Ce chapitre d’introduction donne un aperçu de l’ensemble du rapport en s’appuyant sur les analyses menées dans les quatre chapitres suivants. Ce rapport est une analyse des multiples pressions qui s’exercent sur la classe moyenne, qu’il s’agisse de sa situation économique, du coût de la vie ou de l’insécurité du marché du travail. Il montre que dans de nombreux pays de l’OCDE, les revenus intermédiaires ont moins augmenté que les revenus supérieurs et que, dans certains pays, ils n’ont pas augmenté du tout. Le coût de certains biens et services caractéristiques du mode de vie de la classe moyenne (le logement, par exemple) a augmenté plus rapidement que les revenus médians réels. Ce rapport met en lumière l’augmentation de la précarité de l’emploi pour les ménages à revenu intermédiaire sur des marchés du travail en rapide mutation, où les emplois intermédiaires sont exposés à un risque élevé d’automatisation. Enfin, les initiatives et mesures visant à résoudre les difficultés de la classe moyenne (accroître ses revenus, faire face à l'augmentation du coût de la vie, améliorer l'équité fiscale et renforcer les compétences des ménages de la classe moyenne) sont exposées dans ce rapport.
Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse
Chapitre 1. Vue d’ensemble
Abstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
1.1. La classe moyenne : un rêve de plus en plus inaccessible
Depuis dix ans, l’OCDE examine en détail, dans le cadre de son initiative pour une croissance inclusive, l’évolution des inégalités de revenus et d’opportunités (OCDE, 2019[1]; OCDE, 2018[2]) (voir l’Encadré1.1 pour une vue d’ensemble). Le dernier rapport phare de la série sur les inégalités porte sur la mobilité sociale (OCDE, 2018[3]). Il montre que, dans de nombreux pays de l’OCDE, les possibilités pour les familles à revenu faible et moyen de gravir les échelons sont devenues limitées au cours des dernières décennies. En outre, de nombreuses familles de la classe moyenne risquent de plus en plus de basculer dans la catégorie des familles à bas revenu voire de tomber dans la précarité.
Le présent rapport porte sur la classe moyenne en tant que groupe socioéconomique et met en lumière les multiples pressions croissantes qui s’exercent sur ce groupe1. Il analyse notamment les principales tendances qui influent sur les ménages « à revenu intermédiaire » – emploi, leur consommation, leur richesse et leur endettement, ainsi que leurs perceptions et leurs attitudes sociales. Les auteurs du rapport constatent que la classe moyenne est sous pression, en ce sens que la part des personnes appartenant à la catégorie des revenus intermédiaires a diminué au fil du temps, notamment chez les nouvelles générations, et que le coût d’un mode de vie « typique » de la classe moyenne augmente plus rapidement que les revenus intermédiaires. Ce rapport examine également comment les politiques devraient répondre à ces pressions croissantes qui s’exercent sur la classe moyenne.
Pourquoi étudier plus particulièrement la classe moyenne ? La classe moyenne représentait une aspiration. Pour de nombreuses générations, cela signifiait l’assurance de vivre dans une maison confortable et d’avoir un style de vie satisfaisant, grâce à un emploi stable assorti de perspectives de carrière. C’était aussi une base à partir de laquelle les familles aspiraient à un avenir encore meilleur pour leurs enfants. Toutefois, certains signes indiquent aujourd’hui que ce fondement de nos démocraties et de notre croissance économique n’est plus aussi stable que par le passé.
La classe moyenne est-elle sous pression ? Les revenus intermédiaires ont à peine augmenté, en termes relatifs et absolus, dans de nombreux pays de l’OCDE ; le coût des composants essentiels du mode de vie typique de la classe moyenne tels que le logement et l’enseignement supérieur notamment a augmenté plus rapidement que le revenu ; de plus, la précarité de l’emploi s’est aggravée dans un contexte de mutation rapide du marché du travail. Aujourd’hui, la classe moyenne ressemble de plus en plus à un bateau dans la tempête.
Cette insécurité est-elle temporaire ou durable ? Fondamentalement, l’incertitude croissante découle du fait que les possibilités de gravir les échelons pour les personnes de la classe moyenne et leurs enfants sont moins nombreuses que par le passé et que les risques de déclassement sont plus élevés. La mobilité sociale aux différentes étapes de la vie est limitée : le niveau d’instruction, la situation au regard de l’emploi, les revenus et même l’état de santé sont très persistants d’une génération à l’autre. Les deux cinquièmes des écarts de revenu entre les pères se transmettent à la génération suivante (OCDE, 2018[3]). De nombreux ménages à revenu intermédiaire sont exposés à un risque considérable de basculement dans la catégorie des revenus inférieurs : un ménage sur sept faisant partie des 60 % qui se situent au milieu de la distribution des revenus et un ménage sur cinq appartenant au deuxième quintile de revenu le plus bas basculent dans la catégorie des 20 % de ménages les plus pauvres sur une période de quatre ans. Ces risques ont augmenté au cours des vingt dernières années dans de nombreux pays de l’OCDE. Dans le même temps, les ménages à revenu intermédiaire supérieur sont un peu moins exposés à ces risques aujourd’hui. Cela montre qu’il existe un risque croissant de fracture au sein de la classe moyenne (OCDE, 2018[3]).
Quelles sont les perspectives de la classe moyenne ? Les perspectives professionnelles de nombreux travailleurs de la classe moyenne semblent incertaines. Les phénomènes de ces vingt dernières années, à savoir l’intégration rapide le long des chaînes d’approvisionnement mondiales et, surtout, l’évolution rapide des technologies transformatrices ainsi que le vieillissement de la population ont entraîné une polarisation de l’emploi. Cette évolution de l’emploi vers des emplois non routiniers hautement qualifiés et certains emplois non routiniers peu qualifiés a vidé de leur substance les emplois moyennement qualifiés. Ces derniers sont souvent occupés par des personnes appartenant à la classe moyenne (OCDE, 2017[4]; Autor, 2015[5]). À l’avenir, de nombreuses nouvelles possibilités d’emploi émergeront avec la pénétration accrue des nouvelles technologies numériques (intelligence artificielle, apprentissage automatique, internet des objets, etc.), mais de nombreux emplois sont susceptibles d’être automatisés ou profondément remaniés (Nedelkoska and Quintini, 2018[6]).
Ces tendances dépeignent une situation incertaine pour les travailleurs à revenu intermédiaire, notamment ceux qui occupent des emplois routiniers moyennement qualifiés voire peu qualifiés. À cela s’ajoute le long déclin des gains de productivité et l’effritement de la part du travail observés dans de nombreux pays, autant de facteurs qui pèsent sur le pouvoir d’achat de la plupart des familles à revenu intermédiaire.
