Le présent chapitre examine tout d’abord la manière dont le niveau de vie de la classe moyenne a évolué au cours des dernières décennies. Il s’attache également à évaluer la contribution des ménages à revenu intermédiaire à la consommation globale, par rapport à la part de la population totale et du revenu total qu’ils représentent et à celle des catégories de revenu inférieures et supérieures. Les postes auxquels les ménages à revenu intermédiaire allouent leur budget sont ensuite étudiés, de même que l’augmentation des dépenses des ménages à revenu intermédiaire par rapport à leurs revenus, quelles catégories de consommation ont entraîné cette augmentation et dans quelle mesure les prix y ont contribué. Enfin, on analysera la capacité des ménages à revenu intermédiaire d’assurer leur niveau de vie, leur exposition à la vulnérabilité financière et leur surendettement. `
Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse
Chapitre 4. L’augmentation du coût du mode de vie de la classe moyenne
Abstract
Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.
4.1. Introduction et principaux résultats
Le mode de vie de la classe moyenne est généralement associé à un certain type de biens, de services et de conditions de vie, comme un logement décent, une bonne éducation, une bonne santé et un environnement sain (Encadré 4.1). Toutefois, les prix de certains de ces biens et services ont augmenté beaucoup plus rapidement que l’inflation. Au cours des vingt dernières années, le coût de l’enseignement supérieur et le prix de l’immobilier en particulier ont dépassé l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) et le revenu médian des ménages.
Ce chapitre rassemble des données internationales sur l’ampleur du phénomène de réduction du niveau de vie des ménages à revenu intermédiaire1 qui a été observé au cours des dernières décennies. La section 4.2 évalue la contribution des ménages à revenu intermédiaire à la consommation globale, par rapport à la part de la population totale et du revenu total qu’ils représentent et aux catégories de revenu inférieures et supérieures. La section 4.1 examine comment les ménages à revenu intermédiaire répartissent leur budget entre les différentes catégories de consommation. La section 4.2 analyse comment les dépenses des ménages à revenu intermédiaire ont augmenté par rapport à leurs revenus, quelles catégories de consommation ont entraîné cette augmentation et dans quelle mesure les prix y ont contribué. La section 4.3 examine la capacité des ménages à revenu intermédiaire d’assurer leur niveau de vie, leur vulnérabilité financière et leur surendettement. La dernière section présente les remarques finales.
L’analyse et les données présentées dans ce chapitre permettent de tirer les conclusions suivantes :
Les ménages à revenu intermédiaire contribuent plus que tout autre catégorie de revenus à la consommation globale. Avec près des deux tiers de la consommation totale, les ménages à revenu intermédiaire sont de loin la catégorie de revenus qui consomme le plus. Les parts de la consommation varient de 50 % ou moins aux États-Unis ainsi que dans les pays d’Europe du Sud et d’Amérique latine à 70 % ou plus dans les pays nordiques et en Slovaquie. Les revenus intermédiaires sont la seule catégorie de revenus dont la part des dépenses est supérieure à la fois à la part du revenu et à la part de la population.
Les dépenses des ménages à revenu intermédiaire augmentaient plus rapidement que leurs revenus avant la crise financière mondiale, ont chuté entre 2007 et 2010 et sont restées stables depuis lors. Comme les autres récessions, la Grande Récession a été marquée par une chute des dépenses des ménages à revenu intermédiaire consacrées aux biens de consommation durables. Toutefois, contrairement aux récessions précédentes, les dépenses des ménages à revenu intermédiaire consacrées aux biens non durables, notamment aux services, ont également diminué.
Les biens et services de première nécessité constituent l’essentiel des dépenses de la classe moyenne. Les ménages à revenu intermédiaire consacrent plus de la moitié de leur budget à des postes essentiels comme le logement, l’alimentation, l’habillement, la santé et l’éducation. Les dépenses de loisirs (qui incluent les distractions, la culture, les hôtels, les restaurants et l’alcool) représentent, en moyenne, 12 % du budget de la classe moyenne.
Les ménages à revenu intermédiaire consacrent près d’un tiers de leur budget au logement en moyenne dans les pays de l’OCDE. La valeur locative fictive du logement qu’ils occupent et dont ils sont propriétaires représente leurs dépenses les plus importantes, sachant que la plupart des ménages à revenu intermédiaire sont propriétaires de leur logement. L’alimentation et l’habillement représentent un peu moins d’un quart du budget des ménages à revenu intermédiaire dans les pays de l’OCDE.
Le logement est le principal facteur responsable de l’augmentation des dépenses de la classe moyenne. Sa part dans le budget des ménages à revenu intermédiaire a augmenté dans l’ensemble de l’OCDE, passant d’un quart à près d’un tiers entre 1995 et 2015. De plus, les prix de l’immobilier ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation et une fois et demie plus vite que le revenu médian des ménages.
Les ménages de la classe moyenne consacrent une part croissante de leur budget aux dépenses de santé privées, car ils dépensent davantage en reste à charge et en assurance maladie privée.
Dans certains pays, l’augmentation du coût de l’enseignement supérieur met en péril la capacité de la classe moyenne d’envoyer ses enfants à l’université, car ce coût a augmenté plus vite que l’inflation et les revenus médians.
Outre la hausse des prix, l’évolution des préférences de consommation peut expliquer certaines modifications des dépenses des ménages à revenu intermédiaire. En fait, certains ménages à revenu intermédiaire cherchent à égaler les habitudes de dépenses des ménages à haut revenu. Ainsi, à mesure que les riches s’enrichissent, les classes moyennes dépensent de plus en plus.
Étant donné que le coût de la vie a augmenté et que les dépenses ont augmenté plus rapidement que les revenus, de nombreux ménages à revenu intermédiaire ont du mal à joindre les deux bouts et sont vulnérables financièrement, voire en situation de désépargne (c’est-à-dire qu’ils dépensent plus qu’ils ne gagnent). En outre, une proportion considérable de ménages à revenu intermédiaire sont surendettés – un ménage sur huit a un niveau d’endettement supérieur aux trois quarts de ses actifs.
Encadré 4.1. L’approche basée sur le niveau de vie
La plupart des études consacrées à la classe moyenne utilisent des indicateurs relatifs au revenu. Cette approche est conforme au concept de bien-être économique « basé sur les ressources », selon lequel le revenu est un déterminant fondamental de la situation économique d’un ménage. Il existe également le concept de « niveau de vie ». Il repose sur des indicateurs relatifs à la consommation, selon lesquels l’utilisation des ressources par un ménage est davantage représentative de sa capacité de satisfaire ses besoins que les ressources elles-mêmes.
Au cœur de la distinction entre ces deux approches se trouvent deux notions importantes de la théorie économique – l’hypothèse du revenu permanent (Friedman, 1957) et celle du cycle de vie (Modigliani et Brumberg, 1954). Selon l’hypothèse du revenu permanent, les individus tentent de maintenir leur consommation à un niveau relativement stable tout au long de leur vie, en fondant leurs décisions de consommation sur ce qu’ils considèrent comme leur revenu permanent à long terme plutôt que sur leur revenu courant. Dans le même ordre d’idées, l’hypothèse du cycle de vie tend à montrer que les individus planifient leur consommation et leur épargne au cours de leur cycle de vie, atténuant ainsi les fluctuations de revenu à chaque phase du cycle. Selon ces hypothèses, tout changement de revenu perçu comme temporaire n’induira pas de changements significatifs de la consommation. Les mesures fondées sur le revenu courant permettent donc d’évaluer les changements transitoires du bien-être économique, tandis que les mesures fondées sur la consommation sont davantage représentatives du bien-être économique à long terme.
