Les systèmes STI ont permis d’apporter à la crise du COVID-19 une réponse forte et flexible. Des milliards de dollars de financements nouveaux ont été alloués en un temps record à des programmes de recherche, et les efforts de recherche et d’innovation ont débouché sur la mise au point rapide de vaccins. Pour autant, la pandémie a mis à rude épreuve les systèmes STI, révélant des domaines qui devront être consolidés si l’on veut améliorer la résilience STI globale face aux défis actuels et à venir, dont le changement climatique.
La crise du COVID-19 a donné un coup d’accélérateur à des mutations déjà à l’œuvre dans le secteur de la science, de la technologie et de l’innovation. Elle a donné lieu à une plus grande ouverture de l’accès aux données et aux publications, à l’utilisation accrue des outils numériques, au renforcement de la collaboration internationale, à la multiplication des partenariats public-privé, ou encore à la participation active de nouveaux acteurs. Autant d’évolutions qui pourraient précipiter la transition vers une science et une innovation à terme plus ouvertes.
Dans le même temps, une telle mobilisation générale pourrait avoir pour conséquence de détourner les efforts de recherche des sujets non liés au COVID-19. Les pouvoirs publics et les organismes de financement de la recherche doivent définir et faire connaître rapidement leurs capacités de soutien à la recherche dans les années à venir, ainsi que leurs priorités stratégiques, afin de permettre aux organismes de recherche d’élaborer des plans réalistes à long terme.
Les effets de la pandémie, en particulier les mesures de confinement, ont également perturbé le fonctionnement des systèmes d’innovation, mettant à mal les capacités de production et d’innovation clés, notamment dans les secteurs durement touchés. Les investissements agrégés des entreprises en faveur de la recherche et de l’innovation suivent l’évolution du cycle économique ; ils tendent par conséquent à se contracter en période de crise. La crise qui sévit pourrait toutefois s’avérer différente. De fait, certains des principaux acteurs de la R-D dans le monde étendent leurs activités en la matière. La pandémie pourrait exacerber les disparités existantes en termes d’activités de recherche et d’innovation des entreprises entre les secteurs en pointe dans ce domaine et ceux à la traîne, entre les grandes et les petites entreprises et entre les zones géographiques. Ces effets distributifs inégaux pourraient contribuer à creuser les écarts de productivité, accroître la vulnérabilité des entreprises à la traîne et réduire la résilience économique ; ils devraient à ce titre être la cible des politiques en faveur de l’innovation.
Outre leurs activités de recherche, les scientifiques continuent de formuler des avis d’experts sur les questions de santé publique et les mesures de lutte contre la pandémie. Ils ont eu à communiquer des données probantes incomplètes et évolutives, et à le faire de manière à susciter l’adhésion et la confiance du public. Il est arrivé que ces avis soient contestés, compte tenu de leurs incidences politiques. En réponse, les pouvoirs publics devraient faire part de leurs incertitudes avec discernement, exposer de manière objective les scénarios envisageables et reconnaître leurs erreurs en toute transparence. Les pouvoirs publics devraient par ailleurs mettre à profit les mécanismes de consultation pluridisciplinaire afin de veiller à bénéficier de différents types d’expertise lors de l’élaboration des politiques.