaires du projet, le secteur des services domestiques privés figure ainsi parmi les cinq secteurs affichant les écarts de part d’emploi les plus importants entre les travailleurs nés à l’étranger et les autochtones. Ce constat vaut aussi pour le commerce (dans sept pays) et la construction (dans six pays) (Tableau 3.2), deux secteurs où la prévalence des formes atypiques d’emploi est également forte (OIT, 2016c).
Tableau 3.2. Les travailleurs immigrés sont fortement représentés dans les secteurs de la construction, du commerce et des services domestiques privés
Secteurs dans lesquels les immigrés sont surreprésentés (période la plus récente)
Argentine |
Costa Rica |
Côte d’Ivoire |
République dominicaine |
Ghana |
Kirghizistan |
Népal |
Rwanda |
Afrique du Sud |
Thaïlande |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Services domestiques privés |
Services domestiques privés |
Commerce de gros et de détail |
Agriculture, sylviculture, pêche et chasse |
Commerce de gros et de détail |
Industries manufacturières |
Commerce de gros et de détail |
Commerce de gros et de détail |
Commerce de gros et de détail |
Industries manufacturières |
Construction |
Agriculture, sylviculture, pêche et chasse |
Industries manufacturières |
Construction |
Autres services |
Autres services |
Industries manufacturières |
Administration publique et défense |
Construction |
Services domestiques privés |
Commerce de gros et de détail |
Activités liées aux services d’hébergement et de restauration |
Autres services |
Activités liées aux services d’hébergement et de restauration |
Services domestiques privés |
Commerce de gros et de détail |
Autres services |
Éducation |
Activités liées aux services d’hébergement et de restauration |
Construction |
Industries manufacturières |
Construction |
Construction |
- |
Immobilier |
Transport et communication |
Services domestiques privés |
Santé et travail social |
Services domestiques privés |
Électricité, gaz et eau |
Activités liées aux services d’hébergement et de restauration |
Mines |
Agriculture, sylviculture, pêche et chasse |
- |
Mines |
Éducation |
Éducation |
Autres services |
Agriculture, sylviculture, pêche et chasse |
Mines |
Note : Ce tableau présente les secteurs qui affichent la plus grande différence de part d’emploi dans la population active occupée totale entre les travailleurs nés à l’étranger et les autochtones. Pour de plus amples informations sur les périodes considérées, consulter le Tableau 3.1.
Source : Calculs des auteurs basés sur les données des recensements de population du Minnesota Population Center (2017) ou des instituts nationaux de la statistique (voir OCDE/OIT, 2017a et b, et à paraître a-h).
Les formes atypiques d’emploi se distinguent de l’emploi traditionnel à un ou plusieurs égards, dont la durée ou le nombre de parties concernées. Elles sont souvent associées à un certain degré d’insécurité, par exemple si elles sont occasionnelles ou temporaires (notamment dans le cadre des agences d’intérim), ou involontairement limitées en nombre d’heures (temps partiel). Le recrutement initial des immigrés par des agences internationales de travail intérimaire est l’une des raisons pouvant expliquer l’exposition de nombre d’entre eux à des formes atypiques d’emploi. Ce type d’agences joue un rôle de premier plan dans la négociation de contrats de travail pour les immigrés, notamment en Afrique du Sud et en Thaïlande (OCDE/OIT, 2017b et à paraître e). Parmi les autres facteurs explicatifs figure le manque de compétences linguistiques et de réseaux sociaux et professionnels, qui empêche les immigrés d’identifier les offres d’emploi traditionnel disponibles (OIT, 2016c). L’Encadré 3.1 examine la prévalence des formes atypiques d’emploi dans les différents pays partenaires du projet.
Les populations née dans le pays et née à l’étranger travaillent souvent dans des secteurs différents. L’une des façons de synthétiser les différences de leur répartition sectorielle consiste à calculer l’indice de dissimilarité sur la base des écarts entre leurs parts respectives d’emploi (pour plus de détails sur la méthodologie utilisée, consulter l’ANNEXE 3.A1). Cette approche permet également de déterminer la concentration relative des travailleurs nés à l’étranger dans certains secteurs. Une ségrégation totale entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger se traduirait par une valeur de 1 (ou 100 %) sur cet indice, tandis qu’une valeur de 0 (ou 0 %) signalerait l’absence de différence de répartition sectorielle entre ces deux groupes.
Durant la période la plus récente à l’étude, la dissimilarité sectorielle atteignait au moins 25 % dans cinq pays partenaires du projet (Argentine, Costa Rica, République dominicaine, Rwanda et Thaïlande) et avait connu une hausse dans quatre d’entre eux durant les périodes listées au Tableau 3.1 (Graphique 3.11). En Thaïlande, cette hausse résulte par exemple en grande partie de la surreprésentation des travailleurs immigrés dans le secteur manufacturier et de leur part relativement faible dans le secteur agricole. Tandis qu’en 2000, les travailleurs nés à l’étranger représentaient environ 1 % du total des actifs occupés dans le secteur manufacturier en Thaïlande, en 2010, leur part avoisinait les 13 %. Durant la période la plus récente à l’étude, le secteur manufacturier employait plus d’un tiers des travailleurs nés à l’étranger (37 %), contre 12 % de ceux nés dans le pays.