Encadré1.1. Travaux récents de l’OCDE sur les inégalités des chances et des résultats
Un certain nombre de rapports récents de l’OCDE ont mis en lumière les inégalités structurelles qui perdurent sur le plan socioéconomique dans divers domaines. Les données tendent à montrer que les inégalités de revenus se sont creusées dans les trois quarts des pays de l’OCDE au cours des trente dernières années, et qu’elles restent encore plus marquées dans la plupart des économies émergentes, même si elles diminuent dans certains d’entre eux (OCDE, 2011[7]). Ces inégalités de revenus importantes et persistantes ont des répercussions négatives non seulement sur la cohésion sociale dans nos sociétés, mais aussi sur la croissance économique, dans la mesure où elles compromettent les possibilités d’accès à une éducation et à des services de santé de qualité ainsi qu’à de bons emplois (OCDE, 2015[8]). Les études PISA de l’OCDE (voir, par exemple, (OCDE, 2018[9]) et les travaux de l’OCDE sur les possibilités d’enseignement (OCDE, 2017[10]) ont clairement montré que trop d’enfants, d’étudiants et d’adultes issus de milieux socioéconomiques défavorisés sont à la traîne. Les inégalités entre les sexes persistent dans tous les domaines de la vie sociale et économique (OCDE, 2018[11]). Ces disparités en matière d’éducation, de revenus et de ressources s’accompagnent de disparités en matière de satisfaction à l’égard de l’existence (OCDE, 2017[12]). En outre, les inégalités se creusent tout au long de la vie, ce qui donne lieu à des inégalités en matière de vieillissement (OCDE, 2017[13]).
Le dernier rapport de l’OCDE sur les inégalités, intitulé A Broken Social Elevator? How to Promote Social Mobility, a attiré l’attention sur le manque croissant de mobilité sociale dans nos sociétés. Le statut socioéconomique influe fortement sur les revenus et les perspectives d’emploi, la qualité de l’emploi, les effets sur la santé, l’éducation et d’autres facteurs importants pour le bien-être des personnes (OCDE, 2018[3]). Les analyses ont montré que dans de nombreux pays de l’OCDE, les possibilités pour les familles à bas revenu et à revenu intermédiaire de gravir les échelons se sont limitées à mesure que la hauteur des marches à gravir a augmenté. Dans le même temps, de nombreuses familles sont confrontées à un risque croissant de voir leur revenu ou leur statut social baisser.
Ce rapport contribue de manière non négligeable à l’initiative de l’OCDE pour une croissance inclusive et aux efforts qu’elle déploie pour élaborer un « modèle de croissance inclusive axé sur l’être humain » où le bien-être est le paramètre du succès, où tout le monde a les mêmes chances de prospérité et où l’équité est importante pour définir des politiques économiques efficaces (OCDE, 2018[2]).
1.2. La classe moyenne est un moteur de prospérité et de croissance économique
Pourquoi la classe moyenne est-elle importante ? La présence d’une classe moyenne forte et prospère favorise les économies et les sociétés saines. Par leurs actions et leurs activités, elles améliorent non seulement leur propre position, mais aussi celle des autres. L’investissement de la classe moyenne dans l’éducation, la santé et le logement, son soutien en faveur de services publics de qualité, son intolérance à l’égard de la corruption et sa confiance dans les autres et dans les institutions démocratiques sont les fondements mêmes de la croissance inclusive.
En particulier, les classes moyennes investissent généralement fortement dans leur propre éducation et dans celle de leurs enfants, augmentant ainsi le stock actuel et futur de capital humain (Brown and Hunter, 2004[14]; Pressman, 2007[15]; Bassanini and Scarpetta, 2002[16]). L’accumulation de capital humain est donc l’un des principaux vecteurs par lesquels une classe moyenne forte peut favoriser le bien-être et stimuler la croissance du PIB par habitant, puisqu’elle accroît la part de la population diplômée de l’enseignement secondaire et supérieur (Brueckner et al., 2017[17]; OCDE, 2003[18]).
Une classe moyenne forte est également essentielle pour soutenir la croissance de la productivité et pour financer correctement la protection sociale et sortir des millions de familles de la pauvreté. La classe moyenne contribue également à la croissance économique et à l’accumulation de capital comme source d’entrepreneuriat et d’innovation. Dans les pays où le nombre de ménages à revenu intermédiaire est plus élevé, les activités entrepreneuriales ont tendance à avoir un impact positif sur la croissance du PIB (van Stel, et al., 2005[19]). En ce sens, une classe moyenne forte est considérée comme un élément important pour encourager les petites et moyennes entreprises et pour développer un secteur entrepreneurial fort (OCDE, 2010[20]). D’après les données disponibles, le développement économique est plus marqué dans les pays dotés d’une classe moyenne solide (Easterly, 2001[21]; Brueckner et al., 2017[17]).
1.3. La plupart des gens se considèrent comme appartenant à la classe moyenne
Qui fait partie de la classe moyenne ? La majorité des habitants des pays de l’OCDE – en moyenne environ deux tiers de la population – se considèrent comme appartenant à la classe moyenne. Cette auto-identification est la plus élevée dans les pays nordiques (à l’exception de la Finlande), aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Suisse, où quatre personnes sur cinq pensent faire partie de la classe moyenne. En revanche, seulement deux personnes sur cinq ou moins s’identifient comme appartenant à la classe moyenne au Portugal, au Brésil, au Chili et au Royaume-Uni. Au Royaume-Uni, certaines études tendent à montrer que la plupart des gens s’identifient comme appartenant à la classe ouvrière2.
Beaucoup de gens s’identifient comme appartenant à la classe moyenne sans tenir compte de leur propre situation socioéconomique objective. Ce « biais d’identification à la classe moyenne » (Evans, 2004[22]) semble particulièrement fréquent en Italie, au Mexique et en Inde, ainsi que dans les pays où une grande partie de la population se considère comme appartenant à la « classe moyenne3. Ce phénomène s’explique en partie par le niveau de revenu implicite que les gens considèrent comme un seuil minimum pour faire partie de la classe moyenne : ce niveau tend à être nettement inférieur pour les personnes relativement pauvres et sensiblement supérieur pour les personnes relativement aisées4.
Les proportions que prend cette auto-identification à la classe moyenne ne sont qu’approximativement liées à la part des ménages à revenu intermédiaire dans les pays. Les ménages à revenu intermédiaire, c’est-à-dire ceux dont le revenu correspond à 75 %-200 % du revenu national médian (voir l’Encadré1.2), représentent, en moyenne, 61 % de la population des pays de l’OCDE. Cette part varie d’environ 50 % au Chili, au Mexique, aux États-Unis et en Israël à environ 70 % dans les pays nordiques et certains pays d’Europe continentale. Dans les économies émergentes, la catégorie des revenus intermédiaires est plus restreinte et varie d’environ un tiers de la population en Afrique du Sud à environ la moitié en Russie (Graphique 1.1).
