Ce chapitre décrit les tendances et les conditions d’accès au financement des PME. Il offre une analyse des répercussions de la pandémie de COVID19 sur le financement des PME et de l’entrepreneuriat en 2020 et 2021 à partir de données nationales et d’enquêtes auprès des emprunteurs. Il décrit d’abord succinctement les conditions macroéconomiques et l’environnement des affaires depuis 2020, et propose ensuite une analyse des financements apportés aux PME par le biais de différents instruments et de l’évolution des conditions de crédit, des faillites, des retards de paiement et des prêts improductifs. Pour conclure, il passe en revue les nouvelles orientations des politiques de soutien financier des PME.
Le financement des PME et des entrepreneurs 2022 (version abrégée)
1. Tendances récentes du financement des PME et de l’entrepreneuriat
Abstract
Climat des affaires et contexte macroéconomique
La pandémie de COVID19 a eu d’importantes répercussions économiques. Le PIB mondial a ainsi baissé de 3.5 % en 2020 en raison de l’arrêt des activités des entreprises lié aux mesures de confinement, d’une demande en berne et de perturbations des chaînes de valeur (OECD, 2021[1]). Contrairement à ce qui a pu être observé pendant la crise économique mondiale de 2008, le repli économique provoqué par la pandémie de COVID19 a été comparable dans les pays développés et dans les pays en développement, et quasiment toutes les économies ont enregistré une croissance en déclin en 2020 (OECD, 2021[2]). Malgré un rebond du PIB mondial à 5.6 % en 2021, la vigueur de la reprise varie considérablement d’un pays à l’autre et les écarts devraient se creuser encore davantage. La plupart des économies avancées et des économies émergentes ont déjà retrouvé un PIB réel par habitant à son niveau d’avant la crise, et il devrait en être de même pour certains pays en développement au cours de l’année 2022 (Graphique 1.1, partie gauche). Toutefois, les écarts par rapport aux prévisions de novembre 2019 en termes de PIB réel par habitant restent relativement élevés dans les économies émergentes et en développement, ce qui tient pour beaucoup au rythme moins soutenu des campagnes de vaccination ainsi qu’au niveau plus modéré du soutien budgétaire mobilisé à l’appui des efforts de relance (Graphique 1.1, partie droite).
Ces prévisions ont également été affectées par la guerre en Ukraine. Bien que les conséquences les plus dramatiques restent les vies perdues et la crise humanitaire liée aux populations assiégées ou déplacées, cette guerre a également des conséquences économiques considérables. Il est difficile de déterminer précisément les répercussions économiques du conflit, mais on estime en mars 2022 que les prévisions de croissance mondiale pourraient être réduites de 1 % sur la première année complète après le déclenchement du conflit, et que le taux d’inflation mondial pourrait augmenter de près de 2.5 points (OECD, 2022[3]).
La pandémie a eu un impact particulièrement marqué sur les PME. Plus de 40 enquêtes réalisées en 2020 auprès d’entreprises du monde entier ont révélé qu’au plus fort de la crise, plus de 50 % des PME avaient enregistré une forte baisse de leurs recettes et risqué un dépôt de bilan sous moins de trois mois. Les micro‑entreprises et les petites entreprises ont été particulièrement affectées : deux tiers d’entre elles ont en effet déclaré que la crise avait eu des effets considérables sur leurs activités, contre environ 40 % des grandes entreprises (International Trade Centre, 2020[5]). Les PME des pays en développement ont été encore plus touchées en raison du niveau limité des aides publiques1 ou de l’affectation des ressources aux grandes entreprises (World Bank, 2021[6]). Les PME informelles ont également été durement impactées par la crise (ILO, 2020[7]).
Échanges internationaux et investissements des entreprises
La pandémie a fortement perturbé les échanges internationaux, pourtant déjà mis à rude épreuve depuis une dizaine d’années. En 2020, les échanges ont subi une baisse en termes réels de 8.5 % (OECD, 2021[1]), avant de regagner 9.3 % en 2021 (OECD, 2021[4]). Les échanges de services ont cependant été particulièrement touchés par la crise, enregistrant une baisse de 21 % en 2021 en raison de la forte diminution des services de voyage (−81 % en glissement annuel au T2 2020 et −68 % en glissement annuel aux T3 et T4 2020) et des services de transport (−20 % en glissement annuel au T2 et −14 % en glissement annuel au T3 2020) (WTO, 2021[8]). Les échanges de biens se sont eux aussi contractés, mais dans une moindre mesure (‑5.8 %), après avoir connu un rebond consécutif à une baisse de 25 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2020 (WTO, 2021[9]).
Les PME ont été fortement impactées par les perturbations affectant les échanges tout au long de la chaîne de valeur. Les perturbations les plus importantes ont pu être observées au deuxième trimestre 2020, trimestre pendant lequel de nombreux pays ont mis en place des mesures strictes de confinement, mais certaines frictions ont perduré sur l’année 2020 et jusqu’en 2021. En Chine, les exportations ont chuté d’environ 21 % en février 2020 par rapport à la même période en 2019, avant d’entamer un redressement progressif (International Trade Centre, 2020[5]). Au quatrième trimestre 2020, 69 % des PME européennes déclaraient avoir rencontré des difficultés dans l’importation de matériaux, de biens et de services, et 46 % indiquaient avoir subi des perturbations dans leurs chaînes d’approvisionnement, lesquelles se sont traduites par des pénuries de certains produits. Ces perturbations ont également engendré des coûts supplémentaires pour les PME, dans la mesure où 26 % d’entre elles ont déclaré avoir payé des prix plus élevés et 39 % avoir dû faire face à des retards de paiement par rapport à la même période en 2019 (European Commission, 2021[10]). En 2022, les PME de certains secteurs rencontrent des difficultés dues à une volatilité accrue et une augmentation des prix sur les marchés de matières premières. La Russie et l’Ukraine représentent à elles deux environ 30 % des exportations mondiales de blé, 20 % des exportations de maïs, d’engrais minéraux et de gaz naturel, et 11 % des exportations de pétrole (OECD, 2022[3]). Les PME qui dépendent de ces intrants, et plus particulièrement les PME européennes, seront vraisemblablement affectées.
Les perturbations touchant les chaînes d’approvisionnement ont perduré en 2021 jusqu’en 2022. La forte augmentation de la demande de biens, associée au rétablissement des restrictions liées à la pandémie (dont la stratégie de zéro COVID en Chine), a entraîné une saturation des ports les plus actifs du monde et épuisé leurs capacités de transport maritime. En conséquence de la fermeture de certains ports majeurs et des restrictions aux déplacements qui ont entraîné une pénurie importante de travailleurs et de chauffeurs routiers, l’indice mondial des délais de livraison a atteint en octobre 2021 son pire niveau jamais enregistré. Cette situation a eu une incidence sur les stocks, a provoqué des pénuries et pénalisé les fabricants industriels du monde entier (Reuters, 2022[11]). Les coûts mondiaux de transport se sont ainsi envolés, augmentant de 343 % en glissement annuel à octobre 2021 selon l’indice Freightos Baltic Index (CFR, 2021[12]).
Les répercussions financières considérables pour les entreprises et le sentiment d’incertitude qui s’est emparé du monde au cœur de la pandémie ont également eu un impact notable sur les investissements. Mesuré en termes de formation brute de capital fixe, l’investissement a fortement diminué au deuxième trimestre 2020 (−11.5 % en glissement annuel dans les pays de l’OCDE) mais a depuis connu un rebond dans la plupart des économies avancées et des marchés émergents (OECD, 2021[13]) (OECD, 2021[4]). Les enquêtes montrent que la formation de capital fixe des PME a suivi la même évolution (ECB, 2021[14]). L’investissement direct étranger a quant à lui été particulièrement affecté, puisqu’il enregistre une baisse de 42 % en 2020 (UNCTAD, 2021[15]). Cependant, au premier semestre 2021, l’investissement direct étranger à l’échelle mondiale a fortement rebondi et les apports des deux premiers trimestres de 2021 ont permis de couvrir plus de 70 % des pertes subies en 2020 (UNCTAD, 2021[16]).
Conditions financières
Les conditions financières ne se sont pas dégradées de manière significative en 2020 et 2021, en grande partie à la faveur des mesures fortes et rapides adoptées par les États et les autorités monétaires à travers le monde. Quasiment toutes les banques centrales ont en effet assoupli les conditions monétaires afin d’injecter rapidement des liquidités dans l’économie. Dans les pays à revenu élevé bénéficiant déjà de taux d’intérêt au plus bas, les banques centrales ont appliqué des mesures non conventionnelles, comme des plans d’urgence d’achat massif de titres et un aménagement des normes en matière de garanties et des exigences de fonds propres imposées aux institutions financières dans le but d’éviter une pénurie de crédit (Federal Reserve Bank of New York, 2020[17]) (ECB, 2020[18]). Dans de nombreuses économies, ces mesures ont été accompagnées d’un assouplissement temporaire des réglementations applicables aux banques commerciales, ainsi que d’un moratoire sur le paiement du capital et des intérêts pour les entreprises. Certaines mesures budgétaires complémentaires, dont des dispositifs de garantie de crédit, des prêts bonifiés, des reports d’impôts, etc., ont également été mises en place afin de maintenir le flux de crédit et d’éviter une possible crise de solvabilité (pour plus d’informations, voir « Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20 »).
En 2022, on observe un durcissement des conditions sur les marchés des capitaux à travers le monde, ce qui témoigne d’une aversion plus importante aux risques et d’un certain climat d’incertitude. L’adoption d’une orientation plus restrictive de la politique monétaire pour contrôler l’inflation se traduit par une augmentation des taux d’intérêt, laquelle est susceptible de durcir les conditions d’emprunt des PME (OECD, 2022[3]).
Prêts aux PME
La crise du COVID19 et les mesures d’intervention des pouvoirs publics associées ont lourdement affecté la dynamique des prêts aux PME en 2020. Au début de la crise, les besoins de liquidités des PME ont très fortement augmenté car elles ont dû faire face à un manque à gagner important en termes de recettes. Bien qu’une partie de ce manque à gagner ait été compensé par la baisse des dépenses découlant de l’arrêt temporaire de leurs activités, ainsi que par différentes mesures de soutien (reports d’impôts, subventions salariales, moratoire sur le remboursement des dettes, etc.), les PME ont dû recourir à de nouveaux financements pour combler le solde. De nombreuses PME ont par ailleurs cherché à constituer des volants de liquidités préventifs en raison des incertitudes suscitées par l’évolution de la pandémie (Falagiarda, Prapiestis and Rancoita, 2020[19]).
Nouveaux prêts aux PME
De nombreuses économies ont enregistré une augmentation des nouveaux prêts aux PME en 2020, appuyée par des politiques monétaires accommodantes et des mesures de soutien public, comme des garanties de crédit ou des prêts directs par l’intermédiaire de banques publiques (voir « Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20 »).
Certains pays ont même connu une hausse significative du nombre de nouveaux prêts en 2020 : la Grèce (+179.5 %), le Royaume‑Uni (+72.44 %), le Kazakhstan (+41 %), le Chili (+38 %), la Slovénie (38 %), la République slovaque (+27.6 %) et la République tchèque (+24.7 %) (Graphique 1.2). Dans ces économies, la forte demande des PME en proie à des problèmes de trésorerie (dont une grande partie sont actives dans des secteurs particulièrement touchés par la crise, comme le tourisme, le commerce de gros et de détail, le transport, etc.) a pu être couverte par l’extension des dispositifs publics de soutien existants à destination des PME2 et par l’introduction de nouvelles mesures en réponse à la crise (voir « Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20 »). Cette augmentation des opérations de prêt reflète également une augmentation des emprunts de précaution favorisée par des conditions de crédit propices et un accès relativement plus aisé et plus rapide aux prêts bancaires. Enfin, dans certains pays, les importants efforts de restructuration et de renégociation des prêts mis en œuvre dans le cadre d’un moratoire sur le remboursement des dettes en lien avec la pandémie de COVID19 ont contribué à l’augmentation du nombre de nouveaux prêts (voir l’encadré 1.1 et la section « Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20 »).
Parallèlement à cela, de nombreux pays du Tableau de bord ont enregistré un baisse plus ou moins forte des nouveaux prêts malgré les mesures importantes de soutien à la trésorerie proposées par les autorités budgétaires et monétaires (Graphique 1.2). Cela ne signifie toutefois pas nécessairement que les besoins de liquidités des PME n’ont pas été satisfaits. Comme indiqué précédemment, la baisse de la demande de nouveaux prêts peut aussi expliquer la baisse observée dans l’octroi de nouveaux prêts. Parce que leurs besoins d’investissement ont été réduits et qu’elles ont pu bénéficier de programmes publics de financement (prêts directs, subventions, apport de fonds propres, etc.) et autres mesures de soutien à la trésorerie (reports de paiement, subventions salariales, moratoire sur le remboursement des dettes, etc.), les PME ont eu moins besoin de recourir aux crédits bancaires (voir l’encadré 1.1). Cela est particulièrement vrai dans les économies avancées où des mesures fortes de soutien d’ordre budgétaire et monétaire ont permis d’éviter une pénurie de crédit3 (Falagiarda, Prapiestis and Rancoita, 2020[19]) (voir Encadré 1.1).
Des enquêtes menées auprès des PME montrent également l’existence de contraintes du côté de l’offre dans le secteur bancaire. En Australie par exemple, où l’on a pu constater la plus forte baisse du nombre de nouveaux prêts parmi les pays du Tableau de bord, une enquête réalisée auprès de 1 750 PME australiennes a montré que le déficit de financement des PME s’est considérablement aggravé entre 2019 et 2021, augmentant de 4.6 milliards AUD pour atteindre 94.3 milliards AUD. Cette enquête dévoile également que sur l’ensemble des PME du pays (la plupart desquelles sont clientes des quatre principales banques australiennes), une sur quatre est parvenue à obtenir un prêt en 2020 (Judo Bank, 2021[20]). Au Danemark également, l’octroi de crédits a baissé malgré une hausse de la demande de nouveaux prêts des PME (voir le profil‑pays consacré au Danemark – dans la version en anglais). En Serbie, les nouveaux prêts aux PME ont baissé de manière significative malgré la mise en place d’un nouveau dispositif de garantie de crédit. La forte hausse du taux de refus tend également à montrer que l’augmentation de la demande de nouveaux prêts par les entreprises serbes pourrait ne pas avoir été entièrement satisfaite par le système bancaire (voir la section « Taux de refus »).
