Ce chapitre présente les tendances et les conditions d'accès des PME au financement. Il donne d'abord un bref aperçu de l'évolution des conditions macroéconomiques et de l'environnement des entreprises dans le contexte d'une inflation élevée, d'une augmentation significative des taux d'intérêt et d'un resserrement des conditions de prêt. Il analyse ensuite l'offre de financement bancaire aux PME et les conditions de crédit en 2022, ainsi que les développements en matière de financement basé sur les actifs, de fonds propres et de Fintech. Les tendances en matière de faillites, de retards de paiement et de prêts non performants, ainsi que les évolutions récentes des politiques gouvernementales sont également évaluées.
Le financement des PME et des entrepreneurs 2024 (version abrégée)
1. Tendances récentes du financement des PME et de l’entrepreneuriat
Copier le lien de 1. Tendances récentes du financement des PME et de l’entrepreneuriatAbstract
Climat des affaires et contexte macroéconomique
Copier le lien de Climat des affaires et contexte macroéconomiqueAprès un second semestre 2022 marqué par la faiblesse de la croissance mondiale, les chiffres du premier semestre 2023 témoignent d’une certaine amélioration. Le PIB mondial affiche en effet un taux de croissance annuel de 3.1 % pour cette période, contre 2.8 % au second semestre 2022 (OCDE, 2023[1]). Cette croissance reste néanmoins inégale entre les pays, d’autant que la production économique amorce une reprise au Brésil, en Chine, aux ÉtatsUnis et au Japon. Les prévisions pour 2023 laissent toutefois entrevoir un ralentissement de la croissance de la production dans la zone euro et au RoyaumeUni (Graphique 1.1).
Ces disparités en termes de croissance font suite à une année de perturbations macroéconomiques qui ont eu des répercussions différentes selon les pays. Les tensions géopolitiques et la forte incertitude découlant de la guerre d’agression non provoquée de la Russie contre l’Ukraine, aggravées par une inflation soutenue, un durcissement de la politique monétaire, une perturbation des chaînes d’approvisionnement et une accentuation des pénuries de main-d’œuvre, ont eu une incidence notable sur la demande des consommateurs et l’investissement des entreprises. Ce contexte a contribué à un ralentissement de la plupart des économies de l’OCDE, puisque 15 d’entre elles ont enregistré une baisse de leur PIB au quatrième trimestre 2022, principalement en Europe et dans la région AsiePacifique. En 2022, le taux de croissance du PIB de la Chine n’était que de 3 %, soit le taux le plus faible en 40 ans (à l’exception de l’année 2020, au cœur de la pandémie de COVID19) (OCDE, 2023[2]). Même si l’on s’attend à ce que la croissance chinoise reparte à la hausse, son niveau devrait être historiquement faible et refléter à la fois une demande intérieure atone et les tensions sur le marché de l’immobilier, avec une croissance estimée à 5.1 % en 2023 et à 4.6 % en 2024 (OCDE, 2023[3]).
Ces évolutions macroéconomiques ont une incidence importante sur les PME. En 2022, la forte augmentation de l’inflation et ses répercussions sur les prix de l’énergie et des matières premières, exacerbées par la suppression progressive des aides financières publiques octroyées au titre de la pandémie COVID19, ont perturbé les activités de nombreuses PME à travers le monde (OCDE, 2023[2]). En Europe par exemple, la valeur ajoutée imputable aux PME, corrigée de l’inflation, a baissé en 2022 de 2.3 % par rapport à l’année précédente. La plus forte baisse de la valeur ajoutée a été enregistrée par les moyennes entreprises (soit 3 %, contre 2.6 % pour les petites entreprises et 1.4 % pour les microentreprises). Dans le cas des grandes entreprises, la valeur ajoutée corrigée de l’inflation a fléchi de 1 % entre 2021 et 2022. Par rapport à 2019, cette baisse a atteint 2.5 %, les moyennes entreprises étant davantage touchées (−3.9 %) que les petites entreprises (−3.7 %). Entre 2019 et 2022, la valeur ajoutée des grandes entreprises corrigée de l’inflation a diminué de 0.7 % (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]). Si l’on prend en compte la valeur ajoutée corrigée de l’inflation imputable aux PME par secteur, ce sont les entreprises du secteur de la construction et de l’industrie manufacturière (secteurs dans lesquels les moyennes entreprises sont prédominantes) qui ont été le plus durement touchées entre 2021 et 2022, enregistrant respectivement une baisse de 5.6 % et 3.3 %. Sur la période 2019-22, les activités d’hébergement et de restauration ont connu la plus forte baisse (34.4 %) en raison des restrictions exceptionnelles imposées à ce secteur en réponse à la pandémie. Le secteur de l’industrie manufacturière a quant à lui connu une baisse de 5 % et le secteur du transport et de l’entreposage de 2.4 % (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]).
Certains signes d’amélioration ont pu être observés au premier semestre 2023, avec un début de reprise progressive de la croissance mondiale. Les améliorations constatées au premier semestre 2023 peuvent pour partie s’expliquer par une baisse des prix de l’énergie et par ricochet, des prix de détail, ainsi que par des perspectives plus positives en Chine grâce à la suspension de la stratégie zéro-COVID en décembre 2022 et à l’assouplissement des mesures de soutien d’ordre budgétaire et monétaire (OCDE, 2023[2]). Ces évolutions ont ainsi permis une reprise de la confiance des consommateurs dans les grandes économies, ainsi qu’une amélioration des indicateurs de l’activité des entreprises, en particulier dans le secteur des services (OCDE, 2023[2]). Cependant, malgré une situation plus favorable au premier semestre 2023, la croissance du PIB mondial ne devrait atteindre que 2.9 % en 2023 et 2.7 % en 2024, soit les taux annuels les plus faibles depuis la crise financière mondiale (année 2020 mise à part) (OCDE, 2023[2]) (OCDE, 2023[3]). Le maintien de politiques monétaires restrictives, la hausse limitée des échanges et une croissance plus faible prévue en Chine devraient peser sur la confiance des consommateurs et des entreprises, et par là même affecter la croissance de la production. Par ailleurs, l’intensification des tensions géopolitiques découlant de l’augmentation des conflits au MoyenOrient au quatrième trimestre 2023 pourrait également compromettre les perspectives économiques à court terme (OCDE, 2023[1]). Les projections relatives aux performances des PME pour 2023 font apparaître une tendance similaire. Dans l’Union européenne (UE), les taux durablement élevés d’inflation (dont le niveau devrait atteindre 6 %) pourraient se maintenir au point d’entraîner une baisse de 1.2 % de la valeur ajoutée imputable aux PME corrigée de l’inflation en 2023 (dans une moindre mesure toutefois que l’année précédente) et de 0.2 % de l’emploi (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]). La persistance d’une inflation élevée pourrait en outre accentuer le problème des retards de paiement, auquel les PME sont plus facilement confrontées que les grandes entreprises dans la mesure où elles disposent de volants de liquidités plus faibles et d’une marge de manœuvre plus limitée pour répercuter l’augmentation des coûts de production sur leurs clients (Commission européenne, 2023[5]).
Échanges internationaux et investissements des entreprises
Copier le lien de Échanges internationaux et investissements des entreprisesLes tensions géopolitiques persistantes, le durcissement de la politique monétaire, les prix élevés des produits de base, le ralentissement de la production industrielle et le haut niveau des stocks se sont traduits par une croissance relativement faible du commerce mondial de marchandises en 2022 (2.7 %), et ce, malgré la réduction progressive des difficultés d’approvisionnement (OMC, 2023[6]).
D’après l’OMC, les échanges de marchandises ont été plus résilients qu’escompté aux trois premiers trimestres 2022. Le volume de marchandises échangées a en effet connu une croissance moyenne de 4.2 % en glissement trimestriel, avant de baisser de 2.4 % en glissement trimestriel au quatrième trimestre, au point d’entraîner une dégradation des performances globales sur l’année (OMC, 2023[6]). Plusieurs facteurs ont contribué au ralentissement des échanges au dernier trimestre 2022, même si l’augmentation des prix des produits de base sur les marchés mondiaux a été le facteur le plus déterminant, avec des prix de l’alimentation et de l’énergie historiquement élevés au quatrième trimestre 2022, ce qui a entraîné une baisse du revenu réel et de la demande d’importation. Ce sont néanmoins les prix élevés de l’énergie qui ont eu la plus forte incidence sur les échanges pendant l’hiver dans l’hémisphère nord, notamment en Europe, suite à l’arrêt des approvisionnements russes (OMC, 2023[6]).
Cette baisse des échanges s’est inversée au premier trimestre 2023, avec une reprise partielle des volumes à hauteur de 1.8 % (taux trimestriel annualisé). La diminution des points de blocage au niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales et la réouverture de la Chine ont contribué à cette croissance. Certaines vulnérabilités subsistent néanmoins, puisque le prix des transports et les volumes d’expédition restent faibles, tout comme la demande de produits manufacturés et de produits de base (OCDE, 2023[2]). La croissance des échanges mondiaux devrait être faible en 2023, pour s’établir à tout juste 1.6 %, notamment en raison des effets différés d’une politique monétaire restrictive, de la baisse du revenu réel, d’une demande limitée des consommateurs et du ralentissement de l’activité économique en Chine (OCDE, 2023[3]).
L’investissement des entreprises, en revanche, est resté élevé en 2022, ce qui s’explique pour partie par les effets indirects et différés de l’inflation sur l’investissement des entreprises et, dans certains pays, par la diminution des perturbations induites par la pandémie qui a encouragé les entreprises à investir à nouveau pour répondre à la demande des consommateurs non encore satisfaite. En 2022, l’investissement des entreprises dans le monde, tel que mesuré par la formation brute de capital fixe, a augmenté de 5.1 % par rapport à 2021 (CNUCED, 2023[7]). Cette tendance positive devrait toutefois s’inverser, et ce, en raison de la hausse des taux d’intérêt et de perspectives économiques perçues comme négatives, associées à des attentes moins élevées en matière d’investissement, en particulier pour les PME. D’après l’Évaluation des performances des PME (SME Performance Review) de la Commission européenne (CE), lorsque les taux d’intérêt augmentent de 1 point, les PME sont 0.83 point moins susceptibles d’afficher des perspectives positives en matière d’investissement, contre 0.65 point dans le cas des grandes entreprises (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]). L’obstacle important à l’investissement que représentent les incertitudes sur l’avenir de l’économie a par ailleurs réduit de 14 % la probabilité que les PME affichent des perspectives d’investissement positives, contre 10 % dans le cas des grandes entreprises (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]).
Conditions financières
Copier le lien de Conditions financièresLes conditions de crédit reflètent de plus en plus les effets du durcissement de la politique monétaire. L’augmentation des taux directeurs observée en 2022 a eu une incidence rapide sur les taux du marché monétaire et les coûts de financement des banques (incitant par là même les banques à augmenter leurs volants de fonds propres et de liquidités, ce qui a entraîné un resserrement des conditions de crédit pour les emprunteurs). Dans certains pays, les taux d’intérêt interbancaires et les taux créditeurs ont atteint des niveaux jamais égalés depuis le pic enregistré lors de la crise financière mondiale de 2008. Les conditions de financement des entreprises sont également affectées par ces évolutions, dans la mesure où les taux directeurs – dont les hausses sont répercutées par les banques – et le coût des prêts qu’elles accordent aux entreprises évoluent quasiment au même rythme. Le délai de transfert de ces coûts des banques vers les entreprises varie d’un pays à l’autre. Entre 2022 et le premier trimestre 2023, c’est en Australie, au Canada, en Norvège, en NouvelleZélande et en Suède qu’ont pu être observées les plus fortes évolutions des taux d’intérêt des nouveaux prêts bancaires1, conséquence du durcissement antérieur des conditions de crédit (OCDE, 2023[2]). Au troisième trimestre 2023, l’octroi de prêts bancaires a sensiblement ralenti dans la zone euro. Certains pays connaissent par ailleurs une hausse des taux d’incidents de paiement sur les prêts et les cartes de crédit, ainsi qu’une augmentation des faillites d’entreprises (OCDE, 2023[3]).
La hausse des taux directeurs a également eu une incidence sur la dette des entreprises. Le rendement des obligations d’entreprise a augmenté dans la plupart des économies avancées, mais l’impact de la politique monétaire sur ce rendement est moins marqué qu’il ne l’est sur les taux d’intérêt bancaires. Les émissions d’obligations d’entreprise ont quant à elles fortement baissé et les entreprises présentant des risques plus élevés ont réduit leurs émissions d’obligations de manière plus importante que les autres entreprises depuis juin 2022, d’après les données individuelles sur les entreprises de la zone euro. (OCDE, 2023[2]).
Prêts aux PME
Copier le lien de Prêts aux PMEEn 2022, les prêts aux PME ont enregistré une baisse dans la plupart des pays, sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et d’un accès réduit au crédit en raison d’une augmentation des risques perçus par les banques. Les pays d’Amérique latine, comme le Brésil, la Colombie et le Mexique, ont néanmoins enregistré une forte progression de la production de crédits aux PME, reflétant la remontée progressive de cet indicateur après 2020. L’encours des prêts aux PME s’est contracté, poursuivant ainsi la trajectoire baissière mise en évidence en 2021, bien que l’encours ait légèrement augmenté suite à la levée progressive des mesures de soutien liées au COVID19. On observe néanmoins un certain degré d’hétérogénéité entre les pays. Certains ont en effet préservé leur niveau de croissance, alors que d’autres ont enregistré une baisse de l’encours de crédits, en raison de taux de remboursement plus élevés et d’une augmentation du nombre de faillites de PME. La persistance d’un environnement de crédit particulièrement restrictif en 2023 devrait entraîner la poursuite de la tendance à la baisse des prêts aux PME.
Nouveaux prêts aux PME
Copier le lien de Nouveaux prêts aux PMEEn 2022, le taux de croissance médian des nouveaux prêts aux PME dans les pays du Tableau de bord a légèrement baissé, même s’il reste supérieur au niveau enregistré en 2021. Après un recul de 0.3 % en 2021, le taux de croissance médian a baissé de 1.8 % en 2022. Le tableau reste nuancé selon les groupes de pays. Bien que les pays à revenu élevé de l’UE et hors UE aient enregistré une baisse de la croissance médiane des nouveaux prêts aux PME en 2022 (respectivement −4 % et −0.1 %), les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont observé une augmentation des nouveaux prêts de 4 % en glissement annuel. Si l’on s’intéresse à la période 2020-22, il apparaît que l’UE a connu une forte baisse des nouveaux prêts en 2021, avec une médiane en repli de 12 %, puis une baisse plus mesurée en 2022 (−4 %). À l’inverse, dans les pays à revenu intermédiaires de la tranche supérieure, les nouveaux prêts ont baissé de 6 % en 2020, avant d’augmenter de 2.5 % en 2021, puis de 4 % en 2022.
