Après un rebond consécutif à la levée progressive des mesures de restriction les plus récentes, la production économique s’établira légèrement au-dessus de son niveau tendanciel au cours des deux prochaines années. Le taux de croissance économique annuelle devrait atteindre 3.7 % en 2022 et 2.2 % en 2023. La consommation des ménages y contribuera de manière importante, grâce à l’utilisation des gains de pouvoir d’achat qui avaient été accumulés sous forme d’épargne pendant les phases initiales de la pandémie.

La vigueur de l’inflation globale, mesurée par les prix à la consommation, observée au cours des derniers trimestres a été alimentée par de fortes hausses des prix de l’électricité. Des goulets d’étranglement de l’offre mondiale de puces électroniques, de bois d’œuvre et de services de transport maritime sont également source de tensions inflationnistes. On observe en outre de premiers signes d’accélération de l’augmentation des salaires. Certaines de ces hausses des prix et des coûts vont très probablement s’atténuer au cours des trimestres à venir. Il existe cependant clairement un risque d’apparition d’une spirale des salaires et des prix.

Les autorités devraient continuer de réduire l’orientation expansionniste des politiques macroéconomiques à mesure que la situation sanitaire s’améliore. Les recettes budgétaires ont augmenté et les dépenses de transferts publics ont diminué depuis la forte contraction initiale de l’activité économique. La Banque de Norvège (Norges Bank) a commencé à rehausser son taux directeur en septembre 2021, en le portant de zéro à 0.25 %, avant de le relever de nouveau, à 0.50 %, en décembre. Elle prévoit de le porter progressivement à 1.75 % vers la fin de 2024. Jusqu’ici, les autorités budgétaires et monétaires ont réagi de manière appropriée à l’évolution de la situation sanitaire et économique.

Les prix des logements et l’endettement hypothécaire constituent une source de préoccupation en matière de stabilité financière. Les fortes hausses des prix de l’immobilier d’habitation observées au cours de la première année de la pandémie sont venues s’ajouter aux augmentations antérieures. Le resserrement régulier de la politique monétaire a contribué à modérer la hausse des prix. Néanmoins, le niveau des prix de l’immobilier d’habitation reste élevé, ce qui, conjugué à l’ampleur de l’endettement hypothécaire connexe, accentue le risque d’une correction importante des prix des logements ayant des répercussions sur l’ensemble de l’économie.

Une diminution du déficit budgétaire continental est budgétée pour 2022. Le déficit structurel hors pétrole de l’administration centrale (c’est-à-dire corrigé des recettes pétrolières et des recettes du fonds pétrolier) est estimé à 11.6 % du PIB continental pour 2021. Un déficit de 9.5 % du PIB était prévu pour 2022, mais on estime qu’il s’établira à 10.4 % du produit intérieur brut compte tenu des nouvelles mesures liées au COVID-19 et du dispositif de compensation de l’augmentation des prix de l’électricité. Cela correspond néanmoins toujours à une orientation prudente appropriée de la politique budgétaire, sachant que le déficit budgété sera inférieur à la valeur de référence fixée par la règle budgétaire.

Les possibilités de nouvelles mesures de dépenses publiques devraient se réduire au cours des années à venir, compte tenu du ralentissement de la croissance du fonds souverain, des engagements de dépenses pluriannuels et du vieillissement démographique. Contrairement à la situation des années précédentes, la latitude d’adopter de nouvelles mesures de dépenses dans le respect de la règle budgétaire sera limitée, à moins qu’elles ne s’accompagnent de mesures d’accroissement des recettes ou d’économie. Les marges de manœuvre budgétaires seront encore plus restreintes si les flux de trésorerie provenant des activités pétrolières ou le rendement du fonds pétrolier se révèlent plus faibles qu’on ne l’anticipait. En matière de dépenses publiques, les autorités doivent s’attacher à améliorer l’optimisation des ressources.

La croissance de la productivité du secteur des entreprises s’est redressée mais reste inférieure à son niveau tendanciel antérieur. La Norvège ne figure plus parmi les pays ayant les taux d’emploi les plus élevés.

Les pouvoirs publics doivent instaurer des conditions propices à l’innovation des entreprises et à l’adoption des technologies. Ils doivent également prendre des mesures au regard des perspectives ouvertes et des problèmes soulevés par la transition écologique. Les tensions financières auxquelles ont été confrontées les entreprises pendant la pandémie ont souligné l’importance du rôle joué par les procédures d’insolvabilité pour offrir aux entreprises en difficulté une chance de prendre un nouveau départ. Il faut redéployer les ressources vers les branches d’activité et les entreprises les plus prometteuses, notamment celles qui sont liées à l’accélération de la transformation numérique et de la transition écologique. Par ailleurs, certaines dimensions des aides aux entreprises doivent être réformées ; il est notamment nécessaire de réorienter les aides agricoles en réduisant les subventions qui sont source de distorsions économiques.