Malgré les solides arguments théoriques en faveur d’une analyse conjointe du revenu et de la consommation, il existe très peu d’exemples d’analyse de ce type dans la littérature. Cela tient en grande partie aux données et aux méthodes utilisées en ce qui concerne les définitions et les usages des critères de mesure de la consommation (Aguiar et Bils, 2015 ; Attanasio et Pistaferri, 2016) et au fait que les informations détaillées sur le revenu et la consommation figurent rarement dans la même source de données. Les données sur le revenu sont facilement accessibles et comparables dans le temps. En outre, des normes internationales pour la définition et la mesure des variables du revenu existent depuis longtemps, ce qui facilite les comparaisons entre pays. C’est moins le cas pour les données sur la consommation. Néanmoins, des efforts considérables ont été consentis récemment en ce qui concerne la disponibilité des données sur la consommation, notamment grâce à l’adoption de lignes directrices internationales communes pour les enquêtes sur la consommation (OCDE, 2013[1]) et à l’utilisation de nouvelles sources de données et méthodes (Browning, Crossley et Winter, 2014).
Conformément aux préconisations formulées par la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi en 2009 (Stiglitz, Sen and Fitoussi, 2009[2]) et au Mémorandum de Vienne signé par les directeurs généraux des instituts nationaux de la statistique, en 2017, l’OCDE et Eurostat ont lancé un groupe d’experts conjoint chargé d’élaborer des mesures expérimentales de répartition du revenu, de la consommation et de la richesse au niveau microéconomique. Ces données peuvent aider à décrire le bien-être économique des individus de façon plus approfondie et à mieux comprendre la dynamique des inégalités (OCDE, 2018[3]).
4.2. Les ménages à revenu intermédiaire sont ceux qui contribuent le plus à la consommation
Les ménages à revenu intermédiaire sont ceux qui contribuent le plus à la consommation globale. Avec près des deux tiers de la consommation totale, les ménages à revenu intermédiaire sont de loin la catégorie de revenus qui consomme le plus, avec des parts de consommation allant de 50 % ou moins aux États-Unis ainsi que dans les pays d’Europe du Sud et d’Amérique latine à 70 % ou plus dans les pays nordiques et en Slovaquie. Outre sa taille non négligeable, la classe moyenne dispose à la fois des ressources et de la propension à consommer par rapport aux autres catégories de revenus. Les revenus intermédiaires sont la seule catégorie de revenus dont la part des dépenses est supérieure à la fois à la part du revenu total et à la part de la population qu’ils représentent (Graphique 4.1, Tableau A). Les ménages à revenus inférieurs dépensent proportionnellement davantage que la part du revenu total qu’ils représentent, mais moins que la part de la population qu’ils représentent. Les ménages à revenus supérieurs dépensent proportionnellement davantage que la part de la population qu’ils représentent mais moins que la part du revenu total qu’ils représentent. Au Chili et au Mexique, ainsi qu’au Brésil et en Afrique du Sud, les ménages à revenu intermédiaire représentent moins de la moitié des dépenses de consommation globales et dépensent proportionnellement moins que la part de la population qu’ils représentent. Au Brésil et en Afrique du Sud, les ménages à haut revenu contribuent davantage que ceux à revenus intermédiaires aux dépenses de consommation globales (Graphique 4.1, Tableau B).
Encadré 4.2. Les dépenses de consommation des ménages : mesures et données
L’analyse de ce chapitre s’appuie sur les microdonnées relatives aux dépenses de consommation des ménages. Les données sont issues des enquêtes sur le budget des ménages. Les catégories de dépenses disponibles dans les enquêtes nationales ont été harmonisées par l’OCDE conformément à la Nomenclature des fonctions de la consommation (COICOP) (United Nations, 2018[4]). Cette nomenclature, élaborée par la Division de statistique des Nations Unies, divise la consommation en catégories, avec douze catégories principales pour le secteur des ménages – le Tableau d’annexe 4.A.1 décrit les principales catégories et sous-catégories de la COICOP utilisées. Les données utilisées suivent la nomenclature de la COICOP, à l’exception de la fonction « assurance maladie », classée dans la fonction « santé » et non dans la fonction « biens et services divers ».
Par souci de simplicité, certaines catégories sont mentionnées en même temps que d’autres. Ainsi, la somme des fonctions « loisirs et culture », « restaurants et hôtels » et « boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants » est appelée « loisirs ». La somme des fonctions « produits alimentaires et boissons non alcoolisées » et « articles d’habillement et chaussures » est dénommée « produits alimentaires et articles d’habillement ». La somme des fonctions « meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer » et « biens et services divers » (hormis « l’assurance maladie ») est dénommée « divers ».
Les données ont été recueillies pour 28 pays de l’OCDE (les données ne sont pas disponibles pour l’Australie, le Canada, l’Islande, Israël, le Japon, la Corée, la Nouvelle-Zélande et la Suisse) et deux économies émergentes (le Brésil et l’Afrique du Sud) – voir le Tableau d’annexe 4.A.2 pour un aperçu des sources des données. Les données pour les pays de l’UE, l’Afrique du Sud, le Chili et le Brésil étaient déjà compatibles avec la COICOP. Les données pour les États-Unis et le Mexique ont été reclassées conformément à la COICOP. Les données pour les pays de l’UE pour 1998, 2005 et 2015 ont été imputées aux taux de croissance par quintile du revenu disponible sur la base des données publiées par Eurostat (sauf pour la France, le Royaume-Uni et l’Espagne entre 2006 et 2015). Les revenus ont été ajustés pour tenir compte de la non-déclaration à l’aide des statistiques expérimentales sur les revenus publiées par Eurostat (Eurostat, 2019[5]).
Un aspect important à prendre en compte lors de l’analyse des modes de consommation est la distinction entre la consommation effective et les dépenses de consommation. Ces dernières représentent généralement un sous-ensemble de la consommation effective et ne produisent que des données sur la consommation qui ont été obtenues par l’achat de biens et de services sur les marchés. La différence entre la consommation effective et les dépenses de consommation comporte plusieurs aspects.
La production domestique de services pour usage personnel peut représenter une part non négligeable de la consommation d’un ménage. Elle ne se reflète dans les dépenses de consommation que par la valeur de l’achat des ressources utilisées pour la production domestique, qui est inférieure à la valeur marchande des services.
La fourniture de biens et services gratuits ou subventionnés aux ménages par les gouvernements et les institutions à but non lucratif n’est pas enregistrée comme une dépense de consommation dans les enquêtes sur le budget des ménages. Ainsi, en cas de gratuité des services publics d’éducation ou de soins médicaux, les dépenses d’éducation et de santé des ménages sont inférieures à la consommation effective de ces services.
Les dépenses consacrées aux biens de consommation durables entraînent des différences entre la consommation et les dépenses de consommation : si les dépenses consacrées aux biens durables sont sporadiques, la consommation de ces biens est répartie sur plusieurs périodes. Généralement, on rend compte de cette différence en convertissant les dépenses en valeur locative de ces types de biens au fil du temps. Dans la COICOP, cette approche est appliquée à l’achat du logement principal. Au lieu du montant de l’achat ou du prêt hypothécaire, la COICOP mesure la consommation d’un logement acheté en lui imputant une valeur locative fictive (United Nations, 2018[4]). Cette valeur locative fictive des logements occupés par leur propriétaire est disponible pour tous les pays et toutes les années, sauf pour l’Estonie et le Royaume-Uni en 2010 et 2015.
4.1. La classe moyenne consacre la majeure partie de son budget aux biens et services de première nécessité
Les ménages à revenu intermédiaire consacrent plus de la moitié de leur budget à des postes essentiels comme le logement, l’alimentation, l’habillement, la santé et l’éducation. Le logement représente le principal poste de dépenses de la classe moyenne dans la plupart des pays de l’OCDE, suivi par l’alimentation et l’habillement, les transports, les loisirs, les biens et services divers, la santé, la communication et l’éducation (Graphique 4.2, partie A). Conformément aux prévisions, les ménages à revenu inférieur consacrent une part plus importante de leurs dépenses à la satisfaction de leurs besoins essentiels, tandis que les ménages à revenu supérieur peuvent consacrer une part plus importante de leur budget à d’autres postes tels que les transports et les loisirs.
