Depuis 2020, l'économie mondiale a été frappée par une série de chocs, avec de fortes répercussions sur les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent la grande majorité des entreprises. La crise du COVID-19 a été suivie d'une flambée de l'inflation. Cette inflation a particulièrement touché les PME, qui ont une capacité limitée à répercuter l'augmentation du coût des intrants sur les clients sans perdre leur compétitivité. La forte augmentation des taux d'intérêt directeurs dans la plupart des pays du monde et le resserrement de l'environnement de prêt ont également eu un impact sur le coût et l'accès au financement pour les PME, qui s'appuient traditionnellement sur l'endettement pour financer leurs opérations et leurs investissements.
En conséquence, l'édition 2024 de Financement des PME et des entrepreneurs : Tableau de bord de l'OCDE documente une volatilité significative dans le financement des PME. Cela inclut une augmentation du coût du financement des PME sans précédent dans l'histoire de l'exercice en 2022, ainsi qu'une baisse significative des prêts aux PME. Si les conditions de financement rigoureuses persistent, la tendance à la baisse du financement des PME devrait se poursuivre. L'évolution de l'environnement financier a également contribué à la volatilité du financement par actions, qui a fortement diminué en 2022 après une croissance historiquement élevée en 2021. Les entreprises dirigées par des femmes et des minorités, qui ont généralement plus de difficultés à accéder au financement par capital-risque, ont été touchées de manière disproportionnée. Pour la première fois, l'édition 2024 fournit également une analyse des données désagrégées au niveau infranational sur les indicateurs clés du tableau de bord, qui montre une plus grande variation régionale dans le stock de prêts aux PME par rapport à l'octroi de garanties de prêt par le gouvernement pour les PME.
Dans ce contexte, les gouvernements du monde entier ont pris des mesures pour soutenir les PME et préserver leur accès au financement. Ces mesures comprennent à la fois des interventions immédiates, telles que la protection contre l'augmentation du coût des intrants, et des initiatives structurelles à plus long terme, telles que la diversification des sources et des instruments financiers, la promotion de l'égalité des sexes dans l'accès au capital et la rationalisation des paiements. Ces mesures visent à aider différents types de PME et d'entrepreneurs à maintenir leurs investissements et à renforcer leur résistance aux défis futurs. En particulier, on insiste de plus en plus sur le rôle crucial que les PME doivent jouer dans la mise en place d'économies nettes zéro, et sur la nécessité d'exploiter le financement durable pour favoriser la participation des PME à la transition verte. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé, car les PME continuent de se heurter à d'importantes contraintes en matière d'accès et d'utilisation de la finance durable.
Dans un contexte de volatilité économique persistante et de nécessité d'accélérer les transitions critiques, le tableau de bord continuera à suivre les dernières évolutions du financement des PME et du paysage politique dans ce domaine, afin d'aider les gouvernements à concevoir des politiques qui répondent aux besoins de financement des PME, renforcent leur résilience et contribuent à une économie durable et inclusive.
Lamia Kamal-Chaoui,
Directrice, Centre de l'OCDE pour l'entrepreneuriat, les PME, les régions et les villes