Encadré 1.1. Gros plan sur les nouveaux prêts aux PME dans certaines économies
Au Chili, la forte augmentation du nombre de nouveaux prêts résultede la mobilisation de volumes importants de financements (3 milliards USD) et d’un assouplissement des critères d’accès au fonds de garantie pour les petites entreprises (Fondo de Garantía para Pequeños Empresarios, FOGAPE) dans le cadre du nouveau programme de riposte à la crise du COVID19. Cette forte hausse s’explique également par un niveau de référence relativement faible, dans la mesure où les PME représentent seulement 21 % de l’encours total des prêts aux entreprises (voir le profil‑pays consacré au Chili – dans la version en anglais).
En Grèce, l’augmentation importante du nombre de prêts reflète de la même manière le niveau de référence relativement faible des prêts avant la crise. Les nouveaux prêts aux PME (comme toutes les autres formes de prêts aux entreprises) évoluent à la baisse depuis le début de la crise financière mondiale, bridés par une reprise post‑récession relativement faible et une part élevée et croissante de prêts aux PME devenus improductifs (36 % du total des prêts en 2019). En 2020, les nouveaux prêts aux PME s’élevaient à 3.5 milliards EUR, soit seulement un peu plus du quart de leur valeur en 2008 (12.5 milliards EUR). La forte hausse de la demande de nouveaux prêts en Grèce s’explique probablement aussi par la part relativement élevée de PME dans les secteurs lourdement touchés par la crise, comme le secteur du tourisme (voir le profil‑pays consacré à la Grèce – dans la version en anglais).
En Slovénie, on a pu observer au cours de l’année 2020 une augmentation des emprunts de précaution, comme le montre la valeur des lignes de crédit approuvées pourtant restées en grande partie inutilisées. L’augmentation du nombre de nouveaux prêts a en outre été accentuée par la restructuration et la renégociation des prêts opérées dans le cadre du moratoire législatif décrété en réponse à la pandémie de COVID19, lesquels prêts sont considérés comme de nouveaux prêts en application de la méthodologie de la Banque de Slovénie. Cela explique en partie l’écart entre l’augmentation importante des nouveaux prêts (23 % en glissement annuel, après correction des effets de l’inflation) et la baisse de l’encours des prêts aux PME (voir la section « Encours de prêts aux PME » ci‑dessous et le profil‑pays consacré à la Slovénie – dans la version en anglais).
Au Royaume‑Uni, la forte hausse du nombre de nouveaux prêts aux PME s’explique par un volume important d’emprunts de précaution souscrits par les PME et garantis à 100 % par l’État dans le cadre du dispositif Bounce Back Loan Scheme (BBLS) pour la constitution de volants de liquidités, sachant que 23 % des bénéficiaires du dispositif n’ont finalement utilisé aucune des facilités accordées (Klahr et al., 2021[21]). De la même manière, l’application de critères d’admissibilité souples pour l’octroi de prêts BBLS, des formalités de demande accélérées (avec une approbation des prêts entre 24 et 72 heures), des délais de tolérance prolongés et une garantie par l’État à hauteur de 100 % peuvent avoir contribué à ce qu’un nombre plus important de PME bénéficient de prêts en comparaison à d’autres pays du Tableau de bord (National Audit Office, 2020[22]).
Aux États‑Unis, un soutien financier sans précédent a été proposé aux PME dans le cadre du programme de protection des salaires (Paycheck Protection Programme, PPP) (525 milliards USD par l’intermédiaire de 5 460 prêteurs) et autres dispositifs. Ce programme prévoyait également une annulation des créances pour les entreprises apportant la preuve du maintien des emplois, ce qui s’est traduit par la distribution d’une grande partie des aides financières (plus de 600 milliards USD) sous forme de subventions (voir le profil‑pays consacré aux États‑Unis – dans la version en anglais). Ce phénomène explique l’augmentation relativement limitée du nombre de nouveaux prêts en 2020.
Source : Profils‑pays du Tableau de bord
La plupart des économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont constaté une baisse des nouveaux prêts aux PME, avec un taux de prêt médian en recul de 5.47 % (Graphique 1.3). Cette baisse est probablement imputable au niveau limité des aides publiques par rapport aux économies avancées et à une distribution plus restreinte des mesures de soutien. À titre d’exemple, les économies avancées ont en moyenne consacré l’équivalent de 8.4 % de leur PIB aux mesures de relance, contre 6.4 % pour les économies à revenu intermédiaire (UNCTAD, 2020[23]). Certains pays à revenu intermédiaire ont également limité les conditions d’assouplissement des politiques monétaires en raison des tensions inflationnistes, de potentielles sorties de capitaux et d’une pression renforcée sur les taux de change (OECD, 2020[24]), lesquels ont eu des répercussions sur les taux d’intérêt et la croissance des crédits. Par ailleurs, dans les économies à revenu intermédiaire, les risques associés aux prêts accordés aux PME et aux entreprises de manière générale sont comparativement plus élevés et les banques peuvent donc avoir un intérêt moindre à octroyer ce type de prêts, en particulier dans un contexte de crise. Par conséquent, même si des instruments spécifiques ont été mis en œuvre par les pouvoirs publics afin de renforcer l’octroi de nouveaux prêts aux PME, ces prêts n’ont pas toujours été assortis des taux d’intérêt escomptés, sauf lorsque les dispositifs de garantie de crédit prévoyaient un transfert complet des risques associés aux nouveaux prêts des banques vers l’État, ce qui n’a pas été le cas dans tous les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure du Tableau de bord. Enfin, l’augmentation plus modérée du nombre de nouveaux prêts peut également être attribuée à une plus faible demande due à des périodes de confinement plus courtes et moins restrictives dans certains de ces pays, ainsi qu’à la disponibilité d’autres mesures de soutien à la trésorerie (reports, dotations, subventions, etc.) (Graphique 1.2) (ECB, 2020[25]).
Encours de prêts aux PME
Dans la plupart des pays du Tableau de bord (27 pays sur 41 ayant fourni des données au titre de cet indicateur), l’encours de prêts aux PME a augmenté en 2020 (Graphique 1.4). Dans de nombreuses économies comme la France, le Kazakhstan, la Turquie et le Royaume‑Uni, cela explique l’augmentation considérable des nouveaux prêts aux PME, comme on l’a vu à la section précédente. L’évolution de l’encours de prêts aux PME reflète également d’autres dynamiques qui ont pu être affectées par la pandémie et les mesures associées, dont le rythme de remboursement des prêts et la modification des échéances. Le recours généralisé à des moratoires sur le remboursement des dettes a par exemple eu une incidence sur le rythme de remboursement des prêts dans la majorité des pays du Tableau de bord (29 pays sur 46) et l’allongement des échéances de prêts accordé dans le cadre des dispositifs de restructuration de la dette a fait qu’une grande partie des prêts aux PME sont restés inscrits dans le bilan des banques plus longtemps qu’en temps normal (OECD, 2021[2]).
En 2020, de nombreux pays (14 pays sur 41 ayant fourni des données au titre de cet indicateur) ont enregistré une baisse de l’encours de prêts. Cela s’explique en partie par une croissance atone ou une diminution du nombre de nouveaux prêts en raison de possibilités d’investissement plus limitées ou du recours à des dispositifs de financement public de crise, associés au remboursement (accéléré) des prêts. Dans certains pays, cette baisse est également le fait, d’une part, du désendettement continu du secteur privé au lendemain de la crise financière mondiale et, d’autre part, de la cession ou restructuration des prêts improductifs et autres types d’emprunts (dans le cadre de moratoires sur le remboursement des dettes) (voir l’Encadré 1.2).
Encadré 1.2. Gros plan sur l’encours des prêts aux PME dans certaines économies
En France, l’encours des prêts aux PME a connu une forte hausse du fait de l’augmentation importante des nouveaux prêts octroyés dans le cadre de dispositifs publics de soutien et du moratoire sur le remboursement des dettes. Parce qu’elles avaient augmenté leurs fonds propres et s’étaient désendettées de manière significative avant la crise, les PME françaises ont pu recourir davantage à l’endettement en 2020. Les données de la Banque de France montrent que la part de capitaux propres dans le total des ressources financières est passée de 37.8 % en 2007 à 44 % en 2019. Les PME ont ainsi bénéficié d’une capacité d’emprunt supérieure et ont pu accroître leurs liquidités au cœur de la crise. Selon la Banque de France, les demandes de prêts garantis par l’État se sont ainsi élevées en 2020 à 95 milliards EUR pour les PME, ce qui représente 75 % des prêts accordés en décembre 2020 (Banque de France, 2021[26]).
En Grèce, l’encours de prêts aux PME s’est réduit malgré une forte augmentation des nouveaux prêts (170 %, après correction des effets de l’inflation). Cela s’explique principalement par la suppression notable des prêts improductifs du bilan des banques grecques (de 36.1 % du total des prêts en 2019 à 28.5 % du total des prêts en 2020) qui fait suite à l’introduction fin 2019 du dispositif de protection des actifs « Hercules ». Ce dispositif, élargi au milieu de l’année 2021, permettait la cession des prêts improductifs à des organismes de titrisation privés, lesquels pouvaient ensuite vendre davantage de valeurs de premier rang adossées à ces actifs et garanties par l’État (voir le profil‑pays consacré à la Grèce – dans la version en anglais).
En Irlande, la baisse du nombre de nouveaux prêts aux PME et de l’encours des prêts en 2020 s’inscrit dans le prolongement de la tendance de désendettement à long terme amorcée suite à la crise financière mondiale. D’après l’enquête SME Credit Demand Survey, bien que la demande de prêts des PME ait reculé en 2020, cette baisse a été freinée par des périodes de fermeture prolongées et par la disponibilité de divers dispositifs de soutien public qui ont permis aux entreprises de limiter leurs dépenses (subventions et versements directs aux entreprises fermées ou affectées par la crise, entrepôts fiscaux, mesures de soutien au paiement des salaires, etc.). Les données de la Banque centrale d’Irlande révèlent une augmentation significative des dépôts des entreprises privées (PME incluses), ce qui confirme que la disponibilité de ressources internes suffisantes explique probablement pourquoi les PME n’ont pas cherché à recourir davantage au crédit.
En Italie, l’État a renforcé son système de soutien en permettant à l’organisme national de crédit à l’exportation (Servizi Assicurativi del Commercio Estero, SACE), après redéfinition de ses missions, de proposer des garanties publiques aux grandes entreprises. Cette initiative a également été élargie aux PME ayant épuisé leurs possibilités d’accès au Fonds central de garantie. Associée à d’autres mesures comme la mise en place d’un moratoire visant à aider les entreprises à faire face aux pénuries temporaires de liquidités, cette initiative a également permis de limiter la demande de crédit bancaire. En conséquence de ces mesures, l’Italie n’a observé qu’une augmentation modérée de l’encours des prêts aux PME.
En Corée, l’encours de prêts aux PME a connu une hausse de 10.6 % par rapport à 2019. Cette augmentation s’explique par la mise en place de mesures de soutien public, dont l’allongement des échéances de prêts et un moratoire sur le remboursement du capital et des intérêts des prêts (pour l’équivalent de 209 700 milliards KRW d’avril 2020 à juillet 2021), à l’intention des PME affectées par la crise du COVID19. Le report du paiement du capital a encore été étendu à hauteur de 12 100 milliards KRW et le report du paiement des intérêts à hauteur de 209.7 milliards KRW.
Au Pérou, les nouveaux prêts aux PME ont augmenté de 13.8 % en termes réels et l’encours des prêts aux PME s’est envolé de 60 % en termes réels. Cette évolution constitue un tournant non négligeable dans la tendance de croissance relativement atone ou négative de l’encours de prêts observée depuis plusieurs années. Les dispositifs publics de soutien Reactiva Perú et Fondo de Apoyo Empresarial a las MYPE (FAE‑MYPE) ont permis une hausse significative du nombre de nouveaux prêts aux PME. L’augmentation de l’encours des prêts a également été accentuée par l’adoption de nouvelles mesures de soutien à la trésorerie, comme un plan de rééchelonnement des crédits mis en œuvre pour atténuer les risques de faillites et qui a aussi permis que les prêts restent inscrits plus longtemps dans le bilan des banques.
En Pologne, des enquêtes réalisées auprès des banques ont montré une demande limitée de nouveaux prêts en raison de la disponibilité de dispositifs publics de soutien. On a également pu observer un taux élevé de remboursement des dettes (94.5 % des entreprises ont déclaré un règlement rapide des engagements de crédit), lequel a entraîné une chute nette de l’encours de prêts.
Source : Profils‑pays
Ces différents facteurs ont contribué à une augmentation non négligeable de l’encours de prêts aux PME, avec une augmentation de 4.94 % du taux de croissance médian en glissement annuel pour l’ensemble des pays du Tableau de bord, soit le taux le plus élevé depuis la création de ce dernier. La plus forte hausse a pu être observée dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (12.7 % pour le taux médian de ce groupe), marquant un renversement brutal de la tendance à la baisse observée avant la crise. L’Union européenne a quant à elle connu la plus faible augmentation (0.97 %) de l’ensemble des groupes, même si cette croissance positive constituait une inversion de la courbe descendante de l’encours de prêts aux PME des trois dernières années (Graphique 1.5).
Part des prêts aux PME
La répartition des prêts entre les PME et les grandes entreprises n’a pas évolué de manière significative en 2020 dans la plupart des pays du Tableau de bord (Graphique 1.6). Autrement dit, contrairement aux anticipations, la crise du COVID19 n’a pas entraîné une réorientation des stratégies de crédit privilégiant les grandes entreprises aux dépens de clients à plus haut risque comme les PME. Cela suggère également que l’intervention efficace des pouvoirs publics et l’accent mis sur le soutien aux PME dans les plans d’urgence en réponse à la crise de COVID19 ont certainement fait pencher la balance en faveur des PME, en particulier par la mise en œuvre de mesures de soutien à la trésorerie, voire par le financement de l’investissement (voir le chapitre 2). Une enquête de la Banque des règlements internationaux a montré que les mesures visant à renforcer la capacité de prêt des banques en encourageant une certaine souplesse dans la comptabilité des pertes et en préservant leur capital, ont contribué à la croissance des prêts aux entreprises, et des PME en premier lieu. De la même manière, l’enquête fait un lien entre, d’une part, l’élargissement de l’accès aux programmes de garantie et, d’autre part, la capacité des banques à proposer des conditions de prêts accommodantes et un niveau de prêt élevé aux PME (BIS, 2021[27]).