En moyenne, les ménages à revenu intermédiaire des pays de l’OCDE consacrent près d’un tiers de leur budget au logement. En Hongrie, cette part avoisine 40 %, tandis qu’elle est inférieure à 25 % en Lettonie et au Mexique (Graphique 4.2, partie B). La valeur locative fictive des logements occupés par leur propriétaire représente le principal poste de dépenses de logement, sachant que la plupart des personnes à revenu intermédiaire sont propriétaires de leur logement2.
Les remboursements de crédits hypothécaires (remboursement des intérêts et du capital) représentent, en moyenne, près de 20 % du revenu disponible des ménages à revenu intermédiaire ayant contracté une hypothèque. D’un pays à l’autre, le ratio prêt/revenu des ménages à revenu intermédiaire varie de moins de 10 % en République tchèque et en Suède à près de 30 % en France (OCDE, 2019[6]). Ces différences reflètent les variations en ce qui concerne l’accession sans condition à la propriété, l’accès aux prêts hypothécaires, les conditions hypothécaires, le ratio prêt/valeur et le ratio prêt/revenu (André, 2016[7]; Whitehead and Williams, 2017[8]).
De même, les loyers effectifs représentent, en moyenne, près de 20 % du revenu disponible des ménages à revenu intermédiaire qui sont locataires dans le parc privé (OCDE, 2019[6]). Cette charge varie de 4 % en Lettonie3 à plus d’un quart au Chili, en République tchèque et en Grèce. En moyenne, les locataires du parc privé représentent 20 % environ des ménages à revenu intermédiaire, soit moins de 10 % en Estonie, en Hongrie, en Lettonie, en Lituanie, en Norvège, en Pologne, en République slovaque, en Slovénie et en Espagne et plus de 40 % au Danemark, en Allemagne, en Corée et en Suisse.
L’alimentation et l’habillement représentent un peu moins d’un quart du budget des ménages à revenu intermédiaire, en moyenne, dans les pays de l’OCDE. En République tchèque, en Lettonie, en Lituanie, au Mexique et en Turquie, ainsi qu’au Brésil et en Afrique du Sud, l’alimentation et l’habillement représentent près d’un tiers du budget des ménages à revenu intermédiaire. Les loisirs représentent, en moyenne, 12 % des dépenses des ménages. Cette part est particulièrement élevée en Autriche et en Suède, où les dépenses consacrées aux loisirs sont presque aussi élevées que celles consacrées à l’alimentation et à l’habillement. En revanche, elle est modeste en Hongrie, en Lituanie, au Mexique, en Pologne et en Turquie, ainsi qu’au Brésil et en Afrique du Sud. Les transports représentent près d’un cinquième des dépenses de la classe moyenne en Norvège, en Slovénie et aux États-Unis. Ce n’est qu’en Grèce, en Hongrie, en Lituanie et en Pologne que les ménages à revenu intermédiaire consacrent moins d’un dixième de leur budget aux transports. Étant donné que les soins de santé et l’éducation sont assurés par l’État dans la plupart des pays, les dépenses des ménages consacrées à ces postes ont tendance à être limitées. Cependant, aux États-Unis, la santé représente 9 % du budget des ménages à revenu intermédiaire, tandis qu’au Mexique, l’éducation représente 8 % du budget.
4.2. Les dépenses de la classe moyenne ont augmenté au fur et à mesure de la hausse du prix des biens et services de première nécessité
4.2.1. Les dépenses des ménages à revenu intermédiaire ont augmenté plus rapidement que leurs revenus
Avant la crise financière mondiale, les dépenses de consommation des ménages à revenu intermédiaire augmentaient plus vite que leurs revenus (Graphique 4.3, partie A). Les dépenses des ménages à revenu intermédiaire ont chuté entre 2007 et 2010 puis ont stagné. Comme lors des récessions précédentes, la baisse des dépenses consacrées aux biens durables a été plus brutale. Toutefois, contrairement aux récessions précédentes, les dépenses des ménages à revenu intermédiaire consacrées aux biens non durables (notamment aux services) ont également diminué (De Nardi, French and Benson, 2012[9]; Crossley, Low and O’Dea, 2013[10]). Cette forte baisse peut s’expliquer en grande partie par la chute des prix des actifs et la perte de confiance des consommateurs (Petev, Pistaferri and Eksten, 2011[11]).
En Grèce, en Irlande et en Espagne, où la crise a été particulièrement sévère, les dépenses ont fortement augmenté entre 1995 et 2005 puis ont chuté entre 2005 et 2015 (Graphique 4.3, partie B). En Australie, en Belgique et aux Pays-Bas, en revanche, les revenus et les dépenses de la classe moyenne ont augmenté au cours des deux périodes. En Autriche et au Portugal, ils ont également augmenté au cours des deux périodes, malgré une chute considérable entre 2010 et 2015.
Aux États-Unis, les dépenses médianes ont augmenté plus rapidement que les revenus médians au cours de la période précédant la crise. Entre 2008 et 2010, les dépenses médianes ont diminué au même rythme que les revenus médians. À partir de 2011, au début de la reprise économique, les dépenses médianes sont rapidement revenues aux niveaux d’avant la crise, tandis que les revenus n’ont pas suivi la même progression. En 2004, les ménages du quintile médian de la distribution des revenus dépensaient 90 % de leur revenu. En 2016, ils dépensaient près de 100 % de leur revenu, ce qui laisse à penser que les ménages américains à revenu intermédiaire n’épargnent plus (PEW, 2016[12]).
En Australie, les dépenses des ménages augmentent beaucoup plus vite que l’inflation depuis 30 ans. Entre 1984 et 2015‑16, les dépenses hebdomadaires moyennes des ménages consacrées aux biens et services ont quasiment triplé, tandis que l’indice des prix à la consommation (IPC) a presque doublé (ABS, 2017[13]).
Au Royaume-Uni, les dépenses ont diminué davantage chez les jeunes que chez les personnes âgées et davantage chez les titulaires de prêts hypothécaires que chez les locataires. Les mesures de stimulation de la consommation adoptées au cours de cette période, telles que la réduction temporaire de la TVA et une subvention pour l’achat de véhicules neufs, semblent avoir donné lieu à des dépenses qui auraient été faites plus tard. En fait, une forte augmentation de la consommation de biens durables a été observée au cours de la période où ces mesures étaient en vigueur (Crossley, Low and O’Dea, 2013[10]). En Espagne, entre 2007 et 2015, la consommation a chuté plus fortement chez les ménages consommant beaucoup que chez les ménages consommant peu. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les ménages défavorisés ont fait un meilleur usage des économies d’échelle que les ménages aisés : si la taille du ménage moyen a diminué dans les deux groupes, elle a diminué beaucoup plus chez les ménages aisés (Cardoso and Montañez, 2017[14]).
4.2.2. La classe moyenne dépense davantage pour les biens et services de première nécessité
L’augmentation des dépenses des ménages à revenu intermédiaire est attribuable essentiellement aux biens et services de première nécessité. Le logement et, dans une moindre mesure, la santé sont les principaux postes dont la part dans le budget des ménages à revenu intermédiaire a augmenté au cours des vingt dernières années (Graphique 4.4). La part budgétaire des transports, de la communication et de l’éducation est restée relativement stable, tandis que celle de l’alimentation, de l’habillement, des loisirs ainsi que des biens et services divers a considérablement diminué.
Le logement représente une part croissante du budget de la classe moyenne
En plus d’être la catégorie de dépenses la plus importante (section 4.1), le logement a été le principal moteur de la hausse des dépenses de la classe moyenne au cours des dernières décennies. Dans les pays de l’OCDE, la part des dépenses que les ménages à revenu intermédiaire consacrent au logement est passée d’un quart en 1995 à près d’un tiers en 2015 (Graphique 4.5, partie A).