La faible baisse de la croissance médiane des nouveaux prêts dans les pays du Tableau de bord peut en partie s’expliquer par le resserrement de l’environnement de prêt, lequel a eu une incidence sur l’offre de crédit, principalement en raison d’une augmentation des risques perçus par les banques (BCE, 2023[8]). Les enquêtes réalisées auprès des prêteurs, comme l’enquête sur les prêts aux entreprises dans l’Union européenne (Bank Lending Survey) de la Banque centrale européenne (BCE), montrent que le principal facteur du resserrement des conditions de prêt aux entreprises est la perception des risques par les banques (BCE, 2023[9]). Aux ÉtatsUnis, l’enquête Senior Loan Officer Opinion Survey met en évidence que l’une des principales raisons au durcissement des conditions de prêt est une moindre tolérance aux risques (Federal Reserve, 2023[10]).
Les récentes augmentations des taux directeurs ont eu lieu à une fréquence et avec une ampleur exceptionnelles, entraînant une hausse sensible du coût des nouveaux prêts. Les entreprises rencontrent de ce fait davantage de difficultés à emprunter dans le contexte actuel, ce qui se traduit directement par une baisse du recours au crédit. Dans le cas de l’Union européenne par exemple, région qui a enregistré la plus forte baisse des nouveaux prêts, l’enquête sur l’accès au financement des PME (Survey on the Access to Finance of Enterprise, SAFE) fait état d’un nombre inférieur d’entreprises affichant une demande plus forte de prêts bancaires et de facilités de crédit. Le recul de la demande de crédit a cependant été plus prononcé pour les grandes entreprises que pour les PME (BCE, 2023[11]), ce qui s’explique notamment par le fait que les grandes entreprises disposent de volants de liquidités plus importants et que les PME ont massivement recours au financement par l’emprunt. En 2022, la moyenne annuelle des PME au RoyaumeUni déclarant avoir actuellement recours à des financements externes s’élevait à 36 %, soit 7 points de moins qu’en 2021 (43 %) et le niveau le plus faible depuis 2018 (36 % également) (BVA BDRC, 2023[12]).
L’augmentation de la production de prêts dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure est quant à elle due aux pays d’Amérique latine, et plus précisément le Brésil (8 %), la Colombie (16 %) et le Mexique (35 %). Cette forte hausse s’explique en partie par la reprise économique progressive observée après la pandémie de COVID19 dans la région (laquelle a également subi les effets de la crise de l’énergie dans une moindre mesure que les autres régions) et par un rebond de l’activité des entreprises. Au Mexique, les données d’enquêtes réalisées auprès des PME montent que le nombre d’entreprises qui ont bénéficié d’un crédit a augmenté en 2022. Malgré le haut niveau d’inflation, et alors que les garanties exigées et autres conditions d’octroi étaient plus restrictives, les entreprises mexicaines ont pu obtenir les crédits dont elles avaient besoin (Banco de México, 2023[13]). Une autre enquête a mis en évidence que 62 % des PME indiquent avoir été en mesure de faire face à l’inflation et à l’augmentation du coût des intrants, et à maintenir leurs activités, et que 24 % des PME sont parvenues à dépasser leurs prévisions commerciales en 2022 (El Economista, 2022[14]). La Colombie a connu une forte hausse (12 points) du taux de demande de prêts (voir la section consacrée aux Taux de demande de prêts des PME). D’après la Banque centrale, cette hausse concernait davantage les moyennes entreprises. Les microentrepreneurs et les petites entreprises ont de leur côté fait part d’un resserrement de l’accès au financement bancaire, auquel ils ont substitué le recours aux coopératives (Banco de la República, 2022[15]).
Encours de prêts aux PME
Copier le lien de Encours de prêts aux PMEParallèlement à la baisse des nouveaux prêts observée en 2022, la croissance de la médiane du Tableau de bord, s’agissant de l’encours de prêts aux PME, a reculé de −1.14 %. Ce repli faisait suite à une hausse marginale de 0.25 % en 2021 et à une croissance robuste de 6.13 % en 2020. Si l’on examine l’évolution de la médiane par groupes de pays, l’UE a enregistré une croissance négative de l’encours de prêts aux PME (−2.58 %), dans la lignée de la tendance négative observée en 2021 (−1 %). Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont également connu une baisse de l’encours des prêts de 1.12 % en 2022, alors qu’il avait augmenté de 3.9 % en 2021. Les pays à revenu élevé hors UE du Tableau de bord, dont l’Australie, le Canada, le Chili, la Corée, Israël, le Japon, la Norvège, la NouvelleZélande, le RoyaumeUni et la Suisse, ont quant à eux enregistré une croissance de 1.4 %, soit un niveau légèrement supérieur à ce qu’il était en 2021 (−0.02 %).
Dans l’Union européenne, la baisse de l’encours des prêts peut également traduire une augmentation des taux de remboursement, dans la mesure où de nombreuses PME ont cherché à éviter d’avoir à assumer des coûts d’emprunt plus conséquents, notamment compte tenu du réajustement des instruments de dette à taux révisable et de la part relativement élevée des prêts à taux variable. Ainsi, dans la zone euro, la part moyenne des prêts à taux d’intérêt variable par rapport aux prêts à taux fixe est de 62 % (Oesterreichische Nationalbank, 2023[16]) (voir le profil-pays consacré à l’Autriche dans la publication en anglais). Face à cette situation, de nombreuses PME ont préféré rembourser leurs prêts plutôt que de devoir supporter une augmentation du coût de remboursement. D’après la BCE, au dernier trimestre 2022, le flux global de prêts bancaires est devenu négatif, autrement dit le nombre de prêts remboursés ou arrivés à échéance a dépassé le nombre de prêts octroyés (BCE, 2023[8]). L’augmentation du taux de faillite des PME constitue une autre explication à la baisse de cet indicateur dans l’Union européenne, dans la mesure où les banques sont soumises à une obligation d’abandon de créance, ce qui a entraîné une diminution de l’encours des prêts.
Le niveau de croissance de l’encours des prêts a en revanche été maintenu dans les pays à revenu élevé hors UE, et ce, malgré un recul du nombre de nouveaux prêts en 2022. Ceci confirme les résultats d’enquêtes réalisées au Canada et aux ÉtatsUnis, où le volume de l’encours de prêts a augmenté (Gouvernement du Canada, 2023[17]) (Federal Reserve Bank of Kansas City, 2023[18]), traduisant potentiellement un rythme de remboursement plus lent en raison de la mise en œuvre de mesures d’étalement des prêts. Aux ÉtatsUnis par exemple, le remboursement du capital et des intérêts du prêt COVID19 Economic Injury Disaster Loan (EIDL) de la Small Business Administration (SBA) a été prolongé en mars 2022 pour un total de 30 mois. Cette prolongation concerne l’ensemble des prêts liés au COVID19 consentis en 2020, 2021 et 2022 (SBA, 2022[19]). Au RoyaumeUni en revanche, l’encours de prêts a baissé en 2022 car de nombreuses PME ont axé leurs efforts sur le remboursement de leurs prêts de sorte à éviter des coûts d’emprunt plus élevés, même si une grande partie d’entre elles continuent à détenir des dépôts importants (affectant par là même la demande de nouveaux prêts). En parallèle, l’encours des découverts a quant à lui augmenté, dans la mesure où la hausse du coût des entrants a fait croître la demande de produits de financement du besoin en fonds de roulement des PME (British Business Bank, 2023[20]).
Évolutions au niveau infranational
Copier le lien de Évolutions au niveau infranationalLes différences régionales s’agissant de l’encours des prêts aux PME en 2022 sont illustrées dans le Graphique 1.4, lequel présente les valeurs minimales, moyennes et maximales pour chaque pays2. La valeur moyenne (c’est-à-dire la moyenne des valeurs régionales) donne une bonne idée de la valeur agrégée nationale et montre que le volume de prêts aux PME, en pourcentage du PIB, est le plus élevé en Türkiye (38 %), au Portugal (31 %) et en Belgique (28 %), alors qu’elle est le plus faible en Indonésie (11 %), au Pérou (9 %) et au Mexique (1.6 %). Ces valeurs sont non seulement influencées par le nombre et la taille des prêts aux PME, mais aussi par la définition des prêts aux PME adoptée par chaque pays3. Il convient de noter que les régions abritant la capitale nationale des quatre pays d’Europe occidentale retenus (la Belgique, la France, l’Italie et le Portugal) se retrouvent en bas du classement, alors qu’elles sont en tête du classement pour les deux pays d’Europe orientale (la République slovaque et la République tchèque). Bien qu’il ne soit pas aisé d’apporter une explication précise à ce phénomène sans analyse plus approfondie, la taille du PIB régional et la taille du secteur des grandes entreprises dans des régions comme l’Île-de-France (Paris), le Latium (Rome) ou Lisbonne peut contribuer à expliquer la place de ces régions dans leurs classements nationaux respectifs.
Part des prêts aux PME
Copier le lien de Part des prêts aux PMEEn 2022, la part médiane des prêts aux PME atteint 47 % dans les pays du Tableau de bord (contre 43 % en 2021), tel qu’illustré dans le Graphique 1.5. Cet indicateur, qui montre la proportion des prêts accordés aux PME dans le total des prêts aux entreprises, apporte un éclairage important sur le financement des PME par l’emprunt dans le paysage plus général des affaires. L’augmentation de 4 points observée en 2022 témoigne d’une croissance plus rapide qu’au cours des cinq années précédentes (0.2 point en moyenne). Cette augmentation semble refléter le fait que le nombre total de prêts aux entreprises a baissé plus rapidement que celui des prêts aux PME, dans la mesure où de nombreuses grandes entreprises ont préféré rembourser leurs prêts plutôt que d’avoir à supporter une hausse des coûts d’emprunt. La situation en 2023 évolue toutefois rapidement, puisqu’un grand nombre d’entreprises ont des besoins de financement en raison de la volatilité du marché des obligations et du capital-investissement (Reuters, 2023[22]).
Les données ventilées par groupes de pays révèlent que la part des prêts aux PME s’est maintenue à un niveau comparable à ce qu’il était en 2021. Que ce soit au sein de l’UE ou hors UE, les pays à revenu élevé ont enregistré un léger repli de la part des prêts aux PME. Cette part devrait néanmoins connaître à l’avenir une baisse nettement plus marquée. En 2023, la BCE a noté une diminution plus rapide de l’encours des prêts aux PME par rapport à l’encours total des prêts (BCE, 2023[8]). Certains pays à revenu élevé hors UE ont enregistré une baisse de la part des prêts. Au RoyaumeUni, deux facteurs ont contribué à la contraction de la part des prêts aux PME. D’un côté, l’augmentation des prêts bruts s’est avérée plus forte pour les grandes entreprises que pour les PME et, de l’autre, les remboursements bruts de prêts bancaires ont atteint un niveau inédit pour les PME en 2022, représentant une hausse de 12 % par rapport à 2021 pour un total de 73.5 milliards GBP d’après la Banque d’Angleterre (voir le profil-pays consacré au RoyaumeUni dans la publication en anglais). En Israël, la forte hausse des taux d’intérêt a participé à la baisse de l’octroi de prêts aux PME, ainsi qu’à une réduction de la part des prêts aux PME dans le total des prêts (voir le profil-pays consacré à Israël). Les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ont quant à eux connu une légère augmentation de la part des prêts aux PME, passant de 30 % à 32 %.
Prêts à court terme et prêts à long terme
Copier le lien de Prêts à court terme et prêts à long termeComme cela a été mis en évidence dans les éditions précédentes du Tableau de bord, le portefeuille de prêts des PME a progressivement évolué depuis 2009, délaissant les prêts à court terme4 au profit de prêts de plus longue durée. Les données pour l’année 2022 offrent toutefois un tableau plus contrasté, puisque la part des nouveaux prêts à long terme aux PME a baissé de 2 points pour s’établir à 68 %, soit son plus faible niveau depuis 2016. La part de l’encours des prêts à long terme aux PME a quant à elle augmenté de 2 points pour atteindre 83 % en 2022.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la divergence entre ces deux tendances. D’abord, tel qu’indiqué dans les Faits saillants 2023 du Tableau de bord, le nombre important de prêts de longue durée accordés jusqu’en 2022 a contribué à maintenir le niveau élevé de l’encours des prêts aux PME. Ensuite, la mise en œuvre de nouvelles mesures de soutien au financement des PME ou d’étalement des prêts existants peut avoir contribué à la légère augmentation de la part de l’encours des prêts à long terme aux PME. Le recul des nouveaux prêts à long terme reflète en revanche le fait que les entreprises hésitent à s’engager dans des prêts à long terme plus coûteux (en particulier dans l’Union européenne, compte tenu de la part élevée de PME contractant des prêts à taux variable). Les PME ont par conséquent eu davantage recours à des prêts à court terme dans l’attente d’une baisse des taux des prêts à plus long terme. Enfin, l’augmentation des besoins de financement à court terme des PME5 observée au premier semestre 2022, suscitée par les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la hausse du coût des intrants, constitue un autre facteur notable de la divergence entre ces deux tendances (BCE, 2022[23]).
Conditions de crédit
Copier le lien de Conditions de créditCette section examine les conditions de crédit faites aux PME et aux entrepreneurs en se fondant sur les données relatives au coût du crédit bancaire, aux garanties exigées et aux taux de refus. En 2022, de nombreuses banques centrales ont décidé de relever leur taux directeur, entraînant par là même une augmentation du coût du financement des PME sans précédent depuis la création du Tableau de bord en 2007. D’après les données d’enquêtes pour l’année 2022 et le premier semestre 2023, une part importante des PME ont constaté une réduction notable de l’offre et de l’accessibilité financière du crédit. Cette évolution a eu des répercussions sur la demande de crédit, alors même qu’un nombre croissant de PME manifestaient un besoin accru de financement. Les données issues d’enquêtes menées auprès des banques mettent également en évidence un resserrement des modalités et conditions d’emprunt, et ce, en raison de perspectives économiques perçues comme plus incertaines et d’une moindre tolérance aux risques.