La dissimilarité sectorielle est en recul en Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, au Kirghizistan, au Népal et en République dominicaine, et est demeurée à un niveau faible au Ghana. Au Népal, l’augmentation susmentionnée de la part des travailleurs nés à l’étranger dans le secteur agricole, combinée à la diminution de leur part dans le secteur manufacturier, explique en grande partie le recul de la dissimilarité sectorielle dans ce pays.
Évolution des professions
Les statistiques sur les professions fournissent les informations sur les tâches et fonctions menées à bien par les travailleurs, qui permettent d’identifier l’évolution des besoins de la main-d’œuvre en matière de compétences. Conformément à OIT (2014), ce chapitre établit une distinction entre les professions peu qualifiées (par exemple, manœuvres de l’agriculture), semi-qualifiées (par exemple, personnel des services) et très qualifiées (par exemple, professions intellectuelles et scientifiques)5 . L’importance relative de ces trois groupes diffère entre les pays partenaires du projet, reflétant des facteurs tels que la structure de l’économie et du marché du travail. La part des professions peu qualifiées est faible parmi les travailleurs autochtones en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Népal et au Rwanda, et ne représente plus d’un quart des actifs occupés qu’en Afrique du Sud et au Kirghizistan. Les professions semi-qualifiées emploient la grande majorité des travailleurs autochtones dans tous les pays partenaires du projet, à l’exception de l’Afrique du Sud, du Costa Rica et du Kirghizistan. En Côte d’Ivoire, au Ghana, au Népal et au Rwanda, la part des professions très qualifiées est inférieure à 10 % parmi les travailleurs nés dans le pays. Cependant, les professions très qualifiées emploient plus d’un quart des travailleurs en Afrique du Sud, en Argentine et au Costa Rica (Graphique 3.12).
La répartition des travailleurs est en général très différente entre ceux nés dans le pays et ceux nés à l’étranger. Par rapport aux travailleurs autochtones, ceux nés à l’étranger sont en particulier surreprésentés dans les professions peu qualifiées dans la plupart des pays partenaires du projet (Graphique 3.12). Échappent à ce constat l’Afrique du Sud, le Kirghizistan et la République dominicaine. C’est au Costa Rica et en Thaïlande que les écarts de part d’emploi dans les professions peu qualifiées sont les plus marqués entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger. En Thaïlande, la différence atteint presque 25 points de pourcentage : près de 35 % des travailleurs nés à l’étranger exercent une profession peu qualifiée, contre 10 % des travailleurs autochtones.
Au Ghana, au Kirghizistan, au Népal et au Rwanda, les travailleurs nés à l’étranger sont surreprésentés dans les professions très qualifiées. Au Rwanda, 23 % des travailleurs nés à l’étranger exercent ainsi une profession très qualifiée, contre 3 % des travailleurs autochtones.
Dans l’ensemble, la part des professions très qualifiées tend à augmenter, sous l’effet de différents facteurs, dont la mondialisation, les progrès technologiques et les orientations politiques (OIT, 2015a). Les pays partenaires du projet suivent globalement la même évolution, à l’exception du Kirghizistan et de la Thaïlande (Graphique 3.13). Parallèlement, la part des professions peu qualifiées parmi les travailleurs nés dans le pays a reculé dans tous les pays partenaires du projet, à l’exception du Ghana, du Kirghizistan et du Rwanda. À l’inverse, cette part a augmenté parmi les travailleurs nés à l’étranger dans six pays partenaires sur neuf, tandis que la part des professions très qualifiées a reculé dans cinq pays (Graphique 3.13).
Dans la plupart des pays, les travailleurs immigrés jouent un rôle limité dans l’évolution des professions
Cette sous-section examine l’évolution, au fil du temps, de l’emploi dans différents groupes professionnels et la contribution des immigrés à cette évolution. L’analyse semble indiquer que l’entrée de jeunes travailleurs sur le marché du travail constitue en grande partie le moteur de la croissance de l’emploi dans les pays partenaires du projet. Elle met par ailleurs au jour la surreprésentation des travailleurs immigrés dans les groupes professionnels peu dynamiques ou enregistrant un recul au fil du temps.
L’analyse se fonde sur un cadre de comptabilité démographique qui décompose l’évolution nette des professions durant les périodes listées au Tableau 3.1 entre les contributions des jeunes travailleurs (nouveaux entrants sur le marché du travail), des nouveaux immigrés (soit ceux résidant dans le pays depuis moins de dix ans6 ), des travailleurs d’âge de forte activité et des travailleurs plus âgés (les retraités). L’estimation de ces composantes de l’évolution nette s’effectue en comparant la situation de ces « pseudo cohortes d’âge » entre deux périodes (pour plus de détails sur la méthodologie utilisée, consulter l’ANNEXE 3.A2). L’analyse se concentre tout d’abord sur deux grands groupes professionnels spécifiques. Il s’agit des groupes présentant la différence la plus faible entre le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail et celui des nouveaux immigrés. L’analyse examine ensuite le nombre de groupes professionnels en expansion présentant une part relativement importante de nouveaux immigrés.