Sous l’effet de la forte hausse des prix de l’immobilier (voir la section 4.2.3), les achats de logements sont ceux qui ont le plus contribué à l’augmentation des dépenses consacrées au logement, notamment entre 1995 et 2000 et entre 2010 et 2015. Les dépenses d’acquisition de logement se sont particulièrement accrues en Irlande, au Portugal et en Espagne, tandis qu’elles ont baissé en Belgique, au Chili et en Finlande (Graphique 4.5, partie B).
Quoique dans des proportions moindres que les dépenses d’acquisition de logement, les dépenses consacrées aux loyers et aux charges ont également contribué à accroître la part du logement dans le budget des ménages à revenu intermédiaire, notamment entre 2005 et 2015. En 2015, les dépenses locatives représentaient en moyenne 6 % des dépenses des ménages à revenu intermédiaire, soit 2 points de pourcentage de plus qu’en 1995. La part des loyers dans le budget des ménages a été particulièrement élevée en Finlande, en Allemagne et en Irlande, alors qu’elle a diminué en Grèce et aux Pays-Bas (par rapport à vingt ans auparavant).
Les charges ont également contribué à l’augmentation des dépenses de logement de la classe moyenne. En moyenne, les charges (l’eau, le chauffage et l’électricité) représentaient 7 % du budget des ménages à revenu intermédiaire en 2015, soit 1.5 point de pourcentage de plus qu’en 1995. Les charges représentent une part particulièrement importante des dépenses de la classe moyenne dans les pays d’Europe de l’Est. Le grand nombre de bâtiments énergivores peut expliquer pourquoi les charges y sont si élevées par rapport à des pays au climat similaire comme la Finlande et la Suède (OCDE, 2019[15]; 2016[16]; 2011[17]).
Les dépenses de santé privées représentent une part croissante du budget de la classe moyenne
Les ménages de la classe moyenne consacrent une part de plus en plus importante de leur budget aux dépenses de santé, c’est-à-dire à l’assurance maladie privée et aux produits et services de santé restant à leur charge. Dans 20 pays de l’OCDE, les ménages à revenu intermédiaire ont augmenté leurs dépenses de santé de 0.5 point de pourcentage en moyenne depuis 2005 et de 2.5 points depuis 1995 dans 11 pays (Graphique 4.4).
Entre 2005 et 2015, la hausse a été particulièrement élevée (2 points de pourcentage) au Chili, en Allemagne, en Lettonie, en République slovaque, en Espagne et aux États-Unis. Au milieu des années 1980, les dépenses de santé représentaient une petite fraction du budget des ménages à revenu intermédiaire aux États-Unis. En 2014, elles avaient augmenté de 60 % en termes réels, et elles sont inférieures uniquement aux dépenses consacrées au logement, à l’alimentation et aux transports (Schanzenbach et al., 2016[18]). En Espagne, de nombreuses personnes (1 million entre 2012 et 2017, soit une augmentation de 10 %) se sont affiliées à l’assurance maladie privée à la suite des coupes effectuées dans le système de santé public dans le cadre des mesures de consolidation budgétaire (Alfageme, 2019[19]). En revanche, la part du budget des ménages à revenu intermédiaire consacrée aux dépenses de santé a diminué de 2 points de pourcentage aux Pays-Bas et d’1 point en Hongrie.
Les ménages de la classe moyenne dépensent davantage pour l’assurance maladie privée qu’il y a dix ans. Dans les 18 pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, la part du budget des ménages à revenu intermédiaire consacrée à l’assurance maladie a augmenté dans tous les pays sauf quatre. Dans de nombreux pays, cependant, le niveau des dépenses d’assurance maladie privée et leur augmentation sont limités. Ce n’est qu’aux Pays-Bas4 et aux États-Unis que l’assurance maladie privée représente plus de 5 % du budget des ménages à revenu intermédiaire. Cette part n’a augmenté de plus d’1 point de pourcentage qu’en République slovaque et aux États-Unis. La population couverte par l’assurance maladie privée a augmenté dans certains pays de l’OCDE au cours des dix dernières années, notamment au Danemark, en Corée, en Slovénie et en Belgique, tandis qu’elle a diminué dans d’autres, notamment en Grèce, en Irlande, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis (OCDE, 2017[20]).
La part du budget des ménages de la classe moyenne consacrée aux dépenses de santé augmente depuis dix ans, en moyenne dans les pays de l’OCDE. Elle a baissé et augmenté dans autant de pays, bien que les hausses aient tendance à être plus fortes que les baisses. Au Chili, en République tchèque, en Estonie, en Lettonie et en Espagne, elle a augmenté d’au moins 1 point de pourcentage entre 2005 et 2015.
4.2.3. Le prix des produits de première nécessité a grimpé en flèche
Il est devenu plus difficile que par le passé d’adopter un mode de vie de classe moyenne en raison de la forte hausse du prix de l’immobilier et d’autres postes de consommation importants de la classe moyenne (Blank, 2010[21]). Conjointement à l’évolution de la quantité et de la qualité des biens consommés, l’augmentation des prix de ces postes entraîne une modification des dépenses.
Les prix de l’immobilier sont supérieurs à l’inflation et aux revenus médians
En moyenne, au cours des vingt dernières années, les prix de l’immobilier ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation et de 50 % de plus que le revenu médian des ménages dans les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données (Graphique 4.7, partie A). Après une croissance rapide au début des années 2000, l’écart entre les prix de l’immobilier, d’une part, et l’inflation mesurée par l’IPC et les revenus des ménages, d’autre part, s’est rétréci pendant la crise financière mondiale, mais il s’est élargi de nouveau ces dernières années5. En 2016, dernière année pour laquelle on dispose de données, les écarts entre le taux de croissance des prix de l’immobilier, d’une part, et celui de l’inflation mesurée par l’IPC et du revenu médian des ménages, d’autre part, ont été les plus importants jamais recensés.
Dans la plupart des pays, les prix moyens de l’immobilier ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus médians. Au Danemark, en France, en Nouvelle-Zélande, en Norvège, en Suède et au Royaume-Uni, ils ont augmenté d’au moins 60 % de plus que les revenus médians. Dans tous ces pays, les prix de l’immobilier ont fortement augmenté entre 1995 et 2007, se sont effondrés pendant la crise financière mondiale, puis ont remonté. La seule exception a été la France, où les prix de l’immobilier sont restés relativement stables depuis 2010, malgré leur explosion récente à Paris et dans les autres grandes villes françaises (Les Echos, 2018[22]). En Australie, en Belgique, au Canada, en Israël, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Suède, les prix réels de l’immobilier en 2017 étaient plus élevés qu’avant la crise.
Ce n’est qu’en Allemagne, en Irlande, en Italie et au Japon que les hausses des prix de l’immobilier depuis 1995 n’ont pas dépassé celles des revenus médians. En Allemagne, les prix réels de l’immobilier sont restés stables tout au long des années 2000, et actuellement ils ne sont pas très différents de ce qu’ils étaient il y a trente ans, malgré une accélération ces dernières années (Wijburg and Aalbers, 2017[23]). En Irlande et en Italie, les prix réels de l’immobilier ont subi de fortes corrections à la baisse au lendemain de la crise financière mondiale. Au Japon, après de fortes hausses jusqu’en 1990 environ, les prix de l’immobilier ont fortement baissé entre 1995 et 2010, puis ont légèrement remonté (Engsted, Hviid and Pedersen, 2016[24]).