Taux d’intérêt appliqués aux PME
Copier le lien de Taux d’intérêt appliqués aux PMEEn 2022, le coût du financement a fortement augmenté suite au durcissement de la politique monétaire de nombreux pays dans le monde. Le faible niveau des taux d’intérêt appliqués depuis plusieurs années a été remis en cause par la montée des tensions inflationnistes, lesquelles ont suscité une vive réaction des banques centrales. La hausse des taux directeurs a été répercutée presque à l’identique sur l’économie réelle et les taux d’intérêt appliqués aux entreprises, y compris aux PME, ont augmenté en conséquence (OCDE, 2023[2]). La médiane du Tableau de bord a progressé de 1.1 point, soit la croissance la plus forte jamais enregistrée dans l’histoire du Tableau de bord. Il convient de noter que même en 2008, lors de la grande crise financière, les taux d’intérêt appliqués aux PME n’avaient augmenté que de 0.38 point. En d’autres termes, les taux d’intérêt ont connu une hausse de 1.7 % entre 2007 et 2008, contre 29 % entre 2021 et 2022. On peut ainsi considérer que l’année 2022 marque la fin d’une longue période de conditions de crédit particulièrement accommodantes, avec des répercussions négatives sur les coûts d’emprunt pour les PME. La hausse des taux d’intérêt devrait peser sur la restauration de la trésorerie des PME, laquelle a été affectée par la série de perturbations observée au cours des deux dernières années. Une analyse empirique de la Commission européenne suggère que toute augmentation d’un point des taux d’intérêt en 2021 aurait entraîné une baisse de 0.35 point de la marge bénéficiaire des PME6. (Commission européenne, 2023[5])
L’ensemble des groupes de pays ont suivi la même évolution que la médiane du Tableau de bord et enregistré une hausse des taux d’intérêt en 2022. La plus forte augmentation a ainsi été observée dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (2.3 points), suivis des pays à revenu élevé hors UE (1.7 point). Les pays de l’UE ont eux aussi enregistré une hausse des taux d’intérêt, dans une moindre mesure toutefois (0.6 point). Aucun de ces groupes de pays n’avait connu une telle augmentation depuis la création du Tableau de bord. En février 2023, les entreprises de la zone euro payaient en moyenne 250 points de base de plus en intérêts sur les nouveaux prêts qu’à la fin de l’année 2021 (BCE, 2023[8]). En décembre 2023, les taux d’intérêt réels prospectifs étaient positifs dans la plupart des grandes économies, et les écarts de taux d’intérêt et de rendement des obligations d’État à plus long terme se sont également creusés dans la plupart des économies de marché émergentes. Il est probable que la politique monétaire actuelle demeure restrictive jusqu’à ce que les tensions inflationnistes montrent des signes clairs d’atténuation (OCDE, 2023[1]).
Le Graphique 1.8 présente les taux d’intérêt appliqués aux PME par pays. Contrairement à 2021, l’ensemble des pays ont enregistré une hausse des taux d’intérêt appliqués aux PME. Les plus fortes augmentations ont ainsi été observées en Colombie (9 points), en Hongrie (7.5 points), au Brésil (5.8 points), au Chili (4.8 points) et au Kazakhstan (4.3 points). La hausse des taux d’intérêt devrait diminuer la probabilité que les PME affichent des perspectives positives en matière d’investissement (Commission européenne, 2023[5]).
Écarts de taux d’intérêt
Copier le lien de Écarts de taux d’intérêtLa forte hausse généralisée des taux d’intérêt ne s’est pas traduite par une augmentation importante des écarts de taux d’intérêt7, ce qui montre qu’en 2022 les conditions d’emprunt ne se sont pas dégradées de manière plus prononcée pour les PME que pour les grandes entreprises. La médiane du Tableau de bord a en réalité baissé, passant de 0.93 point en 2021 à 0.9 point en 2022. Si l’on s’intéresse à l’évolution par pays, il apparaît qu’en 2022, sur les 36 pays ayant fourni des données pour cet indicateur, 19 ont enregistré un resserrement de l’écart des taux d’intérêt. Les plus fortes baisses ont ainsi été observées en Ukraine (−2.8 points), en République tchèque (−1.87 points), au Mexique (−1.6 points), en Irlande (−0.98 points) et en Hongrie (−0.95 points), inversant de fait le creusement des écarts de taux constaté en 2021.
Les écarts les plus importants ont été enregistrés au Pérou, en Colombie, au Brésil et au Chili, et les plus fortes augmentations des écarts entre 2021 et 2022 ont été observées en Pologne (+1.2 points), en Italie (+0.83 points) et en Finlande (+0.69 points).
L’une des explications au léger recul des écarts de taux d’intérêt, dans le contexte de hausses généralisées de ces taux, est la perception accrue des risques liés aux prêts aux grandes entreprises, et ce, en raison des implications négatives des hausses de taux d’intérêt sur les marchés d’actions et d’obligations, lesquelles entraînent des insuffisances de financement pour ces entreprises (S&P Market Intelligence, 2022[24]). L’indicateur de vulnérabilité financière, élaboré dans le cadre de l’enquête SAFE pour évaluer la situation financière des entreprises, montre que l’augmentation de la part des grandes entreprises rencontrant des difficultés pour exercer de leurs activités et assurer le service de leur dette a été en 2022 supérieure à celle de la part des PME rencontrant les mêmes difficultés (BCE, 2022[25]). Il est toutefois probable que les écarts de taux d’intérêt finiront par augmenter, dans la mesure où de nombreuses banques déclarent avoir durci les conditions faites aux PME en 2023 de manière à réduire encore les risques qu’elles encourent dans le cadre de leurs activités (BCE, 2023[9]).
Exigences de garanties
Copier le lien de Exigences de garantiesLes données relatives aux exigences de garanties sont issues d’enquêtes réalisées auprès des prêteurs et des emprunteurs, sachant que la méthodologie, les échantillons et les questionnaires varient d’un pays à l’autre. Il convient donc de faire preuve de prudence dans les comparaisons entre pays.
En 2022, la part des PME soumises à des exigences de garanties a augmenté de 1.17 points sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et d’un durcissement général des conditions de crédit. Cette augmentation n’a toutefois pas atteint le rythme enregistré en 2008, année au cours de laquelle la part des PME soumises à des exigences de garanties a progressé de 7.2 points. Les pays qui ont connu la plus forte augmentation de cette part sont notamment la Lituanie (+28.4 points), la Grèce (+15 points), l’Irlande (+11 points), les PaysBas (+9 points) et le RoyaumeUni (+8 points).
La progression de la part des PME soumises à des exigences de garanties reflète à la fois la hausse des coûts de financement et l’augmentation des risques perçus par les banques. D’un côté, des taux d’intérêt élevés vont généralement de pair avec une baisse du prix des actifs, entraînant par là même une réduction de la valeur des garanties (BCE, 2023[8]). Cette situation peut conduire à la mise en place d’ajustements immédiats, par lesquels les bailleurs de fonds exigent des garanties supplémentaires de manière, d’une part, à tenir compte des baisses de prix potentielles et, d’autre part, à s’assurer que la valeur des garanties consenties ne finisse pas par être inférieure aux montants empruntés. De l’autre, plus les coûts de financement sont élevés, plus la probabilité de faillites augmente, dans la mesure où les emprunteurs peuvent avoir des difficultés à respecter leurs obligations de remboursement, ce qui fait alors augmenter les exigences de garanties pour les nouveaux prêts. Dans la zone euro par exemple, depuis la fin de l’année 2021, les probabilités de faillites ont d’après les banques davantage augmenté pour les PME que pour les autres types d’entreprises (BCE, 2023[8]).
Taux de demande de prêts des PME
Copier le lien de Taux de demande de prêts des PMELes conditions de crédit ont connu des changements importants depuis la crise du COVID19, alors que leur évolution a été plus stable au lendemain de la grande crise financière. En 2021 et 2022, le contexte d’inflation élevée et le durcissement des conditions de crédit qui s’est ensuivi ont provoqué une augmentation de 1.1 point des taux d’intérêt appliqués aux PME. Sur la même période, le taux de demande de prêts des PME a quant à lui baissé de 2 points. Dans la moitié des pays ayant fourni des données pour cet indicateur (7 sur 14), la demande de crédit des PME (exprimée en part des PME ayant fait une demande de prêt sur l’ensemble des PME) a enregistré une baisse en 2022. C’est ainsi au Luxembourg (−11 points), au RoyaumeUni (−4 points) et en Autriche (−3.5 points) qu’ont été enregistrées les plus fortes baisses de la demande de crédit des PME. À l’inverse, la plus forte augmentation du taux de demande de prêts a pu être observée en Colombie (12 points), suivie de la Slovaquie (2 points). En Colombie, sur l’ensemble des catégories d’entreprises, l’accès au financement bancaire concernait principalement les moyennes entreprises (Banco de la República, 2022[15]).
Les enquêtes menées en 2022 auprès des emprunteurs montrent que l’accélération des coûts du crédit a eu un effet dissuasif sur les PME, lesquelles ont préféré renoncer à recourir au financement par l’emprunt. Cette évolution contraste fortement avec les tendances observées au cours des années précédentes. La partie gauche du Graphique 1.11 présente la progression des taux d’intérêt appliqués aux PME par rapport au taux de demande de prêts des PME depuis 2007. Le graphique montre qu’après la crise de 2008, les taux d’intérêt appliqués aux PME et les demandes de prêts ont diminué de façon sensible. Entre 2009 et 2019, les demandes de prêts sont restées à un niveau relativement stable (23 % à 28 %). Pendant cette période, les taux d’intérêt appliqués aux PME ont connu une baisse progressive du fait d’une politique monétaire accommodante, passant de 4.8 % en 2009 à 3.9 % en 2019 (soit un recul de 23 % par rapport à 2009). En 2020, les mesures rapides prises par les pouvoirs publics après le choc de la pandémie de COVID19 pour injecter des liquidités dans l’économie, notamment dans le but de protéger les PME, ont entraîné une nouvelle baisse des taux d’intérêt appliqués à cette catégorie d’entreprises (−14 % par rapport à 2019), ainsi qu’une augmentation des demandes de prêts de la part des PME (+13 % par rapport à 2019). En 2022 en revanche, les taux d’intérêt ont enregistré une hausse de 29 % alors que les taux de demande de prêts ont baissé de 8 % par rapport à 2021.
Taux de refus
Copier le lien de Taux de refusLes taux de refus apportent un éclairage intéressant sur l’offre de crédit aux PME et les conditions financières d’ensemble qui leur sont proposées. Des taux de refus élevés sont le signe de restrictions dans l’offre de crédit ; la demande de crédit n’est pas satisfaite, soit parce que les modalités et conditions des offres de prêts ne sont pas jugées acceptables, soit parce que la solvabilité des emprunteurs s’est dégradée, soit parce que les banques rationnent délibérément le crédit. Les taux de refus doivent toutefois être analysés dans le contexte des nouvelles tendances en matière de prêts de façon à avoir un point de vue plus global de l’accès des PME au financement. Les données sur les taux de refus sont habituellement tirées d’enquêtes sur la demande et les possibilités de comparaisons entre pays sont limitées.
La croissance médiane du taux de refus opposés aux PME a légèrement augmenté en 2022 (0.6 point) et, sur 18 pays ayant fourni des données pour cet indicateur, 11 ont enregistré une hausse. La plus forte augmentation a ainsi pu être observée au RoyaumeUni (+30 points), suivi de la France (+4.7 points) et de la Lituanie (+3.5 points). L’augmentation observée au RoyaumeUni est probablement multifactorielle et s’explique notamment par la levée du dispositif Bounce Back Loan Scheme (BBLS) en 2021, lequel exigeait que les emprunteurs déclarent eux-mêmes remplir les critères d’éligibilité et dispensait les bailleurs de fonds d’avoir à évaluer la capacité financière et la viabilité des entreprises. La forte hausse des taux de refus est également imputable aux préoccupations relatives à la capacité des entreprises à rembourser leurs dettes compte tenu, d’une part, de la dégradation des conditions économiques, en particulier suite à la forte augmentation des coûts de l’énergie (dans la mesure où les banques s’intéressaient aux tarifs payés par les entreprises pour leur consommation d’énergie, ainsi qu’à leurs bénéfices après règlement de leurs factures d’énergie) et, d’autre part, de la mise en œuvre par les banques de critères plus restrictifs pour l’approbation de crédits, y compris en matière d’exigences de garanties (voir le Graphique 1.10). De la même manière, en France et en Lituanie, l’augmentation des taux de refus traduit un durcissement des critères d’attribution des prêts (BCE, 2022[25]).
Données d’enquête complémentaires sur les conditions de crédit
Copier le lien de Données d’enquête complémentaires sur les conditions de créditZone euro
Copier le lien de Zone euroL’enquête SAFE recueille des informations sur la situation financière des entreprises européennes, leurs besoins de financements externes et la disponibilité de ces financements. Il s’agit d’une enquête semi-annuelle réalisée au printemps et à l’automne. L’édition du printemps 2023, qui couvre la période d’octobre 2022 à mars 2023, montre que l’activité des entreprises continue de se redresser, dans la mesure où les entreprises font part d’une amélioration de leur chiffre d’affaires, même si ce rebond est plus marqué pour les grandes entreprises que pour les PME. La rentabilité reste néanmoins plus faible pour les PME, qui font part d’une baisse plus prononcée de leurs bénéfices (−16 %) que les grandes entreprises, qui elles ne déclarent aucun changement pour cet indicateur. Cette baisse est pour partie due à une hausse du coût de la main-d’œuvre, de l’énergie et autres intrants (BCE, 2022[25]) (BCE, 2023[11]).
Concernant l’accès au financement et les conditions de financement, les réponses des entreprises reflètent le durcissement de la politique monétaire mise en œuvre au cours de l’année passée. La partie gauche du Graphique 1.13 illustre la perception qu’ont les PME de l’évolution des conditions de crédit (taux d’intérêt et garanties exigées) dans la zone euro. Une part importante des entreprises (le niveau le plus élevé depuis la création de l’enquête en 2009) ont fait part d’une hausse des taux d’intérêt appliqués par les banques et d’une dégradation sensible du coût du financement : 87 % des entreprises ont ainsi observé une augmentation des taux d’intérêt, contre 71 % dans la précédente édition de l’enquête (partie B du Graphique 1.13). Ces évolutions reflètent la rapidité avec laquelle le durcissement de la politique monétaire s’est répercuté sur le coût des prêts aux entreprises (voir la section consacrée aux Conditions financières).
L’orientation plus restrictive des conditions de crédit a provoqué une baisse de la demande de financement. En valeur nette, les entreprises de la zone euro ont été moins nombreuses à indiquer avoir recherché davantage de financements externes, tous instruments confondus. Cette baisse de la demande concernait principalement les prêts bancaires et les facilités de crédit, ce qui coïncide avec le ralentissement général de l’octroi de prêts bancaires aux entreprises mis en évidence par l’enquête Bank Lending Survey de la BCE pour le quatrième trimestre 2022 et le premier trimestre 2023. La baisse de la demande a également touché les instruments de financement non traditionnels, comme les crédits commerciaux, le crédit-bail et la location-vente ou l’apport de capitaux propres. La contraction de la demande a toutefois été plus prononcée pour les grandes entreprises que pour les PME (BCE, 2023[11]).