Les deux groupes professionnels présentant la différence la plus faible entre le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail et celui des nouveaux immigrés sont l’artisanat (par exemple les métiers du bâtiment, de la métallurgie ou de l’électricité) et les professions élémentaires (par exemple, les aides de ménage et les manœuvres de l’agriculture). Pour ces deux groupes, la croissance de l’emploi est positive dans tous les pays partenaires du projet, à l’exception de l’Argentine. Au Costa Rica comme au Népal, la croissance de l’emploi est négative dans les professions élémentaires, et uniquement positive dans les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (Graphique 3.14). Dans plusieurs pays, les nouveaux immigrés contribuent fortement à la croissance de l’emploi dans ces professions. Ainsi, les nouveaux immigrés contribuent environ moitié plus que les nouveaux entrants sur le marché du travail à la croissance de l’emploi dans les professions élémentaires en Thaïlande, et un quart de plus en République dominicaine. Toutefois, même dans ces deux groupes professionnels, la croissance de l’emploi dans tous les pays est principalement tirée par l’entrée des jeunes actifs sur le marché du travail, et le rôle des travailleurs immigrés reste limité.
Dans la plupart des pays partenaires du projet, le nombre de groupes professionnels en expansion dans lesquels les nouveaux immigrés sont plus représentés que les jeunes nouveaux entrants sur le marché du travail est faible (Graphique 3.15). L’Afrique du Sud, l’Argentine, le Costa Rica, le Népal et la République dominicaine ne présentent qu’un seul groupe professionnel en expansion bénéficiant d’afflux relativement importants de nouveaux immigrés, contre deux en Thaïlande, quatre au Ghana et cinq au Rwanda. Toutes professions confondues, le Rwanda présente aussi la plus grande différence de part d’emploi dans les professions en expansion entre nouveaux immigrés et jeunes nouveaux entrants sur le marché du travail (46.7 points de pourcentage, voir l’ANNEXE 3.A3). À l’inverse, en Afrique du Sud et en République dominicaine, les nouveaux immigrés sont bien plus susceptibles de travailler dans des professions en déclin que les jeunes nouveaux entrants sur le marché du travail.
À mesure que les groupes professionnels évoluent dans les pays partenaires du projet, il semble que les immigrés restent dans les mêmes professions et ne se tournent pas vers celles choisies par les nouveaux entrants sur le marché du travail. Dans la plupart des pays partenaires du projet, ni l’évolution de la répartition professionnelle des travailleurs nés à l’étranger, ni les entrées de nouveaux immigrés dans la population active, ne concordent avec l’évolution de la répartition professionnelle de la main-d’œuvre autochtone. Les différences entre ces deux groupes reflètent au moins dans une certaine mesure la complémentarité entre la main-d’œuvre née dans le pays et celle née à l’étranger, mais peuvent aussi accentuer la segmentation du marché du travail au fil du temps.
Or cette segmentation peut être défavorable, les travailleurs immigrés étant plus susceptibles de se concentrer dans les professions peu qualifiées. Cette main-d’œuvre peu qualifiée est relativement facile à remplacer, fortement associée aux formes atypiques d’emploi et typiquement dépourvue de pouvoir de négociation (OIT, 2015b). L’importance de la part des travailleurs nés à l’étranger dans les professions peu qualifiées est particulièrement préoccupante au Costa Rica, au Kirghizistan et en Thaïlande.
Les différences de répartition professionnelle, telles que mesurées par l’indice de dissimilarité, sont relativement marquées au Rwanda et en Thaïlande durant la période la plus récente à l’étude (Graphique 3.16), quoique pour des raisons distinctes. Au Rwanda, les professions très qualifiées représentent une part importante de l’emploi de la main-d’œuvre née à l’étranger, tandis qu’en Thaïlande, nombre de travailleurs nés à l’étranger exercent une profession peu qualifiée. Au Costa Rica, en République dominicaine, au Rwanda et en Thaïlande, l’indice est supérieur à 20 %. Cinq pays ont vu les différences de répartition professionnelle s’accroître entre les périodes à l’étude. Le Népal enregistre quant à lui la plus forte baisse à cet égard (Graphique 3.16).
En résumé, les deux principaux groupes professionnels dans lesquels la différence entre le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail et celui des nouveaux immigrés est la plus ténue sont l’artisanat et les professions élémentaires. Ils sont tous deux en expansion dans la plupart des pays partenaires du projet. De même, tous pays confondus, rares sont les groupes professionnels en expansion dans lesquels les nouveaux immigrés sont relativement bien représentés par rapport aux jeunes nouveaux entrants sur le marché du travail. Enfin, les différences de répartition des travailleurs nés à l’étranger et de ceux nés dans le pays entre les différents groupes professionnels ont augmenté dans la plupart des pays partenaires du projet, malgré l’observation de convergences dans certains cas.
Niveau d’éducation
Le niveau d’éducation et de compétences des travailleurs influe sur l’évolution des professions examinée dans la section précédente, tant pour ceux nés à l’étranger que pour les travailleurs autochtones. La présente section compare l’évolution du niveau d’éducation entre les travailleurs nés à l’étranger et ceux nés dans le pays, dans un contexte de transformation des besoins du marché du travail.
Vers l’année 2000, en moyenne 45 % des travailleurs des pays partenaires du projet (à l’exclusion de la Côte d’Ivoire) avaient au moins un niveau d’éducation secondaire. Durant la période la plus récente à l’étude (voir le Tableau 3.1), ce pourcentage a augmenté pour atteindre 55 %. C’est au Rwanda qu’il est le plus faible, à 12 % ; en outre, moins de 3 % des travailleurs y ont un niveau d’éducation tertiaire. À l’inverse, en Afrique du Sud et au Kirghizistan, plus de 80 % des travailleurs ont au moins un niveau d’éducation secondaire (Graphique 3.17).