Si les prix de l’immobilier ont joué un rôle majeur dans l’augmentation des dépenses consacrées au logement, l’évolution des modes de consommation y a également contribué. La concentration croissante des possibilités économiques et les emplois mieux rémunérés attirent davantage de personnes dans les grandes zones urbaines (Glaeser, 2010[25]; Combes and Gobillon, 2015[26]). La demande de services publics de qualité et l’embourgeoisement ont également poussé les ménages de la classe moyenne vers des segments plus onéreux du marché immobilier (Chapple, 2016[27]; Hamilton, 2014[28]).
Les coûts des soins de santé augmentent plus vite que l’inflation
Les coûts des soins de santé ont augmenté en moyenne plus rapidement que l’inflation générale, mais moins que les revenus médians dans les pays de l’OCDE. Entre 1995 et 2005, ils ont fortement augmenté à un rythme similaire à celui du revenu médian. Après une légère baisse pendant la crise financière mondiale, ils sont restés relativement stables. D’un pays à l’autre, cependant, il existe des variations. Ainsi, les coûts des soins de santé ont considérablement augmenté en termes réels en République tchèque et en Suède, où les revenus médians réels ont augmenté encore plus rapidement. Si l’on tient compte des différences de croissance des revenus d’un pays à l’autre, c’est en République tchèque, au Japon et aux États-Unis que la hausse des coûts réels des soins de santé a été la plus significative. À l’inverse, les coûts des soins de santé ont diminué en France et au Luxembourg, et augmenté moins que les revenus médians en Australie, en Israël et en Norvège.
Les coûts de l’enseignement supérieur accroissent l’endettement des étudiants à mesure que le taux de fréquentation universitaire augmente
Dans certains pays, la hausse des coûts des études supérieures pousse de plus en plus de jeunes à s’endetter. Entre 1995 et 2015, le coût moyen des biens et services liés à l’éducation a augmenté plus rapidement que l’inflation mesurée par l’IPC et les revenus médians au sein de la zone OCDE. Cette hausse a été induite essentiellement par l’enseignement supérieur, les dépenses privées liées à l’enseignement primaire et secondaire étant très faibles dans la plupart des pays. Parallèlement au déclin des emplois moyennement qualifiés et à l’augmentation du nombre d’emplois hautement qualifiés, de plus en plus de jeunes accèdent à l’enseignement supérieur, avec des frais de scolarité importants dans certains pays.
Le coût des études a le plus fortement au Royaume-Uni, où les réformes de ces dernières décennies ont entraîné une hausse des frais universitaires, le financement public de l’enseignement supérieur ayant réduit la place des bourses universitaires au profit des prêts étudiants (Dearden et al., 2017[29]). Aux États-Unis, le coût des études a également augmenté beaucoup plus vite que l’inflation globale et les revenus médians. À l’inverse, en République tchèque et en Israël, le coût des études a augmenté à peine très légèrement plus que l’inflation et moins que le revenu médian.
Les autres postes budgétaires varient en fonction de l’évolution des habitudes et des préférences en matière de dépenses
Les tendances en matière de prix et de dépenses ont évolué différemment en ce qui concerne les autres catégories. La baisse de la part budgétaire consacrée à l’habillement (Graphique 4.4) peut être associée à la baisse de son prix relatif (Graphique 4.7). Par comparaison, la baisse de la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation reflète une baisse des dépenses réelles, alors que le prix relatif des produits alimentaires n’a guère évolué.
L’évolution des préférences de consommation peut expliquer certains des changements dans la composition du budget de la classe moyenne. En fait, des études récentes ont révélé que les habitudes de dépenses de la classe moyenne peuvent être influencées par l’évolution des revenus et des dépenses des ménages à haut revenu (voir l’Encadré 4.3).
Encadré 4.3. La consommation « en cascade »
Les inégalités de revenu peuvent accroître les dépenses de la classe moyenne
Des inégalités de revenu importantes peuvent nuire au niveau de vie de la classe moyenne en perturbant les modes de consommation (Frank, 2013[30]). Les études récentes tendent à montrer que lorsqu’un groupe de revenus augmente ses dépenses, les groupes de revenu inférieurs aspirent davantage à un niveau de vie plus élevé (et donc modifient leurs habitudes de dépenses). Ainsi, d’après une étude menée aux États-Unis, « la croissance rapide des revenus des personnes à haut revenu au cours des dernières décennies a provoqué une cascade de dépenses supplémentaires chez les personnes à revenu inférieur » (Frank, Levine and Dijk, 2014[31]). Une autre étude a mis en évidence l’existence d’une « consommation en cascade », selon laquelle les ménages n’appartenant pas à la classe aisée consomment davantage de biens et de services pour maintenir leur niveau social à mesure que les revenus les plus élevés augmentent. D’après cette étude, les ménages n’appartenant pas à la classe aisée auraient épargné jusqu’à 3 % de plus par an si les revenus les plus élevés avaient augmenté au même rythme que le revenu médian (Bertrand and Morse, 2016[32]).
Toutefois, il se peut que les modes de consommation des ménages à revenu intermédiaire et à haut revenu soient en train de changer. Tandis que la classe moyenne augmente ses dépenses de « consommation ostentatoire » (vêtements, montres, bijoux, voitures et autres biens socialement visibles, par exemple), une nouvelle élite a réorienté son modèle de dépenses vers des « marqueurs culturels discrets »6 qui transmettent l’acquisition du savoir plutôt que des biens matériels (Currid-Halkett, 2017[33]). Ainsi, aux États-Unis, entre 1996 et 2014, les 1 % les plus riches ont augmenté leur part de revenu consacrée à l’éducation de 2 % à 6 %. Dans le même temps, les ménages à revenu intermédiaire continuent de consacrer environ 1 % de leur revenu à l’éducation, soit à peu près le même pourcentage qu’il y a vingt ans (Currid-Halkett, 2017[33]).
Cependant, les données empiriques sur la consommation ostentatoire de la classe moyenne restent loin d’être concluantes. L’analyse des données relatives à la France et aux États-Unis depuis le milieu des années 1970 ne révèle aucun signe de dissociation entre la classe sociale et les modes de vie. Elle tend plutôt à montrer des différences fortes et persistantes en ce qui concerne les habitudes de dépenses selon les classes sociales. L’excès de dépenses résulterait de la nécessité de répondre aux besoins élémentaires en raison de l’inégalité croissante des revenus plutôt que de dépenses à des fins de distinction positionnelle et culturelle (Petev, 2013[34]).
4.3. Une classe moyenne de plus en plus vulnérable financièrement et parfois surendettée
Étant donné que le coût de la vie augmente et que les dépenses augmentent plus rapidement que les revenus, de nombreux ménages de la classe moyenne se retrouvent vulnérables financièrement, et certains sont surendettés.
4.3.1. De nombreux ménages à revenu intermédiaire sont financièrement vulnérables ou bien ont du mal à joindre les deux bouts…
Quatre ménages à revenu intermédiaire sur dix sont financièrement vulnérables, et la moitié d’entre eux ont du mal à joindre les deux bouts
Près de 40 % des ménages à revenu intermédiaire dans 18 pays européens de l’OCDE sont financièrement vulnérables, c’est-à-dire qu’ils ont des arriérés de paiements ou sont incapables de faire face à des dépenses imprévues ou à des chutes soudaines de revenus. Les parts varient considérablement d’un pays à l’autre, allant de 12 % en Norvège à 70 % en Grèce (Graphique 4.8). En moyenne, le risque que les ménages à revenu intermédiaire soient financièrement vulnérables est plus proche du risque encouru par la classe supérieure que par la classe inférieure. Toutefois, en Grèce et en Hongrie, la part des ménages à revenu intermédiaire en situation de vulnérabilité financière est beaucoup plus proche de celle des ménages à revenus inférieurs.