Dans les pays ayant enregistré une hausse de la part des prêts aux PME en 2020 (Graphique 1.6), cette hausse est le fruit de facteurs différents d’un pays à l’autre. En Lituanie par exemple, la part des prêts aux PME a augmenté de 17.1 points en 2020, mais cela est principalement dû à un niveau de demande de prêts moins important de la part des grandes entreprises, atténué par des reports d’investissements, des ventes réservées et différentes mesures de soutien public, comme le report d’impôts (voir le profil‑pays consacré à la Lituanie – dans la version en anglais). Dans d’autres pays (Brésil et Pérou, par exemple), les nouveaux prêts aux PME, majoritairement proposés et garantis par l’État, ont représenté en 2020 la plus grande partie de l’augmentation de la part relative des prêts aux PME (voir les profils‑pays consacrés au Brésil et au Pérou – dans la version en anglais). Au Pérou par exemple, 98.6 % des bénéficiaires du dispositif Reactiva Perú étaient des PME (voir le profil‑pays consacré au Pérou – dans la version en anglais).
En 2020, la part de l’encours des prêts aux PME allait d’environ 20 % ou moins au Canada, en Italie, en Estonie, en Indonésie, au Chili et en France, à plus de 70 % en Lettonie, en République tchèque, en Suisse, au Portugal, en République slovaque et en Corée (Graphique 1.6). Il est intéressant de noter que c’est dans le premier groupe de pays (ceux pour lesquels la part des prêts aux PME est inférieure à la part des prêts aux grandes entreprises) que l’on observe une variation moins importante de la valeur médiane du groupe entre 2019 et 2020, par rapport au second groupe de pays. Cette différence s’explique par la structure du secteur des sociétés dans les économies où les grandes entreprises sont prépondérantes (OECD, 2020[28]) et donc où les perturbations conjoncturelles n’ont pas une incidence majeure sur les taux de prêt.
La part des prêts aux PME reste généralement inférieure dans les pays en développement et les pays à revenu intermédiaire (Graphique 1.6), ce qui reflète, entre autres facteurs, une économie informelle plus développée. En Colombie et en Afrique du Sud par exemple, on estime respectivement à 60 % et à 58 % les entreprises qui relèvent du secteur informel (voir les profils‑pays – dans la version en anglais). La place importante qu’occupe le secteur informel contribue également au manque d’accès au financement, dans la mesure où les avantages de la régularisation de leur situation sont mal connus ou compris par les chefs d’entreprises. L’économie informelle est aussi un facteur d’exclusion des services financiers classiques. En Afrique du Sud par exemple, environ 28 % des entreprises n’ont pas de statut formel et 15 % n’ont pas accès aux services financiers (voir le profil‑pays consacré à l’Afrique du Sud – dans la version en anglais). Les difficultés que pose l’économie informelle se sont vraisemblablement trouvées exacerbées par la crise du COVID19, dans la mesure où la majorité des entreprises du secteur formel ont fermé pendant la pandémie et qu’un grand nombre d’entre elles ont probablement continué leurs activités de manière informelle (pour plus d’informations, voir la section « Faillites »).
La part relativement plus faible des prêts aux PME dans les pays émergents et en développement peut également s’expliquer par la part importante de dirigeants de PME dont les demandes de crédit sont effectuées à titre personnel mais à des fins professionnelles. En Afrique du Sud, seuls 34 % des entreprises utilisent des comptes bancaires officiels au nom de la société. Non seulement cette pratique augmente le risque d’endettement personnel excessif et affecte le profil de crédit des dirigeants d’entreprises, mais elle prive ces entreprises d’un accès à des produits financiers adaptés à leurs besoins. Elle empêche enfin les banques d’assurer un suivi adéquat de prêts consentis aux entreprises (voir le profil‑pays consacré à l’Afrique du Sud – dans la version en anglais).
Crédits à court terme et crédits à long terme
Les prêts à court terme sont des prêts dont les échéances sont inférieures à un an et sont souvent utilisés pour couvrir les besoins en fonds de roulement. Les prêts à long terme sont quant à eux généralement utilisés pour le financement d’investissements, mais les PME peuvent également y recourir à des fins stratégiques pour s’assurer des taux d’intérêt inférieurs (Banque de France, 2018[29]). Comme cela a été mis en évidence dans les éditions précédentes du Tableau de bord sur le financement des PME, le portefeuille de prêts des PME a progressivement évolué en délaissant les prêts à court terme au profit de prêts de plus longue durée, et les données pour l’année 2020 confirment cette tendance (OECD, 2020[28]). Près de sept nouveaux prêts sur dix octroyés aux PME en 2020 étaient des prêts à long terme (Graphique 1.7). Cette tendance devrait perdurer dans la mesure où les dispositifs de restructuration de la dette adoptés en réponse à la crise du COVID19 entraînent souvent un report de l’échéance des prêts accordés en 2020 afin de donner aux PME assez de temps pour se redresser (OECD, 2021[2]).
Conditions de crédit pour les PME
La présente section décrit les conditions du crédit aux PME et aux entrepreneurs en se fondant sur les données relatives au coût du crédit bancaire, aux garanties exigées et aux taux de refus. Elle s’appuie également sur les conclusions dégagées dans les enquêtes réalisées auprès des bailleurs de fonds et des emprunteurs.
Taux d’intérêt
Les taux d’intérêt restent très variables dans les pays du Tableau de bord, d’autant que les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure imposent aux PME des coûts d’emprunt plus élevés que dans les économies avancées. Dans sept pays, les taux d’intérêt appliqués aux PME dépassent 10 %. Le niveau de ces taux d’intérêt s’explique dans certains cas par des coûts de fonctionnement sensiblement plus élevés pour les banques et par les risques associés aux opérations de crédit des PME. Les PME ont tendance à ne présenter qu’un degré de structuration limité, ne sont généralement actives que sur le marché local et disposent rarement d’informations financières sur leurs activités. Au Pérou par exemple, environ 57.9 % des PME ne gardent aucune trace de leur flux de trésorerie et 80 % ne préparent pas de plan de financement pour leurs activités (voir le profil‑pays consacré au Pérou – dans la version en anglais). Dans d’autres pays comme le Kazakhstan, les taux d’intérêt sont élevés aussi bien pour les PME que pour les grandes entreprises, et ce, en raison des conditions macroéconomiques plus générales (voir le profil‑pays consacré au Kazakhstan – dans la version en anglais).
L’évolution des taux d’intérêt appliqués aux PME en 2020 par rapport à l’année précédente montre clairement que les banques centrales ont utilisé cet instrument de politique monétaire pour réduire rapidement le coût des crédits en réponse à la crise du COVID19. Les taux d’intérêt ont baissé dans presque toutes les économies déclarantes (34 sur 42) et, dans les autres économies, ils n’ont baissé qu’à la marge (moins de 1 % dans l’ensemble des pays restants) (Graphique 1.9). Les tensions inflationnistes et la crainte d’éventuelles sorties de capitaux suscitées par la crise ont vraisemblablement limité la baisse des taux d’intérêt dans certains pays (OECD, 2020[24]).
Cette situation s’explique également par un recours important à des dispositifs de garantie publique ou de prêts publics. Au Brésil par exemple, le plan national de soutien aux micro‑entreprises et aux petites entreprises (Programa Nacional de Apoio às Microempresas e Empresas de Pequeno Porte, Pronampe) donnait aux PME l’accès à des financements à des taux sensiblement inférieurs aux taux à deux chiffres pratiqués sur le marché (voir le profil‑pays consacré au Brésil – dans la version en anglais). De la même manière, au Chili, le dispositif de prêt du FOGAPE plafonnait les taux d’intérêt pour les opérations de crédit couvertes (taux limités à 3 % de plus que le taux directeur en termes nominaux) (voir le profil‑pays consacré au Chili – dans la version en anglais). La mise en œuvre de ces dispositifs a donné lieu à certaines des baisses des taux d’intérêt les plus importantes jamais recensées depuis la création du Tableau de bord (Graphique 1.9).
Le taux d’intérêt médian appliqué aux PME dans les pays du Tableau de bord a reculé de 0.4 point en 2020, soit la baisse la plus importante enregistrée dans le Tableau de bord pour cet indicateur depuis 2009. Les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure affichent la plus forte baisse (1.47 point), bien que ce soit à partir d’une base plus élevée. Même si une grande partie d’entre eux affichaient des taux d’intérêt au plus bas avant la crise, les pays à revenu élevé ont quant à eux connu une baisse plus limitée du taux médian (0.2 point) (Graphique 1.9).
L’écart de taux entre les prêts aux PME et les prêts aux grandes entreprises offre un éclairage supplémentaire sur les conditions de crédit faites aux PME. Dans la mesure où les PME ont un profil d’emprunteur intrinsèquement plus risqué, elles se voient dans la plupart des cas imposer des taux d’intérêt supérieurs à ceux appliqués aux grandes entreprises. La réduction de l’écart de taux témoigne ainsi généralement d’une amélioration des conditions de crédit des PME tandis qu’une augmentation de l’écart est le signe d’un durcissement des conditions d’emprunt (OECD, 2012[30]).
Les données pour l’année 2020 sur l’écart de taux d’intérêt révèlent que les conditions de crédit faites aux PME ont été globalement plus favorables par rapport à la période précédant la crise : les écarts de taux étaient plus réduits dans 27 des 40 pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur (Graphique 1.10).
En 2020, les pays d’Amérique latine sont ceux dans lesquels l’écart des taux d’intérêt s’est le plus réduit (Graphique 1.10), ce qui reflète la forte baisse des taux de prêt consentis aux PME normalement confrontées aux taux particulièrement élevés du marché.
L’évolution de la valeur médiane de l’écart de taux d’intérêt par groupe de pays classés selon leur revenu offre un éclairage supplémentaire sur les conditions de crédit faites aux PME en 2020. Une réduction de cet écart a pu être observée dans presque tous les groupes de pays. Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure affichent la plus forte baisse (1.03 point) et la valeur médiane la plus faible depuis 2009 (0.42 point). Ces baisses s’inscrivent dans la tendance à la réduction de l’écart de taux d’intérêt observée avant la crise dans ces économies. Les pays à revenu élevé ont également connu une baisse de 0.09 point et la valeur médiane y a reculé de 0.61 point. À l’inverse, dans les pays de l’Union européenne, la valeur médiane est restée inchangée par rapport à 2019 (0.78 point) (Graphique 1.11).
Exigences de garanties
Les données proviennent d’enquêtes réalisées auprès des emprunteurs sachant que la méthodologie, les échantillons et les questionnaires varient d’un pays à l’autre. Il convient donc de faire preuve de prudence dans les comparaisons entre pays et il faudra améliorer la déclaration d’informations pour mieux cerner l’évolution des conditions de financement des PME à cet égard.
Il ressort des informations fournies par les 15 pays du Tableau de bord qui communiquent des données au titre de cet indicateur que les exigences de garanties, exprimées en pourcentage des PME qui demandent des garanties dans le cadre de l’accès aux crédits bancaires, ont fortement diminué en 2020. Sur ces 15 pays, dix ont enregistré une baisse des exigences de garanties (Graphique 1.12, partie gauche). La plus forte baisse a été observée aux États‑Unis (−41.1 points), suivis par le Royaume‑Uni (−24 points). D’autres pays à revenu élevé ont également connu une baisse des exigences de garanties, mais dans une moindre mesure (Graphique 1.12, partie gauche).
Cette baisse s’explique par une utilisation accrue des dispositifs de garantie de crédit mis en place en réponse à la pandémie de COVID19. Ainsi, en février 2021, 46 pays sur 55 proposaient des garanties de crédit en réaction à la crise (OECD, 2021[2]).
L’évolution de la valeur médiane de cet indicateur montre que la baisse des exigences de garanties observée en 2020 ne fait que confirmer la tendance observée pendant la crise. Cependant, la proportion médiane des prêts pour lesquels des garanties sont exigées a baissé en 2020 de manière considérable par rapport à la tendance d’avant la crise, ce qui reflète l’importance des dispositifs de soutien public (Graphique 1.12, partie droite).
Demandes de prêts des PME
À l’instar des données sur les garanties, les données sur les taux de demande proviennent généralement d’enquêtes menées auprès des emprunteurs dont les possibilités de comparaisons sont limitées d’un pays à l’autre.
En dépit de la pandémie, les demandes de nouveaux prêts n’ont que peu augmenté dans de nombreux pays : la valeur médiane des demandes de prêts par les PME était de 31 % en 2020, soit seulement 6 points de plus qu’en 2019 (Graphique 1.13). On l’a vu dans la section relative aux nouveaux prêts aux PME, malgré les problèmes de trésorerie occasionnés par la crise, la demande de nouveaux prêts dans de nombreux pays a été freinée par le report des investissements, ainsi que par l’adoption de mesures de soutien complémentaires, comme le report d’impôts, des moratoires sur le remboursement des dettes, des dispositifs de maintien dans l’emploi, etc. Le recours à des programmes publics de financement a également eu un effet défavorable sur la demande de crédit bancaire. (ECB, 2020[31]).
À l’inverse, dans les pays ayant connu une hausse de la demande de prêts par les PME, les taux de croissance ont atteint des niveaux sans précédent. C’est ainsi le cas de l’Autriche (+13.48 points), la Colombie (+10 points), l’Espagne (+8.57 points), la Grèce (+7.34 points) et le Royaume‑Uni (+5 points) (Graphique 1.13). En Autriche par exemple, la forte hausse des demandes de prêts par les PME s’explique par une augmentation importante du besoin de nouveaux financements par rapport aux années précédentes, marquées par un déficit de financement négatif (autrement dit, le niveau de financement disponible était supérieur aux besoins de financement des PME) (ECB, 2019[32]).
Taux de refus
Les données sur les taux de refus proviennent généralement des enquêtes réalisées auprès des emprunteurs et les possibilités de comparaison entre les pays sont souvent limitées. Cet indicateur apporte cependant un certain éclairage sur l’offre de crédit aux PME et fournit des informations concrètes sur les conditions générales de financement qui leur sont imposées. Un taux de refus élevé est le signe que des contraintes pèsent sur l’offre de crédit. Un nombre important de demandes de crédit refusées implique la demande n’est pas satisfaite, soit parce que les conditions de prêt sont jugées inacceptables, soit parce que la solvabilité moyenne des demandeurs s’est détériorée, soit parce que les banques restreignent volontairement le crédit (OECD, 2012[30]).
