Tout le monde a quelque chose à gagner de la coopération internationale pour le développement
Pourquoi coopérer avec les nations en développement ? Les financements, les connaissances et les idées qui circulent grâce à la coopération pour le développement découlent de la solidarité – un impératif moral qui nous enjoint d’aider nos frères humains –, ainsi que de la recherche, tout à fait rationnelle, de bénéfices mutuels. Nous ne parviendrons pas à créer une croissance économique plus juste et plus inclusive dans nos sociétés sans un développement durable plus substantiel à l’échelle mondiale.
Les problèmes auxquels nous nous heurtons aujourd’hui – changement climatique, creusement des inégalités et conflits, entre autres – ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. Les solutions à ces problèmes non plus. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sont nés du constat selon lequel, pour venir à bout des grands problèmes systémiques et des crises politiques, économiques, sociales et environnementales auxquels le monde est confronté, nous avons besoin d’une coopération internationale plus poussée.
Les citoyens du monde entier expriment leur mécontentement et mettent les dirigeants au défi d’agir pour le climat et la justice mondiale. Ces citoyens vivent dans des pays riches où la mondialisation laisse des individus et des groupes de population de côté, dans des petits États insulaires qui se heurtent aux menaces immédiates du réchauffement climatique mondial, dans des sociétés autoritaires où ceux qui expriment une voix dissidente courent un réel danger, ou encore dans des pays pauvres, ceux-là même qui souffriront le plus du changement climatique. Ce sont aussi bien des actionnaires que des parties prenantes ou des partenaires de la coopération pour le développement, en somme tout l’éventail des acteurs de la coopération. Pourtant, les pouvoirs publics ont du mal à susciter un engagement significatif de leur part ;, à faire le récit, complexe et lourd d’implications politiques, de la coopération dans un discours convaincquant qui parle à toutes les générations ;, et à répondre aux aspirations des citoyens.
Le rapport Coopération pour le développement 2019 appelle les fournisseurs de coopération pour le développement à changer de cap. Nous devons bâtir un nouveau discours qui dépasse l’antagonisme « nous »/« eux » ; nous devons montrer comment la coopération pour le développement contribue à l’amélioration des conditions de vie en favorisant la construction de la paix, grâce à des programmes d’éducation de qualité pour la petite enfance, qui offrent les mêmes chances aux filles et aux garçons, et en mettant en place des administrations plus autonomes, capables de lutter contre la fraude fiscale.
Il faut également que la communauté du développement témoigne d’une plus grande détermination à constamment améliorer les mesures prises, à les adapter en fonction de l’évolution des réalités géopolitiques et technologiques, et à respecter les normes de transparence et de redevabilité les plus élevées.
La coopération à l’appui du développement ne peut pas créer un monde parfait, mais elle peut concourir à créer un monde meilleur. Les pays membres de l’OCDE et leurs organismes de développement doivent prouver par des actes et des investissements plus importants que la coopération pour le développement est adaptée aux enjeux du XXIe siècle et qu’elle est ouverte à de nouvelles façons de travailler avec une pluralité d’acteurs. L’OCDE mettra tout son poids derrière l’appel à l’action porté par ce rapport, dans le but ultime de favoriser des vies meilleures dans toutes les régions du monde. Avant-propos
Chaque année, le rapport Coopération pour le développement apporte aux membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE et à la communauté internationale en général des données concrètes et des analyses nouvelles ainsi que d’autres éclairages sur le développement durable. Il a pour objet de promouvoir les bonnes pratiques et l’innovation dans le domaine de la coopération pour le développement, et d’étayer et de façonner les réformes et l’évolution des mentalités afin d’assurer à tous une vie meilleure et d’atteindre les Objectifs de développement durable. Chaque année, le rapport présente l’analyse d’une thématique d’actualité, pertinente ou porteuse de défis pour les politiques de coopération pour le développement et leur financement. Il comprend également un panorama de la coopération pour le développement, étayé par les données annuelles de plus de 80 fournisseurs de coopération pour le développement, membres de l’OCDE, membres du CAD, autres pays ou encore fondations philanthropiques.
Cette 57e édition du rapport entend analyser comment articuler la coopération pour le développement avec les priorités les plus urgentes à l’échelle mondiale, qu’il s’agisse de la menace de plus en plus présente du changement climatique ou de la mise en œuvre décevante des Objectifs de développement durable et du Programme 2030. Le rapport propose aux membres de l’OCDE et aux autres acteurs du développement des données concrètes, des analyses et des exemples qui les aideront à redynamiser le débat public et le dialogue politique au plan national, et à porter les solutions dont le monde d’aujourd’hui a besoin face à des enjeux de dimension planétaire.
La Direction de la coopération pour le développement de l’OCDE a décidé de changer de formule par rapport aux éditions précédentes pour répondre à la demande d’États membres en faveur d’une description plus précise de la coopération pour le développement aujourd’hui – pourquoi elle est importante, ce qu’elle permet d’obtenir, comment elle pourrait faire mieux, et ce qu’elle pourrait faire mieux. Il s’agissait de parvenir à produire un récit qui toucherait de nouveaux publics, à l’image des militants passionnés de tous âges – et surtout les jeunes – qui appellent à l’action pour bâtir un avenir meilleur. S’appuyant sur les analyses, les données concrètes et les recommandations issues d’une série de rapports publiés par la Direction en 2019, ce nouveau rapport Coopération pour le développement passe en revue les progrès accomplis au regard du développement durable et propose, en conclusion, des recommandations visant à mobiliser toutes les capacités et toutes les ressources du système de développement afin de relever les défis colossaux auxquels est confronté le monde actuel.
Le rapport comprend deux chapitres. Le premier dresse un tableau optimiste, données et exemples probants à l’appui, de la coopération pour le développement aujourd’hui. Il plaide en faveur d’un changement de cap, sous-tendu par un discours renouvelé et par une action plus concrète. Le second se compose d’une infographie d’une page présentant d’une part une vue d’ensemble des tendances qui se font jour et des nouveaux éclairages concernant le financement public du développement, et d’autre part des profils individuels, complétés par les chiffres clés et les priorités de l’action des fournisseurs publics et philanthropiques d’aide, d’aide publique au développement et de financement du développement.
Le rapport intégral est publié en français et en anglais, ainsi que sous la forme de résumés multilingues. Une version électronique, et d’autres contenus pertinents, sont accessibles en ligne à l’adresse https://www.oecd.org/fr/cad/rapport-cooperation-pour-le-developpement/.
Angel Gurría,
Secrétaire général de l’OCDE