Le resserrement de l’environnement de prêt a également des répercussions sur la disponibilité du financement par l’emprunt. La partie droite du Graphique 1.13 montre que les PME ont constaté une chute de la disponibilité des prêts bancaires et des facilités de crédit pour le deuxième cycle de suite de l’enquête, et ce, après plusieurs cycles de forte disponibilité (partie A du Graphique 1.13). Sur l’ensemble des catégories de tailles d’entreprises, une part plus importante de PME que de grandes entreprises ont fait état d’un accès moins fluide aux financements.
ÉtatsUnis
Copier le lien de ÉtatsUnisL’enquête Senior Loan Officer Opinion Survey recueille l’opinion des hauts responsables des banques sur les pratiques en matière de prêt aux ÉtatsUnis. Au premier trimestre 2023, les participants faisaient état d’un durcissement des critères d’attribution des prêts et d’une baisse de la demande de prêts commerciaux et industriels pour toutes les catégories de tailles d’entreprises. Les aspects pour lesquels ce durcissement a été le plus marqué sont les primes facturées sur les prêts présentant des risques, les écarts entre taux de prêts et coûts de financement ou encore le coût des facilités de crédit. Un grand nombre de banques ont par ailleurs indiqué avoir baissé le plafond des facilités de crédit et durci leurs exigences en matière de garanties, et ce, pour les entreprises de toutes tailles (Federal Reserve, 2023[10]).
Pour une part importante de ces banques, les principales raisons sous-jacentes à ces décisions sont notamment des perspectives économiques moins favorables ou plus incertaines, une moindre tolérance aux risques, une aggravation des difficultés propres au secteur ou encore une dégradation de leur situation de trésorerie actuelle ou escomptée. Bien que les banques de toutes tailles aient invoqué les mêmes raisons au durcissement des conditions de prêt, les banques de taille moyenne et autres banques ont plus fréquemment mentionné leur situation de liquidité, des difficultés propres au secteur bancaire et une réduction de leur tolérance au risque (Federal Reserve, 2023[10]).
L’enquête trimestrielle Small Business Lending Survey rend compte de la perception qu’ont les banques commerciales de leurs activités de prêt à destination des petites entreprises aux ÉtatsUnis. Au premier trimestre 2023, les prêts commerciaux et industriels aux petites entreprises ont dévissé de 15.9 % par rapport à la même période en 2022 et de 6.8 % par rapport au trimestre précédent. Ce cycle de l’enquête fait état d’un faible niveau de demande de crédit pour le quatrième trimestre consécutif, sachant que le nombre de participants signalant cette tendance n’a jamais été aussi élevé depuis la création de l’enquête. L’affaiblissement de la demande de crédit coïncide en outre avec l’orientation restrictive de la politique monétaire de la Réserve fédérale depuis le milieu de l’année 2022 (Federal Reserve Bank of Kansas City, 2023[18]).
Japon
Copier le lien de JaponPubliée chaque trimestre, l’enquête TANKAN de la Banque du Japon rend compte du niveau de confiance des entreprises et de l’attitude des établissements de crédit. En 2022, l’attitude des établissements de crédit s’est durcie envers les entreprises, toutes tailles confondues mais en particulier pour les PME. Ceci peut refléter un certain rééquilibrage après une période marquée par des prêts à taux zéro et une augmentation du niveau d’endettement des PME (Bank of Japan, 2023[26]).
Ce durcissement a eu lieu pendant une période où la politique monétaire est restée accommodante malgré une augmentation du taux d’inflation au-delà de l’objectif de 2 % en avril 2022, et alors que la Banque du Japon a annoncé son intention de ne pas modifier l’orientation de sa politique monétaire (OCDE, 2023[2]), ce qui a créé une incertitude exceptionnellement élevée autour des projections de référence de l’inflation (FMI, 2023[27]).
Toutefois, au premier trimestre 2023, la possibilité d’un éventuel resserrement de la politique monétaire a incité les entreprises à recourir à des prêts bancaires pour leur financement à long terme. Certains éléments empiriques laissent penser que les taux d’intérêts des prêts japonais étaient devenus plus favorables que le coût de la vente d’obligations à long terme pour satisfaire les besoins d’investissements et de refinancement des entreprises, dont la valeur baisse généralement en cas d’augmentation des taux d’intérêt. Ce changement de préférences des entreprises, qui privilégient ainsi les prêts à long terme par rapport aux obligations pour répondre à leurs besoins de financement, constitue une évolution importante du paysage des prêts aux entreprises au Japon, influencée par la crainte de modifications potentielles de la politique monétaire du pays (The Japan Times, 2023[28]).
Financement contre nantissement d’actifs
Copier le lien de Financement contre nantissement d’actifsCrédit-bail et location-vente
Copier le lien de Crédit-bail et location-venteLes données des tableaux de bord par pays montrent que les activités de crédit-bail ont reculé de 2.15 % en 2022. Cette baisse a toutefois été moindre qu’en 2021, année où les activités de crédit-bail avaient reflué de 4 %. Cette tendance témoigne donc d’une reprise progressive de ce type financement (Graphique 1.15). Sur les 21 pays ayant fourni des données pour cet indicateur, 15 ont enregistré une diminution des volumes de crédit-bail, en tête desquels l’Ukraine (−77 %), le Pérou (−34 %) et la Türkiye (−28 %).
Les données de Leaseurope, organisation regroupant les principaux acteurs du secteur européen du crédit-bail, mettent néanmoins en évidence des évolutions positives en 2022, dont une hausse des volumes de nouvelles affaires de 7.3 % et une augmentation du portefeuille d’encours de 5.2 % par rapport à 2021 (Leaseurope, 2023[29]). Bien que les données de Leaseurope ne soient pas corrigées de l’inflation et doivent être interprétées avec prudence compte tenu de la forte hausse du niveau des prix en Europe en 2022, elles montrent que les activités de crédit-bail reprennent après la baisse observée en 2020 et en 2021, années pendant lesquelles les entreprises ont été contraintes de mettre en suspens leurs activités et ont choisi de recourir au financement par l’emprunt dans le cadre des aides publiques proposées aux entreprises par l’intermédiaire des banques pendant la crise du COVID19. Malgré la perspective d’une reprise progressive du crédit-bail, ce rebond n’est pas homogène entre les différentes catégories d’actifs. En effet, bien que les volumes de nouvelles affaires en matière d’équipement mobilier aient augmenté de 8.7 % en 2022, le crédit-bail immobilier s’est contracté de 6.5 % (Leaseurope, 2023[29]). Ceci s’explique en partie par le fait que le crédit-bail immobilier implique souvent des engagements à plus long terme que le crédit-bail mobilier et a tenance à représenter des opérations de grande valeur (Leaseurope, 2023[30]), ce qui peut avoir un effet dissuasif sur les entreprises dans un contexte de resserrement de l’environnement de prêt.
Le durcissement des conditions de prêt pourrait à l’avenir restreindre l’investissement et pénaliser la demande de crédit-bail. D’après l’enquête SAFE de la BCE, au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, les entreprises ont fait état d’une contraction de la demande de crédit-bail. Celle-ci reste toutefois davantage prononcée pour les grandes entreprises que pour les PME (BCE, 2023[11]).
Affacturage
Copier le lien de AffacturageEn 2022, les activités d’affacturage ont conservé le rythme de croissance positif observé en 2021. Après le choc de la pandémie de COVID19, les activités d’affacturage sont reparties fortement à la hausse et ont poursuivi leur croissance au point d’atteindre 9.3 % en glissement annuel en 2022 (Graphique 1.15). Sur les 17 pays ayant fourni des données pour cet indicateur, 13 ont enregistré une croissance positive. Les pays où cette croissance a été la plus forte sont la Hongrie (32 %), le RoyaumeUni (24 %) et la Belgique (18 %). Les données de Factors Chain International (FCI), l’association internationale du secteur de l’affacturage et du financement des créances et de la chaîne d’approvisionnement, montrent également une croissance importante des activités d’affacturage en 2022. D’après FCI, le montant des transactions dans le monde a atteint 3 659 milliards EUR en 2022, contre 3 069 milliards EUR en 2021, soit la plus forte augmentation annuelle jamais enregistrée (Factor Chain International, 2023[31]).
La croissance des activités d’affacturage devrait se poursuivre, dans la mesure où le durcissement des conditions de crédit et le niveau élevé des coûts d’emprunt sont susceptibles d’inciter de nombreuses PME à privilégier ce type d’instrument de financement non traditionnel. D’un côté, la hausse du coût des matières premières et des dépenses opérationnelles dans un contexte de resserrement des conditions de prêt peut avoir pour effet de renforcer la demande d’affacturage, lequel peut permettre de couvrir plus facilement les besoins en fonds de roulement que le simple financement bancaire. De l’autre, dans la mesure où les banques font preuve d’une moindre tolérance aux risques, les entreprises surendettées peuvent se trouver dans l’incapacité d’accéder au financement par l’emprunt pour assurer la continuité de leurs activités, et la cession de leurs créances avec escompte peut constituer une solution viable pour maintenir leurs activités. Un fort niveau d’inflation augmente en outre la possibilité que les entreprises retardent les paiements à leurs fournisseurs. L’affacturage peut aider les entreprises à combler leur déficit de capitaux et atténuer les effets négatifs de retards de paiement sur la trésorerie des PME.
Financement des PME par apport de capitaux propres
Copier le lien de Financement des PME par apport de capitaux propresCapital-risque
Copier le lien de Capital-risqueLes apports de capital-risque ont continué d’afficher une forte volatilité (partie droite du Graphique 1.16). Après une hausse historique de 60 % en 2021, l’activité de capital-risque a chuté de manière importante en 2022 (20.2 %). Plusieurs événements sont à l’origine de cette forte baisse. D’abord, tel que mis en évidence dans les Faits saillants 2023 du Tableau de bord (OCDE, 2023[32]), les hausses des taux d’intérêt, ou dans certains cas la perspective de hausses des taux d’intérêt, ont incité de nombreux gros investisseurs (dont les organismes de retraite) à orienter leurs investissements vers des catégories d’actifs à rendement fixe, moins instables. Cette tendance est confirmée par les résultats d’enquêtes réalisées récemment auprès de gestionnaires de fonds de capital-risque européens au troisième trimestre 2023, lesquels montrent que 79 % des participants considèrent qu’une augmentation prolongée des taux d’intérêt a un effet négatif sur l’appétit des investisseurs pour les fonds de capital-risque (FEI, 2023[33]).
Cette évolution a entraîné une baisse de la valorisation des jeunes entreprises et ainsi accentué la pression à la baisse exercée sur la collecte de fonds de capital-risque. Les données de Preqin révèlent que 8.6 % de l’ensemble des transactions de capital-risque dans le monde en 2022 se rapportaient à des tours de financement avec une valorisation inférieure au tour précédent (down rounds)8, contre 6.8 % entre 2017 et 2021. Le nombre de tours de financement de ce type varie en fonction des étapes et ils sont généralement plus nombreux au cours des levées de fonds de séries C et D (Preqin, 2023[34]).
La multiplication des valorisations à la baisse et le désengagement des investisseurs de capital-risque ont eu un effet négatif sur le rendement des fonds capital-risque. D’après les données de Pitchbook, le taux de rendement interne du capital-risque en glissement annuel a reculé pour atteindre 2.8 % au deuxième trimestre 2022 (son niveau le plus faible depuis le quatrième trimestre 2016) et, au quatrième trimestre 2022, le taux de rendement interne enregistrait son sixième trimestre consécutif de baisse (Pitchbook, 2022[35]) (Pitchbook, 2023[36]).
Le Graphique 1.16 illustre les activités d’investissement de capital-risque par pays, exprimées en pourcentage du PIB. Sur 28 pays, 18 ont enregistré une baisse des apports de capital-risque. Aux États-Unis, le volume des opérations de capital-risque en pourcentage du PIB a baissé à 0.7 % en 2022, contre 1.1 % en 2021 ; au Canada, il s’élevait à 0.3 % en 2022, contre 0.5 % en 2021 ; et en Finlande, il était de 0.1 % en 2022, contre 0.3 % en 2021. Aux ÉtatsUnis, malgré un rebond lié à l’augmentation de la collecte de fonds de capital-risque de 37 % en glissement trimestriel au premier trimestre 2023, la constitution de fonds est restée modérée (EY, 2023[37]). Au Canada, les données sur l’investissement de la Banque de développement du Canada mettent en évidence une baisse notable des tours de financement avec une valorisation supérieure au tour précédent (up rounds) entre le deuxième trimestre 2022 et le deuxième trimestre 2023, ce qui montre que les investisseurs cherchaient à se protéger en investissant à des niveaux de valorisation plus faibles, et a ainsi donné lieu à des projections indiquant un ralentissement du déploiement de capitaux en 2023 (BDC, 2023[38]). La baisse des investissements de capital-risque rend les femmes et les minorités particulièrement vulnérables. L’Encadré 1.1 examine les données relatives aux performances des femmes et autres groupes démographiques d’entrepreneurs en matière de collecte de fonds de capital-risque.
Un certain nombre de difficultés devront être surmontées pour soutenir une reprise et une croissance durables de l’activité de capital-risque. En Europe par exemple, il apparaît nécessaire d’inciter davantage d’investisseurs privés de long terme à ne pas quitter le marché, même en période de crise économique, d’améliorer les marchés de sortie et d’accroître la disponibilité des fonds pour les entreprises qui bénéficient de capital-risque et souhaitent se développer (FEI, 2023[33]). Dans d’autres régions comme les ÉtatsUnis, ces difficultés comptent notamment des possibilités de sortie limitées avec une incapacité croissante des entreprises à s’introduire en bourse, une forte concentration géographique des activités de capital-risque au niveau national, ainsi qu’une diminution progressive des financements par des investisseurs-tuteurs ou des levées de fonds d’amorçage, provoquée par un environnement de marché incertain (NVCA and Pitchbook, 2023[39]).
Encadré 1.1. Les femmes et les minorités sont sous-représentées dans l’accès au capital-risque
Copier le lien de Encadré 1.1. Les femmes et les minorités sont sous-représentées dans l’accès au capital-risqueL’inégalité d’accès au financement par apport de capitaux propres dont souffrent les femmes entrepreneures par rapport à leurs homologues masculins est un problème persistant dans les activités de capital-risque. Au RoyaumeUni, seuls 2 % du total de l’investissement en capital ont bénéficié à des PME dirigées entièrement par des femmes en 2022 (British Business Bank, 2023[40]). En Finlande, les femmes occupaient 11 % des sièges dans les conseils d’administration d’entreprises financées par le capital-investissement en 2021 et 6 % occupaient un poste d’administrateur dans des entreprises bénéficiant de capital-risque (voir le profil-pays consacré à la Finlande dans la publication en anglais). Dans le monde en 2020, les entreprises détenues ou dirigées par des femmes n’ont attiré qu’environ 2 % du total des apports de capital-risque et les femmes entrepreneures qui sont parvenues à obtenir des financements ont reçu en moyenne l’équivalent de 70 % des montants octroyés à leurs homologues masculins (Crunchbase, 2020[41]; OCDE, 2023[42]). Ce problème découle pour partie d’une sous-représentation des femmes parmi les acteurs du capital-risque et du capital-investissement. En Europe, les femmes représentent environ 23 % des investisseurs des sociétés européennes de capital-risque, et seul un investisseur de capital-risque de premier rang sur sept est une femme. Parmi elles, neuf sur dix travaillent dans des équipes majoritairement masculines (EIF, Invest Europe, 2023[43]).
