Perspectives économiques de l'OCDE, Volume 2023 Numéro 2

Pologne

Le PIB réel devrait augmenter de 0.4 % en 2023, la forte inflation et la politique monétaire restrictive affaiblissant la demande intérieure. La croissance devrait se redresser pour s’établir à 2.6 % en 2024 puis à 2.9 % en 2025, sur fond de rebond de la consommation et de vigueur de l’investissement, soutenu par les fonds mobilisés au titre de la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience. L’inflation globale a diminué de moitié au cours de l’année 2023, mais l’inflation sous-jacente reflue plus lentement en raison du dynamisme du marché du travail. L’inflation devrait s’établir à 3.4 % d’ici la fin de 2025. Une persistance de l’inflation ou de nouvelles dépenses budgétaires présentent des risques de divergence à la hausse en ce qui concerne l’inflation, tandis qu’une escalade de la guerre en Ukraine pourrait affaiblir la croissance.

Compte tenu du risque de persistance de l’inflation et de l’incertitude qui entoure les perspectives, il conviendrait de n’assouplir la politique monétaire que progressivement. Un assainissement budgétaire est nécessaire pour réduire l’inflation et placer les finances publiques sur une trajectoire plus prudente, en dépit des tensions importantes qui s’exercent sur les dépenses. À moyen terme, une action plus rapide en faveur de la décarbonation et de la transformation numérique, étayée par des mesures visant à améliorer les compétences, renforcerait la sécurité énergétique et conduirait à une croissance économique plus verte et plus vigoureuse.

Pologne : Indicateurs sur la croissance économique et sur l’inflation

Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114 ; et Office polonais de statistique (Glówny Urzad Statystyczny, GUS).

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Pologne : Demande, production et prix

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L’activité économique intérieure s’est avérée faible en 2023

L’activité économique est restée faible pendant la majeure partie de 2023. La croissance de la consommation privée a été modeste en raison du niveau élevé du coût du crédit. En dépit d’une diminution des prêts hypothécaires et de la construction de logements, la croissance totale de l’investissement est restée vigoureuse. Depuis l’été, les ventes au détail n’ont cessé d’augmenter. En octobre, la confiance des consommateurs s’est hissée au-dessus de sa moyenne sur longue période. Toutefois, les enquêtes PMI réalisées auprès des directeurs d’achats et d’autres enquêtes sur la confiance des entreprises laissent entrevoir un nouveau recul des activités de fabrication. Le marché du travail demeure résilient, le taux de chômage s’étant maintenu à 2.8 % en septembre en dépit de l’apaisement de la hausse des salaires. Après avoir atteint un sommet en février 2023, l’inflation globale est retombée à 6.6 % en octobre à cause du ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie. L’inflation sous-jacente a reculé mais elle s’établit toujours à un niveau élevé de 8.1 %.

Les exportations ont chuté au premier semestre de 2023, la détérioration de la croissance dans la zone euro ayant affaibli la demande. Cela étant, les importations ont reculé encore plus fortement, à mesure que les prix des produits de base diminuaient et que les entreprises continuaient à puiser dans leurs stocks, permettant ainsi une amélioration du solde de la balance courante. La réduction des stocks et l’atténuation des perturbations affectant les chaînes d’approvisionnement ont entraîné un ralentissement marqué de la hausse des prix des biens. En partie alimentée par la forte progression des salaires, la hausse des prix des services a connu un recul plus graduel. Cependant, la présence d’un nombre important de réfugiés ukrainiens sur le marché du travail continuera à freiner la progression des salaires.

La politique monétaire s’est assouplie parallèlement à la poursuite de la relance budgétaire

En dépit d’une inflation relativement forte, la Banque nationale de Pologne a commencé à assouplir sa politique monétaire en abaissant ses taux directeurs à 5.75 % en octobre, soit un point de pourcentage en deçà de leur plus haut niveau. Sur fond de poursuite de la relance budgétaire, le pays a enregistré un déficit budgétaire supérieur à 5 % du PIB cette année. Le plafonnement des prix de l’énergie, les subventions aux entreprises énergivores et l’application d’un taux de TVA nul sur les produits alimentaires ont été maintenus en 2023. Les dépenses de santé ont peu à peu augmenté. Les dépenses militaires se sont hissées à quelque 4 % du PIB en 2023, contre 2.2 % en 2022. Le démantèlement des mesures de soutien liées aux prix de l’énergie et des produits alimentaires en 2024 devrait se traduire par un resserrement de la politique budgétaire, mais l’orientation définitive dépendra in fine des plans budgétaires du nouveau gouvernement.

L’économie se redressera progressivement, mais le recul de l’inflation sera lent

La reprise économique sera progressive. Le recul de l’inflation et la baisse de l’incertitude, conjugués à la diminution des taux d’intérêt, devraient soutenir la croissance de la consommation malgré la détente du marché du travail. La croissance de l’investissement devrait rester vigoureuse, étayée par l’amélioration des perspectives de croissance et par les fonds mobilisés au titre de la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience. Après avoir reflué à 0.4 % cette année, la croissance du PIB réel devrait se redresser pour s’établir à 2.6 % en 2024 et à 2.9 % en 2025. La dette publique devrait se hisser à 56.4 % du PIB au cours des deux prochaines années. L’inflation devrait s’établir à 4.7 % en 2024 puis tomber à 3.4 % d’ici la fin de 2025, soit juste en dessous de la limite supérieure de la fourchette retenue comme objectif par la banque centrale. Les perspectives demeurent toutefois entourées d’incertitudes. Une persistance de l’inflation ou de nouvelles dépenses budgétaires pourraient présenter des risques de divergence à la hausse s’agissant de l’inflation, ce qui justifierait un durcissement de la politique monétaire. Une escalade de la guerre en Ukraine pourrait accroître l’incertitude et tirer vers le bas la croissance.

Un assainissement budgétaire conjugué à des réformes s’impose pour dynamiser la croissance

Compte tenu de la situation relativement tendue du marché du travail et du risque de persistance de l’inflation, l’assouplissement de la politique monétaire doit se faire graduellement jusqu’à ce que l’inflation revienne durablement vers l’objectif fixé. Un assainissement budgétaire s’imposera à partir de 2024 pour permettre de réduire l’inflation et placer les finances publiques sur une trajectoire plus viable. Le nouveau gouvernement devrait mettre au point une stratégie budgétaire à moyen terme crédible et créer un conseil budgétaire indépendant. Cela permettrait de faire face à la hausse des dépenses de santé et de retraite due au vieillissement de la population, qui pourrait représenter 3 % du PIB en 2040. Une plus forte diversification des sources d’importation d’énergie et une augmentation des investissements dans les énergies renouvelables permettraient de renforcer la sécurité énergétique et de favoriser une croissance plus verte. Il conviendrait de s’attaquer au problème des pénuries de compétences pour récolter pleinement les fruits des transitions numérique et écologique. Il faudrait notamment renforcer les compétences en gestion, essentielles pour faire progresser la transformation numérique, au moyen de formations dispensées de manière souple et sous forme de modules. Pour les adultes plus âgés, les chômeurs et les personnes peu qualifiées, il s’agit d’améliorer le niveau de leurs compétences de base et compétences numériques, qui est faible, ainsi que leur accès à la formation tout au long de la vie. L’intégration des réfugiés, essentiellement des femmes avec enfants, devrait se poursuivre grâce à des structures de garde d’enfants, à la scolarisation et à l’apprentissage du polonais.