Les normes de crédit (c.‑à‑d. les critères appliqués par les banques pour l’approbation des crédits) ont pris un tour plus restrictif dans la plupart des pays en réponse à la crise du COVID19, même si ce resserrement a été relativement plus modéré que dans le contexte de la crise financière mondiale, notamment en raison des mesures budgétaires et monétaires fortes qui ont été mises en œuvre pour faire face à la crise (ECB, 2020[31]). Par conséquent, le taux de refus a augmenté dans la moitié des pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur (10 sur 17), tandis que dans les autres pays le taux de refus est resté inchangé par rapport à 2019. La valeur médiane de ces 17 pays a ainsi augmenté de 6.67 points, inversant la tendance observée en 2019, puisque le taux de refus médian cette année‑là avait perdu 0.7 point. Cet indicateur reste élevé et ne présente que de faibles variations entre 2019 et 2020 en Lituanie et aux États‑Unis, où respectivement 43.5 % et 32.4 % des PME ont essuyé un refus de crédit, alors qu’il a connu une hausse sensible en Serbie (+12.78 points), en Grèce (+7.34 points) et en Nouvelle‑Zélande (+5.24 points) (Graphique 1.14).
Le Royaume‑Uni et la République slovaque sont les seuls pays à avoir enregistré une baisse du taux de refus en 2020 par rapport à 2019. Au Royaume‑Uni, cette exception est probablement due au dispositif Bounce Back Loan Scheme (Graphique 1.14), lequel assurait une garantie de crédit à hauteur de 100 % du solde des prêts (capital et intérêts) octroyés aux petites entreprises dans le cadre du dispositif, ce qui a permis de limiter sensiblement les risques inhérents aux opérations de prêt aux PME (voir le profil‑pays consacré au Royaume‑Uni – dans la version en anglais). En République slovaque, deux dispositifs de garantie ont été mis en place : « SIHAZ 1 », qui assure une couverture à 80 % pour les crédits bancaires à hauteur de 50 % du portefeuille de prêts concernés de la banque, et « SIHAZ 2a », qui assure une couverture à 90 % pour tous les nouveaux crédits (voir le profil‑pays consacré à la République slovaque – dans la version en anglais).
Dans les pays où le taux de refus est à la fois faible et stable, l’intervention des pouvoirs publics (sous la forme par exemple de services de médiation) peut expliquer que le nombre de dossiers rejetés soit resté faible en 2020. En France, le dispositif de médiation du crédit oblige les banques à réévaluer tout refus de prêt et à faciliter l’octroi de financement aux entreprises confrontées à des difficultés temporaires (European Monitoring Centre on Change, 2020[33]). En 2020, 14 147 entreprises françaises ont été éligibles à la médiation, soit 14 fois plus qu’en 2019. D’après la Banque de France, le dispositif a permis le déblocage de 2.98 milliards EUR de crédit et on estime qu’il a contribué à préserver 77 815 emplois sur l’année 2020 (voir le profil‑pays consacré à la France).
Données d’enquête complémentaires sur les conditions de crédit
Les données d’enquêtes montrent également qu’en 2020 le financement par l’emprunt est resté relativement abordable et disponible, certainement à la faveur d’une intervention efficace des pouvoirs publics face à la crise du COVID19. Les taux d’intérêt ont atteint des niveaux historiquement bas et les garanties de prêt ont été considérablement renforcées dans les pays européens, aux États‑Unis, au Japon et au Royaume‑Uni. Bien que ces enquêtes offrent des informations précieuses sur les conditions de l’offre et de la demande de crédit, les possibilités de comparaison entre les différentes enquêtes restent limitées.
Zone euro
L’enquête semestrielle de la Banque centrale européenne sur l’accès des PME au financement dans les pays de la zone euro (Survey on the Access to Finance of Enterprises, SAFE) apporte un éclairage sur la manière dont les conditions de crédit sont perçues par les PME européennes. L’enquête couvrant la période d’avril à septembre 2020 montre que l’accès au financement reste parmi les préoccupations les moins pressantes des entreprises de la zone euro dans son ensemble, malgré quelques disparités entre les pays. Les PME grecques et italiennes ont ainsi indiqué que le manque de financement continuait d’avoir un impact sensible sur leurs activités (ECB, 2021[14]). L’enquête couvrant la même période en 2021 révèle que la part des PME de la zone euro qui considèrent que l’accès au financement est une préoccupation majeure avait encore baissé pour atteindre 7 % (ECB, 2021[34]).
Comme l’illustre le Graphique 1.15, la demande de prêts bancaires a augmenté considérablement au premier semestre 2020 (de 8 % à 20 %), avant de descendre à 12 % au second semestre 2020 puis à 1.6 % au premier semestre 2021, ce qui s’explique par l’abondance de dispositifs d’aide publics qui ne reposent pas sur l’endettement. La disponibilité des prêts bancaires a quelque peu fluctué en 2020, avec une légère augmentation de 6 % au premier semestre suivie d’une nouvelle baisse de 3 % au second semestre. Il convient également de noter que même si les grandes entreprises ont fait état d’un retour aux niveaux d’avant la crise du COVID19, les micro‑entreprises ont quant à elles été confrontées à une baisse de la disponibilité des prêts bancaires. À l’inverse, au premier semestre 2021, la disponibilité des prêts bancaires a augmenté de 6.4 % et toutes les entreprises (à l’exception des moyennes entreprises) ont indiqué avoir constaté un retour de la disponibilité des prêts à ses niveaux d’avant la pandémie (ECB, 2021[34]). Un examen plus détaillé par pays montre par exemple qu’en Belgique les PME ont observé une baisse de la disponibilité des prêts bancaires (ECB, 2021[14]).
De manière générale, le coût des financements bancaires a augmenté et les conditions se sont durcies. La seule exception reste la baisse des taux d’intérêt au premier semestre 2020, ce qui concorde avec les résultats du Tableau de bord. Cependant, au second semestre 2020 et au premier semestre 2021, les PME font état d’une hausse des taux d’intérêt. Les coûts de financement, comme les droits, les redevances et les commissions, ont quant à eux connu une hausse continue sur l’année (ECB, 2021[14]).
Les données de l’enquête révèlent également un léger recul du nombre de PME sollicitant un prêt au premier semestre 2021, soit 22 %, contre 27 % au second semestre 2020. La proportion de prêts accordés intégralement en 2021 est restée au même niveau que lors du cycle précédent (72.4 %), alors que le taux de refus a augmenté de 6 % (contre 4 % au second semestre 2020) (ECB, 2020[35]).
États‑Unis
Les données de l’enquête Senior Loan Officer Opinion Survey recueille l’opinion des hauts responsables des banques sur les pratiques en matière de prêt aux États‑Unis. Les données du troisième trimestre 2021 font état de critères plus accommodants pour les prêts aux entreprises de toutes tailles, alors qu’ils étaient bien plus restrictifs sur la même période en 2020 d’après les résultats de l’enquête. Au troisième trimestre 2021, la plupart des banques signalaient un assouplissement des taux de prêt pour l’ensemble des entreprises. Dans le cas spécifique des PME, cet assouplissement est lié à la réduction du coût des prêts et à l’augmentation du plafond des lignes de crédit. La demande de prêts a quant à elle fluctué entre 2020 et 2021. Bien que les responsables des banques aient fait état d’un fléchissement de la demande de prêts par les entreprises en 2020, elle a connu un rebond au troisième trimestre 2021, même si le niveau de demande des PME est resté inchangé (Federal Reserve Bank, 2020[36]) (Federal Reserve Bank, 2021[37]).
L’enquête trimestrielle Small Business Lending Survey rend compte de la perception qu’ont les banques commerciales de leurs activités de prêt à destination des petites entreprises aux ÉtatsUnis. Les réponses apportées à cette enquête au troisième trimestre 2021 révèlent un assouplissement des critères d’octroi de crédit (en dépit de durées différentes), ce qui est corroboré par l’adoption de planchers de taux d’intérêt plus restrictifs malgré un desserrement des écarts de taux de crédit et un allongement de la durée maximale des lignes de crédit (Federal Reserve Bank of Kansas City, 2021[38]). Cette situation contraste avec les résultats de l’enquête pour la même période en 2020, puisque les critères et conditions d’octroi de crédit étaient bien plus restrictifs (Federal Reserve Bank of Kansas City, 2020[39]).
Japon
Au Japon, l’enquête trimestrielle TANKAN, réalisée par la Banque du Japon sur la confiance des entreprises, montre qu’aux deux premiers trimestres 2020 les conditions de financement étaient différentes pour les petites entreprises et les grandes entreprises. Bien que l’attitude des institutions financières à l’égard du crédit aux petites entreprises ait été légèrement plus accommodante, elle a pris un tour beaucoup plus restrictif pour les grandes entreprises, notamment au premier trimestre 2020 (Graphique 1.16). En 2021 en revanche, cette différence de traitement envers les PME et les grandes entreprises a commencé à se réduire et, au dernier trimestre 2021, les indices pour ces deux catégories de taille d’entreprises étaient à leur niveau le plus proche. Il convient également de souligner que l’attitude des institutions financières à l’égard du crédit aux moyennes entreprises est dans une certaine mesure la même que pour les grandes entreprises. Elle n’a toutefois pas évolué au même rythme, son indice restant plus proche de celui des petites entreprises au dernier trimestre 2020 et sur l’ensemble de l’année 2021 (Bank of Japan, 2021[40]).
Royaume‑Uni
L’enquête Credit Conditions Survey menée par la Banque d’Angleterre étudie chaque trimestre les perspectives des responsables des banques en ce qui concerne la disponibilité de capitaux pour l’emprunt et les conditions générales de crédit. D’après les données de cette enquête, la disponibilité des crédits pour le secteur des sociétés a augmenté en 2020, et ce, pour toutes les catégories de taille d’entreprise. En 2021, la disponibilité des crédits est restée stable pour les PME, mais a augmenté légèrement pour les grandes entreprises aux trois premiers trimestres. Parallèlement à cela, la demande de prêts des PME a fluctué en 2020. Comme on pouvait s’y attendre compte tenu des effets de la pandémie, la demande de prêts des entreprises de toutes les catégories de taille a augmenté au deuxième trimestre 2020 et ce n’est qu’au quatrième trimestre que la demande de crédit des PME a connu un fléchissement (Bank of England, 2020[41]). En 2021, la demande de crédit des petites entreprises a également reculé, alors que la demande des grandes entreprises a augmenté. La demande des moyennes entreprises est restée globalement stable en 2021, malgré une légère baisse aux deuxième et troisième trimestres (Bank of England, 2021[42]).
Financement adossé à des actifs
Crédit‑bail et location‑vente
Les activités de crédit‑bail et de location‑vente ont enregistré une baisse en 2020, inversant la tendance à la hausse observée au cours des années précédentes. Cette baisse s’explique à la fois par une demande plus faible de nouveaux services de crédit‑bail (ECB, 2020[35]) et par des capacités de paiement plus limitées consacrées aux crédits‑bails (BDO, 2020[43]), deux facteurs impactés par une activité économique ralentie dans le contexte de la pandémie. Les données de l’organisation professionnelle Leaseurope font état d’un ralentissement des activités de crédit‑bail au premier semestre 2020 par rapport à la même période en 2019 et les informations fournies dans les profils‑pays confirment cette tendance à la baisse en 2020 pour 11 des 19 pays du Tableau de bord ayant communiqué des données pour cet indicateur (Graphique 1.17). Le Royaume‑Uni affiche l’une des plus fortes baisses, reflétant une contraction importante de l’investissement des entreprises au cœur de la pandémie et en conséquence de la sortie du pays de l’Union européenne, ainsi que le remplacement potentiel du financement adossé à des actifs par des prêts garantis par l’État (voir le profil‑pays consacré au Royaume‑Uni – dans la version en anglais). En Estonie, les activités de crédit‑bail et de location‑vente pour l’année 2020 se sont élevées à 75 % des volumes de 2019, soit leur niveau le plus faible des cinq dernières années, traduisant une baisse sensible du nombre de nouveaux crédits‑bails (EESTI LIISINGUHINGUTEV LIIT, 2021[44]).
Parallèlement, quelques pays ont pu observer un renforcement des activités de crédit‑bail en 2020, et plus particulièrement le Kazakhstan où ces activités ont augmenté de 33 %, confirmant la croissance soutenue du segment des crédits‑bails sur les dix dernières années (niveau multiplié par huit depuis 2010) (Graphique 1.17).
L’enquête SAFE sur l’accès des PME au financement fait état de l’évolution des activités de crédit‑bail entre 2020 et 2021 dans l’Union européenne. Alors que l’augmentation des besoins de crédit‑bail a dépassé de loin l’augmentation de la disponibilité de cette forme de financement en 2020 dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne, les activités de crédit‑bail ont retrouvé une croissance positive en 2021 (European Commision, 2020[45]). Au premier trimestre, la part des PME ayant constaté une disponibilité accrue des crédits‑bails est passée de 3 % à 6 %. La croissance positive des activités de crédit‑bail n’a toutefois pas encore atteint son niveau d’avant la crise (15 % en 2019). Aux deuxième et troisième trimestres, la probabilité du recours au crédit‑bail était corrélée à la taille des entreprises, dans la mesure où, dans la zone euro, 42 % des grandes entreprises recouraient au crédit‑bail contre 20 % des PME (ECB, 2021[34]).
Affacturage
Les données du Tableau de bord relatives aux volumes d’affacturage sont complétées par des données de l’organisation professionnelle Factors Chain International (FCI). En 2020, les activités d’affacturage ont enregistré un recul sans précédent, avec une baisse de 16.27 % de la médiane du Tableau de bord (Graphique 1.18). En Europe (principal contributeur pour les activités d’affacturage avec 68 % du marché), le chiffre d’affaires généré par les activités d’affacturage a baissé de 5.4 %. Reflétant le fléchissement du PIB (−6.4 %), cette baisse était la première depuis 11 ans. Les plus fortes baisses en Europe ont pu être observées en République slovaque (−21 %), en Slovénie (−12 %), en Italie (−10 %) et en France (−8 %). De la même manière, aux ÉtatsUnis, l’affacturage s’est contracté de 23.4 % en 2020, contre 4.6 % en 2019 (FCI, 2021[46]).