Par ailleurs, lorsque les investissements de capital-risque marquent le pas, les entreprises détenues par des femmes ont tendance à être les plus affectées, puisque les apports de capital-risque dont elles bénéficient se rétractent de manière plus marquée que ceux des entreprises cofondées à la fois par des femmes et des hommes (Crunchbase, 2020[41]). Ces tendances valent également pour d’autres groupes démographiques. Aux ÉtatsUnis, alors que le total des investissements de capital-risque a baissé de 36 % en 2022, les apports de capital-risque en faveur des entrepreneurs noirs ont quant à eux chuté de 45 % sur la même période (Crunchbase, 2023[44]). Au RoyaumeUni, moins de 2 % des investissements de capital-risque en valeur en 2022 ont été octroyés aux minorités ethniques, alors que 43 % des financements d’amorçage ont été accordés à des diplômés d’universités d’« élite » (British Business Bank, 2023[40]). Face à ce problème persistant, les pouvoirs publics prennent de plus en plus de mesures pour corriger les disparités d’accès au financement, notamment entre les genres (voir la section consacrée à l’Évolution des mesures prises par les pouvoirs publics).
Avancées dans le domaine des technologies financières
Copier le lien de Avancées dans le domaine des technologies financièresCes dernières années, le secteur des fintechs a connu des évolutions spectaculaires, au point de contribuer à la transformation du paysage du financement des PME. Les solutions de financement en ligne se sont généralisées et de nombreux prêteurs traditionnels s’associent à des plateformes en ligne, tandis que les pouvoirs publics élargissent le cercle des institutions auxquels ils confient l’acheminement des aides au financement des PME. Par ailleurs, la multiplication des cadres d’ouverture des données bancaires a permis d’étoffer l’offre de produits et services plus novateurs, contribuant ainsi à l’essor des banques numériques et des plateformes en ligne de financement de substitution, lesquelles ont fait preuve de leur efficacité pour atteindre des segments mal desservis du monde des PME.
Comme cela a été mis en évidence dans les éditions précédentes du Tableau de bord, les plateformes de financement non traditionnel9 ont connu une croissance rapide et continue au cours des dernières années, y compris pendant la pandémie puisque le volume des opérations réalisées par l’intermédiaire de ces plateformes a augmenté de 57 % en glissement annuel (OCDE, 2023[32]). Ces plateformes ont démontré leur capacité à atteindre les catégories mal desservies des PME. Ce phénomène s’avère de plus en plus répandu dans les pays où les banques sont généralement moins enclines à prendre des risques et où les coûts d’emprunt sont élevés. À titre d’exemple, les données d’une enquête réalisée auprès des pays d’Asie du Sud-Est10 montrent que la plupart des utilisateurs de ces plateformes sont des entreprises individuelles (78 %) et des entreprises d’un à cinq ans d’ancienneté (56 %). Sur l’ensemble des MPME qui ont obtenu des financements par l’intermédiaire de plateformes, 65 % avaient auparavant déposé des demandes de financement auprès de banques traditionnelles. (Cambridge Centre for Alternative Finance, 2022[45]). Des résultats comparables ont pu être observés en Amérique latine11, où 76 % des participants ayant obtenu un financement grâce aux plateformes en ligne étaient des entreprises individuelles. Sur l’ensemble des participants, environ 80 % se sont adressés à des banques et 70 % n’ont pas été en mesure de financer leurs activités par ce biais (Cambridge Centre for Alternative Finance, 2022[46]).
Par ailleurs, l’ouverture des données bancaires, pratique qui consiste à partager les données bancaires via des interfaces normalisées et sécurisées à la demande des clients (OCDE, 2023[47]), suscite un intérêt grandissant, car elle permet d’améliorer l’accès des PME au financement et de rationaliser les procédures de demande de financement. Elle rend possible un partage sécurisé des informations financières des PME avec les établissements financiers ou les prestataires de services financiers, et ce, sous réserve du consentement des entrepreneurs. D’après une nouvelle enquête consacrée aux systèmes bancaires ouverts, 25 des 31 pays de l’OCDE participants ont mis en place de tels systèmes (OCDE, 2023[47]). Leurs avantages en termes d’accès des PME au financement sont considérables, dans la mesure où ces systèmes peuvent faciliter le processus de demande de prêt et réduire les asymétries d’information entre les PME et les établissements financiers, et ce, en permettant un accès aux données de transactions bancaires en temps réel pour évaluer la santé financière des entreprises. Cette technologie donne aux PME la possibilité d’obtenir un financement selon des modalités et conditions plus avantageuses. Différentes études empiriques réalisées en Allemagne ont mis en évidence que les probabilités d’obtenir un prêt sont supérieures et les taux d’intérêt appliqués sont inférieurs pour les emprunteurs présentant des risques élevés lorsque ceux-ci partagent leurs données dans le cadre des systèmes bancaires ouverts (Nam, 2022[48]). Au Royaume-Uni, plus de 660 000 PME ont bénéficié de produits reposant sur l’ouverture des données bancaires en 2022, et l’on estime que ces services généreront l’équivalent de 6 milliards GBP d’avantages potentiels pour les PME. En 2022, entre 10 % et 11 % des consommateurs et des petites entreprises faisant appel aux technologies numériques auraient utilisé des systèmes bancaires ouverts (soit une augmentation de 6.57 % par rapport à 2021) (Open Banking Implementation Entity, 2023[49]) (OCDE, 2023[47]).
La mise en place de systèmes bancaires ouverts a contribué au développement de services financiers plus innovants et a ainsi favorisé la croissance des banques numériques. On considère comme « numériques » les banques qui acquièrent des clients et leur fournissent des services principalement par l’intermédiaire de points de contact numériques, comme des applications pour téléphones portables. Ces banques proposent des services financiers à faible coût et une meilleure expérience utilisateur que les banques traditionnelles, ce qui a contribué à leur très large adoption et à leur essor rapide. Au RoyaumeUni, les néobanques et les banques spécialisées ont prêté l’équivalent de 35.5 milliards GBP et dépassé le volume de prêts des principales banques britanniques, concentrant ainsi pas moins de 55 % du marché (British Business Bank, 2023[50]). Aux PaysBas, 40 % des entreprises bénéficiant de financements externes sont passées par des prestataires de services financiers non traditionnels, en particulier pour des prêts d’une valeur inférieure à 250 000 EUR. Dans plusieurs pays, les banques numériques ont atteint une capitalisation boursière presque aussi importante que certaines des plus grandes banques traditionnelles (FMI, 2022[51])
Retards de paiement, faillites et prêts improductifs
Copier le lien de Retards de paiement, faillites et prêts improductifsEn 2022, les indicateurs relatifs aux difficultés rencontrées par les entreprises reflétaient non seulement l’augmentation du coût du crédit et les incertitudes entourant l’environnement économique, mais aussi les mesures adoptées par les pouvoirs publics pour contrer les effets de l’inflation et du durcissement des conditions de crédit. Les retards de paiement sont restés relativement stables grâce à la mise en œuvre dans certains pays d’initiatives visant à rationaliser les délais de paiement, et les prêts improductifs ont poursuivi leur tendance à la baisse amorcée de longue dater grâce au démantèlement continu de ce type de prêts, ainsi qu’au déploiement de mesures de réaménagement des dettes. De manière générale, les taux de faillite ont en revanche sensiblement augmenté, notamment en raison de la reprise de l’activité des tribunaux et des modifications apportées aux procédures.
Retards de paiement
Copier le lien de Retards de paiementEn 2022, la médiane du Tableau de bord concernant les retards de paiement s’établissait à 12 jours, soit la même durée médiane qu’en 2021. Si l’on examine les évolutions par pays, les retards de paiement sont restés stables en 2022, malgré les incidences négatives qu’a généralement l’augmentation des coûts sur les délais de paiement. Les mesures d’action publique destinées à réduire les délais de paiement ont pu contribuer en partie à ces évolutions (voir la section consacrée à l’Évolution des mesures prises par les pouvoirs publics). En 2022, sur 16 pays, 11 ont enregistré une réduction des retards de paiement dans les transactions entre entreprises (contre 9 pays en 2021), 4 pays ont enregistré une hausse du nombre de jours de retard et 1 pays n’a observé aucun changement. Les pays où le nombre de jours de retard a augmenté font néanmoins partie du groupe de pays qui enregistraient les délais de paiement les plus courts (de 9 à 14 jours), à savoir l’Autriche, la Corée, le Danemark et le Portugal. Parmi les pays qui connaissaient les plus longs délais de paiement, dont la Colombie (97 jours), le Chili (47 jours) et la République tchèque (43 jours), la situation semble s’être améliorée en Colombie et en République tchèque, puisque les délais de paiement y ont respectivement baissé de 16 et 5 jours entre 2021 et 2022.
Si les coûts continuent d’augmenter en 2023, il est probable que les entreprises enregistrent des retards de paiement et, par voie de conséquence, qu’elles règlent leurs propres fournisseurs avec un certain retard. Une étude réalisée par la Commission européenne consacrée à l’incidence de l’inflation et de la baisse du PIB sur les retards de paiement en 2022 estime que sur l’ensemble de l’UE, le nombre de jours nécessaires aux PME pour percevoir des paiements a augmenté de 1.5 en raison de l’inflation et de 1.6 en raison du ralentissement de la croissance du PIB (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]). Ces évolutions ont eu d’importantes répercussions sur la croissance des entreprises. À la fin de l’année 2022, 40 % des entreprises européennes indiquaient déjà que les retards de paiement affectaient leur croissance et 26 % que ces retards mettaient en danger leur pérennité (Intrum Justicia, 2022[52]). Par ailleurs, d’après la Commission européenne, les retards de paiement constituent l’un des facteurs contributifs dans un quart des faillites de PME (Commission européenne, 2023[53]). Face à cette situation, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour réduire les délais de paiement (voir la section consacrée à l’Évolution des mesures prises par les pouvoirs publics).
Faillites
Copier le lien de FaillitesEn 2022, tous les groupes de pays ont enregistré une forte hausse du nombre de faillites, au point que la médiane du Tableau de bord a augmenté de 21 %. Dans les pays de l’UE, les faillites ont progressé de 27 %, alors que dans les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé hors UE cette hausse s’élevait à respectivement 8 % et 16 %.
Cette envolée peut être attribuée à un certain rééquilibrage après deux années consécutives de baisse du taux de faillite pendant de la pandémie, période marquée par une modification des procédures de faillite, un arrêt de l’activité des tribunaux et un soutien financier sans précédent aux PME. En 2022, la quasi-totalité des pays avaient progressivement abandonné les dispositifs d’aide et relancé l’activité des tribunaux. En France par exemple, la reprise des procédures judiciaires au début de l’année 2022 s’est traduite par une hausse de 50 % des procédures de faillite par rapport à la même période l’année précédente (Le Monde, 2023[54]). De la même manière, aux ÉtatsUnis, un abaissement du seuil d’endettement à partir duquel les PME peuvent déposer le bilan au titre du « sous-chapitre V » sur les faillites d’entreprises s’est traduit par une augmentation proportionnelle de cet indicateur (Reuters, 2022[55]). Malgré ces modifications, le nombre de faillites en France et aux ÉtatsUnis est resté inférieur aux niveaux d’avant la pandémie en 2022. En Australie, un nouveau processus permanent de restructuration de la dette et une procédure simplifiée de liquidation sont entrés en vigueur le 1er janvier 2021 pour les entreprises constituées en sociétés dont le passif est inférieur à 1 million AUD (voir le profil-pays consacré à l’Australie).
Bien que les PME aient commencé l’année 2023 avec une position de trésorerie relativement forte, l’augmentation des faillites peut également être le signe qu’un nombre croissant de PME éprouvent des difficultés non seulement à assurer la continuité de leurs activités dans un contexte où les coûts des emprunts et des intrants sont particulièrement élevés, mais aussi à obtenir des financements. Cela étant, le nombre de faillites est resté globalement inférieur aux niveaux d’avant la pandémie.
Prêts improductifs
Copier le lien de Prêts improductifsLes prêts improductifs sont plus répandus parmi les PME que dans la population générale des entreprises. La tendance à long terme révèle toutefois que, depuis la crise financière de 2008, les prêts improductifs ont reculé pour les PME et pour l’ensemble des entreprises. Ainsi, entre 2021 et 2022, malgré le resserrement des conditions de crédit pour les prêts aux entreprises, la médiane des prêts improductifs aux PME a été ramenée à 2.4 % (contre 3.3 % en 2021) et à 1.8 % (contre 1.9 % en 2021) pour l’ensemble des entreprises (partie droite du Graphique 1.20). Cette tendance à la baisse apparaît aussi clairement si l’on examine la part des prêts improductifs aux PME par pays entre 2021 et 2022. Sur les 25 pays ayant fourni des données pour cet indicateur, 18 ont enregistré un recul. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par la Grèce (−7.22 %), la Türkiye (−2.4 %), le Chili (−1.9 %), l’Irlande (−1.7 %), la Pologne (−1.2 %) et les PaysBas (−1.2 %) (partie gauche du Graphique 1.20).
En Grèce, les prêts improductifs reculent pour la huitième année consécutive grâce au programme Hercules, lequel aide les banques commerciales à titriser ce type de prêts et à les éliminer de leur bilan (voir le profil-pays consacré à la Grèce). En Türkiye, des modifications provisoires de la définition des prêts improductifs dans la réglementation, associées à l’augmentation du montant total des prêts consentis aux PME, ont entraîné une baisse du taux de prêts improductifs aux PME (voir le profil-pays consacré à la Türkiye). Au Chili, bien que le taux de prêts improductifs pour l’ensemble des entreprises ait baissé, il a diminué pour les PME en partie grâce à la mise en œuvre de mesures de restructuration des dettes, ainsi que du fait de dispositifs de remise d’intérêts et de pénalités, et de la prolongation des délais de paiement (voir le profil-pays consacré au Chili) (Ministerio de Economía, Fomento y Turismo, 2022[56]). En Europe, d’après l’Autorité bancaire européenne, la tendance à la baisse des taux de prêts improductifs aux PME est due à un démantèlement continu de ce type de prêts, provoqué par des modifications de la réglementation concernant la gestion des expositions non performantes et renégociées (Autorité bancaire européenne, 2018[57]). Ceci a permis aux banques d’être bien préparées à faire face à une dégradation de la qualité des actifs consécutive à la hausse des coûts d’emprunt (KPMG, 2022[58]). Les banques européennes ont par ailleurs progressivement constitué des provisions sur leurs portefeuilles de prêts improductifs. Au troisième trimestre 2022, le taux de couverture des prêts improductifs des banques de l’UE12, lequel constitue un indicateur de la capacité des banques à absorber les pertes à venir, s’élevait à 45.5 % (Commission européenne, 2023[59]).