Encadré1.2. Définir et mesurer la classe moyenne
La classe sociale désigne un groupe de personnes ayant le même statut socioéconomique. La définition du statut social varie d’une théorie à l’autre et selon l’usage du concept. Par conséquent, les indicateurs utilisés pour définir et analyser la « classe moyenne » varient considérablement au sein d’une même discipline et d’une discipline à l’autre (Reeves, Guyot and Krause, 2018[23]; Gornick and Jäntii, 2013[24]). De nombreuses analyses économiques utilisent le revenu comme indicateur clé pour définir le statut de classe moyenne. En sociologie, la plupart des mesures et des indicateurs reposent sur la situation au regard de l’emploi et de la profession (Goldthorpe, 2016[25]), mais le capital social, le capital culturel et le capital économique sont également utilisés (Savage et al., 2013[26]; Savage, 2016[27]). La classe moyenne a également été définie à l’aide de mesures subjectives telles que l’identification de la classe sociale (Bird and Newport, 2017[28]).
Le présent rapport utilise le revenu comme valeur de référence pour analyser la classe moyenne et souligne ce choix en utilisant essentiellement le terme « catégorie des revenus intermédiaires », plutôt que « classe moyenne ». Cela dit, ce rapport ne se contente pas d’une analyse purement du point de vue des revenus puisqu’il examine l’importance de la polarisation de l’emploi (chapitre 3) et de la consommation (chapitre 4) pour la classe moyenne. Dans ces deux cas, cependant, la catégorie des revenus intermédiaires reste la référence.
Ce rapport définit la « catégorie des revenus intermédiaires » comme la population vivant dans des ménages dont les revenus représentent entre 75 % et 200 % du revenu médian national. Pour certaines des analyses, la catégorie des revenus intermédiaires est subdivisée en trois groupes : les revenus intermédiaires inférieurs (soit 75 %-100 % du revenu médian), les revenus intermédiaires (soit 100 %-150 % du revenu médian) et les revenus intermédiaires supérieurs (soit 150 %-200 % du revenu médian). La population des ménages dont le revenu est inférieur à 75 % du revenu médian correspond à la « catégorie des revenus inférieurs » tandis que celle des ménages dont le revenu est supérieur à 200 % du revenu médian correspond à la « catégorie des revenus supérieurs ».
Les indicateurs de la classe moyenne fondés sur les revenus médians permettent d’établir des comparaisons internationales relativement stables. Des vérifications de la robustesse montrent que le classement des pays varie peu lorsque l’on utilise différents seuils fondés sur des parts du revenu médian. Les parts du revenu sont généralement plus stables lorsque l’on utilise des seuils fondés sur les individus (déciles de revenu) plutôt que des seuils fondés sur le revenu (fourchettes autour du revenu médian).
Bien que les indicateurs de la classe moyenne fondés sur les revenus soient liés au niveau d’inégalité des revenus et aux résultats macroéconomiques, ces facteurs ne sont pas suffisants pour expliquer l’évolution des revenus intermédiaires dans les pays de l’OCDE au cours des dernières décennies (Thewissen et al., 2018[29]).
Les revenus intermédiaires sont-ils en train d’être vidés de leur substance ? En moyenne, dans les pays de l’OCDE, la part des personnes vivant dans des ménages à revenu intermédiaire est passée de 64 % à 61 % entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2010. Cette baisse a été progressive puisqu’elle a été d’1 point de pourcentage environ par décennie, et elle s’est accompagnée d’une expansion correspondante de la catégorie des revenus inférieurs et de la catégorie des revenus supérieurs. Bien que généralement modestes, les évolutions de la taille de la catégorie des revenus intermédiaires ont été significatives dans un certain nombre de pays de l’OCDE, dépassant 4.5 points de pourcentage en Israël, en Allemagne, au Luxembourg, au Canada, aux États-Unis, en Finlande et en Suède.
En termes réels, les seuils de revenu intermédiaire (75 %-200 % du revenu médian) varient beaucoup d’un pays de l’OCDE à l’autre. Une personne seule doit avoir un revenu annuel compris entre 3 800 et 10 000 USD au Mexique et entre 26 500 et 70 600 USD au Luxembourg pour faire partie de la classe moyenne (Tableau 1.1). Cependant, la plupart des ménages à revenu intermédiaire de tel pays de l’OCDE seraient également considérés comme des ménages à revenu intermédiaire dans tel autre pays de l’OCDE. Avec un revenu de 23 000 USD, par exemple, les personnes appartiendraient à la classe moyenne dans 25 des 35 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données.
Tableau 1.1. Les seuils de revenu moyen varient beaucoup d’un pays de l’OCDE à l’autre
Seuils de revenu moyen inférieur et de revenu moyen supérieur en USD à PPA de 2010, 2016 ou dernière année disponible
|
Seuil inférieur |
Seuil supérieur |
---|---|---|
Luxembourg |
26 482 |
70 620 |
États-Unis |
23 416 |
62 442 |
Danemark |
19 735 |
52 626 |
France |
18 173 |
48 462 |
Royaume-Uni |
15 856 |
42 283 |
Italie |
12 206 |
32 549 |
Hongrie |
8 707 |
23 219 |
Mexique |
3 757 |
10 019 |
Note : Les catégories de revenus intermédiaires et les revenus médians sont définis en fonction du revenu disponible équivalent du ménage, corrigé en fonction de la taille du ménage. La catégorie des revenus intermédiaires comprend les personnes vivant dans des ménages dont le revenu représente entre 75 % et 200 % du revenu médian. Valeurs en USD, corrigées des différences internationales en parités de pouvoir d’achat de 2010.
Source : Chapitre 2.
1.4. La classe moyenne perd de son influence économique
Comment la classe moyenne s’en sort-elle économiquement ? Au cours des trois dernières décennies, les revenus de la classe moyenne n’ont quasiment pas augmenté et ont même stagné dans certains pays. Depuis le milieu des années 80, les revenus intermédiaires ont augmenté beaucoup moins que les revenus supérieurs, et la crise financière mondiale a encore aggravé cette tendance. Entre 2007 et 2016, le taux de croissance annuel des revenus médians réels a été de 0.3 % en moyenne dans les pays de l’OCDE, contre 1 % entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, et de 1.6 % entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000, une période où la croissance des revenus était la plus forte dans toutes les catégories de revenus. La situation est encore pire pour les ménages dont le revenu représente 20-40 % du revenu médian, surtout depuis le début des années 2000 (Graphique 1.2). Dans l’ensemble de la zone OCDE, à l’exception de quelques pays, les revenus intermédiaires sont à peine plus élevés aujourd’hui qu’il y a dix ans.