Les données des profils‑pays du Tableau de bord, fondées sur les comptes nationaux communiqués par des experts en complément des données de la FCI, révèlent que sur les 14 pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur 11 ont fait état d’un recul des activités d’affacturage entre 2019 et 2020. D’après ces données cumulées, les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Lituanie (−51 %), au Portugal (−41 %) et au Royaume‑Uni (−36.6 %). Parallèlement à cela, une légère augmentation a pu être observée en Turquie (14 %) et en Chine (6 %) (Graphique 1.19).
En 2020, la performance négative des activités d’affacturage a reflété le ralentissement sensible de la production économique et des échanges en conséquence des restrictions liées à la pandémie de COVID19 (FCI, 2021[46]). Une tendance qui s’inscrit dans le prolongement du ralentissement des activités d’affacturage observé avant la crise (depuis 2017), lequel a encore été intensifié par la pandémie. Cette évolution générale s’explique par les tensions commerciales croissantes entre les États‑Unis et la Chine, ainsi que par les incertitudes suscitées par la sortie du Royaume‑Uni de l’Union européenne. Dans de nombreuses économies, certains aspects purement sectoriels peuvent également expliquer cette évolution. L’affacturage reste par exemple le mode de financement à court terme privilégié dans le secteur automobile, lequel a été lourdement touché par la pandémie en 2020 (OECD, 2015[47]).
La croissance des activités d’affacturage observée dans certains pays est due aux différentes initiatives de réforme propres à chaque pays. Ainsi, en Ukraine, ces activités ont progressé de 37 % en 2020 à la faveur de la création de la plateforme en ligne Factoring Hub, laquelle simplifie les demandes d’affacturage et permet aux PME de bénéficier rapidement d’un fonds de roulement pour honorer des commandes publiques. Grâce à cette plateforme, les PME peuvent obtenir un financement en deux jours en ne fournissant qu’un nombre restreint de justificatifs financiers (SCM, 2020[48]). L’augmentation des activités d’affacturage observée en Turquie est le fruit d’un environnement réglementaire favorable qui a permis un renforcement du secteur depuis 2013 (voir le profil‑pays consacré à la Turquie – dans la version en anglais). De la même manière, l’augmentation observée en Chine peut également s’expliquer par une amélioration du système juridique à la faveur d’une modification du code civil et par les réformes réglementaires engagées par la Commission chinoise de réglementation des banques et des assurances. Malgré une réduction du nombre de sociétés et de succursales d’affacturage, le volume de ces activités a augmenté jusqu’à dépasser 433.2 milliards EUR (voir le profil‑pays consacré à la Chine – dans la version en anglais).
Les données d’enquêtes européennes pour 2021 montrent que les activités d’affacturage n’ont pas encore redémarré, puisqu’au troisième trimestre 2021 seuls 2 % des PME ont recouru à ce mode de financement et que 8 % seulement considèrent qu’il constitue une source de financement appropriée (ECB, 2021[34]).
Instruments de capitaux propres
Capitalrisque
En 2020 et 2021, le financement en capital‑risque a évolué de manière différente selon les pays du Tableau de bord et le stade de développement des entreprises. Dans la moitié des pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur, l’investissement en capital‑risque a reculé. En 2020 à l’inverse, les investissements en capitalrisque ont fortement augmenté dans un certain nombre de pays du Tableau de bord, dont la Turquie (+428 points), le Mexique (+199 points) et l’Irlande (+110 points) (Graphique 1.20). Il convient de garder à l’esprit, dans l’analyse de ces taux de croissance, que les données relatives aux investissements en capital‑risque sont très fluctuantes, notamment dans les économies de plus petite taille et dans les pays où les marchés de capitalrisque sont relativement peu développés et où une seule opération d’envergure peut gonfler considérablement les volumes globaux.
Dans les régions où le capitalrisque représente des parts de marché importantes, les données témoignent généralement d’une bonne capacité de résistance du secteur du financement en capital‑risque malgré la pandémie. En Europe par exemple, le capitalrisque a connu une évolution de 15 % en glissement annuel, jusqu’à atteindre une valeur totale des opérations de 42.8 milliards EUR. De la même manière, aux ÉtatsUnis, le secteur a enregistré en 2020 une croissance de 13 % en glissement annuel, établissant ainsi un nouveau record pour la valeur totale des opérations à 156.2 milliards USD, malgré une baisse de 10 % du nombre total d’opérations (National Venture Capital Association - Pitchbook, 2020[49]) (Centre for Entrepreneurs, 2021[50]).
Cette croissance nette en Europe peut s’expliquer par une accélération du développement de l’économie numérique, stimulée par les mesures de confinement adoptées en 2020, ainsi que par la mise en place de nouveaux services en ligne par les entreprises fortement tournées vers le numérique afin de tirer parti de la recrudescence de la demande. Cela est notamment le cas des entreprises réalisant des opérations d’une valeur supérieure à 25 millions EUR (Pitchbook, 2020[51]). L’intervention des pouvoirs publics a également contribué fortement à soutenir le dynamisme des marchés de capital‑risque. En Hongrie par exemple, le fonds de capital‑risque public Hiventures a mis en place un programme de sauvetage des start‑ups avec un budget de 41 milliards HUF (Hiventures Venture Capital Fund, 2020[52]). Dans leurs stratégies de riposte à la crise, la France et l’Allemagne ont prévu la création d’un fonds à destination des start‑ups, respectivement de 4 milliards EUR et 2 milliards EUR (avec des ressources supplémentaires provenant d’investisseurs publics de capital‑risque) (OECD, 2021[2]). Les institutions financières supranationales ont également joué un rôle important à l’appui du secteur du financement en capital‑risque pendant la pandémie. À titre d’exemple, le Fonds européen d’investissement a mobilisé pas moins de 5 milliards EUR, modifié ses conditions et critères d’admissibilité, et ouvert un guichet de financement à hauteur de 100 millions EUR afin de faciliter l’accès des PME à l’investissement par apport de fonds propres dans le contexte de la pandémie (EIF, 2021[53]).
En termes de valeur médiane, le capital‑risque a connu une croissance faible mais positive en 2020 par rapport aux années précédentes (Graphique 1.20). Le financement en capital‑risque a toutefois enregistré un fort rebond en 2021, augmentant de 92 % en glissement annuel (pour un total de 643 milliards USD en 2021 contre 335 milliards USD en 2020) (Crunchbase, 2021[54]). En 2020, la crise a eu des répercussions plus négatives sur le financement d’amorçage et le financement de démarrage que sur les investissements à des stades ultérieurs de développement. Alors que le financement d’amorçage et le financement de démarrage ont terminé l’année par une baisse de 27 % et 11 % respectivement en glissement annuel, les investissements à des stades ultérieurs ont quant à eux enregistré une augmentation de 4 % en glissement annuel en fin d’année (Crunchbase, 2021[55]). En 2021, le financement de démarrage a également connu une forte hausse, augmentant de 100 % en glissement annuel. Parallèlement, la croissance du financement d’amorçage a été moins forte, s’établissant à 56 % en glissement annuel (Crunchbase, 2021[54]).
Aux Pays‑Bas, le tour de table moyen était à un niveau 1.5 fois supérieur en 2020 par rapport à 2019 et cette tendance s’est poursuivie en 2021. Cette croissance a toutefois principalement été observée dans le cas des entreprises à un stade de développement ultérieur, sachant que le capital consacré au financement d’amorçage et au financement de démarrage a baissé sur cette période (voir le profil‑pays consacré aux PaysBas – dans la version en anglais).
Aux États‑Unis en 2020, le tutorat‑investissement et le financement d’amorçage a baissé de 10 % en nombre d’opérations, et le capital‑risque de démarrage a baissé de 20 %, contrairement au financement de consolidation qui a enregistré une croissance de 4 % (voir le profil‑pays consacré aux États‑Unis – dans la version en anglais). Cette légère baisse est probablement due au faible taux de création d’entreprises au début de la pandémie, ainsi qu’au profil intrinsèquement plus risqué de ces investissements (National Venture Capital Association - Pitchbook, 2020[49]). Au troisième trimestre 2021, le financement d’amorçage a manifesté des signes de reprise, affichant une croissance de 104 % en termes de capitaux levés (Crunchbase, 2021[56]).
Financement alternatif en ligne
Le financement alternatif en ligne est un moyen de solliciter des fonds auprès du public pour une entreprise ou un projet spécifique par le biais d’une plateforme d’intermédiation, généralement en ligne. L’écosystème du financement alternatif en ligne repose sur plusieurs modèles de financement (dette, investissement en capital et apports sans investissement), qui permettent la levée de fonds à partir d’un marché numérique en ligne. Les modèles fondés sur la dette englobent le prêt entre particuliers/entreprises et les plateformes de prêts, ainsi que les prêts, garantis ou non, les obligations ou encore les « minibons ». Les modèles fondés sur l’investissement en capital, dont l’investissement collaboratif en capital, correspondent aux opérations dans le cadre desquelles des entreprises, et en particulier des start‑ups, lèvent des capitaux en émettant des actions ou des titres non cotés. Les modèles d’apport sans investissement permettent quant à eux à des particuliers ou à des entreprises de lever des capitaux sans verser de rémunération en retour aux particuliers ou institutions ayant financé le projet. Ces modèles incluent le financement collaboratif avec contrepartie et le financement collaboratif sous forme de don pur (Cambridge Centre for Alternative Finance, 2021[57]).
En 2020, les volumes de transactions de financement alternatif en ligne ont fortement évolué par rapport aux années précédentes. En volume total, le marché du financement alternatif a progressé de 71.7 % aux États‑Unis, passant de 48.9 milliards USD en 2019 à 84 milliards USD en 2020. La République tchèque et le Japon ont enregistré les plus fortes hausses du volume de transactions par rapport à 2019, respectivement de 108 % et 105 %, bien que ce soit à partir d’une base plus faible. Dans le cas du Japon, cette augmentation s’explique en grande partie par le niveau initialement bas des volumes de financement alternatif avant la crise, dans la mesure où ils avaient baissé de plus de 100 % entre 2018 et 2019. Au Chili, pays qui représente 15 % de l’ensemble de l’activité sur ce marché en Amérique latine, les volumes de financement alternatif en ligne ont augmenté de 64 % (Graphique 1.21). En France, les capitaux levés sur les plateformes de financement collaboratif ont connu une envolée sur la période 2018‑20, passant de 402 millions EUR à 1.02 milliard EUR. En 2020, les capitaux levés ont ainsi permis d’accorder un financement à 13 796 PME (voir le profil‑pays consacré à la France).
En Chine, à l’inverse, le marché du financement alternatif a reculé de manière importante au cours dernières années, passant de 177 milliards USD en 2018 à 84.3 milliards USD en 2019, puis à 1.15 milliard USD en 2020 (Graphique 1.21). La baisse spectaculaire du volume et des parts de marché du financement alternatif en Chine n’est pas sans lien avec les modifications importantes des réglementations locales découlant des plaintes pour fraude et des défaillances de plateformes ne disposant pas des licences appropriées (FCI, 2021[46]). Les autorités chinoises ont mis en œuvre un dispositif de surveillance à long terme des financements en ligne afin de limiter les risques financiers de ce type d’opérations. En juin 2020, le nombre de plateformes de prêt en ligne a ainsi chuté de 5 000 à seulement 29 (voir le profil‑pays consacré à la Chine – dans la version en anglais), en conséquence de quoi les parts de marché globales des États‑Unis et du Canada ont considérablement augmenté (Graphique 1.22). D’autres baisses ont par ailleurs pu être observées aux PaysBas et en Nouvelle‑Zélande (respectivement de 82 % et 33 %) (Cambridge Centre for Alternative Finance, 2021[58]). Le recul constaté dans ces pays s’explique en partie par le plus faible volume d’opérations de financement alternatif découlant du climat d’incertitude suscité par la pandémie.
Retards de paiement, faillites et prêts improductifs
Retards de paiement
La pandémie de COVID19 a entraîné des perturbations importantes des échanges et de la mobilité, affectant aussi bien les chaînes d’approvisionnement que les paiements. Cette crise a durement touché les PME, sachant que celles‑ci disposent généralement d’un pouvoir de négociation plus limité que les grandes entreprises pour faire appliquer les conditions de paiement et sont souvent contraintes d’accepter des conditions défavorables. En 2020, cet indicateur a varié de manière considérable d’un pays à l’autre. Une augmentation des retards de paiement a ainsi pu être observée dans 12 pays pour lesquels des données sont disponibles, alors que 6 pays ont enregistré une réduction des retards (Graphique 1.23, partie gauche).
Ces retards n’ont certainement fait qu’accentuer les problèmes de liquidités des PME lorsque la pandémie a éclaté. Les données d’enquêtes européennes révèlent par exemple que 69 % des PME ont accepté des conditions de paiement défavorables afin de préserver la relation avec leurs clients (Intrum, 2021[59]).
Néanmoins, si l’on tient compte de la valeur médiane du Tableau de bord, les retards de paiement cumulés n’ont pas augmenté de façon significative en 2020. Cette valeur est ainsi restée à 14 jours contre 12.4 jours en 2019 (Graphique 1.23, partie droite). Le resserrement des délais de paiement4 observé en 2020 peut être imputé aux solides dispositifs de soutien mis en place par les pouvoirs publics, lesquels ont pallié le manque de liquidités des PME et leur ont permis de respecter leurs obligations de paiement. Cependant, avec la levée progressive de certaines mesures de soutien, les PME s’attendent à être confrontées à un risque plus élevé de retards ou de défauts de paiement en raison des problèmes de liquidités persistants de certains débiteurs. En Europe notamment, cela concerne 65 % des PME en 2021, contre 46 % en 2020 (Intrum, 2021[59]) (Intrum, 2020[60]).
Faillites
En 2020, le nombre de faillites a reculé dans la majorité des pays du Tableau de bord, et ce, en dépit de la crise. Sur les 32 pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur, 26 ont fait état d’une baisse du nombre de faillites (Graphique 1.24) et la valeur médiane a également reculé de 11.7 %. Cette baisse s’explique en partie par la modification des procédures de faillite et des obligations connexes que les pouvoirs publics de plusieurs pays ont adoptées afin de permettre aux PME en état de cessation de paiement de disposer d’un délai supplémentaire pour se redresser, sans pour autant demander leur mise en liquidation (Bruegel, 2021[61]). Ainsi, en Autriche, où l’on a pu observer l’une des plus fortes baisses du nombre de faillites en 2020 (−40.7 % en glissement annuel), l’obligation de dépôt de bilan a été temporairement levée en 2020. En Italie, le nombre de faillites en 2020 a connu la plus forte baisse depuis plus de dix ans (−30.1 %), notamment à la faveur du moratoire sur les faillites entré en vigueur au début du mois de mars et jusqu’à la fin juin, ainsi que du ralentissement général de l’activité des tribunaux suite aux mesures d’endiguement de la pandémie. En 2020, les PME japonaises ont enregistré le plus faible nombre de faillites des 30 dernières années (voir le profil‑pays consacré au Japon – dans la version en anglais).