Évolution des mesures prises par les pouvoirs publics
Copier le lien de Évolution des mesures prises par les pouvoirs publicsPour faire face au contexte de forte inflation, les gouvernements du monde entier ont mis en œuvre un large éventail de stratégies différentes pour garantir l’accès des PME aux financements dont elles ont besoin. Certaines mesures immédiates consistaient à aider les PME à absorber la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, ou encore à renforcer les prêts aux PME malgré le durcissement des conditions de crédit. Afin d’atténuer les effets négatifs de l’inflation sur les PME, des efforts ont également été déployés pour réduire les retards de paiement dans les transactions aussi bien entre entreprises qu’entre les entreprises et l’administration, et pour faciliter l’accès à un ensemble varié d’instruments et de sources de financement permettant aux PME de maintenir leurs investissements, notamment dans le contexte de la double transition écologique et numérique. Des mesures visant à promouvoir l’égalité entre les genres dans l’accès aux capitaux sont également de plus en plus souvent mises en œuvre.
Le Tableau 1.1 récapitule les politiques publiques en vigueur en 2021 et en 2022 dans les pays participants. Il ne présente pas un panorama exhaustif des initiatives prises par les pouvoirs publics, mais plutôt une vue d’ensemble des grandes catégories de mesures. On trouvera davantage d’informations sur le paysage des politiques publiques dans les profils-pays.
Tableau 1.1. Instruments utilisés par les pouvoirs publics pour améliorer l’accès des PME au financement, 2021-22
Copier le lien de Tableau 1.1. Instruments utilisés par les pouvoirs publics pour améliorer l’accès des PME au financement, 2021-22
Soutien au financement des jeunes entreprises |
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Pays |
Garanties de prêt accordées par l’État |
Prêts directs aux PME |
Taux d’intérêt bonifiés |
Garanties spéciales et prêts aux jeunes entreprises |
Fonds de capital-risque (directs) |
Fonds de fonds |
Co-investissement auprès d’investisseurs-tuteurs |
Soutien non financier aux PME |
Afrique du Sud |
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Allemagne |
X |
X |
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X |
X |
X |
X |
X |
Australie |
X |
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X |
Autriche |
X |
X |
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X |
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X |
Belgique |
X |
X |
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Brésil |
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Canada |
X |
X |
X |
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X |
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X |
Chili |
X |
X |
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X |
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Chine |
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X |
X |
X |
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Colombie |
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X |
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X |
X |
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Corée |
X |
X |
X |
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Danemark |
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X |
X |
X |
X |
Espagne |
X |
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Estonie |
X |
X |
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ÉtatsUnis |
X |
X |
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X |
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X |
Finlande |
X |
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X |
X |
X |
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France |
X |
X |
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Géorgie |
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X |
Grèce |
X |
X |
X |
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X |
X |
X |
X |
Hongrie |
X |
X |
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X |
Indonésie |
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Irlande |
X |
X |
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X |
X |
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X |
X |
Israël |
X |
X |
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X |
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X |
Italie |
X |
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X |
Japon |
X |
X |
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Kazakhstan |
X |
X |
X |
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X |
Lettonie |
X |
X |
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X |
X |
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X |
Lituanie |
X |
X |
X |
X |
X |
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X |
X |
Luxembourg |
X |
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X |
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X |
Malaisie |
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X |
Mexique |
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X |
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X |
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X |
NouvelleZélande |
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X |
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X |
X |
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X |
PaysBas |
X |
X |
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X |
X |
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X |
Pérou |
X |
X |
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Pologne |
X |
X |
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X |
Portugal |
X |
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X |
République slovaque |
X |
X |
X |
X |
X |
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République tchèque |
X |
X |
X |
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X |
X |
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RoyaumeUni |
X |
X |
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X |
X |
X |
X |
X |
Serbie |
X |
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Slovénie |
X |
X |
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X |
X |
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X |
Suède |
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X |
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X |
Suisse |
X |
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Thaïlande |
X |
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Türkiye |
X |
X |
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X |
X |
X |
X |
X |
Ukraine |
X |
X |
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Source : profils-pays du Tableau de bord.
Sur la base des informations fournies par les pays participants, certaines grandes tendances se dessinent, lesquelles sont présentées ci-dessous accompagnées d’exemples de mesures récentes. On trouvera dans les profils-pays des informations plus détaillées sur les initiatives des pouvoirs publics.
Le soutien financier aux PME pénalisées par l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie est maintenu
Copier le lien de Le soutien financier aux PME pénalisées par l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie est maintenuCes dernières années, les PME ont été confrontées à toute une série de chocs qui ont mis en péril leur développement, leur croissance et même leur viabilité. Au lendemain de la crise de COVID19, les PME ont dû faire face à une augmentation sensible du coût des intrants, ce qui a entraîné une flambée des taux d’inflation. Ces difficultés ont encore été accentuées dans les régions qui ont, au même moment, été durement touchées par la crise énergétique provoquée par la guerre d’agression mené par la Russie contre l’Ukraine. Tel que mis en évidence dans le document d’orientation de l’OCDE intitulé SME policy responses to the 2022/2023 energy crisis, les pays ont adopté des mesures pour soutenir les PME, en particulier dans les régions ou secteurs fortement tributaires des importations d’énergie en provenance de Russie, ou qui éprouvent des difficultés à faire face à la flambée des coûts des intrants et de l’énergie (OCDE, 2023[60]). En Australie, deux mesures spécifiques ont été adoptées pour aider les entreprises à supporter les coûts élevés de l’énergie. Le fonds d’allègement des factures énergétiques (Energy Bill Relief Fund) prévoit ainsi une enveloppe maximale de 3 milliards AUS pour aider environ un million de PME à payer leurs factures d’électricité (voir le profil-pays consacré à l’Australie dans la publication en anglais) (Gouvernement de l'Australie, 2023[61]). De la même manière, une incitation à l’intention des petites entreprises (Small Business Energy Incentive), lancée en juillet 2023 pour une durée d’un an, prévoit un abattement fiscal de 20 % sur le coût de certains actifs amortissables à l’appui de l’électrification et d’une utilisation plus efficace de l’énergie (Gouvernement de l'Australie - Trésor, 2023[62]).
En Autriche, une série de dispositifs de soutien ont été mis en œuvre pour aider les PME à faire face à l’augmentation des coûts de l’énergie. En mai 2023, un quatrième dispositif a été approuvé ; celui-ci prévoit une enveloppe de 400 millions EUR pour prolonger jusqu’à la fin de l’année 2023 la suspension des taxes sur l’électricité et le gaz naturel pour les PME. Parallèlement à cela, le gouvernement fédéral a mis en place une subvention des coûts d’énergie couvrant 30 % de l’écart de prix par rapport à l’année précédente, et ce, pour l’électricité, le gaz et les carburants. En complément de cette subvention des coûts d’énergie, une subvention forfaitaire est également proposée aux PME (voir le profil-pays consacré à l’Autriche dans la publication en anglais). Dans la région belge de la Flandre, les PME confrontées à des problèmes de trésorerie en raison de la situation en Ukraine et de la crise de l’énergie peuvent bénéficier d’un prêt-relais d’un montant situé entre 10 000 EUR et 2 millions EUR. Le montant de ce prêt est plafonné à 15 % du chiffre d’affaires annuel moyen des trois années civiles précédant la demande de prêt. Entré en vigueur au premier trimestre 2022, ce dispositif était disponible jusqu’à la fin de l’année 2023 (voir le profil-pays consacré à la Belgique). À mesure que les prix mondiaux de l’énergie commencent à baisser, ces mesures devraient progressivement être levées en 2024.
Des garanties publiques ciblées sont actuellement mises en place pour renforcer les prêts aux PME dans un contexte de durcissement des conditions de crédit
Copier le lien de Des garanties publiques ciblées sont actuellement mises en place pour renforcer les prêts aux PME dans un contexte de durcissement des conditions de créditAlors que de nombreuses PME éprouvent des difficultés à obtenir les capitaux dont elles ont besoin pour assurer la pérennité de leurs activités dans le contexte actuel, certains pays ont décidé de mettre en place de nouvelles mesures de soutien financier, comme les garanties de crédit visant des objectifs particuliers ou destinées à des profils spécifiques d’entreprises.
Malgré la diminution générale du recours aux garanties publiques de crédit après la pandémie, confirmée par une baisse de 21 % de la médiane du Tableau de bord des prêts garantis en 2022, la part des prêts garantis par l’État dans l’encours de prêts aux PME a augmenté pour atteindre 8 % (contre 6.9 % en 2021) (Graphique 1.21). Il apparaît ainsi, en dépit de la baisse de l’encours total des prêts aux PME, qu’un volume plus important de cet encours bénéficiait de garanties publiques en 2022. Si l’on examine cette augmentation par groupes de pays, elle apparaît davantage marquée dans l’Union européenne où elle atteint 9 % (contre 6.6 % en 2021). De la même manière, dans les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, la médiane s’est établie à 8 % (contre 7.4 % en 2021). Toutefois, dans les pays à revenu élevé hors UE, la médiane a poursuivi la tendance à la baisse observée depuis 2020.
Le Fonds européen d’investissement (FEI) a signé quatre nouveaux accords de garantie pour la Belgique, financés par le programme InvestEU. Ces nouveaux dispositifs prévoient 608.5 millions EUR de nouveaux financements à destination des PME belges, allant de microfinancements au financement d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). Dans le cas des PME bruxelloises en particulier, la société finance&invest.brussels bénéficiera d’une garantie qui couvrira 78 millions EUR de nouveaux prêts. Pour cette opération, le soutien d’InvestEU est axé sur la compétitivité et la durabilité des PME. L’objectif est également de soutenir le financement d’amorçage et d’accompagner les jeunes entreprises au moyen de prêts subordonnés. Dans la région de Flandre, une garantie directe du FEI par l’intermédiaire de PMV Group couvrira un portefeuille de prêts de 132.5 millions EUR (FEI, 2023[63]). Au Chili, le fonds de garantie des PME (Fondo de Garantía para Pequeños Empresarios, FOGAPE) propose des accords particulièrement souples pour le paiement des impôts dus par les PME confrontées à la hausse des taux d’intérêt et du prix des intrants, ainsi que par les PME qui n’ont pas encore bénéficié d’une aide dans le cadre d’autres dispositifs mis en œuvre par le FOGAPE. Ce fonds, consacré au financement du besoin en fonds de roulement, au refinancement et aux investissements, offrira des garanties à concurrence de 95 % pour les microentreprises, 90 % pour les petites entreprises et 85 % pour les moyennes entreprises, et un taux maximal correspondant au taux directeur +5 % (Tasa de Política Monetaria, TPM) (voir le profil-pays consacré au Chili dans la publication en anglais).
Au niveau infranational, le Graphique 1.20 montre que, parmi les pays pour lesquels des données sont disponibles, c’est en Hongrie, en Italie et en Pologne que les garanties de prêt accordées par l’État sont les plus courantes, soit les pays où il existe une longue tradition de recours à ce type d’instrument d’action. La Pologne et l’Italie affichent les plus forts degrés de variance régionale, mesurée à partir de l’écart-type des valeurs régionales (c’est-à-dire les garanties publiques de prêt accordées au niveau régional par rapport au PIB régional), respectivement à 0.9 point et 0.6 point. Dans les cas de la Pologne et de la Hongrie, les garanties de prêt accordées par l’État en pourcentage du PIB sont plus importantes dans les régions les moins favorisées (soit respectivement en voïvodie de Mazovie et dans la Grande Plaine méridionale). Il n’en va toutefois pas de même pour l’Italie, où les six régions en tête font toutes parties des régions les plus privilégiées du nord et du centre du pays13, ce qui peut refléter une certaine aversion au risque des banques italiennes, ainsi que des conditions de financement particulièrement restrictives appliquées au sud de l’Italie.
Les efforts supplémentaires mis en œuvre pour réduire les retards de paiement font partie de l’arsenal de mesures d’action destinées à renforcer les liquidités des PME
Copier le lien de Les efforts supplémentaires mis en œuvre pour réduire les retards de paiement font partie de l’arsenal de mesures d’action destinées à renforcer les liquidités des PMELes retards de paiement de clients publics et privés constituent un problème de longue date pour les PME, dans la mesure où ces paiements leur fournissent les liquidités dont elles ont besoin sans devoir recourir à l’endettement. Dans le contexte difficile actuel, de nombreux pays ont adopté de nouvelles directives et réglementations afin de raccourcir les délais de paiement et d’améliorer la trésorerie des PME, et ce, de manière à renforcer leur résilience financière. La Commission européenne a ainsi prévu dans son programme de travail pour 2023 la révision de sa directive concernant la lutte contre le retard de paiement dans les transactions commerciales. Cette révision a pour objectif d’établir un système juridique plus solide, prévoyant des délais de paiement maximums clairement définis pour les transactions interentreprises, tout en améliorant les mesures d’application et de suivi. Cette révision vise par ailleurs à fournir aux PME un accès simplifié à des outils de médiation efficaces et à préciser les dispositions applicables de sorte à prévenir les abus et les pratiques déloyales (DG GROW, 2023[64]). Plus récemment, dans le cadre de son train de mesures de soutien aux PME, la Commission a proposé une révision des règles relatives aux retards de paiement afin de remplacer la directive actuelle par une réglementation contraignante fixant à 30 jours le délai de paiement maximum pour toutes les transactions commerciales. La nouvelle réglementation rendra automatique l’application d’indemnités et d’intérêts compensatoires en cas de retard de paiement, et accompagnera ces mesures d’un cadre d’application solide. Cette proposition permettra également aux entreprises de faire valoir leurs droits plus facilement en réduisant la charge induite par une procédure de recours efficace, et en simplifiant l’accès à une telle procédure par le biais de la médiation (Commission européenne, 2023[65]).