Globalement, au cours des 30 dernières années, les revenus médians ont augmenté d’un tiers de moins que le revenu moyen des 10 % les plus riches. De plus, dans certains pays, la part des revenus les plus élevés a grimpé en flèche ; ainsi, aux États-Unis, la part des 1 % de revenus les plus élevés sur le revenu total a presque doublé au cours des trois dernières décennies, passant d’environ 11 % à 20 %, et cette catégorie de revenus a enregistré près de la moitié de la hausse totale des revenus sur cette période (Förster et al., 2014[30]; Saez, 2018[31]). Par conséquent, l’influence économique de la classe moyenne et son rôle de « centre de gravité de l’économie » se sont affaiblis. Il y a trente ans, le revenu agrégé de tous les ménages à revenu intermédiaire était quatre fois supérieur à celui des ménages à haut revenu, c’est-à-dire ceux dont le revenu est plus de deux fois supérieur au revenu médian national ; aujourd’hui, ce rapport est inférieur à 3 (Graphique 1.3).
Dans le même temps, le taux de croissance des revenus intermédiaires dans les pays de l’OCDE a été inférieur à la croissance de revenus de la catégorie des revenus intermédiaires à l’échelle mondiale et de l’élite mondiale (qui correspond aux 1 % les plus riches). La courbe dite de « l’éléphant » traduit cette tendance (Milanović, 2016[32]; Lakner and Milanovic, 2016[33]). Les estimations de la croissance du revenu des ménages à l’échelle mondiale entre 1988 et 2011 montrent que la croissance du revenu a été la plus forte autour du 40e-60e centile de l’échelle mondiale de distribution,5 alors qu’elle a été la plus faible autour du 85e-90e centile, qui comprend une grande partie des ménages à revenu intermédiaire des pays de l’OCDE (Graphique 1.4). Cette tendance, qui s’est encore accentuée avec la crise financière mondiale, a été utilisée pour décrire le contraste entre les fortunes des deux classes moyennes, à savoir la classe moyenne mondiale, présente essentiellement dans les pays asiatiques, et la classe moyenne des pays de l’OCDE (Milanović, 2019[34]).
1.5. Le coût de la vie a augmenté
Cette croissance atone des revenus donnerait déjà une image peu réjouissante de la situation, mais, parallèlement, le coût du mode de vie de la classe moyenne a augmenté. Avant la crise financière mondiale, les dépenses de consommation des ménages à revenu intermédiaire6 augmentaient plus vite que leurs revenus. Dans plusieurs pays, le recul de la consommation au lendemain de la crise a été marqué et durable. Comme lors d’autres récessions, les biens de consommation durables ont été plus fortement touchés par la baisse, mais c’est un recul des achats non durables (en particulier les services) qui a distingué cette récession des précédentes (De Nardi, French and Benson, 2012[35]; Crossley, Low and O’Dea, 2013[36]).
Pourquoi la consommation a-t-elle augmenté davantage que le revenu en ce qui concerne la classe moyenne ? Le mode de vie de la classe moyenne est généralement associé à certains biens et services et à certaines conditions de vie, comme un logement décent, une bonne éducation et des services de santé de qualité et accessibles. Toutefois, les prix des biens et services de consommation de base comme la santé, l’éducation et le logement ont augmenté bien plus vite que l’inflation (Graphique 1.5), tandis que les revenus intermédiaires ont accusé un retard. En particulier, le vieillissement et les nouvelles technologies médicales ont fait grimper le coût des services de santé ; la course aux diplômes pousse les parents à investir de plus en plus dans l’éducation tandis que, dans le même temps, les services éducatifs sont devenus plus onéreux dans un certain nombre de pays ; la polarisation géographique des emplois fait monter le prix des logements dans les grandes zones urbaines, précisément là où se trouvent les emplois les plus intéressants.
Le mode de vie de la classe moyenne est donc plus difficile à adopter que par le passé en raison de la forte hausse des prix du logement et d’autres biens de consommation importants qui caractérisent la classe moyenne (Blank, 2010[37]). Le logement, en particulier, est essentiel : avec environ un tiers du revenu disponible, il constitue le poste de dépenses le plus important pour les ménages à revenu intermédiaire, contre environ un quart dans les années 1990. Malgré d’importantes variations à l’intérieur des pays, le coût du logement a augmenté trois fois plus vite que le revenu médian des ménages au cours des deux dernières décennies. Le logement est plus qu’un simple bien de consommation : dans de nombreux pays, l’appartenance à la classe moyenne est traditionnellement associée à la possession d’une maison, de sorte que la flambée des prix des maisons a porté atteinte au sentiment même d’appartenance à la classe moyenne. La hausse du prix des maisons entrave également la mobilité de la main-d’œuvre vers les zones urbaines les plus dynamiques et, plus généralement, la mobilité sociale ascendante, les générations actuelles et futures étant moins en mesure d’acheter une propriété que leurs parents (Graphique 1.6).
L’augmentation des dépenses consacrées au logement et à d’autres biens et services réduit la capacité d’épargne et comprime les finances des ménages à revenu intermédiaire. Aujourd’hui, plus d’un ménage à revenu intermédiaire sur cinq vit au-dessus de ses moyens, ce qui comporte un risque de surendettement pour beaucoup d’entre eux. Le surendettement (qui correspond à un ratio d’endettement de plus de 75 %) est plus élevé pour les ménages à revenu intermédiaire que pour les ménages à bas revenu et à haut revenu et concerne environ 11 % de ces ménages dans la moyenne des pays de l’OCDE (2015[8]).
En moyenne, dans les 24 pays européens de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, un ménage à revenu intermédiaire sur deux déclare aujourd’hui avoir des difficultés à joindre les deux bouts, bien que cette proportion varie d’un ménage sur cinq ou moins dans les pays nordiques et aux Pays-Bas à deux sur trois ou plus dans certains pays d’Europe du Sud et de l’Est (chapitre 4). En outre, près de 40 % des ménages à revenu intermédiaire sont financièrement vulnérables, c’est-à-dire qu’ils ont des arriérés de paiements ou ne seraient pas en mesure d’absorber des dépenses imprévues ou une chute soudaine de revenu.
Par conséquent, beaucoup sont moins optimistes quant à leur appartenance à la classe moyenne. Les inquiétudes ont encore pris de l’ampleur à la suite de la crise financière mondiale. Alors que le climat économique s’est amélioré avec la reprise économique, dans de nombreux pays de l’OCDE, d’importants groupes de personnes restent pessimistes quant aux perspectives économiques de la prochaine génération et nostalgiques des conditions économiques du passé (Pew Research Center, 2018[38]). Dans les pays de l’OCDE, un nombre croissant de personnes pensent que la fortune et les avantages des parents jouent un rôle majeur dans les chances qui s’offrent aux enfants et dans leur réussite. 36 % des personnes pensent qu’il est très important voire essentiel d’avoir des parents avec un bon niveau d’études pour progresser, comparativement à 31 % dans les années 1990 (OCDE, 2018[3]). Dans une récente enquête de l’OCDE menée dans 21 pays (OCDE, 2018[39]; 2019[40]), 60 % des parents mentionnent le risque que leurs enfants n’atteignent pas le niveau de statut et de confort qu’ils ont comme l’un des trois principaux risques socioéconomiques à long terme. Dans plusieurs pays, dont l’Autriche, la France, la Grèce, l’Italie et la Slovénie, cette part augmente jusqu’à 70 % ou plus.