Cette baisse des taux de faillite est également imputable à la mise en œuvre de mesures de soutien sans précédent à l’intention des PME. Il est en outre fort probable que ces mesures aient apporté des liquidités à certaines PME qui, en l’absence de pandémie, auraient été contraintes de cesser leurs activités au cours de l’année 2020, ce qui a contribué à la réduction des taux de faillite (Euler Hermes, 2020[62]). En Finlande par exemple, même si la condition imposée aux entreprises pour bénéficier d’une grande partie des aides publiques était de ne pas avoir été en difficulté financière à la fin de l’année 2019, cette condition fut écartée pour les micro‑entreprises et les petites entreprises. Les entreprises pouvaient ainsi recevoir un soutien financier si elles n’étaient pas en situation de faillite ou en redressement judiciaire au moment de l’octroi des aides et si elles n’avaient pas déjà bénéficié d’une aide au sauvetage ou à la restructuration (voir le profil‑pays consacré à la Finlande – dans la version en anglais).
Compte tenu de la levée progressive des mesures de soutien public dans certains pays, cet indicateur devrait à l’avenir suivre une tendance à la hausse. En Israël par exemple, le nombre d’entreprises ayant cessé leurs activités en 2021 a augmenté de 84 % en glissement annuel, après un recul de 13.6 % en 2020 attribué au volume important d’aides publiques proposées (Israel Hayom, 2022[63]). Dans certains pays toutefois, le rétablissement des mesures de soutien face à l’apparition de nouveaux variants du COVID19 a fait en sorte que le niveau des faillites est resté inférieur aux niveaux de 2019. En France, le nombre de faillites en 2021 était ainsi inférieur de 12.7 % par rapport à 2020 et il n’a commencé à remonter qu’au quatrième trimestre 2021 (Banque de France, 2022[64]).
Les pays où la variété et la portée des mesures de soutien public étaient plus limitées ont quant à eux enregistré une augmentation du taux de faillites en 2020. Cela concerne principalement les pays à revenu intermédiaire, comme la Chine, la Colombie, le Kazakhstan et le Pérou (Graphique 1.24). Au Pérou, d’après les données des autorités fiscales, le nombre de PME a connu une chute spectaculaire de 25 %. Cette baisse s’explique par l’interruption des activités de nombreuses entreprises qui ont été durement touchées par les mesures strictes de confinement, mais certainement aussi par la part non négligeable des entreprises qui ont continué leurs activités de manière informelle (voir le profil‑pays consacré au Pérou – dans la version en anglais).
Prêts improductifs
Une analyse diachronique des données sur les prêts improductifs montre que ceux‑ci sont plus répandus parmi les PME que dans la population générale des entreprises, avec une valeur médiane des prêts aux PME devenus improductifs systématiquement supérieure à la valeur des prêts accordés à l’ensemble des entreprises (Graphique 1.25). Le taux médian montre que les prêts improductifs, toutes entreprises confondues, ont globalement baissé depuis 2009, mais que ceux associés aux PME affichent une plus grande volatilité et ne présentent pas une tendance nette à la baisse. En 2020, l’écart entre les prêts improductifs associés à des PME et ceux de l’ensemble des entreprises était plus important qu’en 2019, ce qui peut être dû au fait que les PME sont prédominantes dans les secteurs les plus touchés par la crise (OECD, 2020[65]). Il est par ailleurs possible que les modifications apportées aux régimes nationaux d’insolvabilité dans certains pays aient également contribué à la multiplication des prêts improductifs (voir « Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20 »).
Si l’on regarde en détail la proportion de prêts improductifs sur l’ensemble des prêts accordés aux PME par pays en 2020, aucune tendance uniforme ne se dégage : les prêts aux PME devenus improductifs ont en effet baissé dans 15 pays mais augmenté dans 11 autres pays (Graphique 1.26). La Grèce et l’Italie sont restées les pays affichant les plus forts taux de prêts improductifs, une situation héritée de la crise financière mondiale et de la crise de la zone euro, mais toutes deux ont enregistré une baisse nette de ces taux en 2020. Dans ces deux pays, la cession à grande échelle de ces actifs a permis leur suppression des bilans des banques. Les prêts improductifs ont à l’inverse augmenté dans différents pays, dont la Thaïlande (+2.34 points), l’Irlande (+1.2 point) et la Pologne (+1.02 point) (Graphique 1.26). En Thaïlande, malgré l’interdiction de requalifier les dettes rééchelonnées des PME en prêts improductifs (comme cela était la pratique avant la crise), les expositions non performantes ont augmenté en raison de la levée des dispositifs d’aide publics au troisième trimestre 2020, ce qui a poussé de nombreuses entreprises en difficulté financière à demander la restructuration de leur dette ou à déposer le bilan, augmentant par là même le niveau des prêts improductifs (Thai Enquirer, 2021[66]). En Irlande, la hausse du nombre de prêts improductifs s’explique en grande partie par une modification des critères de faillite, associée aux effets de la pandémie sur les PME, en particulier des secteurs de l’hébergement et du commerce. Cette tendance a été mise en avant par les deux plus grandes banques d’Irlande, lesquelles ont fait état d’une augmentation des expositions non performantes dans ces portefeuilles (Fitch Ratings, 2021[67]).
Mesures prises par les pouvoirs publics en 2019‑20
En 2020, les politiques publiques nationales en soutien à l’accès au financement des PME ont sensiblement évolué face à la pandémie de COVID19. Comme dans le cas de la crise financière mondiale, les pouvoirs publics ont joué un rôle de premier plan dans la riposte à la crise en renforçant les aides financières directes à l’intention des PME, tout en engageant une forte augmentation des financements accordés par l’intermédiaire des institutions financières, et principalement par les banques. Ce faisant, les États ont intensifié le déploiement des instruments d’action existants qui, avant la crise, avaient contribué à remédier aux contraintes structurelles entravant le financement des PME. Ils ont toutefois également adopté de nouvelles mesures à court terme pour assurer un soutien d’urgence à la trésorerie des entreprises, lesquelles mesures seraient levées dès la fin de la crise. Cette section a pour objet d’examiner les mesures prises par les pouvoirs publics pendant la pandémie et d’analyser en quoi elles ont modifié le paysage du financement des PME qui existait avant la crise. Des informations complémentaires sur les mesures prises par les pouvoirs publics sont disponibles dans le chapitre 2, lequel propose une évaluation de l’utilisation de plans de relance dans l’acheminement des aides au financement des PME.
Pendant la période qui a précédé la crise, les États ont continué à mettre en œuvre des dispositifs de garantie de crédit et soutenu de manière renforcée les instruments de financement alternatifs à l’intention des PME
Comme souligné dans l’édition 2020 du Tableau de bord sur le financement des PME et des entrepreneurs, au lendemain de la crise financière mondiale de nombreux États ont mis en place des mesures visant à faciliter l’accès au crédit pour les PME ou renforcé les mécanismes existants, comme des dispositifs de garantie, de médiation du crédit ou de prêts directs (OECD, 2020[28]). Bien que ces dispositifs aient en grande partie été conservés au cours des années suivantes, la priorité de l’action publique a évolué à mesure que la reprise s’est affirmée. Les instruments de capitaux propres ont ainsi gagné en popularité à la fin de la crise et les mesures relatives au crédit (garanties de crédit, prêts directs, etc.) ont de plus en plus été orientées vers des sous‑catégories spécifiques de PME, comme les entreprises innovantes, les entreprises dirigées par des femmes ou encore les start‑ups (OECD, 2021[2]). Cette évolution s’explique par l’abandon d’un soutien anticonjoncturel en période de crise au profit d’une lutte contre les contraintes structurelles à long terme entravant l’accès au financement des PME au lendemain de la crise (OECD, 2021[2]).
La riposte à la pandémie de COVID19 a donné lieu à un retour à un soutien principalement anticonjoncturel. Néanmoins, compte tenu de la nature et de l’ampleur de la crise, une grande variété de nouveaux instruments d’action à court terme ont été mis en œuvre afin d’alléger les difficultés de trésorerie pesant sur des PME durement touchées par la crise (Graphique 1.28). Il s’agissait avant tout de reports de paiement (impôts, loyers et charges, cotisations aux régimes de pensions et de sécurité sociale, etc.), lesquels ont permis de réduire les dépenses d’exploitation aussi bien pour l’ensemble des PME que pour les grandes entreprises. Les dotations et les subventions ont également été utilisées pour préserver l’emploi, soutenir les travailleurs indépendants et permettre aux entreprises d’honorer leurs paiements (Graphique 1.28).
Lors de la première phase de la pandémie, les instruments de financement alternatifs n’ont pas été utilisés aussi largement que les circuits de soutien plus classiques. Les besoins urgents de liquidités des entreprises exigeaient une réponse rapide et le recours aux circuits traditionnels, comme les prêts directs ou les prêts garantis par l’État auprès de banques privées, s’est souvent imposé comme le moyen le plus rapide de toucher le plus grand nombre possible de PME. En outre, bien que le financement alternatif n’ait eu qu’une utilité limitée en tant qu’instrument de soutien anticonjoncturel pendant la crise (par exemple, par l’apport de quasi‑fonds propres via les prêts subordonnés, les prêts convertibles ou encore le financement collaboratif par la dette et par apport de fonds propres), il a continué d’être utilisé, mais principalement pour apporter un soutien structurel aux start‑ups et aux PME innovantes. Ce type de soutien a encore été renforcé lorsque la pandémie a gagné en intensité et s’est inscrite dans la durée, en particulier au second semestre 2020.
Comme le montre le chapitre 2, la phase de relance s’est caractérisée par une évolution du soutien structurel apporté aux PME. Les mesures d’aide n’ont pas seulement pour objet de remédier aux défaillances traditionnelles du marché qui pénalisent les PME, mais aussi de renforcer la capacité des PME à financer les investissements nécessaires pour « reconstruire en mieux ». Les nouvelles mesures de soutien massif au financement sont donc orientées vers l’investissement dans la transformation numérique, la durabilité, les compétences et l’innovation. La difficulté à laquelle devront faire face les responsables publics à court terme consistera à maintenir les mesures de soutien à la trésorerie et éviter d’y mettre fin prématurément (ce qui pourrait s’avérer préjudiciable aux PME viables) tout en renforçant les mesures de soutien structurel visant à garantir la participation des PME à la transition verte et numérique.
Les garanties de crédit sont restées l’instrument le plus utilisé pour améliorer l’accès des PME au financement tout au long de la pandémie de COVID19
Les garanties permettent d’inciter les banques privées à octroyer des prêts aux PME en transférant à l’État une partie ou la totalité des risques associés aux prêts auxquels sont confrontés les prêteurs privés. Avant la pandémie, le recours aux dispositifs de garantie de crédit était relativement répandu dans les pays du Tableau de bord, et ce, afin d’orienter le financement par la dette privée vers les PME. Plus de la moitié des pays du Tableau de bord ont ainsi enregistré une augmentation des prêts garantis entre 2009 et 2019. Sur la période 2020‑21, les pouvoirs publics ont opté pour ces dispositifs de garantie de crédit afin permettre aux PME à court de liquidités de bénéficier d’un accès rapide à des financements externes. Les garanties de prêt accordées par l’État ont connu une hausse dans 27 pays ayant fourni des données pour cet indicateur du Tableau de bord, avec une augmentation médiane de 110 % entre 2019 et 2020 (contre 0.32 % entre 2018 et 2019). Il s’agit de la plus forte augmentation des prêts garantis depuis que des données sont recueilles pour la constitution du Tableau de bord. (OECD, 2020[28])
Cependant, alors que des garanties de crédit ont été proposées à une part importante de la population des PME durant la crise financière mondiale, les dispositifs de garantie mis en place à l’occasion de la crise du COVID19 dans certains pays, et plus spécifiquement dans l’Union européenne, ont été davantage ciblés de sorte à optimiser leurs effets tout minimisant les distorsions du marché. Compte tenu du haut niveau de couverture offert par les dispositifs de garantie (la plupart garantissant les prêts à hauteur de 70 % à 90 %, et jusqu’à 100 % dans plusieurs pays comme l’Italie et l’Allemagne principalement en faveur des PME et des entrepreneurs), certaines conditions ont été introduites aussi bien pour les prêteurs que pour les emprunteurs afin de limiter les distorsions du marché et les risques budgétaires. Ces conditions restreignaient par exemple l’octroi de financement aux entreprises et aux entrepreneurs lourdement touchés par la crise qui n’étaient pas déjà en proie à des difficultés financières en 2019. Dans certains pays, ces garanties étaient également assorties de conditions strictes pour les bénéficiaires, comme l’interdiction de distribuer des dividendes, une limitation de la rémunération des dirigeants ou des engagements en matière de préservation de l’emploi (OECD, 2020[65]).
Certains éléments tendent à montrer que la forme spécifique de ces dispositifs a contribué à atténuer les effets de distorsion de ce type d’instruments d’action. Une étude empirique récente consacrée aux dispositifs de garantie de crédit dans les pays membres de l’Union européenne a ainsi révélé que les dispositifs mis en œuvre en 2020 avaient eu un effet bénéfique considérable en accordant une aide à la trésorerie aux entreprises viables durement touchées par la crise, tout en limitant le soutien aux entreprises improductives. Cette étude a également mis en évidence que ces dispositifs avaient permis une baisse jusqu’à 8 % de la proportion de PME confrontées à des problèmes de liquidités, proportion estimée à 32 % en l’absence d’intervention de l’État. Ils ont également assuré une protection efficace aux entreprises productives, puisque 40 % des PME qui auraient été confrontées à des problèmes de liquidités en l’absence des dispositifs de garantie de crédit sont des entreprises affichant des niveaux de productivité supérieurs au niveau médian des PME sans problème de liquidité (Demmou, 2021[68]). D’autres travaux confirment en outre le constat selon lequel ces dispositifs ont avant tout permis de soutenir des entreprises viables (Laeven et al., 2020 ; Schivardi et al., 2020 ; BCE, 2021).