Dans les 24 pays européens de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, 47 % en moyenne des ménages à revenu intermédiaire ont déclaré avoir des difficultés à joindre les deux bouts en 2016 (Graphique 4.9). Ce chiffre est inférieur au pic observé pendant la crise économique (54 % en 2012), mais légèrement supérieur à celui d’avant la crise (46 % en 2006). Il varie d’un pays à l’autre, allant d’environ 10 % en Norvège et en Suède à plus de 70 % en Hongrie, en Italie, en Lettonie et en Lituanie, et 95 % en Grèce. Bien que les différences entre les pays puissent refléter en partie les caractéristiques et la culture nationales, il importe de noter que l’incidence des ménages à revenu intermédiaire déclarant avoir du mal à joindre les deux bouts est plus proche de celle des ménages à revenu inférieur que de celle des ménages à revenu supérieur. Cela vaut particulièrement dans les pays où une grande partie des ménages à revenu intermédiaire affirment éprouver des difficultés. En Hongrie, par exemple, la part est de 78 % chez les ménages à revenu intermédiaire, de 88 % chez les ménages à revenus inférieurs et de 36 % chez les ménages à revenus supérieurs. L’incidence des ménages à revenu intermédiaire en difficulté est également plus proche, ou relativement proche, de l’incidence des ménages à revenus inférieurs en difficulté dans certains pays où une part relativement faible des ménages à revenu intermédiaire signale des difficultés. C’est le cas du Danemark, de la Finlande et de l’Islande, où leur part a augmenté par rapport à il y a dix ans.
4.3.2. ...et certains ont du mal à maintenir leur niveau de vie
Plus d’un ménage à revenu intermédiaire sur cinq désépargne, c’est-à-dire qu’il dépense plus qu’il ne gagne, ce qui entraîne un risque de surendettement. Dans les pays de l’OCDE, la part des ménages à revenu intermédiaire en situation de désépargne varie de moins de 10 % en Estonie, en Lituanie et en Pologne à plus de la moitié au Chili et en Grèce (Graphique 4.10). Cependant, la situation n’est pas aussi difficile que pour la classe à bas revenu : dans tous les pays de l’OCDE, la part des personnes à revenu intermédiaire qui dépensent plus qu’elles ne gagnent est plus proche de celle des personnes à haut revenu. Par exemple, en Suède, 10 % des ménages à revenu intermédiaire et 1 % des ménages à haut revenu désépargnent, comparativement à près de la moitié des ménages à revenus inférieurs. La part des désépargnants à revenu intermédiaire a diminué depuis 2010, notamment en Europe de l’Est. Le Chili, la République slovaque et les États-Unis, où la part des désépargnants a augmenté depuis la crise malgré la reprise économique, font exception.
4.3.3. La classe moyenne est davantage surendettée que l’ensemble de la population
Dans de nombreux pays de l’OCDE, il semble que les ménages de la classe moyenne se soient endettés pour financer leur consommation pendant la période qui a précédé la crise. Aux États-Unis, par exemple, les niveaux d’endettement des quintiles de revenu intermédiaire ont augmenté de façon spectaculaire par rapport à leur valeur nette et à leur revenu net pendant les vingt années qui ont précédé la crise de 2007. Pendant la crise, la classe moyenne a également été plus durement touchée par la chute des prix de l’immobilier et la hausse de la dette hypothécaire par rapport à la valeur des logements. Après la crise, les ménages à revenu intermédiaire ont utilisé tous leurs actifs pour rembourser leurs dettes et pouvoir continuer de consommer (Wolff, 2014[35]).
Selon un précédent rapport de l’OCDE, la majorité des ménages surendettés appartiennent à la « classe moyenne » (OCDE, 2015[36])7. Des données récentes montrent qu’en moyenne, un huitième des ménages qui se situent au milieu de la distribution des revenus8 est surendetté9. Le surendettement est particulièrement répandu au Chili, aux Pays-Bas et en Norvège, où il touche au moins un ménage sur quatre. En revanche, il est inférieur à 5 % en Autriche, en Estonie, en Allemagne, en Grèce, en Italie, en Lettonie, en Pologne et en Slovénie (Graphique 4.11).
Dans la plupart des pays de l’OCDE, le surendettement est plus répandu chez les ménages à revenu intermédiaire que dans la population générale. Au Canada, au Luxembourg, en Nouvelle-Zélande et au Portugal, il y est supérieur d’au moins 5 points de pourcentage.
4.4. Conclusions
L’objectif de ce chapitre était de rassembler les données sur le niveau de vie des ménages à revenu intermédiaire dans les pays de l’OCDE et dans certaines économies émergentes (Brésil et Afrique du Sud) au cours des dernières décennies. À cette fin, nous avons analysé la contribution des ménages à revenu intermédiaire à la consommation globale des ménages ainsi que la répartition de leurs dépenses entre les différentes catégories de consommation. Nous avons également examiné comment les dépenses des ménages à revenu intermédiaire ont augmenté par rapport à leurs revenus, quelles catégories de consommation ont entraîné cette augmentation et dans quelle mesure la hausse des prix et l’évolution des préférences de consommation ont joué un rôle en la matière. Enfin, nous avons évalué la capacité des ménages à revenu intermédiaire d’assurer leur niveau de vie et avons examiné leur exposition à la vulnérabilité financière et au surendettement.
Les ménages à revenu intermédiaire sont à l’origine des deux tiers des dépenses totales de consommation des ménages au sein de la zone OCDE. À l’exception de quelques pays, la contribution des ménages à revenu intermédiaire aux dépenses globales est proportionnellement plus importante que leur part du revenu et de la population. Contrairement aux pays de l’OCDE, au Brésil et en Afrique du Sud, la classe moyenne contribue moins que les ménages à haut revenu à la consommation globale des ménages.
La capacité d’épargne des ménages à revenu intermédiaire a diminué au cours des vingt dernières années, les dépenses ayant dépassé les revenus, notamment avant la crise financière mondiale. Elle s’est ensuite effondrée entre 2007 et 2010 puis a plus ou moins stagné entre 2010 et 2015.
Le logement représente une part croissante du budget des ménages à revenu intermédiaire. Ainsi, entre 1995 et 2015, il est passé d’un quart à près d’un tiers de leur budget. Les dépenses d’acquisition de logement ont constitué la majeure partie de la hausse, bien que les dépenses locatives et les charges aient également augmenté considérablement. La hausse du prix de l’immobilier a été un facteur déterminant. Au cours des vingt dernières années, sa croissance a été deux fois plus rapide que celle de l’inflation et plus d’un tiers plus rapide que celle des revenus médians.
Les dépenses de santé privées grèvent de plus en plus le budget des ménages à revenu intermédiaire, avec une forte croissance du reste à charge et des dépenses d’assurance maladie privée. Dans certains pays, l’augmentation du coût de l’enseignement supérieur met également en péril la capacité des ménages à revenu intermédiaire d’envoyer leurs enfants à l’université, car le prix des biens et services liés à l’éducation a augmenté plus vite que l’inflation et les revenus médians.
Outre la hausse des prix, l’évolution des préférences de consommation peut expliquer certaines modifications des dépenses des ménages à revenu intermédiaire. La demande croissante de services publics de qualité et l’embourgeoisement des zones urbaines ont également poussé les ménages de la classe moyenne vers des segments plus onéreux du marché du logement. De même, les habitudes de dépenses des ménages à revenu intermédiaire peuvent avoir été affectées par l’évolution de l’inégalité des revenus et la façon dont les ménages à haut revenu dépensent leur budget.
Étant donné que le coût de la vie a augmenté et que les dépenses ont augmenté plus rapidement que les revenus, de nombreux ménages à revenu intermédiaire ont du mal à joindre les deux bouts. Certains sont devenus financièrement vulnérables, et d’autres dépensent plus qu’ils ne gagnent. En outre, le surendettement des ménages à revenu intermédiaire est devenu un phénomène de plus en plus répandu dans un certain nombre de pays.
