La crise du COVID-19 a provoqué un choc sans précédent pour l’économie mondiale et les PME et les entrepreneurs ont été au cœur de la tourmente. En 2020 et tout au long de l’année 2021, une demande en berne résultant des confinements à répétition, des restrictions aux déplacements et d’une érosion de la confiance des consommateurs, conjuguée aux perturbations touchant les chaînes d’approvisionnement, ont fortement pénalisé les activités des entreprises et leurs bilans. Ces retombées ont donné lieu à des problèmes de trésorerie particulièrement graves dans les PME. Au cours de cette période, les mesures mises en place par les gouvernements, les autorités monétaires et les institutions financières publiques ont joué un rôle très important en apportant aux PME des liquidités, mais aussi d’autres formes de soutien (comme des subventions salariales) afin de les aider à faire face à la crise.
Après près de deux années de pandémie, la reprise est en cours au niveau mondial. Cela étant, la guerre en Ukraine, si elle constitue avant tout une crise humanitaire, a également d’importantes répercussions économiques. De fait, elle touche les marchés des capitaux et de l’énergie, les chaînes d’approvisionnement et les échanges, attise l’inflation, notamment s’agissant des prix de l’énergie et du secteur aval, autant d’éléments ayant des effets sensibles sur les résultats et les activités des PME.
Cette situation vient exacerber les risques qui pesaient déjà sur l’équilibre de la reprise post-pandémie. Elle confirme toute l’importance de financer les investissements nécessaires pour renforcer la capacité des PME et des entrepreneurs à bâtir des économies plus résilientes, et de faire en sorte que les plans de relance mis en place par les pouvoirs publics continuent d’apporter un soutien ciblé aux PME et aux entrepreneurs viables qui en ont besoin.
Dans son édition du 10e anniversaire, le Tableau de bord de l’OCDE sur le financement des PME et des entrepreneurs s’attarde sur la hausse inédite des prêts bancaires aux PME bénéficiant d’un soutien public, notamment en 2020, et met au jour un recul des autres formes de dette. On y trouve une étude de l’évolution du soutien aux PME pendant la crise sanitaire, qui montre que la place des politiques ciblées sur les PME dans les plans de relance est moindre que celle qui leur était réservée dans les mesures adoptées au début de la crise du COVID-19.
Il en ressort que les efforts de diversification des sources et instruments de financement des PME doivent se poursuivre afin de renforcer la résilience des PME face aux chocs à l’œuvre et ceux à venir, et les aider à optimiser la robustesse et la qualité de la reprise et de la croissance future. La prochaine mise à jour des Principes de haut niveau du G20 et de l’OCDE sur le financement des PME peut être utile à cet égard. Par ailleurs, les actions menées pour relever le défi de l’accélération de la transition verte, qui ne pourra se faire sans la participation des PME et des entrepreneurs, doivent elles aussi passer à la vitesse supérieure. La contribution de la nouvelle plateforme de l’OCDE sur le financement des PME à l’appui de la durabilité sera déterminante pour ce faire.
Dans cet environnement complexe, l’OCDE continuera d’observer de près les tendances du financement des PME et de l’entrepreneuriat. Nous redoublerons d’efforts pour étoffer nos analyses en élargissant le nombre de pays pris en compte et en recueillant des données plus finement ventilées sur les différents instruments de financement et segments de la population des PME. Ainsi, nous renforcerons le soutien que nous apportons aux gouvernements afin de promouvoir des politiques réactives, capables de s’adapter aux mutations rapides du paysage du financement des PME et de l’entrepreneuriat.
Mathias Cormann
Secrétaire général de l’OCDE