Par ailleurs, dans d’autres pays à revenu élevé participant au Tableau de bord (et notamment le Royaume‑Uni et les États‑Unis), les critères d’accès à ces instruments sont restés relativement accommodants, permettant à une grande partie de la population des PME de bénéficier d’un accès au financement. De nombreux marchés émergents d’Amérique latine ont également choisi d’assouplir les critères d’admissibilité aux dispositifs de garantie de crédit afin de permettre au plus grand nombre possible de PME de reconstituer le fonds de roulement dont elles avaient besoin de manière urgente (voir les profils‑pays).
Les prêts directs ont également été renforcés afin de soutenir les PME face à la crise
En complément des garanties accordées aux banques commerciales à l’appui des prêts aux PME, la plupart des institutions publiques ont renforcé les prêts directs aux PME. En 2020, la croissance des prêts directs était positive dans 12 des 14 pays ayant fourni des données au titre de cet indicateur.
Pendant la crise, les pays du Tableau de bord ont adopté des approches différentes en matière d’octroi des nouveaux prêts. Dans certains pays (Australie, Canada, États‑Unis et Royaume‑Uni), de nouveaux instruments de prêt ont été mis en place spécifiquement à destination des PME durement touchées par la crise. Dans d’autres pays, (Autriche, Brésil, Colombie, Espagne, etc.), de nouveaux dispositifs de prêt ont été introduits afin de soutenir spécifiquement les secteurs les plus vulnérables. D’autres encore ont ouvert l’accès à des instruments existants d’aide en cas de catastrophe naturelle aux PME touchées par la crise du COVID19. Certains pays ont également mobilisé davantage de fonds pour l’octroi de prêts directs via les circuits existants (Brésil, Japon et États‑Unis, par exemple) ou facilité l’accès aux dispositifs de prêts en élargissant la base de bénéficiaires potentiels, en simplifiant et en accélérant les procédures, ou encore en proposant des conditions plus favorables et des taux d’intérêt réduits (Canada, par exemple) (OCDE, 2020[29]).
Les pouvoirs publics ont eu largement recours à des mesures temporaires d’urgence, comme les reports de paiements et les subventions, afin de répondre aux besoins pressants de liquidités des PME
Au lendemain de la crise économique mondiale de 2008, les reports de paiements, les dotations et les subventions sont des outils à court terme qui ont fréquemment été utilisés pour fournir des liquidités aux PME. Les reports de paiement et les réductions d’impôts ont également été utilisés pour éviter que les PME n’épuisent leurs fonds de roulement. De la même manière, les dotations et les subventions ont permis aux PME de préserver la stabilité de leurs investissements. À titre d’exemple, plusieurs pays ont lancé des programmes de subventions à destination des secteurs touchés par la crise économique, sous réserve de la réalisation d’objectifs clairs de progression et de production. La valeur de ces subventions était également plafonnée et leur disponibilité était limitée à la durée de la crise (OECD, 2020[28]).
Durant la crise du COVID19, les mesures de report ont permis aux PME et aux entrepreneurs de différer leurs paiements, allégeant par là même les importantes difficultés de trésorerie qui pesaient sur eux. Des mesures de report de l’impôt sur le revenu et sur les sociétés ont été mises en œuvre dans 90 % des pays du Tableau de bord pour atténuer les pressions pesant sur la trésorerie des PME, notamment au début de la crise et lors des premiers confinements. Dans une moindre mesure, certains pays ont également différé le règlement de la taxe sur la valeur ajoutée (47 %) et des cotisations aux régimes de pensions et de sécurité sociale (40 %) (OECD, 2021[2]). En France et aux États‑Unis par exemple, ces mesures ont été complétées par le remboursement anticipé du trop‑perçu de l’exercice précédent. Dans le cas des entreprises assurant la fourniture de biens et services aux institutions publiques, des mesures ont été adoptées afin de réduire les délais de paiement et permettre le versement plus rapide des sommes dues sur les comptes des PME (OECD, 2020[69]). Ces mesures de reports ont en outre été progressivement élargies à des paiements autres que les impôts ou les cotisations sociales. Avec l’appui des pouvoirs publics, les institutions financières ont par exemple mis en place des moratoires sur les intérêts/frais et les remboursements de dettes. Cet instrument a ainsi été utilisé dans environ 60 % des pays du Tableau de bord.
Dans la plupart des pays, les reports d’impôts ont été élargis à l’ensemble des entreprises, quelle que soit leur taille, et seulement certains dispositifs s’adressaient spécifiquement aux PME. Une grande partie de ces dispositifs ne ciblaient pas uniquement les entreprises viables, puisque même les entreprises en difficulté financière avant 2020 pouvaient bénéficier de reports de paiements (OECD, 2020[69]). Cela vient confirmer le constat selon lequel le nombre de faillites a baissé dans la majorité des pays du Tableau de bord en 2020, dont un grand nombre ont enregistré un taux de faillites au plus bas depuis plusieurs décennies. Même dans les quelques pays où le nombre de faillites est en augmentation, celle‑ci n’a pas été aussi marquée que ce à quoi on aurait pu s’attendre compte tenu de la gravité de la crise. Cela dit, en conséquence de ces interventions, on peut raisonnablement s’attendre à ce que les faillites augmentent à brève échéance.
Les dotations et les subventions ont également été largement utilisées pour pallier le manque de liquidités des PME et reconstituer leurs réserves de trésorerie au lendemain de la crise du COVID19. À mesure que la pandémie a gagné en importance, les autorités publiques ont intensifié le recours aux subventions, même si elles ont pu prendre des formes très diverses d’un pays à l’autre (OECD, 2021[70]). Malgré des différences importantes, ce type d’aide était au début de la pandémie généralement utilisé pour répondre aux besoins des PME en matière de dépenses d’exploitation et de fonds de roulement. Des programmes de subventions destinés spécifiquement à des secteurs en difficulté, comme les secteurs de l’hébergement et de la culture, ont ainsi été mis en place en Belgique, en Estonie et Grèce (OECD, 2021[70]). Aux PaysBas, ces dispositifs s’adressaient à l’origine aux micro‑entreprises et aux petites entreprises de secteurs durement touchés par la crise, mais ils ont progressivement été élargis à d’autres secteurs et catégories de taille d’entreprise (Government of the Netherlands, 2021[71]).
L’un des principaux avantages des programmes de subventions est qu’ils permettent d’atteindre un large éventail de bénéficiaires, par opposition au financement par la dette et par apport de fonds propres dont l’octroi s’appuie en grande partie sur des critères de marché. Les subventions ont donc été principalement utilisées à destination des micro‑entreprises mal desservies par les circuits de financement classiques et qui ont grand besoin d’un soutien à la trésorerie. Des programmes de subventions ciblant spécifiquement les micro‑entreprises ont été créés en Allemagne, au Chili, en Irlande et aux PaysBas (OECD, 2021[70]). Certaines économies émergentes ont également eu recours à des dispositifs de subventions à l’appui des PME informelles, dans la mesure où elles ne jouissent que d’un accès limité au financement bancaire et que leurs capacités de remboursement restent incertaines (Schwettmann, 2020[72]). Les subventions présentent également l’avantage de soutenir la trésorerie des PME sans pour autant augmenter leur endettement.
À mesure de l’évolution de la pandémie et de l’introduction par les autorités publiques d’objectifs structurels dans leurs politiques de soutien, les dotations et les subventions ont également été utilisées afin d’encourager une transition structurelle vers une économie plus numérique, plus innovante et plus verte (voir le chapitre 2). En Irlande et en Nouvelle‑Zélande, un système de chèques‑numériques a par exemple été mis en place afin de soutenir les PME et d’encourager le recours à des services de conseil pour innover et diversifier leurs marchés, mais aussi afin d’assurer aux entrepreneurs l’accès à des formations au numérique. En Allemagne, la campagne de sensibilisation à l’action climatique de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) prévoyait l’octroi de subventions afin d’encourager l’investissement dans le secteur manufacturier et l’utilisation de produits et systèmes durables (OECD, 2020[65]).
L’aide publique au financement par apport de fonds propres a été relativement soutenue en 2020, mais pas autant que les aides proposées par l’intermédiaire d’autres instruments
Pendant la période qui a précédé la crise du COVID19, des améliorations significatives ont pu être observées dans le développement et l’adoption de sources alternatives de financement des PME. Les aides publiques ont joué un rôle important dans le développement du secteur du financement des PME par apport de fonds propres entre la fin de la crise économique mondiale et le début de la pandémie de COVID19. Dans le cas du capital‑risque, les dotations publiques à de nouveaux fonds d’investissement a contribué à mobiliser des investisseurs privés et à stimuler les volumes d’investissement (Helmut Kraemer-Eis, Simone Signore and Dario Prencipe, 2016[73]). L’établissement de fonds de fonds, la mise en place d’investissements directs et de co‑investissements, et le développement de cadres réglementaires visant à renforcer le secteur font partie des différentes mesures adoptées (OECD, 2020[28]). Les fonds de fonds, par exemple, contribuent à établir un pont entre les grands investisseurs (dont éventuellement des investisseurs institutionnels) et les entreprises à la recherche de capital‑investissement, et ce, en mutualisant les capitaux à investir dans de petits fonds de capital‑risque au lieu d’investir directement dans des entreprises (OECD, 2020[28]). Ce dispositif a permis de renforcer la participation d’acteurs de moindre envergure dans le secteur et permis une répartition plus diversifiée des actifs. Les co‑investissements, quant à eux, ont contribué à mobiliser l’investissement privé sur la base du partage des risques (Group of Thirty, 2020[74]). En 2019, un grand nombre de pays ont ainsi mis en place des mesures destinées à renforcer le secteur du capital‑risque. Sur 46 pays, 40 avaient adopté des mesures de nature à favoriser le capital‑investissement dans les PME.
Le soutien au financement des PME par des investisseurs‑tuteurs fait également partie des instruments mis en place par les autorités publiques lors de la période qui a précédé la pandémie. Les responsables publics reconnaissent de plus en plus la pertinence de ce type d’investissement comme un complément important aux investissements de capital‑risque. Les investisseurs‑tuteurs sont non seulement une source non négligeable de financement d’amorçage, ils contribuent aussi à la réussite des entreprises dans lesquelles ils investissent par leur engagement important dans la gestion et la stratégie de ces entreprises (OECD, 2016[75]). Les incitations fiscales (Italie, Japon ou Turquie), les co‑investissements publics (PaysBas ou Royaume‑Uni), la création de plateformes en ligne (Autriche) et la formalisation du secteur de l’investissement providentiel (Brésil) (OECD, 2020[28]) participaient d’évolutions importantes pendant la période qui a précédé la crise du COVID19.
Malgré la popularité des mesures de soutien à l’investissement par apport de capitaux propres avant la crise, ces mesures n’ont été que peu utilisées pour faciliter l’accès des PME au financement durant la pandémie. Sur un échantillon de 55 pays, seuls 20 ont adopté ce type de mesures, 48 ont favorisé les prêts directs et 46 ont mis en place des garanties de prêts (OECD, 2021[2]). Ces tendances sont confirmées par les données externes, dont celles du Global Recovery Observatory de l’université d’Oxford qui montrent que les pouvoirs publics ont moins promu les sources alternatives de financement des PME que les sources traditionnelles pour lutter contre les conséquences de la crise. Seules 60 mesures de sauvetage s’appuyaient sur des financements alternatifs pour les PME, contre 450 qui s’appuyaient sur d’autres sources de financement, et principalement de financement par la dette (voir le chapitre 2).
Plusieurs facteurs expliquent que le recours aux instruments de capitaux ait été plus limité que d’autres instruments au début de la crise. D’abord, le marché du capital‑risque tend à dépendre très largement de la conjoncture et, dans la mesure où la pandémie de COVID19 a perturbé des modèles économiques pourtant solides et créé un certain climat d’incertitude pour les investisseurs, s’appuyer sur les circuits de financement de capital‑risque pour assurer la distribution des aides publiques initiales risquait de ne pas garantir une utilisation optimale des ressources par rapport à l’utilisation de circuits plus classiques et moins instables. Ensuite, avant la crise du COVID19, les banques constituaient la source privilégiée de financement des PME, et ce, au détriment des circuits d’investissement par apport de fonds propres5. Cela s’explique par le fait qu’une part importante des PME, notamment familiales, rechignent à la perspective d’une dilution de leur capital et au partage de leurs droits de vote avec des investisseurs externes (Ritch L. Sorenson, Andy Yu and Keith H. Brigham, 2013[76]). Enfin, certaines mesures visant à injecter des capitaux dans les PME peuvent s’avérer particulièrement coûteuses, dans la mesure où il est nécessaire d’évaluer les risques et d’assurer une surveillance adéquate (OECD, 2020[24]).
Des mesures d’investissement par apport de fonds propres ont toutefois été progressivement introduites au second semestre 2020 jusqu’en 2021 (voir le chapitre 2), les pouvoirs publics ayant reconnu, d’une part, l’importance de continuer à soutenir la trésorerie des entreprises sans augmenter leur endettement et, d’autre part, la nécessité de soutenir les jeunes PME et start‑ups à la pointe de l’innovation. Ces entreprises avaient en effet été écartées des aides publiques lors de la première vague de la pandémie, dans la mesure où les critères d’admissibilité exigeaient principalement que l’entreprise ait été créée et qu’elle ait généré des recettes pendant les années précédant la crise (OECD, 2021[2]).
Les entreprises de la « fintech » ont joué un rôle dans l’acheminement des aides, mais ont la capacité d’améliorer encore davantage l’accès des PME au financement
Avant la pandémie, des mesures de soutien public ont été adoptées afin de faciliter le développement du secteur des technologies financières (la fintech), compte tenu de son importante contribution à la diversification des sources de financement et en particulier pour les PME. Certains pays ont par exemple créé des pôles d’innovation afin de proposer aux entreprises de la fintech des orientations non contraignantes en matière de modèles économiques et d’obligations de licence. Ces pôles mettaient également à leur disposition des « bacs à sable » réglementaires, permettant aux entreprises de Fintech de tester leurs nouveaux produits financiers tout en bénéficiant d’une supervision réglementaire (ESMA, 2018[77]). Ces mesures ont été adoptées dans 21 pays de l’Union européenne. Plusieurs pays ont par ailleurs créé et développé des infrastructures d’information pour l’évaluation du risque de crédit, comme des registres du crédit ou des bureaux de crédit (OECD, 2018[78]) (OECD, forthcoming[79]).