D’autres pays ont annoncé un examen de leur législation actuelle en matière de retard de paiement afin d’en évaluer l’efficacité. En décembre 2022, le gouvernement australien a ainsi annoncé la réalisation d’un examen indépendant de sa loi sur les délais de paiement (Payment Times Reporting Act 2020), tel qu’exigé dans le cadre du système de déclaration des délais de paiement (Payment Times Reporting Scheme). Cette loi prévoit que les grandes entreprises et les entités publiques doivent communiquer, deux fois par an, un rapport sur leurs délais de paiement à l’organisme de réglementation compétent (Payment Times Reporting Regulator). Ce rapport doit inclure des informations relatives à leurs délais de paiement habituels, à leurs performances réelles en matière de paiement et au recours à des arrangements de financement de la chaîne d’approvisionnement (Gouvernement de l’Australie - Trésor, 2022[66]). La loi prévoit en outre des règles spécifiques pour les organismes publics, comme la règle Supplier Pay On-Time or Pay Interest Policy sur le paiement d’intérêt en cas de retard, laquelle impose aux organismes publics un règlement des factures sous 20 jours calendaires, sous peine d’intérêts de retard. La règle Payment Times Procurement Connected Policy s’appuie quant à elle sur le système australien de passation des marchés publics pour améliorer les délais de paiement aux PME faisant partie des chaînes d’approvisionnement de l’État. L’objectif de cet examen indépendant consiste à déterminer si la loi permet d’encourager efficacement une amélioration des délais, des modalités et des pratiques de paiement (voir le profil-pays consacré à l’Australie dans la publication en anglais).
Fin 2022, le gouvernement britannique a également lancé une étude afin de lutter contre les retards de paiement dans les transactions commerciales. L’étude Prompt Payment and Cash Flow Review a ainsi pour objectif d’examiner les pratiques et modalités de paiement actuellement appliquées. Au cours des dernières années, les pouvoirs publics ont introduit différentes réglementations qui ont permis une amélioration des pratiques de paiement, comme le code de diligence en matière de paiement (Prompt Payment Code) et la nomination d’un commissaire aux petites entreprises (Small Business Commissioner) chargé de demander des comptes aux entreprises qui ne respectent pas les règles (Department for Business, Energy and Industrial Strategy, 2023[67]). Dans le cadre réglementaire actuel, le délai de paiement pour les transactions entre entreprises est fixé à 60 jours maximum à partir de la date de réception de la facture par le client ou à partir de la réception des biens ou des services concernés. Les règles sont toutefois plus contraignantes pour les autorités publiques. Les sous-traitants du secteur public doivent ainsi être payés sous 30 jours à réception de la facture ou après la prestation concernée. Les entreprises qui n’honorent pas les factures de leurs fournisseurs dans les délais légaux sont redevables d’intérêts ou de frais de recouvrement à leurs créanciers (Gouvernement du Royaume-Uni, 2023[68]).
Les pays mettent de plus en plus souvent en œuvre des mesures pour lutter contre les inégalités entre les genres dans l’accès au financement
Copier le lien de Les pays mettent de plus en plus souvent en œuvre des mesures pour lutter contre les inégalités entre les genres dans l’accès au financementLes inégalités d’accès au financement dont souffrent les femmes entrepreneures ont été de plus en plus prises en compte au cours des dernières années, et ce, dans de nombreux pays. Les pouvoirs publics ont ainsi mis en œuvre tout un ensemble d’initiatives pour lutter contre les inégalités entre les genres, reconnaissant l’effet multiplicateur que peut avoir l’investissement dans des entreprises dirigées par des femmes en faveur d’une croissance et d’une résilience économiques inclusives (OCDE, 2023[42]). On estime que la parité des genres dans l’entrepreneuriat pourrait créer de 5 000 à 6 000 milliards USD (Women Entrepreneurs Finance Initiative, 2022[69]) de richesse supplémentaire nette pour l’économie mondiale, soit une possibilité de croissance de 1 700 milliards USD pour les établissements financiers (Banque mondiale, 2020[70]).
L’une des tendances notables tient à la mise en place de fonds garantis par l’État spécialement conçus pour soutenir les entreprises dirigées par des femmes. Ces fonds sont généralement destinés aux entreprises à un stade précoce de développement et fournissent aux entrepreneures les capitaux nécessaires pour assurer leur croissance. Tel est notamment le cas du Fonds pour les femmes en technologie, lancé par le gouvernement canadien en 2018. Géré par la Banque de développement du Canada, ce fonds est doté d’une enveloppe de 200 millions CAD et cible les entreprises technologiques dirigées par des femmes, du stade de l’amorçage au tour de financement de série B (BDC, 2022[71]). Parmi les autres initiatives figurent le Competitive Start-Fund for Female Entrepreneurs mis en place par Enterprise Ireland, lequel s’est développé de manière considérable dans le cadre de la stratégie Women in Business lancée en 2020 pour une durée de 6 ans. Ce fonds prévoit 50 000 EUR de financement par apport de capitaux propres pour les jeunes entreprises dirigées par des femmes à un stade précoce de développement, qui présentent un potentiel d’emploi d’au moins 10 personnes et réalisent 1 million EUR de ventes à l’exportation sur trois ans. La taille du fonds a doublé depuis 2016, au point d’atteindre 1 million EUR en 2020 (Enterprise Ireland, 2021[72]). En 2018, le gouvernement australien a lancé la Boosting Female Founders Initiative dans le cadre de la stratégie Women’s Economic Security Statement, laquelle a encore été élargie dans son édition 2020. Cette initiative permet aux femmes entrepreneures de bénéficier du mentorat et de conseils d’experts pour développer et faire prospérer leurs jeunes entreprises. Elle offre également un accès au financement en encourageant les investissements du secteur privé grâce à une structure de fonds de contrepartie. Les deux premiers volets de cette initiative ont permis le versement de 23 millions AUD à un total de 89 entreprises. Le troisième, lancé en mai 2022, prévoit une enveloppe de 11.6 millions AUD de financement par subvention (Gouvernement de l'Australie, 2023[73]). En France, le dispositif Garantie ÉGALITÉ Femmes mis en œuvre par Bpifrance et France Active propose un système de garantie de prêt spécialement conçu pour soutenir les femmes entrepreneures. Il a pour objectif de faciliter l’accès des femmes au crédit bancaire pour financer la création, la reprise ou le développement de leur activité (bpifrance, 2023[74]). La Suisse dispose également d’un programme de garantie dédié (SAFFA) destiné à soutenir les femmes souhaitant entamer une activité de travailleur indépendant ou reprendre et développer une entreprise existante (SAFFA, 2023[75]).
Parallèlement à ce soutien financier, d’autres initiatives ont été mises en place pour doter les femmes entrepreneures des compétences et des réseaux nécessaires pour obtenir les financements dont elles ont besoin. Ces initiatives incluent notamment des programmes de mentorat, des événements de réseautage et des ateliers de renforcement des capacités. Aux ÉtatsUnis, la Small Business Administration (SBA) dirige les différents sites des Women’s Business Centers (WBC) dans l’ensemble du pays. Ces centres offrent aux entrepreneures de nombreuses possibilités de formation, de mentorat et de réseautage. Ils proposent également une aide à l’accès au financement, notamment sous la forme de conseils pour la constitution de dossiers solides de demande de prêt.
Il existe par ailleurs une demande de transparence accrue dans l’accès au financement selon le genre. Cela passe notamment par des efforts accrus pour recueillir et publier des données ventilées par genre sur les entrepreneurs bénéficiaires de différents types de financement. L’objectif est de mettre en évidence l’ampleur des inégalités entre les genres et d’encourager l’adoption de pratiques de financement plus équitables. En 2013, le G20 a reconnu l’importance de la collecte et de l’analyse de données comme l’une des priorités pour lutter contre les inégalités de genre dans le financement des PME et a développé un ensemble de base d’indicateurs financiers ventilés par genre, et ce, dans le cadre du Partenariat mondial pour l’inclusion financière (Global Partnership on Financial Inclusion, GPFI) et des indicateurs du sous-groupe sur le financement des PME du G20 (Banque mondiale, 2020[70]). La mise à jour 2022 des Principes de haut niveau du G20 et de l’OCDE sur le financement des PME, incorporée dans la Recommandation de l’OCDE sur le financement des PME approuvée par le Conseil de l’OCDE au niveau ministériel en juin 2023, préconise également la collecte de données ventilées par genre (OCDE, 2023[76]). Le présent Tableau de bord vise lui-même à généraliser le recueil de données et informations par genre, suite à la réalisation d’un projet pilote qui a mis en évidence la disponibilité limitée de telles données dans les pays du Tableau de bord. Autre exemple enfin, le Women Entrepreneurs Finance (We-Fi) Code14 est une initiative regroupant de nombreuses parties prenantes à l’échelle mondiale, qui vise à améliorer la qualité et la quantité des données sur le financement des entreprises dirigées par des femmes dans un plus grand nombre de pays.
Différentes initiatives nationales en faveur d’un renforcement de la transparence sur la problématique du genre dans l’accès des PME au financement méritent en outre d’être soulignées, à l’instar de l’engagement Investing in Women Code au RoyaumeUni. En 2019, le gouvernement a introduit un partenariat public-privé fondé sur le volontariat dont l’objectif est d’améliorer, en termes de qualité et de quantité, les informations recueillies sur les inégalités entre les genres en matière d’accès au financement, et de mobiliser les établissements financiers dans cet effort (UK Department for Business and Trade, 2022[77]). En juin 2023, 204 organisations avaient adhéré à cet engagement, et des résultats peuvent déjà être observés. Au second semestre 2023, les entreprises de capital-risque signataires représentaient une part de marché d’une ampleur sans précédent, et le nombre d’opérations réalisées par ces entreprises avec des équipes constituées entièrement de femmes a augmenté 3 points entre 2021 et 2022 (UK Department for Business and Trade, 2023[78]). Au Mexique, les pouvoirs publics ont approuvé en 2014 une loi de réforme financière (Reforma Financiera), dont l’objectif est de promouvoir l’égalité des genres dans l’accès aux services financiers et aux programmes mis en œuvre par les banques nationales de développement (Data2x, 2019[79]). Cette loi a contribué à favoriser l’inclusion financière dans le pays. En 2015, peu après l’introduction de cette réforme, les inégalités de genre en matière de détention de comptes ont baissé de 4.3 points. D’après un rapport du conseil national d’inclusion financière (Consejo Nacional de Inclusión Financiera, CONAIF), cette évolution positive a toutefois été plus marquée dans les zones rurales que dans les zones urbaines, (National Council for Financial Inclusion, 2016[80])
Des mesures de promotion des instruments de financement non traditionnels sont aujourd’hui mises en place pour permettre aux PME de maintenir leurs investissements dans le contexte de la double transition
Copier le lien de Des mesures de promotion des instruments de financement non traditionnels sont aujourd’hui mises en place pour permettre aux PME de maintenir leurs investissements dans le contexte de la double transitionEn complément des mesures adoptées au lendemain de la pandémie pour « reconstruire sur de meilleures bases », dont les mesures destinées à aider les PME à s’adapter à la double transition écologique et numérique (OCDE, 2022[81]), les pouvoirs publics continuent d’œuvrer pour renforcer la résilience des PME face aux nouveaux chocs macroéconomiques. Le durcissement actuel des conditions de crédit a poussé de nombreuses PME à réduire leurs investissements, limitant par là même leur capacité à adapter leurs activités à la double transition. Cela s’explique notamment par le fait que l’augmentation des taux d’intérêt a un effet dissuasif sur l’investissement des entreprises, dans la mesure où celles-ci considèrent plus intéressant de placer leurs bénéfices non distribués sur des comptes de dépôt ou d’avoir recours à des instruments financiers qui génèrent des intérêts, plutôt que d’utiliser ces bénéfices pour financer leurs investissements ou leur fonds de roulement (BCE, 2023[8]).
Par ailleurs, la baisse escomptée de l’investissement des entreprises a également une incidence sur les actions des entreprises en matière d’efficacité des ressources et de transformation numérique. Les études consacrées à la dynamique de l’investissement en Europe ont montré que, lors des périodes de forte inflation, la part des entreprises qui s’abstiennent de réaliser des investissements en faveur de l’efficacité des ressources augmente de 13 points, et les entretiens réalisés auprès de PME font aussi apparaître un report des investissements importants à long terme liés à la transition écologique (Kalemli-Özcan, Laeven and Moreno, 2019[82]). Dans le contexte actuel, ce phénomène peut toutefois avoir été atténué par les prix élevés de l’énergie, dans la mesure où la probabilité que les PME investissent dans leur efficacité énergétique enregistre une hausse de 6 points (Bella, Katsinis and Laguera-Gonzalez, 2023[4]).
Conscients de l’importance de permettre aux PME de maintenir leurs investissements pour faire face à la double transition, de nombreux pays ont adopté des mesures en ce sens. En Belgique, la Région flamande a introduit un nouvel instrument de quasi-fonds propres pour encourager ce type d’investissement. Ce dispositif de prêt innovant (Doorbraaklening) a été lancé au premier trimestre 2022 avec pour objectif d’accélérer la réalisation de projets ambitieux dans les domaines de la transformation numérique, la transition vers la durabilité et l’internationalisation. Ces prêts constituent une forme unique de financement, associant aides financières et capital-risque. Pour en bénéficier, les PME doivent se soumettre à un processus de validation et démontrer ainsi leur viabilité financière. Le montant de ces prêts varie entre 50 000 EUR et 250 000 EUR et leur durée va de 2 à 8 ans. Aucun remboursement du capital n’est autorisé lors des trois premières années. Ces prêts sont par ailleurs assortis d’un taux d’intérêt fixe de 4 %. Les entreprises bénéficiaires peuvent compter sur les conseils et le soutien actif des partenaires du projet (voir le profil-pays consacré à la Belgique). En Türkiye, au quatrième trimestre 2022, l’agence des PME (KOSGEB) a mis en œuvre deux dispositifs pour soutenir la capacité d’innovation des PME : un programme de soutien avancé de l’entrepreneuriat, doté d’un budget de 1 million TRY, et un programme de soutien à la R-D, à l’innovation et au développement de produits, lequel prévoit une aide publique pour les projets de développement de produits jusqu’à 1.1 million TRY ou jusqu’à 6 millions TRY pour certains secteurs spécifiques (voir le profil-pays consacré à la Türkiye).
Orientations pour l’avenir
Copier le lien de Orientations pour l’avenirEn 2022, dans un contexte de politique monétaire restrictive, de coûts d’emprunt élevés et de faible disponibilité des financements, la production et l’encours des prêts aux PME se sont contractés. Du fait de la forte hausse des taux directeurs dans la plupart des pays du monde, le coût du financement des PME a augmenté dans des proportions sans précédent depuis la création du Tableau de bord, au point d’entraîner une baisse du recours au crédit par les PME. Le financement par apport de capitaux propres a également enregistré une baisse, due pour partie à la nature cyclique de ce type de financement, et au fait que, face à la hausse des taux d’intérêt, les investisseurs se sont tournés vers d’autres types d’investissements à rendement fixe.
