Lors du déclenchement de la crise du COVID-19, les finances publiques de la Turquie étaient saines, mais ses engagements hors bilan étaient importants. Ces engagements, qui sont le résultat des mesures de relance massive mises en œuvre par l’État en 2019 et 2020, ont principalement pris la forme de garanties publiques de crédit et de prêts par consentis par des banques publiques. En particulier, les crédits à des conditions favorables consentis par les banques publiques aux ménages et aux entreprises pendant la pandémie ont augmenté la part des dépenses quasi-budgétaires et alourdi le poids des passifs éventuels dans les finances publiques. Remédier au manque de transparence budgétaire en publiant un rapport régulier sur la politique budgétaire couvrant tous les passifs éventuels contribuerait à améliorer la confiance sur les marchés des capitaux, ce qui accroîtrait la marge de manœuvre budgétaire.
La pandémie a accentué les problèmes de politique monétaire. L'inflation est élevée et se maintient depuis longtemps bien au-dessus de l'objectif officiel de 5 %. L'inflation effective et anticipée a progressé après le choc provoqué par le COVID-19. Les interventions de politique monétaire liées à la pandémie ont permis de soutenir l'activité économique, le taux de change et les liquidités des banques. Elles ont aussi accentué les préoccupations concernant la priorité accordée par les autorités monétaires à la croissance et à l'emploi plutôt qu'à la stabilité des prix. Confrontée à des sorties massives de capitaux et à une forte dépréciation du taux de change, la Banque centrale a commencé à resserrer les liquidités en août, elle a relevé son taux directeur fin septembre et son taux de financement effectif en octobre, puis, comme ces mesures se révélaient insuffisantes, elle a procédé à un nouveau relèvement du taux directeur en novembre. Elle a par ailleurs normalisé son cadre d'action. Cela étant, les réserves de change restent faibles, et les primes de risques élevées.
La pandémie a exacerbé les enjeux structurels liés au chômage élevé, au faible taux d’activité et à des activités informelles généralisées. La crise a frappé le plus durement les travailleurs du secteur informel et les travailleurs indépendants, qui se concentrent dans des activités à forte intensité de main-d'œuvre et impliquant de nombreux contacts, où la distance physique est difficile à respecter. Ces travailleurs sont aussi exclus des filets de sécurité sociale liés à l'emploi. Si des progrès ont été réalisés en matière de création d'emplois de qualité ces 15 dernières années, se traduisant par des gains importants en termes de bien-être, des défis restent à relever. Le nombre d'emplois a fortement diminué après les turbulences financières de 2018 et le choc du COVID-19. Le taux d'activité reste très faible, surtout celui des femmes. Les coûts élevés de l'emploi légal, dus notamment au fait que le rapport entre le salaire minimum et le salaire médian est l’un des plus élevés de l'OCDE, à un système d'indemnités de licenciement coûteux et à des réglementations de l’emploi permanent et temporaire parmi les plus restrictives de l’OCDE, favorisent les activités informelles. Ils font obstacle à une allocation plus efficace des ressources dans les entreprises pleinement formelles et les start-ups de la haute technologie, dont la part relativement faible s’accroît progressivement.