La prévalence de la surqualification est inférieure à celle de la sous-qualification
La répartition des niveaux d’éducation semble indiquer que, dans la plupart des pays partenaires du projet, la main-d’œuvre née à l’étranger est moins instruite que l’autochtone, constat qui contribue à expliquer la part relativement élevée des travailleurs immigrés dans les professions peu qualifiées. Le pourcentage de travailleurs nés à l’étranger ayant un niveau d’éducation inférieur au primaire est relativement élevé dans huit pays partenaires du projet, et le pourcentage de ceux ayant un niveau d’éducation secondaire est faible dans six pays. En outre, on compte autant de pays où le pourcentage de travailleurs ayant un niveau d’éducation primaire est relativement élevé ou relativement faible. On dénombre légèrement plus de pays où le pourcentage de travailleurs ayant au moins un niveau d’éducation secondaire est inférieur parmi ceux nés à l’étranger. Toutefois, dans six des dix pays partenaires du projet, le pourcentage de travailleurs ayant un niveau d’éducation tertiaire est supérieur parmi ceux nés à l’étranger (Afrique du Sud, Kirghizistan, Ghana, Népal, Rwanda et Thaïlande ; voir les Graphique 3.17 Graphique 3.18.
Un autre facteur pouvant expliquer le pourcentage élevé de travailleurs immigrés dans les professions peu qualifiées pourrait être l’inadéquation entre leur niveau d’éducation et la profession qu’ils exercent. Il s’agit là d’une forme courante d’inadéquation des compétences, à laquelle les travailleurs immigrés semblent souvent exposés dans les pays à revenu élevé (Sparreboom et Tarvid, 2017)7 . L’inadéquation entre le niveau d’éducation des travailleurs et la profession qu’ils exercent a un coût, tant pour les individus que pour les entreprises. Ainsi, le taux de rendement de l’éducation est inférieur pour les travailleurs surqualifiés, et la productivité des entreprises peut se trouver mise à mal ou la rotation du personnel s’accentuer du fait de l’inadéquation des compétences parmi les employés.
D’après la mesure normative mettant en correspondance professions et niveaux d’éducation (OIT, 2014)8 , le pourcentage de travailleurs surqualifiés dans les pays partenaires du projet est compris entre 1 % et 47 %, tandis que celui des travailleurs sous-qualifiés va de 12 % à 91 % (Tableau 3.3). Ce constat signifie qu’un pourcentage considérable de travailleurs ont un niveau d’éducation soit supérieur, soit inférieur au niveau de compétences requis dans leur emploi. Les niveaux relativement élevés de sous-qualification par rapport à ceux de surqualification s’expliquent en grande partie par la faiblesse du niveau d’éducation dans la plupart des pays partenaires du projet.
Tableau 3.3. La prévalence de la surqualification est inférieure à celle de la sous-qualification
Prévalence de la surqualification et de la sous-qualification (pourcentage de la population active occupée, période la plus récente)
Pays |
Surqualification |
Sous-qualification |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
Hommes et femmes confondus |
Hommes |
Femmes |
Hommes et femmes confondus |
Hommes |
Femmes |
|
Argentine |
24.1 |
19.2 |
30.8 |
37.8 |
46.7 |
25.6 |
Costa Rica |
15.1 |
12.2 |
19.7 |
28.5 |
34.7 |
18.8 |
Côte d’Ivoire |
1.8 |
2.4 |
0.9 |
90.8 |
87.4 |
95.5 |
République dominicaine |
13.9 |
11.4 |
18.4 |
37.7 |
44.6 |
25.4 |
Ghana |
5.5 |
5.4 |
5.6 |
47.6 |
40.9 |
54.0 |
Kirghizistan |
46.9 |
45.5 |
48.8 |
11.8 |
11.5 |
12.3 |
Népal |
2.3 |
3.3 |
1.1 |
77.8 |
71.5 |
86.1 |
Rwanda |
1.0 |
1.3 |
0.7 |
86.0 |
82.2 |
89.5 |
Afrique du Sud |
22.4 |
18.1 |
27.8 |
27.6 |
29.1 |
25.6 |
Thaïlande |
8.4 |
7.8 |
8.9 |
54.1 |
53.3 |
54.9 |
Moyenne |
14.1 |
12.7 |
16.3 |
50.0 |
50.2 |
48.8 |
Note : Pour de plus amples informations sur les périodes considérées, consulter le Tableau 3.1.
Source : Calculs des auteurs basés sur les données des recensements de population du Minnesota Population Center (2017) ou des instituts nationaux de la statistique (voir OCDE/OIT, 2017a et b, et à paraître a-h) ; les données de Life in Kyrgyzstan (IZA, 2016) sont utilisées pour le Kirghizistan.
Sauf dans les pays où le taux de surqualification est inférieur à 5 % (Côte d’Ivoire, Népal et Rwanda), le taux de surqualification des femmes est supérieur à celui des hommes dans tous les pays partenaires du projet, de 3 à 4 points de pourcentage en moyenne. Le taux moyen de sous-qualification est inférieur parmi les femmes dans quatre pays. Chez les femmes, les taux relativement élevés de surqualification et faibles de sous-qualification semblent indiquer qu’à niveau égal d’éducation, les hommes obtiennent en général des postes plus qualifiés que les femmes. Ce constat concorde avec les tendances observées dans les pays à revenu élevé (Sparreboom et Tarvid, 2017).
Toutefois, ce constat ne vaut pas pour la sous-qualification dans la plupart des pays partenaires du projet : son taux est en effet plus élevé parmi les femmes dans six pays. Le pourcentage relativement important de femmes sous-qualifiées dans le secteur agricole explique vraisemblablement en partie ce constat.