Références
[13] ABS (2017), Household Expenditure Survey, Australia: Summary of Results, 2015-16, Australian Bureau of Statistics, http://www.abs.gov.au/ausstats/abs@.nsf/Latestproducts/6530.0Main%20Features32015-16?opendocument&tabname=Summary&prodno=6530.0&issue=2015-16&num=&view= (accessed on 1 December 2017).
[19] Alfageme, A. (2019), “El negocio de la sanidad privada se dispara tras los recortes en el sistema público”, El País, https://elpais.com/sociedad/2019/01/28/actualidad/1548704969_178978.html (accessed on 3 March 2019).
[39] Allen, J. et al. (2008), Housing and welfare in Southern Europe, John Wiley & Sons, https://onlinelibrary.wiley.com/doi/book/10.1002/9780470757536.
[7] André, C. (2016), “Household debt in OECD countries: Stylised facts and policy issues”, OECD Economics Department Working Papers, No. 1277, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/5jm3xgtkk1f2-en.
[37] Balestra, C. and R. Tonkin (2018), “Inequalities in household wealth across OECD countries: Evidence from the OECD Wealth Distribution Database”, Statistics and Data Working Paper, No. 2018/01, OECD, Paris.
[32] Bertrand, M. and A. Morse (2016), “Trickle-Down Consumption”, Review of Economics and Statistics, Vol. 98/5, pp. 863-879, http://dx.doi.org/10.1162/REST_a_00613.
[21] Blank, R. (2010), Middle class in America, U.S. Department of Commerce, Economics and Statistics Administration, http://www.esa.doc.gov/sites/default/files/middleclassreport.pdf.
[14] Cardoso, M. and M. Montañez (2017), Caída de la desigualdad en consumo: El caso de España durante la crisis, BBVA Research, https://www.bbvaresearch.com/wp-content/uploads/2017/10/Caida-de-la-desigualdad-en-consumo-El-caso-de-Espana-durante-la-crisis.pdf.
[27] Chapple, K. (2016), “Income Inequality and Urban Displacement”, New Labor Forum, Vol. 26/1, pp. 84-93, http://dx.doi.org/10.1177/1095796016682018.
[26] Combes, P. and L. Gobillon (2015), “The Empirics of Agglomeration Economies”, in Handbook of Regional and Urban Economics, Elsevier, http://dx.doi.org/10.1016/b978-0-444-59517-1.00005-2.
[10] Crossley, T., H. Low and C. O’Dea (2013), “Household Consumption through Recent Recessions*”, Fiscal Studies, Vol. 34/2, pp. 203-229, http://dx.doi.org/10.1111/j.1475-5890.2013.12003.x.
[33] Currid-Halkett, E. (2017), The sum of small things : a theory of the aspirational class, https://press.princeton.edu/titles/10933.html.
[9] De Nardi, M., E. French and D. Benson (2012), Consumption and the Great Recession, https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2017759.
[29] Dearden, L. et al. (2017), Higher Education funding in England: past, present and options for the future, Institute for Fiscal Studies, http://dx.doi.org/10.1920/bn.ifs.2017.bn0211.
[24] Engsted, T., S. Hviid and T. Pedersen (2016), “Explosive bubbles in house prices? Evidence from the OECD countries”, Journal of International Financial Markets, Institutions and Money, Vol. 40, pp. 14-25, http://dx.doi.org/10.1016/j.intfin.2015.07.006.
[5] Eurostat (2019), Early leavers from education and training by sex and country of birth, http://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=edat_lfse_02&lang=en.
[30] Frank, R. (2013), Falling behind : how rising inequality harms the middle class, University of California Press.
[31] Frank, R., A. Levine and O. Dijk (2014), “Expenditure Cascades”, Review of Behavioral Economics, Vol. 1/1-2, pp. 55-73, http://dx.doi.org/10.1561/105.00000003.
[25] Glaeser, E. (2010), Agglomeration Economics, University of Chicago Press, http://dx.doi.org/10.7208/chicago/9780226297927.001.0001.
[28] Hamilton, M. (2014), Urban and Regional Policies for Metropolitan Livability, Routledge, http://dx.doi.org/10.4324/9781315698434.
[40] Hegedus, J., M. Lux and N. Teller (2013), Social housing in transition countries, Routledge, https://www.routledge.com/Social-Housing-in-Transition-Countries/Hegedus-Lux-Teller/p/book/9780415890144.
[22] Les Echos (2018), “Immobilier ancien : vers une année 2018 record”, Les Echos, https://www.lesechos.fr/10/10/2018/lesechos.fr/0302377357037_immobilier-ancien---vers-une-annee-2018-record.htm (accessed on 12 March 2019).
[6] OCDE (2019), Affordable Housing Database, Éditions OCDE, Paris, http://www.oecd.org/social/affordable-housing-database.htm (accessed on 28 February 2019).
[15] OCDE (2019), “Education at a glance: Educational attainment and labour-force status”, OECD Education Statistics (database), https://dx.doi.org/10.1787/889e8641-en (accessed on 21 February 2019).
[3] OCDE (2018), Education at a Glance 2018: OECD Indicators, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eag-2018-en.
[20] OCDE (2017), Dare to Share: Germany’s Experience Promoting Equal Partnership in Families, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264259157-en.
[16] OCDE (2016), LMF1.2 Maternal employment, OECD Family Database, http://www.oecd.org/els/soc/LMF_1_2_Maternal_Employment.xlsx.
[36] OCDE (2015), In It Together: Why Less Inequality Benefits All, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264235120-en.
[1] OCDE (2013), OECD Skills Outlook 2013: First Results from the Survey of Adult Skills, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/9789264204256-en.
[17] OCDE (2011), OECD Economic Surveys: Czech Republic 2011, Éditions OCDE, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/eco_surveys-cze-2011-en.
[41] OCDE/European Observatory on Health Systems and Policies (2017), Netherlands: Country Health Profile 2017, State of Health in the EU, OECD Publishing, Paris/European Observatory on Health Systems and Policies, Brussels, https://dx.doi.org/10.1787/9789264283503-en.
[34] Petev, I. (2013), “The Association of Social Class and Lifestyles”, American Sociological Review, Vol. 78/4, pp. 633-661, http://dx.doi.org/10.1177/0003122413491963.
[11] Petev, I., L. Pistaferri and I. Eksten (2011), “Consumption and the Great Recession: an analysis of trends, perceptions, and distributional effects”, https://www.tau.ac.il/~itaysap/cons_recess_August_2011.pdf.
[12] PEW (2016), Household Expenditures and Income, Balancing family finances in today’s economy, The Pew Charitable Trusts, http://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/issue-briefs/2016/03/household-expenditures-and-income.
[18] Schanzenbach, D. et al. (2016), “Where does all the money go: Shifts in household spending over the past 30 years”, Brookings Institution, The Hamilton Project., http://www.hamiltonproject.org/assets/files/where_does_all_the_money_go.pdf.
[2] Stiglitz, J., A. Sen and J. Fitoussi (2009), Report by the Commission on the Measurement of Economic Performance and Social Progress, https://ec.europa.eu/eurostat/documents/118025/118123/Fitoussi+Commission+report.
[38] Tsenkova, S. (ed.) (2009), Housing Policy Reforms in Post Socialist Europe, Physica-Verlag HD, Heidelberg, http://dx.doi.org/10.1007/978-3-7908-2115-4.
[4] United Nations (2018), “Classification of Individual Consumption According to Purpose (COICOP) 2018”, No. ST/ESA/STAT/SER.M/99, Department of Economic and Social Affairs, Statistics Division, https://unstats.un.org/unsd/classifications/business-trade/desc/COICOP_english/COICOP_2018_-_pre-edited_white_cover_version_-_2018-12-26.pdf.
[8] Whitehead, C. and P. Williams (2017), “Changes in the regulation and control of mortgage markets and access to owner-occupation among younger households”, OECD Social, Employment and Migration Working Papers, No. 196, OECD Publishing, Paris, https://dx.doi.org/10.1787/e16ab00e-en.