1.6. Les chances de faire partie de la classe moyenne ont diminué pour les jeunes générations et les personnes peu ou moyennement qualifiées
Il est devenu plus difficile pour les jeunes générations de faire partie de la classe moyenne. En effet, les anciennes générations sont souvent davantage à l’abri des mutations du marché du travail et des risques de bas revenu que les nouvelles générations. Depuis la génération du boum des naissances, la catégorie des revenus intermédiaires a diminué au fil des générations (Graphique 1.7). En comparaison aux jeunes générations, la génération du boum des naissances a bénéficié d’emplois plus stables au cours de sa vie active ainsi que de systèmes de retraite bien développés.
Un niveau de compétences plus élevé est désormais nécessaire pour faire partie de la catégorie des revenus intermédiaires. Il ne suffit plus d’avoir des compétences intermédiaires pour appartenir à la catégorie des revenus intermédiaires, comme c’était le cas dans le passé. Le niveau de compétences exigé a augmenté de façon générale, mais surtout pour la classe moyenne. Aujourd’hui, près de la moitié des travailleurs à revenu intermédiaire occupent des emplois hautement qualifiés, comparativement à un tiers il y a deux décennies (Graphique 1.8)7. Dans le même temps, la part de travailleurs à revenu intermédiaire occupant des emplois moyennement qualifiés a diminué dans tous les pays, à l’exception du Mexique et de la République slovaque. Par conséquent, il est de moins en moins possible d’obtenir le même niveau de revenu que par le passé pour certains emplois. Cette nouvelle association entre les compétences professionnelles et le niveau de revenu peut aider à expliquer une partie de la frustration sociale, qui est au cœur du débat sur la pression qui s’exerce sur la classe moyenne.
De nos jours, un ménage ordinaire a besoin de deux revenus pour faire partie de la classe moyenne, alors que dans le passé, un seul apporteur de revenu occupant un emploi hautement qualifié était souvent suffisant. Toutefois, même avec deux revenus, il est de plus en plus difficile d’atteindre le niveau de revenu intermédiaire si au moins l’un des partenaires n’est pas hautement qualifié.
1.7. La mise sous pression de la classe moyenne entraîne des risques socioéconomiques et politiques
Les ménages de la classe moyenne sont de plus en plus mécontents de la situation économique. Dans ce contexte, la stagnation du niveau de vie des classes moyennes dans les pays de l’OCDE s’accompagne de l’émergence récente de nouvelles formes de nationalisme, d’isolationnisme, de populisme et de protectionnisme. Des sentiments nationalistes et antimondialistes peuvent naître à mesure que l’effritement de la classe moyenne engendre des désillusions et porte atteinte à l’engagement politique, ou incite les électeurs à se tourner vers des politiques contestataires et protectionnistes (Bettiza, 2010[41]; Stiglitz, 2012[42]). L’instabilité politique est l’un des principaux vecteurs par lesquels la pression qui s’exerce sur la classe moyenne est susceptible de nuire à l’investissement et à la croissance économiques (Alesina and Perotti, 1996[43]).
Les sentiments accrus de vulnérabilité, d’incertitude et d’anxiété se traduisent par une plus forte défiance vis-à-vis de l’intégration mondiale et des institutions publiques (OCDE, 2017[44]). La confiance est non seulement essentielle au bon fonctionnement de toute société, mais constitue également un important facteur de croissance économique. Une confiance sociale accrue réduit les coûts de transaction et renforce l’innovation (Gould and Hijzen, 2016[45]; Madland, 2015[46]). En outre, les sociétés dotées d’une classe moyenne forte connaissent également une amélioration de la confiance sociale et des résultats scolaires, une baisse de la criminalité, une amélioration des résultats sur le plan de la santé et une plus grande satisfaction à l’égard de l’existence (Kelly, 2000[47]; Lynch and Kaplan, 1997[48]; Graves, 2017[49]; Thorson, 2014[50]).
La classe moyenne contribue à la stabilité politique et à la bonne gouvernance. Elle empêche la polarisation politique et favorise la conciliation au sein du gouvernement (Madland, 2015[46]). Les classes moyennes jettent également des bases solides pour l’édification d’un état démocratique, non seulement en contribuant à son financement par les impôts qu’elles versent, mais également en exigeant des réglementations, le respect des contrats et de la règle du droit (Birdsall, 2016[51]).
1.8. Les politiques doivent être adaptées aux nouvelles difficultés auxquelles sont confrontés les ménages de la classe moyenne
Dans l’ensemble, l’anxiété et le sentiment d’incertitude des ménages de la classe moyenne sont alimentés par trois grandes difficultés auxquelles les décideurs doivent faire face :
1. La classe moyenne estime que le système socioéconomique actuel est injuste : les revenus intermédiaires augmentent beaucoup plus lentement que les revenus supérieurs depuis plus de trois décennies maintenant8. De plus en plus de personnes, notamment au sein des ménages à revenu intermédiaire inférieur, estiment qu’elles contribuent beaucoup plus à l’État-providence par leurs impôts qu’elles ne reçoivent en retour sous forme de prestations et de services.
2. Le mode de vie de la classe moyenne est de plus en plus cher : le coût d’un mode de vie « typique » de la classe moyenne a augmenté plus vite que le revenu. Comme nous l’avons expliqué, cela est dû notamment au fait que les prix du logement, de la santé et de l’éducation ont augmenté plus vite que l’inflation, mais s’explique aussi peut-être par l’adoption de modes de consommation qui tendent à « imiter » ceux de la classe supérieure, ce qui a entraîné une cascade de dépenses inabordables9. Il est inquiétant de constater que ces tendances ont également entraîné une augmentation de la charge de la dette qui pèse sur les familles de la classe moyenne, ce qui n’est pas viable à long terme.
3. Les perspectives de revenus de la classe moyenne sont de plus en plus incertaines : les membres des ménages de la classe moyenne craignent que la révolution numérique ne détruise leurs emplois. De fait, un travailleur à revenu intermédiaire actuel sur six occupe un emploi à risque élevé d’automatisation, un risque plus proche de celui auxquels sont exposés les travailleurs à bas revenu (un sur cinq) que de celui auxquels sont exposés les travailleurs à haut revenu (un sur dix) (Graphique 1.9).
