Ce rapport présente les conclusions de la première phase du projet horizontal de l’OCDE intitulé Zéro émission nette+ : Résilience climatique et économique dans un monde en mutation (Zéro émission nette+). Il propose aux responsables publics des recommandations, portant sur divers domaines de l’action publique, qui pourraient être suivies pour assurer une transition résiliente vers la neutralité en gaz à effet de serre (GES) tout en renforçant la résilience face aux effets du changement climatique. Il ne constitue pas une synthèse complète de tous les travaux de l’OCDE consacrés au climat, présentant plutôt une sélection sur laquelle les décideurs pourront s'appuyer pour formuler les politiques climatiques aujourd'hui et demain.
Ce rapport a été établi dans le cadre du programme de travail du Comité des politiques d'environnement (EPOC), qui en a assuré le pilotage. Il s'appuie également sur les travaux menés par le Comité des politiques de développement régional (CPDR), le Comité des affaires fiscales (CAF), le Comité des assurances et des pensions privées (CAPP), le Groupe de travail sur la conduite responsable des entreprises (GTCRE) du Comité de l’investissement, le Comité d'aide au développement (CAD), le Comité de politique économique (CPE), le Comité de la gouvernance publique (CGP), le Comité de la politique de la réglementation (CPR), le Groupe de travail des Hauts responsables du budget (HRB), le Comité des statistiques et de la politique statistique (CCSP), le Comité de la politique scientifique et technologique (CPST), le Comité de l’industrie, de l’innovation et de l’entrepreneuriat (CIIE), le Comité de l’agriculture (COAG), le Comité des échanges et le Comité de l’emploi, du travail et des affaires sociales (ELSAC). Il exploite aussi sur travaux de l’Agence internationale de l'énergie (AIE) et de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN).
Il comprend trois parties :
La première présente le défi complexe auquel sont confrontés les responsables de l’élaboration de la politique climatique, contraints de trouver le moyen d'accélérer l'action climatique tout en s'attaquant à des enjeux également prioritaires, tels que l’intervention en cas de crise, la perturbation des marchés mondiaux et des chaînes de valeur ou d'approvisionnement mondiales, les tensions géopolitiques et la reprise économique. Pour décrire ce défi, elle analyse les données scientifiques les plus récentes concernant les points de bascule du système climatique (chapitre 2) et examine les obstacles et opportunités que représentent, pour l'action climatique, des chocs récents tels que la pandémie de COVID-19 et la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine (chapitre 3). Dans ce contexte, le chapitre 4 plaide pour une approche globale centrée sur la résilience systémique et la formulation de politiques climatiques et économiques « résistantes aux évolutions futures », préconisant par exemple l’utilisation d'outils tels que la prospective stratégique.
Les politiques climatiques ne peuvent atteindre leurs objectifs que si elles sont elles-mêmes résilientes face à d’éventuelles crises à venir, notamment si elles peuvent résister aux conséquences socioéconomiques potentielles de leur mise en œuvre. La partie II explore plus avant la question de la résilience systémique dans le cadre de la transition vers la neutralité en GES. Le chapitre 5 porte sur les politiques d'atténuation et sur la transformation radicale qui est nécessaire pour parvenir à la neutralité en GES, évoquant en particulier divers blocages et des barrières potentielles. Le chapitre 6 analyse les conséquences des politiques climatiques sur les finances publiques. Le chapitre 7 est consacré au rôle essentiel que joue l'innovation dans l'atténuation des risques liés à la transition, en premier lieu parce qu’elle peut réduire le coût total de l'atténuation de telle manière que le rythme de réduction des émissions ne faiblisse pas. Le chapitre 8 insiste sur la nécessité de tenir compte des conséquences distributives des politiques climatiques sur le revenu et les dépenses des ménages et sur les marchés du travail afin de garantir une transition juste et équitable et d’obtenir l’indispensable adhésion de la population. Le chapitre 9 concerne l'importance de la cohérence entre flux financiers et politique climatique et le rôle moteur du secteur privé dans la transition vers la neutralité en GES. Le chapitre 10 porte sur la place primordiale des pays en développement dans les avancées vers la neutralité en GES à l’échelle mondiale.
La troisième partie défend l’idée qu'établir un clivage entre politique d'atténuation et politique d’adaptation au sein de l’action climatique est peu compatible avec la notion de résilience systémique, et plaide pour une approche plus globale. Le chapitre 11 avance que le changement climatique a déjà des conséquences graves qui devraient s’intensifier, si bien qu’il y a des limites à la capacité des sociétés à s'adapter aux effets d’un bouleversement incontrôlé du climat. Le chapitre 12 met en lumière les liens entre les politiques d'adaptation, les mesures d'atténuation et d'autres préoccupations environnementales telles que la biodiversité, et insiste sur la nécessité de mieux exploiter les synergies entre ces différents domaines. Le chapitre 13 porte sur l’importance du financement dans le renforcement de la résilience, et le chapitre 14 fournit des exemples précis de ce que signifie le renforcement de la résilience dans trois secteurs différents (les villes, le système alimentaire et le système énergétique).
Enfin, le chapitre 15 rassemble les principales recommandations issues des trois parties du rapport, mettant en exergue les points communs et les liens entre les différents domaines de l’action publique. Ces recommandations offrent des solutions concrètes pour faire de la résilience systémique une dimension de tous les domaines de l’action publique ayant un lien avec le climat et apportent un éclairage aux décideurs pour les aider à faire face à la complexité de la crise climatique.