L'économie mondiale se remet progressivement d’une succession de chocs liés à la pandémie de COVID‑19, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et à l’une des pires crises énergétiques depuis les années 1970. Alors que la communauté internationale continue à réfléchir et à adapter les politiques pour contrer les impacts immédiats de ces chocs, les gouvernements sont également sous pression pour atteindre les objectifs politiques de long terme que sont notamment des transitions verte et numérique aussi inclusives que possible. Les petites et moyennes entreprises (PME) et les entrepreneurs sont directement concernés par ces évolutions, et nombre de pays ont mis en place des politiques en leur faveur qui ont été salvatrices dans un contexte économique hostile. Cependant, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir une croissance inclusive et durable, et cela passe par une meilleure résilience des PME et des entrepreneurs face aux crises futures et une meilleure exploitation de leur potentiel à contribuer aux grandes transitions économiques, environnementales et sociétales.
Les gouvernements se sont engagés sur plusieurs fronts pour permettre aux PME et entrepreneurs de naviguer cet environnement complexe et en constante évolution. Cela implique notamment de renforcer la résilience et la durabilité des chaînes de valeur mondiales (CVM), d’accroitre la capacité des PME et entrepreneurs à générer, établir et renforcer les partenariats avec les multinationales, ou encore de combler les écarts entre hommes et femmes en matière d'exportation grâce à des programmes ciblés. Les états ont également continué à soutenir l'intégration des PME dans les réseaux (mondiaux) de connaissance et d'innovation, et ont également répondu à l'évolution rapide de la demande en compétences.
Dans un contexte de retrait progressif des mesures de soutien en raison d’un durcissement de l'environnement monétaire et budgétaire et alors qu'il est nécessaire d’accélérer les transformations en cours, il devient critique de renforcer l’accès à la technologie, aux données, au financement et aux compétences. Ainsi, les réseaux deviennent-ils un vecteur essentiel – bien que sous-utilisé – pour améliorer l’accès des PME aux ressources clés et pour renforcer leurs capacités de croissance grâce à la diffusion des connaissances et aux économies d’échelle. Bien que les réseaux puissent aussi contribuer à répandre les chocs économiques, par exemple par l'intermédiaire des CVM, ils peuvent aussi être une source de résilience et incarner une solution pour faire face aux interdépendances, à l'incertitude et aux chocs. La capacité des PME et entrepreneurs à créer et à tirer parti de ces liens reste cependant limitée. Et les perturbations actuelles dans divers réseaux de production et d'innovation peuvent entraver les PME dans leur développement et leur intégration à de nouveaux réseaux.
L'édition 2023 des Perspectives des PME et de l'Entrepreneuriat fournit de nouvelles données et analyses sur la structure et les performances du secteur des PME et des entrepreneurs, ainsi que sur l'évolution de la conjoncture récente pour élaborer des réponses politiques appropriées. Le rapport examine également en profondeur les perturbations et reconfigurations en cours dans les réseaux de PME pendant et après la crise de la COVID-19, ainsi que le rôle des gouvernements pour améliorer l'accès des PME aux réseaux de production, de connaissance et d'innovation, afin de in fine stimuler la reprise économique tout en s'adaptant aux grandes transitions.
Ces Perspectives des PME et de l'Entrepreneuriat soutiendront la réunion du Comité des PME et de l'Entrepreneuriat (CSMEE) au niveau ministériel de 2023, où elles seront lancées. Cette publication, ainsi que la Recommandation de l'OCDE sur la politique des PME et de l'Entrepreneuriat, la Recommandation sur le financement des PME et le Data Lake sur les politiques des PME et de l'Entrepreneuriat, s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par l'OCDE pour suivre la situation et les performances des PME et de l'entrepreneuriat, et pour aider les gouvernements à faire en sorte que les politiques leur étant dédiées les aident également à se préparer aux changements futurs de leur environnement économique.
Mathias Cormann
Secrétaire général de l'OCDE