Durant la période la plus récente à l’étude, les travailleurs nés à l’étranger étaient plus susceptibles d’être en situation de surqualification en Afrique du Sud, au Costa Rica, au Népal et au Rwanda, mais au contraire moins susceptibles de se trouver dans ce cas en Argentine, en Côte d’Ivoire, au Kirghizistan, en République dominicaine et en Thaïlande (Graphique 3.19). À première vue, aucune tendance systématique ne se dégage parmi les travailleurs nés à l’étranger en matière de surqualification, et les différences entre les travailleurs nés à l’étranger et ceux nés dans le pays semblent être spécifiques à chaque pays. La ventilation par niveau de qualification des professions semble aller dans le même sens. Dans la quasi-totalité des pays partenaires du projet, le taux de surqualification des travailleurs exerçant une profession peu qualifiée est supérieur à celui observé dans les professions semi-qualifiées, mais les tendances sont similaires entre les travailleurs nés à l’étranger et ceux nés dans le pays (Graphique 3.20).
En termes relatifs, le problème de la surqualification des travailleurs nés à l’étranger semble se poser davantage dans les professions semi-qualifiées que dans celles peu qualifiées. Dans la plupart des pays partenaires du projet, le taux de surqualification des travailleurs exerçant une profession élémentaire est moins élevé chez les travailleurs immigrés que chez ceux nés dans le pays. L’une des raisons pouvant vraisemblablement expliquer ce constat tient au fait que certains emplois peu qualifiés ne sont pas attractifs pour les travailleurs nés dans le pays, et que les employeurs se montrent moins exigeants en matière de qualifications formelles. D’un autre côté, dans les professions semi-qualifiées, le taux de surqualification des travailleurs nés à l’étranger est supérieur à celui des travailleurs autochtones dans six pays (échappent à ce constat l’Argentine, la Côte d’Ivoire, le Kirghizistan et la République dominicaine).
Des tendances plus claires semblent se dégager pour la sous-qualification que pour la surqualification. Le taux de sous-qualification est supérieur parmi les travailleurs nés à l’étranger dans sept des pays partenaires du projet (Graphique 3.21). À l’instar du taux relativement faible de surqualification parmi les travailleurs exerçant une profession élémentaire, le taux élevé de sous-qualification parmi les immigrés travaillant dans ce type de professions peut être révélateur d’emplois insalubres, dégradants et dangereux (Graphique 3.22).
Conclusions et implications pour l’action publique
L’examen de certains indicateurs clés du marché du travail dans le cadre de ce chapitre semble indiquer que l’intégration des travailleurs immigrés constitue moins un sujet de préoccupation pour les décideurs politiques sur le plan du volume de l’emploi que sur celui de la qualité de cet emploi. Dans la plupart des pays partenaires du projet, le taux d’emploi des travailleurs nés à l’étranger est relativement élevé, en général tiré par les hommes. Dans certains pays, toutefois, les femmes sont confrontées à un double défi : elles doivent faire face à un déficit d’emplois non seulement par rapport aux hommes, mais aussi par rapport aux autres femmes nées dans le pays. Ce constat vaut particulièrement pour les jeunes femmes nées à l’étranger, qui sont plus susceptibles que les autres groupes d’être au chômage ou sans emploi tout en ne suivant ni études ni formation.
Dans l’ensemble, la situation est moins favorable sur le plan de la qualité de l’emploi. Les travailleurs immigrés sont souvent plus exposés au risque de ne pas trouver un emploi décent. Ce constat s’explique en grande partie par la forte prévalence des formes atypiques d’emploi, la concentration relative des travailleurs immigrés dans certains secteurs et professions dans la plupart des pays, et la plus forte exposition à l’emploi informel et aux désavantages salariaux dans certains pays. La forte prévalence des formes atypiques d’emploi peut à son tour s’expliquer par tout un ensemble de facteurs, dont la situation irrégulière de certains immigrés, la prévalence du travail temporaire ou intérimaire, le manque de reconnaissance des qualifications, la barrière linguistique et le niveau inférieur de capital humain, mais aussi la discrimination pure et simple.
La diversification du travail des immigrés, tant en termes de secteurs que de professions, pourrait contribuer à améliorer la qualité de leur emploi. Les travailleurs immigrés sont typiquement surreprésentés dans les secteurs exposés aux emplois de piètre qualité (notamment la construction et le commerce) et dans les professions sujettes à l’exploitation, telles que les métiers peu qualifiés.
Il est primordial de garantir l’égalité de traitement des travailleurs immigrés, notamment en appliquant les normes du travail, en veillant à la représentation adéquate des travailleurs migrants, en particuliers dans les syndicats, et en luttant contre la discrimination. Nombre de travailleurs migrants peinent à faire entendre leur voix, en raison par exemple de leur situation irrégulière ou de la nature temporaire ou saisonnière de leur emploi. Il est en outre important de proposer davantage de voies légales d’immigration afin de réduire la prévalence des situations irrégulières et des formes atypiques d’emploi pour les migrants.
La réduction de l’inadéquation entre compétences et emplois est une autre façon d’élargir l’éventail de choix sectoriels et professionnels à disposition des travailleurs immigrés. Parmi les solutions envisageables, citons l’amélioration des dispositifs de reconnaissance des qualifications et l’investissement dans le développement des compétences.
