Après que la Finlande eut demandé en mai 2022 à devenir membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), la Russie a mis fin à ses exportations de gaz et d’électricité à destination de la Finlande. La majeure partie du gaz naturel était importée de Russie, mais cet hydrocarbure ne représente que 5 % de la consommation totale d’énergie, et des projets devant permettre de satisfaire l’essentiel des approvisionnements, sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), sont bien avancés. Cela étant, le remplacement du gaz dans les utilisations industrielles se révèle plus difficile. Une nouvelle centrale nucléaire fournira à la Finlande 14 % de son électricité lorsqu’elle atteindra sa capacité de production normale cet hiver, ce qui compensera largement la perte des importations d’électricité russe.
La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a accentué la hausse des prix de l’énergie qui a débuté à la fin de 2021, ce qui a contribué à la fois directement et indirectement à porter l’inflation à 8.2 % au troisième trimestre, le renchérissement de l’énergie et des produits alimentaires se répercutant sur l’inflation sous-jacente (Graphique 1). La progression des salaires a été nettement plus lente que l’inflation, ce qui a réduit le revenu disponible réel des ménages et laisse augurer une faiblesse future des dépenses de consommation privée.
Le marché du travail s’est vigoureusement redressé après le choc lié au COVID-19 jusqu’au deuxième trimestre de 2022. Les taux d’emploi et de chômage avaient retrouvé leurs niveaux d'avant la pandémie à la mi-2021 et au début de 2022 respectivement, et affichent aujourd'hui leurs meilleurs résultats depuis 1987 pour l’un et 2008 pour l’autre. Le marché du travail s’est fortement tendu et le taux de vacance d’emploi est maintenant plus élevé qu'il ne l’a jamais été par le passé pour n'importe quel taux de chômage. Étant donné la rapidité de la reprise et de la hausse de l’emploi, une partie de l'inadéquation entre l’offre et la demande, reflet des rigidités rencontrées pour pouvoir les postes vacants, pourrait n’être que temporaire. Toutefois, les pénuries les plus marquées, qui concernent les professions non conjoncturelles comme celles de la santé et des soins de longue durée, vont sans doute perdurer. Réduire les inadéquations passe par la formation des travailleurs et/ou l’assouplissement des exigences en matière de compétences ainsi que par des mesures incitant plus fortement les travailleurs, les syndicats et les entreprises à trouver des compromis pour améliorer les taux d’acceptation de postes.
Pour juguler l’inflation, la Banque centrale européenne a commencé à resserrer sa politique monétaire et devrait rester sur cette ligne pendant toute l’année 2023. La politique budgétaire de la Finlande est devenue expansionniste en 2022, largement à cause des dépenses engagées en lien avec la guerre menée en Ukraine par la Russie, et le restera en 2023 avant de prendre une orientation neutre en 2024.
L’économie marquera le pas en 2023, mais la croissance se redressera pour atteindre 1.1 % en 2024. La consommation fléchira sous l’effet de la baisse des rémunérations en termes réels, mais elle se redressera ensuite parallèlement à la progression des salaires. La hausse des exportations va ralentir, les marchés de la Finlande étant affectés par la réduction des approvisionnements en gaz de la Russie, mais elle repartira à mesure du développement d'autres sources d’énergie. L’investissement des entreprises restera faible pendant toute l’année 2023, à cause du ralentissement économique et du surcroît d'incertitudes entourant les perspectives du fait de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, mais il se renforcera en 2024 à mesure que l’horizon mondial s'éclaircira. Le taux de chômage devrait culminer à 8 % environ et ne décroître que légèrement d’ici à la fin de 2024. L’inflation refluera à 3.1 % en 2024, une fois le choc énergétique dissipé.
Le fléchissement de l’activité économique serait plus marqué si la Russie cessait bientôt d’approvisionner en gaz davantage de pays de l’UE, ce qui empêcherait la reconstitution des stocks de gaz pendant l’été 2023. Un autre risque à la baisse réside dans la possibilité qu’un durcissement des conditions financières mondiales pèse davantage que prévu sur le marché du logement ainsi que sur la consommation et l’investissement.