La tendance à l’augmentation des flux de touristes constitue un défi majeur sur le plan de la soutenabilité du tourisme et de son acceptation par le public. Une proportion élevée de touristes internationaux ne se rend que dans trois régions françaises : la région du Grand Paris, la Côte d’Azur et les stations de ski de la région Rhône-Alpes. En outre, la majorité des résidents français partent en vacances dans les régions côtières, tandis que les territoires de montagne cherchent de nouveaux axes de développement afin d’atténuer les répercussions du réchauffement climatique sur les activités hivernales. La France doit donc structurer plus efficacement son offre touristique, et faire davantage connaître sa diversité aux marchés cibles.
Une feuille de route en matière touristique a été établie au cours de la réunion du Comité interministériel du tourisme (CIT) qui s’est tenue en 2017 et le gouvernement a convenu de centrer son action sur six domaines clés :
Accueil et sécurité — les normes de services ont été renforcées en particulier grâce à la réduction des délais pour obtenir un visa et du temps de passage aux frontières dans les aéroports, tandis que les efforts menés pour améliorer la qualité se sont concentrés sur la modernisation et la promotion de la marque Qualité Tourisme™.
Dispersion — l’objectif est d’attirer des touristes internationaux et d’encourager leur dispersion géographique partout en France, y compris dans les territoires d’outre-mer. Parmi les éléments essentiels figure la politique des « contrats de destination » qui réunissent tous les acteurs participant à une offre touristique locale.
Soutien de l’État sous forme d’investissements — il s’agit de l’un des grands piliers de la stratégie du gouvernement pour améliorer la qualité de l’offre touristique et encourager une meilleure accessibilité, ce qui passe par le déploiement du fonds « France développement tourisme ».
Formation et emploi — ces facteurs sont fondamentaux sur le plan de la qualité de l’offre de services et sont très importants pour la lutte contre le chômage, compte tenu du nombre d’emplois créés par le secteur du tourisme.
Soutien au développement du numérique et à l’information — le but précis est d’accroître la compétitivité mondiale du secteur du tourisme français. Jouent notamment un rôle clé à cet égard la plateforme DATAtourisme, le portail de la transformation numérique des entreprises France NUM (encadré 2.8), le réseau d’incubateurs France Tourisme Lab et l’observatoire économique Veille Info Tourisme.
Renforcement de l’accès aux vacances — en particulier pour les personnes en situation de handicap, cet aspect représente un objectif social et un facteur d’amélioration de la compétitivité des destinations.
Les réunions du Comité interministériel du tourisme (CIT) qui ont suivi ont été axées sur ces domaines prioritaires. Lors de sa réunion de janvier 2018, qui portait sur des sujets liés à la promotion et à l’investissement, le Comité a approuvé une augmentation des financements accordés, au secteur du tourisme, par la Caisse des dépôts, l’institution publique intervenant en qualité de garant pour les entreprises, et BpiFrance, la banque publique d’investissement, et a adopté une nouvelle formule d’allocation d’une partie des recettes tirées de la délivrance de visas à Atout France pour financer des activités de promotion ciblant les marchés internationaux. Lors de sa réunion de juillet 2018, le Comité a pris acte des progrès réalisés dans le secteur numérique et a examiné les propositions visant à renforcer les synergies entre le sport et le tourisme. Quant à la réunion tenue en mai 2019, elle a été en grande partie consacrée à l’emploi, à la formation et aux questions de gouvernance qui leur sont liées. Le Comité a abordé des initiatives visant à aider les autorités locales : notamment, un soutien organisationnel au développement d’activités économiques liées au tourisme sur les sites patrimoniaux, un dispositif de remboursement de la TVA et un nouveau projet de simplification du cadre normatif du tourisme. La réunion prévue fin décembre 2019 sera centrée sur l’élargissement de l’accès aux vacances et sur le tourisme durable.
Afin de faciliter la coordination de l’action au niveau local, la France a créé des contrats de destinations, conçus pour favoriser les partenariats public-privé autour de thèmes précis, dans le but de créer et de promouvoir une offre attrayante et lisible pour des publics nationaux et internationaux. Chaque contrat de destination définit l’engagement de toutes les parties intéressées vis-à-vis d’une stratégie touristique commune, par des actions centrées sur l’attractivité de l’offre et l’amélioration de la qualité de service. Les contrats de destination sont un moyen de pallier les inconvénients résultant de la multiplicité des acteurs publics et privés dans le secteur du tourisme et d’unifier les stratégies touristiques locales et nationales. L’investissement d’argent public est modeste, mais ces contrats ont un effet de levier considérable. Entre 2015 et 2018, 23 contrats de destination ont été signés et huit autres ont été renouvelés en 2018.
La France a pris des mesures face à l’essor des plateformes numériques, qui sont particulièrement adaptées dans le cas de l’hébergement touristique. L’hébergement chez des particuliers constitue désormais une part très importante de l’offre nationale, en particulier dans les villes, mais ne concorde pas toujours avec les objectifs de la politique du logement. Afin de ne pas gêner le développement d’une nouvelle économie dynamique des locations touristiques meublées, tout en préservant l’équilibre du marché du logement, la France a opté pour une approche réglementaire, en particulier par l’adoption, en 2018, de la Loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, ou loi ÉLAN. En vertu de celle-ci, les communes des zones qui connaissent une forte hausse des prix du logement peuvent imposer des restrictions à la location des résidences secondaires et limiter la durée maximale de location des résidences principales à 120 jours par an (cette limite s’applique également aux plateformes).