L’insuffisance des données empêche de prendre la pleine mesure des déficits en matière d’emploi décent. Dans nombre de pays, les sources de données comparables se limitent aux recensements de population. Il est essentiel de réaliser d’autres campagnes de collecte de données afin de recueillir régulièrement des informations sur les travailleurs immigrés. Dans plusieurs pays, notamment en Afrique du Sud et en Thaïlande, l’inclusion d’une question supplémentaire sur la nationalité ou la citoyenneté dans les enquêtes régulières sur la population active permettrait d’étoffer considérablement la base de données sur les travailleurs immigrés.
Références
Bureau central des statistiques (BCS) (2009), Nepal Labour Force Survey 2008 (micro-données), BCS, Katmandou.
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Minnesota Population Center (2017), Integrated Public Use Microdata Series, International: Version 6.5 (base de données), University of Minnesota, Minneapolis, Minnesota, https://doi.org/10.18128/D020.V6.5.
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OCDE (2016), Perspectives des migrations internationales 2016, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2016-fr.
OCDE/Union européenne (2015), Les indicateurs de l’intégration des immigrés 2015 : Trouver ses marques, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264233799-fr.
OCDE/Union européenne (2014), Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264217027-fr.
OCDE/OIT (2017a), How Immigrants Contribute to Kyrgyzstan’s Economy, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264287303-en.
OCDE/OIT (2017b), How Immigrants Contribute to Thailand’s Economy, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264287747-en.
OCDE/OIT (à paraître a), How Immigrants Contribute to Argentina’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître b), How Immigrants Contribute to Costa Rica’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître c), Comment les immigrés contribuent à l’économie de la Côte d’Ivoire, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître d), How Immigrants Contribute to the Dominican Republic’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître e), How Immigrants Contribute to Ghana’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître f), How Immigrants Contribute to Nepal’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître g), How Immigrants Contribute to Rwanda’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OCDE/OIT (à paraître h), How Immigrants Contribute to South Africa’s Economy, Éditions OCDE, Paris.
OIT (2017), « Qualification and skill mismatch: Concepts and measurement », présentation à l’occasion de la Conférence internationale sur l’inadéquation entre emplois et compétences, Organisation internationale du travail, Genève, www.ilo.org/skills/pubs/WCMS_554348/lang--en/index.htm.
OIT (2016a), Indicateurs clés du marché du travail, 9e éd., Organisation internationale du travail, Genève.
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OIT (2015b), « Non-standard forms of employment », rapport présenté à l’occasion de la Réunion d’experts sur les formes atypiques d’emploi, Genève, 16-19 février 2015, Organisation internationale du travail, Genève.
OIT (2014), « Skills mismatch in Europe », Statistics Brief, Organisation internationale du travail, Genève.
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Services statistiques du Ghana (SSG) (2013), Ghana Living Standards Survey 6 (micro-données), SSG, Accra.
Sparreboom, T. et A. Albee (2011), Towards Decent Work in Sub-Saharan Africa: Monitoring MDG Employment Indicators, Organisation internationale du travail, Genève.
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Vasuprasat, P. (2016), Agenda for Labour Migration Policy in Thailand: Towards Long-Term Competitiveness, Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et la pacifique, Bangkok.
ANNEXE 3.A1. Méthodologie d’évaluation de la répartition sectorielle et professionnelle des travailleurs
Le degré de similarité de la répartition sectorielle entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger peut être évalué à l’aide d’un indice de dissimilarité. Cet indice représente le pourcentage d’un groupe – soit né dans le pays, soit né à l’étranger – qui devrait être déplacé afin d’obtenir une répartition égale. Il est calculé au moyen de l’équation suivante :
dans laquelle ni est le nombre de travailleurs autochtones par secteur, NT est le nombre total de travailleurs autochtones, tous secteurs confondus, fi est le nombre de travailleurs nés à l’étranger par secteur, FT est le nombre total de travailleurs nés à l’étranger, tous secteurs confondus, et s est le nombre de secteurs.
Une ségrégation totale entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger se traduirait par une valeur de 1 (ou 100 %) sur cet indice, tandis qu’une valeur de 0 (ou 0 %) indiquerait l’absence de différence de répartition sectorielle entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger.
Ce même indice peut s’appliquer à la répartition professionnelle ou à d’autres répartitions.
ANNEXE 3.A2. Méthodologie de décomposition démographique
À l’instar des Chapitre 3 Chapitre 4 de Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail (OCDE/Union européenne, 2014), la décomposition effectuée dans le présent chapitre se fonde sur une méthode de comptabilité démographique appliquée à l’évolution de la répartition professionnelle des travailleurs.
Cette méthode se base sur l’équation suivante relative à la mesure de l’évolution d’une variable particulière entre deux points dans le temps :
△(T) = E + I + △(PA) – R;
△(T) = évolution totale observée pour cette variable au cours de la période
E = nouveaux entrants non immigrés arrivés au cours de la période
I = nouveaux immigrés arrivés au cours de la période
(PA) = évolution au cours de la période dans le groupe de travailleurs non immigrés d’âge de forte activité
R = départs à la retraite de travailleurs non immigrés au cours de la période
Cette équation montre que l’évolution totale au cours de la période est égale aux flux d’entrées moins ceux des sorties, tandis que les décès et l’émigration sont pris en compte de façon implicite. Le tableau ci-après synthétise les modalités d’obtention de ces composantes à partir des données sur la population active tirées des recensements de population de 2000 et 2010.