Malgré l’essor des entreprises de la fintech observé avant la pandémie de COVID19, leur participation à l’offre de dispositifs de soutien a été relativement limitée. Il est intéressant de noter que ce secteur affiche une croissance supérieure dans les pays où ont été mises en œuvre des mesures de lutte contre le COVID19 plus restrictives. Cette croissance peut s’expliquer par le fait que les entreprises en question ont présenté aux particuliers et aux entreprises des solutions que les banques ne proposaient pas (paiements numériques, identité numérique, etc.) dans un contexte de mobilité réduite. Or contre toute attente, alors qu’un nombre considérable d’entreprises étaient confrontées à d’importantes pénuries de liquidités, les prêts numériques à l’échelle mondiale ont enregistré une baisse de 6 % en glissement annuel, ce qui contraste avec la croissance positive de tous les autres sous‑secteurs de la fintech. Ces données reflètent vraisemblablement le fait que les autorités publiques se sont peu appuyées sur la fintech pour déployer les dispositifs de soutien dans le contexte de la pandémie de COVID19. Il apparaît ainsi que seuls 13 % des acteurs de la fintech ont été associés à la mise en œuvre des mesures publiques de maintien dans l’emploi et 7 % à l’acheminement de fonds de relance à l’intention des MPME, et ce, malgré une volonté manifeste de participer à ces programmes. Les données d’enquête révèlent en effet que 30 % des entreprises de technologie financière étaient désireuses de contribuer à l’acheminement de l’aide publique aux PME (Cambridge Centre for Alternative finance, 2021[80]).
Malgré la participation globalement limitée des acteurs de la fintech à la mise en œuvre des mesures liées au COVID19 en 2020, leurs solutions ont été utilisées dans certaines régions pour accélérer la distribution des aides ou diversifier les sources de financement (Cambridge Centre for Alternative finance, 2021[80]). Au Royaume‑Uni par exemple, les plateformes de financement collaboratif par apport de fonds propres ont proposé des financements abondés à 100 % par l’État, et offert aux start‑ups des prêts convertibles à taux réduit. En Amérique latine, les technologies financières ont également été utilisées par les pouvoirs publics pour soutenir les PME informelles, au point d’atteindre 38 % des travailleurs informels au Chili et 21 % en Colombie (El Cronista, 2021[81]).
Le paysage de l’action publique post‑COVID sera dominé par les actions en faveur de la reprise et la nécessité de renforcer la résilience des PME, y compris par le biais d’une diversification continue des sources de financement
À terme, les politiques de financement des PME évolueront sous l’effet de mégatendances comme la transition verte, la mondialisation et la transformation numérique, mais aussi en fonction du contexte géopolitique. Les effets économiques de la guerre en Ukraine, dont la hausse des prix de l’énergie et des matières premières et la volatilité accrue des marchés financiers, associés à des tensions inflationnistes durables, devraient entraîner une augmentation du coût du crédit6. Les PME déjà endettées qui ont contracté des emprunts supplémentaires pour faire face à la crise du COVID19 pourraient ainsi être confrontées à d’importantes difficultés. Dans ce contexte, il est donc important de poursuivre les efforts pour renforcer la situation financière des PME. Ces efforts peuvent d’ailleurs s’inscrire dans le prolongement de l’approche « reconstruire en mieux », comme partie intégrante des plans de relance mis en œuvre dans les pays du Tableau de bord (voir le chapitre 2). Le soutien à l’accès des PME au financement peut donc être progressivement orienté vers les priorités des autorités publiques en matière de transformations structurelles, comme la transition verte, la mondialisation et la transformation numérique.
De la même manière, pour que les PME tirent pleinement parti des effets de la relance, les difficultés qui pèsent de longue date sur ces entreprises dans l’accès au financement doivent faire l’objet d’une attention toute particulière. L’accès des PME aux sources de financement classiques ou non reste limité par rapport aux grandes entreprises, ce qui les rend davantage vulnérables aux perturbations économiques. La dépendance excessive des PME à l’égard des financements bancaires et leur fragilité face à l’évolution des conditions de crédit en période de crise ou de récession économique ont encore pu se vérifier pendant la crise du COVID19. Le recours des PME à d’autres types de financement, comme le financement adossé à des actifs et l’apport de fonds propres, a également été entravé par la crise. Bien que les mesures fortes et rapides prises par les pouvoirs publics en réponse à la pandémie de COVID19 aient été particulièrement efficaces pour atténuer les conséquences de la crise, elles n’ont pas permis une mobilisation significative de sources et d’instruments alternatifs de financement pour les PME (voir le chapitre 2), donnant lieu à une situation où de nombreuses PME doivent aujourd’hui supporter des niveaux élevés, voire insoutenables, de dette.
À mesure que les autorités publiques continueront de déployer leurs plans de relance, il conviendra de tenir compte du besoin de mieux concilier la dette des PME et les instruments alternatifs dans l’offre de financements, et ce, conformément à la version mise à jour des Principes de haut niveau de l’OCDE sur le financement des PME qui sera publiée en 2022. Encourager une plus forte diversification des sources de financement des PME par le biais de solutions alternatives offrant à ces entreprises des financements adaptés à leurs besoins peut également constituer pour les PME une source importante de résilience.
Le Tableau de bord continuera de suivre l’évolution du financement des PME et de l’action publique, et ce, afin d’aider les gouvernements à développer des politiques de financement des PME réellement adaptées aux défis existants et à venir.
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[21] Klahr, R. et al. (2021), Bounce Back Loan Scheme Finance Survey Report 2020, https://www.british-business-bank.co.uk/wp-content/uploads/2021/04/BBLS_Finance_Survey_2020_Report_to_Publish_110321_updated07APR.pdf (accessed on 27 September 2021).
[90] Leaseurope (2021), Leaseurope Index Q3 2021, https://www.leaseurope.org/leaseurope-index-q3-2021.
[22] National Audit Office (2020), Investigation into the Bounce Back Loan Scheme, https://www.nao.org.uk/wp-content/uploads/2020/10/Investigation-into-the-Bounce-Back-Loan-Scheme.pdf.
[49] National Venture Capital Association - Pitchbook (2020), Q4 2020 Pitchbook NVCA Venture Monitor, https://nvca.org/research/pitchbook-nvca-venture-monitor/.
[85] NHK (2021), BOJ decides to extend support for smaller business, https://www3.nhk.or.jp/nhkworld/en/news/20211217_21/.
[3] OECD (2022), OECD Economic Outlook, Interim Report March 2022: Economic and Social Impacts and Policy Implications of the War in Ukraine, https://www.oecd-ilibrary.org/sites/4181d61b-en/index.html?itemId=/content/publication/4181d61b-en#figure-d1e260.
[2] OECD (2021), “An in-depth analysis of one year of SME and entrepreneurship policy responses to COVID-19: Lessons learned for the path to recovery”, OECD SME and Entrepreneurship Papers, OECD, Paris.
[13] OECD (2021), OECD Database.
[4] OECD (2021), OECD Economic Outlook - A Balancing Act, https://www.oecd.org/economic-outlook/.
[1] OECD (2021), OECD Economic Outlook, No Ordinary Recovery, Navigating the Transition, https://www.oecd.org/economic-outlook/.
[70] OECD (2021), OECD SME and Entrepreneurship Outlook 2021, https://www.oecd.org/publications/oecd-sme-and-entrepreneurship-outlook-2021-97a5bbfe-en.htm.
[65] OECD (2020), Coronavirus (COVID-19): SME policy responses, OECD Policy responses to Coronavirus, http://www.oecd.org/coronavirus/policy-responses/coronavirus-covid-19-sme-policy-responses-04440101/ (accessed on 19 August 2020).
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[28] OECD (2020), Financing SMEs and Entrepreneurs 2020 and OECD Scoreboard, https://www.oecd.org/cfe/smes/financing-smes-and-entrepreneurs-23065265.htm.
[24] OECD (2020), Financing SMEs and Entrepreneurs: An OECD Scoreboard Special edition: The impact of COVID-19, https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/ecd81a65-en.pdf?expires=1632508802&id=id&accname=ocid84004878&checksum=08BBE3619007353E500B795FCDD3AD23 (accessed on 24 September 2021).
[78] OECD (2018), Key Issues Paper - Ministerial Conference on SMEs, https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/90c8823c-en.pdf?expires=1632112831&id=id&accname=ocid84004878&checksum=2E1E6C4CE7AF945700BE577A58885025.
[75] OECD (2016), Financing SMEs and Entrepreneurs 2016: An OECD Scoreboard -The role of business angel investments in SME finance, https://www.oecd-ilibrary.org/industry-and-services/financing-smes-and-entrepreneurs-2016/the-role-of-business-angel-investments-in-sme-finance_fin_sme_ent-2016-6-en.
[47] OECD (2015), New Approaches to SME and Entrepreneurship Financing: Broadening the range of instruments, https://www.oecd.org/cfe/smes/New-Approaches-SME-full-report.pdf.
[30] OECD (2012), Financing SMEs and Entrepreneurs: An OECD Scoreboard, https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/9789264166769-en.pdf?expires=1642780623&id=id&accname=ocid84004878&checksum=4819854D0B94337D33984AF86D7FCDA9.
[79] OECD (forthcoming), Secured lending for SMEs: making effective use of registries and intangibles – a case study approach.
[51] Pitchbook (2020), 2020 Annual European Venture Report, https://files.pitchbook.com/website/files/pdf/2020_Annual_European_Venture_Report.pdf.
[11] Reuters (2022), Supply chain disruption: is the worst over?, https://www.reuters.com/business/global-markets-supply-pix-2021-11-03/.
[83] Reuters (2021), U.S. bankruptcy filings hit 35-year low thanks to government pandemic aid | Reuters, https://www.reuters.com/article/us-usa-economy-bankruptcy-idUSKBN29A264 (accessed on 22 September 2021).
[76] Ritch L. Sorenson, Andy Yu and Keith H. Brigham (2013), The Landscape of Family Business - Google Libros, https://books.google.fr/books?id=BdAMAQAAQBAJ&pg=PA66&lpg=PA66&dq=family+owned+firms+reluctant+to+give+up+control+to+investors&source=bl&ots=o15MmRjJEs&sig=ACfU3U0lh2FCzwj5t286R-61uzdhZqNmyw&hl=es-419&sa=X&ved=2ahUKEwiM05HWvpDzAhXEzIUKHbZQDDoQ6AF6BAgTEAM#v=onepage&q=family%20owned%20firms%20reluctant%20to%20give%20up%20control%20to%20investors&f=false (accessed on 24 September 2021).
[72] Schwettmann, J. (2020), COVID-19 and the Informal Economy, https://library.fes.de/pdf-files/iez/16414.pdf.
[48] SCM (2020), New opportunities for businesses with FUIB and FACTORING HUB, https://www.scm.com.ua/en/news/novi-mozhlivosti-dlya-biznesu-z-pumb-ta-faktoring-hab.
[66] Thai Enquirer (2021), Rising NPLs in the financial sector takes its toll on the Thai economy, https://www.thaienquirer.com/20249/rising-npls-in-the-financial-sector-takes-its-toll-on-the-thai-economy/.
[88] The Guardian (2021), Global supply chain crisis could last another two years, warn experts, https://www.theguardian.com/business/2021/dec/18/global-supply-chain-crisis-could-last-another-two-years-warn-experts.
[15] UNCTAD (2021), Global foreign direct investment fell by 42% in 2020, outlook remains weak | CNUCED, https://unctad.org/fr/node/31924 (accessed on 20 September 2021).
[16] UNCTAD (2021), Global investment flows rebound in first half of 2021, recovery highly uneven, https://unctad.org/news/global-investment-flows-rebound-first-half-2021-recovery-highly-uneven.
[23] UNCTAD (2020), Unprecedented COVID-19 stimulus packages are not being leveraged to accelerate SDG investment | UNCTAD, https://unctad.org/news/unprecedented-covid-19-stimulus-packages-are-not-being-leveraged-accelerate-sdg-investment (accessed on 15 September 2021).
[6] World Bank (2021), Small and Medium Enterprises in the Pandemic: Impact, Responses and the Role of Development Finance, https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/34552/Small-and-Medium-Enterprises-in-the-Pandemic-Impact-Responses-and-the-Role-of-Development-Finance.pdf?sequence=1&isAllowed=y.
[9] WTO (2021), \World Trade Statistical Review 2021, https://www.wto.org/english/res_e/statis_e/wts2021_e/wts21_toc_e.htm (accessed on 20 September 2021).
[8] WTO (2021), “First Quarter 2021 Trade in Services”, https://www.wto.org/english/res_e/statis_e/daily_update_e/serv_latest.pdf.
Notes
← 1. Sur un échantillon de 124 pays qui ont mis en place des mesures de soutien aux PME, 40 % sont des pays à revenu élevé, 33 % à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, 21 % à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et seulement 6 % sont des pays à faible revenu.
← 2. L’élargissement ou la modification des programmes existants s’appuie notamment sur les mesures suivantes : un financement renforcé pour les prêts directs, une augmentation du volume maximal et du volume total de garantie par bénéficiaire, une revalorisation de la part garantie des prêts, un élargissement des secteurs couverts par les garanties, un assouplissement ou un développement des critères d’accès à ces dispositifs, la mise en place de systèmes de distribution numérique et de procédures accélérées visant à faciliter un accès rapide aux dispositifs, etc.
← 3. Au premier semestre 2020, près de la moitié des pays à revenu élevé avaient adopté des mesures d’investissement par apports de fonds propres en réponse à la crise du COVID19. (OECD, 2021[2])
← 4. Nombre de jours entre le délai de paiement convenu et le délai de réception des fonds (Intrum, 2021[59])
← 5. En 2019, seuls 10 % des PME préféraient l’apport de fonds propres comme source de financement externe, alors que 70 % privilégiaient les découverts et 55 % les prêts bancaires. (Helmut Kraemer-Eis, Simone Signore and Dario Prencipe, 2016[73])
← 6. Des simulations réalisées dans le cadre des Perspectives économiques intermédiaires de mars 2022 prévoient une augmentation des taux d’intérêt d’un peu plus d’un point en moyenne dans les principales économies avancées et d’un demi-point dans les grandes économies de marché émergentes (OECD, 2022[3]).