Les ménages à revenu intermédiaire inférieur risquent davantage de souffrir de ces situations de plus en plus instables. Par conséquent, les mesures envisageables devraient être axées sur eux en priorité. Le fait de répondre aux préoccupations croissantes de la classe moyenne inférieure tout en remédiant aux difficultés des couches encore plus pauvres de la population grâce à des outils de lutte contre la pauvreté constitue le fondement d’une stratégie visant à promouvoir une croissance inclusive, conformément au Cadre d’action de l’OCDE pour les politiques de croissance inclusive (OCDE, 2018[2]). Pour aider la classe moyenne, il faut lui donner accès aux possibilités de réussir tout au long de sa vie.
1.8.1. S’attaquer à l’injustice
Le principal outil pour favoriser l’équité est le système de prélèvements et de prestations. Le débat public porte souvent sur les prélèvements lorsqu’il s’agit des riches et sur les prestations lorsqu’il s’agit des pauvres. La classe moyenne est en fait la principale partie prenante de ces deux instruments : elle contribue aux deux tiers des recettes fiscales directes et reçoit 60 % des dépenses publiques sous forme de prestations en espèces. La classe moyenne est également davantage touchée par la progressivité de l’impôt que les autres groupes : les groupes à bas revenu sont souvent exemptés, tandis que les groupes à haut revenu ont d’autres sources de revenu et peuvent bénéficier de niches fiscales ou d’exemptions. Les pays de l’OCDE ont connu une réduction générale de leurs taux légaux d’impôt sur le revenu des personnes physiques, qui sont passés de 66 % en 1981 à 41 % en 2008, puis ont légèrement augmenté pour atteindre 43 % aujourd’hui (OCDE, 2019[52]). D’autres impôts qui concernent essentiellement les revenus les plus élevés ont également été abaissés au cours des dernières décennies, notamment les taux d’impôt sur les sociétés (de 47 % à 25 %) ou les impôts sur les dividendes pour les distributions de bénéfices intérieurs (de 75 % à 42 %) (OCDE, 2014[53]). En outre, les ménages qui se situent au sommet de l’échelle de distribution des revenus et de la richesse sont beaucoup plus à même de cacher leurs actifs à l’étranger que les classes moyennes (Alstadsaeter, Johannesen and Zucman, 2017[54]).
Par conséquent, les politiques devraient envisager d’alléger sensiblement la charge fiscale nette qui pèse sur les ménages à revenu intermédiaire tout en préservant la stabilité des finances publiques. Dans de nombreux pays, le système de l’impôt sur le revenu pourrait être rendu plus progressif, notamment en ce qui concerne les personnes à haut revenu, et plus équitable pour la classe moyenne. On pourrait envisager d’éliminer la « dérive fiscale » – une augmentation des taux d’imposition induite par l’inflation qui touche particulièrement les contribuables de la classe moyenne. Plus généralement, la charge fiscale devrait être transférée du travail vers des bases d’imposition plus larges, à savoir les revenus du capital et les plus-values, le patrimoine immobilier et les successions. Les efforts visant à lutter contre l’évasion fiscale et les exonérations fiscales dont bénéficient généralement les entreprises et les particuliers fortunés devraient être intensifiés.
Une série d’initiatives récentes, telles que la Norme d’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale, qui vise à réduire l’évasion fiscale, et le projet conjoint de l’OCDE et du G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS), qui vise à lutter contre l’évasion fiscale des entreprises multinationales, ont permis aux gouvernements de disposer des outils nécessaires pour élargir leur assiette fiscale et renforcer leur système d’imposition afin de prévenir les abus (OCDE, 2019[55]; 2019[56]). Les recettes supplémentaires tirées de ces mesures pourraient être affectées à l’élaboration et à l’appui d’un programme plus solide pour une croissance inclusive. En outre, des mesures qui renforcent les incitations au travail, telles que l’abaissement des taux effectifs d’imposition pour le deuxième apporteur de revenu, l’amélioration des crédits d’impôt et le développement des prestations liées à l’exercice d’un emploi, contribueraient à améliorer l’équité du point de vue des familles de la classe moyenne inférieure.
Des préoccupations en matière d’équité existent également en ce qui concerne les transferts sociaux, car 58 % des ménages à revenu intermédiaire des pays de l’OCDE considèrent qu’ils ne reçoivent pas une part équitable des prestations publiques étant donné les impôts et cotisations de sécurité sociale qu’ils paient (OCDE, 2018[3]; 2019[40]). Si l’on tient compte uniquement des transferts en espèces et des impôts directs sur le revenu, on constate que les ménages à revenu intermédiaire ne sont ni contributeurs nets ni bénéficiaires nets – ils reçoivent presque autant de prestations sociales qu’ils ne paient d’impôts. Cela dit, les personnes en âge de travailler ayant un revenu moyen ont tendance à être des payeurs nets, tandis que les ménages âgés à revenu intermédiaire sont des bénéficiaires nets. La redistribution n’est pas seulement une question de transferts monétaires. Les pays dépensent tout autant pour les transferts sociaux en nature tels que les soins de santé et l’éducation fournis par les pouvoirs publics. Les décideurs devraient donc améliorer l’accès à des services sociaux publics de qualité et garantir une meilleure protection sociale.
1.8.2. S’attaquer aux problèmes liés au coût de la vie
Un logement décent, abordable et accessible, y compris l’accession à la propriété, constitue une caractéristique essentielle de la classe moyenne. Les politiques doivent s’attaquer aux pénuries de l’offre tout en aidant les ménages par le biais d’une aide du côté de la demande. Du côté de l’offre, des mesures sont nécessaires pour encourager l’offre de logements abordables. Une première série de solutions consiste à faciliter la construction privée afin d’accroître la réactivité de l’offre de logements aux prix du marché (autrement dit d’accroître l’élasticité de l’offre par rapport aux prix). Des politiques de zonage social bien conçues peuvent également contribuer à lutter contre la ségrégation résidentielle et l’expansion urbaine non désirée. Dans de nombreux pays, les logements sociaux publics destinés à d’autres ménages que les ménages à bas revenu constituent également un instrument efficace de promotion de l’accessibilité financière et de l’inclusion (OCDE, 2016[57]). De nombreux pays tentent également d’influer directement sur les coûts du logement en contrôlant ou en plafonnant les loyers.
Les mesures d’action sur la demande concernent en premier lieu les aides au logement ou prestations de logement. D’autres mesures peuvent aider les ménages à revenu intermédiaire inférieur à acquérir leur résidence principale, par exemple sous forme de subventions, d’aide financière à l’emprunt ou d’allégements d’impôts pour l’achat de la résidence principale. Ces politiques doivent être suffisamment ciblées et éviter les mesures qui profitent davantage aux propriétaires à haut revenu qu’aux autres (allégement des frais d’hypothèque, par exemple). Un certain nombre de pays européens proposent aux primo-accédants, notamment aux jeunes, une aide sous la forme d’un dépôt nécessaire pour l’obtention d’une hypothèque, par exemple sous la forme de garanties publiques, de bonifications d’intérêt ou de subventions et de plans d’épargne. Dans les pays où la dette liée au logement est très élevée, des mesures d’allégement des frais d’hypothèque peuvent être nécessaires pour aider les ménages surendettés à se remettre sur pied.