[23] Wijburg, G. and M. Aalbers (2017), “The alternative financialization of the German housing market”, Housing Studies, Vol. 32/7, pp. 968-989, http://dx.doi.org/10.1080/02673037.2017.1291917.
[35] Wolff, E. (2014), “Household wealth trends in the United States, 1983-2010”, Oxford Review of Economic Policy, Vol. 30/1, pp. 21-43, http://dx.doi.org/10.1093/oxrep/gru001.
Annexe 4.A. Sources de données
Tableau d’annexe 4.A.1. Catégories de la nomenclature des fonctions de la consommation individuelle (COICOP)
Code |
Description |
---|---|
01 |
Produits alimentaires et boissons non alcoolisées |
02 |
Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants |
03 |
Articles d’habillement et chaussures |
04 |
Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles |
04.1 |
Loyers effectifs |
04.2 |
Loyers fictifs |
04.3 |
Entretien et réparation des logements |
04.4 |
Alimentation en eau et services divers liés au logement |
04.5 |
Électricité, gaz et autres combustibles |
05 |
Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer |
06 |
Santé* |
07 |
Transports |
08 |
Communications |
09 |
Loisirs et culture |
10 |
Éducation |
11 |
Restaurants et hôtels |
12 |
Biens et services divers |
12.5.3 |
Assurance santé* |
Note : * les données utilisées dans ce rapport d’analyse incluent l’assurance santé (code COICOP 12.5.3) dans les dépenses de consommation de santé.
Source : Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales (Nations Unies, 2018[4]).
Tableau d’annexe 4.A.2. Sources de données
|
Source |
Organisme chargé de l’enquête |
Fréquence du recueil de données |
Années utilisées dans l’analyse |
Années d’imputation |
Taille de l’échantillon (nombre de ménages) |
---|---|---|---|---|---|---|
Belgique |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 7 200 |
Brésil |
Pesquisa de Orçamentos Familiares |
Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística |
Tous les 5 ans |
2002, 2009 |
- |
~ 50 000 |
Chili |
Encuesta de Presupuestos Familiares |
Instituto Nacional de Estadisticas |
Tous les 5 ans |
1996, 2010, 2016 |
- |
~ 15 100 |
Danemark |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 2 500 |
Estonie |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 3 600 |
Finlande |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 3 600 |
France |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Institut national de la statistique et des études économiques |
Tous les 5 ans |
2006, 2011 |
- |
~ 15 600 |
Grèce |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 3 500 |
Hongrie |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 9 900 |
Irlande |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 5 800 |
Lituanie |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 6 100 |
Lettonie |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 3 700 |
Mexique |
Encuesta Nacional de Ingresos y Gastos de los Hogares |
Instituto Nacional de Estadística y Geografía |
Tous les 2 ans |
2000-2016 |
- |
~ 70 300 |
Pologne |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 37 000 |
Portugal |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 9 500 |
République slovaque |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 6 100 |
Slovénie |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 3 900 |
Espagne |
Encuesta de Presupuestos Familiaresa |
Instituto Nacional de Estadisticas |
Une fois par an |
2006-2015 |
- |
~ 22 000 |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
1998, 2005b |
~ 22 000 |
||
Afrique du Sud |
Income and Expenditure Survey |
Statistics South Africa |
Tous les 5 ans |
2000-2010 |
- |
~ 24 600 |
Suède |
Enquêtes sur le budget des ménagesa |
Eurostat |
Tous les 5 ans |
2010 |
1998, 2005, 2015b |
~ 2 000 |
Royaume-Uni |
Food and Living Conditions Survey |
Office for National Statistics |
Une fois par an |
2002-2014 |
- |
~ 5 100 |
États-Unis |
Consumer Expenditure Survey |
Bureau of Labour Statistics |
Une fois par an |
2005-2016 |
- |
~31 000 |
Note : a) Les revenus ont été ajustés pour tenir compte de la non-déclaration au moyen des statistiques expérimentales sur les revenus publiées par Eurostat (https://ec.europa.eu/eurostat/web/experimental-statistics/income-consumption-and-wealth). b) Les données relatives à ces années ont été imputées au moyen des tableaux publiés par Eurostat et des microdonnées de 2010. Les dépenses ont été imputées en tenant compte des taux de croissance des dépenses par quintile de revenu disponible.
Notes
← 1. En accord avec l’approche économique classique et les autres chapitres du présent rapport, on considère dans ce chapitre que la « classe moyenne » est composée des personnes vivant dans des ménages dont le revenu disponible équivalent représente entre 75 % et 200 % du revenu médian national. Les ménages dont le revenu est inférieur à 75 % du revenu médian appartiennent à la catégorie des « revenus inférieurs » et ceux dont le revenu est supérieur à 200 % du revenu médian appartiennent à la catégorie des « revenus supérieurs » (voir l’encadré 2.1 du chapitre 2).
← 2. En moyenne dans les pays de l’OCDE, les propriétaires représentent environ 70 % des ménages à revenu intermédiaire – les propriétaires ayant acheté leur logement comptant représentent environ 40 % de ces ménages et les propriétaires ayant une hypothèque près de 30 % (OCDE, 2019[6]). L’accession à la propriété sans condition est très répandue au Mexique et dans les pays d’Europe centrale, orientale et méridionale. En Europe centrale et orientale, après la chute des régimes communistes, les locataires ont pu acheter à bas prix le logement qu’ils occupaient (Hegedus, Lux and Teller, 2013[40]; Tsenkova, 2009[38]). Au Mexique et dans les pays d’Europe du Sud, les marchés hypothécaires n’ont commencé à se développer que récemment, et les familles ont traditionnellement un rôle important à jouer pour faciliter l’accession à la propriété par le biais de l’héritage ou d’une aide financière (Allen et al., 2008[39]).
← 3. Dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, la proportion de ménages locataires est généralement très faible. En Lettonie, 13 % des ménages sont locataires, et un tiers d’entre eux ont des loyers subventionnés.
← 4. Les personnes qui vivent ou travaillent aux Pays-Bas ont l’obligation légale de souscrire une assurance maladie privée type. Les assureurs doivent accepter tous les demandeurs et sont supposés recruter des prestataires sur la base de critères de qualité et de prix (OCDE/European Observatory on Health Systems and Policies, 2017[41]).
← 5. À long terme, les prix de l’immobilier peuvent être assez bien suivis par les données fondamentales. À court terme, toutefois, il se peut que les prix de l’immobilier dépassent les attentes extrapolatives, créant dans certains cas d’énormes bulles (André, 2016[7]).
← 6. . La consommation discrète révèle la position sociale sans pour autant être socialement ou culturellement visible. Elle comprend les biens et services tels que le jardinage, les services de garde d’enfants, les services automobiles ou les projets éducatifs et les plans de retraite (Currid-Halkett, 2017[33]).
← 7. Le terme « classe moyenne » a été utilisé dans le rapport pour désigner les trois quintiles intermédiaires de la distribution des revenus (c’est-à-dire les 60 % de personnes qui se situent au milieu).
← 8. L’expression « au milieu de la distribution des revenus » désigne le quintile intermédiaire (c’est-à-dire les 20 % de la population qui se situent au milieu de la distribution des revenus). Cette définition diffère de celle du « revenu intermédiaire » utilisée tout au long du chapitre. Cette modification était nécessaire, car les données de la base de données de l’OCDE sur la distribution des richesses sont recueillies par quintile de revenu. S’il couvre un groupe plus restreint de personnes, le quintile intermédiaire inclut uniquement les ménages « à revenu intermédiaire », contrairement à d’autres définitions telles que « les 60 % qui se situent au milieu ».
← 9. Le surendettement correspond à un ratio d’endettement supérieur à 3 (Balestra and Tonkin, 2018[37]).