En 2022 et 2023, les politiques de financement des PME ont été adaptées pour prendre en compte ces évolutions et l’environnement économique incertain, caractérisé par une forte inflation et des coûts d’intrants élevés, mais aussi le durcissement des conditions de crédit qui s’est ensuivi. Les pays ont déployé tout un ensemble de dispositifs pour soutenir les PME, allant de mesures d’intervention immédiate, visant par exemple à amortir la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières, à des initiatives à plus long terme, destinées par exemple à rationaliser les délais de paiement ou à diversifier les sources et instruments de financement susceptibles d’aider les PME à maintenir leurs investissements. L’accent mis par les gouvernements sur le maintien des investissements des PME en faveur de la double transition écologique et numérique illustre la voie à suivre pour que les PME deviennent des entreprises durables et contribuent à renforcer la résilience de l’économie. L’importance grandissante accordée à l’objectif d’égalité entre les genres dans l’accès au financement est le signe que, pour être durable et inclusive, la croissance économique ne dépend pas seulement de la solidité de l’économie, mais aussi de l’établissement d’un environnement équitable et inclusif, ouvert à tous les entrepreneurs.
La nouvelle Recommandation de l’OCDE sur le financement des PME propose des orientations importantes pour accompagner les pays dans leurs efforts en faveur de l’accès à un éventail varié d’instruments de financement des PME et de l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes dans ce domaine (OCDE, 2023[76]). Le large consensus politique sur les problèmes liés au financement des PME a également été mis en évidence lors de la réunion au niveau ministériel du Comité de l’OCDE sur les PME et l’entrepreneuriat15 qui s’est tenue en juin 2023.
Même si des éléments semblent indiquer que de nombreuses PME sont parvenues à s’adapter à ces conditions de financement moins favorables grâce à une amélioration de leur situation de trésorerie par rapport au début de la pandémie, le triomphalisme n’est pas de mise. Le Tableau de bord continuera ainsi d’évoluer pour permettre un suivi non seulement des progrès réalisés par les pays au regard de leurs engagements, mais aussi de l’évolution du financement des PME et de l’action publique, et ce, afin d’aider les gouvernements à développer des politiques qui répondent aux besoins de financement des PME, d’encourager un renforcement de la résilience et de contribuer à une économie durable et inclusive.
References
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[14] El Economista (2022), Comercio fue favorable para pymes en 2022: ¿Qué esperar para 2023?, https://www.eleconomista.com.mx/el-empresario/Comercio-fue-favorable-para-pymes-en-2022-Que-esperar-para-2023-20221221-0069.html.
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[37] EY (2023), Q1 VC investment rises, with headwinds increasing for 2023, https://www.ey.com/en_us/growth/venture-capital/q1-2023-venture-capital-investment-trends.
[31] Factor Chain International (2023), FCI Annual Review 2023, https://fci.nl/en/annual-review?language_content_entity=en.
[10] Federal Reserve (2023), Senior Loan Officer Opinion Survey on Bank Lending Practices, https://www.federalreserve.gov/data/sloos/sloos-202304.htm (accessed on 26 July 2023).
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[33] FEI (2023), 2023 wave of the EIF VC and PE Mid-Market Survey.
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[51] FMI (2022), The rapid growth of Fintech, https://www.elibrary.imf.org/display/book/9798400205293/CH003.xml.
[61] Gouvernement de l’Australie (2023), Energy Bill Relief Fund, https://www.energy.gov.au/government-priorities/energy-programs/energy-bill-relief-fund#:~:text=The%20Australian%20Government%20is%20partnering,territories%20will%20administer%20the%20rebates.
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[52] Intrum Justicia (2022), European Payment Report 2022, https://www.intrum.com/press/news-stories/the-damaging-effect-of-late-payment/.
[82] Kalemli-Özcan, S., L. Laeven and D. Moreno (2019), Debt overhang, rollover risk, and corporate investment: evidence from the European crisis, https://www.ecb.europa.eu/pub/pdf/scpwps/ecb.wp2241~cbea165b30.en.pdf.
[58] KPMG (2022), Non-performing loans: Early signs points towards an increase next year, https://kpmg.com/xx/en/home/insights/2022/11/non-performing-loans-early-signs-point-towards-an-increase-in-2023.html.
[54] Le Monde (2023), Les défaillances d’entreprises en France ont augmenté de près de 50 % en 2022, https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/17/les-defaillances-d-entreprises-en-hausse-de-pres-de-50-en-france-en-2022_6158148_3234.html.
[30] Leaseurope (2023), Leaseurope Response to the Leases Discussion Paper, https://www.efrag.org/Assets/Download?assetUrl=%2Fsites%2Fwebpublishing%2FProject%20Documents%2F108%2FCL%2008b%20-%20Leases%20-%20Leaseurope.pdf.
[29] Leaseurope (2023), Preliminary 2022 survey results for the leasing sector, https://www.leaseurope.org/preliminary-2022-survey-results-leasing-sector.
[56] Ministerio de Economía, Fomento y Turismo (2022), Nuevo Fogape y medidas de alivio tributario son aprobadas con unanimidad y despachadas para su promulgación, https://www.economia.gob.cl/2022/10/19/nuevo-fogape-y-medidas-de-alivio-tributario-son-aprobadas-con-unanimidad-y-despachadas-para-su-promulgacion.htm.
[48] Nam, R. (2022), Open Banking and Customer Data Sharing: Implications for Fintech Borrowers, https://www.ecb.europa.eu/pub/conferences/ecbforum/shared/pdf/2023/EFCB_2023_Rachel_Nam_Paper.pdf.
[80] National Council for Financial Inclusion (2016), National Policy for Financial Inclusion, https://www.gob.mx/cms/uploads/attachment/file/199615/Mexico_s_National_Policy_Financial_Inclusion.pdf.
[39] NVCA and Pitchbook (2023), 2023 Yearbook, https://nvca.org/wp-content/uploads/2023/03/NVCA-2023-Yearbook_FINALFINAL.pdf.
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[42] OCDE (2023), Agir ensemble pour l’égalité des genres Quelles priorités ?, https://doi.org/10.1787/aa4719c3-en.
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[2] OCDE (2023), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2023, Numéro 1, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/4d811166-fr.
[1] OCDE (2023), Perspectives économiques de l’OCDE, Volume 2023, Numéro 2, https://doi.org/10.1787/b07667cd-fr.
[47] OCDE (2023), Shift from open banking to open finance, https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/9f881c0c-en.pdf?expires=1696582516&id=id&accname=ocid84004878&checksum=E461EF4EE5179C27CAC18E3CEC873E0F.
[60] OCDE (2023), “SME policy responses to the 2022/2023 energy crisis : Policy highlights and country experiences”, OECD SME and Entrepreneurship Papers, No. 43, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/80012fbd-en.
[32] OCDE (2023), Tableau de bord de l’OCDE sur le financement des PME et des entrepreneurs : Faits saillants 2023, https://doi.org/10.1787/e3156420-fr (accessed on 24 July 2023).
[21] OCDE (2022), Financing SMEs and Entrepreneurs 2022 : An OECD Scoreboard, Éditions OCDE, Paris,.
[81] OCDE (2022), Le financement des PME et des entrepreneurs 2022 (version abrégée) : Tableau de bord, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/60ba964a-fr.
[16] Oesterreichische Nationalbank (2023), Data and Analytics Austrian Financial Institutions, https://www.oenb.at/Publikationen/Statistik/Statistiken---Daten-und-Analysen.html.
[6] OMC (2023), “Perspectives du commerce mondial et statistiques”, https://www.wto.org/french/res_f/booksp_f/trade_outlook23_f.pdf (accessed on 24 July 2023).
[49] Open Banking Implementation Entity (2023), Open Banking Impact report, https://openbanking.foleon.com/live-publications/the-open-banking-impact-report-march-2023/intermediate-outcomes-adoption.
[36] Pitchbook (2023), Global Fund Performance Report, https://files.pitchbook.com/website/files/pdf/2023_Global_Fund_Performance_Report_as_of_Q4_2022_with_preliminary_Q1_2023_data.pdf.
[35] Pitchbook (2022), Global Fund Performance Report, https://files.pitchbook.com/website/files/pdf/2022_Global_Fund_Performance_Report_as_of_Q2_2022_with_Preliminary_Q3_2022_Data.pdf.
[34] Preqin (2023), Venture Capital Q1 2023: Preqin Quarterly Update, https://www.preqin.com/insights/research/quarterly-updates/q1-2023-venture-capital (accessed on 4 August 2023).
[22] Reuters (2023), Recession risk, rate rises drive down private equity deal volumes to 4-year low, https://www.reuters.com/markets/global-markets-private-equity-graphic-2023-06-26/.
[55] Reuters (2022), Bankruptcy filings are creeping back up in early 2022, https://www.reuters.com/legal/transactional/bankruptcy-filings-are-creeping-back-up-early-2022-2022-04-05/.
[24] S&P Market Intelligence (2022), Outlook for private equity dealmaking sours as inflation, interest rates rise, https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/news-insights/latest-news-headlines/outlook-for-private-equity-dealmaking-sours-as-inflation-interest-rates-rise-70689997.
[75] SAFFA (2023), SAFFA, https://www.saffa.ch/fr/.
[19] SBA (2022), SBA Administrator Guzman Announces Key Policy Change: Existing COVID Economic Injury Disaster Loan Program Borrowers to Receive an Additional Deferment, U.S. Small Business Administration, https://www.sba.gov/article/2022/mar/15/sba-administrator-guzman-announces-key-policy-change-existing-covid-economic-injury-disaster-loan (accessed on 3 August 2023).
[28] The Japan Times (2023), Japanese firms turn to loans for longer-term funding amid BOJ risks - The Japan Times, https://www.japantimes.co.jp/news/2023/03/16/business/economy-business/companies-bank-loans/ (accessed on 27 July 2023).
[78] UK Department for Business and Trade (2023), Investing in Women Code closing the finance gap, https://www.gov.uk/government/news/investing-in-women-code-closing-the-finance-gap#:~:text=The%20Investing%20in%20Women%20Code%20is%20a%20commitment%20to%20support,need%20to%20achieve%20their%20goals.
[77] UK Department for Business and Trade (2022), Overview of the UK Investing in Women Code, https://we-fi.org/wp-content/uploads/2022/07/Overview-of-the-UK-Investing-in-Women-Code.pdf.
[69] Women Entrepreneurs Finance Initiative (2022), The case for investing in women entrepreneurs, https://we-fi.org/wp-content/uploads/2022/06/We-Fi-Case-for-Investment.pdf.
Notes
Copier le lien de Notes← 1. Calculés entre la date de la première augmentation des taux et mars 2023.
← 2. Les données infranationales sont exprimées par rapport au PIB régional de sorte à tenir compte des différences de taille entre régions. Sont ainsi présentées les informations relatives à dix pays : huit pays membres de l’OCDE (la Belgique, la France, l’Italie, le Mexique, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque et la Türkiye) et deux pays non membres de l’OCDE (l’Indonésie et le Pérou). Il n’a pas été possible d’établir de correspondance entre les données sur les prêts régionaux aux PME pour la Géorgie et le Kazakhstan, et les données sur le PIB régional. Ces deux pays ne sont par conséquent pas intégrés à la présente analyse, même si des données infranationales sont disponibles pour cet indicateur et pour ces deux pays.
← 3. La définition des prêts aux PME n’est pas identique dans tous les pays. Ainsi, les pays dans lesquels cette définition est plus restrictive (en termes de taille des prêts ou de taille des entreprises pouvant bénéficier d’un prêt) auront tendance à afficher des valeurs nationales et régionales plus faibles que les pays où les prêts aux PME revêtent une définition plus large. Les définitions des prêts aux PME adoptées dans les pays du Tableau de bord de l’OCDE sont disponibles dans le tableau A A.2 de l’édition 2022 du Tableau de bord (OCDE, 2022[21]).
← 4. Les prêts à court terme sont des prêts dont les échéances sont inférieures à un an et qui sont souvent utilisés pour couvrir les besoins en fonds de roulement. Les prêts à long terme sont quant à eux souvent utilisés pour le financement d’investissements, mais peuvent aussi relever d’une stratégie adoptée par les PME afin de « sanctuariser » des taux peu élevés. Les prêts d’un faible montant et à brève échéance s’accompagnent généralement de taux d’intérêt élevés, lesquels s’expliquent en grande partie par les frais fixes engagés par les banques pour sélectionner les dossiers compte tenu du risque plus élevé de défaillance que présente ce type de prêts par rapport aux prêts à long terme.
← 5. En Autriche par exemple, le financement de stock et du besoin en fonds de roulement a été le principal facteur de l’augmentation de la demande de prêts à court terme (voir le profil-pays consacré à l’Autriche).
← 6. Cette analyse empirique s’appuie sur les données de la base Orbis pour l’année 2021. En raison des limites temporelles d’Orbis, qui couvre uniquement la période pendant laquelle la BCE n’avait pas encore procédé à une augmentation excessive des taux d’intérêt, il est possible que l’effet des taux d’intérêt soit également influencé par les pays non membres de la zone euro (Commission européenne, 2023[5]).
← 7. L’écart de taux entre les prêts aux PME et les prêts aux grandes entreprises offre un éclairage supplémentaire sur les conditions de crédit faites aux PME. Dans la mesure où les PME ont un profil d’emprunteur intrinsèquement plus risqué, elles se voient dans la plupart des cas imposer des taux d’intérêt supérieurs à ceux appliqués aux grandes entreprises. La réduction de l’écart de taux témoigne ainsi généralement d’une amélioration des conditions de crédit des PME tandis qu’une augmentation de l’écart est le signe d’un durcissement de leurs conditions d’emprunt.
← 8. Lors d’un tour de financement avec une valorisation inférieure (down round), une jeune entreprise lève des fonds sur la base d’une valorisation inférieure à celle du tour précédent. C’est souvent le signe d’une dégradation de la confiance des investisseurs.
← 9. Le financement non traditionnel (alternatif) en ligne correspond à la levée de fonds par l’intermédiaire d’une plateforme. Ce type de financement repose sur plusieurs modèles : la dette, l’investissement en capital et les apports sans investissement. Les modèles fondés sur la dette englobent le prêt entre particuliers/entreprises et les plateformes de prêts, alors que les modèles fondés sur l’investissement en capital incluent l’émission d’actions ou de titres non cotés par le biais de l’investissement collaboratif en capital. Les modèles d’apport sans investissement incluent notamment le financement collaboratif avec contrepartie et le financement collaboratif sous forme de don pur.
← 10. Les pays couverts par cette enquête sont l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. L’enquête a été réalisée au printemps 2022.
← 11. Les pays couverts par cette enquête sont notamment l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou. L’enquête a été réalisée au printemps 2021.
← 12. Le taux de couverture des prêts improductifs correspond aux total des provisions pour pertes sur prêts, divisé par le montant total des prêts improductifs.
← 13. Il s’agit, dans l’ordre, des Marches, de l’Ombrie, de la Vénétie, de la province autonome de Bolzano, de la Toscane et de l’Émilie‑Romagne.