Tableau 3.A2.1. Définition des composantes pour la décomposition par méthode de comptabilité démographique
(1) = (2) − (3) |
(2) Recensement de la population de 2010 |
(3) Recensement de la population de 2000 |
---|---|---|
Nouveaux entrants non immigrés (E) |
PA (personnes âgées de 15 à 34 ans, à l’exclusion des personnes nées à l’étranger n’ayant pas résidé dans le pays pour une période de longue durée) |
PA (personnes âgées de 15 à 24 ans) |
Retraités (-R) |
PA (personnes âgées de 55 et plus, à l’exclusion des personnes nées à l’étranger n’ayant pas résidé dans le pays pour une période de longue durée) |
PA (personnes âgées de 45 ans et plus) |
Évolution dans le groupe des travailleurs d’âge de forte activité (Δ(PA)) |
PA (personnes âgées de 35 à 54 ans, à l’exclusion des personnes nées à l’étranger n’ayant pas résidé dans le pays pour une période de longue durée) |
PA (personnes âgées de 25 à 44 ans) |
Nouveaux immigrés (I) |
PA (personnes nées à l’étranger âgées de 15 et plus n’ayant pas résidé dans le pays pour une période de longue durée) |
0 |
Évolution totale :Δ(T) = E + I + Δ(PA) – R |
PA (personnes âgées de 15 et plus) |
PA (personnes âgées de 15 et plus) |
Note : PA = population active.
Les nouveaux entrants non immigrés sur le marché du travail correspondent à la population active âgée de 15 à 34 ans en 2010 moins la population active âgée de 15 à 24 ans en 2000. On part de l’hypothèse que toutes les personnes âgées de 15 à 24 ans qui faisaient partie de la population active en 2000 y figurent toujours dix ans plus tard, et qu’elles appartiennent désormais à la tranche des 25-34 ans. De même, les retraités correspondent à la population active âgée de 45 ans et plus en 2000 moins la population active de 55 ans et plus en 2010 (les retraits temporaires et les retours précédant un départ à la retraite définitif se soldent implicitement). L’évolution de la taille du groupe de travailleurs d’âge de forte activité correspond à la population active âgée de 35 à 54 ans en 2010 moins la population active âgée de 25 à 44 ans en 2000. Enfin, le nombre de nouveaux immigrés correspond aux immigrés dont la durée du séjour est inférieure à dix ans (à l’exception de l’Argentine et de la Thaïlande, où la durée du séjour retenue est inférieure à cinq ans en raison de l’insuffisance des données). Ce groupe est exclu des autres composantes afin d’éviter tout double comptage. Comme on peut le vérifier dans le tableau, la somme de ces quatre composantes est égale à la population active en 2000 et 2010.
La même méthodologie peut être utilisée pour la décomposition de sous-groupes de la population active (tels que les actifs occupés, les groupes de niveau d’éducation ou les groupes professionnels).
ANNEXE 3.A3. Tableaux complémentaires
Tableau 3.A3.1. Trois principaux secteurs d’emploi, selon le lieu de naissance (%, période la plus récente)
1er secteur |
2e secteur |
3e secteur |
||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nés à l’étranger |
Nés dans le pays |
Nés à l’étranger |
Nés dans le pays |
Nés à l’étranger |
Nés dans le pays |
|
Rwanda (2012) |
Agriculture (35.5) |
Agriculture (76.4) |
Commerce (12.7) |
Commerce (4.7) |
Administration publique (7.9) |
Construction (3.4) |
Thaïlande (2010) |
Industries manufacturières (36.5) |
Agriculture (47.4) |
Agriculture (24.8) |
Commerce (13.1) |
Commerce (12.1) |
Industries manufacturières (12.0) |
Afrique du Sud (2011) |
Commerce (13.3) |
Services domestiques privés (11.4) |
Services domestiques privés (12.4) |
Commerce (10.3) |
Construction (10.8) |
Industries manufacturières (9.9) |
Népal (2011) |
Agriculture (37.9) |
Agriculture (61.4) |
Commerce (19.0) |
Commerce (7.5) |
Industries manufacturières (12.2) |
Industries manufacturières (5.5) |
Ghana (2010) |
Agriculture (34.4) |
Agriculture (42.1) |
Commerce (26.1) |
Commerce (18.7) |
Industries manufacturières (10.2) |
Industries manufacturières (10.7) |
Argentine (2015) |
Commerce (19.2) |
Commerce (16.9) |
Construction (17.9) |
Industries manufacturières (13.1) |
Services domestiques privés (16.6) |
Administration publique (9.5) |
Kirghizistan (2009) |
Agriculture (31.4) |
Agriculture (45.7) |
Commerce (15.4) |
Commerce (13.2) |
Industries manufacturières (8.9) |
Construction (7.4) |
Côte d’Ivoire (2008) |
Agriculture (48.0) |
Agriculture (47.9) |
Commerce (24.4) |
Commerce (16.4) |
Industries manufacturières (7.8) |
Industries manufacturières (6.3) |
République dominicaine (2010) |
Agriculture (34.1) |
Commerce (21.5) |
Commerce (19.2) |
Industries manufacturières (11.7) |
Construction (15.4) |
Agriculture (11.0) |
Costa Rica (2011) |
Services domestiques privés (16.8) |
Commerce (20.3) |
Commerce (15.9) |
Industries manufacturières (12.1) |
Agriculture (15.9) |
Agriculture (10.9) |
Source : Calculs des auteurs basés sur les données des recensements de population du Minnesota Population Center (2017) ou des instituts nationaux de la statistique ; les données d’enquêtes sur la population active sont utilisées pour l’Argentine.