Au-delà du système de retraite, les généreux systèmes d’indemnisation des congés de maladie et de l’invalidité en place en Norvège restent des obstacles majeurs à l’amélioration du taux d’activité. L’indemnisation des congés de maladie demeure plus généreuse que nécessaire, et le système de pension d’invalidité pourrait favoriser davantage le retour à l’emploi. Malgré les progrès accomplis en matière de réforme des retraites, il reste possible d’améliorer leur lien avec l’espérance de vie, et certains régimes de retraite professionnels du secteur public posent problème.

La montée des prix de l’immobilier d’habitation pendant la pandémie a encore réduit l’accessibilité financière du logement pour les primo-acquéreurs. La dégradation des possibilités d’accès à la propriété et le niveau élevé des loyers soulignent la nécessité d’engager des réformes structurelles pour accroître l’offre de logements neufs et modérer la demande de biens immobiliers d’habitation à acquérir.

Il est essentiel de modifier la réglementation relative à l’occupation des sols, ainsi que de renforcer l’efficacité des procédures d’urbanisme liées à la construction résidentielle, afin d’améliorer la réactivité de l’offre de logements. Il faut donner davantage de latitude au secteur de la construction pour qu’il puisse s’adapter à la demande de biens immobiliers d’habitation, tout en conservant des normes exigeantes dans d’autres dimensions. Des possibilités d’ajustement existent en ce qui concerne les règles d’occupation des sols, les normes de construction et les procédures d’urbanisme, en particulier dans les plus grandes villes.

Les avantages fiscaux dont bénéficient les propriétaires occupants en Norvège restent exceptionnellement généreux par rapport à ceux accordés dans d’autres pays de l’OCDE. Ils gonflent la demande de logements, détournent des ressources d’investissements plus productifs et tirent les prix des logements vers le haut, en particulier dans les villes où l’offre est limitée. Ces subventions fiscales favorisent en outre les personnes déjà propriétaires de leur logement au détriment des nouveaux accédants à la propriété.

Des pénuries de logements sociaux se sont fait jour dans les villes les plus chères, et les coûts de logement représentent une lourde charge pour les ménages du parc locatif privé. Au-delà des aides ciblées sur les acquéreurs de logements ayant de faibles revenus, il faut renforcer le soutien apporté aux locataires. Des investissements accrus dans le logement locatif social, conjugués à des allocations versées sous conditions de ressources aux occupants de logements locatifs privés, peuvent atténuer la pression exercée sur les ménages défavorisés par les coûts de logement.

On pourrait améliorer l’accessibilité financière du logement en réduisant l’imposition des revenus du travail des ménages modestes. Accroître le revenu disponible des ménages au moyen de baisses d’impôts peut contribuer de manière générale à atténuer le problème de l’accessibilité financière du logement. Cela peut également aider à résoudre les problèmes de bien‑être soulevés par d’autres augmentations de coûts, notamment celles liées aux mesures relatives au changement climatique. Un allègement des impôts sur le travail peut en outre renforcer l’offre de main-d’œuvre.

Les émissions de CO₂ de la Norvège sont faibles, mais elles sont imputables à des secteurs dans lesquels il est difficile de les réduire. La Norvège s’est fixé des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions et s’appuie à la fois sur des instruments économiques, des dispositions réglementaires et des aides aux technologies vertes pour les atteindre.

Une proposition bienvenue de hausse du prix du carbone a été formulée dans le cadre d’un nouveau plan d’action pour le climat. Néanmoins, des lacunes subsistent dans le champ d’application de la fiscalité du carbone, principalement en ce qui concerne les émissions d’hémioxyde d’azote et de méthane imputables au secteur agricole.

La Norvège réalise des avancées notables en matière d’adoption et d’élaboration de technologies vertes. L’adoption des véhicules électriques a progressé à tel point qu’il est possible de supprimer progressivement les allègements fiscaux et autres avantages dont ils bénéficient. D’importantes initiatives sont en cours en matière de technologies vertes, notamment un programme phare sur le captage et le stockage du carbone (Longship). Il faut cependant aller encore plus loin, notamment en levant les obstacles réglementaires à une progression du recyclage des matériaux et en allongeant la durée de vie utile des bâtiments résidentiels et autres.