Les politiques qui maîtrisent les frais d’éducation et de santé peuvent également avoir un impact important sur les ménages à revenu intermédiaire. Les services de garde d’enfants subventionnés par l’État pour les personnes qui en ont besoin et la réglementation des prix sont les outils les plus efficaces pour limiter les frais de garde des ménages ayant de jeunes enfants (Adema, W. et al., 2016[58]). Une autre option consiste à rembourser directement les parents par le biais de prestations en espèces ou à leur faire bénéficier de crédits d’impôt ou de déductions fiscales. Les politiques d’aide aux étudiants de l’enseignement supérieur issus d’une famille à revenu intermédiaire incluent les prêts destinés à couvrir les frais de scolarité, ainsi qu’une aide sous condition de ressources pour les frais de logement, les frais de transport ou l’achat de livres, ce qui est primordial pour de nombreux jeunes issus d’une famille à revenu intermédiaire inférieur. Des programmes complets de transition de l’école au marché du travail sont nécessaires pour prévenir les conséquences négatives à long terme du chômage ou de l’inactivité au début de la vie active (OCDE, 2017[59]). Dans les pays où la couverture maladie est universelle, l’extension de la couverture des frais de santé pourrait apporter un soulagement substantiel aux ménages à bas revenu et à revenu intermédiaire. Dans les pays où la couverture maladie n’est pas universelle, l’extension de la couverture d’assurance sous condition de ressources aiderait la catégorie des revenus intermédiaires inférieurs à mieux gérer ses dépenses de santé.
1.9. Lutter contre la vulnérabilité du marché du travail
Les politiques devraient viser à s’attaquer à la vulnérabilité du marché du travail à la racine. C’est pourquoi les systèmes d’enseignement et de formation devraient offrir un éventail plus large de possibilités de formation à différents âges. Toutefois, il est difficile de doter les travailleurs à revenu intermédiaire des compétences nécessaires dans un monde du travail en mutation, et cela nécessitera une modernisation en profondeur de ces systèmes. Il est notamment primordial de développer les systèmes d’enseignement et de formation professionnels (EFP), notamment dans les secteurs les plus dynamiques de l’économie. Pour rendre les systèmes d’EFP attrayants dans le contexte du relèvement du niveau de compétences requis, il faut réformer les programmes de formation, développer les filières d’enseignement post-secondaire et dialoguer davantage avec les employeurs.
Garantir l’accès à l’éducation et à la formation des adultes est un autre défi majeur. Actuellement, les adultes à revenu intermédiaire n’ayant pas fait d’études supérieures, notamment ceux d’un certain âge, se forment nettement moins que les personnes plus jeunes davantage diplômées. Des programmes d’éducation et de formation des adultes plus nombreux et plus innovants devraient cibler les personnes occupant des emplois moyennement qualifiés, ou les secteurs et régions particulièrement exposés au risque de mutations du marché du travail.
Les résultats des exercices d’évaluation des compétences et d’anticipation des besoins en la matière devraient être utilisés pour recenser les personnes qui n’ont pas les compétences demandées sur le marché du travail et pour les aider à se perfectionner ou à se reconvertir. Pour améliorer la couverture, les possibilités de formation devraient être dissociées du poste occupé et de la situation au regard de l’emploi, et les personnes devraient bénéficier d’une aide financière pour les investissements dans la formation, par exemple par le biais de comptes personnels de formation qui permettent d’acquérir des droits à la formation et de les convertir en heures de formation.
Au-delà des politiques actives du marché du travail et des politiques en matière de compétences, la lutte contre la vulnérabilité du marché du travail passe par de nombreuses autres mesures, à commencer par des politiques du marché du travail qui combinent la flexibilité et la sécurité, la protection sociale ainsi qu’un dialogue social efficace pour accroître l’effet de levier du travail. Compte tenu de l’évolution du monde du travail, les emplois temporaires ou instables, souvent caractérisés par des salaires plus bas et une sécurité de l’emploi plus faible, vont certainement se généraliser au fur et à mesure de la disparition des emplois standards classiques de la classe moyenne. Par conséquent, les efforts visant à étendre l’assurance sociale et la négociation collective aux travailleurs atypiques revêtiront également une importance particulière à l’avenir pour protéger les ménages à revenu intermédiaire. L’une des approches permettant d’étendre la couverture de la protection sociale consiste à lier les droits aux personnes plutôt qu’aux emplois (OCDE, 2017[60]; 2019[61]). Les droits à la formation ou à la protection de l’emploi, par exemple, deviendraient « transférables » lorsque les travailleurs passent d’un emploi à un autre ou combinent différentes formes d’emploi.
1.10. Conclusion
Une classe moyenne forte et prospère est importante pour l’économie et la société dans son ensemble, notamment pour stimuler la consommation et les investissements dans l’éducation, la santé et le logement. Les impôts que paie la classe moyenne sont essentiels pour financer correctement la protection sociale. Les sociétés dotées d’une classe moyenne forte connaissent également une amélioration de la confiance sociale, une baisse de la criminalité et une plus grande satisfaction à l’égard de l’existence. Les données montrent que la classe moyenne contribue à la stabilité politique et à la bonne gouvernance.
Aujourd’hui, cependant, les ménages de la classe moyenne sont de plus en plus préoccupés par leur situation économique. Tout d’abord, de nombreux ménages de la classe moyenne considèrent nos systèmes socioéconomiques comme injustes, étant donné que les revenus intermédiaires n’ont pas autant bénéficié de la croissance économique que les revenus supérieurs, ou les 10 % les plus riches. Ensuite, le mode de vie de la classe moyenne est de plus en plus onéreux, notamment en matière de logement, d’éducation et de santé. Enfin, les perspectives sur le marché de l’emploi sont incertaines pour de nombreuses personnes de la classe moyenne, un travailleur à revenu intermédiaire sur six occupant des emplois à risque élevé d’automatisation.
Un plan d’action complet est nécessaire pour faire face aux risques recensés dans ce rapport et aider la classe moyenne, notamment les personnes plus vulnérables. Ce plan devrait être établi suivant une approche holistique qui englobe différents domaines relevant de l’action des pouvoirs publics, avec une attention particulière à la prévention des risques et à la promotion des possibilités tout au long de la vie. S’il est primordial d’atténuer l’impact des situations défavorables lorsqu’elles surviennent, il pourrait être encore plus important d’améliorer les perspectives professionnelles des travailleurs de la classe moyenne et de leurs enfants.