Tableau 3.A3.2. Part des travailleurs dans les professions en expansion et dans celles en déclin, selon le groupe démographique
Part du nombre total d’entrées de nouveaux immigrés |
Part des nouveaux immigrés dans le nombre total de nouvelles entrées |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Dans les professions en expansion |
Dans les professions en déclin |
Différence |
Différence pour les nouveaux jeunes entrants |
Dans les professions en expansion |
Dans les professions en déclin |
Différence |
|
A |
B |
C |
D |
E |
F |
G |
|
Pourcentage |
Points de pourcentage |
Pourcentage |
Points de pourcentage |
||||
Rwanda |
69.1 |
30.9 |
38.2 |
-8.5 |
1.9 |
0.9 |
1.1 |
Népal |
59.3 |
40.8 |
18.5 |
68.3 |
1.5 |
1.0 |
0.5 |
Thaïlande |
50.6 |
49.5 |
1.1 |
33.7 |
5.0 |
4.9 |
0.1 |
Ghana |
50.3 |
49.7 |
0.6 |
-13.2 |
1.2 |
1.2 |
0.0 |
Argentine |
47.6 |
52.4 |
-4.7 |
2.2 |
0.7 |
0.7 |
-0.1 |
République dominicaine |
36.8 |
63.2 |
-26.4 |
-12.4 |
2.9 |
4.9 |
-2.1 |
Costa Rica |
32.6 |
67.4 |
-34.8 |
16.2 |
2.6 |
5.4 |
-2.8 |
Afrique du Sud |
36.1 |
63.9 |
-27.8 |
-20.4 |
5.6 |
10.0 |
-4.3 |
Note : Le nombre total d’entrées inclut les nouveaux immigrés, les jeunes nouveaux entrants sur le marché du travail, et l’évolution professionnelle nette des personnes d’âge de forte activité et des retraités, lorsqu’elle est positive. Les calculs n’ont pu être effectués pour la Côte d’Ivoire et le Kirghizistan en raison de l’insuffisance des données.
Source : Calculs des auteurs basés sur les données des recensements de population du Minnesota Population Center (2017) ou des instituts nationaux de la statistique ; les données d’enquêtes sur la population active sont utilisées pour l’Argentine.
Notes
← 1. La sélection des indicateurs est limitée par la disponibilité, dans les pays partenaires du projet, des sources de données du marché du travail sur la population née dans le pays comme sur celle née à l’étranger. Pour la plupart des pays, les recensements de population constituent la principale source des données.
← 2. Pour la plupart des pays, les périodes listées au Tableau 3.1 correspondent aux années de disponibilité des données des recensements de population. Pour l’Argentine, l’analyse se base en partie sur des données d’enquête concernant uniquement les zones urbaines.
← 3. À titre d’exemple, dans les pays européens de la zone OCDE, le taux d’emploi moyen de la population née à l’étranger s’établissait à 62.1 % en 2015, contre 65.1 % pour la population née dans le pays. Aux États-Unis, toutefois, le taux d’emploi de la population née à l’étranger (67.5 %) était légèrement supérieur à celui de la population autochtone (67.2 %) (OCDE, 2016).
← 4. La valeur citée dans le texte correspond au scénario de la variante moyenne dans Nations Unies (2016).
← 5. Les professions très qualifiées incluent les grands groupes suivants : (1) directeurs généraux, cadres supérieurs et membres de l’Exécutif et des corps législatifs ; (2) professions intellectuelles et scientifiques ; et (3) professions intermédiaires. Les professions semi-qualifiées incluent les grands groupes suivants : (4) employés de type administratif ; (5) personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs ; (6) agriculteurs et ouvriers qualifiés de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche ; (7) métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat ; et (8) conducteurs d’installations et de machines, et ouvriers de l’assemblage. Enfin, les professions peu qualifiées sont réunies dans un grand groupe : (9) professions élémentaires.
← 6. Pour l’Argentine et la Thaïlande, la période retenue est de cinq ans, au lieu de dix.
← 7. Parmi les autres types d’inadéquation des compétences, citons l’inadéquation sur le plan du niveau d’éducation, du domaine d’études, du nombre d’années de formation en cours d’emploi/ou d’expérience professionnelle, des compétences techniques/spécifiques à l’emploi, des compétences de base, et des compétences transversales/fondamentales/relationnelles/transférables (OIT, 2017).
← 8. La mesure normative de l’inadéquation des compétences se fonde sur la Classification internationale type des professions (CITP-88 ou CITP-08). Cette méthode consiste tout d’abord à répartir les grands groupes professionnels en trois groupes. Elle attribue ensuite un niveau d’éducation à chacun de ces groupes, conformément à la Classification internationale type de l’éducation (CITE-97). Les travailleurs du groupe à l’étude qui ont le niveau d’éducation attribué à ce groupe sont considérés en situation d’adéquation, tandis que ceux ayant un niveau d’éducation supérieur ou inférieur sont considérés en situation de sur- ou de sous-qualification. À titre d’exemple, un diplômé universitaire en médecine occupant un emploi de type administratif serait surqualifié, tandis qu’un diplômé de l’enseignement secondaire exerçant des fonctions de médecin serait sous-qualifié (voir OIT, 2014).