Les pouvoirs publics doivent s’attaquer aux nouveaux risques financiers et budgétaires. Il faudrait redoubler d’efforts pour poser les fondations d’une économie plus verte.
Les cas d’insolvabilité des entreprises risquent de se multiplier après le démantèlement progressif des dispositifs d’aide publique. Une forte proportion d’entreprises portugaises sont des petites entreprises, sous-capitalisées et vulnérables face aux chocs économiques. Jusqu’à sa suppression en septembre 2021, le moratoire sur les remboursements d’emprunts couvrait environ un tiers des prêts bancaires aux sociétés non financières. Des instruments de quasi-fonds propres ou l’octroi d’aides financières non remboursables pourraient réduire le risque d’une multiplication des cas de défaillance et de surendettement. La réforme antérieure du régime d’insolvabilité a amélioré son efficacité et devrait faciliter les restructurations d’entreprises. Le recours aux procédures extrajudiciaires est cependant resté limité, et l’accumulation des affaires en souffrance risque plus tard d’engorger les tribunaux.
Une augmentation des défauts de remboursement de prêts peut peser sur la rentabilité des banques et réduire la distribution des crédits nécessaires au financement des investissements. L’autorité de régulation et l’autorité de surveillance du secteur ont renforcé les incitations des banques à limiter l’accumulation de prêts non performants (PNP) dans leur bilan. Des mesures favorisant le développement des marchés secondaires de PNP contribueraient également à faciliter la cession des actifs dépréciés. Une société nationale de gestion d'actifs pourrait être une solution envisageable.
Une fois que la reprise sera bien installée, le Portugal devra annoncer une stratégie d’assainissement budgétaire à moyen terme crédible et transparente. Le niveau de la dette publique est supérieur à 130 % du PIB et figure parmi les plus élevés de la zone OCDE. Le vieillissement rapide de la population pèse sur la viabilité des finances publiques et les risques menaçant leur viabilité se sont accentués avec l’augmentation des éléments de passif éventuel. Le système des retraites devra être adapté pour contenir les augmentations à venir des dépenses liées à l’âge.
La modernisation du cadre budgétaire, notamment la mise en œuvre d’une budgétisation axée sur les résultats, est cruciale pour garantir une utilisation efficiente des fonds publics, notamment de ceux fournis par l’Union européenne (UE). L’application de la loi-cadre budgétaire de 2015, qui est l’un des objectifs du plan pour la reprise et la résilience, doit s’accélérer, et les autorités doivent améliorer leurs capacités en matière de suivi et d’évaluation des politiques publiques pour améliorer la réaffectation des dépenses à des usages plus productifs.
Le plan de relance « Next Generation EU » offre une occasion exceptionnelle de placer la croissance sur une trajectoire durable d’un point de vue environnemental. Réduire les prélèvements d'eau reste une priorité essentielle, qui exige des investissements complémentaires dans la modernisation des infrastructures hydriques existantes. Pour atteindre l’objectif ambitieux consistant à assurer la neutralité carbone de l’économie d’ici à 2050, ainsi qu’il est envisagé dans le Plan national 2030 pour l’énergie et le climat, il va falloir accélérer sensiblement la réduction des émissions, notamment en augmentant encore la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables et en verdissant le secteur des transports. L’action publique doit conjuguer des incitations à réduire les atteintes à l'environnement, des aides à l’investissement dans des activités moins polluantes, et des mesures de compensation en faveur des ménages à faibles revenus affectés par les mesures prises.
L’intensification de la lutte contre la corruption pourrait stimuler la croissance inclusive. La prévention de la criminalité économique figure en bonne place parmi les priorités d’action du gouvernement et il convient de saluer le déploiement en cours de la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption. L’amélioration des mécanismes de poursuites et le renforcement des obligations de responsabilité et d’intégrité des hauts fonctionnaires sont une priorité.