Les gouvernements disposent d’un large éventail d’outils pour s’attaquer à ces problèmes d’injustice, de dépenses inabordables et de vulnérabilité de l’emploi. Des réformes ciblées sont nécessaires dans les domaines du marché du travail, des systèmes d’enseignement et de formation, ainsi que des politiques fiscales et sociales. Une stratégie réussie nécessitera une approche pangouvernementale impliquant toutes les parties prenantes, y compris la société civile et les partenaires sociaux.
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[15] Pressman, S. (2007), “The Decline of the Middle Class: An International Perspective”, Journal of Economic Issues, Vol. 41, pp. 181-200, http://dx.doi.org/10.2307/25511161.
[62] Reeves, R. (2017), Dream hoarders: how the American upper middle class is leaving everyone else in the dust, why that is a problem, and what to do about it.
[23] Reeves, R., K. Guyot and E. Krause (2018), Defining the middle class: Cash, credentials, or culture, Brookings, https://https://www.brookings.edu/research/defining-the-middle-class-cash-credentials-or-culture/ (accessed on 3 August 2018).
[31] Saez, E. (2018), Striking it Richer: The Evolution of Top Incomes in the United States (Updated with 2017 preliminary estimates), UC Berkeley, Berkeley, http://elsa.berkeley.edu/~saez/TabFig2017prel.xls.
[27] Savage, M. (2016), Poorest Made Poorer? Decomposing income losses at the bottom of the income distribution during the Great Recession, Economic and Social Research Institute (ESRI), https://www.esri.ie/pubs/WP528.pdf.
[26] Savage, M. et al. (2013), “A New Model of Social Class? Findings from the BBC’s Great British Class Survey Experiment”, Sociology, Vol. 47/2, pp. 219-250, http://dx.doi.org/10.1177/0038038513481128.
[42] Stiglitz, J. (2012), The Price of Inequality: How Today’s Divided Society Endangers Our Future, W. W. Norton & Company, https://www.amazon.com/Price-Inequality-Divided-Society-Endangers-ebook/dp/B007MKCQ30 (accessed on 12 November 2017).
[29] Thewissen, S. et al. (2018), “Rising Income Inequality and Living Standards in OECD Countries: How Does the Middle Fare?”, Journal of Income Distribution, Vol. 27/2, https://jid.journals.yorku.ca/index.php/jid/article/view/40351.
[50] Thorson, G. (2014), The Rise of Inequality, the Decline of the Middle Class, and Educational Outcomes, Ségovie, Espagne, http://www.umdcipe.org/conferences/DecliningMiddleClassesSpain/Papers/Thorson.pdf (accessed on 12 November 2017).
[19] van Stel, et al. (2005), “The Effect of Entrepreneurial Activity on National Economic Growth”, Small Business Economics, Vol. 24, pp. 311–321, http://dx.doi.org/10.1007/s11187-005-1996-6.
Notes
← 1. .Voir l’Encadré1.2 pour savoir comment la classe moyenne est définie et mesurée dans ce rapport.
← 2. .Malgré une baisse du nombre de travailleurs dont la profession est associée à la classe ouvrière, la proportion de Britanniques ayant un sentiment d’appartenance à la classe moyenne ou à la classe ouvrière n’a pas beaucoup évolué entre 1983 et 2015 (Evans and Mellon, 2016[65]).
← 3. .Le phénomène inverse ne se produit qu’au Portugal, au Royaume-Uni et dans quelques autres pays, dont la Hongrie et la Slovénie. Bien qu’ils ne soient pas observés dans d’autres pays d’Europe de l’Est, les résultats afférents à la Hongrie et à la Slovénie peuvent être liés à un « effet persistant » de l’héritage socialiste de l’ancien État qui rend les gens plus susceptibles que les autres de se considérer comme appartenant à une classe sociale de bas niveau (Curtis, 2013[66]).
← 4. .Les résultats d’une enquête et l’outil en ligne de l’OCDE Comparez vos revenus (http://www.oecd.org/fr/social/inegalite-et-pauvrete.htm) confirment cette tendance (Balestra et Cohen, à paraître[108]). Ce phénomène, baptisé « Me? I’m not rich! », correspond au fait que le stade où quelqu'un devient « riche » se situe à un niveau de revenu supérieur au sien (Reeves, 2017[62]).
← 5. .L’augmentation du milieu de l’échelle mondiale de distribution des revenus est due essentiellement à la très forte croissance économique de grands pays comme la Chine, l’Inde et l’Indonésie. En Amérique latine, la montée en puissance de la classe moyenne mondiale a été associée à une augmentation du nombre d’années de scolarité, à la formalisation du marché du travail, à l’activité féminine et à la dynamique familiale et démographique (Ferreira et al., 2013[64]).
← 6. .Avec près des deux tiers de la consommation totale, les ménages à revenu intermédiaire sont de loin la catégorie de revenus ayant la part de consommation la plus élevée, à savoir de 50 % ou moins aux États-Unis ainsi que dans les pays d’Europe du Sud et d’Amérique latine à 70 % ou plus dans les pays nordiques et en République slovaque.
← 7. .Cela implique également que les caractéristiques liées aux compétences individuelles, telles que le niveau d’études, l’âge ou l’ancienneté dans l’emploi, ne peuvent pas suffire à expliquer l’évolution des salaires et de la répartition des salaires (BIT, 2016[68]).
← 8. .Une grande majorité des citoyens de l’UE estiment que les niveaux d’inégalité sont trop élevés : 84 % estiment que les différences de revenus sont trop importantes, et 81 % conviennent que les gouvernements nationaux doivent prendre des mesures pour réduire ces différences (enquête Eurobaromètre 2018 sur la perception de l’équité en Europe). Ces points de vue sont confirmés par l’enquête 2018 de l’OCDE Des risques qui comptent, qui indique que 70 % des répondants pensent que le gouvernement devrait redoubler d’efforts pour assurer leur sécurité économique et sociale. De plus, les utilisateurs de l’outil en ligne de l’OCDE Comparez vos revenus se déclarent favorables à une réduction des inégalités : 70 % d’entre eux souhaitent une réduction de la part du revenu détenue par les 10 % les plus riches. La demande de répartition plus équitable des revenus est plus forte dans les pays qui ont été durement touchés par la crise, comme la Grèce et l’Espagne. Voir aussi (Bussolo et al., 2018[67]).
← 9. .Une augmentation des dépenses d’une catégorie de revenus peut entraîner une hausse des attentes quant au niveau de vie (et, par conséquent, des habitudes de dépenses) des catégories de revenus immédiatement inférieures. La croissance rapide du revenu parmi les personnes les plus fortunées ces dernières décennies peut avoir entraîné une « cascade de dépenses supplémentaires de la part de celles disposant de revenus inférieurs » (Frank, Levine and Dijk, 2014[63]).